Uchronie(s) – New Beijing, T2 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : Uchronie(s) – New Beijing, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux nĂ© il y a quelques annĂ©es. Eric Corbeyran avait scĂ©narisĂ© trois trilogies parallĂšles : New York, New Byzance et New Harlem. Elles nous prĂ©sentaient trois rĂ©alitĂ©s uchroniques. La premiĂšre nous plongeait dans le New York que nous connaissons. La seconde nous immergeait dans un New York qui serait la consĂ©quence de la prise de pouvoir de l’Islam Ă  l’échelle mondiale. Enfin, la derniĂšre nous faisait dĂ©couvrir  une AmĂ©rique dominĂ©e par les descendants des Black Panthers. Un dixiĂšme album mettait en lien ses trois univers dans un dĂ©nouement remarquable. J’avais donc Ă©tĂ© surpris lorsque j’avais vu apparaĂźtre dans les rayons trois nouvelles suites : New Beijing, New Moscow et New Delhi. Les premiers tomes Ă©taient de qualitĂ© inĂ©gale. NĂ©anmoins, ma curiositĂ© n’a eu aucun mal Ă  me dĂ©cider Ă  m’offrir le deuxiĂšme Ă©pisode de New Beijing, sujet de ma critique du jour. EditĂ© chez GlĂ©nat, cet opus est sorti le cinq octobre dernier. AurĂ©lien MoriniĂšre se voit confier les dessins.

Le site www.fnac.com propose le rĂ©sumĂ© suivant de cet album : « En cavale, Zack et Ludmilla tentent vaille que vaille de survivre dans l’oppressante New Beijing. De leur cĂŽtĂ©, Charles et Veronika Kosinski sont en libertĂ© surveillĂ©e. Les autoritĂ©s chinoises, qui les emploient de force, sont intriguĂ©es par les visites rĂ©currentes d’intrus qui se volatilisent comme par magie. Dans leur obsession du contrĂŽle, elles espĂšrent bien que le couple saura apporter des rĂ©ponses. Corbeyran rĂ©Ă©dite la recette du succĂšs d’Uchronie[s] avec ces nouvelles rĂ©alitĂ©s parallĂšles aux destins qui s’entrecroisent »

Le premier acte de cette nouvelle aventure ne m’avait pas complĂštement conquis. Je n’y avais pas retrouvĂ© la magie qu’avaient gĂ©nĂ©rĂ©e les trilogies originales. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce dĂ» Ă  l’absence d’effet surprise ? En effet, le fait que des personnes puissent passer d’une rĂ©alitĂ© Ă  une autre est maintenant considĂ©rĂ© comme acquis. Ce n’était Ă©videmment pas aussi clair dans la premiĂšre dĂ©calogie. J’avais donc ressenti une difficultĂ© pour le scĂ©nario Ă  relancer la machine. L’intrigue prenait du temps Ă  trouver son souffle et mon intĂ©rĂȘt de lecteur n’avait pas Ă©tĂ© attisĂ© de maniĂšre trĂšs intense. J’espĂ©rais que tout cela s’emballe un petit peu avec ce deuxiĂšme tome.

Faire cohabiter trois réalités

L’intrigue fait ici cohabiter des personnages issus des trois rĂ©alitĂ©s. En effet, deux personnes ici de New Delhi apparaissent dans l’histoire et Ludimilla est incontestablement originaire de New Moscow. Ces interactions font incontestablement partie du charme de la saga. Elles sont ici assez dĂ©cevantes. Si on met de cĂŽtĂ© les toutes derniĂšres pages, cet aspect est sous-exploitĂ©. J’avais aisĂ©ment acceptĂ© que le premier tome serve Ă  donner vie Ă  l’univers de New Beijing. Je pensais que ce second tome verrait naĂźtre un changement de braquet. Ce n’est pas le cas. Je trouve dommage que l’intĂ©rĂȘt soit vraiment lancĂ© Ă  une dizaine de pages du dĂ©nouement de l’épisode. Les trois premiers quarts sont bien moins intĂ©ressants.

Cet album manque d’enjeu d’ampleur. La narration consacre Ă©normĂ©ment de place Ă  l’évasion de Zack et Ludmilla. On suit leurs pĂ©rĂ©grinations pour Ă©chapper aux forces de l’ordre. Il n’y a rien de novateur et je regrette que cette chasse Ă  l’homme ne s’avĂšre pas aussi original que le concept scĂ©naristique de la sĂ©rie. A l’opposĂ© l’incarcĂ©ration de Charles et Veronika est plus intĂ©ressante. Leurs recherches forcĂ©es recentrent notre attention autour de la matiĂšre noire et des diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s. J’ai regrettĂ© que ce pan de l’histoire n’occupe pas une place plus importante. La fuite de Zack, trop diluĂ©e Ă  mon goĂ»t, empĂȘche la densitĂ© narrative d’augmenter et de gĂ©nĂ©rer ainsi un vĂ©ritable attrait pour le lecteur.

Les dessins d’AurĂ©lien MoriniĂšre ne m’avaient pas conquis lors de ma lecture du premier tome. Je ne peux pas dire que ce second contact ait fondamentalement changĂ© mes sentiments Ă  l’égard de son style. Le trait est appliquĂ© mais manque, Ă  mes yeux, de personnalitĂ©. Les illustrations se contentent d’accompagner le texte sans jamais le sublimer. Ils ne gĂ©nĂšrent pas d’atmosphĂšre oppressante, envoutante ou au minimum dĂ©paysante. Les couleurs de Johann CorgiĂ© sont assez ternes. NĂ©anmoins, je trouve que cette optique colle assez bien au quotidien de la vie Ă  New Beijing.

Au final, ce second acte s’inscrit dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. L’histoire n’est pas dĂ©sagrĂ©able mais manque d’ampleur. La narration manque de densitĂ©. En refermant l’album, j’ai enfin le sentiment que l’histoire dĂ©marre. Je pense que les deux premiers tomes auraient pu ĂȘtre condensĂ©s en un sens. Cela aurait rendu la lecture plus intense et prenante. Il ne me reste donc plus qu’à espĂ©rer que le dĂ©nouement de la trilogie marque un rĂ©el changement de braquet qui saura satisfaire pleinement mes attentes. Mais cela est une autre histoire


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Note : 11/20

Uchronie(s) – New Beijing, T1 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : New Beijing, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Septembre 2012


« Uchronie(s)» est une sĂ©rie de science-fiction particuliĂšrement bien construite. Il s’agit de trois trilogies intitulĂ©s « New Byzance », « New York » et « New Harlem » qui contaient chacune une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente qui se voyaient toutes rĂ©unies dans un dixiĂšme album. La construction narrative Ă©tait remarquable et originale. Il s’agissait d’un vrai travail de scĂ©nariste qui possĂ©dait un dĂ©nouement Ă  la hauteur de l’idĂ©e initiale. Ce n’était pas rien. C’est pourquoi j’ai Ă©tĂ© surpris lorsque j’ai vu une nouvelle trilogie construite sur le mĂȘme principe. Il s’agira de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». Ma critique d’aujourd’hui porte sur le premier acte de la premiĂšre citĂ©e. Cet opus est apparu dans les librairies le vingt-six septembre dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez GlĂ©nat, cet ouvrage se compose d’une grosse quarantaine de pages. Le format est classique et le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents tomes. On y dĂ©couvre le personnage principal entourĂ© de deux inconnues chinoises. Le second plan nous prĂ©sente une mĂ©galopole Ă  l’architecture asiatique. Le ton orange de l’illustration participe au dĂ©paysement. Le point commun avec la saga prĂ©cĂ©dente est Ă©videmment le nom de son auteur, Eric Corbeyran. Le cĂ©lĂšbre auteur de « Le chant des stryges » s’associe ici avec un nouveau dessinateur nommĂ© AurĂ©lien MoriniĂšre que je dĂ©couvre ici.

L’histoire se place dans la continuitĂ© de la premiĂšre dĂ©calogie. NĂ©anmoins, il doit ĂȘtre possible d’entamer la dĂ©couverte avec cet opus. On y dĂ©couvre Zack et ses deux parents apparaitre dans une nouvelle rĂ©alitĂ© : New Beijing. Ici, le monde souffre d’un oppresseur diffĂ©rent de celui subi dans « New Harlem ». Mais la dictature reste source de souffrance quel que soit son interprĂšte. Suite Ă  une utilisation de monnaie non lĂ©gale, les trois personnages se voient sĂ©parĂ©s dans des camps de travail qui les verra dĂ©couvrir ainsi ce nouvel univers dans lequel ils sont amenĂ©s Ă  jouer un rĂŽle


Science-fiction & réalités parallÚles.

Cet album s’adresse Ă  un public adepte de science-fiction et de rĂ©alitĂ©s parallĂšles. Les afficionados du genre seront ravis de se plonger dans cet univers. La richesse de la sĂ©rie rĂ©side dans le fait que chaque rĂ©alitĂ© correspond Ă  une uchronie relativement crĂ©dible sur le plan politique. « New Harlem » marquait la domination du peuple noir sur le monde, « New Byzance » l’hĂ©gĂ©monie du monde musulman. « New Beijing » indique d’aprĂšs son nom que la Chine a pris le pouvoir. Il est donc intĂ©ressant de dĂ©couvrir un fonctionnement mondial suffisamment diffĂ©rent pour nous intriguer et suffisamment proche pour apparaitre rĂ©aliste.

On dĂ©couvre donc avec plaisir ce nouvel ordre sociĂ©tal en suivant les pas des trois personnages principaux. Ils sont familiers aux lecteurs de la premiĂšre sĂ©rie. Cela fait que l’auteur s’épargne une nouvelle prĂ©sentation et offre ainsi une mise en situation rapide. NĂ©anmoins, ils perlent tout au long de la narration des informations qui permettent Ă  tous de maĂźtriser les grandes lignes du passĂ© du trio. Il est Ă©vident que la surprise du fait que les hĂ©ros peuvent passer d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre a disparue depuis les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Il s’agit d’un prĂ©requis qui ne fait pas naitre la mĂȘme curiositĂ© que dans la dĂ©couverte initiale des aventures de Zach. MalgrĂ© tout, cette absence de rĂ©volution scĂ©naristique est compensĂ©e par le plaisir de retrouver un monde qu’on avait quittĂ© avec regret il y a quelques temps.

La difficultĂ© rĂ©side Ă  faire renaitre l’enthousiasme Ă  partir d’une recette qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© optimisĂ©e a priori. Le goĂ»t n’a pas toujours la mĂȘme intensitĂ© quand il ne nous est plus inconnu. Je n’ai pas eu le sentiment de dĂ©vorer avec appĂ©tit ce « New Beijing ». Mais cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de ressentir un vrai attrait pour l’intrigue une fois que je m’y suis plongĂ©. La frustration de voir l’album se clore Ă©tait rĂ©elle et gage d’une certaine rĂ©ussite. L’intrigue n’est pas trop diluĂ©e mĂȘme on espĂšre toujours qu’elle soit davantage dense. Les jalons posĂ©s dans cet acte sont intĂ©ressants dans le sens oĂč ils se dĂ©marquent des tenants et aboutissants de la trame connue jusqu’alors. Il est Ă©vident que la matiĂšre noire possĂšde un rĂŽle central dans l’histoire mais son exploitation potentielle diffĂšre de ce qu’on connaissait jusqu’à maintenant.

« New Beijing » marque l’arrivĂ©e d’un nouveau dessinateur dans l’univers « Uchronie(s) ». Il fait d’ailleurs une entrĂ©e remarquĂ©e puisqu’il se voit Ă©galement confiĂ© l’illustration de « New Delhi ». Son trait ne rĂ©volutionne pas le genre. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas les planches de s’avĂ©rer dynamique. Le dĂ©coupage des cases associĂ© Ă  une capacitĂ© Ă  intĂ©grer du mouvement dans ses dessins font que la narration ne s’appuie pas sur des illustrations passives et statiques. Je trouve que les scĂšnes faisant intervenir les personnages sont trĂšs Ă©purĂ©es. Je regrette parfois que les dĂ©cors n’y trouvent pas une place plus grande. La consĂ©quence que certaines planches de dialogues semblent fades du fait de l’absence de densitĂ© et de diversitĂ© dans les seconds plans. Concernant les couleurs, elles sont l’Ɠuvre de Svart. Elles sont relativement simples mais gĂ©nĂšrent malgrĂ© tout une atmosphĂšre Ă  la lecture.

En conclusion, j’ai pris un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir « New Beijing » et l’univers auquel cet opus appartient. Les risques de dĂ©ception Ă©taient nombreux mais se sont avĂ©rĂ©s sans lendemain. Il est Ă©vident que cet album n’est que la premiĂšre marche d’une trame longue et complexe. Il faudra donc attendre pour se faire une idĂ©e plus prĂ©cise de l’intrigue. Les premiers indices rĂ©sideront dans ma lecture de « New Moscow » paru le mois dernier. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Uchronie(s), New Beijing, T3 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : Uchronie(s), New Beijing, T3
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un des projets les plus ambitieux de la derniĂšre dĂ©cennie dans le l’univers fantastique du neuviĂšme art. Eric Corbeyran a fait naĂźtre trois trilogies se rejoignant dans un dixiĂšme opus. La particularitĂ© de ces histoires est qu’elles faisaient intervenir les mĂȘmes personnages dans trois rĂ©alitĂ©s parallĂšles. L’idĂ©e Ă©tait originale et la rĂ©alisation s’est montrĂ©e Ă  la hauteur de la force scĂ©naristique supposĂ©e.

Alors que l’aventure apparaissait conclue avec la sortie en librairie de « Epilogue » il y a presque quatre ans. C’était donc une surprise quand j’ai vu naĂźtre une suite il y a un petit peu plus de deux ans. Le cĂ©lĂšbre auteur crĂ©ait trois nouvelles rĂ©alitĂ©s intitulĂ©es « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». La critique d’aujourd’hui porte sur la conclusion de la premiĂšre citĂ©e.

UchroniesNewBeijingT3aLe troisiĂšme Ă©pisode de « New Beijing » est apparu en octobre dernier. Sa couverture Ă©tait originale car elle prĂ©sentait deux versions du mĂȘme protagoniste, chacun Ă©tant extrait de son propre monde. Il s’agit de Zack Kosinski, personnage central, de chaque trame quelle que soit leur origine. Comme son nom l’indique, le monde est ici sous domination chinoise. Les dirigeants politiques ont emprisonnĂ© Charles et Veronika Kosinski, parents du hĂ©ros. Ils sont de brillants scientifiques dont la plus belle dĂ©couverte est la fusion noire. Leur crĂ©ation permet de transition d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre. Ce pouvoir donne libre cours Ă  toutes les imaginations.

Pas aussi enthousiasmant que la série originelle.

Comme l’indique son titre, la sĂ©rie exploite pleinement le concept de l’uchronie. TrĂšs Ă  la mode actuellement, cette mĂ©canique narrative offre des rĂ©sultats assez inĂ©gaux en termes de rĂ©sultat. Autant « Block 109 » est une belle rĂ©ussite Ă  mes yeux, autant « Jour J » est moins enthousiasmant. « New Beijing » est un cru Ă  la qualitĂ© correcte. Sans dĂ©gager le mĂȘme enthousiasme que la dĂ©calogie originelle, elle prĂ©sente une intrigue sĂ©rieuse et plutĂŽt prenante.

La premiĂšre rĂ©ussite de l’album est de crĂ©er de maniĂšre crĂ©dible une Chine rĂ©gnant sur le monde. Le fait de voir les parents Kosinski prisonniers permet de s’immerger dans les arcanes des dirigeants du Parti. L’ensemble apparaĂźt crĂ©dible. Le rĂ©alisme facilite notre entrĂ©e dans ce monde cousin du notre. Le cĂŽtĂ© « documentaire » de la lecture est intĂ©ressant et fait partie des atouts de la trilogie.

UchroniesNewBeijingT3bLes enjeux de l’histoire sont clairement Ă©tablis depuis l’épisode prĂ©cĂ©dent. Nous ne pouvons pas dire qu’ils Ă©voluent Ă©normĂ©ment dans ce nouvel album. Le dĂ©roulement du film conducteur se fait davantage Ă  un train de sĂ©nateur car qu’au rythme d’une course effrĂ©nĂ©e. Je ne renie pas le fait que les Ă©vĂ©nements avancent et que les rapports de force Ă©voluent un petit peu. MalgrĂ© tout, je ne peux pas affirmer non plus que nous assistons Ă  un grand chamboulement et Ă  un feu d’artifice de rĂ©vĂ©lation. La trilogie terminĂ©e, bon nombre de questions restent en suspens. Les rĂ©ponses arriveront peut-ĂȘtre dans les rĂ©alitĂ©s parallĂšles ou dans l’épilogue


Sur le plan graphique, le travail de d’AurĂ©lien MoriniĂšre est correct. Il permet une lecture aisĂ©e sans pour autant sublimer les textes. Les personnages sont aisĂ©ment reconnaissables malgrĂ© une densitĂ© de casting assez importante. Par contre, que ce soit le dĂ©coupage ou la mise en scĂšne des cases, rien de rĂ©volutionnaire n’est Ă  signaler. Les couleurs de Johann GorgiĂ© est dans cette lignĂ©e-lĂ . Le choix semble avoir Ă©tĂ© fait de privilĂ©gier le scĂ©nario aux illustrations. Pourquoi pas


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Au bilan, cet album conclut honorablement « New Beijing ». Les trois tomes sont d’une qualitĂ© assez constante. J’ai retrouvĂ© avec plaisir des personnages que j’avais appris Ă  apprĂ©cier durant les dix tomes prĂ©cĂ©dents. Je pense que cette premiĂšre nouvelle trilogie Ă  trouver son dĂ©nouement offre une suite honorable Ă  la dĂ©calogie initiale sans nĂ©anmoins en retrouver la magie et l’originalitĂ©. Il ne me reste plus qu’à dĂ©couvrir l’achĂšvement de « New Moscow » et « New Delhi ». Mais cela est une autre histoire


gravatar_ericNote : 12/20

WollodrĂŻn, T5 : Celui qui dort, 1/2 – David Chauvel & JĂ©rĂŽme Lereculey

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Titre : WollodrĂŻn, T5 : Celui qui dort, 1/2
Scénariste : David Chauvel
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Lereculey
Parution : Octobre 2014


« WollodrĂŻn » ravira les adeptes d’heroĂŻc fantasy et d’univers Ă  la Tolkien. Cette sĂ©rie immerge le lecteur dans un monde peuplĂ© de nains, chevaliers, trolls, orques
 Les lĂ©gendes et la magie sont Ă©galement de sortie. Chacune de ses histoires se dĂ©roule sur deux tomes. Le premier s’intitulait « Le matin des cendres » et le second « Le convoi ». Ma critique porte sur le cinquiĂšme Ă©pisode intitulĂ© « Celui qui dort » qui marque l’entrĂ©e dans un nouveau diptyque.

La couverture prĂ©sente un jeune personnage jusqu’alors inconnu au bataillon. Il apparaĂźt sur la dĂ©fensive. Il accueille le lecteur avec une hache et une masse. Sa main gauche intrigue, elle est munie d’un gant qui illumine la planche. A l’arriĂšre-plan, nous dĂ©couvrons ce qui semble ĂȘtre un tombeau. Est-ce la quĂȘte du hĂ©ros ? Le protĂšge-t-il ?

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Pour en savoir davantage, je me suis orientĂ© vers la quatriĂšme de couverture : « TridĂŻk est un jeune nain romantique. Follement amoureux de la belle MĂ«linhh, il rĂȘve de lui offrir un four une fleur de pierre qu’on ne trouve qu’au plus profond des montagnes. Le jour oĂč l’occasion se prĂ©sente, le jeune prĂ©tendant n’hĂ©site pas une seconde. Son paquetage sur le dos, son fidĂšle petit ami ZzĂŒrk sur l’épaule, il part Ă  l’aventure, ignorant qu’en descendant dans les profondeurs du royaume interdit, il va rĂ©veiller celui qui dort et qu’on ne devrait jamais tirer de son sommeil
 »

Un enfant a priori ordinaire qui est parti pour vivre une aventure extraordinaire.

L’histoire choisit un hĂ©ros classique. TridĂŻk est un enfant a priori ordinaire qui est parti pour vivre une aventure extraordinaire. Il s’agit d’une recette souvent usitĂ©e et qui possĂšde bon nombre d’attraits. Le principal est que la nature du personnage principal gĂ©nĂšre immĂ©diatement de l’empathie Ă  son encontre. Nous l’assimilons Ă  un copain, un frĂšre ou un fils. Il en rĂ©sulte une inquiĂ©tude nĂ©e des dangers qu’il risque d’affronter. Ce sentiment alimente positivement notre curiositĂ©.

Wollodrin5bL’autre apport rĂ©sultant des caractĂ©ristiques de TridĂŻk est qu’il avance vers l’inconnu. Il n’est pas un guerrier lĂ©gendaire qui auraient survĂ©cu Ă  moult batailles, dĂ©couverts des contrĂ©es lointaines et surmontĂ©es une quantitĂ© incommensurable d’épreuves. Par consĂ©quent, il rĂ©agit aux Ă©vĂ©nements au fur et Ă  mesure qu’ils se dĂ©roulent. Il ne prĂ©voit rien car il ne sait rĂ©ellement vers oĂč il se dirige. Cet Ă©tat de fait facilite notre projection dans la quĂȘte de l’enfant. Nous partageons ses interrogations et ses apprĂ©hensions. L’implication dans la lecture n’en est que plus forte.

Concernant l’intrigue en elle-mĂȘme, elle se dĂ©roule Ă  un rythme de croisiĂšre. Elle ne prĂ©sente aucun temps mort et chaque planche apporte son lot d’informations. David Chauvel Ă©crit une trame dense mettant en place un grand nombre de personnages et d’enjeux. Il fait naĂźtre une bonne dose de mystĂšre et pose des jalons intĂ©ressant pour la suite. Nous pouvons lĂ©gitimement nous demander oĂč tout cela nous mĂšne et comment cela va terminer. Par contre, je regrette une absence d’intensitĂ© dramatique. Alors que le fil conducteur laissait croire une avancĂ©e irrĂ©mĂ©diable vers de gros soucis, je trouve qu’au final, TridĂŻk rencontre peu d’embĂ»ches. Sans vous dire que son voyage est comparable Ă  une promenade bucolique, il est moins pĂ©rilleux qu’espĂ©rĂ©. Mais peut-ĂȘtre suis-je trop exigeant


Sur le plan graphique, j’ai retrouvĂ© avec joie les dessins nĂ©s de la plume de JĂ©rĂŽme Lereculey. Ses dĂ©cors sont une petite merveille et font exister un monde fantastique et fascinant. Le dĂ©paysement est total. Les couleurs de Lou doivent Ă©galement recueillir leur lot de louanges. En effet, comment ressentir l’atmosphĂšre oppressante de ces grottes ou le cĂŽtĂ© merveilleux de ces belles forĂȘts sans la touche chromatique adĂ©quate. Je regrette jusque que l’intrigue ait empĂȘchĂ© de dĂ©couvrir de nouvelles trognes de trolls. Je dois avouer qu’il s’agissait d’un de mes petits plaisirs dans les opus prĂ©cĂ©dents.

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Pour conclure, cet album fait honneur Ă  la fantasy. Il offre une intrigue travaillĂ©e, des personnages plutĂŽt rĂ©ussis et un univers identifiable. Je regrette un petit peu une dimension Ă©pique un petit peu lĂ©gĂšre. Peut-ĂȘtre prendra-t-elle son ampleur lors du tome suivant ? Il ne reste plus qu’à attendre pour le savoir


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Note : 15/20

Largo Winch, T19 : ChassĂ©-croisĂ© – Jean Van Hamme & Philippe Francq

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Titre : Largo Winch, T19 : Chassé-croisé
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Philippe Francq
Parution : Novembre 2014


« Largo Winch » est une des plus cĂ©lĂšbres sĂ©ries de bandes dessinĂ©es. En effet, bon nombre de lecteurs guettent la sortie annuelle de la nouvelle aventure du milliardaire en blue jeans. Je fais partie de ces adeptes qui prennent chaque fois plaisir Ă  dĂ©couvrir les pĂ©rĂ©grinations souvent dangereuses dans les arcanes du monde cruel du grand capital. Le dernier opus en date, le dix-neuviĂšme, s’intitule « ChassĂ©-croisé ». Sa sortie en librairie date du mois de novembre dernier.

La particularitĂ© de cette saga est de se composer de diptyques successifs. Cet album marque donc le dĂ©but d’une nouvelle intrigue qui se conclura l’an prochain avec la parution de « 20 secondes ». Celle-ci dĂ©bute Ă  Londres oĂč Largo se rend pour prĂ©sider le Big Board du groupe W. Comme souvent, rĂ©union de travail et moments plus dĂ©tendus se succĂšdent. Evidemment, la situation se complique avec l’apparition dans le jeu de terroristes djihadistes, d’agents troubles et d’espions vĂ©reux


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Le personnage de Largo Winch est assez unique dans son genre dans le monde du neuviĂšme art. Il est dĂ©crit avec les mots suivants sur la quatriĂšme de couverture : « Sans famille ni attaches, contestataire, coureur, vagabond, iconoclaste et bagarreur, il se retrouve, Ă  vingt-six ans Ă  la tĂȘte d’un empire de dix milliards de dollars  » Par les temps qui courent, il peut paraĂźtre de curieux de choisir comme hĂ©ros un patron milliardaire. Evidemment, le scĂ©nariste Jean Van Hamme, en a fait quelqu’un qui possĂšde une fibre sociale et humaniste plutĂŽt dĂ©veloppĂ©e. Cela Ă©vite de tomber dans la caricature du grand chef d’entreprise.

Le cÎté « superhéros » de Winch fait accepter le cÎté manichéen.

Largo est quelqu’un de sympathique. Le lecteur s’y attache rapidement et ne renie jamais l’affection ressentie Ă  l’égard de ce patron pas comme les autres. A aucun moment, on ne lui envie sa richesse ou son pouvoir. Au contraire, on se laisse fasciner par sa capacitĂ© Ă  dĂ©jouer les manipulations des mĂ©chants capitalistes qui l’entourent. L’ensemble est assez manichĂ©en mais le cĂŽtĂ© « superhĂ©ros » de Winch fait accepter cela sans mal. Comme Indiana Jones a du mal Ă  rester un professeur d’universitĂ©, le milliardaire a du mal Ă  rester dans sa tour et ses bureaux pour mener Ă  bien ses affaires.

LargoWinch19bBien souvent, la premiĂšre partie d’un diptyque a pour objectif de poser la situation, de prĂ©senter les enjeux et de mettre le hĂ©ros dans une situation complexe gĂ©nĂ©rant ainsi un suspense Ă  la fin de la lecture. « ChassĂ©-croisé » n’échappe pas Ă  cette rĂšgle. Les personnages principaux arrivent Ă  Londres, s’installent. Pendant ce temps, des inconnus font leur apparition. On les devine animĂ©s de mauvaises intentions mais les zones d’ombre restent nombreuses. Tout ce petit monde se rencontre et de ces interactions naissent des questions pour l’instant sans rĂ©ponse. La recette est efficace mais exĂ©cutĂ©e ici avec une sensation de paresse. Je n’ai pas retrouvĂ© dans cet album l’intensitĂ© dramatique habituelle. J’avais le souvenir que la lecture d’un tome de cette sĂ©rie Ă©tait toujours accompagnĂ©e du sentiment d’ĂȘtre au beau milieu d’un tourbillon d’évĂ©nements qui ne faisaient qu’aggraver la situation de Largo. Ici, le ton est plus lĂ©ger. Les amourettes des diffĂ©rents personnages tendent presque cette histoire d’espionnage vers le vaudeville.

Sur le plan graphique, j’ai retrouvĂ© avec plaisir le trait de Philippe Francq. Je trouve qu’il possĂšde un talent intĂ©ressant pour faire exister ces atmosphĂšres urbaines. Ses dĂ©cors participent au rĂ©alisme de l’ensemble. Cette sensation est indispensable au plaisir de la lecture. Son travail sur les personnages est de qualitĂ© mais plus classique. NĂ©anmoins, nous n’avons aucun mal Ă  s’approprier les personnages qu’ils nous soient familiers ou de nouvelles rencontres.

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Au final, « ChassĂ©-croisé » est un Ă©pisode honnĂȘte des aventures de Largo. J’ai retrouvĂ© cet univers et ce hĂ©ros avec plaisir et j’ai passĂ© un moment agrĂ©able Ă  dĂ©couvrir ses nouveaux soucis. MalgrĂ© tout, ce tome ne fait pas partie des meilleurs de la sĂ©rie. Le scĂ©nario est quelque peu fainĂ©ant en comparaison des meilleurs opus de la saga. Ces bĂ©mols ne m’empĂȘcheront pas de me jeter sur le vingtiĂšme acte pour connaĂźtre le dĂ©nouement de ce sĂ©jour londonien


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Note : 12/20

Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire – Nicolas Barral & Pierre Veys

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Mars 2005


Si je vous parle de Philip et Francis, les plus bĂ©dĂ©philes d’entre vous penserons tout de suite Ă  Blake et Mortimer, les cĂ©lĂšbres hĂ©ros nĂ©s de l’imagination d’Edgard P. Jacobs. Mon avis d’aujourd’hui va parler de leurs « cousins » nĂ©s sous les plumes de Pierre Veys et Nicolas Barral. Ces derniers ont Ă©crit chez Dargaud un tome intitulĂ© « Menaces sur l’Empire » dans la sĂ©rie nommĂ©e « Les aventures de Philippe et Francis ». D’un format classique et vendu au prix de presque quatorze euros, cette saga se prĂ©sente comme trĂšs librement inspirĂ©e des personnages crĂ©Ă©s par Jacobs. « Menaces sur l’empire » est le premier tome de cette sĂ©rie parodique qui en comporte pour l’instant deux.

La quatriĂšme de couverture de l’ouvrage nous offre un rĂ©sumĂ© de l’intrigue particuliĂšrement clair : « Depuis quelques semaines, d’étranges phĂ©nomĂšnes secouent le cƓur de l’empire britannique. Londres vit des heures tragiques : les femmes se rebellent et entreprennent des actions spectaculaires et dĂ©lirantes pour se libĂ©rer du joug de la domination masculine
 On s’aperçoit ainsi que la stabilitĂ© de la sociĂ©tĂ© anglaise dĂ©pend entiĂšrement de la discipline stricte qu’elles respectaient jusqu’alors. Ce changement de comportement annonce-t-il une catastrophe sans prĂ©cĂ©dent ? D’oĂč vient cette terrible menace ? Qui a intĂ©rĂȘt Ă  saper les fondements de cette brillante civilisation ? » 

Il est Ă©vident que cet album prend toute son ampleur quand il est lu par des adeptes de la sĂ©rie dont ils s’inspirent. Une mĂ©connaissance des deux hĂ©ros et de l’esprit de leurs histoires empĂȘche de profiter pleinement de l’humour qui accompagne notre lecture. Du fait de son aspect parodique, il est Ă©vident que le ton de la narration est lĂ©ger. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas l’histoire d’ĂȘtre composĂ©e d’une trame structurĂ©e. Cet album se veut indĂ©pendant et dĂ©crit du dĂ©but Ă  la fin une aventure de nos deux hĂ©ros.

Une trame construite fidÚlement sur les jalons posés par Jacob.

La lecture des premiĂšres pages nous fait dĂ©couvrir des personnages familiers et pourtant plein de surprises. Ce cher Mortimer est un scientifique qui ne pense qu’à manger et qui semble avoir bien du mal Ă  se concentrer sur les problĂšmes du royaume. De son cĂŽtĂ©, Blake est loin d’ĂȘtre le membre des services secrets que nous avons l’habitude de croiser. Il est ici un homme qui habite encore chez sa mĂšre et qui ne semble pas possĂ©der un charisme remarquable. NĂ©anmoins, malgrĂ© ces diffĂ©rences, les auteurs respectent les codes de la sĂ©rie. La trame est construite plutĂŽt fidĂšlement aux jalons posĂ©s par Jacob. Les diffĂ©rents personnages y possĂšdent leur place habituelle. La surprise rĂ©side davantage Ă  la maniĂšre avec laquelle ils occupent leur place. Les auteurs arrivent Ă  manipuler avec une certaine rĂ©ussite les clichĂ©s de la sĂ©rie. Je n’ai eu aucun mal Ă  me plonger dans cette aventure et ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  voir tous ces personnages de bandes dessinĂ©es raillĂ©s et tournĂ©s en bourrique.

CĂŽtĂ© dessins, le trait est bien moins classique que celui si cĂ©lĂšbre de Jacob. Les traits des personnages sont plus arrondis. Leurs visages sont plus expressifs. Sur cet aspect-lĂ , la sĂ©rie est moins froide. NĂ©anmoins les couleurs, les dĂ©cors sont globalement fidĂšles Ă  la sĂ©rie de dĂ©part. En feuilletant rapidement l’ouvrage, on pourrait s’y mĂ©prendre. Cela rend d’ailleurs le pastiche d’autant plus rĂ©ussi. En effet, en respectant beaucoup de codes, en laissant bon nombres de repĂšres aux lecteurs, les auteurs lui permettent de rire d’autant plus facilement de cet ouvrage.

En conclusion, j’ai passĂ© un moment trĂšs agrĂ©able en lisant cet opus. Je ne regrette vraiment pas de me l’ĂȘtre fait offrir. Il est Ă©vident que les personnes non familiĂšres de l’univers de Blake et Mortimer n’ont que peu d’intĂ©rĂȘt Ă  s’y plonger. Pour les autres, je vous garantis une lecture trĂšs sympathique. Je trouve que cet album rĂ©pond parfaitement aux attentes qu’on place en lui. De plus, il ne baisse pas en qualitĂ© tout au long de l’avancĂ©e de l’histoire. C’est Ă  signaler parce que trop souvent dans les ouvrages caricaturaux, le soufflet humoristique disparaĂźt trop tĂŽt. Ce n’est pas ici le cas. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agrĂ©able rencontre avec ces « cousins » de nos cĂ©lĂšbres serviteurs de la couronne britannique


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Note : 13/20

Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. mĂ©tĂ©o – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. météo
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Septembre 2014


Un des indicateurs d’une sĂ©rie appartenant Ă  l’Histoire du neuviĂšme art est le fait que ses codes ont transpirĂ© de ses albums au point de servir de support Ă  la dĂ©rision et au pastiche. « Blake & Mortimer » possĂšde cette caractĂ©ristique depuis la naissance il y a quelques annĂ©es de sa jumelle caricaturale intitulĂ©e « Les aventures de Philip et Francis ». Elle est le fruit de la collaboration du scĂ©nariste Pierre Veys et du dessinateur Nicolas Barral. Ma critique d’aujourd’hui porte sur son troisiĂšme Ă©pisode « S.O.S. MĂ©tĂ©o » paru en septembre dernier chez Dargaud.

La quatriĂšme de couverture nous offre la mise en bouche suivante : « Tout le monde la sait : le professeur Mortimer est gentil. TrĂšs gentil. Un peu trop, mĂȘme. Ce qui fait que beaucoup de ses proches en abusent largement. Le capitaine Blake s’impose chez Mortimer avec un sans-gĂȘne assumĂ©. Nasir, le fidĂšle serviteur, tient tĂȘte Ă  son maĂźtre, et ose mĂȘme Ă©voquer le hideux concept d’augmentation de ses gages. Les commerçants indĂ©licats le traitent avec mĂ©pris. Les voyous du quartier le martyrisent et l’humilient depuis des annĂ©es
 Mais cela a assez durĂ© ! GrĂące Ă  une terrible invention scientifique, notre charmant professeur va se transformer en une crĂ©ature monstrueuse ! Prisonnier de ses instincts criminels incontrĂŽlables, Mortimer va-t-il l’ennemi public numĂ©ro un ? »

Des références qui raviront les habitués de leurs aventures.

PhilipEtFrancis3b« S.O.S. MĂ©tĂ©o » est clairement un hommage Ă  « S.O.S. MĂ©tĂ©ore » un des plus opus les rĂ©ussis de la saga. Il est d’ailleurs clairement Ă©voquĂ© au cours de l’histoire. La cĂ©lĂšbre machine crĂ©Ă©e par le scientifique Miloch est prĂ©sente. Les rĂ©fĂ©rences Ă  l’univers des cĂ©lĂšbres hĂ©ros britanniques sont frĂ©quentes et raviront les habituĂ©s de leurs aventures. Une connaissance de la sĂ©rie de Jacobs me paraĂźt indispensable pour saisir l’ensemble du spectre humoristique de l’album. Il s’agit d’un pastiche de qualitĂ© dans le sens oĂč les codes originaux sont dĂ©tournĂ©s Ă  de nombreux moments et de nombreuses maniĂšres. L’idĂ©e de dĂ©part est originale et elle s’avĂšre bien exploitĂ©e.

PhilipEtFrancis3cNĂ©anmoins, l’ouvrage peut se lire comme une histoire indĂ©pendante dĂ©nuĂ©e de toute filiation prestigieuse. L’intrigue peut se dĂ©couvrir comme une parodie d’enquĂȘte policiĂšre. Tous les aspects du genre sont tournĂ©s en dĂ©rision. Le travail d’écriture de Pierre Veys est suffisamment important pour offrir une quantitĂ© de gags apprĂ©ciable. L’avancĂ©e est rythmĂ©e et la trame ne possĂšde aucun temps mort. Le sourire guide la lecture du dĂ©but Ă  la fin. C’est un album qui se lit avec bonne humeur.

« S.O.S. MĂ©tĂ©o » est un vrai moment de divertissement. Le scĂ©nario n’est pas lutionnaire, les personnages ne possĂšdent pas une profondeur abyssale, l’atmosphĂšre n’est pas envoutante. MalgrĂ© cela le dĂ©roulement des pages se fait avec plaisir et la curiositĂ© est constante au fur et Ă  mesure que les Ă©vĂ©nements se rĂ©vĂšlent. Sur le plan graphique, le trait de Nicolas Barral accompagne parfaitement la narration. Son dessin participe Ă  l’ambiance dĂ©lurĂ©e et sympathique qui transpire de chaque planche. Son style ne bouleverse pas le neuviĂšme art mais valorise correctement le travail scĂ©naristique.

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Pour conclure, « S.O.S. MĂ©tĂ©o » est un album de qualitĂ©. En dĂ©couvrant le menu, les papilles sont Ă©veillĂ©es. AprĂšs dĂ©gustation, je me suis dit que le plat Ă©tait Ă  la hauteur des attentes. Je pense que tout adepte de « Blake & Mortimer » gagnerait Ă  se plonger dans cet hommage haut en couleur. Ce nouvel album confirme la qualitĂ© du travail collaboratif de Pierre Veys et Nicolas Barral et j’attends avec impatience la suite des pĂ©rĂ©grinations de ces deux hĂ©ros dĂ©lurĂ©s


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Note : 13/20

Kickass 3, T1 : Civil War – Mark Millar & John Romita Jr

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Titre : Kickass 3, T1 : Civil War
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr
Parution : Mai 2014


J’ai dĂ©couvert l’univers de « Kick Ass » lors de la sortie de son adaptation dans les salles obscures il y a quatre ans. Ce film se dĂ©marquait dans l’univers dense des super hĂ©ros pour plusieurs raisons. La premiĂšre, dĂ©noncĂ©e par bon nombre de critiques lors de sa sortie, Ă©tait la violence qui transpirait de l’écran tout au long de la sĂ©ance. L’idĂ©e de voir une gamine de treize ans trucider des mafieux Ă  tout bout de champ et sans aucun Ă©tat d’ñme avait crĂ©Ă© quelques malaises. La seconde concernait la nature mĂȘme du hĂ©ros. Il Ă©tait un ado geek et transparent. Il n’avait ni pouvoirs, ni fortunes, ni revanches Ă  assouvir. Il Ă©tait juste fan de comics et rĂȘver d’ĂȘtre un super hĂ©ros. L’opus de Matthew Vaughn m’a enthousiasmĂ© et m’a incitĂ© logiquement Ă  partir Ă  la dĂ©couverte du bouquin qui l’a inspirĂ©. Cette aventure est coĂ©crite par Mark Millar et John Romita Jr. Les parutions amĂ©ricaines des mĂ©andres de Dave Lizewski sont Ă©ditĂ©es chez Panini Comics dans la collection 100% Fusion Comics. Depuis, je m’offre les diffĂ©rentes suites pour connaĂźtre le devenir de ce super-hĂ©ros pas comme les autres et de son acolyte Hit Girl.

DerniĂšrement je me suis plongĂ© dans « Kick Ass 3 ». DĂ©coupĂ© en deux parties, ma critique d’aujourd’hui porte sur la premiĂšre d’entre elles intitulĂ©e « Civil War ». Elle est apparue dans les librairies au mois de mai dernier. A l’image des opus prĂ©cĂ©dents, elle se compose de cent vingt planches et regroupe les cinq Ă©pisodes amĂ©ricains initiaux de « Kick Ass 3 ». Le tome prĂ©cĂ©dent s’était conclu par une bataille rangĂ©e entre les gentils et les mĂ©chants costumĂ©s. Cette guerre sanglante avait Ă©videmment des consĂ©quences pour nos deux hĂ©ros. Dave avait poussĂ© son ennemi historique et l’avait laissĂ© dans la rue les os brisĂ©s. De son cĂŽtĂ©, Hit Girl avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© et s’apprĂȘtait Ă  passer une grande partie des annĂ©es Ă  venir derriĂšre les barreaux. L’éditeur offre un rĂ©sumĂ© prĂ©cis et concis des Ă©vĂ©nements passĂ©s et permet ainsi de commencer la lecture avec des prĂ©requis solides.

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Une introspection s’impose.

J’étais curieux de savoir quelle voie allait prendre l’intrigue. En effet, Hit Girl est emprisonnĂ©. Le grand mĂ©chant est hospitalisĂ© pour quelques temps. La quĂȘte de Kick Ass semblait ĂȘtre terminĂ©e. La logique voulait qu’il entre dans une routine de ronde dans les rues de la ville avec ses collĂšgues super hĂ©ros pour aider la veuve et l’orphelin. Evidemment, la confrĂ©rie se fixe rapidement pour mission de dĂ©livrer leur mythique alliĂ©e en organisant son Ă©vasion. Mais le projet est de bien trop grande ampleur pour chacun d’entre eux et leur quĂȘte reste Ă  l’état de mission. Finalement, l’essentiel de la trame se construit autour du personnage de Dave et l’introspection qu’il s’impose. Ses rĂȘves de justicier existent toujours mais la dure rĂ©alitĂ© qu’il a vĂ©cue a tendance Ă  lui rappeler l’attrait d’une vie plus classique. Dave rencontre l’amour et sa nouvelle relation cohabite difficilement avec ses nuits en costume. MĂȘme si ce dilemme n’est pas novateur, il est intĂ©ressant ici tant l’identification avec le hĂ©ros est plus Ă©vident qu’avec un riche hĂ©ritier ou un Ă©tudiant piquĂ© par une araignĂ©e radioactive. Il s’agit, Ă  mes yeux, de l’aspect le plus prenant de la lecture. On erre dans les pas d’un adolescent qui a Ă©tĂ© dĂ©passĂ© par les Ă©vĂ©nements et qui essaie tant bien que mal de remettre sa vie Ă  l’endroit sur des rails moins fragiles.

Kickass3bParallĂšlement, les auteurs font exister Hit Girl et Mother Fucker. La premiĂšre gĂšre de maniĂšre dictatoriale la prison et chacune de ses apparitions sont drĂŽles tant elles sont dĂ©mesurĂ©es et insensĂ©es. Une des forces de la saga est de rendre cohĂ©rent et crĂ©dible dans son univers ce personnage. On est plus choquĂ© de voir une petite fille fumer une clope ou torturer un mafieux de passage. Sa part de l’histoire est incontestablement, par ses excĂšs, la plus lĂ©gĂšre et celle qui utilise le plus l’humour. De son cĂŽtĂ©, les moments passĂ©s auprĂšs de Mother Fucker semblent avoir pour objectif de reconstruire un monstre aux abois jusqu’alors. On sent la montĂ©e en puissance vers un affrontement final. Sans tout vous dĂ©voiler, il faut savoir que le camp des mĂ©chants s’agrandit et se complexifie lĂ©gĂšrement.

Concernant les dessins, ils sont dans la lignĂ©e du reste de la sĂ©rie. Je ne suis pas un grand fan du trait qui m’apparaĂźt moins travaillĂ© que dans certaines sagas plus classiques et europĂ©ennes. NĂ©anmoins, les personnages sont aisĂ©ment assimilables et l’univers urbain dans lequel ils gravitent est crĂ©dible. La force du style de John Romita Jr est de faire gicler le sang et de montrer la violence avec Ă©clats et sans aucun tabou. De ce fait, cet ouvrage n’est pas Ă  mettre en toutes les mains. L’animalitĂ© des affrontements est montrĂ©e sans aucun filtre. Cela fait partie de l’identitĂ© de l’Ɠuvre mais pourra lĂ©gitimement en dĂ©tourner certains lecteurs.

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Pour conclure, ce nouveau tome offre une suite honnĂȘte aux pĂ©rĂ©grinations de Dave. La qualitĂ© est comparable Ă  celle qui accompagnait la lecture des prĂ©cĂ©dents albums. Nous pourrons toujours regretter que l’intrigue ne soit pas sublimĂ©e et ne prenne pas un nouvel envol plus enthousiasmant. La flamme est entretenue sans pour autant ĂȘtre ardemment alimentĂ©e. Il faudra s’en contenter


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Note : 12/20

La guerre des Sambre, Maxime & Constance, T1 : Automne 1775, la fiancĂ©e de ses nuits blanches – Yslaire & Marc-Antoine Boidin

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Titre : La guerre des Sambre, Maxime & Constance, T1 : Automne 1775, la fiancée de ses nuits blanches
Scénariste : Yslaire
Dessinateur : Marc-Antoine Boidin
Parution : Septembre 2014


« Sambre » est une Ɠuvre majeure des trente derniĂšres annĂ©es dans le neuviĂšme art. L’Ɠuvre d’Yslaire est assez unique dans son genre. Tant sur le plan graphique que scĂ©naristique, elle possĂšde une identitĂ© forte qui a su aisĂ©ment me conquĂ©rir. La naissance de la saga date de 1986. Depuis, Yslaire a offert Ă  sa trame principale des appendices qui nous Ă©clairaient sur le passĂ© de cette famille maudite. Ces dĂ©veloppements narratifs prennent la forme de trilogie centrĂ©e sur une Ă©poque et un couple d’ancĂȘtres de Bernard et Julie. « Hugo & Iris » et « Werner & Charlotte » Ă©taient les premiĂšres Ă  naĂźtre. « Maxime & Constance » est la derniĂšre en date.

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C’est le premier tome de cette nouvelle histoire que ma critique traite aujourd’hui. Il s’intitule « Automne 1775 ». MalgrĂ© son insertion dans une toile scĂ©naristique dense, cet album peut se lire sans nĂ©cessairement possĂ©der de gros prĂ©requis de l’univers de « Sambre ». NĂ©anmoins, en maĂźtriser les arcanes permet de saisir certains moments ou certaines informations avec un angle de vue plus riche.

Une famille vouée à ne connaßtre que le malheur.

Les Sambre sont une famille vouĂ©e Ă  ne connaĂźtre que le malheur. En effet, tous les membres dont j’ai eu jusqu’alors dĂ©couvert les vies n’ont connu que souffrance, douleur et dĂ©chĂ©ance. Cet album ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle en offrant une introduction des plus intenses. Les rĂ©vĂ©lations faites Ă  Charlotte ne peuvent laisser personne indemnes. Le moins qu’on puisse dire est que c’est une armĂ©e de cadavres qui emplissent les armoires du passĂ© familial.

Il est intĂ©ressant de se plonger dans une histoire qui a de grandes chances de mal se terminer. En effet, il est rare d’ĂȘtre rĂ©signĂ© Ă  une issue fatale dĂšs la dĂ©couverte des premiĂšres pages. En tant que lecteur, j’ai acceptĂ© que la malĂ©diction qui domine cette famille soit telle que garder espoir est sans intĂ©rĂȘt. MalgrĂ© cela, je reste curieux de rencontrer ces nouveaux jeunes membres de la saga. Maxime-Augustin est le personnage central de cette nouvelle trilogie. Nous le dĂ©couvrons enfant puis le voyons grandir jusqu’à devenir un jeune adulte.

Son quotidien est rude. Les moments de bonheur sont rares et sont perçus par le lecteur comme des respirations entre deux scĂšnes plus difficiles. Les auteurs arrivent Ă  gĂ©nĂ©rer le malaise avec finesse et offre ainsi une lecture qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Les Ă©preuves subies par le personnage principal devraient faire naĂźtre une empathie naturelle Ă  son Ă©gard. Ce n’est pas totalement le cas tant Maxime-Augustin inquiĂšte plus qu’il ne touche. Son dĂ©veloppement personnel en fait quelqu’un de trouble. Sur ce point, le travail d’écriture est remarquable.

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Le bĂ©mol rĂ©side davantage dans la trame gĂ©nĂ©rale. Ce premier acte se contente d’ĂȘtre une introduction Ă  la suite des Ă©vĂ©nements. Au final, il se passe peu de choses. La narration avance Ă  un rythme de sĂ©nateur. Certaines transitions auraient pu ĂȘtre traitĂ©es de maniĂšre plus courtes et densifier ainsi le propos. Une fois la lecture terminĂ©e, j’ai eu le sentiment que l’intrigue allait enfin pouvoir dĂ©marrer rĂ©ellement. Je ne dis pas que cet opus est creux. C’est loin d’ĂȘtre le cas. Mais je pense que le fil narratif aurait pu se dĂ©rouler un petit peu plus rapidement.

Une des richesses de cette grande saga est son immersion dans l’Histoire. Le travail de reconstitution apparait sĂ©rieux. Les auteurs n’hĂ©sitent pas Ă  intĂ©grer de grands moments historiques dans le quotidien de ses personnages. Cette prĂ©sence est moins forte dans cette trilogie que dans la prĂ©cĂ©dente. Ce n’est pas dĂ» Ă  une fainĂ©antise du scĂ©nario mais plutĂŽt au changement de statut social des Sambre. MalgrĂ© tout, l’atmosphĂšre de cette fin du dix-huitiĂšme siĂšcle transpire de chaque page et apporte un Ă©cot Ă  la qualitĂ© de l’ensemble.

Tout cela est sublimĂ© par le trait de Marc-Antoine Boidin. Il Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre dans la trilogie prĂ©cĂ©dente et confirme ici son talent d’illustrateur. Que ce soit les dessins ou les couleurs, tout est splendide. Il arrive Ă  respecter le style original d’Yslaire tout en y apportant sa touche personnelle. La couverture est rĂ©ussie et dĂšs la premiĂšre page, le charme agit. Chapeau !

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Pour conclure, « Maxime & Constance – Automne 1775 » prĂ©sente une mise en bouche agrĂ©able au palais mĂȘme si la quantitĂ© apparait un petit peu lĂ©gĂšre. NĂ©anmoins, ce premier acte m’incite Ă  dĂ©guster la suite avec appĂ©tit et curiositĂ©. Ce n’est pas si mal, me semble-t-il


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Note : 13/20

Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire – Christophe Arleston & Alessandro Barbucci

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Titre : Ekhö, monde miroir, T2 : Paris Empire
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Alessandro Barbucci
Parution : Novembre 2013


Christophe Arleston est un scĂ©nariste que j’avais tendance Ă  ignorer ces derniĂšres annĂ©es. Pourtant, il a accompagnĂ© mon adolescence avec Lanfeust de Troy, Les MaĂźtres Cartographes,Leo Loden ou encore Le chant d’Excalibur. Mais Lanfeust des Etoiles a marquĂ© pour moi la chute du piĂ©destal sur lequel je l’avais placĂ©.  Les albums qu’il a Ă©crits ses derniĂšres annĂ©es apparaissent bien moins travaillĂ©s et chiadĂ©s. Il suffit de voir les derniers Ă©pisodes de Les ForĂȘts d’Opale ou Les naufragĂ©s d’Ythaqpour s’en persuader aisĂ©ment. Je m’étais quasiment rĂ©signĂ© quant au fait de trouver Ă  nouveau la magie qui pouvait naĂźtre de l’imagination d’Arleston.

C’est en dĂ©couvrant par hasard une critique Ă©logieuse sur le premier tome d’une nouvelle sĂ©rie dĂ©but d’annĂ©e que j’ai dĂ©cidĂ© de lui donner une nouvelle chance. Cette saga s’intitulait Ekhö monde miroir. J’avais apprĂ©ciĂ© le concept et trouvĂ© les personnages trĂšs sympathiques. Je n’ai donc pas hĂ©sitĂ© trĂšs longtemps avant de m’offrir le deuxiĂšme opus de la sĂ©rie intitulĂ©e Paris empire et sorti chez Soleil le treize novembre dernier.

La quatriĂšme de couverture pose les jalons de l’univers de la saga : « Ekhö est un monde miroir de la Terre. On y retrouve nos villes, nos pays, mais lĂ©gĂšrement diffĂ©rents : l’électricitĂ© n’existe pas, les dragons remplacent les avions de ligne, les wagons du mĂ©tro sont sur le dos d’étranges mille-pattes
 »

Réécrire le monde en répondant aux codes de la fantasy

L’idĂ©e est intĂ©ressante. RĂ©Ă©crire le monde dans une dimension parallĂšle rĂ©pondant aux codes de la fantasy m’attirait. Le premier tome avait Ă©tĂ© plutĂŽt bon dans le domaine. Ce nouvel Ă©pisode est Ă©galement rĂ©ussi. Je trouve que le Paris crĂ©Ă© par Arleston et mis en image par Barbucci possĂšde une identitĂ© propre tout en respectant les codes classiques et touristiques de la capitale française. La tour Eiffel, les bateaux mouche, Notre Dame
 Rien n’est nĂ©gligĂ©. Ce support scĂ©naristique permet Ă  Arleston d’exploiter son sens de la vanne et de la rĂ©partie.

L’histoire se construit autour d’un duo de personnages assez rĂ©ussi. Il s’agit de Fourmille et Yuri transfĂ©rĂ©s de notre rĂ©alitĂ© Ă  Ekhö au dĂ©but du premier tome. Leur couple fonctionne bien. Ils ne se supportent pas et pourtant ils ne doivent pas se quitter. Cela donne lieu Ă  des dialogues trĂšs drĂŽles et bien Ă©crits. Je regrette d’ailleurs qu’ils soient moins frĂ©quents dans cet album. Les auteurs laissent davantage de place Ă  l’intrigue et Ă  ses rebondissements au dĂ©triment du comique construit autour des hĂ©ros. C’est un choix qui se dĂ©fend mais je trouve dommage de ne pas plus privilĂ©gier l’humour dans un tel univers. Le comique de situation que peut gĂ©nĂ©rer le changement de monde est un des arguments de la sĂ©rie. Il ne faut pas le nĂ©gliger.

L’histoire connaĂźt davantage de rebondissements que dans le premier tome. En effet, les codes sont maintenant connus et les auteurs peuvent nous faire entrer plus rapidement dans l’intrigue. Cette derniĂšre est plutĂŽt bien construite. Il y a de nombreux rebondissements. Certes l’ensemble n’est pas un monument d’originalitĂ© et certains moments sont un petit peu brouillons. NĂ©anmoins, la bonne ambiance gĂ©nĂ©rale fait occulter sans trop d’efforts ces quelques dĂ©fauts. L’humeur chaleureuse rĂ©sulte aussi des dessins de Barbucci dont le trait participe pleinement au plaisir de la lecture. Son style dynamique est Ă  l’origine de la qualitĂ© graphique des personnages et des lieux.

Pour conclure, Paris empire est un Ă©pisode honnĂȘte qui offre une suite honorable au prĂ©cĂ©dent opus. Ekhö ne fera jamais partie des sĂ©ries cultes du neuviĂšme art mais en gardant cette qualitĂ©, chaque nouveau tome sera pour moi l’occasion de passer un agrĂ©able moment et ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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Note : 12/20