New York Cannibals


Titre : New York Cannibals
Scénariste : JérÎme Charyn
Dessinateur : François Boucq
Parution : Septembre 2020


La prĂ©sence de Boucq sur la couverture de New York Cannibals est la premiĂšre raison pour laquelle je me suis intĂ©ressĂ© Ă  cet ouvrage. Je suis en effet sous le charme de dessinateur depuis que j’ai dĂ©couvert Bouncer, sĂ©rie construite dans un univers de western qui ne laisse pas indemne et que je conseille vivement. Le scĂ©nariste est JerĂŽme Charyn qui avait dĂ©jĂ  collaborĂ© avec Boucq lors de Little Tulip dont je garde un excellent souvenir.  

Une héroïne qui sort des sentiers battus

Le livre est Ă©ditĂ© dans la collection SignĂ© chez Le Lombard. Il se compose de prĂšs de cent cinquante pages. Cela laisse Ă  penser que la lecture sera dense et dĂ©paysante. La couverture confirme cet attrait en prĂ©sentant un personnage hors norme. On dĂ©couvre une femme Ă  la musculature disproportionnĂ©e et intĂ©gralement tatouĂ©e. Ce physique puissant dĂ©note avec l’attitude de l’hĂ©roĂŻne qui, sur l’image, tient avec un douceur un nourrisson dans les bras. 

La quatriĂšme de couverture confirme la filiation avec Little Tulip. L’intrigue se dĂ©roule vingt ans plus tard. L’hĂ©roĂŻne nous est familiĂšre. A priori, les fantĂŽmes du passĂ© vont ressurgir. Il m’a donc semblĂ© pertinent de relire le tome prĂ©cĂ©dent avant de me plonger dans cette nouvelle lecture. Cela me paraissait le mieux Ă  faire si je souhaitais profiter pleinement de New York Cannibals.

La jeune Amazi découverte dans Little Tulip est maintenant policiÚre. Elle adopte un bébé abandonné dans une ruelle. Pavel, son pÚre adoptif ayant survécu aux goulags, se retrouve à faire le baby sitter entre deux tatouages. Néanmoins, cet équilibre touchant est fortement ébranlé quand les fantÎmes du passé rejaillissent avec violence dans le quotidien de cette famille


Amazi est une hĂ©roĂŻne qui sort des sentiers battus. Elle possĂšde un physique disproportionnĂ© tant elle est musclĂ©e. Le fait que son corps soit intĂ©gralement tatouĂ© accentue son caractĂšre exceptionnel. Elle intrigue au premier regard. Elle dĂ©gage une aura qui questionne autant qu’elle fascine. La force qu’elle dĂ©gage se retrouve dans son caractĂšre et dans sa personnalitĂ©. Elle ne se laisse pas marcher et sur les pieds et s’appuie sur des valeurs et des principes qui en font une belle personne. La sensibilitĂ© qu’elle laisse paraĂźtre dans l’intimitĂ© la rend trĂšs attachante. Je doute qu’elle laisse indiffĂ©rente quiconque dĂ©couvrirait son histoire.

J’ai retrouvĂ© Pavel avec joie. Son parcours de vie plein de souffrance nous Ă©tait contĂ© dans Little Tulip. J’étais heureux de le voir vivre de maniĂšre Ă©panouie loin de son passĂ©. On dĂ©couvre un monsieur qui a vieilli mais qui n’a pas perdu son charisme. On sent que la bĂȘte n’est pas morte. NĂ©anmoins, on se doute bien qu’il est difficile d’enterrer dĂ©finitivement certains cadavres qui ne demandent qu’à resurgir. MĂȘme si Pavel n’est pas cette fois-ci au centre de l’intrigue, il n’en reste pas moins un Ă©lĂ©ment fort qui joue un rĂŽle primordial dans le dĂ©roulĂ© de cette dure histoire.

La trame nous plonge dans les bas-fonds de New-York. On y croise les dĂ©shĂ©ritĂ©s, les trafiquants de tout genre, les pauvres genres. Cette atmosphĂšre transpire de chaque page. Le voyage est fort. J’ai Ă©tĂ© emportĂ© dĂšs les premiĂšres pages. J’ai eu le sentiment d’ĂȘtre plongĂ© dans un combat permanent. Cette ambiance envoutante et oppressante Ă  la fois est due autant Ă  la qualitĂ© du scĂ©nario qu’à la splendeur des illustrations.

Une nouvelle fois je suis tombĂ© sous le charme du trait de François Boucq. Je trouve ses planches magiques. Il s’agit de vĂ©ritables Ɠuvres d’art. Elles m’ont immĂ©diatement immergĂ© Ă  New-York dans ses quartiers poisseux. Les personnages font peur. La bestialitĂ© des protagonistes est superbement transcrite.  À l’opposĂ©, il arrive Ă  offrir des instants de douceur dans ce monde de brutes avec maestria. Son travail prĂ©sente une lecture trĂšs sensorielle et captivante. Il s’agit incontestablement d’un petit bijou graphique.

Le scĂ©nario s’étale sur environ 140 pages. Il est trĂšs dense. Il n’y a que du muscle ! Pas une trace de gras ! La lecture est prenante et bouleversante. Elle m’a bousculĂ©. On ne peut jamais reprendre son souffle tant les Ă©vĂ©nements s’enchainent et nos peurs se dĂ©veloppent. J’avais le sentiment que personne n’était protĂ©gĂ©. Cela fait naĂźtre un suspense intense dans lequel je me suis pleinement investi. L’histoire est dure et forte. Le travail d’écriture de JĂ©rĂŽme Charyn est remarquable.


Vous l’aurez compris, je suis sorti conquis de New York Cannibals. Il s’agit d’un trĂšs bel ouvrage Ă  la hauteur de son prĂ©dĂ©cesseur Little Tulip. Je ne suis pas sorti indemne de cette lecture pour mon plus grand plaisir ! Je ne peux que vous inciter Ă  vous y plonger. Vous ne regretterez pas le voyage !

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