WollodrĂŻn, T4 : Le convoi 2/2

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Titre : WollodrĂŻn, T4 : Le convoi (2/2)
Scénariste : David Chauvel
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Lereculey
Parution : Octobre 2013


WollodrĂŻn est une sĂ©rie que j’ai dĂ©couverte il y a quelques annĂ©es. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  me plonger dans ce monde fĂ©odal de fantasy. Les albums sont regroupĂ©s en diptyques. Le dernier tome paru, le quatriĂšme, clĂŽt donc l’histoire intitulĂ©e Le convoi. Cet opus est apparu en librairie le seize octobre dernier. Il est Ă©ditĂ© chez Delcourt. Il est scĂ©narisĂ© par David Chauvel et dessinĂ© par JĂ©rĂŽme Lereculey. Ce duo s’était fait remarquĂ© en faisant naĂźtre 7 voleurs dont WollodrĂŻn s’avĂšre ĂȘtre un spin-off. La couverture de ce nouveau bouquin est trĂšs rĂ©ussi et intrigante. On y dĂ©couvre deux personnages qui nous sont familiers. Ils sont au milieu de tĂ©nĂšbres habitĂ©s par des morts-vivants. La lumiĂšre semble venir d’une veille femme Ă  l’aura mystĂ©rieuse. Tout cela s’avĂšre bien intrigant.

La quatriĂšme de couverture prĂ©sente le synopsis suivant : « Onimaku et Hazngar sont pris au piĂšge de la ville d’Egron Hel, envahie par des hordes de morts revenus Ă  la vie. En compagnie de quelques habitants ayant Ă©chappĂ© au massacre, ils trouvent refuge dans les halles et cherchent un moyen de s’échapper. Parmi les survivants, une vieille femme aux allures de sorciĂšre semble ĂȘtre la seule capable de les faire sortir vivants de cette prison Ă  ciel ouvert. Mais ils devront en payer le prix
 »

Un intense survival.

Le premier plaisir que je ressens en lisant ces pages rĂ©side dans l’univers mĂ©diĂ©val et fantastique qui abrite l’histoire. Depuis tout petit, je suis fan de ces mondes qui abritent magie, orques, sorciĂšres et chevaliers. Celui crĂ©Ă© par le trait de Lereculey et par l’imagination de Chauvel est un excellent cru. Je n’ai eu aucune difficultĂ© Ă  emboiter le pas des hĂ©ros dans les rues lugubre de ce village envahi de morts vivants. Le fait que Hazngar soit un orque facilite le dĂ©paysement. Le travail graphique sur les dĂ©cors est remarquable. L’atmosphĂšre nocturne est bien rendue.

La premiĂšre partie du diptyque voyait nos deux hĂ©ros servir de guide Ă  une curieuse caravane. Rien ne pouvait laisser croire que la seconde ferait vivre au lecteur un vĂ©ritable et intense « survival ». J’ai apprĂ©ciĂ© d’ĂȘtre surpris et de me plonger dans cette lutte pour la survie. Les codes du genre sont tous utilisĂ©s. Le groupe de survivants est une communautĂ© hĂ©tĂ©roclite. Certains nous sont sympathiques, d’autres antipathiques. Nous nous interrogeons sur le devenir de chacun. Nous nous doutons que tous ne verront pas la lumiĂšre de l’aube. La densitĂ© narrative est certaine. Bien que la recette soit un classique du genre, bien exĂ©cutĂ©e, elle reste un gage de rĂ©ussite. C’est ici le cas. L’intrigue ne laisse pas le temps de souffler. C’est une sensation trĂšs agrĂ©able et envoutante.

La galerie de personnages est trĂšs rĂ©ussie. Le travail graphique de Lereculey est classique mais appliquĂ©. Je trouve d’ailleurs remarquable son sens du dĂ©tail dans les scĂšnes de bataille avec les morts vivants. Il s’agit d’un modĂšle du genre. De plus, le personnage de la vieille femme est trĂšs intĂ©ressant. Elle nous intrigue dĂšs sa premiĂšre apparition. Elle est mystĂ©rieuse. L’histoire prend du temps Ă  nous en rĂ©vĂ©ler davantage. Notre curiositĂ© n’en est que plus en plus attisĂ©e au fur Ă  mesure des interventions pertinentes et intrigante de ce curieux personnage. Je ne vous en dĂ©voilerai pas davantage pour ne pas vous gĂącher le plaisir de la dĂ©couverte.

En conclusion, Le convoi 2/2 ravira les adeptes de la sĂ©rie et de fantasy. Les codes du genre sont bien exploitĂ©s. Le classicisme du genre n’est pas Ă  regretter tant l’intrigue est bien construite. Je ne peux donc que vous conseiller de partir Ă  la dĂ©couverte de ce curieux duo que forment une jeune femme et un orque dont l’amitiĂ© est touchante. J’attends avec impatience le prochain opus tant la derniĂšre page de cet opus laisse prĂ©sager de grandes rĂ©vĂ©lations…

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WollodrĂŻn, T3 : Le Convoi 1/2

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Titre : WollodrĂŻn, T3 : Le convoi (1/2)
Scénariste : David Chauvel
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Lereculey
Parution : Septembre 2012


« WollodrĂŻn » est une sĂ©rie nĂ©e rĂ©cemment. En effet, son premier tome date d’un petit moins de deux ans. Depuis deux autres opus ont vu le jour. C’est le dernier d’entre eux dont traite ma critique. Il s’intitule « Le convoi » et est apparu dans les librairies le cinq septembre dernier. Il est Ă©ditĂ© chez Delcourt et est vendu pour environ quatorze euros. Il est l’Ɠuvre conjointe de David Chauvel et JĂ©rĂŽme Lereculey. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Leur duo est connu dans le milieu du neuviĂšme art pour la qualitĂ© de « Sept voleurs ». Ne l’ayant pas lu, « WollodrĂŻn » est la saga qui me permet de dĂ©couvrir leur mĂ©tier. La couverture de « Le convoi » nous prĂ©sente deux personnages rencontrĂ©s prĂ©cĂ©demment. Il s’agit d’une jeune femme et de son ami orc. Ils semblent ĂȘtre pris au piĂšge, entourĂ© par de nombreuses personnes aux intentions belliqueuses.

La quatriĂšme de couverture nous offre le synopsis suivant : « Onimaku l’humaine et Hazngar l’orc, unis depuis l’anĂ©antissement du clan de ce dernier, cherchent fortune au grĂ© de leurs errances, vivant d’expĂ©dients ou de paris clandestins
 Jusqu’à ce que leur chemin croise celui d’un convoi de pionniers, le peuple d’Ernön, en route pour le lointain pays d’Hingell. AbandonnĂ©s par leurs guides, ces derniers enrĂŽlent le duo afin qu’il les mĂšne jusqu’à la terre promise. Mais certains sont prĂȘts Ă  tout pour que le convoi n’arrive jamais Ă  bon port
 »

Plus proche de l’esprit de « Lord of the Rings » que de « Lanfeust de Troy »

Le rĂ©sumĂ© prĂ©cĂ©dent indique sans mal que cette sĂ©rie s’inscrit dans le grand monde de la « fantasy ». On y trouve nain, orc, gobelin et humain. Sur ce plan, les adeptes du genre seront ravis. Les codes sont relativement classiques. On se rapproche davantage de l’esprit de « Lord of the Rings » que de « Lanfeust de Troy ». Il ne faut pas y voir un jugement de valeur mais un Ă©tat d’esprit. J’apprĂ©cie les deux de maniĂšre Ă©gale. Mais il est vrai que le succĂšs de la grande saga d’Arleston et Tarquin a eu tendance Ă  fortement influer les parutions du genre. La particularitĂ© de WollodrĂŻn, Ă  la maniĂšre de « Largo Winch » est de dĂ©couper sa narration en diptyque. Ce troisiĂšme acte est donc le premier tome de « Le convoi ». MĂȘme si les personnages ne nous sont pas inconnus, il est relativement indĂ©pendant de l’histoire prĂ©cĂ©dente qui occupait les deux premiers albums sous le titre « Le matin des cendres ». C’est un choix agrĂ©able car il Ă©vite la dilution que connait trop souvent la trame de ces sĂ©ries au long cours.

Le fait que l’histoire se dĂ©coupe en uniquement deux parties fait que les auteurs ne perdent pas de temps en digression. Les jalons de l’intrigue sont rapidement posĂ©s et notre immersion dans les pas des hĂ©ros est immĂ©diate. Le fait de retrouver le duo formĂ© d’Onimaku et Hazgnar gĂ©nĂšre un plaisir certain. Ils sont attachants et font naitre Ă©normĂ©ment d’empathie Ă  leur Ă©gard. Leurs pĂ©rĂ©grinations les mĂšnent au cĂŽtĂ© d’une curieuse communautĂ©. Cette rencontre offre un fil conducteur simple qui donne aisĂ©ment lieu Ă  une succession d’évĂ©nements rythmant la narration. Les nombreux malheurs qui agrĂ©mentent l’avancĂ©e de la caravane attise notre curiositĂ© et suscite bon nombre de questions. D’ailleurs le dĂ©nouement nous laisse en plan avec nos questions et nous fait attendre avec une certaine impatience la parution de la suite.

Les illustrations de Lereculey participent activement Ă  la crĂ©ation de l’univers qui abrite l’histoire. Nous n’avons aucun mal Ă  nous plonger dans ces contrĂ©es au beau milieu de ses habitants. Le trait n’est pas surchargĂ© mais arrive nĂ©anmoins Ă  donner une vraie identitĂ© Ă  chaque personnage. Je trouve le personnage de Hazgnar particuliĂšrement rĂ©ussi. Ses expressions faciales sont un modĂšle du genre qui ne laissera personne indiffĂ©rent. De plus, le travail d’illustration est mis en valeur au cours de planches qui sont rĂ©guliĂšrement dĂ©pourvues quasiment de textes. Cela permet Ă  notre lecture ne voir son ambiance prendre de l’épaisseur. De plus, le travail sur les couleurs est de qualitĂ© et rend crĂ©dible l’ensemble.

En conclusion, cet album est de grande qualitĂ©. Il est dans la lignĂ©e des deux premiers opus. « WollodrĂŻn » est vraiment une sĂ©rie de « fantasy » agrĂ©able. Elle s’adresse Ă  un public relativement large par son trait et son propos. Je pense que les adeptes du genre se doivent de faire un dĂ©tour par l’univers crĂ©Ă© par Chauvel et Lereculey. De mon cĂŽtĂ©, il ne reste plus qu’à attendre la sortie de la seconde partie de « Le convoi ». Mais cela est une autre histoire


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Canardo, T18 : La Fille Sans Visage

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Titre : Canardo, T18 : La Fille Sans Visage
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : FĂ©vrier 2009


Je me suis rĂ©cemment offert un opus d’une de mes sĂ©ries de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©es intitulĂ©e. Elle met en Ɠuvre l’inspecteur Canardo. Cette sĂ©rie est composĂ©e d’une vingtaine d’albums. Le premier tome date de 1979. Cette sĂ©rie est Ă©crite par BenoĂźt Sokal. Il s’occupe Ă  la fois du scĂ©nario et des dessins. Mon avis d’aujourd’hui porte sur le tome dix-huit intitulĂ© « La fille sans visage ». Paru en fĂ©vrier 2009, il est Ă©ditĂ© chez Casterman dans la collection « Ligne rouge ». ComposĂ© d’une petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 euros.

L’histoire commence dans un bar dans lequel erre ce cher Canardo. Preux chevalier, il dĂ©cide de raccompagner une jeune prostituĂ©e chez elle en tout bien tout honneur. Mais sur leur trajet, ils sont percutĂ©s par une voiture Ă  toute vitesse. Il en rĂ©sulte pour tous les deux de lourdes sĂ©quelles. Ils sont soignĂ©s dans une clinique de luxe. En effet, le responsable de l’accident est l’hĂ©ritier du duchĂ© de Belgambourg. Afin d’éviter tout scandale, il a dĂ©cidĂ© de s’occuper de toute la rĂ©Ă©ducation de ses victimes. Le silence sur cette affaire est d’autant plus important que ce fils de bonne famille se rĂ©vĂšle plutĂŽt instable


Tout d’abord, il faut que je dĂ©crive un petit peu la sĂ©rie pour ceux qui ne le connaissent pas. La premiĂšre particularitĂ© est le fait que les personnages sont des animaux anthropomorphes. Comme son nom l’indique, Canardo est un canard. Mais on rencontre Ă©galement des oiseaux, des chiens, des chats, des souris ou encore des cochons
 Ce choix a pour consĂ©quence de nous donner une impression directe sur chaque personnage. En effet, on a tendance Ă  adapter l’image qu’on a d’un personnage Ă  ses traits animaux.

Riche héritier et duchesse flippante.

Canardo est un inspecteur qui ne paye pas de mine. PlutĂŽt trapu, le regard vague, il ne traine jamais sans son impermĂ©able digne de Columbo. Son lieu de prĂ©dilection reste un bar mal famĂ© dans lequel il a une ardoise longue comme un jour sans pain. On y rencontre maquereau, prostituĂ©es, alcooliques, droguĂ©s et toute autre bonne frĂ©quentation. Il manque tellement de dynamisme et de charisme qu’on est toujours surpris de le voir rĂ©soudre les enquĂȘtes qu’on lui confie.

Le thĂšme de « La fille sans visage » est plutĂŽt politique. En effet, on voit une personne connue qui cherche Ă  gĂ©rer une situation de crise qui pourrait faire les choux gras dans la presse spĂ©cialisĂ©e. On dĂ©couvre donc la duchesse gĂ©rer tout cela avec une main de fer et une froideur flippante. ParallĂšlement, on dĂ©couvre les paparazzis guetter cette clinique oĂč se rend si souvent ce riche hĂ©ritier lubrique sous mĂ©dicament. On est donc curieux de savoir si la vĂ©ritĂ© va Ă©clater au grand jour et de connaĂźtre Ă©galement jusqu’oĂč la duchesse est prĂȘte Ă  aller pour protĂ©ger l’image de son duchĂ©.

L’autre dimension politique apparaĂźt dans la deuxiĂšme partie de l’histoire. Le duchĂ© qui nous intĂ©resse est voisin de la Belgique. Les soucis de rattachement et d’indĂ©pendance touchant la Flandre et la Wallonie apparaissent au cours de la narration. Cela permet Ă  l’intrigue de rebondir et ne la cantonne pas Ă  une histoire d’accident malheureux. En ce sens, l’auteur arrive Ă  nous offrir une trame assez dense qui nous captive du dĂ©but Ă  la fin. Elle cache quelques tiroirs qui suscitent notre attention. Sur ce plan, la narration est assez rĂ©ussie. Mon seul petit bĂ©mol concerne une partie de la fin que je trouve un petit peu tirĂ©e par les cheveux. NĂ©anmoins, cela ne gĂąche en rien le plaisir que j’ai pris Ă  lire cet ouvrage.

Le plaisir de la lecture rĂ©side Ă©galement dans la qualitĂ© des dessins. Je trouve le style trĂšs facile d’accĂšs. De plus, les personnages sont tels qu’ils nous parlent tous Ă  leur maniĂšre. On n’a aucun mal Ă  croire Ă  l’histoire et Ă  s’y plonger. Certains regards sont impressionnants de justesse. De plus, Sokal utilise remarquablement les couleurs. D’une part, elles personnalisent parfaitement les protagonistes et d’autre part elles habillent remarquablement l’ambiance. Les dessins crĂ©ent une atmosphĂšre prenante et captivante.

Au final, j’ai donc passĂ© un trĂšs bon moment en lisant cet opus. Il est Ă  la hauteur des prĂ©cĂ©dents de la sĂ©rie. Sur ce plan-lĂ , Sokal est un auteur trĂšs talentueux. Cela fait trente ans qu’il nous dĂ©crit les aventures de Canardo sans jamais baisser de qualitĂ©. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans « La fille sans visage ». Vous passerez un bon moment de maniĂšre garantie. Bonne lecture


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Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres

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Titre : Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres
Dessinateur : Sokal
Scénariste : Sokal
Parution : Mai 2010


Mon avis d’aujourd’hui porte sur le dernier opus paru de la sĂ©rie « Canardo ». Cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez Casterman. D’un format classique et composĂ© d’une petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 €. Sa parution date de mai dernier. L’auteur de cette sĂ©rie est Benoit Sokal. Il s’est associe depuis quelques albums l’aide de Pascal Regnault. « Canardo » est actuellement composĂ©e d’une vingtaine de tomes numĂ©rotĂ©s de 0 Ă  19. « Le voyage des cendres » est celui dont je vais vous parler aujourd’hui.

« Canardo » est une sĂ©rie utilisant l’anthropomorphisme. Les diffĂ©rents personnages sont des animaux bien qu’il Ă©volue dans un monde « humain ». Ai-je besoin de prĂ©ciser que le hĂ©ros possĂšde les traits d’un canard. Ce dernier est un dĂ©tective privĂ© dĂ©pressif. Quand on le voit pour la premiĂšre fois, il n’y a pas de doute, l’habit fait le moine. On a du mal Ă  croire qu’il puisse trouver des clients et rĂ©soudre des affaires. C’est la magie de la bande dessinĂ©e


Dans cette aventure, on commence par dĂ©couvrir M. Van Bollewinkel. Il s’éloigne dans la forĂȘt et se tire une balle dans la tĂȘte. Il en dĂ©coule logiquement un rendez-vous chez le notaire pour la lecture du testament. L’attrait de cette sĂ©ance rĂ©side dans le sort rĂ©servĂ© aux deux petits-enfants. Ces derniers ont pour mission de « balancer les centres quelque part au-dessus de son pays natal ». Il s’avĂšre que le pays natal est la Belgique, que le mort est un parrain mafieux exilĂ© aux Etats-Unis et que les deux petits-enfants sont deux morveux sans foi ni loi. Ces derniers vont mener leur voyage Ă  travers le plat pays sous la conduite de notre cher Canardo qui, en tant que lointain cousin, ne peut rien refuser Ă  sa famille


Un ouvrage peu amÚne envers la Belgique.

L’histoire ne perd pas de temps Ă  se mettre en place. En effet, dĂšs la sixiĂšme page, les deux enfants rencontrent Canardo et trois pages plus loin, ils subissent leur premiĂšre fusillade. Le problĂšme est qu’en tant que parrain de la mafia locale, leur grand-pĂšre n’a pas laissĂ© que des amis Ă  la maison. Cela fait que le voyage des cendres va ĂȘtre loin d’ĂȘtre de tout repos. Le fait qu’il faut passer entre les balles pour mener la mission Ă  bien rend la trame dynamique.

Mais le plaisir de la lecture ne rĂ©side pas essentiellement dans le fait de savoir si oui ou non les cendres vont arriver Ă  bon port. En effet, c’est davantage l’ambiance et l’atmosphĂšre qui ne nous laisse pas indiffĂ©rent. D’une part, les deux petits-enfants sont odieux et dĂ©goutants. Sokal ne se fixe ici aucune limite. Ils n’ont que du mĂ©pris pour le monde qui les entoure. A priori, le fait d’ĂȘtre Ă©duquer Ă  un rythme mafieux n’inculque pas des valeurs « classiques ». Leurs regards, leurs actes, leurs propos, tout est fait pour qu’on ne les supporte pas. TrĂšs rapidement, on a de l’empathie envers notre cher Canardo qui doit se les supporter. Il est trĂšs rare de dĂ©couvrir des enfants incurables Ă  ce point-lĂ . C’est assez rĂ©ussi.

On ne peut d’ailleurs pas vraiment dire que « Le temps des cendres » soit un guide vert plein d’éloges pour la Belgique. Sur le plan mĂ©tĂ©orologique, le soleil n’est jamais de sorti. Au mieux, le temps est nuageux. Cet aspect est mis en bleu par une forte utilisation de la couleur grise et de ses variantes. Mais alors que certains lieux communs nous expliquent que les gens du nord n’ont peut-ĂȘtre pas le soleil dans le ciel mais l’ont dans le cƓur, ils n’ont pas lieu d’ĂȘtre ici. Les diffĂ©rentes rencontres faites par nos amis sont dĂ©sastreuses pour l’image de la Belgique. Il n’y en a vraiment pas un pour rattraper l’autre.

Au final, je trouve cet opus remarquable. Son atmosphĂšre est assez unique. Ce n’est pas une ode Ă  la bonne humeur et Ă  l’espoir mais en tout cas c’est un moment de lecture passionnant. Les dessins sont comme Ă  l’accoutumĂ©e trĂšs agrĂ©ables et participent Ă  la rĂ©ussite gĂ©nĂ©rale. Les personnages sont trĂšs rĂ©ussis et l’usage des couleurs savamment dosĂ©. Je ne peux donc que vous le conseiller. Il s’agit d’un ouvrage qui ne laisse pas indiffĂ©rent et qui sort des sentiers battus. Je tiens d’ailleurs Ă  prĂ©ciser qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir lu les prĂ©cĂ©dents albums pour dĂ©couvrir celui-ci. Il est indĂ©pendant. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agrĂ©able lecture.  

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Canardo, T20 : Une Bavure Bien Baveuse

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Titre : Canardo, T20 : Une bavure bien baveuse
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : Octobre 2011


Canardo est un de mes hĂ©ros de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©s. Je l’ai dĂ©couvert il y a des annĂ©es dans la bibliothĂšque de mes parents et ai continuĂ© Ă  suivre ses aventures une fois le cocon familial quittĂ©. Chaque nouvelle parution est un Ă©vĂ©nement et je m’empresse bien souvent de complĂ©ter ma collection sans trop tarder. Ce mois-ci est apparue dans les bacs des librairies « Une bavure bien baveuse » Ă©ditĂ© chez Casterman. Pour les non adeptes de cette sĂ©rie, elle est le fruit de l’imagination et du trait de Sokal. Sur la couverture, on dĂ©couvre notre hĂ©ros, de face. Il est avec la clope au bec, le regard inexpressif en train de jouer aux cartes. Au second plan, on dĂ©couvre une ravissante femme au dĂ©colletĂ© qui ne laisse pas indiffĂ©rent.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Canardo est un dĂ©tective privĂ©. Il a les traits d’un canard mais a toute l’apparence d’un Columbo qui abuserait un peu de la bouteille et ne frĂ©quenterait pas rĂ©guliĂšrement la salle de bain. Il a pour habitude de se voir confier des affaires sans grande envergure. Ses enquĂȘtes le mĂšnent souvent dans les bas-fonds de la ville et dans des endroits plutĂŽt glauques.

La disparition de l’inspecteur de police ne fait pas que des malheureux…

Dans cet album, Canardo se voit confier une mission toute particuliĂšre. Le commissaire Garenni, avec trois grammes d’alcool dans le sang, est accusĂ© d’avoir tirĂ© sur un inspecteur de police au cours d’une fusillade. C’est une Ă©norme bavure qui met l’accusĂ© dans de sales draps. Il en est tellement dĂ©sespĂ©rĂ© qu’il fait appel Ă  ce cher Canardo pour connaitre la vĂ©ritĂ© sur cette affaire. Rapidement, notre hĂ©ros se rend compte que la disparition de cet inspecteur de police ne fait pas que des malheureux dans certains milieux obscurs


Cet opus est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dentes aventures de notre canard prĂ©fĂ©rĂ©. L’histoire est indĂ©pendante et ne nĂ©cessite aucun prĂ©requis particulier. La trame utilise les codes du polar noir. L’intrigue et l’atmosphĂšre sont travaillĂ©es. Certains moments sont lĂ©gers, d’autres plus lourds. Les Ă©motions sont variĂ©es. Les plus jeunes lecteurs n’y trouveront pas grand-chose. Par contre, les adeptes de romans policiers et de films Ă  ambiance seront ravis du voyage.

Le scĂ©nario est construit de maniĂšre classique. Les premiĂšres pages posent les jalons. Une bavure policiĂšre lors d’une attaque de banque marque le dĂ©but de notre lecture. On voit poindre l’erreur judiciaire. C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’apparait notre hĂ©ros qui entame son enquĂȘte qui va l’amener Ă  remuer des milieux qui ne demandaient qu’à ĂȘtre oubliĂ©s. La narration ne souffre pas de temps morts. Aucune case n’est inutile. Chacune apporte son information ou son changement d’angle de vue qui attise notre curiositĂ©. Les rebondissements sont frĂ©quents. Ils sont d’ailleurs un peu trop nombreux dans la derniĂšre partie. Il en dĂ©coule un dĂ©nouement que je trouve quelque peu brouillon.

Comme souvent, Sokal nous offre une galerie de personnages variĂ©e. Je passe rapidement sur Canardo qui est fidĂšle Ă  lui-mĂȘme. La moindre des choses qu’on puisse dire est qu’il ne paie pas de mine. L’autre personnage central prend les traits du commissaire Garenni. Ce looser alcoolique attire rapidement notre sympathie. A dĂ©faut d’ĂȘtre un policier ne serait-ce que correct, il ne mĂ©rite pas pour autant d’ĂȘtre un innocent condamnĂ©. La traditionnelle femme fatale de cet album prend les traits de l’inspecteur Manta. Cette mante religieuse ne laisse indiffĂ©rent la gente masculine tout en dĂ©gageant un lĂ©ger sentiment de malaise. A ce trio principal, s’ajoute un bon nombre de malfrats dignes de tout bon film noir. On les trouve dans des bars mal famĂ©s dont j’aurais personnellement du mal Ă  franchir le seuil de la porte.

A mes yeux, le principal attrait de cette sĂ©rie est son atmosphĂšre. Les pages de Sokal dĂ©gagement une ambiance particuliĂšre. Les deux tiers de l’album rĂ©pondent Ă  mes attentes. L’immersion de Canardo dans les arcanes glauques de son enquĂȘte dĂ©gage un vrai quelque chose. Par contre, je trouve la derniĂšre partie de l’histoire plus confuse. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir quelque peu de ma lecture. Je redeviens spectateur de Canardo alors que le dĂ©but me laissait sentir que je lui emboitais le pas. Le cĂŽtĂ© brouillon du dĂ©nouement fait que l’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e est moins intense. C’est dommage. 

CĂŽtĂ© dessins, la qualitĂ© est identique Ă  celle qui accompagnait la lecture des prĂ©cĂ©dents tomes. J’ai donc une nouvelle fois apprĂ©ciĂ© le trait de l’auteur. Le fait que les personnages possĂšdent des traits animaliers est assez rĂ©ussi et participe Ă  l’identification de la sĂ©rie. MalgrĂ© un style simple et facile d’accĂšs, les cases sont fournies et pleines de petits dĂ©tails. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s et cela participe activement Ă  la qualitĂ© de l’ambiance qui transpire des pages.

En conclusion, ma lecture s’est avĂ©rĂ©e agrĂ©able. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle aventure de Canardo. Le seul bĂ©mol, Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, concerne le dĂ©nouement que je trouve trop brouillon. Il y a trop d’évĂ©nements dans les derniĂšres pages. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir un petit peu de l’histoire, la fin arrivant finalement de maniĂšre assez abrupte. Je trouve dommage que la sortie ne soit pas davantage dosĂ©e. Cela aurait fait de cet album un des bons opus de la sĂ©rie tant son thĂšme et son message ne laissent pas indiffĂ©rents


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Canardo, T24 : Mort sur le lac – BenoĂźt Sokal, Hugo Sokal & Pascal Regnauld

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Titre : Canardo, T24 : Mort sur le lac
Scénaristes : Benoßt Sokal & Hugo Sokal
Dessinateur : Pascal Regnauld
Parution : Mars 2015


« Canardo » est un hĂ©ros lĂ©gendaire de la bibliothĂšque de mes parents. Son physique de canard attirait mon regard d’enfant mais la nature du contenu me disait d’attendre d’ĂȘtre plus grand pour en savourer la lecture. Quand j’ai Ă©tĂ© en Ăąge de dĂ©couvrir des enquĂȘtes du palmipĂšde dĂ©tective, j’ai immĂ©diatement succombĂ© aux charmes de l’atmosphĂšre unique et envoutante qui accompagnait le quotidien de ce Columbo aux pieds palmĂ©s. Les annĂ©es sont passĂ©es et je n’ai jamais cessĂ© de guetter chaque nouvelle parution de ses pĂ©rĂ©grinations. Le dernier s’intitule « Mort sur le lac ». La couverture sombre et crasseuse est un petit bijou. EditĂ© chez Casterman, cet ouvrage est l’Ɠuvre conjointe de BenoĂźt et Hugo Sokal pour le scĂ©nario et de Pascal Regnauld pour les dessins.

Une disparue amnésique.

Un dĂ©tective privĂ© vit essentiellement de deux types d’affaire : l’adultĂšre et la recherche de personne disparue. C’est Ă  la seconde thĂ©matique qu’appartient ici la requĂȘte faite Ă  ce cher Canardo. La particularitĂ© de la mission qui lui est confiĂ©e est que la disparue est assise en face de lui et que ce qu’elle souhaite retrouver est sa mĂ©moire


Avant d’entrer de plein pied dans le ressenti de ma lecture, je me dois de prĂ©senter rapidement les caractĂ©ristiques de ce hĂ©ros atypique qu’est Canardo. L’univers anthropomorphiste de la sĂ©rie lui donne les traits d’un canard. Mais le premier contact l’associe immĂ©diatement Ă  Columbo. L’impermĂ©able, le regard peu expressif, la cigarette
 MalgrĂ© son cĂŽtĂ© peu attirant, le lecteur ne peut que tomber sous le charme du personnage.

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Comme souvent ces derniers temps, l’enquĂȘte de Canardo lui fait croiser les hautes sphĂšres du duchĂ© de Belgambourg. Ce dernier se veut ĂȘtre un repĂšre pour fortunĂ© frontalier de la Belgique. Cet album Ă©voque les contrariĂ©tĂ©s ressentis par les dirigeants locaux du fait d’une immigration wallonne incontrĂŽlĂ©e. Les propos tenus par cette Ă©lite mettent mal Ă  l’aise au premier degrĂ© mais font bien rire au second. C’est une des forces de la sĂ©rie : son humour noir. Les auteurs ne se fixent aucune limite dans leurs propos et je les remercie pour cela. La thĂ©matique de la protection des frontiĂšres Ă  tout prix n’échappe pas Ă  cette rĂšgle.

Canardo23bDe son cĂŽtĂ©, Canardo a d’autres soucis. Cette ravissante demoiselle amnĂ©sique lui occupe tout son temps. Elle a Ă©tĂ© retrouvĂ©e au milieu d’un lac par un pĂȘcheur d’anguilles qui depuis l’a recueillie. L’essentiel des Ă©changes entre le palmipĂšde et sa cliente se dĂ©roule donc dans un bouiboui spĂ©cialisĂ© dans la cuisson de l’anguille. Cela permet aux auteurs de crĂ©er quelque chose qu’ils adorent et pour lesquels ils sont particuliĂšrement talentueux : une petite communautĂ© vivant quasiment en autarcie au milieu de nulle part. Chacune de ces immersions dans ces lieux gris oĂč grouille cette faune particuliĂšre est un vĂ©ritable bonheur. Le sĂ©jour chez Harry confirme ce postulat.

Concernant les recherches de Canardo, elles ne sont pas inintĂ©ressantes. Les pistes sont nombreuses. Les liens entre elles sont en train d’apparaĂźtre. La surprise est de voir que le dĂ©nouement n’arrive pas au bout de la quarante-huitiĂšme page. Il faudra attendre la parution du prochain tome pour connaĂźtre le fin mot de l’histoire. Je dois vous avouer que j’ai Ă©tĂ© un petit peu frustrĂ©. Les auteurs m’avaient habituĂ© Ă  offrir un Ă©pilogue Ă  chacun de leurs opus. Ce n’est ici pas le cas. Il faudra faire avec mais je dois dire que je suis un petit peu déçu de cette dĂ©cision scĂ©naristique. Cela explique d’ailleurs que les diffĂ©rentes piĂšces du jeu d’échec narratif mettent plus de temps que d’habitude Ă  se dĂ©placer et Ă  se dĂ©voiler.Canardo23c

« Mort sur le lac » est un bon cru de « Canardo ». Il ne fait pas partie des meilleurs mais est incontestablement bourrĂ© de qualitĂ©s. Le dessin de RĂ©gnauld fait une nouvelle fois mouche pour nous prĂ©senter des personnages hauts en couleurs dans des dĂ©cors qui le sont tout autant. Les couleurs d’Hugo Sokal habillent la lecture d’une atmosphĂšre caractĂ©ristique qui ravira les fidĂšles de la sĂ©rie. Je ne peux donc que conseiller Ă  tout adepte du neuviĂšme art de suivre les pas du cĂ©lĂšbre canard en gabardine. Ceux qui le connaissent dĂ©jĂ  seront ravis de le retrouver. Quant aux autres, la rencontre ne les laissera pas indiffĂ©rents


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Djinn, T12 : Un honneur retrouvĂ© – Jean Dufaux & Ana MirallĂšs

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Titre : Djinn, T12 : Un honneur retrouvé
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : MirallĂšs
Parution : DĂ©cembre 2014


« Djinn » est une sĂ©rie Ă  l’atmosphĂšre particuliĂšre. Elle mĂȘle intrigue politique et Ă©rotisme. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre du cĂ©lĂšbre et efficace Jean Dufaux. Les dessins sont le fruit du travail d’Ana MirallĂšs. Le douziĂšme tome, « Un honneur retrouvĂ© » clĂŽt le cycle indien des aventures de Jade. J’ai cru comprendre qu’il s’agirait Ă©galement du dernier Ă©pisode de la sĂ©rie. Ce dernier opus, Ă©ditĂ© chez Dargaud, date de l’annĂ©e derniĂšre. Sa couverture nous fait dĂ©couvrir l’hĂ©roĂŻne nue. Son corps est maquillĂ© et des bijoux ornent son visage. Elle regarde fixement le lecteur. Pour l’attirer dans ses filets ?

Une fin de cycle décevante.

Djinn12aLa rĂ©volte gronde en Inde. L’occupation anglaise n’est plus acceptĂ©e par le peuple. Radjah Sing est le meneur des rĂ©volutionnaires. Sa fille est promise au maharadjah. Chacun essaie d’avancer ses pions pour mener Ă  bien leurs projets. Mais l’Histoire est peut-ĂȘtre en train de s’écrire dans le Pavillon des Plaisirs. C’est dans ce harem que Jade Ă©duque la promise au souverain aux arts de son corps. Cela lui permettra de dominer son futur mari et de le rallier Ă  son cause et Ă  celle de son pĂšre


Les deux actes prĂ©cĂ©dents avaient fait naĂźtre bon nombre d’intrigues entremĂȘlĂ©es. Les enjeux sont multiples. J’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient dĂ©mĂȘler tout cela en une cinquantaine de pages. Je trouvais la dimension politique intĂ©ressante. Elle dĂ©marquait ce cycle des deux autres. « Le pavillon des plaisirs » avait posĂ© des jalons intĂ©ressants. Par la suite, j’avais trouvĂ© « Une jeunesse Ă©ternelle » plus dĂ©cevant. La place occupĂ©e par Jade Ă©tait Ă©galement originale. Le fait d’assumer que les charmes d’une femme peuvent influencer fortement un homme puissant Ă©tait pertinent. Cela offrait une corde narrative attrayante.

La dimension Ă©rotique de l’intrigue perd tout son intĂ©rĂȘt au fur et Ă  mesure du dĂ©roulement de la trame. Les scĂšnes l’évoquant n’ont plus aucun autre intĂ©rĂȘt que permettre Ă  Ana MirallĂšs de dessiner ces corps en plein Ă©bat. Leur apport Ă  l’histoire est quasiment inexistant. Il est au plus anecdotique. Alors que cet aspect Ă©tait prĂ©sentĂ© comme central au dĂ©but du cycle, il est repoussĂ© Ă  un statut de folklore local. Je trouve cela dommage parce que cela fait disparaĂźtre le ton original de la sĂ©rie.

Djinn12b

Les arcanes politiques sont finalement bien moins mystĂ©rieux et complexes que je l’espĂ©rais. Finalement, le dĂ©nouement de l’histoire est bien complexe et alambiquĂ© que souhaitĂ©. Il s’avĂšre assez linĂ©aire. Il se dĂ©couvre sans rĂ©elle Ă©motion ni attrait. La curiositĂ© est rĂ©duite et n’excĂšde pas la volontĂ© de terminer quelque chose de commencer. La dimension mystique que vit Jade n’a pas d’autre intĂ©rĂȘt que de justifier un lien avec le cycle africain de la saga. Rien de plus. Bref, l’ensemble est moyen et plutĂŽt dĂ©cevant.

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Tyler Cross – Fabien Nury & BrĂŒno

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Titre : Tyler Cross
Scénariste : Fabien Nury
Dessinateur : BrĂŒno
Parution : Août 2013


Tyler Cross est, Ă  mes yeux, un des Ă©vĂ©nements de cette annĂ©e bĂ©dĂ©phile. Le simple fait d’ĂȘtre le fruit d’une nouvelle collaboration de Fabien Nury et de BrĂŒno est suffisant pour attirer tout afficionado du neuviĂšme art. Leur prĂ©cĂ©dent travail, Atar Gull ou le destin d’un esclave modĂšle, est un vĂ©ritable bijou. Ce nouvel opus est un grand format Ă©ditĂ© chez Dargaud. Sa couverture fascine. Elle est dĂ©coupĂ©e et nous prĂ©sente un homme un fusil  la main, une voiture qui file dans le dĂ©sert, un inquiĂ©tant serpent et une femme qui crie. Tout cela est accompagnĂ© des mots suivants : « Un jour, Tyler Cross paiera pour ses crimes. En attendant, il en commet d’autres. » Le programme est allĂ©chant


La quatriĂšme de couverture voit un homme marchĂ© dans le dĂ©sert. Le ciel rouge sang dĂ©coupe sa silhouette. Il est accompagnĂ© des mots suivants : « Tyler Cross transporte 17 kilos de came, d’une valeur d’un demi-million Ă  la revente au dĂ©tail. Et il a exactement 21 dollars et 81 cents en poche. Il note l’ironie de la chose et se met en marche. »

Un polar aride…

Cet ouvrage de quatre-vingt-dix pages est un polar aride. Son Ă©poque pourrait ĂȘtre celle des annĂ©es cinquante. Il s’adresse incontestablement aux adeptes du genre. Le propos est dur. Certaines scĂšnes sont rudes. Les lecteurs sensibles Ă  l’immoralitĂ© risquent de vivre quelques moments difficiles. NĂ©anmoins, certaines apprĂ©hensions ne doivent empĂȘcher personne de se plonger dans cette histoire Ă  l’atmosphĂšre envoutante, Ă  l’intrigue dense et aux personnages qui ne laissent pas indiffĂ©rents.

Tyler Cross est avant tout une ambiance. Elle m’a envahi dĂšs que j’ai tenu l’objet dans les mains. La couverture et la quatriĂšme de couverture transpire le thriller noir haut de gamme. Je ressentais quasiment la sueur qui habite les zones dĂ©sertiques du continent amĂ©ricain. DĂšs les premiĂšres pages, le voyage dans cet univers est immĂ©diat et intense. J’ai eu le sentiment d’avoir Ă©tĂ© tirĂ© par le col et plongĂ© au cĂŽtĂ© de ce braqueur au sang froid. Je n’ai pu reprendre mon souffle qu’une fois l’album refermĂ© et posĂ© sur ma table de nuit. L’action se centre autour d’une ville perdue au milieu de nulle part rĂ©gie par une famille tyrannisant la population locale. Le dessin de BrĂŒno gĂ©nĂšre une atmosphĂšre malsaine et oppressante qui m’a procurĂ© un vrai plaisir de lecteur. Je ne vous en dĂ©voilerai pas davantage sur ce plan mais sachez que la tension ne diminue jamais.

Cet univers habite une intrigue haut de gamme. Initialement Tyler est embauchĂ© pour faire foirer un deal de drogue. Il doit rĂ©cupĂ©rer la came. L’opĂ©ration Ă©choue et amĂšne donc Tyler Ă  se retrouver dans un trou du Texas avec la dope et pas un sou en poche. Il n’a plus de voiture et les autochtones n’aiment pas trop les Ă©trangers. Les jalons sont posĂ©s pour un enchainement d’évĂ©nements tous liĂ©s plus ou moins directement au tueur. Je n’ai pas l’intention de vous rĂ©vĂ©ler les nombreux rebondissements qui agrĂ©mentent l’histoire. A la maniĂšre de Tyler, le lecteur n’a jamais le temps de se reposer. A chaque que tout semble s’arranger, un grain de sable enraye la machine fragile qu’est le quotidien de Cross. Le sang, la mort, la drogue, le sexe
 Tous les ingrĂ©dients sont de sortie pour offrir un polar prenant.

Une ambiance ensorcelante et une trame captivante Ă©taient dĂ©jĂ  deux arguments de poids pour vous inciter Ă  dĂ©couvrir Tyler Cross. Mais les Ă©loges ne s’arrĂȘtent pas ici. Le scĂ©nario met en scĂšne une galerie de personnages aux personnalitĂ©s variĂ©es et travaillĂ©es. Tout d’abord le personnage principal est splendide. C’est un braqueur qui tue de sang froid. Il apparaĂźt amoral. Et malgrĂ© cela, il m’a fascinĂ©. A tout moment, j’étais Ă  ses cĂŽtĂ©s souhaitant de tout cƓur qu’il s’en sorte. Le cĂŽtĂ© monolithique du hĂ©ros participe Ă  son aura. Le travail graphique de BrĂŒno fait de chacune de ses apparitions un moment fort. Toutes les rencontres qu’il fait au cours de ses pĂ©rĂ©grinations sont Ă©galement hautes en couleur. Il me semble inutile de vous en faire le listing. Par contre, je peux vous dire que j’ai Ă©tĂ© tour Ă  tour touchĂ©, apeurĂ©, dĂ©goutĂ©. Certains protagonistes m’ont fait pitiĂ© d’autres m’ont fait froid dans le dos. Le spectre des Ă©motions est large et cela rend la lecture particuliĂšrement intense.

Au final, Tyler Cross est le chef d’Ɠuvre que j’espĂ©rai. Le travail d’écriture des dialogues de Nury ajoute la cerise sur un gĂąteau dĂ©jĂ  bien appĂ©tissant. Je ne peux que le conseiller Ă  tous les lecteurs adeptes du genre ou plus gĂ©nĂ©ralement sensibles Ă  l’univers du neuviĂšme art. Vous ne regretterez pas le voyage !

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note5

Pierre Tombal, T31 – Peine de mort – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T31 : Peine de mort
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2015


« Pierre Tombal » est une sĂ©rie qui occupait une place importante dans la bibliothĂšque de mes parents. Cela m’a permis, depuis que je suis en Ăąge de lire, de me plonger dans la vie de ce sympathique fossoyeur. Au fur et Ă  mesure des annĂ©es, les aventures de ce personnage nĂ© de la collaboration de Cauvin et Hardy m’ont toujours fait rire. Cela fait que lorsque j’ai quittĂ© le foyer familial, j’ai continuĂ© Ă  m’offrir chaque nouveau tome. Le dernier en date, trente et uniĂšme du nom, n’a pas Ă©chappĂ© Ă  la rĂšgle. Sa parution date du mois d’avril dernier. Il s’intitule « Peine de mort ». En couverture, on y dĂ©couvre la Mort complĂštement hilare alors que sa faux est couverte de sang. Cela rend Pierre perplexe. Personnellement, cela me donne envie de commencer la lecture au plus vite !

Pour ceux qui n’auraient encore jamais rencontrĂ© Pierre Tombal, je vais rapidement vous le prĂ©senter. Il travaille dans un cimetiĂšre. Chaque nouveau tome nous permet de dĂ©couvrir les aventures vĂ©cues de son quotidien. Le moins que je puisse vous dire est que ce n’est pas une sinĂ©cure ! Nous sommes loin du lieu de recueillement apaisĂ© et calme que nous pouvions imaginer. Nos zygomatiques ne s’en plaindront pas !

Les morts : des locataires comme les autres avec leurs petits soucis…

PierreTombal31a« Pierre Tombal » est une sĂ©rie grand public. Elle s’adresse vraiment Ă  tous les publics. MalgrĂ© le lieu original dans lequel elle se dĂ©roule, elle ravira un grand nombre de lecteurs. La bonne idĂ©e est vraiment de rire la Mort. Le scĂ©nario de Cauvin dĂ©mystifie la grande faucheuse et tout ce qui l’entoure. Je trouve la performance remarquable. Les sagas construites autour d’un corps de mĂ©tier sont nombreuses : les profs, les pompiers, les psys, les policiers
 Tous ont leur bande dessinĂ©e. Je dois vous dire qu’elles me paraissent moins avant-gardistes que celle qui traite d’un fossoyeur ! Comme beaucoup d’Ɠuvres de Cauvin, l’album se compose d’une succession de gags s’étalant chacun sur une Ă  trois pages.

Pierre Tombal est prĂ©sent sur chaque planche mais il n’est pas le personnage central de chaque histoire. Les protagonistes sont nombreux. Nous rencontrons bon nombre de visiteurs venus se recueillir sur la tombe d’un proche. Nous croisons Ă©galement des collĂšgues de Pierre qui permet de faire vivre la concurrence dans le milieu. Evidemment, les auteurs n’hĂ©sitent pas Ă  faire parler les morts qui nous font alors part de tous leurs soucis de locataire du cimetiĂšre. Enfin, Hardy et Cauvin matĂ©rialisent la Mort et la Vie. Tout ce petit monde cohabite et permet d’offrir une large palette de gammes humoristiques.

PierreTombal31bCette grande variĂ©tĂ© d’intervenants permet une diversification intĂ©ressante des gags. Les disputes entre la Vie et la Mort, les problĂšmes pratiques de Pierre dans son mĂ©tier, la fascination des humains pour la Mort, les soucis de ses « locataires », l’originalitĂ© de certains passages de vie Ă  trĂ©pas
 Les idĂ©es ne manquent et sont exploitĂ©es avec talent. Cela fait que la lecture ne souffre d’aucun temps mort. Aucune planche n’est moyenne. Cauvin, aprĂšs toutes ses annĂ©es, fait toujours preuve d’une grande imagination. La nouveautĂ© prend les jolis traits et les ravissantes courbes de la cousine de Pierre qui a dĂ©cidĂ© elle-aussi de se lancer dans le mĂ©tier. Je vous laisserai la dĂ©couvrir. Je peux nĂ©anmoins vous que son personnage peut avoir un potentiel intĂ©ressant car elle jour sur le glamour, thĂ©matique peu utilisĂ©e jusqu’alors.

Au final, « Peine de mort » est un excellent cru. J’ai bien rigolĂ© du dĂ©but Ă  a la fin. La densitĂ© et la variĂ©tĂ© des gags est importante et ravira les adeptes de ce type d’humour. J’ai Ă©galement retrouvĂ© avec beaucoup de plaisir le trait de Marc Hardy dont j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment le style. IL permet Ă  cette sĂ©rie de se dĂ©marquer graphiquement de ses acolytes. Bref, je vous conseille de vous y plonger si vous souhaitez vous divertir et muscler vos zygomatiques. Vous ne serez pas déçu


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Pierre Tombal, T28 : L’amour est dans le cimetiĂšre – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T28 : L’amour est dans le cimetiĂšre
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2012


Il y a quelques semaines je me suis offert le vingt-huitiĂšme des aventures de « Pierre Tombal ». Il s’agit du dernier opus des aventures du plus cĂ©lĂšbre fossoyeur apparu dans les rayons des librairies. J’ai dĂ©couvert cette sĂ©rie il y a une vingtaine d’annĂ©es quand certains de ses albums se trouvaient dans la bibliothĂšque de mes parents. J’ai toujours pris plaisir Ă  m’y plonger et me suis donc fait ce petit plaisir de dĂ©couvrir de nouvelles anecdotes se dĂ©roulant dans le cimetiĂšre de ce cher Pierre. Cauvin s’occupe toujours du scĂ©nario et Hardy des dessins. EditĂ© chez Dupuis, cet ouvrage coĂ»te environ onze euros et se compose de presque cinquante pages.

Pierre Tombal est fossoyeur. Il travaille donc dans un cimetiĂšre et nous fait partager son quotidien. On y suit les enterrements, l’entretien des tombes ou les visites des proches venus se recueillir. Mais cet album possĂšde deux stars qui prennent le premier rĂŽle aux vivants : la Mort et Ă  la Vie. Ces deux-lĂ  ont Ă©videmment bien du mal Ă  s’entendre particuliĂšrement dans tel lieu qui marque le passage de l’une Ă  l’autre


Une thématique des plus originales.

Comme je le signalais en introduction, cela fait trĂšs longtemps que je suis le quotidien de Pierre Tombal. La thĂ©matique de cette sĂ©rie est quand mĂȘme originale. Alors que les sagas centrĂ©es sur un mĂ©tier poussent comme des champignons dans le neuviĂšme art, Cauvin Ă©tait assez avant-gardiste avec « Pierre Tombal » ou « Les femmes en blanc ». Mais au-delĂ  de ce cĂŽtĂ© historique, le choix du mĂ©tier de gardien de cimetiĂšre Ă©tait loin d’ĂȘtre Ă©vident. On y a associe le deuil, la tristesse, le noir, le silence ou l’angoisse. Et pourtant, cette sĂ©rie est Ă  l’opposĂ© de tout cela. Et ça commence Ă  durer !

Le bouquin se dĂ©compose en plusieurs gags. Dans la majoritĂ© des cas, ils se composent d’une seule page. Certains en nĂ©cessitent deux ou trois. Ce format fait que cet album peut se feuilleter Ă  tout moment. On n’est pas obligĂ© de tout lire d’une traite. On peut s’offrir cinq minutes de rigolade Ă  tout moment. La quasi-totalitĂ© des histoires se dĂ©roulent dans le cimetiĂšre. Il y a deux schĂ©mas narratifs principaux. Le premier voit Pierre Tombal vivre une anecdote du quotidien. On le voit donc gĂ©rer une situation surprenante, originale et parfois ubuesque. La seconde voie scĂ©naristique voit Pierre conter une histoire qui a dĂ©jĂ  eu lieu Ă  une tierce personne et au lecteur en parallĂšle. Le ton ressemble davantage Ă  une fable qu’on raconterait Ă  un enfant. NĂ©anmoins, ces deux optiques utilisent les mĂȘmes ingrĂ©dients. Une situation nous est prĂ©sentĂ©e au dĂ©but sans qu’on sache rĂ©ellement comment elle doit Ă©voluer. On suit son avancĂ©e pour aboutir Ă  dĂ©nouement surprenant et souvent drĂŽle. La recette est plus que classique. NĂ©anmoins, quand elle est bien exĂ©cutĂ©e, elle est redoutable d’efficacitĂ©.

Lors des premiers tomes de la sĂ©rie, l’essentiel des albums se concentrait sur le monde des vivants. On dĂ©couvrait les soucis du quotidien de Pierre. On rigolait de sa concurrence avec son collĂšgue du crĂ©matorium et avec celui qui organisait les immersions. Au fur et Ă  mesure que la sĂ©rie se dĂ©veloppait, il faisait parler les morts. On commençait donc Ă  voir le cimetiĂšre comme une immense rĂ©sidence dont Pierre Tombal Ă©tait le gestionnaire et les personnes dĂ©cĂ©dĂ©es les locataires. Cette idĂ©e a donnĂ© une ampleur humoristique Ă©norme Ă  mes yeux. Ensuite, au bout d’un moment, la Mort s’est matĂ©rialisĂ©e. Elle offre Ă  son tour une autre corde Ă  l’arc du scĂ©nariste. Voir cette derniĂšre faire son boulot comme n’importe quel employĂ© est drĂŽle. Elle possĂšde des Ă©tats d’ñmes et s’avĂšre de temps Ă  autre maladroite. Bref, elle est bien plus humaine qu’on pouvait le penser. Puis c’est adjoint la Vie qui prend les traits d’une petite fille qui sautille en permanence. Elle est Ă©videmment l’ennemie intime de la Mort. C’est cette derniĂšre recette qui est particuliĂšrement exploitĂ©e dans « L’amour est dans le cimetiĂšre ». Elle est souvent utilisĂ©e Ă  bon escient. L’imagination de Cauvin fait souvent mouche. NĂ©anmoins, je regretterais presque que le scĂ©nariste mette de cĂŽtĂ© les autres aspects de son univers. En effet, la diversitĂ© des gags fait partie de la rĂ©ussite de cette sĂ©rie. C’est dommage.

Concernant les dessins, le trait est reconnaissable. Pierre Tombal a subi relativement peu d’évolution Ă  ce niveau-lĂ  depuis sa naissance. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able car cette dimension graphique fait partie intĂ©grante de l’univers de « Pierre Tombal ». MalgrĂ© un aspect assez brouillon, le style de Hardy s’avĂšre dynamique. Les personnages ne sont jamais statiques et sont particuliĂšrement expressifs. Les personnages masculins ont parfois des visages « cartoonesques » alors que les femmes sont  plutĂŽt classiques. Cet aspect excessif participe Ă  la bonne humeur qui se dĂ©gage de cet album.

En conclusion, je n’ai pas regrettĂ© de m’ĂȘtre procurĂ© « L’amour est dans le cimetiĂšre ». J’y ai trouvĂ© tout ce que j’étais venu y chercher. La qualitĂ© est la mĂȘme que dans les premiers tomes. Ce n’est pas toujours le cas dans ces sĂ©ries au long cours et je tenais Ă  le signaler. Je pense mĂȘme que je craquerai pour le vingt-neuviĂšme opus dĂšs son apparition dans les bacs. Mais cela est une autre histoire
 

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