Titre : Portugal
Scénariste : Cyril Pedrosa
Dessinateur : Cyril Pedrosa
Parution : Septembre 2011
J’ai une relation compliquée avec Cyril Pedrosa. L’homme a une côte énorme et pourtant, je n’accroche pas. Il faut dire que « Autobio » m’avait laissé dubitatif et que « Trois ombres » m’avait laissé sur ma faim. Mais vu le succès critique de « Portugal », un roman graphique de 264 pages, il m’était difficile de ne pas tenter une nouvelle fois ma chance. Surtout que j’avais eu la chance d’aller à une exposition de planches originales du livre à la galerie 9e Art à Paris et que j’avais pu admirer les magnifiques couleurs de ses pages. Le tout est publié dans la bien nommée collection Aire Libre de chez Dupuis.
Simon Muchat est un auteur de bande-dessinée en panne d’inspiration. Il accumule alors des boulots d’animateur scolaire et sa copine s’impatiente. Il faut acheter une maison, grandir en quelque sorte. Mais Simon existe. De là à y voir une touche autobiographique, il n’y a qu’un pas ! Et c’est à l’occasion d’un festival de BD au Portugal que l’auteur va se redécouvrir ses origines et retrouver un bien-être.
Retour au pays
Grand classique dans l’art, Cyril Pedrosa nous concocte donc une bande-dessinée sur un auteur de bande-dessinée en plein doute. Ce dernier va alors creuser le passé de sa famille et dépasser les silences et les non-dits avant de partir quelques temps au pays. La première partie est donc consacrée à Simon en France. Sa vie est d’une grande fadeur. Il s’ennuie, ne veut pas faire un bouquin, ne veut pas acheter de maison, est vaguement dépressif… Bref, ça ne va pas du tout. Ce quotidien morne est rendu par des couleurs grisâtres pleine d’à propos. Mais déjà, l’ennui pointe également chez le lecteur. Il ne se passe rien, il n’y a aucune originalité dans les situations et tout est plutôt prévisible. On sent que l’auteur se fait plaisir. Il prend son temps, accumule les silences, mais sans réellement nous toucher. Il faut dire que les ouvrages sur le trentenaire qui a du mal à grandir sont légion depuis quelques années et qu’il n’y a pas beaucoup d’originalité de ce côté-là.
C’est donc sur la partie familiale que l’on se rabat en espérant plus d’action. Mais encore une fois, c’est un pétard mouillé. Beaucoup de discussions, de dialogues qui se veulent drôles ou émouvants. Mais je ne suis vraiment pas sensible aux univers de Cyril Pedrosa. Je trouve que tout sonne creux. Je ne suis jamais ému ou touché, je ne souris pas. Je sens bien que l’intention est là, mais j’ai l’impression d’avancer dans l’ouvrage en étant totalement extérieur à ce qui s’y passe. Quant au personnage de Simon, il ne me touche pas du tout. Je le trouve finalement très passif et à la personnalité peu intéressante. Certes, il a un problème de créativité. Mais quel manque de charisme !
Côté dessin, c’est très beau et dynamique et les choix de couleurs sont plein de pertinence. Personnellement, je ne suis pas fan du style de Cyril Pedrosa, notamment des expressions de ses personnages mais c’est une question de goût. Force est de constater que l’auteur a abattu un travail colossal. Et pour avoir vu ses planches originales, l’édition papier écrase sacrément ses couleurs… Bref, difficile de ne pas être admiratif devant le dessin de ce « Portugal ».
Il est toujours compliqué de ne pas aimer un ouvrage qui a tant été encensé. Pour ma part, j’ai refermé ce livre en me disant « tout ça pour ça ? » Malgré toutes les qualités objectives de « Portugal », je me suis ennuyé du début à la fin, sans jamais arriver à être touché par l’histoire ou les personnages. Une grande déception.