Kickass 3, T2 : Le dĂ©but de la fin – Mark Millar & John Romita Jr

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Titre : Kickass 3, T2 :  Le début de la fin
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr
Parution : Septembre 2014


La grande saga « Kick-Ass » se termine avec la parution de « Le dĂ©but de la fin ». Cette deuxiĂšme partie conclut « Kick-Ass 3 », dernier chapitre des aventures de Dave Lizewski. Sa parution chez Panini Comics date de septembre dernier. La couverture prĂ©sente « Kick-Ass » et « Hit Girl » armĂ©s et prĂȘts Ă  mener leur ultime combat. La quatriĂšme de couverture propose le synopsis suivant : « Alors qu’on dĂ©couvre comment Mindy est devenue Hit-Girl dans un long flash-back relatant sa transformation et son premier meurtre, tout se met en place pour l’ultime confrontation entre les Genovese et nos hĂ©ros. Kick-Ass endosse son costume pour la derniĂšre fois. Y laissera-t-il la peau ou triomphera-t-il de l’adversité ? »

Coups de pieu, dĂ©capitations et fusillades…

Ce nouvel ouvrage s’inscrit parfaitement dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents. La violence transpire de chaque planche. C’est toujours aussi sanglant. John Romita Jr s’en donne Ă  cƓur joie. Il n’hĂ©site pas Ă  faire dans le trash. Les coups de pieu dans la tĂȘte, les dĂ©capitations, les fusillades
 Rien n’est Ă©dulcorĂ©. Les auteurs restent honnĂȘtes avec leurs lecteurs. A contrario, la place occupĂ©e par ces scĂšnes de violence empĂȘche le scĂ©nario de dĂ©velopper une psychologie plus subtile chez ses personnages. Peut-ĂȘtre ne peut-on pas tout avoir


NĂ©anmoins, Mark Millar arrive Ă  offrir un dĂ©nouement plutĂŽt bien construit. Le flashback initial sur le passĂ© de Hit-Girl nous fait tout de suite entrer dans le vif du sujet. Ce personnage est incontestablement l’atout majeur de la sĂ©rie. MĂȘme si Dave est attachant et possĂšde son lot de qualitĂ©, Mindy est en tout point fascinante. Voir cette gamine ĂȘtre une reine de l’exĂ©cution sommaire sans Ă©motion est Ă  la fois transgressif, original et captivant. Nous arrivons presque Ă  mettre de cĂŽtĂ© inconsciemment sa dimension amorale et violente. Elle est d’ailleurs le personnage central de ce dernier acte et cela participe au plaisir de notre lecture.

Kickass3-2bMalgrĂ© tout, Dave n’est pas oubliĂ©. Les auteurs arrivent sans mal Ă  faire cohabiter deux hĂ©ros assez diffĂ©rents. Dave a fortement Ă©voluĂ© depuis notre premiĂšre rencontre. Il est maintenant loin du jeune geek qui rĂȘve d’ĂȘtre un vrai superhĂ©ros. Les Ă©preuves l’ont fortement endurci et en ont fait quelqu’un de diffĂ©rent. Son courage, sa rĂ©sistance, sa force se sont dĂ©veloppĂ©s. La formation qu’il a subie de la part de Hit-Girl l’a rapprochĂ© du quotidien de ses idoles de comics. L’attrait majeur de son changement est la dĂ©couverte des responsabilitĂ©s et des drames qui accompagnent le quotidien d’un gentil qui s’attaque aux gros mĂ©chants. Sur ce plan, « Le dĂ©but de la fin » montre bien l’issue irrĂ©mĂ©diable de la loi du plus fort. Toute la trame accompagne la montĂ©e en puissance vers ce qui sera le dernier combat. La saga montre l’impossibilitĂ© de Dave Ă  couper de ses dĂ©mons et de mener une vie normale sans tuer tous ses ennemis.

MalgrĂ© le fait que les ingrĂ©dients utilisĂ©s soient les mĂȘmes que lors des tomes prĂ©cĂ©dents, la recette de celui-lĂ  fait naĂźtre des saveurs un petit peu diffĂ©rentes. A l’exception du premier Ă©pisode, « Kick-Ass » se rĂ©sumait bien souvent Ă  une catharsis de violence avec une dose d’humour et quelques gouttes dramatiques pour complĂ©ter. Ce dernier acte est plus posĂ©. Il prend le temps de prĂ©parer le « au revoir » aux hĂ©ros. L’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e est particuliĂšre et distingue cette ultime aventure des prĂ©cĂ©dentes.

Au final, « Le dĂ©but de la fin » clĂŽt correctement la sĂ©rie. MalgrĂ© les excĂšs qui ont agrĂ©mentĂ© le quotidien de Dave et Mindy, le dĂ©nouement de leur lutte contre le crime sous leurs masques est bien amenĂ©. Nous pouvons les quitter sans sentiment de frustration ou de gĂąchis. La fin ne rĂ©volutionne pas le genre mais conclut sans bĂącler la saga. Les adeptes du genre sauront savourer le fait que les auteurs n’ont pas Ă©tirĂ© leur filon jusqu’à Ă©puisement. C’est une qualitĂ© Ă  signaler


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Note : 12/20

Barracuda, T3 : Duel – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T3 : Duel
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2012


Les pirates ont un cĂŽtĂ© fascinant qui attire irrĂ©mĂ©diablement mes espoirs d’aventures bĂ©dĂ©philes. MĂȘme si les outils construisant la narration sont souvent les mĂȘmes, je prends toujours plaisir Ă  suivre ses histoires de chasse au trĂ©sor, de voyages au bout du monde et de pĂ©rĂ©grinations de flibustiers. « Barracuda », par la couverture de son premier opus, a immĂ©diatement attirĂ© mon regard. Une fois l’ouvrage dĂ©couvert, j’ai irrĂ©mĂ©diablement conquis. Le deuxiĂšme acte avait confirmĂ© la qualitĂ© de la saga. C’était donc avec joie que je me suis offert en novembre dernier le troisiĂšme tome rĂ©cemment paru et intitulĂ© « Duel ». On y dĂ©couvre Emilio, habillĂ© tel un gentilhomme, tĂȘte baissĂ©e, sous une nuit orageuse. Le travail sur les couleurs est remarquable, l’immersion instantanĂ©e. Nous voilĂ  de nouveau plongĂ© sur l’üle de Puerto Blanco.

Le scĂ©nario est le fruit du travail de Jean Dufaux dont j’avais apprĂ©ciĂ© « Murena ». La particularitĂ© de sa saga est qu’on est quasiment jamais en mer. Plus des trois quarts de l’intrigue se dĂ©roule sur l’üle prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©e. Elle est rĂ©gie par les lois de la piraterie et nous fait rencontrer une communautĂ© aux personnalitĂ©s tranchĂ©es et souvent inquiĂ©tantes. L’unitĂ© de lieu offre de fortes interactions entre les diffĂ©rents protagonistes et fait de la trame une toile d’araignĂ©e aux nombreuses ramifications. Cela a pour consĂ©quence Ă©galement de partager le quotidien de tout ce beau monde et rend chacun familier. Les personnages possĂšdent une rĂ©elle identitĂ© tant sur le plan graphique que scĂ©naristique. Aucun ne nous laisse indiffĂ©rent. Je me garderai de vous faire le listing des diffĂ©rents habitants. Ce serait vous gĂącher le plaisir de les rencontrer et les dĂ©couvrir. Evidemment, chacun ne gĂ©nĂšre pas chez le lecteur les mĂȘmes sentiments. On s’attache Ă  certains, d’autres font naitre de la compassion. On ressent parfois de la peur ou on rit de certaines mĂ©saventures. Au final, on n’est pleinement impliquĂ© dans le quotidien contĂ© dans cet ouvrage.

Luttes de pouvoir & jalousie

Les deux premiers albums Ă©taient sĂ©parĂ©s par une vraie rupture chronologique. Les enfants qu’on avait quittĂ©s Ă©taient devenus des jeunes hommes et jeunes femmes. Cela donnait le sentiment que le deuxiĂšme acte marquait un nouveau dĂ©part pour la sĂ©rie. « Duel » est dans la continuitĂ© de l’opus prĂ©cĂ©dent. On retrouve les personnages Ă  l’endroit oĂč on les avait plus ou moins laissĂ©s. Chacun a trouvĂ© sa place. On dĂ©couvre ici de nouvelles tensions, de nouveaux drames Ă  venir. L’intrigue principale avance relativement peu. J’ai souvent tendance Ă  le reprocher Ă  ces sagas au long cours. Je ne le ferai pas ici tant les Ă©vĂ©nements vĂ©cus sur l’üle sont prenants et envoutants. L’amour cachĂ© entre Raffy et Maria est lourd de consĂ©quence. Le dĂ©sir de vengeance d’Emilio est intense et offrira des combats homĂ©riques. Comme toute sociĂ©tĂ©, les luttes de pouvoir et les jalousies sont les rouages du quotidien. Quant au Barracuda, on le voit accoster sur une Ăźle des plus angoissantes dans sa quĂȘte du trĂ©sor maudit. Bref, il y a de quoi s’occuper et la lecture s’avĂšre intense et saisissante.

Les dessins sont l’Ɠuvre de JĂ©rĂ©my. J’ai dĂ©couvert cet auteur en mĂȘme temps que cette sĂ©rie. Mon premier contact avec son trait a Ă©tĂ© relativement neutre. Je trouvais les personnages relativement froids au niveau de leurs expressions. Mais l’impression initiale a vite Ă©tĂ© noyĂ©e par le plaisir que j’ai pris Ă  le voir faire naitre des scĂšnes Ă  l’ampleur forte. Son travail sur les corps et les volumes, sa capacitĂ© Ă  crĂ©er des dĂ©cors, sa maniĂšre Ă  jouer avec les couleurs pour faire naitre des ambiances fortes font que le dĂ©paysement est total. Il s’agit d’une condition indispensable Ă  une lecture agrĂ©able. JĂ©rĂ©my la remplit aisĂ©ment. Le combat entre Emilia et Morkat est Ă©pique. On sent la violence du combat. On sent l’humiditĂ© de la pluie. On perçoit l’atmosphĂšre orageuse qui abrite ce duel sur la plage.

En conclusion, ce troisiĂšme tome consolide l’affection que je porte Ă  cette sĂ©rie. Je l’ai lu avec un plaisir fort et j’ai senti une frustration en refermant le bouquin, une fois terminĂ©. Il  ne me reste plus qu’à attendre la sortie du quatriĂšme tome. L’intrigue est suffisamment vague et dense pour qu’on devine difficilement oĂč veulent nous mener les auteurs. Dans le cas prĂ©sent, le sentiment d’avancer Ă  l’aveugle et d’ĂȘtre perdu n’est pas dĂ©sagrĂ©able, bien au contraire. Je ne peux donc que conseiller aux adeptes de pirates de partir Ă  la rencontre de cette sĂ©rie. Elle vaut largement le dĂ©tour et ravira les adeptes du genre. Et ils sont nombreux


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Note : 17/20

Barracuda, T4 : RĂ©voltes – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T4 : RĂ©voltes
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2013


Les pirates m’ont toujours fascinĂ©. Ils sont hors-la-loi et aventuriers. Ils ont des looks inĂ©galables et leur code d’honneur est lĂ©gendaire. Bref, tous les ingrĂ©dients sont rĂ©unis pour en mettre plein les mirettes. « Long John Silver » de Dorison et Jauffray a ouvert rĂ©cemment une renaissance pour le genre dans le neuviĂšme art. « Barracuda » nĂ© de la plume de Jean Dufaux et JĂ©rĂ©my s’inscrit dans cette lignĂ©e. Ma critique d’aujourd’hui porte sur quatriĂšme de tome de cette saga intitulĂ© « RĂ©voltes ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage de cinquante-six pages coĂ»te quatorze euros. Il nous offre une couverture splendide. Le personnage reprĂ©sentĂ© affronte notre regard de face. Il semble Ă©merger de l’eau, prĂȘt Ă  en dĂ©coudre. Les tons chromatiques bleus nuit font naĂźtre une atmosphĂšre envoĂ»tante de cette illustration. La quatriĂšme de couverture nous annonce : « Pas de pitiĂ©. Pour personne. Jamais. » Tout un programme


Le dĂ©but de la narration est prĂ©cĂ©dĂ© par un rĂ©sumĂ© du tome prĂ©cĂ©dent : « Puerto Blanco rĂ©vĂšle ses secrets
 La liaison entre Maria et Raffy est dĂ©voilĂ©e. Ferrango fait payer cher ses annĂ©es d’humiliation : le corps du jeune homme est marquĂ© Ă  vie et Marie est vendue Ă  Morkam. Mais celui-ci n’en profitera pas. Emilio l’achĂšve sans pitiĂ©, comme Mr Flynn l’a Ă©tĂ©. Dans une ambiance feutrĂ©e, les dĂ©couvertes ne sont pas moindres : la gouverneure Ă©tait la maĂźtresse du Faucon Rouge ! 
 et le danger guette. Tandis que le Barracuda se rapproche des cĂŽtes, porteur de la malĂ©diction du diamant du Kashar, le capitaine de La Loya et ses deux galions espagnols attaquent l’üle ! »

Une intrigue terrienne

Beaucoup de trames narratives mettant en Ɠuvre des pirates se construisent autour d’épopĂ©e maritime vers des terres inconnues en quĂȘte de trĂ©sors lĂ©gendaires. « Barracuda » se dĂ©marque de ces codes en dĂ©roulant une intrigue quasiment uniquement terrienne. Sur les trois premiers tomes, trĂšs peu de planches se dĂ©roulent en mer. Cet angle de vue sur ce fascinant univers de flibustiers est intĂ©ressant et offre une identitĂ© originale Ă  la sĂ©rie de Dufaux et JĂ©rĂ©my. « RĂ©voltes » ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle. Seules les trois derniĂšres pages se dĂ©roulent sur l’eau et Ă  aucun moment nous ne nous Ă©loignons des rives de Puerto Blanco.

La localisation de l’histoire s’inscrit dans la continuitĂ© des Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Par contre, l’ambiance change. L’équilibre qui semblait rĂ©gir la vie sur l’üle est complĂštement chamboulĂ©. La rĂ©volution est en marche. Elle se construit sur plusieurs plans. Les statuts des uns et des autres sont chamboulĂ©s. Les rapports sociaux hiĂ©rarchiques sont amenĂ©s Ă  ĂȘtre bouleversĂ©s. Le scĂ©nario dĂ©gage avec talent cette atmosphĂšre de chaos qui accompagne la lecture. Le lecteur ressent avec intensitĂ© ce sentiment d’angoisse qui existe Ă  chaque coin de rue. Il est compliquĂ© de savoir de quoi sera fait le lendemain tant les batailles se multiplient et les camps sont nombreux. Cet ouvrage est vraiment une belle rĂ©ussite en arrivant Ă  maintenir son rythme effrĂ©nĂ© et oppressant du dĂ©but Ă  la fin.

Le plaisir dĂ©gagĂ© par cette sĂ©rie dĂ©coule en partie de l’empathie gĂ©nĂ©rĂ©e par son trio de personnages principaux. Ils sont tout justes sortis de l’adolescence. L’un est fils de pirate, le second est une fille de noble espagnol et le dernier est Ă  l’identitĂ© sexuelle indĂ©finie. Ils sont liĂ©s par leurs trajectoires et leurs destins. Chacun possĂšde une identitĂ© et une aura qui touche le lecteur. De plus, le fait qu’ils soient trois densifie ainsi l’intensitĂ© dramatique et Ă©motionnelle de l’histoire. « RĂ©voltes » ne déçoit pas sur cet aspect. En effet, les rĂ©voltes en cours ne prĂȘchent pas forcĂ©ment pour la survie paisible de nos hĂ©ros. La lecture est donc intense tant l’inquiĂ©tude pour le devenir de tout ce beau monde est forte.

Pour conclure, cet album est un bon cru. Il s’inscrit parfaitement dans la continuitĂ© des trois prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes tout en changeant le rythme et le ton de la narration. Comme Ă  son habitude, Dufaux arrive Ă  faire naĂźtre de vraies interrogations de sa derniĂšre planche et attise ardemment la curiositĂ© de son lecture dans l’attente du tome suivant. Mais cela est une autre histoire


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Note : 16/20

Barracuda, T2 : Cicatrices – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T2 : Cicatrices
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Octobre 2011


Le deuxiĂšme tome de « Barracuda » s’intitule « Cicatrices ». Je l’attendais avec une certaine impatience  tant le premier opus m’avait plu et intriguĂ©. Cette sĂ©rie est nĂ©e de l’association de Jean Dufaux et JĂ©rĂ©my. Le premier se charge du scĂ©nario et est la principale raison pour laquelle je me suis plongĂ© dans cette saga. En effet, depuis ma lecture de « Murena », je voue un attrait certain pour les Ɠuvres de cet auteur. Quant Ă  JĂ©rĂ©my, je l’avais dĂ©couvert en lisant le premier tome de l’histoire intitulĂ© « Esclaves ». Cet ouvrage de bonne qualitĂ© est Ă©ditĂ© chez Dargaud et son prix avoisine les quatorze euros. La couverture du bouquin est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous prĂ©sente un pirate au visage recousu gĂ©nĂ©rant une certaine apprĂ©hension chez le lecteur. Notre curiositĂ© est fortement attisĂ©e car ce personnage n’apparaissait pas dans le livre prĂ©cĂ©dent.

Avant de plonger pleinement dans cet album, je vous cite le rĂ©sumĂ© qui prĂ©cĂšde la premier page de « Cicatrices ». « Lors de l’attaque de leur vaisseau par les pirates du capitaine Blackdog, une aristocrate espagnole, Dona Emilia Del Scuebo, sa fille Maria et leur serviteur Emilio sont faits prisonniers. Tous les trois sont emmenĂ©s sur l’üle de Puerto Blanco, dans les mers des CaraĂŻbes, pour y ĂȘtre vendus. Ferrango, le riche marchand d’esclaves, achĂšte Maria et lui fait subir les pires traitements. La mĂšre de celle-ci, secourue par des moines de l’üle, mourra peu de temps aprĂšs. Emilio qui se fait passer pour une fille, Ă©vitant ainsi de se faire tuer, est achetĂ© par l’étrange Mister Flynn. Le fils de Blackdog, Raffy, gravement blessĂ© par Maria, doit lui aussi rester sur l’üle pour y ĂȘtre soignĂ©. Parti Ă  la recherche du plus gros diamant du monde, son pĂšre a repris la mer sans lui
 faisant fi de la malĂ©diction du Kashar ! »

Comme ce rĂ©sumĂ© le montre, le premier tome Ă©tait plutĂŽt dense. Il faisait intervenir un nombre assez fourni de personnages. De plus, l’histoire est suffisamment rythmĂ©e pour que de nombreux Ă©vĂ©nements accompagnent notre lecture. La consĂ©quence Ă©tait qu’on avait une hĂąte certaine de dĂ©couvrir la suite. Les premiĂšres phrases de « Cicatrices » nous annoncent que trois annĂ©es sont passĂ©es depuis la derniĂšre page de « Esclavages ». Cet album se dĂ©roule quasiment intĂ©gralement Ă  Puerto Blanco. Il est original d’ĂȘtre dans une histoire de pirates qui ne quittent finalement pas la terre ferme.

Comme dans l’opus prĂ©cĂ©dent, la trame se construit autour des trois adolescents Emilio, Maria et Raffy. Chacun a fait son petit bout de chemin en grĂ© de son caractĂšre. Leur statut a Ă©voluĂ©. Les deux esclaves ne le sont plus. Maria est la maitresse dominatrice de Ferrango, ce qui fait d’elle une femme de pouvoir Ă  l’échelle de l’üle. Emilio, toujours grimĂ© sous les traits d’Emilia, est une espĂšce de pupille de Mister Flynn en formation. Quant Ă  Raffy, il contient dĂ©sespĂ©rĂ©ment sa colĂšre et sa haine Ă  l’idĂ©e de voir son pĂšre ĂȘtre parti sans lui dans sa quĂȘte quasiment lĂ©gendaire.

Ce saut temporel oblige finalement l’histoire Ă  nous faire une nouvelle fois les prĂ©sentations. Alors qu’on pouvait penser cette Ă©tape avait eu lieu prĂ©cĂ©demment, les auteurs s’y replongent dans cet opus. Cela donne mĂȘme l’impression que le premier tome n’était qu’un prĂ©ambule. Cela pourrait paraitre dommageable car cela repousse quelque peu la montĂ©e en puissance de l’intrigue. Ce n’est finalement pas tant le cas que cela du fait de la richesse du scĂ©nario. Je trouve que l’ensemble est dense et se construit comme une toile d’araignĂ©e. La variĂ©tĂ© des personnages est toujours aussi savamment menĂ©e et leurs interactions sont passionnantes. On est tenu en haleine de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page. Le fait de construire l’histoire en suivant celles de trois « hĂ©ros » fait que la lecture ne souffre d’aucun temps mort.

J’ai retrouvĂ© avec plaisir les dessins de JĂ©rĂ©my. Je trouve qu’il accompagne parfaitement la narration. Ses dĂ©cors crĂ©ent parfaitement l’univers de Puerto Blanco qui est criant de rĂ©alisme. On a vraiment l’impression d’errer dans les rues de cette Ăźle rĂ©gie par les lois de la piraterie. De plus, les personnages sont plutĂŽt rĂ©ussis. Ils sont de caractĂšre trĂšs diffĂ©rent et le trait du dessinateur arrive Ă  nous offrir le grand spectre d’expressions qui en dĂ©coule. La fragilitĂ© et la douceur d’Emilio diverge fortement de la peur que gĂ©nĂšre la froideur dominatrice de Marie ou de la fureur de Raffy. Son trait nous offre une lecture agrĂ©able.

En conclusion, « Cicatrices » est un album trĂšs rĂ©ussi. La qualitĂ© habille chacune de ses pages. L’histoire est passionnante et on s’y plonge avec appĂ©tit. NĂ©anmoins, j’ai impatience de dĂ©couvrir le prochain opus pour savoir si l’intrigue va changer de braquet et ce qu’est devenu Blackdog dans sa quĂȘte du Kashar. En effet, cette derniĂšre n’est absolument pas traitĂ© dans cet ouvrage. En tout cas, « Barracuda » peut espĂ©rer devenir une Ɠuvre qui compte dans la longue histoire des pirates dans la bande dessinĂ©e. Les adeptes en seront ravis


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Note : 17/20

Barracuda, T1 : Esclaves – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T1 : Esclaves
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Octobre 2010


« Esclaves » est le titre du premier tome d’une des derniĂšres sĂ©ries scĂ©narisĂ©es par Jean Dufaux. Cette derniĂšre s’intitule « Barracuda ». Avant mĂȘme de lire le nom de son auteur, cet album avait attirĂ© mon regard par sa couverture. On y dĂ©couvrait un pirate particuliĂšrement rĂ©aliste qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent celui qui le regarde dans les yeux. Cet album est Ă©ditĂ© chez Dargaud, il coĂ»te environ quatorze euros. Jean Dufaux est un auteur cĂ©lĂšbre du neuviĂšme grĂące Ă  des sĂ©ries comme « Murena », « Djinn », « Croisade », « Jessica Blandy » ou encore « Complaintes des Landes perdues ».Cela offrait le gage d’une certaine qualitĂ© pour cette nouvelle saga nĂ©e l’annĂ©e derniĂšre. Par contre, les dessins sont l’Ɠuvre d’un inconnu Ă  mes yeux nommĂ© JĂ©rĂ©my.

L’histoire dĂ©bute par l’attaque d’un navire par des pirates. Leur chef est Blackdog et sa devise est la suivante : « Pas de pitiĂ©, pour personne, jamais ». Il est secondĂ© par son fils Raffy. Les seuls Ă  ĂȘtre Ă©pargnĂ©s sont une noble espagnole et deux adolescents et un prĂȘtre. Elle prĂ©tend possĂ©der la carte pour mener au diamant du Kashar. La jeune fille est amenĂ©e Ă  ĂȘtre vendue comme esclave. Le jeune garçon dĂ©guisĂ© en fille suivra le mĂȘme trajet. C’est ainsi qu’ils accostent Ă  Puerto Blanco oĂč leurs destins vont se sĂ©parer et se dĂ©cider au cours d’enchĂšres sur un marché 

Une aventure de pirates

Le principal attrait de cette sĂ©rie est d’ĂȘtre une aventure de pirate. La couverture laisse prĂ©sager que le personnage principal Ă  du charisme. On n’est pas déçu sur ce plan-lĂ . On prend plaisir Ă  naviguer sur son navire et on est curieux d’accoster sur ses Ăźles rĂ©gulĂ©es par les lois de la piraterie. L’immersion dans cet univers est incontestablement une grande rĂ©ussite. La grande galerie de personnages est crĂ©dible. De plus, les dĂ©cors apparaissent rĂ©alistes. On n’a aucun mal Ă  se croire au milieu de ses flibustiers sur une terre aux lois peu orthodoxes et aux codes sociaux plutĂŽt inquiĂ©tants. 

Au-delĂ  de ce dĂ©paysement, « Esclaves » nous offre une intrigue intĂ©ressante. La trame se construit autour du trio d’adolescents que sont Raffy, Emilia et Maria. Le premier est le fils de Blackdog. Il semble dĂ©pourvu de sentiments sorti de la haine et de la colĂšre. Le second, Emilia, est en fait Emilio. DĂ©guisĂ© en femme pour sa survie, il mĂšne donc une double vie qui ne le laisse pas indiffĂ©rent. Enfin, Maria, fille de noble est la plus charismatique Ă  mes yeux. Elle a le regard dur et malgrĂ© son jeune Ăąge et sa condition gĂ©nĂšre le malaise auprĂšs de ceux qui s’approchent d’elle. La richesse de ses trois personnages apparait remarquable. Voir leurs destins s’entremĂȘler rend la lecture passionnante. On suit trois personnages aux personnalitĂ©s complexes Ă©voluer dans un milieu dur et compliquĂ©. Tous les ingrĂ©dients sont prĂ©sents pour nous ravir.

Le dĂ©cor est bon, les protagonistes sont envoĂ»tants, il ne restait plus qu’à se voir offrir une trame rĂ©ussie. C’est le cas. Le fait que l’histoire commence par un abordage nous met tout de suite dans le bain. Le rythme ne diminue jamais. On se trouve au beau milieu d’un marchĂ© aux esclaves. Puis la premiĂšre nuit passĂ©e sur l’üle est d’une grande intensitĂ© dramatique. La lecture est assez intense. Au cours des pages qui dĂ©filent, on voit apparaĂźtre des informations mais Ă©galement les jalons de la trame qui construira le tome suivant. Cela fait qu’une fois l’ouvrage terminĂ©, on a une vraie envie de se plonger dans le second opus.

Comme je l’ai prĂ©cisĂ© prĂ©cĂ©demment, la couverture m’a Ă©bloui. J’avais donc une impatience certaine de partir Ă  la rencontre de cet univers nĂ© de la plume de JĂ©rĂ©my. Les premiĂšres pages m’ont apparu froides par rapport Ă  l’impression que m’avait laissĂ©e le visage de Blackdog lors de notre premiĂšre « rencontre ». Mais ce sentiment s’est attĂ©nuĂ© au fur et Ă  mesure des pages et au fur et Ă  mesure de mes relectures de l’album. Le dessinateur possĂšde un vrai talent pour traduire la duretĂ©. Que ce soit par les visages, les couleurs ou les attitudes, on comprend Ă  tout moment qu’on ne se trouve pas au pays des Bisounours. Je trouve que JĂ©rĂ©my fait en sorte qu’on n’oublie jamais l’endroit oĂč on se trouve et la communautĂ© qui y habite.

Au final, « Esclaves » est un ouvrage passionnant qui nous offre une histoire assez envoĂ»tante. La lecture est trĂšs prenante et on prend Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir les Ă©vĂ©nements se dĂ©roulant Ă  Puerto Blanco. Cette sĂ©rie a un vrai potentiel comparable Ă  celui de « Murena » dans un univers diffĂ©rent. Je suis donc curieux de me plonger dans le deuxiĂšme album paru rĂ©cemment intitulĂ© « Cicatrices ». Mais cela est une autre histoire


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Note : 17/20

Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles – Xavier Dorison & Enrique Breccia

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Titre : Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia
Parution : Octobre 2014


« Les Sentinelles » marque l’entrĂ©e des superhĂ©ros Ă  la française dans la Grande Guerre. Xavier Dorison confirme l’ampleur de son imagination. D’une part, il n’hĂ©site pas Ă  s’approprier les codes de ses surhommes d’habitude associĂ©s Ă  la culture amĂ©ricaine. D’autre part, ils les insĂšrent au beau milieu de la PremiĂšre Guerre Mondiale, concept jusqu’alors improbable. Les trois premiers Ă©pisodes de cette sĂ©rie ont transformĂ© l’essai et fait naĂźtre une saga de grande qualitĂ©. Chaque opus est un petit bijou et se lit avec appĂ©tit. Chacun dĂ©livre une grande variĂ©tĂ© de saveurs pour la plus grande joie de ses lecteurs.

LesSentinelles4bCela faisait trois ans et demi que la parution d’une nouvelle mission des Sentinelles Ă©taient attendue. L’espoir Ă©tait assouvi en octobre dernier avec la sortie du quatriĂšme chapitre intitulĂ© « Avril 1915 Les Dardanelles ». Wikipedia m’a appris que les Dardanelles fut un « affrontement [
] qui opposa l’Empire Ottoman aux troupes britanniques et françaises dans la pĂ©ninsule de Gallipoli dans l’actuelle Turquie du 25 avril 1915 au 9 janvier 1916 ». Cela confirme la volontĂ© de Dorison d’intĂ©grer ses hĂ©ros dans la rĂ©alitĂ© du conflit.

Intégrer les héros dans la réalité du conflit.

« Cette bataille-lĂ  devait ĂȘtre gagnĂ©e d’avance
 Le dĂ©barquement du Commonwealth sur les plages truques des Dardanelles devait assurer une victoire aussi rapide qu’indiscutable. Face aux Ottomans, la France n’avait-elle pas dĂ©ployĂ© ses plus glorieux soldats ? Les Sentinelles ! C’était sans compter l’aide des allemands Ă  leur alliĂ© turc, sans compter la chaleur, les fiĂšvres, les maladies et les falaises imprenables
 Sans compter la nouvelle arme du gĂ©nie germanique : Cimeterre. Cette fois-ci, les plus grands hĂ©ros français vont devoir renoncer Ă  la victoire pour apprendre la dure leçon de la dĂ©faite
 » VoilĂ  le synopsis prĂ©sentĂ© par la quatriĂšme de couverture de l’album. Je dois vous dire que j’y ai perçu un menu appĂ©tissant.

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La premiĂšre force du bouquin est la profondeur de ses personnages. Que ce soit Taillefer, le Merle ou Djibouti, chacune des trois Sentinelles possĂšde une personnalitĂ© passionnante. Le rĂ©alisme de chacun d’entre eux est remarquable. Ils sont attachants. Leurs faiblesses sont centrales malgrĂ© leurs superpouvoirs. Leur sens des valeurs ne laisse pas indiffĂ©rent. Une bonne histoire est avant un bon hĂ©ros. « Les Sentinelles » ont la chance d’en avoir trois.

Les Dardanelles imposent une unitĂ© de lieu. Nous ne quittons pas cette plage turque qui ressemble au fur et Ă  mesure des pages Ă  un cimetiĂšre en plein dĂ©veloppement. Cette sensation d’attente, cette disparition de tout espoir, ce fatalisme grandissant
 Tout est sublimĂ© par la narration de Dorison. Il arrive Ă  faire Ă©voluer ses personnages au grĂ© des Ă©vĂ©nements sans marquer de rupture trop forte. La rĂ©alitĂ© de la guerre transpire des planches. Elle ne nous laisse pas indemne. Le travail graphique d’Enrique Breccia sublime le dĂ©sespoir de cette bataille qui ne peut pas ĂȘtre gagnĂ©e mais que les autoritĂ©s refusent de perdre


L’intrigue en elle-mĂȘme est habilement construite. Les enjeux sont rapidement posĂ©s. Tout ce petit monde est rĂ©uni pour gagner plus qu’une bataille : une guerre. Dorison ne fait pas uniquement exister ses Sentinelles. Il laisse une place intĂ©ressante aux soldats britanniques ou australiens. L’immersion dans l’époque apparaĂźt crĂ©dible. Nous sommes touchĂ©s par bon nombre de protagonistes. L’auteur ne choisit pas son camp. Il nous fait dĂ©couvrir des horreurs. Certains passages sont quasiment muets pour laisse totalement la place au trait de Breccia. Il peut ainsi faire passer des sentiments forts par ses seules illustrations. Cet album marque un Ă©quilibre entre le texte et le dessin d’une rare finesse.

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Vous l’aurez compris, cet ouvrage m’a conquis. Je le trouve d’une grande qualitĂ©. Avant de m’y plonger, j’ai relu ses trois prĂ©dĂ©cesseurs. J’ai Ă©tĂ© impressionnĂ© par la force et l’intensitĂ© qui s’en dĂ©gage. « Avril 1915 Les Dardanelles » ne dĂ©roge pas Ă  cette rĂšgle. Il confirme que « Les Sentinelles » est une sĂ©rie unique dans son genre qui arrive Ă  sublimer un concept de dĂ©part original et novateur. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre la suite. Mais cela est une autre histoire


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Note : 18/20

Uchronie(s) – New Beijing, T2 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : Uchronie(s) – New Beijing, T2
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2013


Uchronie(s) est un projet ambitieux nĂ© il y a quelques annĂ©es. Eric Corbeyran avait scĂ©narisĂ© trois trilogies parallĂšles : New York, New Byzance et New Harlem. Elles nous prĂ©sentaient trois rĂ©alitĂ©s uchroniques. La premiĂšre nous plongeait dans le New York que nous connaissons. La seconde nous immergeait dans un New York qui serait la consĂ©quence de la prise de pouvoir de l’Islam Ă  l’échelle mondiale. Enfin, la derniĂšre nous faisait dĂ©couvrir  une AmĂ©rique dominĂ©e par les descendants des Black Panthers. Un dixiĂšme album mettait en lien ses trois univers dans un dĂ©nouement remarquable. J’avais donc Ă©tĂ© surpris lorsque j’avais vu apparaĂźtre dans les rayons trois nouvelles suites : New Beijing, New Moscow et New Delhi. Les premiers tomes Ă©taient de qualitĂ© inĂ©gale. NĂ©anmoins, ma curiositĂ© n’a eu aucun mal Ă  me dĂ©cider Ă  m’offrir le deuxiĂšme Ă©pisode de New Beijing, sujet de ma critique du jour. EditĂ© chez GlĂ©nat, cet opus est sorti le cinq octobre dernier. AurĂ©lien MoriniĂšre se voit confier les dessins.

Le site www.fnac.com propose le rĂ©sumĂ© suivant de cet album : « En cavale, Zack et Ludmilla tentent vaille que vaille de survivre dans l’oppressante New Beijing. De leur cĂŽtĂ©, Charles et Veronika Kosinski sont en libertĂ© surveillĂ©e. Les autoritĂ©s chinoises, qui les emploient de force, sont intriguĂ©es par les visites rĂ©currentes d’intrus qui se volatilisent comme par magie. Dans leur obsession du contrĂŽle, elles espĂšrent bien que le couple saura apporter des rĂ©ponses. Corbeyran rĂ©Ă©dite la recette du succĂšs d’Uchronie[s] avec ces nouvelles rĂ©alitĂ©s parallĂšles aux destins qui s’entrecroisent »

Le premier acte de cette nouvelle aventure ne m’avait pas complĂštement conquis. Je n’y avais pas retrouvĂ© la magie qu’avaient gĂ©nĂ©rĂ©e les trilogies originales. Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce dĂ» Ă  l’absence d’effet surprise ? En effet, le fait que des personnes puissent passer d’une rĂ©alitĂ© Ă  une autre est maintenant considĂ©rĂ© comme acquis. Ce n’était Ă©videmment pas aussi clair dans la premiĂšre dĂ©calogie. J’avais donc ressenti une difficultĂ© pour le scĂ©nario Ă  relancer la machine. L’intrigue prenait du temps Ă  trouver son souffle et mon intĂ©rĂȘt de lecteur n’avait pas Ă©tĂ© attisĂ© de maniĂšre trĂšs intense. J’espĂ©rais que tout cela s’emballe un petit peu avec ce deuxiĂšme tome.

Faire cohabiter trois réalités

L’intrigue fait ici cohabiter des personnages issus des trois rĂ©alitĂ©s. En effet, deux personnes ici de New Delhi apparaissent dans l’histoire et Ludimilla est incontestablement originaire de New Moscow. Ces interactions font incontestablement partie du charme de la saga. Elles sont ici assez dĂ©cevantes. Si on met de cĂŽtĂ© les toutes derniĂšres pages, cet aspect est sous-exploitĂ©. J’avais aisĂ©ment acceptĂ© que le premier tome serve Ă  donner vie Ă  l’univers de New Beijing. Je pensais que ce second tome verrait naĂźtre un changement de braquet. Ce n’est pas le cas. Je trouve dommage que l’intĂ©rĂȘt soit vraiment lancĂ© Ă  une dizaine de pages du dĂ©nouement de l’épisode. Les trois premiers quarts sont bien moins intĂ©ressants.

Cet album manque d’enjeu d’ampleur. La narration consacre Ă©normĂ©ment de place Ă  l’évasion de Zack et Ludmilla. On suit leurs pĂ©rĂ©grinations pour Ă©chapper aux forces de l’ordre. Il n’y a rien de novateur et je regrette que cette chasse Ă  l’homme ne s’avĂšre pas aussi original que le concept scĂ©naristique de la sĂ©rie. A l’opposĂ© l’incarcĂ©ration de Charles et Veronika est plus intĂ©ressante. Leurs recherches forcĂ©es recentrent notre attention autour de la matiĂšre noire et des diffĂ©rentes rĂ©alitĂ©s. J’ai regrettĂ© que ce pan de l’histoire n’occupe pas une place plus importante. La fuite de Zack, trop diluĂ©e Ă  mon goĂ»t, empĂȘche la densitĂ© narrative d’augmenter et de gĂ©nĂ©rer ainsi un vĂ©ritable attrait pour le lecteur.

Les dessins d’AurĂ©lien MoriniĂšre ne m’avaient pas conquis lors de ma lecture du premier tome. Je ne peux pas dire que ce second contact ait fondamentalement changĂ© mes sentiments Ă  l’égard de son style. Le trait est appliquĂ© mais manque, Ă  mes yeux, de personnalitĂ©. Les illustrations se contentent d’accompagner le texte sans jamais le sublimer. Ils ne gĂ©nĂšrent pas d’atmosphĂšre oppressante, envoutante ou au minimum dĂ©paysante. Les couleurs de Johann CorgiĂ© sont assez ternes. NĂ©anmoins, je trouve que cette optique colle assez bien au quotidien de la vie Ă  New Beijing.

Au final, ce second acte s’inscrit dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. L’histoire n’est pas dĂ©sagrĂ©able mais manque d’ampleur. La narration manque de densitĂ©. En refermant l’album, j’ai enfin le sentiment que l’histoire dĂ©marre. Je pense que les deux premiers tomes auraient pu ĂȘtre condensĂ©s en un sens. Cela aurait rendu la lecture plus intense et prenante. Il ne me reste donc plus qu’à espĂ©rer que le dĂ©nouement de la trilogie marque un rĂ©el changement de braquet qui saura satisfaire pleinement mes attentes. Mais cela est une autre histoire


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Note : 11/20

Uchronie(s) – New Beijing, T1 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : New Beijing, T1
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Septembre 2012


« Uchronie(s)» est une sĂ©rie de science-fiction particuliĂšrement bien construite. Il s’agit de trois trilogies intitulĂ©s « New Byzance », « New York » et « New Harlem » qui contaient chacune une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente qui se voyaient toutes rĂ©unies dans un dixiĂšme album. La construction narrative Ă©tait remarquable et originale. Il s’agissait d’un vrai travail de scĂ©nariste qui possĂ©dait un dĂ©nouement Ă  la hauteur de l’idĂ©e initiale. Ce n’était pas rien. C’est pourquoi j’ai Ă©tĂ© surpris lorsque j’ai vu une nouvelle trilogie construite sur le mĂȘme principe. Il s’agira de « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». Ma critique d’aujourd’hui porte sur le premier acte de la premiĂšre citĂ©e. Cet opus est apparu dans les librairies le vingt-six septembre dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez GlĂ©nat, cet ouvrage se compose d’une grosse quarantaine de pages. Le format est classique et le prix avoisine quatorze euros. La couverture est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dents tomes. On y dĂ©couvre le personnage principal entourĂ© de deux inconnues chinoises. Le second plan nous prĂ©sente une mĂ©galopole Ă  l’architecture asiatique. Le ton orange de l’illustration participe au dĂ©paysement. Le point commun avec la saga prĂ©cĂ©dente est Ă©videmment le nom de son auteur, Eric Corbeyran. Le cĂ©lĂšbre auteur de « Le chant des stryges » s’associe ici avec un nouveau dessinateur nommĂ© AurĂ©lien MoriniĂšre que je dĂ©couvre ici.

L’histoire se place dans la continuitĂ© de la premiĂšre dĂ©calogie. NĂ©anmoins, il doit ĂȘtre possible d’entamer la dĂ©couverte avec cet opus. On y dĂ©couvre Zack et ses deux parents apparaitre dans une nouvelle rĂ©alitĂ© : New Beijing. Ici, le monde souffre d’un oppresseur diffĂ©rent de celui subi dans « New Harlem ». Mais la dictature reste source de souffrance quel que soit son interprĂšte. Suite Ă  une utilisation de monnaie non lĂ©gale, les trois personnages se voient sĂ©parĂ©s dans des camps de travail qui les verra dĂ©couvrir ainsi ce nouvel univers dans lequel ils sont amenĂ©s Ă  jouer un rĂŽle


Science-fiction & réalités parallÚles.

Cet album s’adresse Ă  un public adepte de science-fiction et de rĂ©alitĂ©s parallĂšles. Les afficionados du genre seront ravis de se plonger dans cet univers. La richesse de la sĂ©rie rĂ©side dans le fait que chaque rĂ©alitĂ© correspond Ă  une uchronie relativement crĂ©dible sur le plan politique. « New Harlem » marquait la domination du peuple noir sur le monde, « New Byzance » l’hĂ©gĂ©monie du monde musulman. « New Beijing » indique d’aprĂšs son nom que la Chine a pris le pouvoir. Il est donc intĂ©ressant de dĂ©couvrir un fonctionnement mondial suffisamment diffĂ©rent pour nous intriguer et suffisamment proche pour apparaitre rĂ©aliste.

On dĂ©couvre donc avec plaisir ce nouvel ordre sociĂ©tal en suivant les pas des trois personnages principaux. Ils sont familiers aux lecteurs de la premiĂšre sĂ©rie. Cela fait que l’auteur s’épargne une nouvelle prĂ©sentation et offre ainsi une mise en situation rapide. NĂ©anmoins, ils perlent tout au long de la narration des informations qui permettent Ă  tous de maĂźtriser les grandes lignes du passĂ© du trio. Il est Ă©vident que la surprise du fait que les hĂ©ros peuvent passer d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre a disparue depuis les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Il s’agit d’un prĂ©requis qui ne fait pas naitre la mĂȘme curiositĂ© que dans la dĂ©couverte initiale des aventures de Zach. MalgrĂ© tout, cette absence de rĂ©volution scĂ©naristique est compensĂ©e par le plaisir de retrouver un monde qu’on avait quittĂ© avec regret il y a quelques temps.

La difficultĂ© rĂ©side Ă  faire renaitre l’enthousiasme Ă  partir d’une recette qui a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© optimisĂ©e a priori. Le goĂ»t n’a pas toujours la mĂȘme intensitĂ© quand il ne nous est plus inconnu. Je n’ai pas eu le sentiment de dĂ©vorer avec appĂ©tit ce « New Beijing ». Mais cela ne m’a pas empĂȘchĂ© de ressentir un vrai attrait pour l’intrigue une fois que je m’y suis plongĂ©. La frustration de voir l’album se clore Ă©tait rĂ©elle et gage d’une certaine rĂ©ussite. L’intrigue n’est pas trop diluĂ©e mĂȘme on espĂšre toujours qu’elle soit davantage dense. Les jalons posĂ©s dans cet acte sont intĂ©ressants dans le sens oĂč ils se dĂ©marquent des tenants et aboutissants de la trame connue jusqu’alors. Il est Ă©vident que la matiĂšre noire possĂšde un rĂŽle central dans l’histoire mais son exploitation potentielle diffĂšre de ce qu’on connaissait jusqu’à maintenant.

« New Beijing » marque l’arrivĂ©e d’un nouveau dessinateur dans l’univers « Uchronie(s) ». Il fait d’ailleurs une entrĂ©e remarquĂ©e puisqu’il se voit Ă©galement confiĂ© l’illustration de « New Delhi ». Son trait ne rĂ©volutionne pas le genre. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas les planches de s’avĂ©rer dynamique. Le dĂ©coupage des cases associĂ© Ă  une capacitĂ© Ă  intĂ©grer du mouvement dans ses dessins font que la narration ne s’appuie pas sur des illustrations passives et statiques. Je trouve que les scĂšnes faisant intervenir les personnages sont trĂšs Ă©purĂ©es. Je regrette parfois que les dĂ©cors n’y trouvent pas une place plus grande. La consĂ©quence que certaines planches de dialogues semblent fades du fait de l’absence de densitĂ© et de diversitĂ© dans les seconds plans. Concernant les couleurs, elles sont l’Ɠuvre de Svart. Elles sont relativement simples mais gĂ©nĂšrent malgrĂ© tout une atmosphĂšre Ă  la lecture.

En conclusion, j’ai pris un vrai plaisir Ă  dĂ©couvrir « New Beijing » et l’univers auquel cet opus appartient. Les risques de dĂ©ception Ă©taient nombreux mais se sont avĂ©rĂ©s sans lendemain. Il est Ă©vident que cet album n’est que la premiĂšre marche d’une trame longue et complexe. Il faudra donc attendre pour se faire une idĂ©e plus prĂ©cise de l’intrigue. Les premiers indices rĂ©sideront dans ma lecture de « New Moscow » paru le mois dernier. Mais cela est une autre histoire


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Note : 13/20

Uchronie(s), New Beijing, T3 – Eric Corbeyran & AurĂ©lien MoriniĂšre

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Titre : Uchronie(s), New Beijing, T3
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Aurélien MoriniÚre
Parution : Octobre 2014


« Uchronie(s) » est un des projets les plus ambitieux de la derniĂšre dĂ©cennie dans le l’univers fantastique du neuviĂšme art. Eric Corbeyran a fait naĂźtre trois trilogies se rejoignant dans un dixiĂšme opus. La particularitĂ© de ces histoires est qu’elles faisaient intervenir les mĂȘmes personnages dans trois rĂ©alitĂ©s parallĂšles. L’idĂ©e Ă©tait originale et la rĂ©alisation s’est montrĂ©e Ă  la hauteur de la force scĂ©naristique supposĂ©e.

Alors que l’aventure apparaissait conclue avec la sortie en librairie de « Epilogue » il y a presque quatre ans. C’était donc une surprise quand j’ai vu naĂźtre une suite il y a un petit peu plus de deux ans. Le cĂ©lĂšbre auteur crĂ©ait trois nouvelles rĂ©alitĂ©s intitulĂ©es « New Beijing », « New Moscow » et « New Delhi ». La critique d’aujourd’hui porte sur la conclusion de la premiĂšre citĂ©e.

UchroniesNewBeijingT3aLe troisiĂšme Ă©pisode de « New Beijing » est apparu en octobre dernier. Sa couverture Ă©tait originale car elle prĂ©sentait deux versions du mĂȘme protagoniste, chacun Ă©tant extrait de son propre monde. Il s’agit de Zack Kosinski, personnage central, de chaque trame quelle que soit leur origine. Comme son nom l’indique, le monde est ici sous domination chinoise. Les dirigeants politiques ont emprisonnĂ© Charles et Veronika Kosinski, parents du hĂ©ros. Ils sont de brillants scientifiques dont la plus belle dĂ©couverte est la fusion noire. Leur crĂ©ation permet de transition d’une rĂ©alitĂ© Ă  l’autre. Ce pouvoir donne libre cours Ă  toutes les imaginations.

Pas aussi enthousiasmant que la série originelle.

Comme l’indique son titre, la sĂ©rie exploite pleinement le concept de l’uchronie. TrĂšs Ă  la mode actuellement, cette mĂ©canique narrative offre des rĂ©sultats assez inĂ©gaux en termes de rĂ©sultat. Autant « Block 109 » est une belle rĂ©ussite Ă  mes yeux, autant « Jour J » est moins enthousiasmant. « New Beijing » est un cru Ă  la qualitĂ© correcte. Sans dĂ©gager le mĂȘme enthousiasme que la dĂ©calogie originelle, elle prĂ©sente une intrigue sĂ©rieuse et plutĂŽt prenante.

La premiĂšre rĂ©ussite de l’album est de crĂ©er de maniĂšre crĂ©dible une Chine rĂ©gnant sur le monde. Le fait de voir les parents Kosinski prisonniers permet de s’immerger dans les arcanes des dirigeants du Parti. L’ensemble apparaĂźt crĂ©dible. Le rĂ©alisme facilite notre entrĂ©e dans ce monde cousin du notre. Le cĂŽtĂ© « documentaire » de la lecture est intĂ©ressant et fait partie des atouts de la trilogie.

UchroniesNewBeijingT3bLes enjeux de l’histoire sont clairement Ă©tablis depuis l’épisode prĂ©cĂ©dent. Nous ne pouvons pas dire qu’ils Ă©voluent Ă©normĂ©ment dans ce nouvel album. Le dĂ©roulement du film conducteur se fait davantage Ă  un train de sĂ©nateur car qu’au rythme d’une course effrĂ©nĂ©e. Je ne renie pas le fait que les Ă©vĂ©nements avancent et que les rapports de force Ă©voluent un petit peu. MalgrĂ© tout, je ne peux pas affirmer non plus que nous assistons Ă  un grand chamboulement et Ă  un feu d’artifice de rĂ©vĂ©lation. La trilogie terminĂ©e, bon nombre de questions restent en suspens. Les rĂ©ponses arriveront peut-ĂȘtre dans les rĂ©alitĂ©s parallĂšles ou dans l’épilogue


Sur le plan graphique, le travail de d’AurĂ©lien MoriniĂšre est correct. Il permet une lecture aisĂ©e sans pour autant sublimer les textes. Les personnages sont aisĂ©ment reconnaissables malgrĂ© une densitĂ© de casting assez importante. Par contre, que ce soit le dĂ©coupage ou la mise en scĂšne des cases, rien de rĂ©volutionnaire n’est Ă  signaler. Les couleurs de Johann GorgiĂ© est dans cette lignĂ©e-lĂ . Le choix semble avoir Ă©tĂ© fait de privilĂ©gier le scĂ©nario aux illustrations. Pourquoi pas


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Au bilan, cet album conclut honorablement « New Beijing ». Les trois tomes sont d’une qualitĂ© assez constante. J’ai retrouvĂ© avec plaisir des personnages que j’avais appris Ă  apprĂ©cier durant les dix tomes prĂ©cĂ©dents. Je pense que cette premiĂšre nouvelle trilogie Ă  trouver son dĂ©nouement offre une suite honorable Ă  la dĂ©calogie initiale sans nĂ©anmoins en retrouver la magie et l’originalitĂ©. Il ne me reste plus qu’à dĂ©couvrir l’achĂšvement de « New Moscow » et « New Delhi ». Mais cela est une autre histoire


gravatar_ericNote : 12/20

WollodrĂŻn, T5 : Celui qui dort, 1/2 – David Chauvel & JĂ©rĂŽme Lereculey

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Titre : WollodrĂŻn, T5 : Celui qui dort, 1/2
Scénariste : David Chauvel
Dessinateur : JĂ©rĂŽme Lereculey
Parution : Octobre 2014


« WollodrĂŻn » ravira les adeptes d’heroĂŻc fantasy et d’univers Ă  la Tolkien. Cette sĂ©rie immerge le lecteur dans un monde peuplĂ© de nains, chevaliers, trolls, orques
 Les lĂ©gendes et la magie sont Ă©galement de sortie. Chacune de ses histoires se dĂ©roule sur deux tomes. Le premier s’intitulait « Le matin des cendres » et le second « Le convoi ». Ma critique porte sur le cinquiĂšme Ă©pisode intitulĂ© « Celui qui dort » qui marque l’entrĂ©e dans un nouveau diptyque.

La couverture prĂ©sente un jeune personnage jusqu’alors inconnu au bataillon. Il apparaĂźt sur la dĂ©fensive. Il accueille le lecteur avec une hache et une masse. Sa main gauche intrigue, elle est munie d’un gant qui illumine la planche. A l’arriĂšre-plan, nous dĂ©couvrons ce qui semble ĂȘtre un tombeau. Est-ce la quĂȘte du hĂ©ros ? Le protĂšge-t-il ?

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Pour en savoir davantage, je me suis orientĂ© vers la quatriĂšme de couverture : « TridĂŻk est un jeune nain romantique. Follement amoureux de la belle MĂ«linhh, il rĂȘve de lui offrir un four une fleur de pierre qu’on ne trouve qu’au plus profond des montagnes. Le jour oĂč l’occasion se prĂ©sente, le jeune prĂ©tendant n’hĂ©site pas une seconde. Son paquetage sur le dos, son fidĂšle petit ami ZzĂŒrk sur l’épaule, il part Ă  l’aventure, ignorant qu’en descendant dans les profondeurs du royaume interdit, il va rĂ©veiller celui qui dort et qu’on ne devrait jamais tirer de son sommeil
 »

Un enfant a priori ordinaire qui est parti pour vivre une aventure extraordinaire.

L’histoire choisit un hĂ©ros classique. TridĂŻk est un enfant a priori ordinaire qui est parti pour vivre une aventure extraordinaire. Il s’agit d’une recette souvent usitĂ©e et qui possĂšde bon nombre d’attraits. Le principal est que la nature du personnage principal gĂ©nĂšre immĂ©diatement de l’empathie Ă  son encontre. Nous l’assimilons Ă  un copain, un frĂšre ou un fils. Il en rĂ©sulte une inquiĂ©tude nĂ©e des dangers qu’il risque d’affronter. Ce sentiment alimente positivement notre curiositĂ©.

Wollodrin5bL’autre apport rĂ©sultant des caractĂ©ristiques de TridĂŻk est qu’il avance vers l’inconnu. Il n’est pas un guerrier lĂ©gendaire qui auraient survĂ©cu Ă  moult batailles, dĂ©couverts des contrĂ©es lointaines et surmontĂ©es une quantitĂ© incommensurable d’épreuves. Par consĂ©quent, il rĂ©agit aux Ă©vĂ©nements au fur et Ă  mesure qu’ils se dĂ©roulent. Il ne prĂ©voit rien car il ne sait rĂ©ellement vers oĂč il se dirige. Cet Ă©tat de fait facilite notre projection dans la quĂȘte de l’enfant. Nous partageons ses interrogations et ses apprĂ©hensions. L’implication dans la lecture n’en est que plus forte.

Concernant l’intrigue en elle-mĂȘme, elle se dĂ©roule Ă  un rythme de croisiĂšre. Elle ne prĂ©sente aucun temps mort et chaque planche apporte son lot d’informations. David Chauvel Ă©crit une trame dense mettant en place un grand nombre de personnages et d’enjeux. Il fait naĂźtre une bonne dose de mystĂšre et pose des jalons intĂ©ressant pour la suite. Nous pouvons lĂ©gitimement nous demander oĂč tout cela nous mĂšne et comment cela va terminer. Par contre, je regrette une absence d’intensitĂ© dramatique. Alors que le fil conducteur laissait croire une avancĂ©e irrĂ©mĂ©diable vers de gros soucis, je trouve qu’au final, TridĂŻk rencontre peu d’embĂ»ches. Sans vous dire que son voyage est comparable Ă  une promenade bucolique, il est moins pĂ©rilleux qu’espĂ©rĂ©. Mais peut-ĂȘtre suis-je trop exigeant


Sur le plan graphique, j’ai retrouvĂ© avec joie les dessins nĂ©s de la plume de JĂ©rĂŽme Lereculey. Ses dĂ©cors sont une petite merveille et font exister un monde fantastique et fascinant. Le dĂ©paysement est total. Les couleurs de Lou doivent Ă©galement recueillir leur lot de louanges. En effet, comment ressentir l’atmosphĂšre oppressante de ces grottes ou le cĂŽtĂ© merveilleux de ces belles forĂȘts sans la touche chromatique adĂ©quate. Je regrette jusque que l’intrigue ait empĂȘchĂ© de dĂ©couvrir de nouvelles trognes de trolls. Je dois avouer qu’il s’agissait d’un de mes petits plaisirs dans les opus prĂ©cĂ©dents.

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Pour conclure, cet album fait honneur Ă  la fantasy. Il offre une intrigue travaillĂ©e, des personnages plutĂŽt rĂ©ussis et un univers identifiable. Je regrette un petit peu une dimension Ă©pique un petit peu lĂ©gĂšre. Peut-ĂȘtre prendra-t-elle son ampleur lors du tome suivant ? Il ne reste plus qu’à attendre pour le savoir


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Note : 15/20