Leo Loden, T19 : Spéculoos à la Plancha

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Titre : Léo Loden, T19 : Spéculoos à la Plancha
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Janvier 2010


LĂ©o Loden, sĂ©rie de bandes dessinĂ©es fruit de l’imagination de Carrere, Arleston et Nicoloff, est composĂ©e maintenant de dix-neuf tomes. Le dernier de la saga est intitulĂ© « SpĂ©culoos Ă  la plancha » et est vendu au prix d’environ dix euros. Il est Ă©ditĂ© aux Ă©ditions « Soleil ». L’histoire s’étale sur une cinquantaine de pages.

Leo Loden est un dĂ©tective privĂ© et un ancien membre de la police judiciaire. Chaque album met en Ɠuvre une de ses enquĂȘtes. Chaque tome met en place une histoire indĂ©pendante mĂȘme si de nombreux personnages sont rĂ©currents. Il est toujours accompagnĂ© par son oncle Loco, un ancien de la marine haut en couleur. Et bien souvent, ses aventures mettent sur son chemin la ravissante commissaire MarlĂšne qui a la particularitĂ© de partager sa vie et d’ĂȘtre particuliĂšrement jalouse. Initialement Leo habite sur Marseille et nombre de ses aventures nous font visiter la France.

AngoulĂȘme et son cĂ©lĂšbre festival de bande-dessinĂ©es.

C’est encore ici le cas. En effet, l’histoire se dĂ©roule Ă  AngoulĂȘme durant son cĂ©lĂšbre festival de bandes dessinĂ©es. Il n’est d’ailleurs pas anodin que l’album soit sorti cette semaine en mĂȘme temps que l’évĂ©nement avait lieu en Charente. Alors que notre trio de choc se balade Ă  la recherche de la dĂ©dicace et profite de rencontrer leurs auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s, un vol a lieu. En effet, les planches inĂ©dites du prochain opus de « Lanfeust » sont subtilisĂ©es. Heureusement, notre ami Leo est dans la place et se met en quĂȘte de les retrouver


La construction de la trame est classique et ressemble Ă  tous les opus prĂ©cĂ©dents. DĂšs les premiĂšres pages, un vol ou un rapt a lieu et on confie l’affaire Ă  nos hĂ©ros. Ensuite, leur enquĂȘte se met en place et voit se succĂ©der poursuites, bagarres, dĂ©couvertes et retournements de situation. De ce cĂŽtĂ©-lĂ , la trame est souvent une nouvelle fois assez rythmĂ©e. On ne prend pas de temps Ă  contempler les paysages. L’accent est vraiment mis sur l’action. Cela rend la lecture agrĂ©able et sans temps mort. On prend plaisir Ă  dĂ©couvrir l’histoire et on est curieux de connaĂźtre ce que cache la page suivante.

Mais l’intĂ©rĂȘt ne rĂ©side pas uniquement dans la quĂȘte du coupable et de son mobile. Les personnages sont hauts en couleur et participent activement Ă  la chaleur de l’ensemble. Mon prĂ©fĂ©rĂ© reste l’oncle Loco avec ses anecdotes de vieux combattant de la marine. Son amour de la bonne bouffe fait que tout est une occasion de se remplir la panse ou le gosier. ParallĂšlement Leo doit souvent cacher certaines de ses activitĂ©s Ă  sa chĂšre et tendre au risque de la facher soit parce qu’il la rend jaloux soit parce qu’il entrave le travail de la police. GĂ©nĂ©ralement, cela donne lieu Ă  des colĂšres mythiques de la ravissante MarlĂšne et Leo en sort rarement indemne ! Cet album est particuliĂšrement rĂ©ussi sur ce plan-lĂ . Les dialogues sont bons, les vannes sont drĂŽles. Alors que j’étais plutĂŽt déçu par les derniers opus, les trouvant un petit peu fades, ce n’est ici pas le cas. En effet, le scĂ©nario est dense et l’humour est au rendez-vous. Un des attraits propres Ă  cet album est de nous faire naviguer dans l’univers de la bande dessinĂ©e en multipliant les apparitions des guest-stars : Tarquin, Arleston, Mourier etc. Cela donne une dimension particuliĂšre et prenante Ă  la trame.

Les dessins participent activement Ă  l’ambiance chaleureuse de l’album. Le style de Carrere est trĂšs agrĂ©able. Les personnages sont trĂšs rĂ©ussis, ils sont loin de manquer de personnalitĂ© dans leurs traits. De plus, les couleurs sont trĂšs prĂ©sentes et trĂšs vives. Cela habille parfaitement les pages et accompagne parfaitement le scĂ©nario.

Pour conclure, j’ai trouvĂ© cet album trĂšs agrĂ©able Ă  lire. J’ai retrouvĂ© avec plaisir des personnages pour lesquels j’éprouve beaucoup d’affection. Il s’agit d’une lecture lĂ©gĂšre et agrĂ©able qui s’adresse Ă  tous les publics. « Leo Loden » est une sĂ©rie familiale et cet album n’échappe pas Ă  la rĂšgle. De plus, je suis content que ce tome soit de meilleure qualitĂ© que les opus prĂ©cĂ©dents qui m’avaient un petit peu déçus. Je ne peux donc que vous conseiller de dĂ©couvrir ou de retrouver le dĂ©tective privĂ© le plus cĂ©lĂšbre de Marseille. Bonne lecture ! 

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note3

Leo Loden, T22 : Tropézienne dum-dum

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Titre : Leo Loden, T22 : Tropézienne dum-dum
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Août 2013


J’ai dĂ©couvert Leo Loden il y a une quinzaine d’annĂ©es. Je suis rapidement trouvĂ© sous le charme des aventures drĂŽles et rythmĂ©es de ce dĂ©tective privĂ© marseillais. Un nouvel album parait chaque annĂ©e et le voit voyager aux quatre coins de la France. Le dernier Ă©pisode en date est sorti le dix-neuf septembre dernier. EditĂ© chez Soleil, il se compose classiquement de quarante-huit pages. Son prix avoisine onze euros. Son scĂ©nariste est le cĂ©lĂšbre Christophe Arleston dont le principal fait d’arme est d’avoir fait naĂźtre Lanfeust de Troy. Il s’associe au dessinateur Serge CarrĂšre dont j’apprĂ©cie Ă©galement le travail sur  le sympathique Private Ghost. Depuis quelques tomes, LoĂŻc Nicoloff intervient sur le scĂ©nario et Cerise se charge des couleurs.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente son hĂ©ros avec les mots suivants : « Etre accusĂ© d’une bavure alors qu’on a tirĂ© en l’air, ça Ă©nerve. AprĂšs, on quitte la P.J. et on devient un privĂ©. MĂȘme si le milieu n’est plus ce qu’il Ă©tait. MĂȘme si Marseille a oubliĂ© Pagnol. MĂȘme si on a dans les pattes un tonton loufoque. Etre flic, c’est comme manger des cacahuĂštes : c’est dur d’arrĂȘter. »

Le Var pour décor

Cette sĂ©rie s’adresse Ă  un public trĂšs large. Les jeunes et les moins jeunes y trouveront leur compte. L’album peut se lire indĂ©pendamment des autres. Chaque aventure correspond Ă  une nouvelle enquĂȘte. NĂ©anmoins, il est Ă©vident que les familiers de la saga prendront plaisir Ă  suivre l’évolution des personnages que sont Leo, sa fiancĂ©e et son oncle. Chaque aventure se construit dans un lieu diffĂ©rent. Ici, le dĂ©partement du Var sert de dĂ©cors aux pĂ©rĂ©grinations du hĂ©ros et de ses acolytes. Les auteurs prennent toujours plaisir Ă  jouer avec les codes locaux selon des principes proches de AstĂ©rix. Cet album n’échappe pas Ă  la rĂšgle avec, entre autre, l’apparition dans l’histoire d’un match de rugby Ă  Mayol et du clin d’Ɠil Ă  Mourad Boudjellal, ancien patron de Soleil, qui en dĂ©coule. Cet aspect est moins dĂ©veloppĂ© que dans d’autres albums. En effet, un exil en Bretagne ou dans le Nord autorise davantage de grain Ă  moudre dans le domaine des clichĂ©s. MalgrĂ© tout, le voyage dans le dĂ©partement voisin des Bouches du RhĂŽne reste agrĂ©able et exploitĂ©.

La trame dĂ©bute par une visite d’appartement. La fiancĂ©e de LĂ©o, la volcanique lieutenant de police MarlĂšne s’est mis en tĂȘte de changer d’appartement dans le but d’agrandir la famille. Leo, comme Ă  son habitude, suit le mouvement avec fatalisme. ParallĂšlement Ă  cette quĂȘte immobiliĂšre, le hĂ©ros se voit invitĂ© par un riche russe qui souhaite monter un petit business local. Mais pour cela, il doit trouver un accord avec les « autoritĂ©s locales » : la mafia corse. Il va sans dire que tout ne va pas se dĂ©rouler comme prĂ©vu


Les jalons de dĂ©part sont intĂ©ressants. L’angoisse est toujours de savoir si la sauce va monter et offrir une histoire dont on se dĂ©lecte. La rĂ©ussite est sur ce plan inĂ©gale au grĂ© des albums. Certains sont remarquablement drĂŽles et divertissants. D’autres ont une trame plus diluĂ©e et dĂ©cevante. TropĂ©zienne Dum-Dum est un bon cru. L’accent est vraiment mis sur les dialogues et les rebondissements. La dimension « AstĂ©rix » est bien exploitĂ©e. De plus les remarques dĂ©calĂ©es de l’oncle Loco sont toutes aussi rĂ©ussies les unes que les autres. Il fait vraiment partie des personnages de bandes dessinĂ©es qui me font le plus rire.

La trame ne souffre d’aucun temps mort. L’ennui ne m’a jamais guettĂ©. Les scĂšnes d’action alternent bien avec les moments durant lesquels l’enquĂȘte avance. L’intrigue n’a rien de rĂ©volutionnaire. MalgrĂ© tout, elle se dĂ©couvre avec plaisir. La lecture s’avĂšre divertissante Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre mĂ©morable. Les personnages secondaires sont bien exploitĂ©s et trouvent chacun un rĂŽle Ă  leur mesure. Que ce soit les beaux-parents, la mafia russe ou les corses, chacun apporte un Ă©cot Ă  l’avancĂ©e de l’histoire. Cela fait longtemps que je n’avais lu un opus de cette sĂ©rie ne souffrant d’aucun moment de remplissage.

Les dessins de CarrĂšre accompagnent parfaitement la narration. Le trait rond correspond parfaitement Ă  l’atmosphĂšre de la sĂ©rie. De plus, les expressions des personnages participent activement au divertissement de la lecture. Pour conclure, TropĂ©zienne Dum-Dum est un bon cru de Leo Loden. Il plaira aux familiers de la sĂ©rie et offrira une dĂ©couverte intĂ©ressante aux novices. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal !

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note3

Tu mourras moins bĂȘte, T4 : Professeur Moustache Ă©tale sa science

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Titre : Tu mourras moins bĂȘte, T4 : Professeur Moustache Ă©tale sa science
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Septembre 2015


AprĂšs avoir explosĂ© sur la blogosphĂšre, Marion Montaigne a reçu un succĂšs mĂ©ritĂ© pour « Tu mourras moins bĂȘte », ses recueils de vulgarisation scientifique. Outre l’humour omniprĂ©sent, l’auteure aime remplir ses pages de rĂ©fĂ©rences cinĂ©mas, sĂ©ries ou simplement people. Le tout est publiĂ© chez Delcourt pour 250 pages.

Depuis son changement d’éditeur, Marion Montaigne ne s’impose plus de thĂšme gĂ©nĂ©ral. On aborde donc tout et n’importe quoi, l’auteure se faisant plaisir avec ses sujets de prĂ©dilection. On retrouve donc beaucoup les explications geek (« Jurassic Park », « Le Seigneur des Anneaux », « Star Wars » ) et le pipi caca. Ainsi, on sent que Montaigne prend un plaisir infini Ă  nous parler des pets


Rire de la science par l’absurde.

TuMourrasMoinsBete4bToutes les explications dĂ©marrent par une fausse carte postale dessinĂ©e par nombre d’invitĂ©s. Chacun pose une question, Ă  laquelle rĂ©pond la dessinatrice. Si certains thĂšmes sont trĂšs gĂ©nĂ©raux, d’autres partent un peu dans tous les sens. Au final, ce n’est pas plus mal, les notes ne suivant pas non plus un schĂ©ma systĂ©matique qui ennuierait le lecteur. Car force est de constater qu’aprĂšs quatre tomes bien fournis, Marion Montaigne continue Ă  ĂȘtre aussi drĂŽle et didactique Ă  la fois. MĂȘme si ce que l’on apprend a, dans ce tome, finalement peu d’intĂ©rĂȘt. Comme un symbole, le livre se ferme sur la sexualitĂ© des dinosaures, une façon de mixer deux grands sujets traitĂ©s dans ses livres


Au niveau du dessin, on retrouve le trait particuliĂšrement relĂąchĂ© de Marion Montaigne et colorisĂ© Ă  l’aquarelle. C’est clairement ce qui peut rebuter le plus au premier abord, mais son efficacitĂ© est Ă©vidente. C’est lĂ  le plus important.

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Ce tome confirme (si besoin Ă©tait) tout le talent de Marion Montaigne pour la vulgarisation. Et plus que pour apprendre des choses, on lit avant tout « Tu mourras moins bĂȘte » pour rire avec l’auteure de la science et de tous les questionnements que cela peut apporter. Et si c’est absurde, c’est encore meilleur !

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note5

Panique organique

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Titre : Panique organique
Scénariste : Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Octobre 2007


Marion Montaigne est une auteure qui s’est crĂ©Ă© un nom dans la vulgarisation scientifique. MĂȘlant bande-dessinĂ©e, sciences et humour, elle a su capter l’attention du public avec son blog « Tu mourras moins bĂȘte » (parfaitement mis sur papier ensuite). Depuis, elle a sorti « Riche, pourquoi pas toi ? » qui lui permettait de toucher aux sciences sociales. Mais dĂšs 2007, l’auteure sortait dĂ©jĂ  un livre intitulĂ© « Panique organique » qui proposait une histoire dĂ©jantĂ© dans le corps humain. PubliĂ© chez Sarbacane, le tout pesant une petite centaine de pages.

Nous dĂ©marrons donc dans le corps d’un enfant qui mange ses cĂ©rĂ©ales. L’une de bactĂ©ries de l’estomac, fatiguĂ© de cette existence rĂ©pĂ©titive, dĂ©cide de s’échapper. En effet, le petit garçon a eu le malheur d’avaler le jouet qui Ă©tait dans la boĂźte de cĂ©rĂ©ales. C’est une fusĂ©e
 C’est parti pour une aventure au plus profond du corps


Une aventure d’humour didactique

Si le dĂ©but de l’aventure laisse prĂ©sager une aventure d’humour didactique (le rein est bien prĂ©sentĂ© par exemple), le tout devient vraiment barrĂ© au fur et Ă  mesure. Alors certes on apprend des choses rĂ©guliĂšrement, mais l’aspect didactique laisse souvent la place Ă  l’aventure et Ă  l’action dĂ©bridĂ©e. 

On a clairement affaire ici Ă  un ouvrage plutĂŽt jeunesse. Les explications sont plutĂŽt simples et l’action est non-stop. Le double discours existe quand mĂȘme (le passage Ă  l’adolescence est vraiment destinĂ© Ă  ĂȘtre drĂŽle pour des adultes me semble-t-il
), mais il n’est pas omniprĂ©sent. Les derniĂšres pages, complĂštement dĂ©bridĂ©es manquent ainsi un peu de consistance. MalgrĂ© tout, on sourit Ă  plusieurs reprises. Mais on est tellement habituĂ© Ă  rire devant un livre de Marion Montaigne que l’on en devient trĂšs exigeant !

Concernant le dessin, on retrouve un trait simple et dynamique de l’auteure, colorisĂ© Ă  l’informatique. C’est moins relĂąchĂ© et moins personnel que ses derniĂšres productions, mais la lecture est trĂšs agrĂ©able et lisible. Le dĂ©coupage est plus classique avec un gaufrier et des cases tracĂ©es. Bref, c’est finalement assez diffĂ©rent de ce que peut nous proposer Marion Montaigne actuellement.

« Panique Organique » confirme l’intĂ©rĂȘt de Marion Montaigne pour les ouvrages didactiques. Paru en 2007, juste avant « La vie des bĂȘtes » (oĂč clairement elle est plus percutante au niveau de l’humour), c’est un ouvrage jeunesse de bonne qualitĂ©. La partie didactique n’est pas lourde et peut mĂȘme passer derriĂšre l’aspect purement aventure. Et il faut bien avouer que les ados adorent ce livre. Une lecture sympathique. avatar_belz_jol

note3

Riche, pourquoi pas toi ?

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Titre : Riche, pourquoi pas toi ?
Scénariste :
Marion Montaigne
Dessinatrice : Marion Montaigne
Parution : Octobre 2013


Marion Montaigne s’est fait connaĂźtre avec son blog « Tu mourras moins bĂȘte », qui traitait en bande-dessinĂ©e et avec humour de la science. EditĂ© sous format papier (deux tomes parus Ă  ce jour), ces ouvrages ont pleinement mĂ©ritĂ© leur succĂšs. MalgrĂ© tout, Marion Montaigne fait une pause dans la vulgarisation scientifique pour aborder ce nouveau livre : « Riche, pourquoi pas toi ? ». Plus que « comment devenir riche ? », c’est plutĂŽt une bande-dessinĂ©e qui explique pourquoi, justement, on n’est pas riche ! Deux auteurs sont associĂ©s Ă  Marion Montaigne : Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot. C’est sur les travaux de ces deux sociologues que se base ce nouveau livre. Le tout est Ă©ditĂ© chez Dargaud pour 133 pages.

Outre se baser sur les ouvrages du couple Pinçon / Pinçon-Charlot, Marion Montaigne les fait mĂȘme intervenir ! Ces derniers s’occupent d’une famille qui va alors gagner au Loto et devenir riche. De nombreuses questions sont alors abordĂ©es lors de l’ouvrage composĂ© de chapitres : qu’est-ce qu’un riche ? Comment devient-on bourgeois ? etc.

Marion Montaigne dĂ©laisse donc la vulgarisation scientifique pour la vulgarisation sociologique (mĂȘme si en soit, la sociologie est une science). C’est clairement ce qu’elle fait de mieux, puisqu’elle le fait Ă©galement pour la jeunesse (« La Vie des BĂȘtes »). Ceux qui connaissent l’auteure sont donc en terrain connu. L’humour sert ici Ă  apprendre. Comme toujours, Marion Montaigne aime garnir ses ouvrages de rĂ©fĂ©rences actuelles, au risque de voir ses ouvrages mal vieillir. La plupart des rĂ©fĂ©rences sont ici particuliĂšrement simples d’accĂšs, donc cela ne pose pas de problĂšme en lecture. Cependant, le sujet permet un peu moins de dĂ©lire que la science. Bref, n’espĂ©rez pas trouver exactement la mĂȘme chose que le blog que Marion Montaigne. Mais on n’y perd pas au change.

Une conclusion déprimante

MalgrĂ© le nombre important de pages et la densitĂ© des informations, le tout se dĂ©vore sans peine et les idĂ©es fortes font mouche. Outre l’aspect sociologique, l’aspect psychologique est trĂšs important ici. Et la conclusion assĂ©nĂ©e par l’auteure est avant tout dĂ©primante pour tout un chacun. Mais hĂ©las tellement vraie


Au niveau du dessin, le trait relĂąchĂ© de Marion Montaigne est toujours aussi dynamique et adaptĂ© Ă  sa narration. La couleur est faite de simples aplats numĂ©riques. C’est un peu dommage lorsque l’on connaĂźt les capacitĂ©s Ă  l’aquarelle de l’auteure. Sans doute fallait-il aller vite.

« Riche pourquoi pas toi » confirme si c’était encore nĂ©cessaire les capacitĂ©s didactiques de Marion Montaigne. Assorti d’une bonne dose militante (sous couvert d’études sociologiques quand mĂȘme !), cet ouvrage a donc un accent diffĂ©rent que les « Tu mourras moins bĂȘte ». Clairement, ici on rit, mais on n’est pas lĂ  que pour rire


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note4

Canardo, T18 : La Fille Sans Visage

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Titre : Canardo, T18 : La Fille Sans Visage
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : FĂ©vrier 2009


Je me suis rĂ©cemment offert un opus d’une de mes sĂ©ries de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©es intitulĂ©e. Elle met en Ɠuvre l’inspecteur Canardo. Cette sĂ©rie est composĂ©e d’une vingtaine d’albums. Le premier tome date de 1979. Cette sĂ©rie est Ă©crite par BenoĂźt Sokal. Il s’occupe Ă  la fois du scĂ©nario et des dessins. Mon avis d’aujourd’hui porte sur le tome dix-huit intitulĂ© « La fille sans visage ». Paru en fĂ©vrier 2009, il est Ă©ditĂ© chez Casterman dans la collection « Ligne rouge ». ComposĂ© d’une petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 euros.

L’histoire commence dans un bar dans lequel erre ce cher Canardo. Preux chevalier, il dĂ©cide de raccompagner une jeune prostituĂ©e chez elle en tout bien tout honneur. Mais sur leur trajet, ils sont percutĂ©s par une voiture Ă  toute vitesse. Il en rĂ©sulte pour tous les deux de lourdes sĂ©quelles. Ils sont soignĂ©s dans une clinique de luxe. En effet, le responsable de l’accident est l’hĂ©ritier du duchĂ© de Belgambourg. Afin d’éviter tout scandale, il a dĂ©cidĂ© de s’occuper de toute la rĂ©Ă©ducation de ses victimes. Le silence sur cette affaire est d’autant plus important que ce fils de bonne famille se rĂ©vĂšle plutĂŽt instable


Tout d’abord, il faut que je dĂ©crive un petit peu la sĂ©rie pour ceux qui ne le connaissent pas. La premiĂšre particularitĂ© est le fait que les personnages sont des animaux anthropomorphes. Comme son nom l’indique, Canardo est un canard. Mais on rencontre Ă©galement des oiseaux, des chiens, des chats, des souris ou encore des cochons
 Ce choix a pour consĂ©quence de nous donner une impression directe sur chaque personnage. En effet, on a tendance Ă  adapter l’image qu’on a d’un personnage Ă  ses traits animaux.

Riche héritier et duchesse flippante.

Canardo est un inspecteur qui ne paye pas de mine. PlutĂŽt trapu, le regard vague, il ne traine jamais sans son impermĂ©able digne de Columbo. Son lieu de prĂ©dilection reste un bar mal famĂ© dans lequel il a une ardoise longue comme un jour sans pain. On y rencontre maquereau, prostituĂ©es, alcooliques, droguĂ©s et toute autre bonne frĂ©quentation. Il manque tellement de dynamisme et de charisme qu’on est toujours surpris de le voir rĂ©soudre les enquĂȘtes qu’on lui confie.

Le thĂšme de « La fille sans visage » est plutĂŽt politique. En effet, on voit une personne connue qui cherche Ă  gĂ©rer une situation de crise qui pourrait faire les choux gras dans la presse spĂ©cialisĂ©e. On dĂ©couvre donc la duchesse gĂ©rer tout cela avec une main de fer et une froideur flippante. ParallĂšlement, on dĂ©couvre les paparazzis guetter cette clinique oĂč se rend si souvent ce riche hĂ©ritier lubrique sous mĂ©dicament. On est donc curieux de savoir si la vĂ©ritĂ© va Ă©clater au grand jour et de connaĂźtre Ă©galement jusqu’oĂč la duchesse est prĂȘte Ă  aller pour protĂ©ger l’image de son duchĂ©.

L’autre dimension politique apparaĂźt dans la deuxiĂšme partie de l’histoire. Le duchĂ© qui nous intĂ©resse est voisin de la Belgique. Les soucis de rattachement et d’indĂ©pendance touchant la Flandre et la Wallonie apparaissent au cours de la narration. Cela permet Ă  l’intrigue de rebondir et ne la cantonne pas Ă  une histoire d’accident malheureux. En ce sens, l’auteur arrive Ă  nous offrir une trame assez dense qui nous captive du dĂ©but Ă  la fin. Elle cache quelques tiroirs qui suscitent notre attention. Sur ce plan, la narration est assez rĂ©ussie. Mon seul petit bĂ©mol concerne une partie de la fin que je trouve un petit peu tirĂ©e par les cheveux. NĂ©anmoins, cela ne gĂąche en rien le plaisir que j’ai pris Ă  lire cet ouvrage.

Le plaisir de la lecture rĂ©side Ă©galement dans la qualitĂ© des dessins. Je trouve le style trĂšs facile d’accĂšs. De plus, les personnages sont tels qu’ils nous parlent tous Ă  leur maniĂšre. On n’a aucun mal Ă  croire Ă  l’histoire et Ă  s’y plonger. Certains regards sont impressionnants de justesse. De plus, Sokal utilise remarquablement les couleurs. D’une part, elles personnalisent parfaitement les protagonistes et d’autre part elles habillent remarquablement l’ambiance. Les dessins crĂ©ent une atmosphĂšre prenante et captivante.

Au final, j’ai donc passĂ© un trĂšs bon moment en lisant cet opus. Il est Ă  la hauteur des prĂ©cĂ©dents de la sĂ©rie. Sur ce plan-lĂ , Sokal est un auteur trĂšs talentueux. Cela fait trente ans qu’il nous dĂ©crit les aventures de Canardo sans jamais baisser de qualitĂ©. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans « La fille sans visage ». Vous passerez un bon moment de maniĂšre garantie. Bonne lecture


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Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres

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Titre : Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres
Dessinateur : Sokal
Scénariste : Sokal
Parution : Mai 2010


Mon avis d’aujourd’hui porte sur le dernier opus paru de la sĂ©rie « Canardo ». Cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez Casterman. D’un format classique et composĂ© d’une petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 €. Sa parution date de mai dernier. L’auteur de cette sĂ©rie est Benoit Sokal. Il s’est associe depuis quelques albums l’aide de Pascal Regnault. « Canardo » est actuellement composĂ©e d’une vingtaine de tomes numĂ©rotĂ©s de 0 Ă  19. « Le voyage des cendres » est celui dont je vais vous parler aujourd’hui.

« Canardo » est une sĂ©rie utilisant l’anthropomorphisme. Les diffĂ©rents personnages sont des animaux bien qu’il Ă©volue dans un monde « humain ». Ai-je besoin de prĂ©ciser que le hĂ©ros possĂšde les traits d’un canard. Ce dernier est un dĂ©tective privĂ© dĂ©pressif. Quand on le voit pour la premiĂšre fois, il n’y a pas de doute, l’habit fait le moine. On a du mal Ă  croire qu’il puisse trouver des clients et rĂ©soudre des affaires. C’est la magie de la bande dessinĂ©e


Dans cette aventure, on commence par dĂ©couvrir M. Van Bollewinkel. Il s’éloigne dans la forĂȘt et se tire une balle dans la tĂȘte. Il en dĂ©coule logiquement un rendez-vous chez le notaire pour la lecture du testament. L’attrait de cette sĂ©ance rĂ©side dans le sort rĂ©servĂ© aux deux petits-enfants. Ces derniers ont pour mission de « balancer les centres quelque part au-dessus de son pays natal ». Il s’avĂšre que le pays natal est la Belgique, que le mort est un parrain mafieux exilĂ© aux Etats-Unis et que les deux petits-enfants sont deux morveux sans foi ni loi. Ces derniers vont mener leur voyage Ă  travers le plat pays sous la conduite de notre cher Canardo qui, en tant que lointain cousin, ne peut rien refuser Ă  sa famille


Un ouvrage peu amÚne envers la Belgique.

L’histoire ne perd pas de temps Ă  se mettre en place. En effet, dĂšs la sixiĂšme page, les deux enfants rencontrent Canardo et trois pages plus loin, ils subissent leur premiĂšre fusillade. Le problĂšme est qu’en tant que parrain de la mafia locale, leur grand-pĂšre n’a pas laissĂ© que des amis Ă  la maison. Cela fait que le voyage des cendres va ĂȘtre loin d’ĂȘtre de tout repos. Le fait qu’il faut passer entre les balles pour mener la mission Ă  bien rend la trame dynamique.

Mais le plaisir de la lecture ne rĂ©side pas essentiellement dans le fait de savoir si oui ou non les cendres vont arriver Ă  bon port. En effet, c’est davantage l’ambiance et l’atmosphĂšre qui ne nous laisse pas indiffĂ©rent. D’une part, les deux petits-enfants sont odieux et dĂ©goutants. Sokal ne se fixe ici aucune limite. Ils n’ont que du mĂ©pris pour le monde qui les entoure. A priori, le fait d’ĂȘtre Ă©duquer Ă  un rythme mafieux n’inculque pas des valeurs « classiques ». Leurs regards, leurs actes, leurs propos, tout est fait pour qu’on ne les supporte pas. TrĂšs rapidement, on a de l’empathie envers notre cher Canardo qui doit se les supporter. Il est trĂšs rare de dĂ©couvrir des enfants incurables Ă  ce point-lĂ . C’est assez rĂ©ussi.

On ne peut d’ailleurs pas vraiment dire que « Le temps des cendres » soit un guide vert plein d’éloges pour la Belgique. Sur le plan mĂ©tĂ©orologique, le soleil n’est jamais de sorti. Au mieux, le temps est nuageux. Cet aspect est mis en bleu par une forte utilisation de la couleur grise et de ses variantes. Mais alors que certains lieux communs nous expliquent que les gens du nord n’ont peut-ĂȘtre pas le soleil dans le ciel mais l’ont dans le cƓur, ils n’ont pas lieu d’ĂȘtre ici. Les diffĂ©rentes rencontres faites par nos amis sont dĂ©sastreuses pour l’image de la Belgique. Il n’y en a vraiment pas un pour rattraper l’autre.

Au final, je trouve cet opus remarquable. Son atmosphĂšre est assez unique. Ce n’est pas une ode Ă  la bonne humeur et Ă  l’espoir mais en tout cas c’est un moment de lecture passionnant. Les dessins sont comme Ă  l’accoutumĂ©e trĂšs agrĂ©ables et participent Ă  la rĂ©ussite gĂ©nĂ©rale. Les personnages sont trĂšs rĂ©ussis et l’usage des couleurs savamment dosĂ©. Je ne peux donc que vous le conseiller. Il s’agit d’un ouvrage qui ne laisse pas indiffĂ©rent et qui sort des sentiers battus. Je tiens d’ailleurs Ă  prĂ©ciser qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir lu les prĂ©cĂ©dents albums pour dĂ©couvrir celui-ci. Il est indĂ©pendant. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agrĂ©able lecture.  

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Canardo, T20 : Une Bavure Bien Baveuse

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Titre : Canardo, T20 : Une bavure bien baveuse
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : Octobre 2011


Canardo est un de mes hĂ©ros de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©s. Je l’ai dĂ©couvert il y a des annĂ©es dans la bibliothĂšque de mes parents et ai continuĂ© Ă  suivre ses aventures une fois le cocon familial quittĂ©. Chaque nouvelle parution est un Ă©vĂ©nement et je m’empresse bien souvent de complĂ©ter ma collection sans trop tarder. Ce mois-ci est apparue dans les bacs des librairies « Une bavure bien baveuse » Ă©ditĂ© chez Casterman. Pour les non adeptes de cette sĂ©rie, elle est le fruit de l’imagination et du trait de Sokal. Sur la couverture, on dĂ©couvre notre hĂ©ros, de face. Il est avec la clope au bec, le regard inexpressif en train de jouer aux cartes. Au second plan, on dĂ©couvre une ravissante femme au dĂ©colletĂ© qui ne laisse pas indiffĂ©rent.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Canardo est un dĂ©tective privĂ©. Il a les traits d’un canard mais a toute l’apparence d’un Columbo qui abuserait un peu de la bouteille et ne frĂ©quenterait pas rĂ©guliĂšrement la salle de bain. Il a pour habitude de se voir confier des affaires sans grande envergure. Ses enquĂȘtes le mĂšnent souvent dans les bas-fonds de la ville et dans des endroits plutĂŽt glauques.

La disparition de l’inspecteur de police ne fait pas que des malheureux…

Dans cet album, Canardo se voit confier une mission toute particuliĂšre. Le commissaire Garenni, avec trois grammes d’alcool dans le sang, est accusĂ© d’avoir tirĂ© sur un inspecteur de police au cours d’une fusillade. C’est une Ă©norme bavure qui met l’accusĂ© dans de sales draps. Il en est tellement dĂ©sespĂ©rĂ© qu’il fait appel Ă  ce cher Canardo pour connaitre la vĂ©ritĂ© sur cette affaire. Rapidement, notre hĂ©ros se rend compte que la disparition de cet inspecteur de police ne fait pas que des malheureux dans certains milieux obscurs


Cet opus est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dentes aventures de notre canard prĂ©fĂ©rĂ©. L’histoire est indĂ©pendante et ne nĂ©cessite aucun prĂ©requis particulier. La trame utilise les codes du polar noir. L’intrigue et l’atmosphĂšre sont travaillĂ©es. Certains moments sont lĂ©gers, d’autres plus lourds. Les Ă©motions sont variĂ©es. Les plus jeunes lecteurs n’y trouveront pas grand-chose. Par contre, les adeptes de romans policiers et de films Ă  ambiance seront ravis du voyage.

Le scĂ©nario est construit de maniĂšre classique. Les premiĂšres pages posent les jalons. Une bavure policiĂšre lors d’une attaque de banque marque le dĂ©but de notre lecture. On voit poindre l’erreur judiciaire. C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’apparait notre hĂ©ros qui entame son enquĂȘte qui va l’amener Ă  remuer des milieux qui ne demandaient qu’à ĂȘtre oubliĂ©s. La narration ne souffre pas de temps morts. Aucune case n’est inutile. Chacune apporte son information ou son changement d’angle de vue qui attise notre curiositĂ©. Les rebondissements sont frĂ©quents. Ils sont d’ailleurs un peu trop nombreux dans la derniĂšre partie. Il en dĂ©coule un dĂ©nouement que je trouve quelque peu brouillon.

Comme souvent, Sokal nous offre une galerie de personnages variĂ©e. Je passe rapidement sur Canardo qui est fidĂšle Ă  lui-mĂȘme. La moindre des choses qu’on puisse dire est qu’il ne paie pas de mine. L’autre personnage central prend les traits du commissaire Garenni. Ce looser alcoolique attire rapidement notre sympathie. A dĂ©faut d’ĂȘtre un policier ne serait-ce que correct, il ne mĂ©rite pas pour autant d’ĂȘtre un innocent condamnĂ©. La traditionnelle femme fatale de cet album prend les traits de l’inspecteur Manta. Cette mante religieuse ne laisse indiffĂ©rent la gente masculine tout en dĂ©gageant un lĂ©ger sentiment de malaise. A ce trio principal, s’ajoute un bon nombre de malfrats dignes de tout bon film noir. On les trouve dans des bars mal famĂ©s dont j’aurais personnellement du mal Ă  franchir le seuil de la porte.

A mes yeux, le principal attrait de cette sĂ©rie est son atmosphĂšre. Les pages de Sokal dĂ©gagement une ambiance particuliĂšre. Les deux tiers de l’album rĂ©pondent Ă  mes attentes. L’immersion de Canardo dans les arcanes glauques de son enquĂȘte dĂ©gage un vrai quelque chose. Par contre, je trouve la derniĂšre partie de l’histoire plus confuse. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir quelque peu de ma lecture. Je redeviens spectateur de Canardo alors que le dĂ©but me laissait sentir que je lui emboitais le pas. Le cĂŽtĂ© brouillon du dĂ©nouement fait que l’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e est moins intense. C’est dommage. 

CĂŽtĂ© dessins, la qualitĂ© est identique Ă  celle qui accompagnait la lecture des prĂ©cĂ©dents tomes. J’ai donc une nouvelle fois apprĂ©ciĂ© le trait de l’auteur. Le fait que les personnages possĂšdent des traits animaliers est assez rĂ©ussi et participe Ă  l’identification de la sĂ©rie. MalgrĂ© un style simple et facile d’accĂšs, les cases sont fournies et pleines de petits dĂ©tails. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s et cela participe activement Ă  la qualitĂ© de l’ambiance qui transpire des pages.

En conclusion, ma lecture s’est avĂ©rĂ©e agrĂ©able. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle aventure de Canardo. Le seul bĂ©mol, Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, concerne le dĂ©nouement que je trouve trop brouillon. Il y a trop d’évĂ©nements dans les derniĂšres pages. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir un petit peu de l’histoire, la fin arrivant finalement de maniĂšre assez abrupte. Je trouve dommage que la sortie ne soit pas davantage dosĂ©e. Cela aurait fait de cet album un des bons opus de la sĂ©rie tant son thĂšme et son message ne laissent pas indiffĂ©rents


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note3

Canardo, T22 : PiĂšge de miel

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Titre : Canardo, T22 : PiĂšge de miel
Scénariste : Benoßt Sokal
Dessinateurs : BenoĂźt Sokal & Pascal Regnauld
Parution : Octobre 2012


« Canardo » est une sĂ©rie que j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment. Suivre les enquĂȘtes de ce dĂ©tective au physique de palmipĂšde et Ă  l’allure de Colombo procure un plaisir certain. Je suis assez admiratif de la capacitĂ© de son auteur, Sokal, Ă  conserver une qualitĂ© d’écriture toujours Ă©levĂ©e plus de trente ans aprĂšs les premiĂšres aventures de son hĂ©ros. J’étais donc confiant et impatient de me plonger dans cette nouvelle Ă©popĂ©e intitulĂ©e « PiĂšge de miel ». Sa parution date du mois de septembre dernier. Le pĂšre historique de la saga s’associe une nouvelle fois Ă  Pascal Regnauld pour faire naitre cet opus.

Comme dans une grande partie de ses histoires rĂ©centes, Canardo se trouve proche du plat pays. La Belgique est le nouveau lieu star des pĂ©rĂ©grinations du cĂ©lĂšbre enquĂȘteur. Cela permet de faire apparaitre une ambiance grise et triste. On a le sentiment que le soleil n’est jamais de sortie. On ne peut pas dire que Sokal milite pour l’office de tourisme belge. Je me garderais de toute comparaison avec la rĂ©alitĂ© sur les plans gĂ©ographiques et mĂ©tĂ©orologiques mais je tiens Ă  prĂ©ciser que j’apprĂ©cie toujours d’ĂȘtre envoutĂ© par cette atmosphĂšre. Le travail sur les couleurs participe activement Ă  la force de cette derniĂšre. Le dĂ©paysement est immĂ©diat. On ressent un vrai plaisir Ă  retrouver cet univers qui nous est familier et qui ne nous laisse pas insensible.

Une partie de Cluedo des plus passionnantes.

Le hĂ©ros Ă©tant dĂ©tective, il lui faut donc trouver une affaire pour expliquer sa charismatique prĂ©sence sur les lieux. Il est ici en mission. On apprend rapidement qu’il surveille de prĂšs un ministre au physique peu avenant. Une parentĂ© avec notre cher ancien-futur prĂ©sident de la France ne serait qu’un hasard malencontreux. Canardo arrange une rencontre entre ce ponte et une femme splendide qui s’avĂšre ĂȘtre une prostituĂ©e de luxe. Tout cela sent le guet-apens. Mais l’intrigue prend vite une tournure diffĂ©rente quand tout ce beau monde est pris par une tempĂȘte de neige. La solution de repli pour passer la nuit est une curieuse rĂ©sidence isolĂ©e et habitĂ©e par une famille noble Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre riche.

Tout est donc rĂ©uni pour nous plonger dans une partie de Cluedo des plus passionnantes. Il n’y a pas de crime mais tous les autres ingrĂ©dients sont prĂ©sents. L’unitĂ© de lieu est imposĂ©e par la mĂ©tĂ©o. De plus, ce lieu possĂšde un charme certain. C’est un chĂąteau perdu au milieu de la forĂȘt. On retrouve une galerie de personnages importante. Chacun donne lieu Ă  des interrogations. Les secrets semblent nombreux et les cadavres doivent inonder les placards. Notre ami palmipĂšde semble vouer Ă  arbitrer tout ce petit monde et les diffĂ©rentes interactions qui vont lier les uns avec les autres. Cet Ă©tat des lieux attise donc notre curiositĂ© et fait que notre immersion est immĂ©diate. DĂšs les premiĂšres pages, par les dĂ©cors, les personnages et l’atmosphĂšre, on est conquis.

Notre plaisir ne diminuera jamais au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent. A aucun moment, notre attention et notre attrait ne s’attĂ©nuera. La narration ne souffre d’aucun temps mort. Bien au contraire, l’intensitĂ© ne cesse d’augmenter. Chaque personnage, par son apparition dans l’intrigue, relance la trame. Le dĂ©nouement est Ă  la hauteur du chemin qui y mĂšne. Il n’y a aucune dĂ©ception. La derniĂšre page est un modĂšle de conclusion tant sur le plan graphique que du texte. Ce nouvel opus ravira les adeptes du cĂ©lĂšbre dĂ©tective. Ils y retrouveront tous les ingrĂ©dients qu’ils ont l’habitude de savourer. Pour ceux qui n’ont encore jamais rencontrĂ© Canardo, je ne peux que vous conseiller de dĂ©couvrir « PiĂšge de miel ». Il s’agit d’un excellent cru pour un premier rendez-vous avec le cĂ©lĂšbre palmipĂšde


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note5

Canardo, T23 : Le vieux canard et la mer – BenoĂźt Sokal, Pascal Regnauld & Hugo Sokal

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Titre : Canardo, T23 : Le vieux canard et la mer
Scénariste : Hugo Sokal
Dessinateurs : BenoĂźt Sokal & Pascal Regnauld
Parution : Octobre 2013


Canardo et moi, c’est une grande et vieille histoire d’amour. J’ai d’abord dĂ©couvert les premiers ouvrages, noirs, sales et dĂ©sabusĂ©s
 Une vraie rĂ©vĂ©lation ! Le tout a dĂ©sormais bien changĂ©, sans pour autant me dĂ©ranger. LassĂ© du dessin, Sokal a acquis l’aide de Pascal Regnauld afin de se concentrer sur le scĂ©nario. Car c’est avant tout les dialogues qui intĂ©ressent l’auteur. On a donc dĂ©sormais un Canardo trĂšs ancrĂ© dans la Belgique et une bande-dessinĂ©e qui est avant tout une satire sociale Ă  l’humour bien trempĂ©. Ici, c’est Hugo Sokal qui s’occupe du scĂ©nario. Il avait dĂ©jĂ  co-scĂ©narisĂ© les prĂ©cĂ©dents opus. Les rĂŽles sont un peu flou dans « Canardo », mĂȘme s’il semble acquis que Pascal Regnauld assure la majoritĂ© du dessin, bien que son nom ne soit crĂ©ditĂ© qu’en terme de « collaboration » dans l’ouvrage
 PassĂ©s ces considĂ©rations sur qui fait quoi, voyons si ce millĂ©sime, intitulĂ© « Le vieux canard et la mer », vaut la lecture. Le tout est toujours publiĂ© chez Casterman sous la forme d’un album tout ce qu’il y a de plus classique.

Dans cet ouvrage, l’inspecteur Canardo fait la nounou
 Sa sƓur est Ă  la clinique et il doit s’occuper de son petit neveu. Ce dernier, comme tous les petits de son Ăąge, est fan de Momo le MĂ©rou (dont le parallĂšle avec NĂ©mo est Ă©vident) dont le merchandising fonctionne Ă  plein tubes. Si bien que la pĂȘche au mĂ©rou Ă  pois rouges est dĂ©clarĂ©e interdite
 HĂ©las, le Koudouland a une Ă©conomie qui dĂ©pend entiĂšrement de cette pĂȘche. Et le Belgambourg, ancienne puissance coloniale, ne l’entend pas de cette oreille
 Elle missionne Canardo sur place.

Une grande densitĂ© de rĂ©flexions sociĂ©tales et d’humour.

Cette histoire fait la part belle au neveu de Canardo qui devient un personnage central de cette bande-dessinĂ©e. A travers lui, il critique vertement les nouvelles gĂ©nĂ©rations et les conflits inhĂ©rents Ă  la culture et consommation de masse. D’autres termes se mĂȘlent comme la cĂ©lĂ©britĂ© facile et factice dans notre univers mondialisé  La densitĂ© des rĂ©flexions et l’humour avec lequel tout cela est traitĂ© est la vraie force de l’ouvrage. J’ai trouvĂ© cette partie particuliĂšrement rĂ©ussie. On sourit beaucoup, il y a des idĂ©es Ă  foison
 Car Ă  cĂŽtĂ© de cela, on suit Ă©galement la grande duchesse, un des personnages les plus rĂ©ussis de la sĂ©rie, qui vient rendre visite Ă  son « ami » prĂ©sident. Bonjour le nĂ©ocolonialisme et tout ce qui va avec
 « Canardo » sait vraiment ici capter l’air du temps et mettre le doigt sur les dĂ©rives de nos sociĂ©tĂ©s.

Au niveau du dessin, Pascal Regnault fait le travail. On est en terrain connu. Je trouve cependant la gestion des phylactĂšres un peu hasardeuse. Ce n’est pas nouveau, mais l’aspect « photoshop » des bulles en est parfois gĂȘnant. Je trouve aussi les couleurs un peu trop criardes. Clairement, le passage Ă  l’informatique de certains aspects de la sĂ©rie n’a pas Ă©tĂ© une franche rĂ©ussite. Cependant, cela ne gĂȘne pas la lecture pour autant, loin de lĂ . L’univers animalier de Canardo est un modĂšle du genre.

J’ai Ă©tĂ© trĂšs enthousiaste Ă  la lecture de ce « Canardo ». Le cru 2013 est un bon cru, avec beaucoup d’humour et d’allusion Ă  notre monde. C’est toujours Ă©tonnant de voir qu’aprĂšs tant d’annĂ©es et d’évolutions, je puisse ĂȘtre autant heureux de lire cette sĂ©rie qui, clairement, ne se repose par sur ses lauriers. Un exemple Ă  suivre !

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note4