Sin City, T1 : Sin City


Titre : Sin City, T1 : Sin City
Scénariste : Frank Miller
Dessinateur : Frank Miller
Parution : Octobre 2002 (parution originale : 1994)


« Sin City »est une série de comics scénarisés et dessinés par Frank Miller. Une adaptation cinématographique a été réalisée sur cet univers par l’auteur lui-même. Ce tome 1, simplement nommé « Sin City » pour cette adaptation française (le titre original étant « The hard goodbye ») pose la première pièce de l’édifice avec déjà beaucoup de brio. 

Une osmose complète entre dessin et narration.

Ce premier tome fait intervenir Marv, véritable force de la nature. Véritable armoire à glace, brutal et violent, il est le personnage sur lequel repose l’histoire. La narration passe entièrement par lui. Les seuls événements auxquels on a droit sont ceux qu’il vit. Et tout commence par une nuit que Marv avec Goldie, femme magnifique. Le lendemain, il se réveille à côté du corps inanimé de la femme. Elle a été tuée dans son sommeil. Marv ne s’est même pas réveillé, ivre mort. L’homme décide de tout faire pour retrouver l’assassin de Goldie.

Cette histoire pose les jalons de ce qu’est « Sin City » : la quête d’un homme face à une horde de tueurs, aidée par des flics corrompus. Et au milieu de tout ça, une femme. Plus que jamais, « Sin City » est une quête quasi solitaire, presque métaphysique. Un homme, Marv, éprouve une passion folle pour une femme. Il est prêt à se battre contre toute une ville, quitte à en mourir, ne serait-ce que pour la venger. Car si les personnages sont finalement tous violents et brutaux (Marv prend plaisir à torturer par exemple…), ce sont leurs motivations qui les distinguent. Ainsi, le « gentil » se bat pour une noble cause : venger la mort d’une femme. Les autres ont des causes bien moins nobles et surtout sont pires. Dans « Sin City », on est gentil quand on n’est pas le pire et que l’on n’a pas le soutien du pouvoir…

L’histoire étant centrée sur Marv, c’est lui qui assure la narration. Il n’est donc pas rare de voir de longues tirades de désespoir. J’avoue ne pas être fan quand le texte s’allonge dans « Sin City ». Il semble que c’est lié au format de publication original (par épisodes), ces longs textes servant notamment à rappeler les évènements précédents. Autre problème lié à la publication au format comics : les marges ! Ici, le tout est publié dans un bouquin de 200 pages. Résultat : les marges sont rognées et il n’est pas rare de devoir faire un effort pour voir ce qui est lu. Il est dommage que l’éditeur de l’œuvre n’ait pas pris ça en compte, car ça gêne parfois la lecture.

Le dessin et l’univers graphique de « Sin City » est posé dès cette première itération. Le noir et blanc est magnifique, la représentation des femmes splendides… Contrairement à ce que l’on pourrait croire, Frank Miller varie beaucoup son dessin, à l’image de cette scène sous la pluie, graphiquement très impressionnante. Il est intéressant de noter que si on parle beaucoup de l’univers graphique de « Sin City », réalisé avec maestria, il est vraiment au service de la narration. Frank Miller ne se contente pas d’une patte graphique, à aucun moment on n’a l’impression qu’il se met en avant par son dessin. Il y a une vraie osmose entre le texte et l’image.

A mi-chemin entre un comics de super-héros (le héros étant capable d’abattre des pelletés de soldats et de supporter un nombre de blessures incroyable) et un comics plus réaliste (c’est « simplement » une enquête pour débusquer un tueur). Dès ce premier tome, l’ambiance particulière est posée avec un personnage très charismatique. Du grand art !

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