Titre : Dans la tête de Sherlock Holmes, T1 : L’affaire du ticket scandaleux 1/2
Scénaristes : Benoit Dahan & Cyril Liéron
Dessinateur : Benoit Dahan
Parution : Mai 2019
Lorsqu’un ami, grand fan de Sherlock Holmes, me prêta « Dans la tête de Sherlock Holmes », j’étais dubitatif. Le personnage de Sir Conan Doyle a été tellement repris et adapté, avec plus ou moins de succès, que je frisais l’indigestion. Il faut dire que je trouve le système littéraire du genre aussi désuet qu’un Agatha Christie : l’explication finale, en fin d’ouvrage, par le détective qui a recollé tous les morceaux. Cependant, mon ami étant un homme de goût, je lui fis confiance. Le tout est publié en diptyque. Ce premier tome va permettre de poser les jalons de l’histoire.
Une nouvelle façon de raconter Sherlock Holmes
S’il y a un titre qui est bien choisi, c’est « Dans la tête de Sherlock Holmes ». Il y a un véritable parti pris par les auteurs de représenter, graphiquement, les réflexions du détective. Il y a notamment un fil rouge (visuellement !) qui parcourt l’ouvrage. Ce dernier s’accompagne de mots clés, puis de déductions… Mais aussi des plans, de portraits robots… Cela permet de dynamiser formidablement les récits, un peu laborieux à l’origine, de Sherlock. Au-delà de l’enquête en tant que telle, c’est ce travail sur la représentation qui donne du sens à cet ouvrage.
Ainsi, l’ouvrage respecte le personnage original (pas de combats de kung fu ici) tout en modernisant son approche. Ce n’est pas la voix off de Watson qui raconte l’histoire. De même, l’enquête avance par petits bouts, si bien qu’à la fin du premier tome on se sent frustré de ne pas avoir déjà sa résolution. Difficile de se faire un avis sur l’histoire en tant que telle, mais on est happés en lecture.
Difficile de ne pas passer un peu de temps à parler de la composition des planches. C’est là que réside tout le sel de l’ouvrage. Graphiquement d’abord, Benoit Dahan possède un beau trait, expressif. Les couleurs, mises en valeur par des pages déjà beiges, permettent d’identifier les scènes. Quant aux cases, par une n’a une forme rectangulaire. Chaque page est composée avec soin. C’est remarquable, plein d’idées et de créativité. Voilà une bande-dessinée assez unique qui nous est proposée où scénariste et dessinateur ont du travailler de concert pour créer tout ça… On aurait envie de voir les documents de travail… Il faut d’ailleurs féliciter Ankama qui a su donner un bel écrin à ce livre, tant par ce papier façon parchemin que par sa couverture remarquablement composée.
« Dans la tête de Sherlock Holmes » est un ouvrage remarquable sur tous les plans. Voilà des auteurs qui exploitent les codes de la bande-dessinée jusqu’à ses retranchements. Le seul défaut est peut-être justement qu’il s’agit de Sherlock Holmes. Mais si vous êtes lassés par les histoires du célèbre détective comme moi, n’hésitez pas à y jeter un œil, car il y a une vraie (et nouvelle) vision d’artistes pour le personnage.
Cet album m’intriguait mais je n’arrivais pas à franchir le pas pour le lire. Ta critique a fini de me persuader que cela serait dommage de passer à côté.
Même chose. Je crains un peu les dessins mais j’adore les BD conceptuelles. Apparemment tout le monde est unanime sur celle ci…