Pawnee

Pawnee


Titre : Pawnee
Scénariste : Patrick Prugne
Dessinateur : Patrick Prugne
Parution : Août 2013


Patrick Prugne est un auteur dont j’ai lu peu d’ouvrages. NĂ©anmoins, chaque membre de sa bibliographie que j’ai eu le plaisir de tenir dans mes mains s’est avĂ©rĂ© un voyage intense et envoutant. « CanoĂ« Bay » et « Frenchman » sont deux bijoux du neuviĂšme art. Ainsi, ma joie fut grande lorsque j’appris que « Pawnee » offrait une suite au deuxiĂšme opus citĂ© au moins d’aoĂ»t dernier. La possibilitĂ© de m’immerger Ă  nouveau dans cette AmĂ©rique sauvage du dĂ©but du XIXe siĂšcle.  Continuer la lecture de « Pawnee »

Undertaker, T2 : La danse de vautours

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Titre : Undertaker, T2 : La danse de vautours
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer
Parution : Novembre 2015


La couverture du premier tome de « Undertaker » Ă©tait agrĂ©mentĂ©e d’un autocollant le prĂ©sentant comme un successeur digne de « Blueberry » dans l’univers bĂ©dĂ©phile du western. La promesse Ă©tait ambitieuse tant le hĂ©ros crĂ©Ă© par Jean-Michel Charlier et Jean Giraud est un monument culte du neuviĂšme art. Par contre, je dois avouer que cet argument promotionnel avait pris une valeur intĂ©ressante en dĂ©couvrant le duo d’auteurs Ă  l’origine de cette nouvelle sĂ©rie. Xavier Dorison et Ralph Meyer ont dĂ©jĂ  travaillĂ© ensemble en faisant naĂźtre « Asgard », fresque viking trĂšs rĂ©ussie. J’étais donc curieux de voir ce qu’allait donner leur immersion dans l’univers rude du grand ouest amĂ©ricain. Continuer la lecture de « Undertaker, T2 : La danse de vautours »

Undertaker, T1 : Le mangeur d’or

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Titre : Undertaker, T1 : Le mangeur d’or
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Ralph Meyer
Parution : Janvier 2015


« Blueberry » est une icĂŽne du neuviĂšme art. Il est l’incarnation du western dans l’univers de la bande dessinĂ©e. J’ai donc souri en voyant une sĂ©rie se qualifier de « plus grand western depuis Blueberry ». Je trouvais bien prĂ©somptueux de se comparer Ă  l’Ɠuvre de Jean Giraud et Jean-Michel Charlier. Mais en dĂ©couvrant le duo d’auteurs en charge de ce nouvel album, je me suis dit : « Pourquoi pas ? ». En effet, Undertaker est le fruit de la collaboration de Ralph Meyer et Xavier Dorison. J’ai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© leur immersion dans la culture nordique en lisant le diptyque « Asgard ». J’ai donc dĂ©cidĂ© de partir sur les pas de ce curieux« Undertaker » dans l’Ouest sauvage.

Undertaker1bJonas est croque-mort. Son prochain contrat l’amĂšne dans la demeure d’un curieux Monsieur Cusco. Sa richesse rĂ©sulte de son exploitation d’une mine. Mais sa fortune ne l’a pas empĂȘchĂ© d’ĂȘtre actuellement lourdement handicapĂ©. Il a donc prĂ©vu de se donner la mort. Jonas est donc missionnĂ© pour enterrer le corps dans le filon « Red Chance ». Mais tout ne s’avĂ©rera pas si simple. En effet, que va devenir la fortune du dĂ©funt ? Est-il parti dans sa derniĂšre demeure avec son secret ?

Moiteur, tension, poussiĂšre…

Personnellement, le western a toujours Ă©voquĂ© pour moi une atmosphĂšre. La moiteur, la tension, la poussiĂšre
 Tout cela doit transpirer de chaque page pour que l’immersion soit totale. Le trait de Ralph Meyer rĂ©pond parfaitement Ă  ce cahier des charges. Ses planches m’ont fait faire un plongeon immĂ©diat et profond dans cet univers si particulier. Sur ce plan-lĂ , la filiation avec « Blueberry » est cohĂ©rente. Si les styles ne sont pas identiques, ils mĂšnent tous les deux Ă  un dĂ©paysement intense. Le travail sur les couleurs en association avec Caroline Delabie participent activement Ă  l’ariditĂ© qui abrite les personnages.

Undertaker1aIl est important que ces dĂ©cors soient habitĂ©s par un hĂ©ros charismatique. Sur ce plan-lĂ , Jonas rĂ©pond aux attentes. Je pourrais critiquer le classicisme du personnage. Mais que demander de mieux qu’un brun tĂ©nĂ©breux solitaire dont le passĂ© semble hantĂ© par des cadavres ? La petite particularitĂ© qui le caractĂ©rise est qu’il est croque-mort. Le moins que je puisse dire est qu’il dĂ©note de l’idĂ©e que nous pouvions nous faire de la profession en lisant un album de « Lucky Luke ». Les interrogations qui accompagnent son trajet alimentent la curiositĂ©. Cela participe Ă  l’impatience de dĂ©couvrir le prochain tome.

Pour que cet album soit une totale rĂ©ussite, il ne lui manque plus qu’à possĂ©der un scĂ©nario dense et captivant. La prĂ©sence de Xavier Dorison est un gage de rĂ©ussite dans ce domaine. Une nouvelle fois, il Ă©crit une histoire prenante. La situation de dĂ©part est Ă  la fois simple et originale. La mort orchestrĂ©e de Cusco est un point de dĂ©part permettant d’emprunter de nombreux chemins. Les diffĂ©rents protagonistes trouvent leur place dans l’intrigue par leur lien avec le dĂ©funt. Le suspense monte crescendo et atteint un pic d’intensitĂ© au cours des derniĂšres planches.

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La conclusion de cet opus n’éveille qu’une envie, celle de connaĂźtre la suite. Il faut attendre le vingt-sept novembre prochain la parution du prochain tome intitulĂ© La danse des vautours. Mais cela est une autre histoire


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note5

 

Tyler Cross – Fabien Nury & BrĂŒno

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Titre : Tyler Cross
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : BrĂŒno
Parution : Août 2013


Tyler Cross est, Ă  mes yeux, un des Ă©vĂ©nements de cette annĂ©e bĂ©dĂ©phile. Le simple fait d’ĂȘtre le fruit d’une nouvelle collaboration de Fabien Nury et de BrĂŒno est suffisant pour attirer tout afficionado du neuviĂšme art. Leur prĂ©cĂ©dent travail, Atar Gull ou le destin d’un esclave modĂšle, est un vĂ©ritable bijou. Ce nouvel opus est un grand format Ă©ditĂ© chez Dargaud. Sa couverture fascine. Elle est dĂ©coupĂ©e et nous prĂ©sente un homme un fusil  la main, une voiture qui file dans le dĂ©sert, un inquiĂ©tant serpent et une femme qui crie. Tout cela est accompagnĂ© des mots suivants : « Un jour, Tyler Cross paiera pour ses crimes. En attendant, il en commet d’autres. » Le programme est allĂ©chant


La quatriĂšme de couverture voit un homme marchĂ© dans le dĂ©sert. Le ciel rouge sang dĂ©coupe sa silhouette. Il est accompagnĂ© des mots suivants : « Tyler Cross transporte 17 kilos de came, d’une valeur d’un demi-million Ă  la revente au dĂ©tail. Et il a exactement 21 dollars et 81 cents en poche. Il note l’ironie de la chose et se met en marche. »

Un polar aride…

Cet ouvrage de quatre-vingt-dix pages est un polar aride. Son Ă©poque pourrait ĂȘtre celle des annĂ©es cinquante. Il s’adresse incontestablement aux adeptes du genre. Le propos est dur. Certaines scĂšnes sont rudes. Les lecteurs sensibles Ă  l’immoralitĂ© risquent de vivre quelques moments difficiles. NĂ©anmoins, certaines apprĂ©hensions ne doivent empĂȘcher personne de se plonger dans cette histoire Ă  l’atmosphĂšre envoutante, Ă  l’intrigue dense et aux personnages qui ne laissent pas indiffĂ©rents.

Tyler Cross est avant tout une ambiance. Elle m’a envahi dĂšs que j’ai tenu l’objet dans les mains. La couverture et la quatriĂšme de couverture transpire le thriller noir haut de gamme. Je ressentais quasiment la sueur qui habite les zones dĂ©sertiques du continent amĂ©ricain. DĂšs les premiĂšres pages, le voyage dans cet univers est immĂ©diat et intense. J’ai eu le sentiment d’avoir Ă©tĂ© tirĂ© par le col et plongĂ© au cĂŽtĂ© de ce braqueur au sang froid. Je n’ai pu reprendre mon souffle qu’une fois l’album refermĂ© et posĂ© sur ma table de nuit. L’action se centre autour d’une ville perdue au milieu de nulle part rĂ©gie par une famille tyrannisant la population locale. Le dessin de BrĂŒno gĂ©nĂšre une atmosphĂšre malsaine et oppressante qui m’a procurĂ© un vrai plaisir de lecteur. Je ne vous en dĂ©voilerai pas davantage sur ce plan mais sachez que la tension ne diminue jamais.

Cet univers habite une intrigue haut de gamme. Initialement Tyler est embauchĂ© pour faire foirer un deal de drogue. Il doit rĂ©cupĂ©rer la came. L’opĂ©ration Ă©choue et amĂšne donc Tyler Ă  se retrouver dans un trou du Texas avec la dope et pas un sou en poche. Il n’a plus de voiture et les autochtones n’aiment pas trop les Ă©trangers. Les jalons sont posĂ©s pour un enchainement d’évĂ©nements tous liĂ©s plus ou moins directement au tueur. Je n’ai pas l’intention de vous rĂ©vĂ©ler les nombreux rebondissements qui agrĂ©mentent l’histoire. A la maniĂšre de Tyler, le lecteur n’a jamais le temps de se reposer. A chaque que tout semble s’arranger, un grain de sable enraye la machine fragile qu’est le quotidien de Cross. Le sang, la mort, la drogue, le sexe
 Tous les ingrĂ©dients sont de sortie pour offrir un polar prenant.

Une ambiance ensorcelante et une trame captivante Ă©taient dĂ©jĂ  deux arguments de poids pour vous inciter Ă  dĂ©couvrir Tyler Cross. Mais les Ă©loges ne s’arrĂȘtent pas ici. Le scĂ©nario met en scĂšne une galerie de personnages aux personnalitĂ©s variĂ©es et travaillĂ©es. Tout d’abord le personnage principal est splendide. C’est un braqueur qui tue de sang froid. Il apparaĂźt amoral. Et malgrĂ© cela, il m’a fascinĂ©. A tout moment, j’étais Ă  ses cĂŽtĂ©s souhaitant de tout cƓur qu’il s’en sorte. Le cĂŽtĂ© monolithique du hĂ©ros participe Ă  son aura. Le travail graphique de BrĂŒno fait de chacune de ses apparitions un moment fort. Toutes les rencontres qu’il fait au cours de ses pĂ©rĂ©grinations sont Ă©galement hautes en couleur. Il me semble inutile de vous en faire le listing. Par contre, je peux vous dire que j’ai Ă©tĂ© tour Ă  tour touchĂ©, apeurĂ©, dĂ©goutĂ©. Certains protagonistes m’ont fait pitiĂ© d’autres m’ont fait froid dans le dos. Le spectre des Ă©motions est large et cela rend la lecture particuliĂšrement intense.

Au final, Tyler Cross est le chef d’Ɠuvre que j’espĂ©rai. Le travail d’écriture des dialogues de Nury ajoute la cerise sur un gĂąteau dĂ©jĂ  bien appĂ©tissant. Je ne peux que le conseiller Ă  tous les lecteurs adeptes du genre ou plus gĂ©nĂ©ralement sensibles Ă  l’univers du neuviĂšme art. Vous ne regretterez pas le voyage !

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note5

Le rĂ©vĂ©rend, T2 : Chasse Ă  l’homme – Lylian & Augustin Lebon

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Titre : Le rĂ©vĂ©rend, T2 : Chasse Ă  l’homme
Scénariste : Lylian
Dessinateur : Augustin Lebon
Parution : Avril 2015


Le premier tome du « RĂ©vĂ©rend » avait marquĂ© les esprits par une histoire mĂ©nageant ses surprises (scĂ©narisĂ© par Lylian) et son dessin trĂšs rĂ©ussi (rĂ©alisĂ© par le novice Augustin Lebon). On avait craint que la deuxiĂšme partie du diptyque ne montre jamais le bout de son nez, mais voilĂ  que la fin de l’intrigue dĂ©barque enfin en librairie. Le tout pĂšse une cinquantaine de pages et est publiĂ© chez Emmanuel Proust Media.

« Le rĂ©vĂ©rend » est une histoire de vengeance. Le cadre du western est choisi pour mettre en place l’intrigue. Angus cherche Ă  se venger des personnes responsables de la mort de sa mĂšre. On l’avait laissĂ© abattu Ă  la fin du premier tome. Deborah et Angus, on les retrouve alors qu’ils sont encore jeune, au moment oĂč le garçon devient le rĂ©vĂ©rend. Deborah lui intime alors de renoncer Ă  sa vengeance. Pas si simple


Vengeance au far west.

LeReverend2bCe tome se rĂ©vĂšle rapidement dĂ©cevant par rapport au premier. Ce second opus narre une histoire de vengeance classique et donc sans surprise. Le scĂ©nario se contente donc d’une chasse Ă  l’homme, comme l’indique si bien le titre. Le livre se lit alors avec plaisir, mais sans retenir notre attention plus que ça. Les gimmicks du genre s’accumulent sans passionner. L’ouvrage est plein de rĂ©fĂ©rence. Mais si le premier tome proposait son lot de surprises, il n’y en a plus ici. Dommage.

Au-delĂ  de ce dĂ©faut, « Le rĂ©vĂ©rend » semble hĂ©siter entre violence et tout public. Car le scĂ©nario oscille entre les deux. On dirait que les auteurs appuient sur le frein en permanence. LĂ  oĂč « Bouncer » assume pleinement l’horreur, « Le rĂ©vĂ©rend » est bien plus sage. DerriĂšre une duretĂ© de façade, on voit bien que le tout reste finalement plus lisse qu’il n’y paraĂźt.

Augustin Lebon confirme en revanche ses aptitudes de dessinateurs. Son dessin est un plaisir pour les yeux. Le trait est classique et classieux, tant dans les personnages que dans les lieux et dĂ©cors visitĂ©s. Les cases sont larges, laissant la place aux grands espaces de l’ouest sauvage. Les couleurs sont rĂ©ussies et mettent bien en valeur le trait de l’auteur. MalgrĂ© tout, ces couleurs assez vives manquent un peu d’ambiance. Sur ce point-lĂ  Ă©galement, le choix a Ă©tĂ© fait de ne pas assombrir l’ouvrage.

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Ce deuxiĂšme tome du « RĂ©vĂ©rend » ne convainc pas rĂ©ellement. Trop rĂ©fĂ©rencĂ© et sans surprise, il se lit comme une bonne bande-dessinĂ©e et nul doute que vous y prendrez du bon temps. Mais il n’est pas dit qu’il vous laissera un souvenir impĂ©rissable. Un bilan mitigĂ©, donc.

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note3

Ulysse 1781, T1 : Le Cyclope (1/2) – Xavier Dorison & Éric HĂ©renguel

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Titre : Ulysse 1781 : Le Cyclope (1/2)
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Éric HĂ©renguel
Parution : Janvier 2015


Ulysse, le Cyclope
 Ces quelques mots raisonnent chez tout le monde et indique un voyage dans la mythologie grecque. Un long voyage, un retour Ă  la maison tant espĂ©ré  Les enjeux sont connus et universels. Xavier Dorison dĂ©cide d’immerger cette trame dans les Etats-Unis de la fin du dix-huitiĂšme siĂšcle. « Ulysse 1781 » : un hĂ©ros, une date
 Tout un programme. Je suis un grand fan de ce brillant scĂ©nariste du neuviĂšme art. « Le troisiĂšme testament » a marquĂ© mon Histoire de lecteur. « Long John Silver » a fait rĂȘver l’aficionado de piraterie que je suis. J’étais donc conquis d’avance en tombant sur cette couverture intrigante. Dans un endroit Ă  l’apparence hostile, le trait d’Éric HĂ©renguel nous prĂ©sente un personnage charismatique appuyĂ© sur une large Ă©pĂ©e. Une cascade au second plan semble ĂȘtre la seule maniĂšre de quitter l’obscuritĂ© qui l’entoure. Nous regarde-t-il ou ses yeux fixent-ils le Cyclope annoncĂ© dans le sous-titre de l’album ?

« 1781, Yorktown. La guerre d’IndĂ©pendance amĂ©ricaine vient de finir. Victorieux, le capitaine Ulysse McHendricks s’apprĂȘte Ă  rentrer chez lui avec son fils Mack et ses hommes. Mais le retour se prĂ©cipite lorsqu’il apprend que sa ville, New Itakee, est envahie par les Anglais. Ulysse et ses hommes vont devoir traverser une AmĂ©rique fantastique oĂč les boussoles ne trouvent plus le Nord, oĂč les cartes ont perdu leurs repĂšres, un monde entre rĂ©alitĂ© et mystĂšre
 »

Ulysse1781bLes mots ci-dessus accompagnent la quatriĂšme de couverture. Ils prĂ©sentent clairement les enjeux de l’intrigue. On devine qu’elle se construit autour d’un hĂ©ros Ă  la personnalitĂ© forte. La dimension historique est Ă©galement intĂ©ressante. Quant Ă  la derniĂšre phrase, elle fait naĂźtre la perspective d’un aspect fantastique toujours attrayant. On retrouve bien lĂ  la capacitĂ© de Dorison Ă  offrir un scĂ©nario Ă  la densitĂ© sĂ©duisante. L’album se compose de soixante-deux planches. Cette longueur permet de construire bĂątir un schĂ©ma narratif consistant. Cela laisse le temps d’installer des jalons solides tant sur les plans des lieux, de l’époque et des protagonistes.

La tension monte vite de plusieurs crans.

Pour caricaturer la structure du tome. Le premier tiers est une introduction de l’histoire et des personnages. Le deuxiĂšme tiers prĂ©sente le quotidien du groupe dans sa traversĂ©e du pays. Le derniĂšre tiers voit apparaĂźtre les premiers soucis et voit poindre le mystĂšre une dose de surnaturel. Le talent des auteurs fait que chacune de ces trois parties sont prenantes. Aucune n’est nĂ©gligĂ©e. L’introduction est efficace. Dorison s’interdit de la diluer comme le font bon nombre d’auteurs. Il arrive Ă  installer parallĂšlement les diffĂ©rents aspects de la trame. Ulysse1781cAlors que nous n’avons pas encore quittĂ© Annapolis, notre tension est dĂ©jĂ  montĂ©e de plusieurs crans. Les premiers moments de la traversĂ©e font transpirer un sentiment de fuite en avant vers le danger. La curiositĂ© s’en trouve alors alimentĂ©e de maniĂšre soutenue. Cela fait que nous sommes mĂ»rs Ă  point quand arrivent les premiers soucis dans un canyon dĂ©tenu par des indiens sous une pluie battante.

Cet opus est la premiĂšre partie d’un diptyque. Les derniĂšres pages initient le mystĂšre autour de la prĂ©sence mystique qui semble protĂ©ger les contrĂ©es traversĂ©es. Elles font rĂ©sonnance au court prologue qui introduit l’histoire. Je trouve que les ingrĂ©dients distillĂ©s sont variĂ©s et subtilement dosĂ©s. Il ne reste plus qu’à les laisser mijoter le temps d’attendre la parution de la suite que j’attends avec une certaine impatience.

Sur le plan graphique, je dĂ©couvre ici le travail d’Éric HĂ©renguel. Dorison a l’habitude d’ĂȘtre bien accompagnĂ© dans ses projets. La tradition perdure avec ce nouveau collaborateur. Le dessinateur offre des planches denses dont chaque dĂ©tail apparaĂźt avec application. Les dĂ©cors dĂ©gagent une atmosphĂšre de plus en plus oppressante au fur et Ă  mesure de l’avancĂ©e de la quĂȘte du groupe. Le voyage temporel dans cette AmĂ©rique sortant de la guerre d’IndĂ©pendance passe Ă©galement par les illustrations dĂ©veloppĂ©es par le trait de l’auteur. Les personnages sont Ă©galement rĂ©ussis. Ils possĂšdent une identitĂ© qui leur est propre. Cela permet de se les approprier sans difficultĂ©.Ulysse1781a

Pour conclure, « Le Cyclope » est un beau dĂ©but qui permet Ă  « Ulysse 1781 » d’ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme une sĂ©rie de qualitĂ© au potentiel intĂ©ressant. La deuxiĂšme lecture m’a permis de saisir chaque dĂ©tail tant les dialogues, les dessins que l’intrigue. Je la conseille aux lecteurs adeptes de Dorison, ils ne seront pas déçus du voyage. Quant Ă  ceux pour qui le scĂ©nariste est encore inconnu, pourquoi ne pas le dĂ©couvrir en embarquant au cĂŽtĂ© d’Ulysse McHendricks ? 

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note4

Le rĂ©vĂ©rend, T1 : Les diables dĂ©chus du Nevada – Lylian & Augustin Lebon

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Titre : Le révérend, T1 : Les diables déchus du Nevada
Scénariste : Lylian
Dessinateur : Augustin Lebon
Parution : Octobre 2012


Les westerns semblent ĂȘtre revenus Ă  la mode ces derniĂšres annĂ©es. Ainsi, l’annĂ©e 2012 a vu accoucher d’une nouvelle sĂ©rie, « Le rĂ©vĂ©rend », prĂ©vu comme un diptyque chez Emmanuel Proust. HĂ©las, la revente des Ă©ditions a mis le projet en pause. Les derniĂšres nouvelles sont rassurantes. EspĂ©rons donc que la suite ne mettra pas trop de temps Ă  paraĂźtre (et surtout, qu’elle paraĂźtra !). L’ensemble est scĂ©narisĂ© par Lylian et dessinĂ© par Augustin Lebon dont c’est la premiĂšre bande-dessinĂ©e.

LeReverend1aAngus est un fils de bonne famille. Lors de la traversĂ©e d’un dĂ©sert du Nevada, en 1870, sa diligence est attaquĂ©e. Nous le retrouvons des annĂ©es plus tard sous le pseudonyme du RĂ©vĂ©rend, un chasseur de primes impitoyable revenu se venger.

C’est donc une histoire classique de vengeance et de justicier solitaire qui nous est prĂ©sentĂ© dans ce western. Le classicisme est de mise ici, mĂȘme si le scĂ©nario rĂ©serve son lot de surprise : saloon crasseux, diligences attaquĂ©es, prostituĂ©es, etc. On ressent aussi bien l’influence de « Blueberry » que de « Bouncer » (pour le dyptique façon vengeance). Le tout est suffisamment glauque mĂȘme s’il manque encore un petit truc pour pleinement nous convaincre de la puissance de l’ouvrage. C’est l’inconvĂ©nient du diptyque : sans le tome 2, difficile de se faire vraiment une opinion. Le scĂ©nario est bien pensĂ© et Ă  la fin du livre, on sent que l’on a encore beaucoup Ă  dĂ©couvrir.

Un western pas si classique.

LeReverend1bLes westerns valent souvent le coup de part leurs personnages. C’est peut-ĂȘtre ici que le bĂąt blesse. Le RĂ©vĂ©rend fait vraiment jeunot, le maĂźtre de la ville n’est pas assez graveleux
 Certes, ce jeune chasseur de primes permet aussi une originalitĂ©, sortant de l’écueil du chasseur de prime Ă  la barbe naissante
 Encore une fois, la fin du livre remet aussi un peu en cause ce jugement. Difficile de voir ça comme un point faible du coup.

Au niveau du dessin, Augustin Lebon impressionne. Son trait est beau, fait de grandes cases dĂ©taillĂ©s et de plans variĂ©s. La mise en scĂšne est trĂšs travaillĂ©e et on prend plaisir Ă  feuilleter le livre de nouveau aprĂšs lecture pour le simple plaisir d’admirer le dessin. Pour une premiĂšre bande-dessinĂ©e, c’est une vraie rĂ©ussite et on espĂšre revoir souvent le dessinateur par la suite tant il est prometteur. Il y a dĂ©jĂ  beaucoup de maturitĂ© dans ses planches.

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« Le RĂ©vĂ©rend » est une bande-dessinĂ©e de grande qualitĂ©. Son classicisme est un peu remis en cause par les derniĂšres pages. Il faudra donc lire le deuxiĂšme et dernier tome pour se faire une idĂ©e prĂ©cise et dĂ©finitive sur cette bande-dessinĂ©e. En espĂ©rant qu’il sorte, car ne pas terminer ce projet serait un crime !

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Note : 15/20