Les pauvres aventures de Jérémie, T1 : Les jolis pieds de Florence

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Titre : Les pauvres aventures de Jérémie, T1 : Les jolis pieds de Florence
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Janvier 2003


Il est toujours intĂ©ressant de se replonger dans les premiers ouvrages de certains auteurs aujourd’hui adulĂ©s. En 2003, Riad Sattouf lance une sĂ©rie consacrĂ©e Ă  JĂ©rĂ©mie, un anti-hĂ©ros au physique ingrat et quelque peu obsĂ©dĂ©. « Les jolis pieds de Florence » en est le premier tome et fut publiĂ© dans la bien connue collection Poisson Pilote chez Dargaud, la version grand publique de la nouvelle bande dessinĂ©e. Continuer la lecture de « Les pauvres aventures de JĂ©rĂ©mie, T1 : Les jolis pieds de Florence »

Un bruit Ă©trange et beau

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Titre : Un bruit Ă©trange et beau
Scénariste : Zep
Dessinateur : Zep
Parution : Octobre 2016


AprĂšs « Une histoire d’hommes », Zep revient chez Rue de SĂšvres avec un nouveau one-shot adulte et sĂ©rieux. « Une histoire d’hommes » ne m’avait pas pleinement convaincu, mais suffisait Ă  provoquer une curiositĂ© pour ce nouvel album. Le tout pĂšse 80 pages (et il pĂšse vraiment lourd !). Continuer la lecture de « Un bruit Ă©trange et beau »

Lucie s’en soucie

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Titre : Lucie s’en soucie
Scénariste : Véronique Grisseaux
Dessinateur : Catel
Parution : Janvier 2000


« Lucie s’en soucie » est un hors sĂ©rie de la sĂ©rie nommĂ© « Lucie ». Ce roman graphique de 120 pages narre l’histoire d’une jeune trentenaire qui fait le bilan de sa vie au dĂ©but des annĂ©es 2000. Le tout est scĂ©narisĂ© par VĂ©ronique Grisseaux et dessinĂ© par Cartel, et publiĂ© aux HumanoĂŻdes AssociĂ©s dans la collection Tohu Bohu. Continuer la lecture de « Lucie s’en soucie »

Mattéo, T1 : PremiÚre époque (1914-1915)

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Titre : Mattéo, T1 : PremiÚre époque (1914-1915)
Scénariste : Jean-Pierre Gibrat
Dessinateur : Jean-Pierre Gibrat
Parution : Octobre 2008


Lors d’un passage Ă  Bruxelles, j’avais eu la chance de tomber sur une exposition consacrĂ©e aux planches de Jean-Pierre Gibrat. J’étais alors tombĂ© follement amoureux du trait de ce dessinateur et de ses planches en couleur directe. Plus que ça, c’est sa façon de dessiner des femmes qui m’avait simplement subjuguĂ©. HĂ©las, mes premiĂšres dĂ©couvertes en bande-dessinĂ©e de cet auteur m’avaient déçues : je trouvais les scĂ©narii bien lĂ©gers et peu passionnants. Prenant mon courage Ă  deux mains, je tentais de nouveau le coup avec « MattĂ©o », un diptyque se passant lors de la premiĂšre guerre mondiale. Le premier tome, sous-titrĂ© « premiĂšre Ă©poque : 1914-1915 », commence alors que la guerre va dĂ©marrer. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis et pĂšse pas moins de 64 pages. Continuer la lecture de « MattĂ©o, T1 : PremiĂšre Ă©poque (1914-1915) »

Une petite tentation

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Titre : Une petite tentation
Scénariste : Jim
Dessinateur : Grelin
Parution : Mars 2013


Paru initialement sous le nom du « Sourire de la babysitter », cette sĂ©rie a connu une renaissance en paraissant sous la forme d’un copieux one-shot (plus de 150 pages quand mĂȘme). En effet, la premiĂšre mouture avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e au premier tome. On ne peut donc qu’ĂȘtre un peu mĂ©fiant, mais pourquoi pas. RebaptisĂ© « Une petite tentation », cette histoire parle donc d’une babysitter et de sa copine qui se lancent le dĂ©fi de piquer le mec quadra et avec une bonne situation dont la premiĂšre garde la fille. S’engage donc un jeu de sĂ©duction avec d’un cĂŽtĂ© la timide et de l’autre la dĂ©lurĂ©. Le tout est paru chez Vents d’Ouest.

Nous avons donc affaire ici Ă  une classique histoire sentimentale. La tentation, le dĂ©sir, les sentiments
 On n’est mĂȘme plus dans un triangle amoureux, mais plutĂŽt dans un hexagone ! Cependant, trĂšs vite on s’aperçoit que les personnages sont stĂ©rĂ©otypĂ©s. Plus choquant, les femmes sont toutes des garces et les hommes des ĂȘtres humains beaucoup plus sentimentaux et fidĂšles
 Étrange parti pris !

Pour un jeune public ?

UnePetiteTentation2Des personnages caricaturaux ne sont pas forcĂ©ment un problĂšme. On pourrait se voir dans un vaudeville sympathique. HĂ©las, les situations sont tout aussi fausses. A aucun moment, on ne croit vraiment Ă  tout ça. Entre une babysitter qui s’exhibe en soutif devant trois quadras ou un ex qui se taille les veines au cutter dans le couloir d’un immeuble, tout cela laisse un peu dubitatif. De mĂȘme, les deux jeunes filles sont Ă©tudiantes ET mineures. Je n’ai pu m’empĂȘcher de tiquer sur ce genre de dĂ©tails. Plusieurs fois, j’ai eu l’impression que ce livre Ă©tait plutĂŽt destinĂ© Ă  un jeune public. Mais pourtant, vu oĂč il est Ă©ditĂ©, ça ne semble pas ĂȘtre le cas. Quant Ă  la conclusion de l’ouvrage, elle va vraiment dans le sens d’une publication pour ado et/ou jeunes adultes. 

MalgrĂ© tout, la lecture mĂ©nage son suspense et ses surprises. La fin est trop moralisatrice et casse un peu finalement la dynamique de l’ouvrage. Le trait de Grelin est dynamique et plaisant. Ses filles sont sexy et illustrent trĂšs bien la notion de tentation
 Cependant, les expressions de visage un peu manga m’ont gĂȘnĂ© par moments. Clairement, ça ne fait pas partie de mes codes graphiques ! Les couleurs Ă©galement, trĂšs modernes, ne me parlent pas. C’est clairement une question de goĂ»t. Grelin a un style moderne oĂč il mĂ©lange de nombreuses influences (franco-belge, manga, voire Disney). De mĂȘme, la colorisation fait partie de canons du genre. Je regrette cependant un choix de faire des grandes cases finalement assez avares de dĂ©cors. Cela augmente la pagination pour pas grand-chose. Mais encore une fois, ça semble ĂȘtre une tendance du moment.

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« Une petite tentation » est un rĂ©cit sexy oĂč les jolies filles peu vĂȘtues sont bien prĂ©sentes. Inscrit dans une mouvance qui se veut moderne, je ne suis pas sĂ»r que cet ouvrage puisse toucher rĂ©ellement autre chose qu’un lectorat bien jeune qui fermera les yeux sur les incohĂ©rences du rĂ©cit et sur les caricatures de l’ensemble. Pour ma part, j’ai pris plaisir Ă  dĂ©vorer les filles des yeux. Peut-ĂȘtre que l’idĂ©e de faire un « roman graphique » n’était pas bien pertinente. Il semblerait qu’en 60 pages, tout aurait pu ĂȘtre dit.

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note2

Une vie sans Barjot

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Titre : Une vie sans Barjot
Scénariste : Appollo
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2011


La fin de l’adolescence et le passage Ă  l’ñge adulte est un grand classique de la bande-dessinĂ©e. À croire que les auteurs sont de grands ados qui ont toujours eu beaucoup de mal Ă  faire leur deuil de cette Ă©poque. « Une vie sans Barjot » raconte la derniĂšre nuit de Mathieu dans sa ville natale avant son dĂ©part pour les Ă©tudes Ă  la capitale. Le tout pĂšse une soixantaine de pages et est paru chez Futuropolis.

La soirĂ©e commence par un concert dans un bar. Tout le monde semble plus ou moins se connaĂźtre. Bienvenue en province, symbole de la banlieue dans le livre. En effet, Mathieu vient d’avoir son bac et son passage Ă  l’ñge adulte sera la montĂ©e Ă  la capitale. Il va donc perdre ses amis et
 NoĂ©mie, la fille dont il est secrĂštement amoureux depuis des annĂ©es.

La fin de l’adolescence en une soirĂ©e.

UneVieSansBarjot1C’est un rĂ©cit sur l’adolescence qui nous est proposĂ©. Mathieu et ses copains sont suffisamment attachants pour nous tenir en haleine, eux qui Ă©cument les fins de soirĂ©e pour retrouver NoĂ©mie. Au final, « Une vie sans Barjot » ne raconte pas grand-chose et fait fonctionner pas mal de clichĂ©s. Mais cette ambiance de dĂ©ambulation nocturne ne laisse pas indiffĂ©rent. La fin casse d’ailleurs un peu cette sensation de fin d’époque. Dommage.

La narration est ainsi purement chronologique et son rythme adopte celui des hĂ©ros. Peu d’ellipses, tout se suit et forme un tout. Le dĂ©coupage en quatre bandes des planches renforce cette impression de temporalitĂ©. On marche avec les personnages, on attend avec eux
 En cela, « Une vie sans Barjot » forme un tout parfaitement cohĂ©rent avec son sujet !

Le dessin de StĂ©phane Oiry est vraiment adaptĂ© au rĂ©cit. Je ne connaissais pas ce dessinateur, mais son trait m’a conquis. Son dessin tout en noirs est parfaitement mis en valeur par une colorisation en bichromie qui permet un dĂ©coupage des scĂšnes. Beaucoup sont bleues (pour l’extĂ©rieur) et les changements vers le jaune ou le rouge apportent un contraste intĂ©ressant.

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« Une vie sans Barjot » est une bande-dessinĂ©e sympa. Loin d’ĂȘtre rĂ©volutionnaire dans son propos ou dans son ambition, elle fait le travail. Elle rappellera certains souvenirs aux nostalgiques qui regrettent encore cette fille Ă  qui ils n’ont pas su dĂ©clarer leur flamme


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note3

Le goût du chlore

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Titre : Le goût du chlore
Scénariste : Bastien VivÚs
Dessinateur : Bastien VivĂšs
Parution : Mai 2008


« Le goĂ»t du chlore » est l’une des premiĂšres bande-dessinĂ©es de Bastien VivĂšs. Parue en 2008, elle a permis Ă  l’auteur de prendre son envol depuis avec de nombreux projets couronnĂ©s de succĂšs. Dans cet ouvrage paru chez KSTR, on retrouve deux jeunes gens qui se rencontrent Ă  la piscine. Le tout pĂšse pas moins de 135 planches.

Dans la BD, on suit un jeune homme qui a un problĂšme de dos. Son kinĂ© le pousse alors Ă  aller nager, ce qu’il n’a pas vraiment envie. Il faut dire qu’il ne nage pas bien et qu’il a bien du mal Ă  motiver des amis pour l’accompagner. Il dĂ©couvre alors le « milieu » de la piscine municipale, avec des hommes en reprĂ©sentation, des vieilles femmes et
 Une fille.

LeGoutDuChlore1« Le goĂ»t du chlore » est une romance. Si pudique qu’elle en perd un peu d’intĂ©rĂȘt. Il y a trĂšs peu de dialogues dans l’ouvrage et une grande partie concerne la natation. En effet, la jeune fille enseigne au garçon comment mieux nager. L’intĂ©rĂȘt de l’un pour l’une est Ă©vident, l’inverse semble plus long Ă  se dĂ©terminer.

Si on enlĂšve les scĂšnes chez le kinĂ©, plutĂŽt anecdotiques, tout se passe dans la piscine municipale. Les personnages sont presque tout le temps en train de nager ou de barboter. Cela permet Ă  Bastien VivĂšs de laisser parler son obsession des corps (que l’on retrouvera plus tard dans « Polina »). Un corps sportif et attirant d’un cĂŽtĂ©, plus ingrat et chĂ©tif de l’autre. L’auteur dĂ©cide d’adopter le rythme rĂ©el du lieu. Ainsi, on nage plus qu’on parle dans l’ouvrage. Et au bout d’un moment, la lassitude nous atteint Ă  force de voir chaque mouvement dĂ©composĂ©, que ce soit pour la nage ou toute autre chose. Mais on n’est pas loin de l’exercice de style. Bastien VivĂšs fournit donc un travail intĂ©ressant qui ne plaira pas Ă  tout le monde.

Au niveau dessin, on retrouve le trait dynamique de Bastien VivĂšs. J’ai trouvĂ© l’ensemble assez inĂ©gal. Certaines cases sont trĂšs rĂ©ussies et puissantes. D’autres sont vraiment limites, mĂȘme si elles sont liĂ©es au parti pris de l’auteur. Ce dernier Ă©crit en fin d’ouvrage avoir rĂ©alisĂ© l’album Ă  l’étĂ© 2007, ce qui expliquerait ce cĂŽtĂ© inĂ©gal. La colorisation en vert/bleu de les dĂ©cors mais en valeur les corps couleur chair des protagonistes. Mais l’ensemble reste assez froid.

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On peut souvent lire que « Le goĂ»t du chlore » retranscrit parfaitement l’ambiance d’une piscine municipale oĂč des gens trĂšs diffĂ©rents vont nager et oĂč le temps est rythmĂ© par les longueurs. Mais c’est bien lĂ  le problĂšme. Quand on va nager, le temps est souvent long et on s’ennuie un peu. VoilĂ  l’effet que m’a fait cet ouvrage.

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note2

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T2 : L’enfant Ă  l’Ă©charpe
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Août 2014


Le premier tome des « Chroniques d’un maladroit sentimental » Ă©tait une bonne surprise. DotĂ© d’une narration originale et d’un personnage attachant, on adhĂ©rait pleinement Ă  l’ouvrage. Ce dernier aurait mĂȘme pu exister en tant que one-shot. Mais voilĂ  la suite qui arrive, intitulĂ© « L’enfant Ă  l’écharpe ». AprĂšs avoir passĂ© un tome Ă  essayer de juguler ses crises d’angoisse pour arriver Ă  inviter une femme Ă  aller boire un verre, voilĂ  que notre hĂ©ros se lance dans la paternité ! Le tout est publiĂ© sous forme d’album de 48 pages tout ce qu’il y a de plus classique chez Vents d’ouest.

GĂ©rard est donc parvenu Ă  sĂ©duire la belle Florence, mais celle-ci est dĂ©jĂ  mĂšre de trois enfants. Demain, GĂ©rard emmĂ©nage dans la maison familiale de sa chĂ©rie, celle qu’elle avait achetĂ© avec son ex
 Mais notre hĂ©ros ne se dĂ©monte pas et propose Ă  Florence de faire un enfant ensemble
 C’est le dĂ©but des problĂšmes !

Paternité, belle-filles et roi des Belges.

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2aÉtrange choix des auteurs de plonger GĂ©rard dans la paternitĂ©. Surtout que lui qui avait tant de mal Ă  faire quoi que ce soit devient initiateur du projet. Mais soit, pourquoi pas. Le dĂ©but de l’ouvrage, consacrĂ© Ă  son emmĂ©nagement est parfaitement rĂ©ussi. On y voit le rapport entre GĂ©rard et ses belle-filles. On retrouve l’ambiance du premier tome et les apparitions du roi de Belgique rappellent celles, prĂ©cĂ©dentes, de la mĂšre. Mais une fois la grossesse lancĂ©e, on perd un peu le film, les hallucinations du personnage rendant le tout trĂšs confus. Clairement, la magie n’opĂšre pas aussi bien.

MalgrĂ© tout, ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » gardent un charme particulier avec le personnage de GĂ©rard. Petite pique Ă  leurs lecteurs, les auteurs en font un collectionneur de BD (un peu nĂ©vrosé ).

ChroniquesDUnMaladroitSentimental2bC’est surtout le dessin de Daniel Casanave qui m’avait poussĂ© Ă  feuilleter le premier album. Son style semi-rĂ©aliste, trĂšs relĂąchĂ©, fait merveille. C’est dynamique et parfaitement adaptĂ© au propos. Les deux auteurs se sont bien trouvĂ©s et fonctionnent en pleine osmose. Les planches sont riches en cases, permettant d’instaurer de nombreux silences. Du beau travail de dĂ©coupage !

J’ai Ă©tĂ© un peu déçu par ce deuxiĂšme tome. Alors que GĂ©rard Ă©tait un personnage des plus angoissĂ©s dans le premier tome, il est beaucoup plus « normal » ici. C’est finalement un homme qui, comme n’importe quel homme, stresse avant l’arrivĂ©e de son premier enfant. La multiplication des hallucinations (le roi des belges, les souvenirs, les ex, etc.) brouillent un peu le propos lĂ  oĂč elles l’enrichissaient prĂ©cĂ©demment. Mais si vous avez apprĂ©ciĂ© le premier tome, ce second opus reste une lecture agrĂ©able en compagnie de GĂ©rard.

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Note : 12/20

 

Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins – Vincent Zabus & Daniel Casanave

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Titre : Les chroniques d’un maladroit sentimental, T1 : Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins
Scénariste : Vincent Zabus
Dessinateur : Daniel Casanave
Parution : Janvier 2013


Le profil du cĂ©libataire trentenaire soumis Ă  des crises d’angoisse et Ă  une timiditĂ© maladive est devenu ces derniĂšres annĂ©es un grand classique. Lorsque Vincent Zabus (au scĂ©nario) et Daniel Casanave (au dessin) s’attaque au sujet dans « Les chroniques d’un maladroit sentimental », il va falloir qu’ils sortent du lot. Mais comment, sur un sujet aussi banal et rĂ©current, se dĂ©marquer ? PubliĂ© chez Vent d’ouest, ce premier tome intitulĂ© « Petit bĂ©guin & gros pĂ©pins », est prĂ©sentĂ© sous le format album classique. C’est la prĂ©sence de Casanave au dessin qui m’a convaincu de m’approprier le livre.

Tout commence par un rendez-vous. GĂ©rard Latuile a rencard avec une certaine Florence. Il nous explique alors que d’habitude il est trĂšs maladroit, qu’il a ratĂ© ses autres relations. GĂ©rard n’hĂ©site pas Ă  parler directement au lecteur, donnant le ton de la BD. De mĂȘme, de nombreux personnages n’hĂ©sitent pas Ă  intervenir dans l’histoire de façon complĂštement absurde comme la mĂšre dans la salle de bain pendant une crise d’angoisse ou alors GĂ©rard plus vieux. Ce mĂ©lange entre l’histoire en elle-mĂȘme et toutes ces apparitions/interventions qui la « parasitent » donnent un ensemble original, un peu bordĂ©lique, mais surtout trĂšs attachant. Et c’est lĂ  que se trouve tout l’intĂ©rĂȘt de l’ouvrage.

Une comédie romantique.

« Les chroniques d’un maladroit sentimental » est avant tout une comĂ©die romantique. Le ton est toujours lĂ©ger, GĂ©rard Ă©tant une sorte d’ingĂ©nu sacrĂ©ment romantique. Ainsi, l’humour distillĂ© est trĂšs rĂ©ussi. On verra GĂ©rard trĂšs Ă©tonnĂ© d’ĂȘtre attirĂ© par Florence car elle a une petite poitrine alors qu’il a toujours Ă©tĂ© attirĂ© par les femmes Ă  forte poitrine. « Elle me plaĂźt quand mĂȘme, c’est dingue » se dit-il ! Mais surtout, l’homme fantasme Ă©normĂ©ment son idylle, se projetant beaucoup trop. Clairement, il n’a pas les pieds sur terre, comme le montre parfaitement la couverture !

Je tiens Ă  prĂ©ciser que ce premier tome pourrait presque ĂȘtre un one-shot. MĂȘme s’il reste des pistes Ă  explorer, il se suffit Ă  lui-mĂȘme. C’est assez rare pour ĂȘtre signalé !

Concernant le dessin, une fois encore Daniel Casanave m’a sĂ©duit. Son trait dynamique, Ă  la fois simple et expressif est parfaitement adaptĂ© au propos. Il possĂšde toute la lĂ©gĂšretĂ© nĂ©cessaire Ă  l’ouvrage, tout en Ă©tant capable de faire passer les Ă©motions quand il le faut. La mise en couleur, par Patrice Larcenet, est toute en simplicitĂ©. Elle met en valeur le trait de Casanave tout en proposant des ambiances bien diffĂ©renciĂ©es. Un travail discret mais efficace.

Ces « Chroniques d’un maladroit sentimental » portent trĂšs bien leur nom. Plein de romantisme et de lĂ©gĂšretĂ©, cet ouvrage nous propose un personnage de GĂ©rard Latuile trĂšs attachant. La narration est bien menĂ©e, Ă©vitant l’écueil d’une trop grande simplicitĂ©. On espĂšre finalement une suite, histoire de voir si GĂ©rard va enfin arriver Ă  passer un repas sans faire une crise d’angoisse aux toilettes.

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Note : 15/20

Whaligöe, T2 – Yann & Virginie Augustin

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Titre : Whaligöe, T2
Scénariste : Yann
Dessinatrice : Virginie Augustin
Parution : Janvier 2014


 « WhaligoĂ« » est un diptyque crĂ©Ă© par le scĂ©nariste Yann et la dessinatrice Virginie Augustin. Les couleurs sont confiĂ©es Ă  Fabien Alquier. La premiĂšre partie Ă©tait parue il y a un petit peu plus d’un an. La conclusion, sujet de ma critique d’aujourd’hui, est apparue dans les rayons de librairie le quinze janvier dernier. Cet ouvrage de format classique est vendu chez Casterman au prix de 13,50 euros. La couverture nous immerge au beau milieu d’un duel Ă  l’épĂ©e. La foule qui encadre est nombreuse Ă  encadrer les deux protagonistes Ă  la lumiĂšre de torches embrasĂ©es. L’heure semble ĂȘtre au rĂšglement de compte. Le programme est ainsi clairement annoncĂ©.

La quatriĂšme de couverture nous offre la prĂ©sentation suivante : « Ecosse, dĂ©but du XIXe siĂšcle. Leur cocher Ă©gorgĂ©, notre couple sur le dĂ©clin ne peut dĂ©sormais plus refuser l’affrontement final avec Branwell, la brute qui tient sous sa coupe le village de Whaligoë  Mais pour connaĂźtre l’identitĂ© du mystĂ©rieux Ă©crivain Ellis Bell, tous les coups bas sont permis, du duel Ă  la claymore aux morsures littĂ©raires empoisonnĂ©es
 Et si la vĂ©ritĂ© ne se trouvait pas Ă  la surface des choses ? 
 Si elle se dissimulait dans des profondes et inquiĂ©tantes tĂ©nĂšbres sous la lande tourbeuse de WhaligoĂ« ? »

Le concept du diptyque est souvent utilisĂ© ses derniĂšres annĂ©es dans la bande dessinĂ©e. Il n’est pas dĂ©pourvu d’attraits. En effet, il n’a pas les inconvĂ©nients des sĂ©ries au long cours qui voient bien souvent leur qualitĂ© dĂ©cliner au fur et Ă  mesure que naissent les diffĂ©rents Ă©pisodes. De plus, il peut prĂ©senter une histoire plus dense et travaillĂ©e qu’un simple album d’une petite cinquantaine de page. MalgrĂ© le genre possĂšde des risques. Le principal est de gĂ©nĂ©rer un univers complexe, des personnages mystĂ©rieux, des enjeux forts dans l’introduction et de voir la conclusion de ne pas rĂ©pondre aux attentes enthousiastes et exigeantes du lecteur aprĂšs la dĂ©couverte du premier acte. « WhaligoĂ« » avait offert un tome initial assez rĂ©ussi. Sur bon nombre de points, il s’agissait d’un bon cru. J’espĂ©rais que cette suite allait le confirmer.

“Une atmosphĂšre riche”

La premiĂšre richesse que j’ai retenue de ma rencontre avec « WhaligoĂ« » est son atmosphĂšre. L’arrivĂ©e dans ce village perdu au beau milieu des landes Ă©tait superbement retranscrite par le trait de Virginie Augustin. Que ce soit au contact d’autochtones parfois patibulaires ou au centre d’étendues dĂ©sertiques et inquiĂ©tantes, la dessinatrice arrivait Ă  dĂ©gager de ses planches un vrai envoĂ»tement pour le lecteur. De plus, le fait que bon nombre d’évĂ©nement se dĂ©roule la nuit ajoutait encore une dimension Ă  cette sensation oppressante d’ĂȘtre enfermĂ© au milieu de nulle part. MalgrĂ© un lĂ©ger changement de ton narratif dans ce second opus, cette qualitĂ© sensorielle des pages existe toujours. C’est un vrai plaisir. Les auteurs ont accordĂ© de l’importance Ă  construire un univers et des lieux avant d’y insĂ©rer des personnages et une histoire. Je leur en suis grĂ© car le voyage Ă  WhaligoĂ« ne laisse ainsi pas indemne.

Le deuxiĂšme aspect qui m’avait beaucoup plu Ă©tait la construction des personnages. Le couple principal Ă©tait assez unique dans son genre. Lui est un auteur qui a depuis longtemps perdu toute inspiration. Elle est sa Muse qui n’est plus aussi splendide qu’elle a Ă©tĂ©. Ils sont prĂ©sentĂ©s comme des « has been » qui se reprochent rĂ©ciproquement d’ĂȘtre la cause de leur dĂ©chĂ©ance tout en ne se quittant pas, faute d’autre proposition. Leurs Ă©changes fielleux sont des petits bijoux de mĂ©chancetĂ©. Chaque dialogue est Ă©crit, rien n’est bĂąclĂ©. J’ai retrouvĂ© cette patte dans cette suite et en ai savourĂ© les fruits avec gourmandise. Mais les auteurs ne se contentent pas d’offrir un mano a mano entre les deux tourtereaux, ils font Ă©galement exister leurs personnages secondaires. Je me garderai de les lister. Cela n’a pas grand intĂ©rĂȘt et gĂącherait en partie la lecture. NĂ©anmoins, il faut savoir qu’aucun protagoniste n’est neutre tant pour l’ambiance que pour la trame.

Concernant la trame, elle est plutĂŽt prenante. Quelques doses mystĂ©rieuses sont rĂ©guliĂšrement parsemĂ©es. Le hĂ©ros se trouve un adversaire local. Les sentiments amoureux et les secrets de famille sont de sortie. Bref, les ingrĂ©dients sont classiques mais solides. La sauce prend plutĂŽt bien sans rĂ©volutionner le genre. Le scĂ©nariste offre une conclusion Ă  la hauteur des espoirs nĂ©s dans son introduction. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal. Ce second album n’est pas une succession de combats ou de poursuites. Les dialogues et les intrigues ne sont pas nĂ©gligĂ©s malgrĂ© une place lĂ©gitime plus importante donnĂ©e aux scĂšnes d’action. Le diptyque peut vraiment ĂȘtre perçu comme une entitĂ© unique. C’est agrĂ©able car ce n’est pas toujours le cas.

Je vous ai dĂ©jĂ  tressĂ© les lauriers du travail graphique de Virginie Augustin sur les dĂ©cors. Je peux en faire tout autant concernant sa capacitĂ© Ă  crĂ©er des personnages. Il possĂšde chacun une vraie personnalitĂ© et dĂ©gage Ă©normĂ©ment de choses par leurs traits, leurs visages ou leurs postures. Bref, la forme est Ă  la hauteur du fond. Pour conclure, « WhaligoĂ« » est une saga plutĂŽt rĂ©ussie dans laquelle j’ai pris beaucoup de plaisir Ă  me plonger. La lecture est prenante et je me suis laissĂ© porter sans mal. Certes, je n’en garde pas d’immenses souvenirs une fois le bouquin terminĂ©, mais est-ce si grave si la dĂ©gustation fut agrĂ©able ?

gravatar_ericNote : 14/20