Mécanique céleste


Titre : Mécanique céleste
Scénariste : Merwan
Dessinateur : Merwan
Parution : Septembre 2019


J’ai découvert Merwan par le biais de son Instagram. Je ne connaissais pas ses ouvrages précédents. Il publiait alors les recherches et extraits de sa prochaine bande-dessinée, réalisée en solo, « Mécanique céleste ». J’ai été séduit immédiatement par le dynamisme des dessins et la mise en couleur. Lors de la sortie du livre, les critiques allaient dans le même sens : si le scénario n’était pas le plus intéressant, les dessins valaient vraiment le coup. Devant la taille de l’objet (200 pages bien épaisses), j’ai longtemps hésité à me le procurer. Maintenant que c’est chose faite, je ne le regrette pas !

Un prétexte à dessiner des scènes de sport ?

Wallis et Aster vivent à Fontainebleau. Nous sommes en plein monde post-apocalyptique. Ils survivent comme ils peuvent, leur horizon bloqué à quelques kilomètres par les radiations. Ils vont se voir proposer une porte de sortie par l’intermédiaire de… parties de ballon prisonnier, appelé mécanique céleste.

Si le début de l’ouvrage développe un univers post-apocalyptique avec ses codes et ses personnages, il devient vite accessoire lorsqu’il s’agit de lancer les parties de ballon prisonnier. Clairement, ce titre est un prétexte à dessiner ce sport. Surtout que les règles des parties vont évoluer au fur et à mesure et s’enrichir et ne pas rester « simplement » du ballon prisonnier. Un petit clin d’œil de l’auteur, à la fin, semble d’ailleurs confirmer sa volonté de s’amuser avant tout. Mais est-ce pareil pour le lecteur ?

« Mécanique céleste » tient donc plus de la BD sportive que post-apocalyptique. Le décorum lui ajoute un plus indéniable et exploité pendant les parties, mais on est là pour jouer. Or, dessiner des gens qui se lancent des ballons est particulièrement ardu. Et c’est là que Merwan tape très fort. Il utilise tous les outils à sa disposition pour retranscrire la puissance d’une retransmission sportive. Pleines pages, découpage à l’extrême, décomposition des mouvements… Au-delà du trait déjà très dynamique, la gestion de la mise en scène impressionne. Quelle maîtrise ! Il en ressort une grande lisibilité dans l’action. Un travail à la fois original et de haut niveau.

Au-delà des matchs, Merwan adopte un trait beau et personnel. Les personnages ont de sacrées gueules, très expressives. Une petite influence manga peut-être dans leur côté excessif ? Les paysages sont eux splendides dans ce Fontainebleau d’apocalypse. Le tout est renforcé par des couleurs assez particulières qui donnent d’autant plus de personnalité à l’ensemble.

« Mécanique céleste » est un ouvrage qui ne se prend pas au sérieux. Beaucoup d’humour, de second degré parsèment l’ouvrage. On sent que Merwan s’amuse et a du recul sur son récit. C’est aussi ce qui en fait la force : en assumant pleinement son plaisir du dessin, du sport en BD, il crée un ouvrage d’une grande puissance graphique qui se lit avec plaisir. Bien joué !

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