Le chant du cygne, T1 – Xavier Dorison, Emmanuel Herzet & CĂ©dric Babouche

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Titre : Le chant du cygne, T1
Scénaristes : Xavier Dorisaon & Emmanuel Herzet
Dessinateur : Cédric Babouche
Parution : Août 2014


J’ai toujours eu beaucoup de plaisir à m’immerger dans un univers né de la plume de Xavier Dorison. L’ésotérisme de Le Troisième Testament, l’angoisse de Sanctuaire ou le western fantastique de W.E.S.T m’ont permis de vivre des moments de lecture envoûtants. Depuis, je suis donc toujours aux aguets de toute nouvelle parution portant le nom du célèbre scénariste. J’ai donc accueilli avec curiosité l’apparition dans les librairies il y a presque un an du premier tome de Le Chant du Cygne. Cet ouvrage est édité chez Le Lombard dans la collection Signé. Le premier contact visuel est un bonheur. La couverture est splendide. On y découvre un groupe de soldats. Ils apparaissent en quête d’un moment de calme. Les traces de sang sur leurs vêtements témoignent que la guerre n’est pas loin. Les couleurs dans les tons verts font de ce décor forestier un havre de paix improbable. Mis en perspective avec le titre de l’album, cette atmosphère incite fortement à se plonger dans la lecture.

La quatrième de couverture pose les jalons de la trame avec les mots suivants : « Avril 1917. Alors qu’ils reviennent d’une offensive aussi vaine que meurtrière sur le Chemin des Dames, les survivants de la section du lieutenant Katzinski rencontrent un soldat qui leur confie une pétition signée par des milliers de poilus. Il y a là de quoi renverser le gouvernement pour en finir, enfin, avec les boucheries inutiles. Seulement, pour ça, il faut aller à l’Assemblée nationale… Et jusqu’à Paris, le chemin promet d’être long. »

Des poilus en mission.

LeChantDuCygne1bL’histoire se déroulera sur deux tomes. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur la première partie du diptyque. La seconde est prévue pour la rentrée. Le début nous fait découvrir le quotidien des tranchées. Nous sommes ici en première ligne au côté du sergent Sabiane. Le personnage est imposant : grand comme un homme et demi, le crâne rasé et des moustaches rousses et massives. Il s’agit d’un personnage charismatique qui ne laisse pas indifférent. Un petit peu bourru, il est un chef juste et respecté à la fois par ses hommes set sa hiérarchie. Il est un atout important pour l’intrigue. Le lecteur s’attache immédiatement à ce bonhomme qui occupe l’espace.

Au bout d’une petite quinzaine de pages, un événement va changer la vie de cette bande de soldats comme tant d’autres. Larzac, un des poilus, se voit remettre une pétition qui circule sous le manteau. Elle dénonce certains agissements des gradés. Il s’agit d’une bonne à retardement politique auxquels les dirigeants français ne pourraient survivre. Néanmoins, elle n’a de valeur qu’une fois à Paris. Apparaît donc un dilemme pour la petite communauté. Mener le document à bon port est un acte de solidarité et de bravoure pour leurs pairs mais cet acte sera perçu comme de la traîtrise par les pontes de l’armée française. Que faire ? Etre résistant et héros n’est pas si évident quand la situation se présente. C’est de tout cela que traite cet album.

LeChantDuCygne1cLes deux derniers tiers de l’ouvrage nous content les pérégrinations dangereuses vécues par le petit groupe. Il va sans dire que leur trajet vers la capitale n’est pas une sinécure. Ils sont en permanence sur le qui-vive. Des décisions compliquées sont à prendre. Aucun ne peut sortir indemne de telles épreuves. La bande se compose de sept membres. Chacun apporte son écot à l’intrigue. Evidemment, tous n’ont pas la même importance. Chacun n’influe pas de la même manière sur les événements. Par contre, aucun n’est négligé ou inutile. Je suis facilement attaché à ce petit monde qui se trouve à gérer une situation qui les dépasse. Pour construire ce scénario dense et captivant, Xavier Dorison s’est associé à son collègue Emmanuel Herzet dont je découvre ici la qualité du travail.

Concernant les illustrations, elles sont le fruit de la plume de Cédric Babouche. De manière évidente, son trait offre une identité graphique forte à l’album. De la couverture à la dernière planche, le talent du dessinateur transpire de chaque planche. Je trouve le travail sur les couleurs splendide. La particularité est de ne marquer quasiment aucune rupture chromatique entre les personnages et les décors. Cette porosité rend parfois certains pages difficiles à lire. Elle nécessite une plus grande attention pour en saisir toute la finesse et tous les aspects. Néanmoins, cela reste un tout petit bémol en comparaison des nombreux atouts générés par le coup de crayon de Babouche.

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Pour conclure, cet opus est de grande qualité. Je me suis passionné pour les aventures de ses poilus en mission. L’intrigue est remarquable. Elle enchaîne les événements à rythme effréné et attise en permanence notre attention. L’ensemble reste suffisamment imprévisible pour que nous soyons toujours pressés de connaître la suite. J’attends donc avec impatience que le second tome apparaisse dans les rayons pour découvrir l’issue de ce dangereux périple…

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note4

Le jardin de minuit – Edith

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Titre : Le jardin de minuit
ScĂ©nariste : Edith d’après Philippa Pearce
Dessinatrice : Edith
Parution : Avril 2015


« Le jardin de minuit » est un roman jeunesse écrit par Philippa Pearce que je ne connaissais pas. Une première approche m’est proposée par Edith, qui adapte le livre en bande-dessinée dans un one-shot d’une petite centaine de pages. Le tout paraît dans l’excellente collection Noctambule chez Soleil.

Tom est triste. Son frère Peter a attrapé la rougeole et est contagieux. Pour éviter qu’il l’attrape également, Tom est envoyé deux semaines en vacances chez son oncle et sa tante, dans une maison transformée en appartements. Interdiction de sortir (au cas où il incube), barreaux aux fenêtres, voisine irascible… Tom déprime. Mais c’était avant de s’apercevoir que la grande horloge du rez-de-chaussée sonnait treize coups à minuit et de découvrir un jardin extraordinaire.

Une histoire d’amitiĂ© entre deux enfants.

LeJardinDeMinuit1« Le jardin de minuit » est une histoire d’amitié entre deux enfants, d’où son étiquetage jeunesse. Le personnage principal, Tom, sur qui tout est centré est jeune, mais impétueux. On suit son histoire, qu’il raconte par lettres à son frère Peter. L’adaptation d’Edith se devait de retranscrire les deux ambiances de l’histoire. D’un côté, un quotidien morne, gris et ennuyeux. De l’autre, de beaux jardins victoriens baignés de lumière.

Le charme opère dans cet ouvrage. Un charme suranné, un brin nostalgique (le roman date des années 50), mais les personnages sont attachants. Sans vraiment arriver à sortir du carcan « jeunesse » avec son adaptation, Edith parvient à embarquer le lecteur. Peu de suspense réel, puisque les mécanismes sont connus dans ce genre de récit (peur de rester bloqué dans l’autre monde, peur de ne plus pouvoir y aller, etc.)

C’est le trait d’Edith (que je n’avais encore jamais lu) qui m’a décidé à acquérir l’ouvrage. Ses personnages en rondeur sont très attachants. Sous un aspect assez simple, le dessin se révèle riche et doté d’une narration fluide et maîtrisée. Et que dire des couleurs qui subliment le trait sans peine, variant les ambiances selon les besoins du moment.

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Avec sa pagination important, son côté « beau livre », « Le jardin de minuit » risque d’avoir du mal à cibler son public. Avec une histoire qui reste orientée jeunesse, il vous faudra avoir gardé votre âme d’enfant pour ne pas tiquer au scénario et pour arriver à entrer pleinement dans l’histoire. C’était mon cas et je ne l’ai pas regretté.

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note4

Le siècle des ombres, T6 : Le diable – Éric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siècle des ombres, T6 : Le diable
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Février 2015


« Le siècle des ombres » connait son dénouement depuis la parution de son sixième épisode en février dernier. « Le diable » clôt le croisement de l’univers des Stryges avec le siècle des Lumières. Eric Corbeyran termine ainsi un nouveau pan de sa grande saga abritant ces mystérieuses et inquiétantes créatures ailées. Pour mener à bout ce projet, le célèbre scénariste bordelais s’est associé au dessinateur Michel Suro. Le duo avait déjà travaillé ensemble lors de l’écriture de « Le clan des chimères », cycle antérieur à celui que j’évoque aujourd’hui.

Les Stryges sont des créatures mythologiques dont le destin est lié depuis toujours à celle des Hommes. J’ai fait leur rencontre en lisant « Le chant des Stryges ». Leur rôle apparait souvent ambigu et il est difficile de se forger une opinion tranchée à leur égard. Elles ont passé un pacte avec un certain Sandor Weltman, summum du personnage mystérieux durant de nombreux tomes. Ses « alliées » lui avaient offert l’immortalité. Il les a trahies et la lutte entre les deux camps dure depuis des siècles.

LeSiecleDesOmbres6a« Le siècle des ombres » conte donc cette bataille durant le dix-huitième siècle. La quatrième de couverture présente les enjeux avec les mots suivants : « 1751. Quelques décennies avant la Révolution française, un vent d’idées nouvelles souffle à travers l’Europe. Un vent de progrès et de liberté… Mais au cœur de ce Siècle des lumières, la découverte d’une étrange météorite à l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’Orcières, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopédiste éclairé, qu’ils soupçonnent d’être l’insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnée pour la possession de cette pierre aux mystérieux pouvoirs… »

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je me dois de préciser qu’il me paraît impensable de découvrir l’intrigue par la lecture de cet album. Nombreux sont les prérequis indispensables à la compréhension de l’ensemble. Evidemment, une connaissance des événements se déroulant dans les cinq actes précédents est indispensable. De plus, je conseille vivement d’avoir lu « Le clan des chimères », centré sur la jeunesse de Cylinia et Abeau. Cette histoire permet de rencontrer l’être monstrueux qui habite la couverture de ce nouvel opus. Néanmoins, malgré ses remarques, je vais faire en sorte que ma critique soit accessible à un novice de cet univers.

Une collaboration entre entitĂ© religieuse et sorciers…

L’un des atouts principaux de de « Le siècle des ombres » est d’insérer sa trame dans la grande Histoire. Le baron est un être des Lumières. Il participe à la rédaction de l’Encyclopédie. Nous le voyons côtoyer Diderot ou Rousseau. La lutte idéologique avec l’Eglise est un aspect intéressant qui accompagne chacun des épisodes de l’aventure. Elle justifie l’implication du Vatican pour financer la quête de Cylinia et Abeau. D’ailleurs, la collaboration entre l’entité religieuse et deux sorciers fait aisément sourire. Cette immersion dans une dimension historique et philosophique n’est pas uniquement un gadget narratif. Elle participe activement à l’attrait du scénario.

L’existence des Stryges justifie évidemment la présence du Fantastique. Corbeyran ne tombe pas dans des excès dans ce domaine-là. On trouve des créatures monstrueuses, des sorcières, des mondes parallèles, du vaudou… Ses ingrédients bien que nombreux s’intègrent parfaitement dans la recette et trouve un équilibre agréable avec la part rationnelle et réaliste de l’ensemble. Ce dosage permet de rendre crédible la narration et alimente ainsi en permanence la curiosité du lecteur.

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Comme annoncé en introduction, « Le diable » conclue le cycle. J’appréhende toujours ces albums de clôture. Je les trouve souvent inégaux et brouillons. Ce n’est ici pas le cas. Je le trouve même meilleur que les deux précédents. Le rythme est soutenu du début à la fin. La montée en puissance est régulière jusqu’au bout et laisse le lecteur sur une conclusion qui fait un lien intéressant avec « Le chant des Stryges ». Je trouve assez admirable qu’après des dizaines d’ouvrages dans cet univers, Corbeyran arrive encore à produire un opus aussi bien construit et attrayant. Ce n’est pas la moindre des performances…

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note3

Les guerres silencieuses – Jaime Martin

LesGuerresSilencieuses


Titre : Les guerres silencieuses
Scénariste : Jaime Martin
Dessinateur : Jaime Martin
Parution : Août 2013


Jaime Martin reste devant une page blanche. Il n’a aucune idée de scénario pour son prochain projet de bande-dessinée. Et son animosité pour les autres ne l’aide pas. Un repas de famille va le débloquer. Alors que son père ressasse une nouvelle fois son service militaire au Maroc, Jaime Martin en profite pour récupérer les carnets de son géniteur et de voir s’il y a matière à faire quelque chose avec. Cela aboutira sur « Les guerres silencieuses », un pavé de 150 pages paru chez Dupuis, dans la collection Aire Libre.

Le livre se situe sur trois niveaux : le service militaire proprement dit, la vie sous la dictature de Franco et l’époque contemporaine, où Jaime Martin se pose des questions sur l’intérêt du projet. Il aurait été dommage de ne pas traiter le quotidien des espagnols des années 50/60, car cela se révèle très intéressants, même si l’auteur insiste sur les rapports garçon/fille. Comment et pourquoi se marier, sous Franco, c’est assez codifié.

Une jeunesse pendant le régime franquiste.

LesGuerresSilencieuses1Le cœur du sujet reste cependant le service militaire. Perdus au Maroc, dans une guerre plus ou moins cachée par le gouvernement, les jeunes espagnols se retrouvent démunis en plein désert. Outre les habituels brimades et rapports de force, propres à toutes les armées, c’est ici les problèmes d’alimentation qui sont au cœur du sujet. Mal ravitaillés, les soldats crèvent de faim et toutes les combines sont bonnes pour mieux manger.

Jaime Martin retranscrit admirablement cette ambiance militaire. Même si c’est déjà vu, tant au cinéma qu’en bande-dessinée, le livre se dévore et on tremble pour les personnages. Le tout n’est pas idéalisé dans les rapports humains et sonne juste. Cependant, après avoir été passionné par le bouquin, le lecteur ne peut s’empêcher d’être frustré par cette fin abrupte qui apparaît soudain sans crier gare. Et à la fermeture du bouquin, un sentiment d’inachevé persiste. Il est assez clair que Jaime Martin a écrit ce livre avant tout pour lui puisque c’est l’histoire de ses parents qu’il raconte. Les passages contemporains sont, pour nous lecteurs, assez lourds et inutiles. Ainsi, les questionnements de Martin sur l’intérêt de son livre ne sont pas pertinents. Dans le pire des cas, cela déprécie son travail lorsqu’il estime faire un livre de plus sur l’armée.

Au niveau du dessin, c’est pour moi une révélation. Je ne connaissais pas Jaime Martin et j’aime beaucoup son trait. Il possède un dessin semi-réaliste très réussi. Les couleurs sont au diapason, proposant trois ambiances comme chaque époque et lieu traversés. La narration est fluide et les 150 pages se dévorent tant on est lancé sur des rails. Du beau travail !

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« Les guerres silencieuses » laisse un goût d’inachevé. J’étais captivé et impressionné par ma lecture, mais la fin du livre m’a déçu. Trop abrupte, trop personnelle, elle laisse un peu le lecteur de côté. Mais il serait dommage de passer à côté de ce livre, qui traite d’une guerre dont personne n’a entendu parler, et d’un régime franquiste qui ne laisse nulle place à la romance !

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note4

Ant-Man – Peyton Reed

Ant-Man


Titre : Ant-Man
Réalisateur : Peyton Reed
Parution : Juillet 2015


Depuis toujours, je suis un spectateur fidèle des productions Marvel. Je guette chaque nouvelle sortie et ne tarde jamais trop pour aller en profiter au cinéma. Cet été marquait l’arrivée sur les écrans d’un nouvel héros : Ant-Man. N’ayant pas une culture comics très poussée, il m’était inconnu jusqu’aux premières rumeurs évoquant le film. Cette ignorance ne m’a pas empêché de m’installer avec impatience dans une salle obscure afin de faire sa rencontre.

Le professeur Hank Pym travaillait pour le S.H.I.E.D. il y a des dizaines d’années. Il avait mis au point une particule au pouvoir immense : celui de réduire la distance entre les atomes. Néanmoins, inquiet des conséquences de l’utilisation d’une telle découverte, il avait décidé de la garder pour lui. Son choix a fait qu’actuellement, il vit reclus dans sa demeure. Mais lorsque son ancien disciple est en passe de mettre la main sur la fameuse particule, le professeur décide de prendre les choses en main. Pour cela, il compte sur un cambrioleur tout juste sorti de prison pour enfiler le costume d’Ant-Man…

Une phase d’initiation.

« Ant-Man » est le premier chapitre des aventures cinématographiques des aventures de l’homme fourmi. Les codes du genre font que la première partie du film est la phase d’initiation du nouveau héros. Je dois vous avouer qu’il s’agit d’un aspect scénaristique que j’apprécie bien souvent. Elle est souvent drôle et assez rythmée. Elle permet également de faire plus connaissance avec le personnage principal et d’acquérir une maîtrise globale des enjeux. Cet opus nous offre une phase d’introduction sympathique. Scott Lang est un escroc au grand cœur touchant. De plus, sa maladresse et sa bonhommie le rendent tout de suite attachants. Le choix de Paul Rudd pour l’interpréter est un excellent choix. Son entrainement donne lieu à des moments très amusants que je vous laisserai découvrir. Le seul bémol que je décèle dans cette partie du film est un léger manque de rythme pour « lancer la machine ». Par contre, une fois sur les rails, elle ne se relâche plus…

L’intrigue ne se construit pas uniquement autour de Scott. Tout d’abord, il est accompagné par le professeur Pym. Le fait que ce dernier soit joué par Michael Douglas lui donne une profondeur et un charisme certains. Il fait partie des atouts du film. D’ailleurs, sa présence est tout aussi centrale que celle de son disciple super-héros. Le troisième mousquetaire a les traits et les courbes d’Evangeline Lilly. Elle incarne Hope, la fille du professeur. Son sourire, son dynamisme et ses capacités de combat en font un membre à part entière de l’équipe. Et que dire des trois « collègues » de Scott ? Ils sont hilarants ! Je décerne une mention spéciale à Luis qui un concentré de potentiel humoristique. Par contre, leur adversaire, Darren Cross, est moins intéressant. Cela n’est pas dû à l’acteur Corey Stoll mais à l’écriture de l’action qui a décidé de le laisser en rentrait du trio principal.

Le ton du film se veut léger. L’intrigue est simple. L’essentiel de l’histoire se construit autour des personnages. Le déroulement de la trame est linéaire. Les retournements de situation sont rares. Par contre, les protagonistes sont très bien écrits. Ils sont drôles, attachants, surprenants. Pour des raisons propres à chacun, j’ai eu beaucoup de plaisir à passer du temps à leurs côtés. Le casting est de qualité et le scénario d’Adam McKay et la réalisation de Peyton Reed les mettent en valeur. Ce choix dans l’écriture donne une identité propre à « Ant-Man » et le démarque de ses acolytes blockbusters.

Par contre, il est un point commun à tous épisodes estampillé Marvel, c’est leur dimension spectaculaire. Ce nouvel épisode n’échappe pas à la règle. La mise en scène exploite parfaitement le pouvoir du héros de pouvoir alterner taille réelle et taille réduite. Cela rend les combats inédits et prenants. De plus, le fait qu’Ant-Man puisse contrôler les fourmis fait naître des scènes impressionnantes et hilarantes par moment.

Pour conclure, j’ai passé un très bon moment à suivre les aventures de ce nouvel héros. J’ai apprécié les scènes d’action, ai savouré les premiers pas laborieux de Scott, ai bien rigolé et me suis attaché à tout ce petit monde. J’ai également savouré les différents croisements faits avec l’univers Avengers et Cie. Marvel confirme ici sa capacité à créer des divertissements de qualité. Il ne me reste plus qu’à attendre la suite…

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note4

Le sculpteur – Scott Mc Cloud

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Titre : Le sculpteur
Scénariste : Scott Mc Cloud
Dessinateur : Scott Mc Cloud
Parution : Mars 2015


Scott Mc Cloud est une personnalité majeure dans la bande-dessinée. Il a participé activement à la théorisation de cet art avec « L’art invisible ». Et s’il a milité pour la révolution numérique avec « Réinventer la bande-dessinée », c’est bien avec un pavé de 500 pages (paru chez Rue de Sèvres) qu’il revient à la fiction, quinze ans après !

Pour son retour, l’auteur reprend le mythe de Faust. David est en train de rater sa carrière de sculpteur, car son mécène qui l’a porté l’a ensuite lâché et détruit. Il n’a donc pas d’argent, (presque) pas d’ami, pas de famille… Il accepte alors un pacte lui permettant de modeler à sa guise les matériaux, mais sa durée de vie se retrouve du jour au lendemain très limité…

Une réflexion sur le succès.

LeSculpteur1Revisiter un mythe, c’est lui apporter quelque chose. Scott Mc Cloud tente de le moderniser en le situant dans le milieu d’art New-Yorkais. De ce milieu, on ne visitera qu’une seule galerie et le MOMA, dont on ne verra pas grand-chose. La réflexion porte avant tout sur le succès plus que sur l’Art en tant que tel. Ainsi la problématique est : le talent brut (sculpter avec maestria) suffit-il ? Quid des idées ? Des coucheries ? Des copinages ? Des critiques ? De la chance ? Si Scott Mc Cloud aborde ses questions, il n’apporte finalement pas grand-chose, même si certaines idées sont pertinentes.

Le traitement narratif est en revanche une véritable déception. Les cinq-cents pages de l’ouvrage ne sont absolument pas justifiées. Mc Cloud ajoute une amourette absolument pas crédible (du genre coup de foudre immédiat à sens unique) qui plombe le récit. De même, les discussions entre David et la Mort sont sans intérêt. Le faire devant un jeu d’échec alourdit encore le message.

Mais ce qui pose le plus de problème est certainement le personnage de David en lui-même. Obsédé par l’Art, il perd en empathie. Trop égoïste et obsessionnel (pour l’art ou pour Meg), il a bien du mal à attirer la sympathie. Les personnages trop pleurnichards fatiguent vite le lecteur. Surtout que Meg, présenté comme le pendant optimiste du livre, se révèle aussi dépressive…

Au niveau graphique, le livre est bien plus enthousiasmant. Certains passages sont vraiment inventifs, d’autres explosent de dynamisme… Il y a vraiment de quoi analyser dans ce livre ! Le parti pris de la bichromie (avec du bleu) est pertinent et l’auteur l’utilise pour faire des effets très réussis. L’auteur possède un style oscillant parfois entre les styles comics et manga (pour les personnages notamment). On sent que Scott Mc Cloud a fait des efforts pour sortir de son dessin un peu froid et statique, le résultat est assez réussi. Malgré tout, le dessin reste inégal avec des cases vraiment moins bien dessinées.

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« Le sculpteur » m’a fait le même effet que les ouvrages de Craig Thomson : il y a de très belles idées graphiques et narratives, mais l’histoire se révèle décevante, peuplée de personnages dépressifs. Surtout, la forte pagination paraît inutile, répétant les choses sans vraiment les approfondir. Un ouvrage mi-figue mi-raisin, plein de qualités, mais dont les défauts alourdissent le propos.

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note3

Uchronie(s), New Moscow, T3 – Éric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T3
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un projet très ambitieux. Il fait exister trois mondes parallèles développées sur trois tomes chacune. Elles se rejoignent dans un épilogue commun concluant ainsi une décalogie à la trame dense et travaillée. La première saga basée sur cette construction s’est terminée il y a quatre ans. Cela a été une agréable surprise de voir que moins de deux ans plus tard, Éric Corbeyran décidait d’offrir une suite à son histoire en accouchant de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ».

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier chapitre de la réalité moscovite. Nicolas Otéro est en charge des dessins de cette partie de l’univers scénaristique édifier par le célèbre auteur bordelais. J’avais été séduit par son trait. Sa personnalité offre une atmosphère unique à la lecture et la dissocie sans mal de ses voisines chinoise et indienne. La parution de cet opus date du mois d’octobre.

Il est évident que découvrir cette aventure par cet album est une cause perdue d’avance. La complexité des liens entre les mondes couplée aux intrigues propres à chacun rend impossible de prendre le triant en route. Chaque nouveau tome nécessite une plongée dans les chapitres précédents.

Des mondes parallèles qui interagissent.

NewMoscow3bLa trame de cette trilogie se construit autour du professeur Paskevitch. Ce scientifique a connu beaucoup de bas auparavant. Il a connu les dures prisons moscovites. L’amélioration de sa situation est due à un marché amoral passé avec l’Impératrice. Il doit travailler sur la matière noire permettant de changer de réalité. Cette recherche a pour objectif d’expédier « ailleurs » les plus grands criminels locaux. Nous suivons donc ici la première expérimentation de condamnation. Elle génère un moment fort de l’histoire.

La série s’inscrit dans une thématique classique de la science-fiction : les mondes parallèles. La recette est classique mais rarement bien exécutée. Le traitement est souvent superficiel et privilégie la forme au fond. Corbeyran est ici ambitieux. Il fait interagir ses différents univers avec finesse. Il ne tombe jamais dans la caricature et n’oublie pas ses concepts narratifs de départ. Cela permet donc aux adeptes du genre de savourer avec délectation cet ouvrage. La tension monte tout au long du défilement des pages.

Le contenu est fourni. Chaque planche a son importance et participe à l’avancée de l’intrigue. Elle éveille notre intérêt jusqu’au dénouement. Ce dernier ouvre une porte intéressante vers l’épilogue à venir. L’un des petits plaisirs de cette saga vient des rencontres entre protagonistes de mondes différents. Elles sont toujours pertinentes et apportent systématiquement leur écot aux événements.

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Pour conclure, ce bouquin confirme la qualité de « New Moscow ». Elle occupe à mes yeux la planche royale dans cette décalogie qui se construit. Néanmoins, je ne peux que vous conseiller de découvrir le cycle original avant de plonger dans celui-ci. Cela vous permettra de ne pas vous perdre dans les nombreux arcanes de cette belle aventure…

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note4

Uchronie(s), New Moscow, T2 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux né il y a un petit peu plus de cinq ans. Eric Corbeyran est le scénariste à l’origine de cette saga originale. Elle se décompose en trois trilogies présentant chacune une réalité parallèle de New York. Elles se rejoignaient dans un dixième opus qui concluait une décalogie d’ampleur. J’avais vraiment eu le sentiment d’avoir été conquis par un univers de science-fiction très abouti. J’ai donc été agréablement surpris en découvrant il y un an que l’aventure trouvait une suite à travers la parution de trois nouvelles séries New Beijing, New Moscow et New Delhi.

Les premiers chapitres des trois aventures m’avaient inspiré des sentiments très variés. New Moscow était celle qui m’avait le plus plu. J’avais été séduit par la personnalité graphique offerte par Nicolas Otero. De plus, la trame était dense et apportait un nouvel écot intéressant à la saga. J’étais donc curieux de me plonger dans le deuxième tome de cette nouvelle trilogie. Il est paru chez Glénat le vingt-quatre octobre dernier.

Il est évident qu’il m’apparaît compliqué dans cet album sans avoir quelques prérequis. Il me paraît indispensable d’avoir lu le premier opus et vivement conseillé d’avoir des références ici de la décalogie initiale. Le fondement de l’univers de Corbeyran est qu’un savant nommé Kosinski a inventé la fusion noire. Cette entité permet dans des univers parallèles d’une même réalité. Celle qui abrite l’intrigue nous présente un New York russe. En effet, New Moscow n’est qu’une version de la métropole américaine.

Voyager entre les réalités et trouver la réalité originale

Le dénouement de l’épisode précédent nous apprenait que Zack, fils du savant Kosinski, a un rêve : voyager entre les réalités et trouver la réalité originale. Cette dernière est à l’origine de toutes les autres. Le projet est intéressant et offre un intérêt certain à l’histoire. En effet, j’appréhendais que cette suite ait du mal à relancer une saga qui avait trouvé sa fin. Mais New Moscow est celle qui y arrive le mieux. L’objectif de Zack est bien exploité dans ce tome. J’ai pris plaisir à voir son plan prendre forme. L’aspect scientifique est bien maîtrisé et son dosage est habile. A aucun moment, les dialogues ne présentent de longs monologues magistraux pour expliquer les tenants et les aboutissants. Néanmoins, cela n’empêche la quête d’avancer de manière non négligeable.

Les interactions avec les deux autres réalités restent pour l’instant minimes. D’ailleurs il n’est pas nécessaire d’avoir lu New Beijing ou New Delhi pour tout comprendre. Je suis curieux de voir à quel moment les trois mondes vont réellement influer les uns sur les autres. Le scénario ne propose aucune lourdeur dans le domaine. Aucune immersion d’une réalité dans une autre n’est anecdotique ou gadget. C’est appréciable.

Une des réussites de cet album est de laisser également une place à ses personnages. Je trouve le casting très intéressant. Il offre une réelle diversité de caractère et de profil. De plus, Corbeyran arrive à faire cohabiter bon nombre d’intrigues secondaires avec son fil conducteur central. Je me suis vraiment investi dans ma lecture tant ma curiosité était régulièrement relancé. J’ai pris énormément de plaisir à voir les événements s’enchaîner. L’album est d’une qualité constante et ne souffre d’aucun temps mort. La conséquence est que je suis optimiste quant à la réussite du prochain tome.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album m’a beaucoup plu. J’ai retrouvé le plaisir que j’avais ressenti dans le premier opus. J’ai retrouvé les personnages avec joie. Le talent d’Otero permet de faire naître un véritable univers qui n’a aucun mal à rendre crédible cette grande mégalopole « new moscovite ». New Moscow confirme à mes yeux qu’il s’agit de la meilleure des trilogies « nouvelle génération ». Il ne reste plus qu’à espérer que les deux autres arrivent à se hisser à son niveau. Mais cela est une autre histoire…

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Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures sĂ©ries que j’ai dĂ©couvertes lors de la dernière dĂ©cennie. Elle se construisait Ă  partir de trois trilogies parallèles qui se trouvaient rĂ©unies dans un dixième tome. Chaque partie correspondait Ă  une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idĂ©e Ă©tait brillante. La rĂ©alisation complexe s’est avĂ©rĂ©e Ă  la hauteur. J’ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rĂ©daction de trois nouvelles sagas construites sur le mĂŞme principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai rĂ©cemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le dĂ©but de la seconde citĂ©e qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le cĂ©lèbre scĂ©nariste s’est associĂ© au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment à quelle époque on se trouve étant donné le fait que chaque nouvelle histoire présente une réalité parallèle à la nôtre. On prend donc un réel plaisir à errer dans l’université impériale de Saint-Pétersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matière noire qui était au centre de la première décalogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empêche pas de prendre un réel plaisir à voir ces étudiants et professeurs jouer à l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal à s’immerger dans cette uchronie sérieusement construite.

Mais au-delà de sa dimension scientifique, l’intrigue possède de nombreuses zones d’ombre qui suggère bon nombre d’interrogations. Notre curiosité est ainsi en permanence sollicitée. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possède une densité scénaristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir à s’y perdre. J’ai également apprécié de découvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relégués dans cet opus au second rang. Ce n’est pas désagréable parce qu’on a le sentiment de repartir à zéro. Ce sentiment m’avait manqué en lisant « New Beijing ». La dimension « réchauffée » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprécié cet état de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallélisme de chacune en lui offrant sa propre identité graphique. C’est donc Nicolas Otero qui était chargé de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre à la première page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possède suffisamment de caractère qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. Néanmoins, une fois le trait dompté, j’ai pris énormément de plaisir à découvrir l’univers illustré par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les décors, tout est réussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complète parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris énormément de plaisir à me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvé l’adrénaline qui accompagnait ma découverte de la série initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre à nouveau le goût de l’aventure. J’espère que la suite sera du même acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la même qualité que l’œuvre originale. Ce nouvel album me laisse espérer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espérer que « New Delhi » soit à la hauteur de mes espérances. Mais cela est une autre histoire…

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Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisième testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le Troisième Testament » est, à mes yeux, un monument du neuvième art. Sa dimension ésotérique développée dans cette époque médiévale est envoutante. De plus, la richesse du scénario mis en valeur par un dessin soigné et précis fait que chaque nouvelle lecture de cette série est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche à ce solide chêne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le Troisième Testament – Julius ». Son intrigue était bien antérieure à celle du Comte de Marbourg. Néanmoins, la perspective de découvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indifférent un adepte de l’histoire scénarisée par Xavier Dorison.

Julius4a« Le Troisième Testament… Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cœur des légendes médiévales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophète oublié : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps… jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatrième de couverture. Ce prophète occupe une place non négligeable dans la tétralogie initiale. Néanmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de manière complètement indépendante. Il n’est pas nécessaire d’avoir suivi les pérégrinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirée par les intrigues mystiques à l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius…

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatrième épisode de la série. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez Glénat en avril dernier. Le scénario est l’œuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus précédents sont le fruit du travail de Thimothée Montaigne. Il est évident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient échappé.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long périple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clôt à la fin de l’album précédent. Proche du but, il arrête sa quête et décide de revenir sur ses pas en Judée. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libérer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retourné dans la montagne à la recherche de la révélation…

Une rupture d’atmosphère.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration était assez linéaire. Les embûches se succédaient. Les moments de doute étaient nombreux. Bref, cette aventure était une succession d’épreuves. La construction scénaristique faisait que le lecteur se laissait aisément porté par cette mission. En effet, l’empathie dégagée par cette communauté permettait à la curiosité d’être entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphère. Le héros n’est plus en recherche divine. Il est retombé dans son costume humain. Il mène une guerre. Il est complètement possédé par sa volonté de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un général d’armée. L’évolution est bien montrée. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissé place à une machine à tuer. Je trouve intéressant cette évolution. Elle chamboule la routine agréable dans laquelle le lecteur était blotti. Malgré tout, l’ouvrage en lui-même n’est pas un condensé de rebondissements. Il se décline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins présent dans les planches de ce quatrième tome. Néanmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les dernières pages sont dans ce domaine un modèle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quête prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier épisode est passionnante. Il s’agit d’une belle réussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de Thimothée Montaigne. Il confirme le talent mis en lumière précédemment. Je trouve vraiment remarquable sa capacité à faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les différents plans pour offrir un dynamisme intéressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion très forte du lecteur dans un monde et une époque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sérieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible présence de Julius tant son rôle est le plus intéressant de la saga. En tout cas, la lecture a été suffisamment plaisante pour que je me plonge à nouveau dans la série initiale. Suivre à nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisément l’attente de la parution du « Livre V ».

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