Love, T1 : Le tigre


Titre : Love, T1 : Le Tigre
Scénariste : Frédéric Brrémaud
Dessinateur : Federico Bertolucci
Parution : Mai 2011 


La bande-dessinée aime dessiner des animaux. Le genre animalier a de nombreux adeptes. Cependant, les auteurs anthropomorphise souvent les bêtes, l’animal servant uniquement à l’aspect esthétique de l’ouvrage. Dans « Love », Frédéric Brrémaud (au scénario) et Federico Bertolucci (au dessin) décident d’utiliser les animaux comme tel. Ils ne parlent pas. Ce qui ne les empêche pas d’avoir une vie passionnante à suivre ! 

Un parti pris osé, parfaitement réussi

Ce premier tome, intitulé « Le Tigre », se passe dans une jungle indienne. On suit donc l’un de ces terribles fauves à la recherche de nourriture. Malgré son incroyable musculature, sa vitesse redoutable et ses sens aiguisés, il lui faudra pas moins de 74 pages pour atteindre sa proie… Et entre temps, de nombreuses rencontres auront parsemé son chemin… 

Si l’ouvrage est basé sur le tigre, il est avant tout un prétexte à mettre en scène la jungle, véritable héroïne et sujet du livre. Certes on suit le grand félin, mais de nombreux animaux viennent compléter la galerie : tamanoir, piranhas, crocodile, éléphant, panthères, flamands roses, hiboux… Tout le bestiaire local y passe pour notre plus grand plaisir.

 Ces animaux étant ce qu’ils sont, ils ne parlent pas. L’ouvrage est donc entièrement muet. Les onomatopées sont également absentes. C’est alors un tour de force d’arriver à nous faire ressentir ce qu’il se passe. Car si les animaux ne sont pas humanisés en tant que tel, on ressent quand bien même leurs émotions : surprise, peur, colère, désespoir… Le parti pris de départ, en supprimant finalement toutes les « sonorités » de la BD peut paraître fou et pourtant il est remarquablement réussi. 

Évidemment, avec une BD aussi muette, le dessin se doit d’être à la hauteur. Or, il est magistral. Bertolucci transpire le talent pur. C’est une véritable découverte. Tout est magnifique : les animaux sont plus vrais que nature, la jungle vivante, les couleurs chatoyantes… Chaque case présente un mouvement créant un dynamisme de tous les instants. Les combats sont remarquablement retranscrits, forcément bestiaux ! Bertolucci n’hésite pas à utiliser des pages entières pour représenter les scènes fortes (voire même deux pages complètes !). Cette BD est de loin l’une des plus belles que j’ai eu entre les mains. 

Malgré le dessin très proche du naturalisme, Bertolucci sait aussi donner une certaine lueur dans le regard de ces « personnages ». Cette étincelle plus humaine est essentielle pour que le lecteur ressente un minimum de compassion pour les différents animaux. Le dessintateur a parfaitement dosé la part de réalisme et le petit plus du dessinateur qui change tout. 

Au final, difficile de ne pas être conquis par cette BD. Son aspect un peu austère, sans dialogue ni son, peut rebuter. On pourrait être proche de l’exercice de style mais ce n’est pas le cas. On suit réellement une histoire avec un début, une fin, des évènements, des émotions… Le tout avec un dessin simplement splendide. Vivement le deuxième tome !

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