Le combat ordinaire – Laurent Tuel

LeCombatOrdinaire


Titre : Le combat ordinaire
Réalisateur : Laurent Tuel
Parution : Juillet 2015


« Le combat ordinaire » est une œuvre majeure de ces dernières années. Consacrant Manu Larcenet et inspirant toute une génération de dessinateurs, il est logique qu’elle soit aujourd’hui adaptée du grand écran. Les thématiques de questionnements existentiels sont parfaitement dans l’air du temps. Étant un grand fan de la bande-dessinée, c’est donc avant tout un critique comparative que je vais effectuer. Il m’est impossible de décloisonner le film du livre, surtout que ces derniers sont très proches.

C’est Laurent Tuel qui décide d’adapter le film en confiant le rôle de Marco à Nicolas Duvauchelle. Les trois premiers opus sont utilisés comme base de scénario, le quatrième étant vaguement cité par petits éléments. Ce choix d’adapter trois livres aboutit forcément à des coupes dans l’histoire. Celles-ci sont cohérentes, le réalisateur se concentrant sur les thèmes majeurs des ouvrages, déjà nombreux (la filiation, la guerre d’Algérie, les femmes, les ouvrier, la photographie, etc.).

Une adaptation (trop ?) fidèle.

Si la force de la bande-dessinée résidait dans un équilibre entre les moments graves et les moments d’humour, ce n’est pas le cas du film. Ce dernier se fait sombre et les moments de détente sont quasiment inexistants. Les quelques répliques humoristiques qui persistent sont dites avec gravité par les acteurs. Cela donne un manque de rythme au film. La bande-dessinée gérait parfaitement les cases muettes, donnant beaucoup de force aux silences. Mais évidemment, dans un film, c’est un peu différent. Comme l’action est peu présente, on se retrouve avec des scènes de dialogues pleines de silences. Il faut dire que Laurent Tuel est resté très fidèle à la bande-dessinée. Les textes sont les mêmes la plupart du temps, au mot près. Du coup, le fan aura bien du mal à se détacher de la bande-dessinée, tant il a imaginé comment ces textes étaient dits. Et il est clair que certains dialogues fonctionnent moins bien à l’écran que sur la page. Une réécriture n’aurait pas été forcément un problème.

Globalement, ce « Combat Ordinaire » manque de puissance. S’il est indéniablement touchant, il est relativement pauvre en énergie. Les passages où les personnages s’énervent sont fades. Personne ne crie, personne n’hurle, personne ne se bouscule. La violence est ici avant tout intérieure et contenue, et c’est bien dommage. Certaines scènes auraient mérité une intensité plus forte.

Au niveau de la réalisation en tant que telle, c’est assez inégal. Certaines scènes sont magnifiques, d’autres choix (notamment sur les gros plans) sont vraiment discutables.

« Le combat ordinaire » est une film honnête et touchant qui profite d’un scénario aux petits oignons. Peut-être trop fidèle à la bande-dessinée (du moins aux dialogues), Laurent Tuel est quand bien même arrivé à fusionner les trois premiers tomes dans un ensemble cohérent, gardant l’essence de ce qui fait l’œuvre de Larcenet. Un peu de rythme aurait donné un vrai plus au film.

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note3