Henriquet


Titre : Henriquet, l’homme-reine
Scénariste : Richard Guérineau
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Mars 2017


Richard Guérineau avait surpris son monde en adaptant le livre de Jean Teulé, « Charly 9 ». Changeant de style graphique, il avait su avec brio relever le défi. C’est en travaillant sur ce projet qu’il découvre le personnage d’Henri III, successeur de Charles IX. Il décide alors de continuer l’aventure avec « Henriquet », dont le scénario n’est plus une adaptation mais une création de l’auteur. Le tout est publié chez Delcourt pour plus de 180 pages.

Un nouveau roi, de nouvelles intrigues.

La constance dans le thème, les personnages et le style graphique fait de ce « Henriquet » un complément de « Charly 9 ». Ce n’est pas réellement une suite, les deux ouvrages sont indépendants. On retrouve le roi qui essaie de réconcilier la France après la Saint Barthélémy. Complots de cour, guerres de religion… Difficile de gérer les égos. L’histoire ici s’intéresse au trois Henri : Henri III, Henri de Navarre (futur Henri IV) et le Duc de Guise.

Ce qui a poussé Guérineau à s’intéresser à ce roi est sa réputation sulfureuse. Il est dit qu’il se travestissait et était homosexuel. L’auteur a ainsi creusé le sujet pour savoir ce qu’il en était. En cela, la bande dessinée est remarquable : si elle aborde le sujet, elle ne tranche jamais. Les livres d’Histoire ne savent pas, nous non plus. Les ambiguïtés du personnage sont mises en avant, on se questionne, mais à chacun de se faire son avis !

L’autre sujet est les tractations entre divers partis en France pour le pouvoir. Le roi est menacé par les protestants, mais aussi par le peuple de Paris. Le Duc de Guise est trop populaire, il en devient dangereux. Le traitement politique (avec ses guerres incessantes) est bien retranscrit. On passe d’accords en trahisons en permanence et on a du mal à voir comment la France pourra trouver une stabilité. En revanche, toute cette partie est surtout vue de Paris et se révèle très bavarde. C’est le principal (et seul ?) défaut du bouquin.

La pagination importante permet de faire évoluer le roi. Ainsi, son style vestimentaire change, son attitude envers les autres personnages aussi. C’est une bande dessinée subtile où personne n’est bon ou mauvais. Chacun fait ce qui lui semble bon et en accord avec sa propre ambition. Il y a moins ce cynisme noir de « Charly 9 ». La patte de Jean Teulé n’est plus présente ici et cela se sent.

Au niveau du dessin, c’est une nouvelle réussite pour Guérineau. Décidément, ce style semi-réaliste, proche de la caricature, lui convient parfaitement. Le trait est dynamique et précis, il y a du métier derrière ! Les expressions des personnages sont riches et fortes, ce qui est essentiel pour un ouvrage où ces derniers parlent beaucoup ! Même chose pour la mise en scène, maîtrisée de bout en bout, malgré des entrevues nombreuses, peu propices à la maestria graphique. C’est peut-être la plus grande qualité de l’ouvrage : avec un sujet bavard, Guérineau parvient à nous fasciner par son dessin. Mention spéciale à ses pages dessinées « à la façon de… » qui montrent l’étendue de sa palette graphique.

« Henriquet » ne possède pas le ton de Jean Teulé. Plus bavard, moins percutant et cynique, il n’en reste pas moins maîtrisé et on le dévore sans peine. Richard Guérineau avait pris une nouvelle dimension avec « Charly 9 », il la confirme ici. On attend avec impatience ce qu’il nous proposera ensuite !

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