Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent – Wilfrid Lupano & Paul Cauuet

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Titre : Les vieux fourneaux, T1 : Ceux qui restent
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Paul Cauuet
Parution : Avril 2014


 Wilfrid Lupano est l’un des scénaristes qui monte. For de plusieurs succès et sachant s’entourer de dessinateurs talentueux, il est devenu synonyme d’auteur à suivre. « Les vieux fourneaux » ne déroge pas à la règle. Dotée de critiques très positives et du Prix des libraires de bande dessinée 2014, il n’en fallait pas plus pour que je m’y intéresse. Il est accompagné au dessin par Paul Cauuet, que je ne connaissais pas. Le tout est publié chez Dargaud pour un total de 56 pages. Ce tome 1 est nommé « ceux qui restent ». Le succès de la série a, depuis, vu paraître une suite. Je précise tout de suite que ce premier tome se suffit à lui-même.

LesVieuxFourneaux1aLe titre de l’album est assez explicite : on s’intéresse ici à une bande de personnes âgées qui viennent rendre hommage à l’une de leur amie, décédée. Le thème de « vieux fourneaux » prend d’autant plus de sens lorsque l’on apprend qu’ils ont tous travaillé dans la même usine et ont montré un activisme syndical particulièrement important. Mais quand l’un d’eux pète les plombs lorsque le notaire dévoile certains secrets, ses copains se serrent les coudes pour lui éviter de faire une connerie.

“Des portraits plein de vie et de caractère.”

Trois grands thèmes viennent se télescoper dans cette série. La vieillesse bien évidemment, mais aussi l’amitié et la lutte des classes.  Au milieu de tout ça, la petite fille de Lucette vient apporter sa fraîcheur et son décalage par rapport à nos vieux bonhommes. Ces portraits sont plein de vie et cohérents, chacun ayant son caractère et, surtout, son histoire.

LesVieuxFourneaux1cDans cet album, chaque personnage est présenté de façon satisfaisante pour assouvir notre plaisir de lecture. Cependant, on sent que les auteurs en ont sous le pied. Ils savent éviter de produire trop de flashbacks inutiles et se concentre sur le présent. Sans être absolument le plus intéressant dans l’ouvrage, le fil rouge possède suffisamment de suspense pour nous donner envie de lire la suite. Mais ce sont bien les situations cocasses dues à l’âge des protagonistes qui font tout le sel du bouquin.

Au niveau du dessin, Paul Cauuet réalise un travail remarquable. Bien aidé par une couleur qui met en valeur son trait, il croque des personnages semi-réalistes souvent proches de la caricature.  Son dessin est à la fois riche et dynamique et le dessinateur excelle aussi bien dans les dessin des personnages que des décors. Une véritable découverte !

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« Les vieux fourneaux » est une bande-dessinée réussie. Doté de personnages hauts en couleur et d’un dessin parfaitement adapté, elle aurait pu être un one-shot percutant. Mais les auteurs ont préféré en faire une série. Espérons que la suite saura confirmer les qualités de ce premier tome drôle et attachant.

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Note : 16/20

L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)

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Titre : L’arabe du futur, T1 : Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984)
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Mai 2014


Riad Sattouf a commencé sa carrière de bédéaste en racontant ses jeunes années. Que ce soit son adolescence avec « Le manuel du puceau » ou son enfance avec « Ma circoncision », on a senti dès le départ un besoin de raconter sa jeunesse. Il faut dire que celle-ci est assez particulière, l’auteur ayant vécu en Lybie et en Syrie ses premières années… Dix ans après « Ma circoncision », Riad Sattouf revient au sujet, fort de son expérience pour nous narrer cette vie plus en détail. Le premier tome de « L’arabe du futur » se concentrer sur les années 1978 à 1984, ce qui correspond aux premiers souvenirs du petit Riad. Le livre pèse 160 pages et est publié chez Allary Éditions.

Riad Sattouf est né d’une mère bretonne et d’un père syrien. Ce dernier, grand adepte du panarabisme, va trimballer sa famille en Lybie, sous Khadafi, puis en retourner au pays en Syrie (sous El Assad). Son admiration pour les dictateurs arabes est évidente et sa vision de la politique, mouvante et contradictoire, est le centre de l’ouvrage. Car ne nous y trompons pas, ce livre parle avant tout du père de Riad, Abdel-Razak.

On peut dire que dans ce livre, Riad tue le père ! Non seulement, il en fait un portrait fait de paradoxes politiques, de machisme et surtout de lâcheté. Mais en plus, il pointe le reproche de lui avoir fait vivre une enfance peu reluisante. En vieillissant, Riad vit de plus en plus mal son quotidien. Entre les cousins qui le martyrisent car il a les cheveux blonds (il doit donc être juif, forcément !) et les appartements vides dans des villages pauvres au fin fond de la Syrie… Surtout que l’homme ment régulièrement, annonçant chercher du travail en France, mais n’en cherchant qu’au Moyen-Orient. La figure de la mère est tout autant coupable, étant totalement absente et soumise.

Un portrait sans concession pour tout le monde

Riad Sattouf fait un portrait sans concession et très dur de partout où il passe : Libye, Syrie et Bretagne. Le tout est bien évidemment teinté d’humour. Si beaucoup font la parallèle avec Persépolis, il faut bien prendre en compte que les ouvrages sont très différents dans leur approche. Riad a vécu en France et est venu s’installer dans sa famille syrienne plus tard dans un village très pauvre. Satrapi est née en Iran dans une famille d’intellectuels. Bref, il ne faut chercher à trouver la même analyse. Peu sensible à l’humour de Satrapi, je le suis beaucoup plus à celui de Sattouf par exemple.

Le dessin simple de Sattouf est parfaitement adapté à l’ouvrage. Il est efficace et fait parfaitement passer les émotions et les expressions des personnages. Le tout est colorisé en monochrome, une couleur par pays. C’est efficace et joli à regarder.

J’ai dévoré cet ouvrage et ait y trouvé beaucoup d’intérêt. C’est une belle autobiographie que nous propose Riad Sattouf. Dur avec un peu tout le monde, il n’épargne personne. A la fermeture de l’ouvrage, on n’attend qu’une seule chose : lire la suite ! 

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Note : 16/20

Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2014


Si Riad Sattouf fait beaucoup parler de lui ces dernières semaines avec son livre « L’arabe du futur », c’est bien la sortie du quatrième tome de « Pascal Brutal » qui me mettait dans tous mes états. Récompensée à Angoulême pour son troisième tome, cette série est un must-have d’humour. Ce nouvel opus, intitulé « Le roi des hommes », nous permet de découvrir un peu plus la vie de Pascal, l’homme le plus viril du monde. Le tout est publié chez Fluide Glacial.

Le monde de Pascal Brutal est assez original… Après l’accession d’Alain Madelin au pouvoir, la France décline et sombre dans un chaos intellectuel et social. Riad Sattouf crée une vision de notre future très pessimiste et pourtant si proche de notre société actuelle. C’est la complète décadence : violence, sexe et QI négatif s’y côtoient en permanence. Et au milieu de tout cela, Pascal Brutal…

Ce bon vieux Pascal, c’est la virilité à l’état pur : des gros muscles, une grosses motos et des femmes qui le veulent tout de suite et maintenant. Mais surtout, c’est une homosexualité refoulée qui ressort régulièrement…

La voix off, point fort de la série

Ainsi, tour à tour, Pascal va essayer de pécho dans la ville des gays, être star du rap, joueur de foot, etc. Riad Sattouf s’amuse à intégrer l’Homme dans toutes les situations possibles, mais toujours dans sa France façon Madelin. C’est d’ailleurs la description de cet univers ultralibérale, par la voix off, qui fait tout le sel de cette bande-dessinée. Au-delà des situations, Riad Sattouf s’amuse à décrire un monde improbable. Cerise sur le gâteau : un certain Riad Sattouf a permis au monde arabe de devenir la société la plus avancée et la plus progressiste (dans le tome 3). Nous retrouvons ainsi un stade Riad Sattouf construit à base de sacs plastiques recyclés…

Si on sourit souvent devant la vie de Pascal, on rit aussi. Cette série possède une telle identité et une telle densité que l’on a du mal à rester indifférent. Le lien avec « La vie secrète des jeunes » est évident. Riad Sattouf sait observer ses contemporains et projettent le tout dans l’avenir. Et ce n’est pas rose…

 Le dessin, simple en apparence, est parfaitement adapté. Les expressions du visage de Pascal sont complexes et participent à notre hilarité. Bref, du lourd.

Avec son quatrième opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage créés par Riad Sattouf possèdent une véritable originalité et l’auteur sait les utiliser sans se répéter. Une des grandes bande-dessinées d’humour de ces dernières années, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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17/20

Impostures – Romain Dutreix

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Titre : Impostures
Scénariste : Romain Dutreix
Dessinateur : Romain Dutreix
Parution : Mars 2013


La parodie est un genre que j’affectionne. Découvrant l’une des « Impostures » de Romain Dutreix dans Fluide Glacial, j’avais été immédiatement conquis. Pastichant Spirou et Fantasio (mettant en scène notamment les changements éditoriaux de la série), l’auteur avait su titiller mes zygomatiques sans peine. Il me fallait donc découvrir le reste de ses parodies dans l’album les regroupant, intitulé « Impostures ». Le tout est paru chez Fluide Glacial pour un format BD classique de 54 pages. Continuer la lecture de « Impostures – Romain Dutreix »