Titre : Rendez-vous à Phoenix
Scénariste : Tony Sandoval
Dessinateur : Tony Sandoval
Parution : Juin 2016
Tony Sandoval s’est fait un nom dans la bande-dessinée avec un dessin et des thèmes fantastiques/adolescents/musicaux très personnels. Mais son parcours de dessinateur fut semé d’embûches. Le premier frein était sa nationalité mexicaine. Comment réussir au Mexique dans la BD ? Alors qu’il tombe amoureux, il décide de tenter le tout pour le tout pour rejoindre sa belle aux USA. C’est ce récit qu’il nous propose dans « Rendez-vous à Phoenix », un one-shot de 80 pages paru chez Paquet dans la collection Calamar.
Un récit autobiographique qui manque un peu d’émotions
Ce récit autobiographique est centré sur le passage de la frontière en lui-même. Quelques rares pages montrent la situation de départ (le refus du visa) et le tout se clôt lorsque Sandoval quitte le groupe avec lequel il est passé. Finalement, ce fonctionnement nous laisse un peu sur notre faim. Car l’auteur se dévoile peu et l’ensemble manque d’un but. Ok, Sandoval est amoureux. Mais on aurait aimé plus de matière pour se sentir concerné par son passage. Car si le livre existe, c’est qu’il est passé. Le suspense reste donc relatif.
Le récit montre donc les tentatives de Sandoval de passages. Finalement, il ne lui faudra que quelques jours pour y parvenir. La tension y sera forte, mais ce sera le seul moment. L’ouvrage ne fait presque pas d’analyse du phénomène ou de comment cela se passe. Sandoval livre un récit au premier degré. Trop factuel, il perd en force.
« Rendez-vous à Phoenix » garde quand bien même des qualités, ne serait-ce que documentaires. J’ai été étonné que, finalement, pour un novice pur comme Sandoval, il parvienne à passer si vite. Il y a tellement de récits horribles (et véridiques) qui existent, qu’on prend conscience de la chance qu’a eu l’auteur à ce moment-là.
Face aux petits défauts narratifs décelés ici ou là, le dessin vient sublimer le tout. Le trait de Sandoval est reconnaissable entre mille et fait des merveilles. Pour le coup, les moments forts, de tension ou d’émotion sont pleinement exprimés par le trait. On sent un auteur en pleine capacité de ses moyens. Bien évidemment, le dessin est moins inventif que dans ses récits fantastiques, mais c’est normal vu le réalisme de l’ensemble.
Tony Sandoval me frustre souvent avec ses scénarios. C’est une nouvelle fois le cas ici. Le thème, intéressant, est traité d’une manière finalement assez froide et distante. On a rarement peur pour les personnages. On ne s’inquiète pas. Reste la partie documentaire, mais pour un ouvrage autobiographique cela nous laisse sur notre faim.