Manuel du puceau – Riad Sattouf

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Titre : Manuel du puceau
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre 2003


L’adolescence est un sujet qui semble prĂ©occuper Riad Sattouf. De son premier ouvrage, « Manuel du puceau » Ă  son premier film « Les beaux gosses », en passant par un « Retour au collĂšge », le sujet le passionne. Et c’est Ă©videmment les prĂ©occupants d’ordre sentimental qui sont abordĂ©es. D’abord paru chez BrĂ©al, « Manuel du puceau » fut rĂ©Ă©ditĂ© chez l’Association pour 80 pages d’aide Ă  l’adolescent loser. Continuer la lecture de « Manuel du puceau – Riad Sattouf »

Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T3 : Plus Fort que les Plus Forts
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2009


Je clos ma trilogie « Pascal Brutal » avec cet avis portant sur le dernier opus de ses aventures. Ce troisiĂšme tome intitulĂ© « Plus fort que les plus forts » est paru en septembre 2009 aux Ă©ditions « Fluide Glacial ». ComposĂ© d’une petite cinquantaine de pages, ce bouquin est vendu Ă  9,95 euros. « Plus fort que les plus forts » tient une place particuliĂšre dans la bibliographie de Riad Sattouf. En effet, il a Ă©tĂ© primĂ© au festival d’AngoulĂȘme cette annĂ©e. Cela a eu pour consĂ©quence de mettre dans la lumiĂšre ce cher Pascal et son crĂ©ateur.

Pascal Brutal est un personnage qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Il est la virilitĂ©. MusclĂ©, plein de testostĂ©rone, le bouc bien aiguisĂ©, sa gourmette, ses basket torsion 1992
 VoilĂ  comment on peut dĂ©finir notre « hĂ©ros ». Il est Ă©volue dans un futur proche dans un monde ultralibĂ©ral dont le prĂ©sident de la RĂ©publique est Alain Madelin. Mais dans cet univers, Pascal survit parce qu’il est inimitable


DĂ©couvrir la jeunesse de Pascal Brutal…

Dans le premier opus, Sattouf nous prĂ©sentait son personnage. Dans le deuxiĂšme tome, il partait du principe que Pascal faisait partie de la famille et il nous le faisait suivre dans son quotidien. Dans ce nouvel ouvrage, une nouvelle fois on dĂ©couvre un Pascal au sommet de sa forme. L’album se dĂ©compose en environ une dizaine d’histoires courtes. Cela rend la narration assez rythmĂ©e. On dĂ©couvre la naissance de Pascal et sa petite enfance. DĂšs les premiĂšres heures de sa vie, il Ă©tait exceptionnel. On le voit faire usage de son charme pour faire succomber miss Bretagne ou une employĂ©e du Pole Emploi
 Pascal Brutal est le « beauf » qu’on ne supporte pas quand on le croise dans la rue ou dans une soirĂ©e. Mais ici, il ne nous inspire ni antipathie ni colĂšre, il nous fait rire. On s’attache Ă  sa personnalitĂ© si particuliĂšre. C’est un vrai bourrin plein de testostĂ©rone qui s’assume pour notre plus grand bonheur


Un des autres attraits de cet album est son dĂ©roulement dans un futur proche trĂšs libĂ©ral. On dĂ©couvre de nouvelles lois, de nouveaux modes de fonctionnement. Certains pays ont subi une vraie rĂ©volution politique. Bref, sans donner Ă  l’album une dimension politique, il est intĂ©ressant de voir un auteur pousser certains principes Ă  l’extrĂȘme. On en rigole dans un premier temps, on se pose parfois quelques questions. En tout cas, cela donne une dimension originale supplĂ©mentaire Ă  la sĂ©rie.

Ce troisiĂšme opus de « Pascal Brutal » est Ă  la hauteur des prĂ©cĂ©dents. Ce n’est pas peu dire. On rigole Ă  chaque bulle et Ă  chaque case. La densitĂ© de la trame est certaine. Plusieurs lectures sont nĂ©cessaires pour saisir toutes les finesses des dialogues. « Plus fort que les plus forts » est un ouvrage qui peut se lire et se relire sans jamais lasser. Chaque nouvelle dĂ©couverte est un vrai bonheur. De plus, les dessins sont toujours aussi agrĂ©ables. C’est avec plaisir qu’on retrouve notre hĂ©ros et ses acolytes. La signature graphique de Riad Sattouf est reconnaissable et se redĂ©couvre Ă  chaque fois avec plaisir.

Au final, je ne peux que vous conseiller de courir Ă  la rencontre de Pascal Brutal. Vous ne pourrez plus le quitter. Chaque album peut se lire de maniĂšre indĂ©pendante. NĂ©anmoins, il peut ĂȘtre intĂ©ressant de lire les tomes dans l’ordre pour dĂ©couvrir le hĂ©ros au rythme choisi par son crĂ©ateur. De mon cĂŽtĂ©, il ne me reste plus qu’à attendre la parution du prochain tome que je guette avec attention. Que l’attente va ĂȘtre dure


gravatar_ericNote : 17/20

Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T2 : Le MĂąle Dominant
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Août 2007


Il y a peu de temps, j’ai rĂ©digĂ© un avis portant sur le premier opus de la sĂ©rie de bande dessinĂ©e « Pascal Brutal ». Aujourd’hui, je m’attaque au deuxiĂšme tome intitulĂ© « Le mĂąle dominant ». Cet ouvrage paru en aoĂ»t 2007 est vendu au prix de 9,95 euros. Il est Ă©ditĂ© chez « Fluide Glacial » et se compose d’une petite cinquantaine de pages. Son auteur est Riad Sattouf qui est depuis l’an dernier davantage connu pour avoir rĂ©alisĂ© « Les Beaux Gosses » que pour ses Ɠuvres littĂ©raires. C’est dommage dans le sens oĂč sa bibliographie gagne Ă  ĂȘtre dĂ©couverte.

Le premier tome intitulĂ© « La nouvelle virilitĂ© » nous faisait dĂ©couvrir Pascal Brutal. Ce monstre de muscles et de charisme n’est pas viril. Il est la virilitĂ©. Il s’agit d’un homme au physique de dĂ©mĂ©nageur, adepte de la castagne et tombeur de ses dames
 Par contre, on ne peut pas dire qu’il soit un monument d’intelligence. Mais on ne peut pas tout avoir
 Cet opus nous dĂ©crivait le quotidien de Pascal, nous faisait acquĂ©rir tous ses codes. C’est vraiment drĂŽle et rĂ©ussi. C’est pourquoi, j’étais enthousiaste en dĂ©couvrant ce nouvel album.

Dans « Le mĂąle dominant », l’auteur part du principe que Pascal ne nous est pas inconnu. La prĂ©sentation est plus succincte. On rentre directement dans le vif du sujet. On suit notre hĂ©ros dans ses aventures. Son charisme et son charme animal lui permet de se sortir de situations compliquĂ©es. Il a un cĂŽtĂ© « James Bond ». Il s’en sort toujours et avec classe ! On prend vraiment Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  suivre ce « beauf ». Alors qu’il nous agacerait dans notre quotidien, il nous fait rire ici. La lecture prend un ton diffĂ©rent dans cet album. Maintenant que Pascal nous est familier, cela nous permet d’anticiper ses rĂ©actions et ses pensĂ©es. Il nous dĂ©gage un cĂŽtĂ© familier qui est trĂšs agrĂ©able.

La particularitĂ© de cette sĂ©rie est qu’elle se dĂ©roule dans un futur proche dans lequel Alain Madelin fĂȘte son troisiĂšme septennat Ă  la prĂ©sidence de la RĂ©publique. Cela permet Ă  l’auteur d’évoquer certains codes actuels comme Ă©tant des repĂšres du passĂ©. Cette vision dĂ©calĂ©e de notre quotidien est intĂ©ressante et donne lieu Ă  beaucoup de gags. Il n’est pas toujours facile d’avoir du recul sur ce qui parait ĂȘtre des Ă©vidences du prĂ©sent. Par exemple, suite Ă  un coup d’état, la monarchie belge a Ă©tĂ© remplacĂ©e par une « gynarchie » extrĂȘme. C’est-Ă -dire que les femmes dirigent tout. L’homme est totalement soumis. On dĂ©couvre Ă©galement une Bretagne autonome
 Bref, les repĂšres gĂ©opolitiques sont modifiĂ©es pour notre plus grand plaisir tant Sattouf arrive Ă  exploiter tout cela pour nous faire rire.

Comique de situation et dialogues savoureux

L’humour rĂ©sidant dans cet opus rĂ©side dans plusieurs domaines. D’une part, il s’agit d’un comique de situation. Les aventures qui arrivent Ă  Pascal et les modifications historiques donnent lieu Ă  beaucoup de gags « premier degrĂ© ». D’autre part, les dialogues sont savoureux. Que ce soit les phrases sortant tout droit du cerveau de notre cher Pascal ou la narration de la « voix off », on n’arrĂȘte pas de rire. La densitĂ© des gags est d’une rare intensitĂ©. Plusieurs lectures sont nĂ©cessaires pour en profiter pleinement. De plus, le fait que l’album se dĂ©compose en des histoires indĂ©pendantes de quatre ou cinq pages, fait qu’on n’est pas obligĂ© de tout lire d’un coup. On peut le dĂ©couvrir Ă  tout moment par petite touche pour notre plus grand plaisir.

De plus, les dessins sont facilement accessibles. Le trait est simple, les cases sont trĂšs colorĂ©es. Tout cela participe activement au plaisir de notre lecture. MalgrĂ© un style apparemment simple, Sattouf arrive Ă  donner des expressions Ă  ses personnages parfois « cartoonesques ». Bref, « Le mĂąle dominant » se montre Ă  la hauteur de « La nouvelle virilitĂ© ». C’était loin d’ĂȘtre simple
 Avec « Pascal Brutal », c’est une sĂ©rie de grande qualitĂ© qui s’offre Ă  nous. J’ai hĂąte de me plonge dans le troisiĂšme tome qu’on m’a offert Ă  mon anniversaire. Il s’intitule « Plus fort que les plus forts ». Mais cela est une autre histoire… Bonne lecture !

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle VirilitĂ© – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T1 : La Nouvelle Virilité
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Juin 2006


 GrĂące Ă  mon frĂšre, j’ai rĂ©cemment fait une rencontre qui ne laisse pas indiffĂ©rent. J’ai dĂ©couvert Pascal Brutal. Ce hĂ©ros de bande dessinĂ©e est un vĂ©ritable personnage. « Pascal Brutal » est une sĂ©rie actuellement composĂ©e de quatreopus. Ils sont nĂ©s de la plume de Riad Sattouf cĂ©lĂšbre pour avoir rĂ©alisĂ© le rĂ©cent « Les Beaux gosses » au cinĂ©ma. Cet auteur prolifique est Ă©galement connu pour le succĂšs de son album « La vie secrĂšte des jeunes » dont est paru rĂ©cemment le second tome. Mais tout cela n’est pas le sujet d’aujourd’hui. En effet, je veux vous parler du tome initial de la grande saga de Pascal Brutal intitulĂ©e « La nouvelle virilitĂ© ». Paru chez « Fluide Glacial », ce bouquin est composĂ© d’une petite cinquantaine de pages. Il est vendu au prix d’environ dix euros.

Il est maintenant temps de vous prĂ©senter cet homme « remarquable ». Pascal Brutal vit dans une sociĂ©tĂ© dans laquelle Alain Madelin est prĂ©sident de la RĂ©publique. Pascal n’est pas viril, il est la virilitĂ©. Cheveux courts, bouc parfaitement dessinĂ©, ultra-bodybuildĂ©, une gourmette qui brille, des baskets Torsion 1992… VoilĂ  qui est Pascal Brutal. Il s’agit du male dans toute sa splendeur. Il prĂ©fĂšre rĂ©flĂ©chir avec ses muscles qu’avec son cerveau. Et cet album va nous apprendre Ă  le dĂ©couvrir


Une histoire contée en voix off.

L’album est construit d’une maniĂšre trĂšs particuliĂšre. Il ne s’agit pas d’une aventure de ce cher Pascal. L’histoire se dĂ©compose en une succession de scĂšnes de quelques pages ayant pour unique but de nous faire connaĂźtre le hĂ©ros. Chaque chapitre s’étale sur quatre ou cinq pages. L’histoire nous est Ă©galement contĂ©e par une « voix off » qui commente tout ce qui arrive Ă  notre cher Pascal. Cette « voix » est une des grandes rĂ©ussites de l’ouvrage. Le ton est dĂ©calĂ© et caricatural. On rigole vraiment en comparant le regard subjectif du narrateur et la rĂ©alitĂ© des actes commis par PB dans la case juste dessous.

pascalbrutal1aCar « La nouvelle virilitĂ© » est vraiment une grande rĂ©ussite sur le plan des dialogues et des textes. Il y a une grande densitĂ© de gags, de petites tournures. La qualitĂ© est de sortie et aucune case et aucune bulle ne sont nĂ©gligĂ©es. C’est un bouquin qui se savoure petit Ă  petit. Le dĂ©vorer d’une traite aurait pour consĂ©quence de se gĂącher. Chaque phrase et chaque anecdote sont Ă©crites pour ĂȘtre savourĂ©es. Vous n’ĂȘtes pas obligĂ© de tout lire d’un coup. Feuilleter quelques pages suffisent Ă  vous chatouiller les zygomatiques et Ă  penser trĂšs fort un « Quel con, ce Pascal ! ».

Car Pascal n’est pas futĂ©. C’est le moins qu’on puisse dire. On est quelque part dans la caricature du beauf musclĂ© qui a raison parce qu’il a des poings qui partent vite et qui font mal. Les filles sont folles de son corps et de ses nombreux talents physiques. Pascal est l’homme parfait tant qu’on ne lui demande pas de trop rĂ©flĂ©chir. On prend plaisir Ă  se moquer de lui. Ce n’est pas forcĂ©ment trĂšs sain. Mais une chose est sĂ»re, on rigole bien ! N’est-ce pas lĂ  le plus important ?

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Concernant les dessins, je les trouve trĂšs rĂ©ussis. C’est la premiĂšre fois que je dĂ©couvrais le coup de crayon de Riad Sattouf. Je n’ai pas Ă©tĂ© déçu. Le style est simple mais sait se montrer au diapason de l’esprit de la bande dessinĂ©e. On rentre trĂšs vite dans l’histoire. DĂšs les premiĂšres cases, on s’immerge dans la vie de Pascal. Cette rĂ©ussite est Ă©galement du aux dessins. Les cases sont colorĂ©es et ne devraient pas rebutĂ©s ceux d’entre vous qui ne sont pas forcĂ©ment familiers de la bande dessinĂ©e.

Au final, je suis trĂšs loin de regretter ma rencontre avec Pascal. J’ai vraiment bien rigolĂ© et j’ai hĂąte de me plonger dans les deux autres opus de la sĂ©rie. De bonnes tranches de rigolade m’attendent. Je ne peux donc que vous inciter Ă  aller dĂ©couvrir cet homme qui n’est comme aucun autre. Bonne lecture ! 

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2014


Si Riad Sattouf fait beaucoup parler de lui ces derniĂšres semaines avec son livre « L’arabe du futur », c’est bien la sortie du quatriĂšme tome de « Pascal Brutal » qui me mettait dans tous mes Ă©tats. RĂ©compensĂ©e Ă  AngoulĂȘme pour son troisiĂšme tome, cette sĂ©rie est un must-have d’humour. Ce nouvel opus, intitulĂ© « Le roi des hommes », nous permet de dĂ©couvrir un peu plus la vie de Pascal, l’homme le plus viril du monde. Le tout est publiĂ© chez Fluide Glacial.

Le monde de Pascal Brutal est assez original
 AprĂšs l’accession d’Alain Madelin au pouvoir, la France dĂ©cline et sombre dans un chaos intellectuel et social. Riad Sattouf crĂ©e une vision de notre future trĂšs pessimiste et pourtant si proche de notre sociĂ©tĂ© actuelle. C’est la complĂšte dĂ©cadence : violence, sexe et QI nĂ©gatif s’y cĂŽtoient en permanence. Et au milieu de tout cela, Pascal Brutal


Ce bon vieux Pascal, c’est la virilitĂ© Ă  l’état pur : des gros muscles, une grosses motos et des femmes qui le veulent tout de suite et maintenant. Mais surtout, c’est une homosexualitĂ© refoulĂ©e qui ressort rĂ©guliĂšrement


La voix off, point fort de la série

Ainsi, tour Ă  tour, Pascal va essayer de pĂ©cho dans la ville des gays, ĂȘtre star du rap, joueur de foot, etc. Riad Sattouf s’amuse Ă  intĂ©grer l’Homme dans toutes les situations possibles, mais toujours dans sa France façon Madelin. C’est d’ailleurs la description de cet univers ultralibĂ©rale, par la voix off, qui fait tout le sel de cette bande-dessinĂ©e. Au-delĂ  des situations, Riad Sattouf s’amuse Ă  dĂ©crire un monde improbable. Cerise sur le gĂąteau : un certain Riad Sattouf a permis au monde arabe de devenir la sociĂ©tĂ© la plus avancĂ©e et la plus progressiste (dans le tome 3). Nous retrouvons ainsi un stade Riad Sattouf construit Ă  base de sacs plastiques recyclĂ©s


Si on sourit souvent devant la vie de Pascal, on rit aussi. Cette sĂ©rie possĂšde une telle identitĂ© et une telle densitĂ© que l’on a du mal Ă  rester indiffĂ©rent. Le lien avec « La vie secrĂšte des jeunes » est Ă©vident. Riad Sattouf sait observer ses contemporains et projettent le tout dans l’avenir. Et ce n’est pas rose…

 Le dessin, simple en apparence, est parfaitement adapté. Les expressions du visage de Pascal sont complexes et participent à notre hilarité. Bref, du lourd.

Avec son quatriĂšme opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage crĂ©Ă©s par Riad Sattouf possĂšdent une vĂ©ritable originalitĂ© et l’auteur sait les utiliser sans se rĂ©pĂ©ter. Une des grandes bande-dessinĂ©es d’humour de ces derniĂšres annĂ©es, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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17/20

Bone, T4 : La nuit des rats-garous – Jeff Smith

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Titre : Bone, T4 : La nuit des rats-garous
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Mars 1997


« Bone » est le seul comics Ă  trĂŽner dans ma bibliothĂšque, mĂȘme si un tome de « Sin City » s’est discrĂštement glissĂ© entre deux bande-dessinĂ©es franco-belge. DĂ©couverte par hasard dans la mĂ©diathĂšque du quartier, ce mĂ©lange d’aventure et d’humour m’a pleinement sĂ©duit. AprĂšs trois premiers tomes exceptionnels, le propos se corse. « La nuit des rats-garous » annoncent de sombres Ă©vĂšnements, comme l’indique parfaitement la couverture. Le tout est toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt pour 88 pages. C’est l’un des tomes les plus lĂ©gers en termes de pagination.

Clairement, on sent un petit problĂšme de dĂ©coupage dans cette Ă©dition. On reprend l’histoire en pleine forĂȘt, sous le dĂ©luge
 Qu’importe, le plaisir reste le mĂȘme. Mamie Ben fuit et est rattrapĂ©e par Thorn et Fone Bone. Qu’a-t-elle donc Ă  cacher ? CernĂ©s par les rats-garous qui Ă©cument la forĂȘt, le trio tente de survivre.

Le tome des révélations

Ce tome est LE tome des rĂ©vĂ©lations. AprĂšs un dĂ©but plutĂŽt lĂ©ger, le propos se durcit. On apprend enfin qu’est-ce que la vallĂ©e, les forces en prĂ©sence, son passĂ©, etc. Le rĂ©cit prend une autre tournure. Mais la deuxiĂšme partie du tome est elle pleinement humoristique. Lucius et Phoney se lancent dans le concours Ă  la taverne. Chacun son cĂŽtĂ© et les gens consomment oĂč ils le veulent. MĂȘme si la compĂ©tition semble lĂ  pour montrer le caractĂšre de Phoney, cela aura Ă©videmment bien plus d’importance


Jeff Smith continue ici son mĂ©lange savoureux. De l’humour, du romantisme, de l’aventure, de l’hĂ©roĂŻc fantasy
 Le travail sur les ambiances est remarquable notamment pour cette fameuse « Nuit des rats-garous ». Son dĂ©coupage donne une vraie puissance Ă  l’ouvrage. InspirĂ© de l’animation, de nombreuses cases se suivent avec le mĂȘme cadrage, changeant juste un petit dĂ©tail de l’une Ă  l’autre. Ce travail proche du dessin-animĂ© par moment donne une fluiditĂ© Ă  la lecture et permet de jouer aussi bien sur la peur que sur le rire !

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Au niveau du dessin, Jeff Smith produit des noirs et blancs particuliĂšrement beaux dans ce tome nocturne. La reprĂ©sentation de la foudre, de la pluie est formidable ! Je suis conquis depuis bien longtemps par le trait rond et expressif de l’auteur. Sa capacitĂ© Ă  mĂ©langer cartoon et dessin rĂ©aliste est un modĂšle du genre !

« La nuit des rats-garous » est un tome charniĂšre dans la sĂ©rie « Bone ». Il pose (en partie) les enjeux, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. On passe de quĂȘtes immĂ©diates Ă  une quĂȘte plus gĂ©nĂ©rale, ce qui change fortement la donne pour les personnages.

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Note : 19/20

Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars – Jeff Smith

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Titre : Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1996


« Bone » a Ă©tĂ© l’une de mes plus grandes surprises de lecture. Ce comics mĂ©langent autant les codes graphiques que les genres dans une fusion de trĂšs grande qualitĂ©. On y retrouve des bones, personnages de cartoon exilĂ©s de Boneville, qui arrivent dans une vallĂ©e teintĂ©e d’hĂ©roĂŻc-fantasy. Le dĂ©but de l’histoire est trĂšs lĂ©gĂšre, pleine d’humour, bien que dĂ©jĂ  les rats-garous sĂšment le trouble. Le tout est publiĂ© chez Delcourt. Je prends ici pour rĂ©fĂ©rence la premiĂšre version publiĂ©e en noir et blanc.

Smiley et Phoney, suite aux paris truquĂ©s, sont obligĂ©s de travailler pour Mamie Ben, puis pour Lucius. Les voilĂ  donc Ă  la ferme pour reconstruire le tout aprĂšs l’attaque des rats-garous. Si Smiley est toujours de bonne humeur, Phoney cherche Ă  tout prix un moyen de repartir Ă  Boneville couvert d’or. ProblĂšme : Fone Bone est amoureux de la belle Thorn et sa motivation de retour d’exil est toute relative


L’ambiance est encore Ă  la « bone » humeur

Dans ce troisiĂšme tome, l’ambiance est encore Ă  la bonne humeur. Les trois bones sont ensemble et les situations cocasses sont lĂ©gions. Mais les rĂȘves s’invitent aussi bien chez Thorn que chez Fone Bone. Les enjeux rĂ©els restent ici encore flous mais le mystĂšre s’épaissit et titille notre curiositĂ©. Ce tome reste l’un des plus courts parus, l’histoire avance donc peu. A la fin de l’ouvrage, les bones sont une nouvelle fois sĂ©parĂ©s, laissant prĂ©sager de nouvelles pĂ©ripĂ©ties.

Clairement, le dĂ©but de cette Ă©popĂ©e est la partie que je prĂ©fĂšre. MĂȘlant humour, suspense et aventure, c’est un cocktail dĂ©tonnant ! C’est toujours le cas ici oĂč, aprĂšs des passages trĂšs drĂŽles, une scĂšne vient nous rappeler que l’heure est Ă  l’inquiĂ©tude
 Ce sont les derniers moments d’insouciance avant que les problĂšmes n’arrivent


Concernant le dessin, ce tome est particuliĂšrement beau. En effet, une bonne partie de l’histoire se passe en pleine averse et en pleine nuit, donnant lieu Ă  des planches en noir et blanc de toute beautĂ©. Jeff Smith est ici au sommet. Son trait au pinceau est une merveille. L’environnement est pourtant trĂšs simple (la forĂȘt et la ferme
), mais parfaitement rendu. Et surtout, l’auteur parvient Ă  mixer dessin cartoon et rĂ©aliste avec une aisance stupĂ©fiante. Du grand art.

Jeff Smith a pris son rythme de croisiĂšre avec ce « RĂȘves et cauchemars ». Les enjeux ne sont pas encore trĂšs clairs pour le lecteur, mais la tension monte lentement


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Note : 19/20

Comme un lundi – James

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Titre : Comme un lundi
Scénariste : James
Dessinateur : James
Parution : Novembre 2006


James est un auteur pour lequel j’ai beaucoup de sympathie. J’aime ses traits d’humour et son trait sur les planches. En tombant sur « Comme un lundi », recueil de strips muets, je n’ai pas hĂ©sitĂ© un instant Ă  me le procurer afin d’en dĂ©marrer la lecture au plus vite. Paru chez 6 pieds sous terre dans la collection Hors Collection, l’ensemble fait prĂšs de 100 pages pour un format trĂšs vertical.

« Comme un lundi » reprend une partie des strips parus sur le blog de l’auteur. Tournant autour de quatre pages, ils sont prĂ©sentĂ©s de façon verticale, avec deux dessins par pages. Et rĂ©guliĂšrement, entre chaque strip, une petite illustration reprĂ©sentant une photo de l’auteur Ă  diffĂ©rents stades de sa vie. Si bien qu’une impression de remplissage dĂ©sagrĂ©able se fait vite sentir. Le livre est Ă©pais, mais sa lecture se fait Ă  grande vitesse. C’est une tendance des recueils de blogs, puisque les ouvrages de Bastien VivĂšs donnent la mĂȘme impression. On aurait prĂ©fĂ©rĂ© un livre plus fin (et moins cher).

La qualité des strips est largement à la hauteur, mais pas leur quantité.

MalgrĂ© tout, l’humour de James fonctionne parfaitement. Faire des strips muets n’est vraiment pas Ă©vident et l’auteur s’en sort parfaitement. Il aime beaucoup comparer les Ăąges de la vie et le fait avec beaucoup de talent. Il n’est pas rare de sourire face au cynisme dĂ©gagĂ© par l’ensemble, James n’étant que rarement positif sur le sens de la vie. Mais aprĂšs, ne finissons tous pas ĂągĂ©s, puis morts ?

Le dessin développé par James est particuliÚrement plaisant. Ses personnages anthropomorphes possÚdent leur propre style. Contrairement à des séries comme « Amour, Passion & CX Diesel », James varie les angles de vue et les décors pour notre plus grand plaisir. Son trait au feutre est dynamique et fouillé. Le noir et blanc est maitrisé et fait la part belle aux textures. Avec un dessin qui paraßt simple de premier abord, James montre vraiment sa maßtrise du dessin ici.

Un avis mitigĂ© sur ce livre. MalgrĂ© l’impression de densitĂ© (les pages sont Ă©paisses qui plus est !), l’ensemble est particuliĂšrement lĂ©ger. Et si la qualitĂ© des strips est vraiment au rendez-vous, la quantitĂ© est trop lĂ©gĂšre pour ce prix-lĂ . J’ai Ă©tĂ© trĂšs content de l’emprunter en bibliothĂšque. A l’achat, un goĂ»t amer me serait restĂ© dans la bouche.

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Note : 14/20

Donjon CrĂ©puscule, T111 : La fin du donjon – Lewis Trondheim, Joann Sfar & Mazan

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Titre : Donjon crépuscule, T111 : La fin du donjon
Scénaristes : Lewis Trondheim & Joann Sfar
Dessinateur : Mazan
Parution : Mars 2014


 « La Fin du Donjon »  Le titre du tome 111 de « Donjon CrĂ©puscule » est sans Ă©quivoque : c’est la fin ! La grande aventure nĂ©e de l’imagination de Lewis Trondheim et Joann Sfar allait vivre Ă  son dĂ©nouement. La lecture du tome prĂ©cĂ©dent « Haut Septentrion » nous prĂ©sentait un premier angle de vue sur le combat final qui concluait la saga. Mais « La Fin du Donjon » conte les Ă©vĂ©nements perçus Ă  travers Marvin et Herbert, les deux hĂ©ros lĂ©gendaires. Les deux auteurs ont confiĂ© les dessins Ă  Mazan, dĂ©jĂ  vu sur le premier Ă©pisode de « Donjon Monsters ». Sorti chez Delcourt, en mars dernier, l’album Ă©tait prĂ©sentĂ© par une trĂšs jolie couverture. On y dĂ©couvrait les ruines du Donjon dans lesquelles la nature reprenait le dessus. J’ai trouvĂ© cette illustration trĂšs rĂ©ussie. J’espĂ©rais que le reste de la lecture serait Ă  la hauteur et offrirait Ă  « Donjon » une conclusion brillante.

« Plus les Ăźlots de Terra Amata montent, moins il y a d’oxygĂšne. Tandis que Marvin Rouge et Zakutu tentent de protĂ©ger les objets du Destin, Herbert et le Roi PoussiĂšre sont obligĂ©s de faire allĂ©geance Ă  l’EntitĂ© noire afin d’obtenir le prĂ©cieux oxygĂšne. La fin du Donjon n’a jamais Ă©tĂ© aussi proche ! Mais la rĂ©sistance est en marche. » VoilĂ  le rĂ©sumĂ© offert par le site BD Gest’. A mes yeux, il prĂ©sente clairement les enjeux pour tout lecteur rĂ©gulier de la sĂ©rie.

Il est Ă©vident qu’essayer de lire cet album sans connaĂźtre les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents est une mission impossible. Il n’y a pas de piqĂ»re de rappel. Les auteurs plongent immĂ©diatement dans le dur. L’histoire peut ĂȘtre perçue comme un spin off de « Haut Septentrion ». Il faut au moins avoir entiĂšrement lu le cycle « Donjon CrĂ©puscule » qui relate la fin du Donjon. Il se compose actuellement d’une dizaine d’ouvrages.

Un rythme effréné

Un des dĂ©fauts que ne possĂšde pas cet album est le fait de ne pas ĂȘtre habitĂ© par des temps morts. Le rythme est effrĂ©nĂ©. Les Ă©vĂ©nements s’enchainent. L’action est de sortie. Mazan a un gros travail d’illustration Ă  faire pour faire ressentir le mouvement perpĂ©tuel qui accompagne les pĂ©rĂ©grinations d’Herbert et Marvin. Ils n’arrĂȘtent pas de courir aux quatre coins de Terra Amata. Le trait de l’auteur traduit assez bien cette sensation de course permanente contre la montre. Le lecteur n’a jamais le temps de souffler. NĂ©anmoins, j’apporterais un bĂ©mol. L’ensemble m’apparait brouillon. J’ai parfois eu la sensation que scĂ©nario Ă©tait un cousin du diable de Tasmanie. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able dans l’ensemble mais cela m’a essoufflĂ© par moment.

Le dĂ©nouement est connu dans les grandes lignes avant mĂȘme la dĂ©couverte de la premiĂšre page. Le fait d’avoir lu le tome 110 de « Donjon CrĂ©puscule » donne beaucoup d’informations Ă  ce propos. Cela fait que j’ai eu du mal Ă  me passionner pour les rebondissements qui jalonnent le trajet d’Herbert tout au long de l’histoire. Par contre, j’étais attentif Ă  tous les moments partagĂ©s entre le palmipĂšde et son ami dragon. Ils forment le duo central de la saga. Il Ă©tait donc important de savourer les derniers temps passĂ©s Ă  leurs cĂŽtĂ©s. J’ai regrettĂ© que cet aspect nostalgique et Ă©motionnel soit en retrait par rapport Ă  l’action pure. Je ne le reproche pas aux auteurs. C’est leur choix et leur Ɠuvre. NĂ©anmoins, je regrette que le « au revoir » soit finalement aussi brutal. Seules les trois derniĂšres pages sont apaisĂ©es et closent l’aventure avec poĂ©sie. Parsemer le reste de l’album de ce type de pensĂ©es ou de phrases ne m’aurait pas dĂ©plu. Dans un genre trĂšs diffĂ©rent, je trouvais la fin de « Lapinot » bien plus intense et mieux amenĂ©e.

Pour conclure, j’ai passĂ© un bon moment Ă  assister Ă  la fin du Donjon. Le plaisir que j’ai eu Ă  retrouver Herbert et Marvin ensemble m’a fait oublier les quelques dĂ©fauts que dĂ©gageait par moment la lecture. Il est indispensable pour tout adepte de la saga de s’y plonger pour boucler la boucle. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer qu’un jour les auteurs trouveront le temps de combler quelques trous que possĂšde la grande Histoire du Donjon. L’espoir n’a jamais tuĂ© personne


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Note : 12/20

Donjon Crépuscule, T110 : Haut Septentrion

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Titre : Donjon crépuscule, T110 : Haut Septentrion
Scénaristes : Lewis Trondheim & Joann Sfar
Dessinateur : Alfred
Parution : Mars 2014


« Donjon » est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art. Lors de sa naissance, le projet de Lewis Trondheim et Joann Sfar paraissait irrĂ©aliste. Il souhaitait conter l’histoire des habitants d’un Donjon au cours de trois Ă©poques diffĂ©rentes. « Donjon Potron-Minet » devait suivre la construction du Donjon, « Donjon ZĂ©nith » son apogĂ©e et « Donjon CrĂ©puscule » sa chute. D’autres sĂ©ries telles que « Donjon Monsters » ou « Donjon Parade » agrĂ©mentaient Ă©galement cet univers. Depuis de nombreuses annĂ©es, les tomes paraissent Ă  un rythme effrĂ©nĂ© pour le plus grand plaisir des lecteurs. La fantasy et l’humour sont les deux caractĂ©ristiques de cette grande Ă©popĂ©e. Chaque cycle possĂšde sa propre identitĂ© tout en respectant la cohĂ©rence narrative. Mais ces derniĂšres annĂ©es, les nouveaux Ă©pisodes ont Ă©tĂ© plus rares. En mars dernier, sont apparus dans les rayons Ă  ma grande surprise deux nouveaux tomes. J’eus la dĂ©sagrĂ©able surprise de voir qu’ils marquaient la fin de l’aventure. Ces opus marquaient-ils la derniĂšre touche des auteurs Ă  leur crĂ©ation ou pensaient-ils un jour combler les nombreuses zones d’ombre que leur chronologie possĂšde encore ? C’est sans rĂ©ponse Ă  ses interrogations que je me suis plongĂ© dans « Haut Septentrion », tome 110 de « Donjon CrĂ©puscule ».

Le site BDGest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant des enjeux de cet album : « Tremblement sur Terra Amata. Alors que tous les Ăźlots s’éloignent du noyau de magma et de l’atmosphĂšre respirable, le Roi PoussiĂšre pense qu’il est temps pour lui de mourir de façon hĂ©roĂŻque. Marvin Rouge s’accroche toujours, bon grĂ©, mal grĂ© et va devoir le sauver de cette idĂ©e fixe tout en trouvant un moyen de respirer. »

Des scÚnes de combat et de batailles. 

Trondheim et Sfar n’en sont pas Ă  une fantaisie prĂšs. En effet, cet ouvrage doit ĂȘtre lu en parallĂšle du tome 111 intitulĂ© « La fin du Donjon ». Chacun dĂ©crit les Ă©vĂ©nements qui mĂšnent au dĂ©nouement de l’intrigue en axant sa narration sur des angles et des personnages diffĂ©rents. Ma critique porte sur « Haut Septentrion » qui se centre sur le duo formĂ© de Marvin Rouge et Zakutu. Le premier est un guerrier hystĂ©rique assoiffĂ© de sang ou de sexe au grĂ© de ses humeurs. La seconde est une princesse hĂ©ritiĂšre au caractĂšre trempĂ©. Les alĂ©as de leurs parcours respectifs les mĂšnent au centre d’un combat dont l’issue sera dĂ©finitive pour le Monde. Je me dois rapidement prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir une connaissance minimale des enjeux et des protagonistes de la sĂ©rie pour se plonger dans cette lecture. Dans le cas cadre contraire, il me semble impossible d’y comprendre quoi que ce soit.

La nature mĂȘme de l’histoire fait que la majoritĂ© des planches sont des scĂšnes de combat et de batailles. Je ne suis pas trop fan de ce type de construction parce que bien souvent certaines planches sont du remplissage. Occuper trois planches Ă  dessiner des explosions et des duels Ă  l’épĂ©e Ă©vite trop frĂ©quemment de construire une intrigue et de rĂ©diger des dialogues travaillĂ©s. Mais les deux auteurs ne tombent pas dans cette facilitĂ©. Chaque page est agrĂ©mentĂ©e de plusieurs vannes bien senties que ce soit entre les hĂ©ros ou envers leurs ennemis. Le cĂŽtĂ© testostĂ©rone des derniers opus de « Donjon CrĂ©puscule » est une nouvelle fois bien transcrit. On pourrait regretter un dĂ©but un petit peu brouillon. Le fait que la sĂ©rie ait sautĂ© deux ou trois tomes a pour consĂ©quence de nĂ©cessiter pour le lecteur un temps d’adaptation Ă  la nouvelle situation Ă  Terra Amata. La mise en route manque un petit peu de clartĂ© et de finesse. NĂ©anmoins, l’affection ressentie Ă  l’égard de cette sĂ©rie fait rapidement oubliĂ© ce dĂ©faut au dĂ©marrage une fois que les deux tourtereaux au sang chaud se retrouvent en amoureux pour sauver le monde.

La relation entre Marvin et Zakutu est un des points forts de ce cycle. Les deux personnages sont individuellement trĂšs rĂ©ussis et ils prennent une ampleur explosive quand ils sont mis en contact. Ce tome accentue ce phĂ©nomĂšne dans le sens oĂč ils ne sont que tous les deux lors de leurs pĂ©rĂ©grinations. Personne ne leur fait de l’ombre et cela leur permet de ne fixer aucune limite Ă  leurs excĂšs. Cela offre des moments trĂšs drĂŽles et surtout aucun temps mort. Une fois la machine narrative enclenchĂ©e, elle ne cesse pas de s’emballer sans jamais ralentir. MĂȘme la derniĂšre planche est rĂ©ussie sur ce plan-lĂ  alors que l’issue laissait la porte ouverte Ă  quelque chose de plus classique et traditionnel.

Les auteurs ont pris l’habitude de changer bien souvent de dessinateurs d’un album Ă  l’autre. C’est Alfred qui se voyait confier l’illustration de ce combat final. Il s’en sort correctement et reste globalement fidĂšle Ă  l’identitĂ© graphique de la saga. MalgrĂ© tout, il ne s’agit pas de l’artiste dont j’ai prĂ©fĂ©rĂ© le travail sur la sĂ©rie. Son trait manque de finesse et de prĂ©cision Ă  mes yeux. C’est dommage car les scĂšnes sont rythmĂ©es et denses. Il m’apparaĂźt donc important de se montrer soignĂ© et appliquĂ© pour permettre au lecteur Ă  la fois de s’immerger dans des dĂ©cors en changement permanent tout en comprenant dans les moindres dĂ©tails les Ă©vĂ©nements qui s’y dĂ©roulent. Par contre, je n’ai rien Ă  dire sur le travail des couleurs qui correspondent parfaitement aux attentes gĂ©nĂ©rĂ©es.

Pour conclure, cet opus conclut honorablement le cycle. C’est d’ailleurs plus dans l’évolution des deux personnages principaux que dans l’issue du combat final que rĂ©side l’attrait de la lecture. Il est Ă©vident que certains moments concernant Herbert sont nĂ©buleux dans cet album. Mais je ne doute pas que « La fin du Donjon » Ă©claircira tout cela. Mais c’est une autre histoire


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Note : 14/20