Titre : Écoute, jolie Marcia
Scénariste : Marcello Quintanilha
Dessinateur : Marcello Quintanilha
Parution : Septembre 2021
« Écoute, jolie Marcia » était sortie entourée d’excellentes critiques. Le livre avait même obtenu le fauve d’or du prix du meilleur album. Dans ma bibliothèque, alors qu’il était étiqueté « coup de cœur », je n’ai pas hésité à l’emprunter. Il me semble avoir lu « Tungstène » de l’auteur Marcello Quintanilha, mais je n’en garde aucun souvenir. C’était l’occasion de redécouvrir le dessinateur. L’ensemble pèse 120 pages et est publié aux éditions Ça et là.
Un choix chromatique déroutant.
Marcia vit dans une favela au Brésil. Elle vit avec sa fille, jeune adulte. Sous son toit, Aluisio essaie de trouver sa place face aux tempéraments des deux femmes. En effet, la fille vit une existence dissolue et traîne avec des personnes peu recommandables. Marcia, infirmière, tente de gérer sa vie et de protéger sa fille qui le rend complètement folle.
« Écoute, jolie Marcia » est une chronique sociale du Brésil des favelas. Marcia, bien qu’infirmière, peine à joindre les deux bouts. Elle cumule deux boulots et sa fille vrille vers le milieu de la drogue et de la prostitution. Le danger est partout et à n’importe quel moment, son existence pourrait basculer. C’est la réussite évidente de l’ouvrage. Le traitement est sans concession et présente une vision non-romantisée de ces endroits où la loi est bien différente qu’ailleurs. En cela, le comportement des personnages, qui paraît parfois complètement tordu, est aussi la force de l’ouvrage.
Malheureusement, cette histoire, malgré les rebondissements, peine à garder du rythme. Ça papote beaucoup, ça s’engueule beaucoup, mais ça donne des longueurs évidentes. Je m’y suis remis à plusieurs fois pour aller au bout, tout en hésitant à abandonner. Ce serait dommage, car la fin de l’ouvrage accélère un peu. Mais tout aurait pu être condensé. Cela fait partie de cette mouvance actuelle de bande-dessinée qui prennent leur temps au lieu de chercher à densifier le propos. Les scènes sont longues, s’étirent, sans parfois que l’on y trouve un intérêt.
Côté dessin, le choix chromatique ne m’a pas du tout séduit. Avec un dessin en aplats, très avare en traits, c’est une proposition audacieuse. Alors, certes, on s’habitue au fur et à mesure, mais rien ne m’a vraiment plus dans ce dessin. Je ne trouve pas non plus qu’il apporte quelque chose. En quoi la peau violette des personnages a-t-il du sens ? Parfois, c’est même franchement laid. Bizarre.
J’ai du mal à évaluer réellement cet ouvrage. Il est plein de défauts, notamment graphiques, et pourtant il garde quelque chose de marquant. Si la forme ne m’a pas convenu et qu’il y a des longueurs indéniables, la galerie de personnages, les événements qui se passent restent en mémoire et marquent le lecteur. À vous de voir si vous êtes prêt à vous lancer dans l’aventure !