
Titre : Prophet, T4 : De profundis
Scénariste : Mathieu Lauffray
Dessinateur : Mathieu Lauffray
Parution : Avril 2014
Neuf ans d’attente… Il a fallu attendre tout ce temps pour découvrir enfin le dénouement de la tétralogie imaginée par Mathieu Lauffray intitulée « Prophet ». Le quatrième et dernier épisode est apparu dans les rayons en avril dernier. Il répond au doux nom de « De Profundis ». Je dois avouer que j’avais fait mon deuil de connaître un jour la fin du périple vécu par Jack Stanton. C’était donc avec plaisir que j’ai dépoussiéré et dévoré les trois premiers tomes afin de pouvoir savourer pleinement ce dernier acte en espérant y trouver les réponses aux nombreuses questions qui accompagnent la saga depuis si longtemps…
« Je suis Jack Stanton. L’homme qui a détruit le monde. Celui qui, peut-être, le sauvera… » La quatrième de couverture, avec ces mots, offre un programme pleine de mystères… Ces quelques phrases s’inscrivent sous le regard sombre d’un monstre angoissant. La perspective de connaître enfin l’issue de cette série a attisé sans mal ma curiosité. L’enthousiasme de savoir enfin où tout cela menait se mêlait à l’angoisse d’être déçu par la conclusion de cette aventure.
Une des manières de percevoir cet album consiste à y voir la synthèse des trois premiers tomes. Mathieu Lauffray nous perd entre les époques de son histoire. A certains moments, nous errons dans le New York pré apocalyptique. Puis à d’autres, nous nous retrouvons dans le désastre qui accompagne Jack depuis les « événements ». Cela dégage une atmosphère unique à cette lecture. Le verre à moitié plein permet de savourer le sentiment d’être au centre d’un ouragan dont l’amplitude ne cesse jamais d’augmenter. Le tourbillon est rude et amène le lecteur dans un trip assez intense. Tout cela est mis en valeur par le trait de l’auteur qui n’est plus à découvrir.
Une intrigue qui a du mal Ă jouer son dernier acte
Néanmoins, ce grand voyage peut être perçu du point de vue du verre à moitié vide. Le scénario est assez brouillon. Le fait de jouer avec la chronologie et la réalité n’est pas dénué de charmes. Mais ici, cela a tendance à perdre le lecteur. L’effort pour trouver une cohérence à l’ensemble m’a parfois fait sortir de l’histoire. Le côté psychédélique semble être l’arbre qui cache la forêt d’une intrigue qui a du mal à jouer son dernier acte. J’ai été déçu par cette fin. Je la trouve à la fois facile et décevante.
Malgré tout, le chemin qui mène à cette issue n’est pas inintéressant. Le coup de crayon de Lauffray permet de passer outre certaines faiblesses scénaristiques. Il offre des illustrations qui donnent le vertige. Ils arrivent à jouer avec les lieux, les angles de vues, les couleurs pour mettre le lecteur dans une permanente sensation d’équilibre instable. Le dessinateur semble s’épanouir dans les délires oniriques de la trame. La maestria de son style fait passer la confusion de la narration pour un choix artistique.

Mais la qualité esthétique des planches ne m’a pas empêché de sortir déçu de ma lecture. « Tout ça pour ça » pourrait résumer mes sentiments en analysant la série dans son ensemble. Les premiers tomes avaient posé des jalons intéressants. En accumulant les pistes, les événements et rebondissements, l’auteur attirait le lecteur dans un labyrinthe parfois effrayant. Cette construction nécessite une sortie à la hauteur des attentes suscitées. Ce n’est hélas pas le cas et c’est bien dommage. « Prophet » restera une saga à l’identité certaine mais donc l’intrigue ne permettra d’occuper une place marquante dans le neuvième art de la dernière décennie.
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Note : 9/20

Les adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique créé par les auteurs est à la fois réaliste et original. Les premiers tomes ont fait naître une atmosphère dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scénario pose des jalons clairs et précis de la situation. Cette efficacité narrative se retrouve dans ce dernier épisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nécessaire pour démarrer l’intrigue. Dès les premières pages, les événements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui séparent du dénouement du deuxième tome sont avalés sans mal.


Tout d’abord, je tiens à préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-là . Malgré les rappels réguliers quant au passé de la trame, il m’apparaît compliqué d’en maîtriser tous les arcanes sans prendre le temps de découvrir sereinement les prérequis des aventures de la Chaos Team.


La quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Près de quatre ans après une frappe extraterrestre qui a détruit la majorité des forces armées et mis à genoux les gouvernements des différentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maîtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus désormais de véritables seigneurs de la guerre font souvent appel à une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survécu à l’invasion et à même de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de première nécessité : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous découvrons la Chaos Team, une unité de mercenaires liée à Blackfire et dirigée par John Clem, en mission de protection à Grenade, auprès du nouveau Pape. »
Chaque chapitre est précédé d’une présentation de son casting. La première page nous liste les différents protagonistes impliqués dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hétéroclite servent de fil conducteur à notre découverte de cet univers. Les personnages sont évidemment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possèdent nécessairement des capacités largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nécessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur côté mercenaire fait qu’on n’arrive pas à ressentir une empathie absolue à l’encontre de tout ce beau monde. Leur éthique et leurs ambitions nous interrogent.



Athanagor Wurlitzer est un jeune citadin qui vit la vie de bon nombre des personnes de son âge. Il possède une particularité : il tombe amoureux de la moindre jolie fille qu’il croise dans son quotidien. Il a alors de grandes difficultés à gérer ses émotions et tombe ainsi rapidement dans l’excès et dans de grands moments de délire absolu. Le bouquin que j’évoque dans cette critique nous conte plus d’une vingtaine de ses rencontres avec le sexe faible. Aucune ne le laissera indemne…

« De la Lune à la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient été précédemment ouvertes. Certaines révélations étaient prévisibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une réponse à chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gênant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passés avec les différents personnages qui sont pour la plupart très sympathiques. D’ailleurs la dernière page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagné d’une émotion prenante. L’avancée vers le dénouement est subtilement dosée. On n’est pas dans la brutalité de certaines séries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les révélations accumulées. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagné par notre lecture vers la fin en douceur.

Le synopsis de ce nouvel épisode proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Les légions du sinistres Mendoza ont investi la capitale sélénite. L’infâme prince Jean est désormais le maître absolu de la Lune. Pour les rares rescapés de l’armée royale, tout espoir semble anéanti. Tout espoir ? Voire. Car il est une chose que Monsieur de Maupertuis et ses amis ont su conserver intacte dans le désastre : leur panache. »
Concernant le scénario, il est une nouvelle fois dense et habilement construit. Le premier tiers nous présente un état des lieux assez piteux de nos héros. On y découvre l’essence qui fera naitre la rébellion. Dans un second temps, plus optimiste, on voit la marche en avant de ceux qu’on croyait vaincu. La dernière partie marque la bataille irrémédiable pour la fin de l’oppression. Tout cela est classique dans les grandes lignes. Mais le talent d’écriture d’Ayroles fait que chaque scène est mémorable et que nombre de répliques sont amenés à être cultes. La capacité de l’auteur à écrire des dialogues de cette qualité est un véritable hommage au théâtre qui habite chaque page de la série. De plus, le côté épique que génère le panache permanent des héros font de notre voyage littéraire une véritable épopée mythologique !

Cette célèbre série du neuvième art touche à sa fin. « Le maître d’armes » est l’antépénultième de ses épisodes et nous mène inexorablement vers son dénouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualité est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, à mes yeux, le meilleur de tous. Il possède tant d’atouts qu’on ne saurait tous les lister. Sa densité et sa capacité à gérer les détails offrent une lecture en tout point passionnante. Néanmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable d’avoir lu les tomes précédents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal à saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique épopée.
Mais notre plaisir ne réside pas uniquement dans l’éloquence des personnages. On se prépare également aussi à une bataille homérique qui doit décider de l’avenir de la Lune. Ce n’est pas rien et les auteurs arrivent à faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et à mesure que les pages défilent, l’intensité augmente. La gravité de la situation prend de plus en plus de place. La nuit précédant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car déséquilibrée. Les gentils sont bien moins nombreux que les méchants et nos seuls espoirs apparaissent désespérés. On est vraiment possédé par l’intrigue et notre empathie à l’égard des différents héros va en grandissant.

La série a pris un tournant important depuis l’album précédent. Nos héros sont maintenant sur la Lune. Ils se sont vus confier une mission par le roi local : trouver le Maître d’Armes. Ce dernier dont on chante les louanges autant guerrières que verbales aux quatre coins du pays. En les suivant dans ces territoires inconnus, on découvre cette planète à travers leurs yeux. « Chasseurs de chimères » est pleinement dans cette lignée. En effet, leurs aventures vont les mener vers des territoires que même les sélénites préfèrent éviter.