Titre : Atalante, T6 : Le labyrinthe d’HadĂšs
Scénariste : Crisse
Dessinateur : Grey
Parution : Novembre 2013
« Atalante » est une des plus anciennes sĂ©ries dont je mâoffre les Ă©pisodes avec mes propres deniers. En effet, lâessentiel de ma culture bĂ©dĂ©phile a Ă©tĂ© alimentĂ©e par la bibliothĂšque de mes parents. Câest en dĂ©couvrant « Lanfeust de Troy » dans mon adolescence que jâai commencĂ© Ă me construire ma propre collection. Ma dĂ©couverte de « Atalante » est dans cette lignĂ©e. Depuis, je guette rĂ©guliĂšrement la parution des nouvelles pĂ©rĂ©grinations de lâhĂ©roĂŻne. Il faut dire que son histoire dans les arcanes de la mythologie est toujours haute en couleur. MĂȘme si la saga est loin de rĂ©volutionner le neuviĂšme art, elle ne se gĂȘne pas pour autant pour nous faire voyager et nous faire vivre de belles et lĂ©gendaires aventures.
Le dernier opus en date sâintitule « Le Labyrinthe dâHadĂšs ». Toujours Ă©ditĂ© chez Soleil, il est apparu dans les librairies le vingt-sept novembre dernier. La couverture nous prĂ©sente lâhĂ©roĂŻne une torche Ă la main dans une posture guerriĂšre. Au second plan, apparaissent quatre de ses acolytes au visage quelque peu inquiet. Ce sentiment est peut-ĂȘtre nĂ© de la vision du visage inquiĂ©tant et inconnu qui occupe la partie supĂ©rieure de lâillustration.
Pour les novices de la sĂ©rie, je vous prĂ©sente les mots offerts par la quatriĂšme de couverture : « Les Ăges sombres. La GrĂšce baigne en pleine mythologie. Les lĂ©gendes contĂ©es sont toutes plus envoĂ»tantes les unes que les autres. Voici lâune dâelle : la fabuleuse histoire dâAtalante. AbandonnĂ©e dĂšs la naissance par son pĂšre, puis condamnĂ©e Ă vivre sans amour par la dĂ©esse HĂ©ra, elle est recueillie par les ĂȘtres de la forĂȘt. Nymphes, satyres et dryades lui apprennent le langage des animaux. Devenue une belle aventuriĂšre, elle se joint aux Argonautes dans leur quĂȘte de la Toison dâor, seule femme autorisĂ©e Ă suivre les plus grands hĂ©ros grecs dans cette fabuleuse aventure ! »
PremiĂšre mauvaise surprise…
En dĂ©couvrant les premiĂšres pages de lâouvrage, la premiĂšre (mauvaise) surprise est le changement de style graphique. Je ne reconnais plus le trait si particulier et sympathique de Crisse. Pourtant son seul nom apparaĂźt sur la couverture. Câest en dĂ©couvrant la page la garde que je rĂ©alise que les dessins sont dĂ©sormais lâĆuvre de Grey. Ce dernier que je ne connaissais pas jusquâalors essaie bien de coller au trait de son prĂ©dĂ©cesseur mais le succĂšs est loin dâĂȘtre tout le temps au rendez-vous. Les personnages sont plus anguleux. Ils apparaissent moins travaillĂ©s. En tant que lecteur, je me sens mâĂ©loigner dâeux. Le souci est que câest avec Atalante que la rupture est la plus dure. Jâai presque eu lâimpression quâil sâagissait dâun nouveau personnage principal. Bref, mon immersion dans ce labyrinthe me rendait un petit peu chafouin.
Il faut dire que la suite nâallait pas arranger les choses. En plus de sâĂȘtre dĂ©chargĂ© du dessin, Crisse semble avoir bĂąclĂ© son scĂ©nario. La trame ne semble suivre aucun fil conducteur solide. Elle ne prĂ©sente aucun rebondissement. Les pages dĂ©filent Ă un rythme effrĂ©nĂ© tant elles semblent vides et creuses. La comparaison avec les tomes prĂ©cĂ©dents est douloureuse. Je suis arrivĂ© Ă la fin de celui-ci avec lâimpression que rien nâavait dĂ©marrĂ©. Des planches illustratives immenses nous sont proposĂ©es rĂ©guliĂšrement pour remplir difficilement la quarantaine de pages de lâalbum. HĂ©las, Grey ne dĂ©montre pas assez de talent pour nous subjuguer et nous transporter avec son trait. Ils offrent des cases assez dĂ©cevantes tant les dĂ©cors sont peu travaillĂ©s et dĂ©veloppĂ©s. A aucun moment, il nâarrive Ă faire naĂźtre une atmosphĂšre pourtant indispensable quand on se balade dans un labyrinthe menant aux Enfers.
De plus, les personnages sont complĂštement nĂ©gligĂ©s. Un des aspects sympathiques de la sĂ©rie rĂ©side dans les dialogues souvent drĂŽles et dĂ©calĂ©s qui accompagnent les aventures dangereuses de tout ce petit monde. Ici, tout a disparu. Les traits humoristiques ont disparu. La densitĂ© des propos est dâune rare faiblesse. Câest vraiment dommage parce que « Atalante » mĂ©lange bien souvent aventures, mythologie et rigolades, le tout sous le trait de Crisse. Il sâagit dâun cocktail qui fonctionne bien et qui permet aisĂ©ment de passer outre les quelques dĂ©fauts qui pouvaient de temps en temps parsemer les premiers Ă©pisodes. « Le Labyrinthe dâHadĂšs » ne possĂšde plus cette touche et câest bien triste.
Pour conclure, vous lâaurez compris, cet album est une grande dĂ©sillusion Ă mes yeux. Je ne sais vraiment pas ce que Crisse a voulu faire en Ă©crivant cet opus. Une chose est sĂ»re, il ne mâa pas conquis. NĂ©anmoins, je ne renie pas pour autant lâaffection que je porte Ă son hĂ©roĂŻne et espĂšre que la suite saura retrouver les standards de la sagaâŠ