Mulo, T1 : Crachin breton


Titre : Mulo, T1 : Crachin breton
Scénariste : PoG
Dessinateur : Cédrick Le Bihan
Parution : Août 2017


Décidément, « Blacksad » fait des émules ! Il en aura fallu du temps, mais le polar animalier est aujourd’hui en plein boom. « Les ailes du singe », « Jack Wolfgang » et maintenant « Mulo ». Issus de la BD jeunesse (entre autres), PoG et Cédrick Le Bihan nous propose un premier tome façon roman noir. Une histoire de vengeance où l’on vient remuer le passé… Le tout est publié chez Dargaud pour 82 pages.

Remuer le passé… Et se venger !

Mulo est une mule. Ainsi, dans ce petit monde animalier, il est un bâtard. Il se rend sur une île, en Bretagne, pour comprendre son passé. Toute son enfance et ses drames trouveront leur réponse une fois qu’il aura mis pied à terre… De Mulo, on ne saura pas grand-chose : ce n’est pas un détective, un policier ou même un journaliste. Il enquête pour lui.

Le côté breton m’avait un peu inquiété. S’il est mis un peu en avant de façon artificiel (avec des proverbes à chaque fin de chapitre ou des personnages traduits), ce n’est pas gênant plus que ça. Mais il est dommage que les bretons se sentent obligés d’en rajouter. L’histoire pourrait se passer sur une île ailleurs, ça ne changerait rien à son déroulement ou à ses personnages.

La narration de PoG prend son temps. On voit Mulo faire du stop, puis prendre le bateau, puis arriver sur l’île. On nous fait comprendre qu’il vient pour une affaire personnelle, certainement grave, mais les auteurs nous font mariner. Ces pages sont assez réussies en termes de narration. Elles installent une atmosphère, mettent Mulo dans la position de celui qui vient perturber un quotidien routinier… Hélas, c’est aussi un défaut car en fin d’ouvrage la résolution paraît bien rapide. Et finalement, le côté polar, enquête, n’est vraiment pas le point fort. L’histoire est très classique, sans véritables rebondissements.

Quelques facilités scénaristiques viennent ternir l’ensemble. Ne serait-ce que parce que Mulo vienne sur l’île suite à une lettre qu’on lui a envoyé. Son « complice » sur place manque un peu de réalisme. On passe un peu sur cet écueil par le système de chapitres qui distillent les informations à sa manière, parfois sans texte. La narration est bonne mais l’histoire un peu légère.

Graphiquement, Cédrick Le Bihan fait du beau travail. Certaines planches sont particulièrement réussies : dynamiques, chargées de détails, utilisant des plans originaux… C’est du beau travail dans l’ensemble, une belle science du cadrage et du rythme. Malgré tout, le dessin paraît par moment un peu enfantin. Globalement, le style polar est respecté, avec des couleurs grisâtres, des attitudes délétères… Seules quelques cases font un peu jeunesse.

« Mulo » n’est pas pleinement réussi. Ce premier tome possède de belles qualités narratives et graphiques, mais mérite de mûrir encore un peu. Le personnage semble d’ailleurs surdéveloppé : on le présente comme un bâtard qui a subi des humiliations toute sa vie à cause de ça, mais cela ne ressort pas (encore ?) dans la BD. On connaît désormais le passé de Mulo, reste à développer un peu son personnage. À suivre !

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