La famille Passiflore, T3 : La chasse au trésor

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Titre : La famille Passiflore, T3 : La chasse au trésor
Scénariste : Michel Plessix
Dessinateur : LoĂŻc Jouannigot
Parution : Juin 2014


Ma critique d’aujourd’hui porte sur un album de jeunesse intitulĂ© « La chasse au trĂ©sor ». C’est le nom de son dessinateur qui m’a orientĂ© vers lui. Il s’agit de Michel Plessix dont le trait m’a charmĂ© dans « Le vent dans les saules ». De plus, j’avais eu l’occasion de lire une critique Ă©logieuse Ă  l’égard de cette troisiĂšme aventure de la famille Passiflore. Cette sympathique bande de lapins m’était inconnue jusqu’alors. La couverture est attirante. Elle nous prĂ©sente une bande de jeunes lapereaux bien dĂ©cidĂ©s au milieu d’une prairie verdoyante. Un danger rode dans l’ombre : ils sont observĂ©s par quelqu’un qui ne semble pas leur vouloir que du bien
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Le chant des stryges, T16 : Exécutions

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Titre : Le chant des stryges, T16 : Exécutions
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : DĂ©cembre 2014


Le chant des stryges est une des plus anciennes sĂ©ries que je lis. Le dernier Ă©pisode en date, le seiziĂšme, est apparu en librairie Ă  la fin de l’annĂ©e derniĂšre. Il s’intitule Executions. La couverture dĂ©gage une atmosphĂšre guerriĂšre en parfaite adĂ©quation avec le titre. On dĂ©couvre l’hĂ©roĂŻne se diriger vers nous une arme Ă  la main. Au second plan une maison brĂ»le et le ciel est habitĂ© par le visage d’un monstre hurlant. Les tons chauds accentuent cette sensation de fin du monde. Cette saga est l’Ɠuvre conjointe du scĂ©nariste Eric Corbeyran et du dessinateur Richard GuĂ©rineau. Les couleurs sont le fruit du travail de Dimitri Fogolin.

Le site BDGest’ online (online.bdgest.com) propose le rĂ©sumĂ© suivant : « AprĂšs avoir dĂ©couvert le remĂšde imaginĂ© par Sandor G. Weltman pour remĂ©dier Ă  la stĂ©rilitĂ© des Stryges, Debrah a dĂ©cidĂ© de tenter sa chance. Alors que le fƓtus, sous haute surveillance, grandit dans le corps de sa mĂšre, les tensions au sein de l’équipe se multiplient. Il semblerait qu’un traĂźtre se cache parmi eux
 Mais qui est-il et quelles sont ses vĂ©ritables intentions ? »

Un mélange entre un monde réel et dimension fantastique.

LeChantDesStryges16aVous l’aurez compris aisĂ©ment, il est difficile de s’immerger dans cette lecture sans avoir quelques prĂ©requis solides. Je vais vous offrir les grandes lignes de l’intrigue. Les Stryges sont des crĂ©atures ailĂ©es qui accompagnent dans l’ombre l’humanitĂ© depuis toujours. Leurs destins sont intimement liĂ©s sans qu’on arrive rĂ©ellement Ă  maĂźtriser la nature exacte de leur « association ». Weltman est un homme qui avait passĂ© une alliance avec ses monstres. En Ă©change d’une quasi-immortalitĂ©, il devait chercher Ă  soigner leur stĂ©rilitĂ©. Tout ne s’est pas passĂ© comme prĂ©vu. Cette lutte qui a durĂ© des siĂšcles s’est conclu lorsque Debrah, une mystĂ©rieuse femme aux talents nombreux a hĂ©ritĂ© de l’empire de Weltman aprĂšs l’avoir tuĂ©. Depuis, elle cherche Ă  mettre la main sur tous les hybrides dont elle fait partie pour choisir dĂ©finitivement son camps : avec ou contre les stryges ?

L’intrigue s’inscrit dans notre monde quotidien. La seule nuance de taille est la prĂ©sence dans l’ombre de ces crĂ©atures fantastiques. Le mĂ©lange entre un monde rĂ©el et cette dimension fantastique est habilement construit et ravira les adeptes du genre. La qualitĂ© de la sĂ©rie est constante et ne diminue pas avec les annĂ©es qui passent. L’univers global est dense et solide. Je suis tombĂ© rapidement sous les charmes nombreux de cette aventure et prend toujours beaucoup de plaisir Ă  m’y plonger.

LeChantDesStryges16bCe seiziĂšme tome nous prĂ©sente une bataille rangĂ©e entre Debrah et Carlson. La premiĂšre veut sauver les hybrides, le second veut les exterminer. Par les temps qui courent, le second est en train de prendre le dessus. La conclusion de cet album sur ce plan est une belle rĂ©ussite. ParallĂšlement, l’hĂ©roĂŻne et ses acolytes sont arrivĂ©s Ă  reproduire deux Stryges. Ils sont donc en passe de rĂ©soudre le problĂšme de stĂ©rilitĂ©. La question se pose donc de savoir que faire de ce nouveau pouvoir. Cette interrogation ne trouve pas vraiment de rĂ©ponse dans cet opus. D’ailleurs le fond de l’intrigue avance relativement peu dans cet acte. Les Ă©vĂ©nements s’enchainement mais aucun ne rĂ©volutionne vraiment l’ensemble. La lecture est donc agrĂ©able mais n’est pas aussi prenante qu’à l’habitude. En effet, elle est plus linĂ©aire que dans les albums prĂ©cĂ©dents. Il n’y a de rĂ©els rebondissements. Peut-ĂȘtre s’agit-il d’une transition avec la suite ? NĂ©anmoins, rien n’est bĂąclĂ© mais disons que l’ensemble manque lĂ©gĂšrement d’ampleur.

Concernant les dessins, ils arrivent toujours autant Ă  accompagner avec talent la trame. Le grand nombre de personnages et l’alternance entre scĂšnes extĂ©rieures et intĂ©rieures nĂ©cessitent des bases solides et aucune faiblesse. C’est le cas de Richard GuĂ©rineau. Il arrive sans difficultĂ© Ă  faire exister graphiquement chaque protagoniste qu’il soit central ou secondaire. De plus, les diffĂ©rents dĂ©cors sont Ă©galement bĂątis et permettent de s’y fondre aisĂ©ment.

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Pour conclure, « ExĂ©cutions » est une suite honnĂȘte aux pĂ©rĂ©grinations de Debrah et ses amis. Le suspense est maintenu Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre intensifiĂ©. J’attends donc avec impatience la suite. Quant aux nĂ©ophytes de cet univers, je vous incite Ă  vous plonger dans la lecture du premier tome. Vous risquez d’apprĂ©cier le voyage


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Le chant du cygne, T1 – Xavier Dorison, Emmanuel Herzet & CĂ©dric Babouche

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Titre : Le chant du cygne, T1
Scénaristes : Xavier Dorisaon & Emmanuel Herzet
Dessinateur : CĂ©dric Babouche
Parution : Août 2014


J’ai toujours eu beaucoup de plaisir Ă  m’immerger dans un univers nĂ© de la plume de Xavier Dorison. L’ésotĂ©risme de Le TroisiĂšme Testament, l’angoisse de Sanctuaire ou le western fantastique de W.E.S.T m’ont permis de vivre des moments de lecture envoĂ»tants. Depuis, je suis donc toujours aux aguets de toute nouvelle parution portant le nom du cĂ©lĂšbre scĂ©nariste. J’ai donc accueilli avec curiositĂ© l’apparition dans les librairies il y a presque un an du premier tome de Le Chant du Cygne. Cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez Le Lombard dans la collection SignĂ©. Le premier contact visuel est un bonheur. La couverture est splendide. On y dĂ©couvre un groupe de soldats. Ils apparaissent en quĂȘte d’un moment de calme. Les traces de sang sur leurs vĂȘtements tĂ©moignent que la guerre n’est pas loin. Les couleurs dans les tons verts font de ce dĂ©cor forestier un havre de paix improbable. Mis en perspective avec le titre de l’album, cette atmosphĂšre incite fortement Ă  se plonger dans la lecture.

La quatriĂšme de couverture pose les jalons de la trame avec les mots suivants : « Avril 1917. Alors qu’ils reviennent d’une offensive aussi vaine que meurtriĂšre sur le Chemin des Dames, les survivants de la section du lieutenant Katzinski rencontrent un soldat qui leur confie une pĂ©tition signĂ©e par des milliers de poilus. Il y a lĂ  de quoi renverser le gouvernement pour en finir, enfin, avec les boucheries inutiles. Seulement, pour ça, il faut aller Ă  l’AssemblĂ©e nationale
 Et jusqu’à Paris, le chemin promet d’ĂȘtre long. »

Des poilus en mission.

LeChantDuCygne1bL’histoire se dĂ©roulera sur deux tomes. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur la premiĂšre partie du diptyque. La seconde est prĂ©vue pour la rentrĂ©e. Le dĂ©but nous fait dĂ©couvrir le quotidien des tranchĂ©es. Nous sommes ici en premiĂšre ligne au cĂŽtĂ© du sergent Sabiane. Le personnage est imposant : grand comme un homme et demi, le crĂąne rasĂ© et des moustaches rousses et massives. Il s’agit d’un personnage charismatique qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Un petit peu bourru, il est un chef juste et respectĂ© Ă  la fois par ses hommes set sa hiĂ©rarchie. Il est un atout important pour l’intrigue. Le lecteur s’attache immĂ©diatement Ă  ce bonhomme qui occupe l’espace.

Au bout d’une petite quinzaine de pages, un Ă©vĂ©nement va changer la vie de cette bande de soldats comme tant d’autres. Larzac, un des poilus, se voit remettre une pĂ©tition qui circule sous le manteau. Elle dĂ©nonce certains agissements des gradĂ©s. Il s’agit d’une bonne Ă  retardement politique auxquels les dirigeants français ne pourraient survivre. NĂ©anmoins, elle n’a de valeur qu’une fois Ă  Paris. ApparaĂźt donc un dilemme pour la petite communautĂ©. Mener le document Ă  bon port est un acte de solidaritĂ© et de bravoure pour leurs pairs mais cet acte sera perçu comme de la traĂźtrise par les pontes de l’armĂ©e française. Que faire ? Etre rĂ©sistant et hĂ©ros n’est pas si Ă©vident quand la situation se prĂ©sente. C’est de tout cela que traite cet album.

LeChantDuCygne1cLes deux derniers tiers de l’ouvrage nous content les pĂ©rĂ©grinations dangereuses vĂ©cues par le petit groupe. Il va sans dire que leur trajet vers la capitale n’est pas une sinĂ©cure. Ils sont en permanence sur le qui-vive. Des dĂ©cisions compliquĂ©es sont Ă  prendre. Aucun ne peut sortir indemne de telles Ă©preuves. La bande se compose de sept membres. Chacun apporte son Ă©cot Ă  l’intrigue. Evidemment, tous n’ont pas la mĂȘme importance. Chacun n’influe pas de la mĂȘme maniĂšre sur les Ă©vĂ©nements. Par contre, aucun n’est nĂ©gligĂ© ou inutile. Je suis facilement attachĂ© Ă  ce petit monde qui se trouve Ă  gĂ©rer une situation qui les dĂ©passe. Pour construire ce scĂ©nario dense et captivant, Xavier Dorison s’est associĂ© Ă  son collĂšgue Emmanuel Herzet dont je dĂ©couvre ici la qualitĂ© du travail.

Concernant les illustrations, elles sont le fruit de la plume de CĂ©dric Babouche. De maniĂšre Ă©vidente, son trait offre une identitĂ© graphique forte Ă  l’album. De la couverture Ă  la derniĂšre planche, le talent du dessinateur transpire de chaque planche. Je trouve le travail sur les couleurs splendide. La particularitĂ© est de ne marquer quasiment aucune rupture chromatique entre les personnages et les dĂ©cors. Cette porositĂ© rend parfois certains pages difficiles Ă  lire. Elle nĂ©cessite une plus grande attention pour en saisir toute la finesse et tous les aspects. NĂ©anmoins, cela reste un tout petit bĂ©mol en comparaison des nombreux atouts gĂ©nĂ©rĂ©s par le coup de crayon de Babouche.

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Pour conclure, cet opus est de grande qualitĂ©. Je me suis passionnĂ© pour les aventures de ses poilus en mission. L’intrigue est remarquable. Elle enchaĂźne les évĂ©nements Ă  rythme effrĂ©nĂ© et attise en permanence notre attention. L’ensemble reste suffisamment imprĂ©visible pour que nous soyons toujours pressĂ©s de connaĂźtre la suite. J’attends donc avec impatience que le second tome apparaisse dans les rayons pour dĂ©couvrir l’issue de ce dangereux pĂ©riple


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note4

Le siĂšcle des ombres, T6 : Le diable – Éric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siĂšcle des ombres, T6 : Le diable
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : FĂ©vrier 2015


« Le siĂšcle des ombres » connait son dĂ©nouement depuis la parution de son sixiĂšme Ă©pisode en fĂ©vrier dernier. « Le diable » clĂŽt le croisement de l’univers des Stryges avec le siĂšcle des LumiĂšres. Eric Corbeyran termine ainsi un nouveau pan de sa grande saga abritant ces mystĂ©rieuses et inquiĂ©tantes crĂ©atures ailĂ©es. Pour mener Ă  bout ce projet, le cĂ©lĂšbre scĂ©nariste bordelais s’est associĂ© au dessinateur Michel Suro. Le duo avait dĂ©jĂ  travaillĂ© ensemble lors de l’écriture de « Le clan des chimĂšres », cycle antĂ©rieur Ă  celui que j’évoque aujourd’hui.

Les Stryges sont des crĂ©atures mythologiques dont le destin est liĂ© depuis toujours Ă  celle des Hommes. J’ai fait leur rencontre en lisant « Le chant des Stryges ». Leur rĂŽle apparait souvent ambigu et il est difficile de se forger une opinion tranchĂ©e Ă  leur Ă©gard. Elles ont passĂ© un pacte avec un certain Sandor Weltman, summum du personnage mystĂ©rieux durant de nombreux tomes. Ses « alliĂ©es » lui avaient offert l’immortalitĂ©. Il les a trahies et la lutte entre les deux camps dure depuis des siĂšcles.

LeSiecleDesOmbres6a« Le siĂšcle des ombres » conte donc cette bataille durant le dix-huitiĂšme siĂšcle. La quatriĂšme de couverture prĂ©sente les enjeux avec les mots suivants : « 1751. Quelques dĂ©cennies avant la RĂ©volution française, un vent d’idĂ©es nouvelles souffle Ă  travers l’Europe. Un vent de progrĂšs et de liberté  Mais au cƓur de ce SiĂšcle des lumiĂšres, la dĂ©couverte d’une Ă©trange mĂ©tĂ©orite Ă  l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’OrciĂšres, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopĂ©diste Ă©clairĂ©, qu’ils soupçonnent d’ĂȘtre l’insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnĂ©e pour la possession de cette pierre aux mystĂ©rieux pouvoirs
 »

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je me dois de prĂ©ciser qu’il me paraĂźt impensable de dĂ©couvrir l’intrigue par la lecture de cet album. Nombreux sont les prĂ©requis indispensables Ă  la comprĂ©hension de l’ensemble. Evidemment, une connaissance des Ă©vĂ©nements se dĂ©roulant dans les cinq actes prĂ©cĂ©dents est indispensable. De plus, je conseille vivement d’avoir lu « Le clan des chimĂšres », centrĂ© sur la jeunesse de Cylinia et Abeau. Cette histoire permet de rencontrer l’ĂȘtre monstrueux qui habite la couverture de ce nouvel opus. NĂ©anmoins, malgrĂ© ses remarques, je vais faire en sorte que ma critique soit accessible Ă  un novice de cet univers.

Une collaboration entre entitĂ© religieuse et sorciers…

L’un des atouts principaux de de « Le siĂšcle des ombres » est d’insĂ©rer sa trame dans la grande Histoire. Le baron est un ĂȘtre des LumiĂšres. Il participe Ă  la rĂ©daction de l’EncyclopĂ©die. Nous le voyons cĂŽtoyer Diderot ou Rousseau. La lutte idĂ©ologique avec l’Eglise est un aspect intĂ©ressant qui accompagne chacun des Ă©pisodes de l’aventure. Elle justifie l’implication du Vatican pour financer la quĂȘte de Cylinia et Abeau. D’ailleurs, la collaboration entre l’entitĂ© religieuse et deux sorciers fait aisĂ©ment sourire. Cette immersion dans une dimension historique et philosophique n’est pas uniquement un gadget narratif. Elle participe activement Ă  l’attrait du scĂ©nario.

L’existence des Stryges justifie Ă©videmment la prĂ©sence du Fantastique. Corbeyran ne tombe pas dans des excĂšs dans ce domaine-lĂ . On trouve des crĂ©atures monstrueuses, des sorciĂšres, des mondes parallĂšles, du vaudou
 Ses ingrĂ©dients bien que nombreux s’intĂšgrent parfaitement dans la recette et trouve un Ă©quilibre agrĂ©able avec la part rationnelle et rĂ©aliste de l’ensemble. Ce dosage permet de rendre crĂ©dible la narration et alimente ainsi en permanence la curiositĂ© du lecteur.

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Comme annoncĂ© en introduction, « Le diable » conclue le cycle. J’apprĂ©hende toujours ces albums de clĂŽture. Je les trouve souvent inĂ©gaux et brouillons. Ce n’est ici pas le cas. Je le trouve mĂȘme meilleur que les deux prĂ©cĂ©dents. Le rythme est soutenu du dĂ©but Ă  la fin. La montĂ©e en puissance est rĂ©guliĂšre jusqu’au bout et laisse le lecteur sur une conclusion qui fait un lien intĂ©ressant avec « Le chant des Stryges ». Je trouve assez admirable qu’aprĂšs des dizaines d’ouvrages dans cet univers, Corbeyran arrive encore Ă  produire un opus aussi bien construit et attrayant. Ce n’est pas la moindre des performances


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Ant-Man – Peyton Reed

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Titre : Ant-Man
RĂ©alisateur : Peyton Reed
Parution : Juillet 2015


Depuis toujours, je suis un spectateur fidĂšle des productions Marvel. Je guette chaque nouvelle sortie et ne tarde jamais trop pour aller en profiter au cinĂ©ma. Cet Ă©tĂ© marquait l’arrivĂ©e sur les Ă©crans d’un nouvel hĂ©ros : Ant-Man. N’ayant pas une culture comics trĂšs poussĂ©e, il m’était inconnu jusqu’aux premiĂšres rumeurs Ă©voquant le film. Cette ignorance ne m’a pas empĂȘchĂ© de m’installer avec impatience dans une salle obscure afin de faire sa rencontre.

Le professeur Hank Pym travaillait pour le S.H.I.E.D. il y a des dizaines d’annĂ©es. Il avait mis au point une particule au pouvoir immense : celui de rĂ©duire la distance entre les atomes. NĂ©anmoins, inquiet des consĂ©quences de l’utilisation d’une telle dĂ©couverte, il avait dĂ©cidĂ© de la garder pour lui. Son choix a fait qu’actuellement, il vit reclus dans sa demeure. Mais lorsque son ancien disciple est en passe de mettre la main sur la fameuse particule, le professeur dĂ©cide de prendre les choses en main. Pour cela, il compte sur un cambrioleur tout juste sorti de prison pour enfiler le costume d’Ant-Man


Une phase d’initiation.

« Ant-Man » est le premier chapitre des aventures cinĂ©matographiques des aventures de l’homme fourmi. Les codes du genre font que la premiĂšre partie du film est la phase d’initiation du nouveau hĂ©ros. Je dois vous avouer qu’il s’agit d’un aspect scĂ©naristique que j’apprĂ©cie bien souvent. Elle est souvent drĂŽle et assez rythmĂ©e. Elle permet Ă©galement de faire plus connaissance avec le personnage principal et d’acquĂ©rir une maĂźtrise globale des enjeux. Cet opus nous offre une phase d’introduction sympathique. Scott Lang est un escroc au grand cƓur touchant. De plus, sa maladresse et sa bonhommie le rendent tout de suite attachants. Le choix de Paul Rudd pour l’interprĂ©ter est un excellent choix. Son entrainement donne lieu Ă  des moments trĂšs amusants que je vous laisserai dĂ©couvrir. Le seul bĂ©mol que je dĂ©cĂšle dans cette partie du film est un lĂ©ger manque de rythme pour « lancer la machine ». Par contre, une fois sur les rails, elle ne se relĂąche plus


L’intrigue ne se construit pas uniquement autour de Scott. Tout d’abord, il est accompagnĂ© par le professeur Pym. Le fait que ce dernier soit jouĂ© par Michael Douglas lui donne une profondeur et un charisme certains. Il fait partie des atouts du film. D’ailleurs, sa prĂ©sence est tout aussi centrale que celle de son disciple super-hĂ©ros. Le troisiĂšme mousquetaire a les traits et les courbes d’Evangeline Lilly. Elle incarne Hope, la fille du professeur. Son sourire, son dynamisme et ses capacitĂ©s de combat en font un membre Ă  part entiĂšre de l’équipe. Et que dire des trois « collĂšgues » de Scott ? Ils sont hilarants ! Je dĂ©cerne une mention spĂ©ciale Ă  Luis qui un concentrĂ© de potentiel humoristique. Par contre, leur adversaire, Darren Cross, est moins intĂ©ressant. Cela n’est pas dĂ» Ă  l’acteur Corey Stoll mais Ă  l’écriture de l’action qui a dĂ©cidĂ© de le laisser en rentrait du trio principal.

Le ton du film se veut lĂ©ger. L’intrigue est simple. L’essentiel de l’histoire se construit autour des personnages. Le dĂ©roulement de la trame est linĂ©aire. Les retournements de situation sont rares. Par contre, les protagonistes sont trĂšs bien Ă©crits. Ils sont drĂŽles, attachants, surprenants. Pour des raisons propres Ă  chacun, j’ai eu beaucoup de plaisir Ă  passer du temps Ă  leurs cĂŽtĂ©s. Le casting est de qualitĂ© et le scĂ©nario d’Adam McKay et la rĂ©alisation de Peyton Reed les mettent en valeur. Ce choix dans l’écriture donne une identitĂ© propre Ă  « Ant-Man » et le dĂ©marque de ses acolytes blockbusters.

Par contre, il est un point commun Ă  tous Ă©pisodes estampillĂ© Marvel, c’est leur dimension spectaculaire. Ce nouvel Ă©pisode n’échappe pas Ă  la rĂšgle. La mise en scĂšne exploite parfaitement le pouvoir du hĂ©ros de pouvoir alterner taille rĂ©elle et taille rĂ©duite. Cela rend les combats inĂ©dits et prenants. De plus, le fait qu’Ant-Man puisse contrĂŽler les fourmis fait naĂźtre des scĂšnes impressionnantes et hilarantes par moment.

Pour conclure, j’ai passĂ© un trĂšs bon moment Ă  suivre les aventures de ce nouvel hĂ©ros. J’ai apprĂ©ciĂ© les scĂšnes d’action, ai savourĂ© les premiers pas laborieux de Scott, ai bien rigolĂ© et me suis attachĂ© Ă  tout ce petit monde. J’ai Ă©galement savourĂ© les diffĂ©rents croisements faits avec l’univers Avengers et Cie. Marvel confirme ici sa capacitĂ© Ă  crĂ©er des divertissements de qualitĂ©. Il ne me reste plus qu’à attendre la suite


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Uchronie(s), New Moscow, T3 – Éric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T3
ScĂ©nariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un projet trĂšs ambitieux. Il fait exister trois mondes parallĂšles dĂ©veloppĂ©es sur trois tomes chacune. Elles se rejoignent dans un Ă©pilogue commun concluant ainsi une dĂ©calogie Ă  la trame dense et travaillĂ©e. La premiĂšre saga basĂ©e sur cette construction s’est terminĂ©e il y a quatre ans. Cela a Ă©tĂ© une agrĂ©able surprise de voir que moins de deux ans plus tard, Éric Corbeyran dĂ©cidait d’offrir une suite Ă  son histoire en accouchant de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ».

Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier chapitre de la rĂ©alitĂ© moscovite. Nicolas OtĂ©ro est en charge des dessins de cette partie de l’univers scĂ©naristique Ă©difier par le cĂ©lĂšbre auteur bordelais. J’avais Ă©tĂ© sĂ©duit par son trait. Sa personnalitĂ© offre une atmosphĂšre unique Ă  la lecture et la dissocie sans mal de ses voisines chinoise et indienne. La parution de cet opus date du mois d’octobre.

Il est Ă©vident que dĂ©couvrir cette aventure par cet album est une cause perdue d’avance. La complexitĂ© des liens entre les mondes couplĂ©e aux intrigues propres Ă  chacun rend impossible de prendre le triant en route. Chaque nouveau tome nĂ©cessite une plongĂ©e dans les chapitres prĂ©cĂ©dents.

Des mondes parallĂšles qui interagissent.

NewMoscow3bLa trame de cette trilogie se construit autour du professeur Paskevitch. Ce scientifique a connu beaucoup de bas auparavant. Il a connu les dures prisons moscovites. L’amĂ©lioration de sa situation est due Ă  un marchĂ© amoral passĂ© avec l’ImpĂ©ratrice. Il doit travailler sur la matiĂšre noire permettant de changer de rĂ©alitĂ©. Cette recherche a pour objectif d’expĂ©dier « ailleurs » les plus grands criminels locaux. Nous suivons donc ici la premiĂšre expĂ©rimentation de condamnation. Elle gĂ©nĂšre un moment fort de l’histoire.

La sĂ©rie s’inscrit dans une thĂ©matique classique de la science-fiction : les mondes parallĂšles. La recette est classique mais rarement bien exĂ©cutĂ©e. Le traitement est souvent superficiel et privilĂ©gie la forme au fond. Corbeyran est ici ambitieux. Il fait interagir ses diffĂ©rents univers avec finesse. Il ne tombe jamais dans la caricature et n’oublie pas ses concepts narratifs de dĂ©part. Cela permet donc aux adeptes du genre de savourer avec dĂ©lectation cet ouvrage. La tension monte tout au long du dĂ©filement des pages.

Le contenu est fourni. Chaque planche a son importance et participe Ă  l’avancĂ©e de l’intrigue. Elle Ă©veille notre intĂ©rĂȘt jusqu’au dĂ©nouement. Ce dernier ouvre une porte intĂ©ressante vers l’épilogue Ă  venir. L’un des petits plaisirs de cette saga vient des rencontres entre protagonistes de mondes diffĂ©rents. Elles sont toujours pertinentes et apportent systĂ©matiquement leur Ă©cot aux Ă©vĂ©nements.

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Pour conclure, ce bouquin confirme la qualitĂ© de « New Moscow ». Elle occupe Ă  mes yeux la planche royale dans cette dĂ©calogie qui se construit. NĂ©anmoins, je ne peux que vous conseiller de dĂ©couvrir le cycle original avant de plonger dans celui-ci. Cela vous permettra de ne pas vous perdre dans les nombreux arcanes de cette belle aventure


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Uchronie(s), New Moscow, T2 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux nĂ© il y a un petit peu plus de cinq ans. Eric Corbeyran est le scĂ©nariste Ă  l’origine de cette saga originale. Elle se dĂ©compose en trois trilogies prĂ©sentant chacune une rĂ©alitĂ© parallĂšle de New York. Elles se rejoignaient dans un dixiĂšme opus qui concluait une dĂ©calogie d’ampleur. J’avais vraiment eu le sentiment d’avoir Ă©tĂ© conquis par un univers de science-fiction trĂšs abouti. J’ai donc Ă©tĂ© agrĂ©ablement surpris en dĂ©couvrant il y un an que l’aventure trouvait une suite Ă  travers la parution de trois nouvelles sĂ©ries New Beijing, New Moscow et New Delhi.

Les premiers chapitres des trois aventures m’avaient inspirĂ© des sentiments trĂšs variĂ©s. New Moscow Ă©tait celle qui m’avait le plus plu. J’avais Ă©tĂ© sĂ©duit par la personnalitĂ© graphique offerte par Nicolas Otero. De plus, la trame Ă©tait dense et apportait un nouvel Ă©cot intĂ©ressant Ă  la saga. J’étais donc curieux de me plonger dans le deuxiĂšme tome de cette nouvelle trilogie. Il est paru chez GlĂ©nat le vingt-quatre octobre dernier.

Il est Ă©vident qu’il m’apparaĂźt compliquĂ© dans cet album sans avoir quelques prĂ©requis. Il me paraĂźt indispensable d’avoir lu le premier opus et vivement conseillĂ© d’avoir des rĂ©fĂ©rences ici de la dĂ©calogie initiale. Le fondement de l’univers de Corbeyran est qu’un savant nommĂ© Kosinski a inventĂ© la fusion noire. Cette entitĂ© permet dans des univers parallĂšles d’une mĂȘme rĂ©alitĂ©. Celle qui abrite l’intrigue nous prĂ©sente un New York russe. En effet, New Moscow n’est qu’une version de la mĂ©tropole amĂ©ricaine.

Voyager entre les réalités et trouver la réalité originale

Le dĂ©nouement de l’épisode prĂ©cĂ©dent nous apprenait que Zack, fils du savant Kosinski, a un rĂȘve : voyager entre les rĂ©alitĂ©s et trouver la rĂ©alitĂ© originale. Cette derniĂšre est Ă  l’origine de toutes les autres. Le projet est intĂ©ressant et offre un intĂ©rĂȘt certain Ă  l’histoire. En effet, j’apprĂ©hendais que cette suite ait du mal Ă  relancer une saga qui avait trouvĂ© sa fin. Mais New Moscow est celle qui y arrive le mieux. L’objectif de Zack est bien exploitĂ© dans ce tome. J’ai pris plaisir Ă  voir son plan prendre forme. L’aspect scientifique est bien maĂźtrisĂ© et son dosage est habile. A aucun moment, les dialogues ne prĂ©sentent de longs monologues magistraux pour expliquer les tenants et les aboutissants. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche la quĂȘte d’avancer de maniĂšre non nĂ©gligeable.

Les interactions avec les deux autres rĂ©alitĂ©s restent pour l’instant minimes. D’ailleurs il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir lu New Beijing ou New Delhi pour tout comprendre. Je suis curieux de voir Ă  quel moment les trois mondes vont rĂ©ellement influer les uns sur les autres. Le scĂ©nario ne propose aucune lourdeur dans le domaine. Aucune immersion d’une rĂ©alitĂ© dans une autre n’est anecdotique ou gadget. C’est apprĂ©ciable.

Une des rĂ©ussites de cet album est de laisser Ă©galement une place Ă  ses personnages. Je trouve le casting trĂšs intĂ©ressant. Il offre une rĂ©elle diversitĂ© de caractĂšre et de profil. De plus, Corbeyran arrive Ă  faire cohabiter bon nombre d’intrigues secondaires avec son fil conducteur central. Je me suis vraiment investi dans ma lecture tant ma curiositĂ© Ă©tait rĂ©guliĂšrement relancĂ©. J’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  voir les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźner. L’album est d’une qualitĂ© constante et ne souffre d’aucun temps mort. La consĂ©quence est que je suis optimiste quant Ă  la rĂ©ussite du prochain tome.

Pour conclure, vous l’aurez compris, cet album m’a beaucoup plu. J’ai retrouvĂ© le plaisir que j’avais ressenti dans le premier opus. J’ai retrouvĂ© les personnages avec joie. Le talent d’Otero permet de faire naĂźtre un vĂ©ritable univers qui n’a aucun mal Ă  rendre crĂ©dible cette grande mĂ©galopole « new moscovite ». New Moscow confirme Ă  mes yeux qu’il s’agit de la meilleure des trilogies « nouvelle gĂ©nĂ©ration ». Il ne reste plus qu’à espĂ©rer que les deux autres arrivent Ă  se hisser Ă  son niveau. Mais cela est une autre histoire


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note3

Uchronie(s), New Moscow, T1 – Eric Corbeyran & Nicolas OtĂ©ro

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Titre : Uchronie(s), New Moscow, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Nicolas Otéro
Parution : Octobre 2012


« Uchronie(s) » est incontestablement une des meilleures sĂ©ries que j’ai dĂ©couvertes lors de la derniĂšre dĂ©cennie. Elle se construisait Ă  partir de trois trilogies parallĂšles qui se trouvaient rĂ©unies dans un dixiĂšme tome. Chaque partie correspondait Ă  une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente mais faisait intervenir des protagonistes communs. L’idĂ©e Ă©tait brillante. La rĂ©alisation complexe s’est avĂ©rĂ©e Ă  la hauteur. J’ai nĂ©anmoins Ă©tĂ© surpris de voir Eric Corbeyran se lancer dans la rĂ©daction de trois nouvelles sagas construites sur le mĂȘme principe. Il s’agit de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». J’ai rĂ©cemment lu le premier opus de « New Beijing ». Mais ma critique d’aujourd’hui porte sur le dĂ©but de la seconde citĂ©e qui est apparu dans les librairies en octobre dernier. Pour sa naissance, le cĂ©lĂšbre scĂ©nariste s’est associĂ© au dessinateur Nicolas Otero que je ne connaissais pas jusqu’alors.

Un bon cru de science-fiction.

Comme son nom l’indique, l’ambiance est russe dans cette nouvelle aventure. On ne sait pas vraiment Ă  quelle Ă©poque on se trouve Ă©tant donnĂ© le fait que chaque nouvelle histoire prĂ©sente une rĂ©alitĂ© parallĂšle Ă  la nĂŽtre. On prend donc un rĂ©el plaisir Ă  errer dans l’universitĂ© impĂ©riale de Saint-PĂ©tersbourg. Les discussions oscillent autour d’une certaine matiĂšre noire qui Ă©tait au centre de la premiĂšre dĂ©calogie. On en connait ses pouvoirs mais cela ne nous empĂȘche pas de prendre un rĂ©el plaisir Ă  voir ces Ă©tudiants et professeurs jouer Ă  l’apprenti sorcier avec. En ce sens, « New Moscow » est un bon cru de science-fiction. On n’a aucun mal Ă  s’immerger dans cette uchronie sĂ©rieusement construite.

Mais au-delĂ  de sa dimension scientifique, l’intrigue possĂšde de nombreuses zones d’ombre qui suggĂšre bon nombre d’interrogations. Notre curiositĂ© est ainsi en permanence sollicitĂ©e. La lecture se conclut en nous sevrant. Il faudra attendre la suite pour en savoir davantage. Cet album possĂšde une densitĂ© scĂ©naristique relativement forte. Les arcanes narratifs sont nombreux et on prend vraiment beaucoup de plaisir Ă  s’y perdre. J’ai Ă©galement apprĂ©ciĂ© de dĂ©couvrir bon nombre de nouveaux personnages. Les protagonistes classiques sont relĂ©guĂ©s dans cet opus au second rang. Ce n’est pas dĂ©sagrĂ©able parce qu’on a le sentiment de repartir Ă  zĂ©ro. Ce sentiment m’avait manquĂ© en lisant « New Beijing ». La dimension « rĂ©chauffĂ©e » a totalement disparue dans ce tome et j’ai apprĂ©ciĂ© cet Ă©tat de fait.

Corbeyran a pris l’habitude de changer de dessinateur pour chaque trilogie. Cela permet d’accentuer le parallĂ©lisme de chacune en lui offrant sa propre identitĂ© graphique. C’est donc Nicolas Otero qui Ă©tait chargĂ© de mettre en image cette nouvelle saga. Je n’ai pas ressenti de coup de foudre Ă  la premiĂšre page. Je ne lui reproche pas de ne pas avoir de talent, loin s’en faut. Mais disons que son style possĂšde suffisamment de caractĂšre qu’il m’a fallu quelques temps pour m’y faire. NĂ©anmoins, une fois le trait domptĂ©, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir l’univers illustrĂ© par Otero. Que ce soit les personnages, les mouvements ou les dĂ©cors, tout est rĂ©ussi. Le travail sur les couleurs de Sophie David complĂšte parfaitement son travail.

Pour conclure, j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  me plonger dans « New Moscow ». J’ai retrouvĂ© l’adrĂ©naline qui accompagnait ma dĂ©couverte de la sĂ©rie initiale. Autant « New Beijing » avait fait naitre un plaisir routinier, autant « New Moscow » offre Ă  nouveau le goĂ»t de l’aventure. J’espĂšre que la suite sera du mĂȘme acabit. Il est rare qu’une suite ou un « spin off » soit de la mĂȘme qualitĂ© que l’Ɠuvre originale. Ce nouvel album me laisse espĂ©rer que c’est possible. Ce n’est pas le moindre des compliments. Il ne me reste plus qu’à espĂ©rer que « New Delhi » soit Ă  la hauteur de mes espĂ©rances. Mais cela est une autre histoire


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note4

Le troisiĂšme testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisiÚme testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le TroisiĂšme Testament » est, Ă  mes yeux, un monument du neuviĂšme art. Sa dimension Ă©sotĂ©rique dĂ©veloppĂ©e dans cette Ă©poque mĂ©diĂ©vale est envoutante. De plus, la richesse du scĂ©nario mis en valeur par un dessin soignĂ© et prĂ©cis fait que chaque nouvelle lecture de cette sĂ©rie est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche Ă  ce solide chĂȘne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le TroisiĂšme Testament – Julius ». Son intrigue Ă©tait bien antĂ©rieure Ă  celle du Comte de Marbourg. NĂ©anmoins, la perspective de dĂ©couvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indiffĂ©rent un adepte de l’histoire scĂ©narisĂ©e par Xavier Dorison.

Julius4a« Le TroisiĂšme Testament
 Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatriĂšme de couverture. Ce prophĂšte occupe une place non nĂ©gligeable dans la tĂ©tralogie initiale. NĂ©anmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de maniĂšre complĂštement indĂ©pendante. Il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir suivi les pĂ©rĂ©grinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirĂ©e par les intrigues mystiques Ă  l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius


Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatriĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez GlĂ©nat en avril dernier. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus prĂ©cĂ©dents sont le fruit du travail de ThimothĂ©e Montaigne. Il est Ă©vident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient Ă©chappĂ©.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long pĂ©riple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clĂŽt Ă  la fin de l’album prĂ©cĂ©dent. Proche du but, il arrĂȘte sa quĂȘte et dĂ©cide de revenir sur ses pas en JudĂ©e. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libĂ©rer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retournĂ© dans la montagne Ă  la recherche de la rĂ©vĂ©lation


Une rupture d’atmosphĂšre.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration Ă©tait assez linĂ©aire. Les embĂ»ches se succĂ©daient. Les moments de doute Ă©taient nombreux. Bref, cette aventure Ă©tait une succession d’épreuves. La construction scĂ©naristique faisait que le lecteur se laissait aisĂ©ment portĂ© par cette mission. En effet, l’empathie dĂ©gagĂ©e par cette communautĂ© permettait Ă  la curiositĂ© d’ĂȘtre entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphĂšre. Le hĂ©ros n’est plus en recherche divine. Il est retombĂ© dans son costume humain. Il mĂšne une guerre. Il est complĂštement possĂ©dĂ© par sa volontĂ© de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e. L’évolution est bien montrĂ©e. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissĂ© place Ă  une machine Ă  tuer. Je trouve intĂ©ressant cette Ă©volution. Elle chamboule la routine agrĂ©able dans laquelle le lecteur Ă©tait blotti. MalgrĂ© tout, l’ouvrage en lui-mĂȘme n’est pas un condensĂ© de rebondissements. Il se dĂ©cline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins prĂ©sent dans les planches de ce quatriĂšme tome. NĂ©anmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les derniĂšres pages sont dans ce domaine un modĂšle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quĂȘte prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier Ă©pisode est passionnante. Il s’agit d’une belle rĂ©ussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de ThimothĂ©e Montaigne. Il confirme le talent mis en lumiĂšre prĂ©cĂ©demment. Je trouve vraiment remarquable sa capacitĂ© Ă  faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les diffĂ©rents plans pour offrir un dynamisme intĂ©ressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion trĂšs forte du lecteur dans un monde et une Ă©poque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sĂ©rieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible prĂ©sence de Julius tant son rĂŽle est le plus intĂ©ressant de la saga. En tout cas, la lecture a Ă©tĂ© suffisamment plaisante pour que je me plonge Ă  nouveau dans la sĂ©rie initiale. Suivre Ă  nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisĂ©ment l’attente de la parution du « Livre V ».

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note4

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T3 : La rĂ©vĂ©lation, 2/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisiĂšme testament est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Cette saga Ă©sotĂ©rique est un vĂ©ritable petit bijou d’aventure mĂ©diĂ©vale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agrĂ©able surprise de dĂ©couvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaĂźtre dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisiĂšme testament, Julius. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice, dĂ©jĂ  prĂ©sent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiĂ©s Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son Ɠuvre Ă©tait son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se dĂ©roule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en JudĂ©e dans les premiĂšres annĂ©es du premier millĂ©naire que nous dĂ©couvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisiĂšme opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La rĂ©vĂ©lation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencĂ© un long pĂ©riple depuis la JudĂ©e. Il suit un appel qui rĂ©sonne en lui et qui mĂšne vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frĂšre du Christ. Sa quĂȘte doit le mener vers le TroisiĂšme Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagnĂ© d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu.
Le premier tome prĂ©sentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxiĂšme marquait le dĂ©but d’une longue marche qui menait entre autre la petite communautĂ© Ă  dĂ©couvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son dĂ©roulement soit trop linĂ©aire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans rĂ©els rebondissements. J’espĂ©rais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadĂ© et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premiĂšres pages me plongent Ă  nouveau au cĂŽtĂ© du groupe et de sa quĂȘte prophĂ©tique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus prĂ©cĂ©dent. La premiĂšre Ă©tape des voyageurs s’avĂšre ĂȘtre le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une vĂ©gĂ©tation maĂźtrisĂ©e Ă  l’esthĂ©tique Ă©blouissante. En effet, il s’agit d’une forĂȘt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphĂšre ressemble Ă  celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bĂ©dĂ©philes en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprĂ©cie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dĂ©gage toujours cette vĂ©gĂ©tation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naĂźtra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quĂȘte. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, ils Ă©taient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empĂȘchĂ© de m’intĂ©resser rĂ©ellement Ă  eux. Je ressentais peu d’empathie Ă  l’égard de personnes dont la seule qualitĂ© Ă©tait de suivre aveuglĂ©ment un messie. Mais maintenant, la dimension extrĂȘme et compliquĂ©e de leur tĂąche met Ă  l’épreuve leur dĂ©votion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela gĂ©nĂšre une intensitĂ© croissante tout au long de l’album. Le bĂ©mol dĂ» Ă  une linĂ©aritĂ© excessive qui habitait le deuxiĂšme album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en rĂ©sulte un suspense certain quant Ă  l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communautĂ©. La conclusion de l’album est rĂ©ussie Ă  ce niveau-lĂ . Elle n’est pas prĂ©visible et a attisĂ© ma curiositĂ© jusqu’à la derniĂšre planche qui prĂ©sente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome prĂ©cĂ©dent, je suis tombĂ© sous le charme du trait de ThimothĂ©e Montaigne. Son style m’a sĂ©duit dĂšs la premiĂšre planche. Le travail est prĂ©cis et dĂ©taillĂ©. Chaque image est travaillĂ©e. Que ce soit les personnages ou les dĂ©cors, tout est habitĂ© d’une profondeur qui a facilitĂ© et accĂ©lĂ©rĂ© mon immersion dans les pas des hĂ©ros. La premiĂšre page offre une gestion des lumiĂšres qui est un modĂšle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait Ă  l’extĂ©rieur. La pluie, la forĂȘt vierge, la montagne, le dĂ©sert
 Tout est retranscrit avec la mĂȘme justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus trĂšs rĂ©ussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le prĂ©cĂ©dent. Le scĂ©nario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beautĂ©. Les auteurs sont arrivĂ©s Ă  maintenir ma curiositĂ© quant au devenir de ses hĂ©ros. C’est le gage d’une certaine qualitĂ© tant bon nombre de sĂ©ries ont tendance Ă  voir leur intĂ©rĂȘt s’étioler aprĂšs des premiers tomes rĂ©ussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain Ă©pisode. Mais cela est une autre histoire

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