Titre : Uchronie(s) – New Beijing, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2013
Uchronie(s) est un projet ambitieux nĂ© il y a quelques annĂ©es. Eric Corbeyran avait scĂ©narisĂ© trois trilogies parallĂšles : New York, New Byzance et New Harlem. Elles nous prĂ©sentaient trois rĂ©alitĂ©s uchroniques. La premiĂšre nous plongeait dans le New York que nous connaissons. La seconde nous immergeait dans un New York qui serait la consĂ©quence de la prise de pouvoir de lâIslam Ă lâĂ©chelle mondiale. Enfin, la derniĂšre nous faisait dĂ©couvrir  une AmĂ©rique dominĂ©e par les descendants des Black Panthers. Un dixiĂšme album mettait en lien ses trois univers dans un dĂ©nouement remarquable. Jâavais donc Ă©tĂ© surpris lorsque jâavais vu apparaĂźtre dans les rayons trois nouvelles suites : New Beijing, New Moscow et New Delhi. Les premiers tomes Ă©taient de qualitĂ© inĂ©gale. NĂ©anmoins, ma curiositĂ© nâa eu aucun mal Ă me dĂ©cider Ă mâoffrir le deuxiĂšme Ă©pisode de New Beijing, sujet de ma critique du jour. EditĂ© chez GlĂ©nat, cet opus est sorti le cinq octobre dernier. AurĂ©lien MoriniĂšre se voit confier les dessins.
Le site www.fnac.com propose le rĂ©sumĂ© suivant de cet album : « En cavale, Zack et Ludmilla tentent vaille que vaille de survivre dans lâoppressante New Beijing. De leur cĂŽtĂ©, Charles et Veronika Kosinski sont en libertĂ© surveillĂ©e. Les autoritĂ©s chinoises, qui les emploient de force, sont intriguĂ©es par les visites rĂ©currentes dâintrus qui se volatilisent comme par magie. Dans leur obsession du contrĂŽle, elles espĂšrent bien que le couple saura apporter des rĂ©ponses. Corbeyran rĂ©Ă©dite la recette du succĂšs dâUchronie[s] avec ces nouvelles rĂ©alitĂ©s parallĂšles aux destins qui sâentrecroisent »
Le premier acte de cette nouvelle aventure ne mâavait pas complĂštement conquis. Je nây avais pas retrouvĂ© la magie quâavaient gĂ©nĂ©rĂ©e les trilogies originales. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce dĂ» Ă lâabsence dâeffet surprise ? En effet, le fait que des personnes puissent passer dâune rĂ©alitĂ© Ă une autre est maintenant considĂ©rĂ© comme acquis. Ce nâĂ©tait Ă©videmment pas aussi clair dans la premiĂšre dĂ©calogie. Jâavais donc ressenti une difficultĂ© pour le scĂ©nario Ă relancer la machine. Lâintrigue prenait du temps Ă trouver son souffle et mon intĂ©rĂȘt de lecteur nâavait pas Ă©tĂ© attisĂ© de maniĂšre trĂšs intense. JâespĂ©rais que tout cela sâemballe un petit peu avec ce deuxiĂšme tome.
Faire cohabiter trois réalités
Lâintrigue fait ici cohabiter des personnages issus des trois rĂ©alitĂ©s. En effet, deux personnes ici de New Delhi apparaissent dans lâhistoire et Ludimilla est incontestablement originaire de New Moscow. Ces interactions font incontestablement partie du charme de la saga. Elles sont ici assez dĂ©cevantes. Si on met de cĂŽtĂ© les toutes derniĂšres pages, cet aspect est sous-exploitĂ©. Jâavais aisĂ©ment acceptĂ© que le premier tome serve Ă donner vie Ă lâunivers de New Beijing. Je pensais que ce second tome verrait naĂźtre un changement de braquet. Ce nâest pas le cas. Je trouve dommage que lâintĂ©rĂȘt soit vraiment lancĂ© Ă une dizaine de pages du dĂ©nouement de lâĂ©pisode. Les trois premiers quarts sont bien moins intĂ©ressants.
Cet album manque dâenjeu dâampleur. La narration consacre Ă©normĂ©ment de place Ă lâĂ©vasion de Zack et Ludmilla. On suit leurs pĂ©rĂ©grinations pour Ă©chapper aux forces de lâordre. Il nây a rien de novateur et je regrette que cette chasse Ă lâhomme ne sâavĂšre pas aussi original que le concept scĂ©naristique de la sĂ©rie. A lâopposĂ© lâincarcĂ©ration de Charles et Veronika est plus intĂ©ressante. Leurs recherches forcĂ©es recentrent notre attention autour de la matiĂšre noire et des diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s. Jâai regrettĂ© que ce pan de lâhistoire nâoccupe pas une place plus importante. La fuite de Zack, trop diluĂ©e Ă mon goĂ»t, empĂȘche la densitĂ© narrative dâaugmenter et de gĂ©nĂ©rer ainsi un vĂ©ritable attrait pour le lecteur.
Les dessins dâAurĂ©lien MoriniĂšre ne mâavaient pas conquis lors de ma lecture du premier tome. Je ne peux pas dire que ce second contact ait fondamentalement changĂ© mes sentiments Ă lâĂ©gard de son style. Le trait est appliquĂ© mais manque, Ă mes yeux, de personnalitĂ©. Les illustrations se contentent dâaccompagner le texte sans jamais le sublimer. Ils ne gĂ©nĂšrent pas dâatmosphĂšre oppressante, envoutante ou au minimum dĂ©paysante. Les couleurs de Johann CorgiĂ© sont assez ternes. NĂ©anmoins, je trouve que cette optique colle assez bien au quotidien de la vie Ă New Beijing.
Au final, ce second acte sâinscrit dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. Lâhistoire nâest pas dĂ©sagrĂ©able mais manque dâampleur. La narration manque de densitĂ©. En refermant lâalbum, jâai enfin le sentiment que lâhistoire dĂ©marre. Je pense que les deux premiers tomes auraient pu ĂȘtre condensĂ©s en un sens. Cela aurait rendu la lecture plus intense et prenante. Il ne me reste donc plus quâĂ espĂ©rer que le dĂ©nouement de la trilogie marque un rĂ©el changement de braquet qui saura satisfaire pleinement mes attentes. Mais cela est une autre histoireâŠ
Note : 11/20