Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Novembre 1999


« Universal War One » est l’une des sĂ©ries de science-fiction les plus palpitantes publiĂ©es en bande-dessinĂ©e. AprĂšs un premier tome allĂ©chant, laissant le lecteur en suspens, Denis Barjam (au dessin et au scĂ©nario) se devait de transformer l’essai avec ce second tome nommĂ© « Le fruit de la connaissance ». Le tout est toujours publiĂ© chez Soleil pour un album classique de 46 pages.

Un mur est apparu dans le systĂšme solaire. Personne ne sait ce que c’est. Mais Balti, de l’escadron Purgatory, est parvenu Ă  y entrer. Seul problĂšme, il en est ressorti en sale Ă©tat dans un vaisseau inconnu et avec une barbe de trois jours
 On avait laissĂ© l’escadron plonger dans le vortex afin de voir ce qu’il y avait dans le mur. Ils ne vont pas ĂȘtre déçus ! AttaquĂ© par des drones, ils s’empressent de retourner d’oĂč ils sont venus. Et dĂ©jĂ , Kalish le gĂ©niĂ© annonce qu’il y a un problĂšme de diffĂ©rentiel temporel


Une intrigue spatio-temporelle

Si c’était dĂ©jĂ  abordĂ© dans le premier tome, la notion de temps (et donc d’espace-temps) s’installer rĂ©ellement dans la sĂ©rie. Tout va tourner alors autour. Y a-t-il une civilisation qui Ă©volue 1000 fois plus vite que la notre dans le mur ? Denis Barjam maĂźtrise pleinement son sujet et le lecteur est happĂ© par le suspense en permanence. Les explications scientifiques sont prĂ©cises et claires, pas trop pompeuses et surtout comprĂ©hensibles !

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Dans ce tome, les rĂ©vĂ©lations sont nombreuses et le lecteur ne restera pas sur sa faim. Les coups de thĂ©Ăątre s’enchaĂźnent jusqu’à la derniĂšre page qui nous laisse pantois et pressĂ© de lire la suite. En cela, Barjam possĂšde un vrai talent pour gĂ©rer le rythme de sa sĂ©rie. Il dĂ©voile beaucoup de choses mais sans excĂšs. Et tout sert l’histoire, Ă  un moment ou Ă  un autre.

Mais « Universal War One », outre son histoire spatio-temporelle a comme attrait sa galerie de personnages. Tous sortis de cour martiale, ils ont chacun un dĂ©faut qui les rend dangereux. Comme Ă  chaque bouquin, Barjam dĂ©voile le passĂ© de l’un d’entre eux. Cet aspect rend aussi la relecture d’autant plus intĂ©ressante, une vraie qualitĂ© pour une sĂ©rie ! AprĂšs des dĂ©buts caricaturaux, on connaĂźt mieux les personnages qui s’affirment, mĂȘme s’ils n’évoluent pas encore en profondeur. On est ici encore dans la phase d’apprentissage.

Au niveau du dessin, le trait de Denis Barjam semble influencĂ© par les comics. J’avoue ne pas ĂȘtre forcĂ©ment fan de son trait ni de ses couleurs (notamment dans l’espace), mais le tout est cohĂ©rent et la mise en scĂšne toujours efficace. C’est dans le dĂ©coupage aussi que Barjam montre pleinement son talent. J’ai appris Ă  assimiler ce style et force est de constater que « Universal War One » possĂšde une vraie identitĂ© graphique.

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Essai transformĂ© pour ce tome 2. Le lecteur est pris par le suspense et n’a plus qu’une envie : lire la suite. Les zones d’ombres sont nombreuses et malgrĂ© les avancĂ©es de nos hĂ©ros, elles restent bien nĂ©buleuses ! Un must !

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Note : 17/20

Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes – Riad Sattouf

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Titre : Pascal Brutal, T4 : Le roi des hommes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Septembre 2014


Si Riad Sattouf fait beaucoup parler de lui ces derniĂšres semaines avec son livre « L’arabe du futur », c’est bien la sortie du quatriĂšme tome de « Pascal Brutal » qui me mettait dans tous mes Ă©tats. RĂ©compensĂ©e Ă  AngoulĂȘme pour son troisiĂšme tome, cette sĂ©rie est un must-have d’humour. Ce nouvel opus, intitulĂ© « Le roi des hommes », nous permet de dĂ©couvrir un peu plus la vie de Pascal, l’homme le plus viril du monde. Le tout est publiĂ© chez Fluide Glacial.

Le monde de Pascal Brutal est assez original
 AprĂšs l’accession d’Alain Madelin au pouvoir, la France dĂ©cline et sombre dans un chaos intellectuel et social. Riad Sattouf crĂ©e une vision de notre future trĂšs pessimiste et pourtant si proche de notre sociĂ©tĂ© actuelle. C’est la complĂšte dĂ©cadence : violence, sexe et QI nĂ©gatif s’y cĂŽtoient en permanence. Et au milieu de tout cela, Pascal Brutal


Ce bon vieux Pascal, c’est la virilitĂ© Ă  l’état pur : des gros muscles, une grosses motos et des femmes qui le veulent tout de suite et maintenant. Mais surtout, c’est une homosexualitĂ© refoulĂ©e qui ressort rĂ©guliĂšrement


La voix off, point fort de la série

Ainsi, tour Ă  tour, Pascal va essayer de pĂ©cho dans la ville des gays, ĂȘtre star du rap, joueur de foot, etc. Riad Sattouf s’amuse Ă  intĂ©grer l’Homme dans toutes les situations possibles, mais toujours dans sa France façon Madelin. C’est d’ailleurs la description de cet univers ultralibĂ©rale, par la voix off, qui fait tout le sel de cette bande-dessinĂ©e. Au-delĂ  des situations, Riad Sattouf s’amuse Ă  dĂ©crire un monde improbable. Cerise sur le gĂąteau : un certain Riad Sattouf a permis au monde arabe de devenir la sociĂ©tĂ© la plus avancĂ©e et la plus progressiste (dans le tome 3). Nous retrouvons ainsi un stade Riad Sattouf construit Ă  base de sacs plastiques recyclĂ©s


Si on sourit souvent devant la vie de Pascal, on rit aussi. Cette sĂ©rie possĂšde une telle identitĂ© et une telle densitĂ© que l’on a du mal Ă  rester indiffĂ©rent. Le lien avec « La vie secrĂšte des jeunes » est Ă©vident. Riad Sattouf sait observer ses contemporains et projettent le tout dans l’avenir. Et ce n’est pas rose…

 Le dessin, simple en apparence, est parfaitement adapté. Les expressions du visage de Pascal sont complexes et participent à notre hilarité. Bref, du lourd.

Avec son quatriĂšme opus, « Pascal Brutal » ne faiblit pas. L’univers et le personnage crĂ©Ă©s par Riad Sattouf possĂšdent une vĂ©ritable originalitĂ© et l’auteur sait les utiliser sans se rĂ©pĂ©ter. Une des grandes bande-dessinĂ©es d’humour de ces derniĂšres annĂ©es, dans la plus pure tradition Fluide Glacial !

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17/20

L’invention du vide – Nicolas Debon

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Titre : L’invention du vide
Scénariste : Nicolas Debon
Dessinateur : Nicolas Debon
Parution : Juin 2012


Étant soumis au vertige, l’escalade est quelque chose qui m’est interdite par la force des choses. Histoire de pouvoir profiter des sensations au mieux malgrĂ© mon handicap, je me suis procuré« L’invention du vide » de Nicolas Debon. Paru chez Dargaud, dans la collection Long Courrier, ce one-shot de belle taille narre l’ascension d’un pic du massif du Mont Blanc par Mummery, Burgener et Venetz. Continuer la lecture de « L’invention du vide – Nicolas Debon »

Bone, T4 : La nuit des rats-garous – Jeff Smith

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Titre : Bone, T4 : La nuit des rats-garous
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Mars 1997


« Bone » est le seul comics Ă  trĂŽner dans ma bibliothĂšque, mĂȘme si un tome de « Sin City » s’est discrĂštement glissĂ© entre deux bande-dessinĂ©es franco-belge. DĂ©couverte par hasard dans la mĂ©diathĂšque du quartier, ce mĂ©lange d’aventure et d’humour m’a pleinement sĂ©duit. AprĂšs trois premiers tomes exceptionnels, le propos se corse. « La nuit des rats-garous » annoncent de sombres Ă©vĂšnements, comme l’indique parfaitement la couverture. Le tout est toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt pour 88 pages. C’est l’un des tomes les plus lĂ©gers en termes de pagination.

Clairement, on sent un petit problĂšme de dĂ©coupage dans cette Ă©dition. On reprend l’histoire en pleine forĂȘt, sous le dĂ©luge
 Qu’importe, le plaisir reste le mĂȘme. Mamie Ben fuit et est rattrapĂ©e par Thorn et Fone Bone. Qu’a-t-elle donc Ă  cacher ? CernĂ©s par les rats-garous qui Ă©cument la forĂȘt, le trio tente de survivre.

Le tome des révélations

Ce tome est LE tome des rĂ©vĂ©lations. AprĂšs un dĂ©but plutĂŽt lĂ©ger, le propos se durcit. On apprend enfin qu’est-ce que la vallĂ©e, les forces en prĂ©sence, son passĂ©, etc. Le rĂ©cit prend une autre tournure. Mais la deuxiĂšme partie du tome est elle pleinement humoristique. Lucius et Phoney se lancent dans le concours Ă  la taverne. Chacun son cĂŽtĂ© et les gens consomment oĂč ils le veulent. MĂȘme si la compĂ©tition semble lĂ  pour montrer le caractĂšre de Phoney, cela aura Ă©videmment bien plus d’importance


Jeff Smith continue ici son mĂ©lange savoureux. De l’humour, du romantisme, de l’aventure, de l’hĂ©roĂŻc fantasy
 Le travail sur les ambiances est remarquable notamment pour cette fameuse « Nuit des rats-garous ». Son dĂ©coupage donne une vraie puissance Ă  l’ouvrage. InspirĂ© de l’animation, de nombreuses cases se suivent avec le mĂȘme cadrage, changeant juste un petit dĂ©tail de l’une Ă  l’autre. Ce travail proche du dessin-animĂ© par moment donne une fluiditĂ© Ă  la lecture et permet de jouer aussi bien sur la peur que sur le rire !

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Au niveau du dessin, Jeff Smith produit des noirs et blancs particuliĂšrement beaux dans ce tome nocturne. La reprĂ©sentation de la foudre, de la pluie est formidable ! Je suis conquis depuis bien longtemps par le trait rond et expressif de l’auteur. Sa capacitĂ© Ă  mĂ©langer cartoon et dessin rĂ©aliste est un modĂšle du genre !

« La nuit des rats-garous » est un tome charniĂšre dans la sĂ©rie « Bone ». Il pose (en partie) les enjeux, ce qui n’était pas vraiment le cas auparavant. On passe de quĂȘtes immĂ©diates Ă  une quĂȘte plus gĂ©nĂ©rale, ce qui change fortement la donne pour les personnages.

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Note : 19/20

Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars – Jeff Smith

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Titre : Bone, T3 : RĂȘves et cauchemars
Scénariste : Jeff Smith
Dessinateur : Jeff Smith
Parution : Septembre 1996


« Bone » a Ă©tĂ© l’une de mes plus grandes surprises de lecture. Ce comics mĂ©langent autant les codes graphiques que les genres dans une fusion de trĂšs grande qualitĂ©. On y retrouve des bones, personnages de cartoon exilĂ©s de Boneville, qui arrivent dans une vallĂ©e teintĂ©e d’hĂ©roĂŻc-fantasy. Le dĂ©but de l’histoire est trĂšs lĂ©gĂšre, pleine d’humour, bien que dĂ©jĂ  les rats-garous sĂšment le trouble. Le tout est publiĂ© chez Delcourt. Je prends ici pour rĂ©fĂ©rence la premiĂšre version publiĂ©e en noir et blanc.

Smiley et Phoney, suite aux paris truquĂ©s, sont obligĂ©s de travailler pour Mamie Ben, puis pour Lucius. Les voilĂ  donc Ă  la ferme pour reconstruire le tout aprĂšs l’attaque des rats-garous. Si Smiley est toujours de bonne humeur, Phoney cherche Ă  tout prix un moyen de repartir Ă  Boneville couvert d’or. ProblĂšme : Fone Bone est amoureux de la belle Thorn et sa motivation de retour d’exil est toute relative


L’ambiance est encore Ă  la “bone” humeur

Dans ce troisiĂšme tome, l’ambiance est encore Ă  la bonne humeur. Les trois bones sont ensemble et les situations cocasses sont lĂ©gions. Mais les rĂȘves s’invitent aussi bien chez Thorn que chez Fone Bone. Les enjeux rĂ©els restent ici encore flous mais le mystĂšre s’épaissit et titille notre curiositĂ©. Ce tome reste l’un des plus courts parus, l’histoire avance donc peu. A la fin de l’ouvrage, les bones sont une nouvelle fois sĂ©parĂ©s, laissant prĂ©sager de nouvelles pĂ©ripĂ©ties.

Clairement, le dĂ©but de cette Ă©popĂ©e est la partie que je prĂ©fĂšre. MĂȘlant humour, suspense et aventure, c’est un cocktail dĂ©tonnant ! C’est toujours le cas ici oĂč, aprĂšs des passages trĂšs drĂŽles, une scĂšne vient nous rappeler que l’heure est Ă  l’inquiĂ©tude
 Ce sont les derniers moments d’insouciance avant que les problĂšmes n’arrivent


Concernant le dessin, ce tome est particuliĂšrement beau. En effet, une bonne partie de l’histoire se passe en pleine averse et en pleine nuit, donnant lieu Ă  des planches en noir et blanc de toute beautĂ©. Jeff Smith est ici au sommet. Son trait au pinceau est une merveille. L’environnement est pourtant trĂšs simple (la forĂȘt et la ferme
), mais parfaitement rendu. Et surtout, l’auteur parvient Ă  mixer dessin cartoon et rĂ©aliste avec une aisance stupĂ©fiante. Du grand art.

Jeff Smith a pris son rythme de croisiĂšre avec ce « RĂȘves et cauchemars ». Les enjeux ne sont pas encore trĂšs clairs pour le lecteur, mais la tension monte lentement


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Note : 19/20

Ralph Azham, T5 : Le pays des dĂ©mons bleus – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T5 : Le pays des démons bleus
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Mai 2013


C’est peu de dire que Lewis Trondheim occupe une place Ă  part dans mon panthĂ©on de la bande-dessinĂ©e. Son Ɠuvre riche et magistrale m’a fortement influencĂ© et m’a donnĂ© envie de me mettre Ă  la bande-dessinĂ©e en tant qu’auteur. Mais depuis quelques annĂ©es, le fer de lance de la gĂ©nĂ©ration de L’Association a baissĂ© le pied et publie beaucoup moins. Sa derniĂšre sĂ©rie en date, « Ralph Azham », avait plus ou moins déçu tant sa parentĂ© avec « Donjon » l’empĂȘchait de prendre pleinement son envol. Mais avec le quatriĂšme tome, cette sĂ©rie trouvait un souffle salvateur qui nous donnait de l’espoir pour la suite. « Le pays des dĂ©mons bleus », le cinquiĂšme opus, allait-il confirmer le regain de forme de « Ralph Azham » ?

Ralph a quittĂ© le royaume d’Astolia. Il recherche l’ennemi hĂ©rĂ©ditaire, Vom Syrus, afin de renverser le roi d’Astolia. On retrouve donc la joyeuse bande sur un bateau, en partance pour le continent. Etant donnĂ© que l’on est au cinquiĂšme tome, on commence Ă  se rapprocher de la fin et cela se sent. Ralph, que l’on a connu misĂ©rable, accepte son rĂŽle et prend de l’ampleur. Sa relation avec Yassou (sĂ»rement le personnage le plus rĂ©ussi de cette bande-dessinĂ©e) Ă©volue et mĂ»ri pour notre plus grand plaisir.

Une série qui se bonifie aprÚs plusieurs lectures.

Lewis Trondheim continue son exploration de l’hĂ©roĂŻc fantasy plus ou moins dĂ©tournĂ©e. Il faut bien avouer que l’homme possĂšde une patte particuliĂšre, un sens du dialogue qui n’est qu’à lui. Cependant, Ă  force de lire l’auteur, on est moins surpris. Difficile de dire si c’est l’habitude ou une baisse de rĂ©gime de Trondheim. Heureusement, l’histoire tient la route et est prenante. Pas d’impression de dilution ici. Les bonnes idĂ©es sont lĂ©gions et derriĂšre l’humour, la duretĂ© de l’univers est rĂ©elle. A la fermeture de l’ouvrage, on ressent l’envie de lire la suite, on sent que le tout avance et se rapproche d’un dĂ©nouement. Trondheim a su mĂ©nager quelques surprises Ă  son lecteur. « Ralph Azham » est une sĂ©rie qui se bonifie aprĂšs plusieurs lectures. Les dĂ©tails et les subtilitĂ©s ne se dĂ©voilent pas toujours au premier abord.

Au niveau du dessin, Trondheim dĂ©veloppe son trait animalier classique. Au fil des ans, son dessin s’est enrichi (notamment au niveau des dĂ©cors. Le tout est fluide et dense, efficace. C’est un vĂ©ritable plaisir. Au niveau des couleurs, j’ai Ă©tĂ© moins sĂ©duit. Le nouveau continent est plus colorĂ©, plus vif. Et au final, je trouve l’ambiance un peu moins forte que dans les premiers tomes. Cela reste un dĂ©tail, car les couleurs sont quand mĂȘme un des points forts de cette sĂ©rie.

Ce cinquiĂšme tome de « Ralph Azham » tient ses promesses. De la fantasy avec de l’humour Trondheim, cela reste un plaisir. L’épilogue semble se profiler. En espĂ©rant qu’il ne tarde pas trop Ă  arriver !

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Note : 14/20

Ralph Azham, T4 : Un caillou n’apprend jamais rien – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T4 : Un caillou enterrĂ© n’apprend jamais rien
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Octobre 2012


Le troisiĂšme tome de « Ralph Azham » annonçait la fin du premier cycle. Pourtant, Ă  la fermeture du livre, ce n’était pas bien Ă©vident. Je n’étais pas pleinement sĂ©duit par cette histoire et j’hĂ©sitais donc fortement Ă  continuer l’aventure avec ce nouveau cycle, du moins ce quatriĂšme tome intitulĂ© « Un caillou enterrĂ© n’apprend jamais rien ». Mais le tout Ă©tant dessinĂ© et scĂ©narisĂ© par Lewis Trondheim, j’ai craqué 

« Ralph Azham » reprĂ©sentera, pour toute personne connaissant l’Ɠuvre de Trondheim, comme un « Donjon bis en moins bien ». LĂ  oĂč « Donjon » se permettait tout, « Ralph Azham » est plus consensuel. Sa publication chez Dupuis (et dans le magazine Spirou) l’explique amplement. Ainsi donc, on se retrouve avec un monde de fantasy classique, mais malmenĂ© en permanence. C’est le personnage de Ralph, trĂšs cynique, qui sert de catalyseur aux clins d’Ɠil de l’auteur. Ce dernier est l’élu, poursuivi par toutes les milices de tous les pays. Il est Ă©paulĂ© de son ami magicien avec qui il se dispute souvent, Ralph ne respectant que peu les croyances des autres. Nos deux compĂšres entrent Ă  Octania afin d’essayer d’embarquer sur un bateau et se rendre sur l’üle de Vom Syrus, pour lui demander son aide.

Un lieu = un tome

On a clairement affaire Ă  un tome de transition ici. En effet, Ă  la fin du livre, Ralph quittera Ă  peine Octania. MĂȘme s’il dĂ©tourne les codes du genre, Trondheim s’y perd Ă©galement. Un lieu = un tome. On dĂ©couvre les us et coutumes du coin, le hĂ©ros perturbe l’écosystĂšme local puis s’en va.

Il serait cependant rĂ©ducteur d’aborder ce tome ainsi. Si la notion de cycle n’est pas Ă©vidente, elle se retrouve dans les personnages. Ainsi, les premiers tomes Ă©taient beaucoup basĂ©s sur la sƓur de Ralph. Ici, Ralph va rencontrer de nouveaux personnages qui changent fortement le ton de l’album. Il faut bien avouer que le tout est sacrĂ©ment prenant. Trondheim semble avoir pris son rythme et ce tome ne paraĂźt pas du tout diluĂ©. Cela m’a redonnĂ© foi dans cette sĂ©rie. MĂȘme si les enjeux rĂ©els de l’histoire semble bien mineurs ici (comme dans les premiers « Donjon » d’ailleurs), force est de constater qu’il y a beaucoup de bonnes idĂ©es et que les personnages commencent Ă  devenir vraiment sympathiques et attachants (il Ă©tait temps
).

Au niveau du dessin, on retrouve le dessin animalier de Lewis Trondheim. Le tout est maĂźtrisĂ© et certains dĂ©cors sont vraiment beaux. La mise en couleur, vive, met bien en valeur le trait de Trondheim. Il est Ă  noter qu’il y a une forte densitĂ© de cases par page, l’auteur aimant beaucoup insĂ©rer des silences lorsque les personnages dialoguent, ce qui apporte une vraie subtilitĂ© aux comportements.

Au final, ce quatriĂšme tome est une agrĂ©able surprise. Je ne regrette absolument pas d’avoir assouvi mes pulsions consumĂ©ristes. J’espĂšre juste que l’histoire prendra une ampleur un peu plus importante par la suite. Car si les dialogues, les actions accrochent le lecteur Ă  la lecture, parfois on s’arrĂȘte quelques secondes en se demandant « mais pourquoi ils sont lĂ  d’ailleurs ? ». Si vous avez apprĂ©ciĂ© un tant soit peu les premiers tomes, n’hĂ©sitez pas Ă  continuer l’aventure.

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Note : 14/20

Ralph Azham, T2 : La mort au dĂ©but du chemin – Lewis Trondheim

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Titre : Ralph Azham, T2 : La Mort au DĂ©but du Chemin
Scénariste : Lewis Trondheim
Dessinateur : Lewis Trondheim
Parution : Août 2011


« Ralph Azham » est une sĂ©rie de fantasy crĂ©Ă©e par Lewis Trondheim sur le mode de « Donjon ». L’univers est quasi-identique. Il est Ă©tonnant de voir Trondheim se lancer dans une sĂ©rie si proche de celle qu’il avait initiĂ©e avec Sfar. La publication chez Dupuis (et en prĂ©publication chez Spirou Magazine) explique peut-ĂȘtre cela.

Le tome 2, « La mort au dĂ©but du chemin », fait suite Ă  l’introduction. On suit toujours l’histoire de Ralph, un Ă©lu puisque ses cheveux devenus bleus. On le retrouve en voyage avec ses autres jeunes acolytes. Evidemment, les problĂšmes vont se succĂ©der Ă  une vitesse vertigineuse ! Il faut dire que Ralph fait tout pour les attirer. Son personnage, sorte de double d’Herbert (dans Donjon) est cynique et blasĂ©. Peut-ĂȘtre plus courageux et plus Ă  mĂȘme Ă  rĂ©agir aux Ă©vĂšnements.

Une comparaison avec “Donjon” cruelle mais inĂ©vitable

La magie devient rĂ©ellement un fondamental de « Ralph Azham » dans ce tome. Ralph rencontre d’autres magiciens et les pouvoirs des uns et des autres s’étoffent, prennent de l’ampleur. Les combats sont plus impressionnants. Clairement, l’histoire dĂ©marre rĂ©ellement ici mĂȘme si les tenants et les aboutissants sont encore trĂšs flous. Ce qui empĂȘche quelque peu de se lancer pleinement dans la lecture. On ressent une forme de recul sur l’histoire. Les deux premiers tomes paraissent presque indĂ©pendants et Ă  la fin de celui-ci, on a l’impression que ce sera pareil pour le suivant. Il faut dire que les personnages du premier tome ne sont pas (encore ?) rĂ©utilisĂ©s. On dĂ©marre donc sur de nouvelles bases.

Certes la comparaison avec « Donjon » est peut-ĂȘtre cruelle mais elle est inĂ©vitable. Si on retrouve la qualitĂ© d’écriture de Trondheim un peu comme on retrouve un vieil ami, il n’y a cependant pas la densitĂ© et le charisme des personnages de « Donjon ». Les trouvailles sont toujours originales, bien pensĂ©es et exploitĂ©es, les dialogues toujours aussi dĂ©calĂ©s et force est de constater qu’on lit la BD d’une traite. Mais Trondheim nous a tellement habituĂ©s Ă  l’excellence que c’est difficile d’accepter de se retrouver avec « seulement » une bonne BD dans les mains !

Au niveau du dessin, on retrouve le style reconnaissable de l’auteur. Brigitte Findakly, sa femme, s’occupe des couleurs. Il faut avouer que les teintes de l’ensemble tirent vers les couleurs froides donnant par moment une ambiance particuliĂšre Ă  l’ensemble. « Donjon » Ă©tait trĂšs chaud dans ses couleurs. Ici, c’est moins le cas.

Mon avis peut paraĂźtre un peu dur et je l’attĂ©nue quelque peu. Lors de ma premiĂšre relecture, j’ai apprĂ©ciĂ© beaucoup plus l’univers de ce « Ralph Azham ». Les dialogues sont bien tournĂ©s, les idĂ©es foisonnent et l’histoire regorge de nombreux dĂ©tails. Peut-ĂȘtre que cette sĂ©rie est moins typĂ© humoristique que « Donjon ». Il s’en dĂ©gage une certaine mĂ©lancolie (notamment chez Ralph) qui peut expliquer une premiĂšre impression peu flatteuse. Cependant, aprĂšs deux tomes, on ne sait pas vraiment oĂč Trondheim veut nous emmener. Attention Ă  ne pas trop nous faire attendre !

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Note : 13/20

Comme un lundi – James

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Titre : Comme un lundi
Scénariste : James
Dessinateur : James
Parution : Novembre 2006


James est un auteur pour lequel j’ai beaucoup de sympathie. J’aime ses traits d’humour et son trait sur les planches. En tombant sur « Comme un lundi », recueil de strips muets, je n’ai pas hĂ©sitĂ© un instant Ă  me le procurer afin d’en dĂ©marrer la lecture au plus vite. Paru chez 6 pieds sous terre dans la collection Hors Collection, l’ensemble fait prĂšs de 100 pages pour un format trĂšs vertical.

« Comme un lundi » reprend une partie des strips parus sur le blog de l’auteur. Tournant autour de quatre pages, ils sont prĂ©sentĂ©s de façon verticale, avec deux dessins par pages. Et rĂ©guliĂšrement, entre chaque strip, une petite illustration reprĂ©sentant une photo de l’auteur Ă  diffĂ©rents stades de sa vie. Si bien qu’une impression de remplissage dĂ©sagrĂ©able se fait vite sentir. Le livre est Ă©pais, mais sa lecture se fait Ă  grande vitesse. C’est une tendance des recueils de blogs, puisque les ouvrages de Bastien VivĂšs donnent la mĂȘme impression. On aurait prĂ©fĂ©rĂ© un livre plus fin (et moins cher).

La qualité des strips est largement à la hauteur, mais pas leur quantité.

MalgrĂ© tout, l’humour de James fonctionne parfaitement. Faire des strips muets n’est vraiment pas Ă©vident et l’auteur s’en sort parfaitement. Il aime beaucoup comparer les Ăąges de la vie et le fait avec beaucoup de talent. Il n’est pas rare de sourire face au cynisme dĂ©gagĂ© par l’ensemble, James n’étant que rarement positif sur le sens de la vie. Mais aprĂšs, ne finissons tous pas ĂągĂ©s, puis morts ?

Le dessin développé par James est particuliÚrement plaisant. Ses personnages anthropomorphes possÚdent leur propre style. Contrairement à des séries comme « Amour, Passion & CX Diesel », James varie les angles de vue et les décors pour notre plus grand plaisir. Son trait au feutre est dynamique et fouillé. Le noir et blanc est maitrisé et fait la part belle aux textures. Avec un dessin qui paraßt simple de premier abord, James montre vraiment sa maßtrise du dessin ici.

Un avis mitigĂ© sur ce livre. MalgrĂ© l’impression de densitĂ© (les pages sont Ă©paisses qui plus est !), l’ensemble est particuliĂšrement lĂ©ger. Et si la qualitĂ© des strips est vraiment au rendez-vous, la quantitĂ© est trop lĂ©gĂšre pour ce prix-lĂ . J’ai Ă©tĂ© trĂšs content de l’emprunter en bibliothĂšque. A l’achat, un goĂ»t amer me serait restĂ© dans la bouche.

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Note : 14/20

Poulet aux prunes – Marjane Satrapi

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Titre : Poulet aux prunes
Scénariste : Marjane Satrapi
Dessinatrice : Marjane Satrapi
Parution : Octobre 2004


AprĂšs la lecture de PersĂ©polis, j’Ă©tais restĂ© un peu dubitatif. Si cette oeuvre possĂ©dait des qualitĂ©s indĂ©niables, je la trouvais un peu sur-cĂŽtĂ©e. Du coup, cela m’avait passĂ© l’envie de lire d’autres livres de Marjane Satrapi. Le temps passant, je dĂ©cidais de rĂ©viser mon jugement en lisant « Poulet aux prunes », son autre livre adaptĂ© (par l’auteure) sur le grand Ă©cran. Ce one-shot est paru dans la collection Ciboulette de l’Association.

TĂ©hĂ©ran, 1958. Nasser Ali cherche un tar. Son instrument a Ă©tĂ© cassĂ© et sans sa musique, il n’est plus rien. Mais malgrĂ© toutes ses tentatives, impossible de trouver un tar correct dans le pays, car il possĂ©dait le meilleur de tous. Incapable de jouer une quelconque mĂ©lodie, Nasser Ali perd sa raison de vivre et dĂ©cide de se laisser mourir.

Le portrait d’un homme dĂ©sespĂ©rĂ©

« Poulet au prunes » est construit sur une sĂ©rie de chapitres articulĂ©s sur les journĂ©es que Nasser Ali passe Ă  attendre la mort. Des flashbacks viennent complĂ©ter l’ensemble afin d’expliquer la vie de cet homme et ce qui l’a amenĂ© aujourd’hui Ă  de telles extrĂ©mitĂ©s. La narration est plaisante et facile Ă  suivre. Les zones d’ombres s’éclaircissent rĂ©guliĂšrement et tracent le portrait d’un homme. Comme pour « PersĂ©polis », Satrapi dĂ©crit quelque peu l’Iran, mĂȘme si ici la personne de Nasser Ali reste centrale. MalgrĂ© tout, le livre fait de multiples digressions sur la famille de l’homme. Parfois, on s’égare un peu, Satrapi s’inspirant avant tout une nouvelle fois de sa propre famille pour Ă©crire.

Beaucoup de lecteurs citent l’humour comme force de Marjane Satrapi. J’avoue ne pas y voir de quoi sourire. C’est avant tout la capacitĂ© de traiter de sujets graves sans pathos inutile et avec une sorte de lĂ©gĂšretĂ© qui fait la force de l’ouvrage. Il y a beaucoup de sensibilitĂ© dans ce « Poulet aux prunes ».

Au niveau du dessin, je ne suis pas vraiment fan du trait de Marjane Strapi. Son noir et blanc pur est un peu inĂ©gal, capable de trĂšs belles choses et parfois un peu lĂ©ger. MalgrĂ© tout, cela suffit Ă  faire passer les Ă©motions et c’est tout ce qui compte !

Marjane Satrapi nous propose ici un conte triste et sensible, oĂč la lĂ©gĂšretĂ© de la narration attĂ©nue quelque peu le drame. On s’attache beaucoup Ă  Nasser Ali et on le pleure comme la perte d’un vieil ami. Une belle histoire.

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Note : 15/20