Titre : Les branleurs, T1 : Introduction
Scénaristes : Eric Salch & Manu Larcenet
Dessinateurs : Eric Salch & Manu Larcenet
Parution : Février 2017
« Les branleurs » est un ovni. Écrit à quatre mains, il met en scène Eric Salch, jeune pousse trash de la bande dessinée, et Manu Larcenet, grand ponte adulé (dont on attend toujours la consécration à Angoulême…) qui décident de faire un livre ensemble. Bonjour la mise en abîme ! C’est l’occasion de mettre en scène deux egos de dessinateurs, qui passent leur temps à se trouver géniaux, puis complètement nuls ! Le tout est publié aux éditions Les Rêveurs.
Un concept qui ne décolle pas.
La mécanique du livre fonctionne sur des strips. Les auteurs alternent et se répondent. Finalement, on n’est pas si loin de l’esprit de L’atelier Mastodonte. Mais là où la série de Dupuis multiplie les auteurs, ici on reste dans une relation à deux et à distance. Du coup, on tourne vite en rond, avec l’idée d’un Eric Salch qui « salit tout ».
Les personnalités des deux personnages sont suffisamment intéressantes pour que leur télescopage ait un intérêt. Par contre, mieux vaut les connaître avant de se lancer dans la lecture. Clairement, le livre part du principe que le lecteur est au fait de leurs œuvres et de leurs personnalités (présumées).
Si le livre possède de belles idées parfois avec les réponses des uns et des autres, force est de constater qu’on ne rit pas beaucoup. L’humour n’est pas très réussi, la faute à des strips qui traînent parfois en longueur sans raison. Ainsi, l’exercice de style ne fonctionne pas totalement. Et curieusement, le livre est un tome 1, alors que les auteurs semblent avoir rapidement épuisé leur concept.
Au niveau du dessin, les auteurs parviennent à s’accorder ensemble. Les traits sont très différents et correspondent bien aux personnalités des auteurs : très anguleux pour Salch, rond et délicat chez Larcenet. De rares fois, un des auteurs s’approprie le trait de l’autre, mais pas assez souvent pour soulever de l’intérêt.
Finalement, « Les branleurs » fait penser à « L’atelier Mastodonte ». Mais c’est finalement moins riche, moins inventif. La surenchère dans le trash laisse parfois dubitatif et il manque un souffle. Les auteurs multiplient les allers retours mais la mayonnaise ne prend pas. Ce qui est dénoncé dans le livre se retrouve finalement dans « Les branleurs » : Eric Salch tombe dans une surenchère scato et Larcenet ne sait pas vraiment quoi en faire. Quelle ironie !