Chaos Team 2.1 – Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat

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Titre : Chaos Team 2.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Mai 2014


 J’ai découvert Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat à travers leur travail sur « Block 109 ». J’avais été conquis par la qualité de cette uchronie tant sur le plan du scénario que du dessin. Les différents spin-off qui ont succédé à cet ouvrage ont confirmé le talent de ce duo d’auteurs. C’est avec curiosité que j’avais vu naître leur nouveau projet intitulé « Chaos Team ». Cette saga futuriste post-apocalyptique   semblait posséder un potentiel certain. Les deux premiers tomes l’ont confirmé. Le troisième épisode est apparu dans les bacs en mai dernier. J’ai pris le temps de m’y plonger la semaine dernière avec envie.

J’y ai retrouvé avec joie l’équipe de mercenaires construites autour du charismatique John Clem. L’histoire nous faisait découvrir une Terre ayant subi une attaque extra-terrestre. S’en était suivi un effondrement des gouvernements et le terreau était propice à la poussée de nouveaux mouvements extrémistes pour diriger le monde. Les derniers événements en date avaient vu les héros rejoindre les Etees, venus de l’espace. Ils les aident maintenant dans leur quête d’éradiquer de la planète les ennemis de la paix.

Un futur apocalyptique réaliste et original.

ChaosTeam21aLes adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique créé par les auteurs est à la fois réaliste et original. Les premiers tomes ont fait naître une atmosphère dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scénario pose des jalons clairs et précis de la situation. Cette efficacité narrative se retrouve dans ce dernier épisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nécessaire pour démarrer l’intrigue. Dès les premières pages, les événements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui séparent du dénouement du deuxième tome sont avalés sans mal.

La coalition menĂ©e par les Etees et la Chaos Team vole de victoire en victoire. La confiance envahit les protagonistes qui voient chaque mission comme une nouvelle Ă©tape de routine vers le succès. C’est le moment choisi pour qu’un nouveau mĂ©chant apparaisse. Il se fait appeler le Tsar. Ancien gĂ©nĂ©rale russe, il semble nostalgique de la Grande Russie. Perçu dans un premier temps comme un illuminĂ© perdu au milieu d’un village, il s’avère bien plus dangereux que cela. Le souci est que les hĂ©ros s’en sont peut-ĂŞtre rendu compte un petit peu trop tard. La seconde partie nous offre donc la fine Ă©quipe tombĂ©e dans un piège. C’est captivant car plein de surprise. Cela gĂ©nère un nouveau souffle Ă  l’intrigue. La force des auteurs est d’enchainer les pĂ©ripĂ©ties sans jamais tomber dans la rĂ©pĂ©tition.

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L’autre force de l’album est de ne pas surexploitée la dimension « extra-terrestre » de l’histoire. Elle est habilement exploitée pour donner de l’ampleur à la trame. Mais le dosage est suffisamment bon pour ne pas trop empiéter sur la place laissée aux personnages. Ce sont eux qui donnent le titre de la série et ce n’est pas pour rien. Une nouvelle fois, j’ai retrouvé avec plaisir John Clem et ses acolytes. Je me garderai de vous lister le casting. Cela n’a aucun intérêt. Je ne veux pas vous cacher les charmes de la rencontre. Il faut juste savoir qu’ils sont particulièrement « badass » : cool, charismatique et roi de la gâchette. Et parallèlement, on se laisse toucher par ses écorchés vifs que la vie n’a pas épargnés. Bref, des bons guerriers comme on les aime !

Et tout cela est mis en valeur par le trait de Ronan Toulhoat. Il m’avait séduit dans « Block 109 ». Depuis, il entretient la flamme à chaque nouvel opus. Ce « Chaos Team 2.1 » ne dément pas cet état de fait. Son coup de crayon possède une personnalité forte et appréciable. Que ce soit les visages ou les scènes de paysage, les détails sont de sortie. Il a également un talent impressionnant pour donner du rythme et de la tension aux scènes de combat. Sa capacité à dégager une lecture nerveuse de ces moments est remarquable. Il s’agit à mes yeux d’un des meilleurs dessinateurs de ces dernières années.

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Au final, cet opus de « Chaos Team » confirme la qualité constante de cette série. Sans être un monument d’originalité, sa trame est rythmée et sa narration efficace. J’attends avec impatience de connaître la suite de tout cela. La lecture est prenante et divertissante. Je vous conseille donc de partir à la découverte de cette communauté pas comme les autres…

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Note : 14/20

Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai découverts en lisant la saga Block 109. Cette série m’a conquis autant par son scénario que par son atmosphère. Il s’agit d’une uchronie de grande qualité sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de découvrir leur nouveau projet intitulé Chaos Team. Le premier épisode était très réussi et a attisé ma curiosité. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulée sobrement Chaos Team 1.2. Edité chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agréable.

La quatrième de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a été un échec complet pour le Chaos Team. Et suite à l’arrivée de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloqués à Lima. C’est au moment où ils s’apprêtent à s’enfuir de la capitale de la Nouvelle République Démocratique du Pérou que se manifeste un allié pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens à préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-là. Malgré les rappels réguliers quant au passé de la trame, il m’apparaît compliqué d’en maîtriser tous les arcanes sans prendre le temps de découvrir sereinement les prérequis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable à celle des comics américains. L’intrigue se décompose en petit chapitre à l’identité propre et à la dernière case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliqué par Vincent Brugeas à la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus précisément la personnalité des différents protagonistes. Néanmoins, ce mécanisme est moins utilisé dans ce second acte que dans le précédent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une équipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spéciales du monde. Les événements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possède des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations à dose homéopathiques. Cette dimension secrète rend les personnages fascinants et charismatiques malgré une moralité parfois nébuleuse. Les découvrir a été généré un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyé une attaque extra-terrestre. De nouveaux équilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualité. Le premier tome était pleinement centré sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de déroulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les révélations s’enchainent à un rythme assez effréné. La trame utilise des ingrédients classiques qui ne révolutionnent pas le genre. Mais la qualité des personnages fait largement oubliée l’absence d’originalité de l’histoire. Rarement, une série est arrivée à faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissé porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux côtés de John et ses acolytes plutôt que pour découvrir le dénouement.

L’atmosphère réaliste de cet univers résulte en grande partie de la qualité des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement à l’aura des personnages. Il leur offre une réelle profondeur et une identité graphique évidente. Un dessinateur aussi talentueux permet à la bande dessinée de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger à nouveau dans cette aventure. Même si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualité de la série. Je suis donc curieux de découvrir la suite qui est promise pour l’année prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de découvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indifférent…

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Note : 17/20

Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Février 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier épisode d’une saga née de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai découvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai été conquis par le travail des deux auteurs et par la qualité de l’univers qu’ils avaient créé. C’est donc avec une curiosité forte que je me suis plongé dans leur dernière production sorti en librairie le sept février dernier. Son format se rapproche de celui de la série précédente. Edité chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se déroule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scénariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous présente un personnage charismatique. Il est grand, musclé, expérimenté. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dévastée. L’atmosphère dégagée s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos évoquée dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Près de quatre ans après une frappe extraterrestre qui a détruit la majorité des forces armées et mis à genoux les gouvernements des différentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maîtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus désormais de véritables seigneurs de la guerre font souvent appel à une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survécu à l’invasion et à même de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de première nécessité : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous découvrons la Chaos Team, une unité de mercenaires liée à Blackfire et dirigée par John Clem, en mission de protection à Grenade, auprès du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une année zéro correspondant à la date de l’invasion extraterrestre. Les différents événements qui nous sont contés sont repérés par rapport à ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se découpe en chapitres qui peuvent être antérieurs ou postérieurs au « moment repère ». L’histoire ressemble donc à un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoires. Cela amène une densité forte à la lecture. Le dosage scénaristique est bien maîtrisé.

ChaosTeam1bChaque chapitre est précédé d’une présentation de son casting. La première page nous liste les différents protagonistes impliqués dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hétéroclite servent de fil conducteur à notre découverte de cet univers. Les personnages sont évidemment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possèdent nécessairement des capacités largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nécessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur côté mercenaire fait qu’on n’arrive pas à ressentir une empathie absolue à l’encontre de tout ce beau monde. Leur éthique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particulièrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possède un trait assez unique qui génère une atmosphère forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variés et détaillés pour qu’on n’ait aucun mal à les différencier et à se les approprier. Le travail sur les couleurs est également de grande qualité et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scènes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est très réussi. Il se lit avec appétit. D’ailleurs je m’y plongerai à nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des différents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Jean-Louis et son EncyclopĂ©die, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis) – Fabcaro

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Titre : Jean-Louis et son Encyclopédie, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis)
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Août 2009


Fabcaro est un auteur de bandes dessinées qui m’était inconnu jusqu’au passage récent du Père Noël dans mon foyer. En effet, j’ai eu le plaisir de découvrir un de ses ouvrages sous le sapin. Il s’agit de « Jean-Louis (et son encyclopédie) ». Edité chez Drugstore, cet album est composée d’un petit peu moins de cinquante pages. Il est vendu au prix de dix euros. Chaque page est composée de trois séries de trois cases.

L’album nous conte les aventures de Jean-Louis. Ce dernier est enseignant et la partie de sa vie qui nous est narrée est celle qui se déroule en salle des professeurs. La description faite sur la quatrième de couverture est la suivante : « Et voilà la sacro-sainte salle des profs où vous allez passer pas mal de temps… Je vous laisse faire connaissance avec vos collègues… Vous allez voir, ici c’est l’ambiance garantie… ».

Au-delà de son statut d’enseignant, on ne peut pas dire que Jean-Louis soit le parti idéal. En effet, en plus d’un physique peu avantageux, il a la particularité d’accumuler bon nombres de défauts. Il est entre autre égoïste, manipulateur, hypocrite et radin. J’en oublie sûrement. On peut résumer sa vie par : « Tout pour ma gueule ». Le problème est que la finesse n’est pas sa qualité principale et bien souvent la chute de l’histoire n’est pas à son avantage.

Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire.

Une des modes actuelles dans la bande dessinée est les séries construites autour du thème propre à un corps de métier : les profs, les pompiers, les CRS etc. Bien souvent, ses albums m’ont déçu. Ils sont souvent prévisibles et répétitifs. Bref, on est déçu en les découvrant et nos zygomatiques sont peu sollicitées. Le thématique de « Jean-Louis (et son encyclopédie) » pourrait appartenir à cette mouvance du fait du métier de son héros. Je vous rassure, ce n’est pas le cas. Car le thème de l’album n’est pas la salle des professeurs mais Jean-Louis et ses aventures dans la salle des professeurs. Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire. Son héros est bel et bien Jean-Louis. Bon nombre de gags ou de dialogues pourraient avoir lieu sur tous les lieux de travail. En ce sens, Jean-Louis touche tout le monde.

Comme je l’ai dit en introduction, chaque page est composée de trois séries de trois cases. Bien souvent, chaque série correspond à un gag. Le risque de ce genre de structure est d’alterner des chutes hilarantes avec des moments plus moyens. Ce n’est ici pas le cas. La qualité est au rendez-vous tout au long des quarante-huit pages. On rigole de Jean-Louis sans cesse. Son manque de savoir-vivre et sa maladresse ne cessent de solliciter nos zygomatiques. L’auteur arrive à créer des situations très originales. Il a de plus un talent pour les dialogues qui rend chaque situation très réussie.

Cet album se dévore. On a toujours hâte de découvrir le gag suivant tant notre cher Jean-Louis ne semble avoir aucune limite. De plus, une deuxième lecture n’est pas désagréable. On rit à nouveau de bon cœur et on savoure même davantage certaines phrases lues trop vite la première fois. Je pense que c’est un bouquin qu’on peut s’acheter tant chaque redécouverte fera rire une nouvelle fois son lecteur.

Il est temps maintenant de vous parler de la fameuse encyclopédie de Jean-Louis. En plus de toutes ses « qualités » précédemment citées, Jean-Louis est particulièrement fier de lui. Tellement fier qu’il s’est mis en tête d’écrire une encyclopédie et il fait en sorte, de manière toujours discrète, que ses collègues soient au courant. A priori, chacun de ses lecteurs a quelques réserves sur l’intérêt et le sérieux de l’ouvrage en question. On en découvre d’ailleurs de nombreux extraits dans l’album. On découvre donc les réponses de Jean-Louis à des questions telles que : comment naissent les proverbes, que signifie exactement « être rebelle », qu’est-ce que la philosophie, quelle est l’origine du naturisme etc. Bon nombre de réponses à ces questions fondamentales sont plutôt réussies et font rire à défaut de briller par leur pertinence historique ou scientifique.

Il me reste à vous parler des dessins. Comme dit précédemment, je découvre Fabcaro. J’ai été tout de suite séduit par son style. Dans cet album, on n’y voit que des personnages. Il n’y aucun décor derrière. Cela donne une atmosphère aérée qui nous concentre complètement sur les personnages et leurs dialogues. Car c’est ici que réside la richesse de cette lecture. Je trouve que les différents intervenants sont bien dessinées car en les regardant uniquement, on arrive à s’en faire une idée assez précise. Les couleurs sont simples est participe à l’atmosphère réussie de l’album.

En conclusion, je ne peux donc que vous conseiller de découvrir cet album et cet auteur. Il s’agit pour moi une surprise très agréable et je vais m’empresser découvrir rapidement le reste de la bibliographie de Fabcaro. J’espère rapidement pouvoir vous décrire une autre part de son univers car si elles sont toutes de cette qualité, c’est du bonheur en barre ! 

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Note : 17/20

Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel, INT – MaĂ«ster

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Titre : Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel, INT
Scénariste : Maëster
Dessinateur : Maëster
Parution : Octobre 2013
Parution originale : 1986-1988


« Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel » est un personnage créé par le célèbre auteur de bandes dessinées Maëster. Sa naissance est antérieure à l’apparition de la célèbre et peu académique Sœur Marie-Thérèse des Batignolles. Les aventures de ce cher Athanagor datent des années quatre-vingts. J’ai profité de l’édition d’une intégrale en fin d’année dernière pour me plonger dans l’univers de ce jeune homme à lunettes et aux hormones fortement chatouillées. L’ouvrage coûte autour de vingt-cinq euros et regroupent donc l’ensemble des pérégrinations du sieur Wurlitzer dans Fluide Glacial.

AthanagorWurlitzer2Athanagor Wurlitzer est un jeune citadin qui vit la vie de bon nombre des personnes de son âge. Il possède une particularité : il tombe amoureux de la moindre jolie fille qu’il croise dans son quotidien. Il a alors de grandes difficultés à gérer ses émotions et tombe ainsi rapidement dans l’excès et dans de grands moments de délire absolu. Le bouquin que j’évoque dans cette critique nous conte plus d’une vingtaine de ses rencontres avec le sexe faible. Aucune ne le laissera indemne…

Le titre pourrait laisser supposer que ce livre s’adresse à un public adulte et averti. Il est évident que le mettre dans les mains d’un jeune lecteur serait une faute de goût. Mais l’atmosphère est davantage à l’humour qu’à l’érotisme. Ces histoires sont parues dans Fluide Glacial. Elles sont donc dessinées en noir et blanc. Il s’agit d’une marque de fabrique. Le trait de Maëster est déjà caractéristique. Il possède une plume précise et offre des planches pleines de détails. Je suis assez fan de son style qui arrive à doser avec maestria les touches exubérantes générées par les propos et le ton de la narration.

Observer chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot.

Le fait qu’il s’agisse d’un recueil paru dans un magazine implique des chapitres courts. Les histoires sont ainsi denses et rythmées. Leur format implique une mise en place rapide, un développement dense et un dénouement efficace. De plus, aucune des anecdotes contées par Maëster n’est négligée. La lecture ne souffre d’aucun temps faible. C’est appréciable dans un ouvrage d’une telle longueur. En effet, proposer cent trente-six pages de qualité constante est une performance. Chaque case est travaillée dans les moindres détails. Il est plaisant de les observer dans chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot joliment tourné. Il s’agit d’une caractéristique de bon nombre d’œuvres estampillées Fluide Glacial de cette époque. Je me dois d’ailleurs de signaler que malgré la trentaine d’années qui nous sépare de leur première parution, ces épisodes n’ont pas pris une ride.

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Le ton de l’ensemble est déluré. L’auteur ne se fixe aucune limite. Il s’autorise tous les excès. Chaque page plonge le lecteur dans un tourbillon narratif. Je vous avoue qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est n’est pas toujours simple de suivre un diable de Tasmanie. La conséquence est que je suis resté parfois extérieur à certaines aventures. Néanmoins, quand la sauce prend, la rigolade est de sortie. Maëster offre une jolie gamme de délires centrés sur cet obsédé sexuel amoureux de toute femme qui traverse ponctuellement son champ de vision. Le héros est graphiquement réussi. Au premier abord, il apparaît comme un jeune homme de bonne famille en âge d’être étudiant. Il est assimilable à ces personnes qui appartiennent à notre univers mais qui semblent transparentes et dont la présence n’est jamais remarquée. Le décalage entre l’impression extérieure et ses poussées d’hormones qui le brûlent de l’intérieur facilite la dimension exubérante des propos tenus.

Pour conclure, j’ai passé un bon moment à découvrir ce bouquin. Le premier contact est agréable car l’objet est de qualité. De plus, se plonger dans ces anecdotes donne l’impression de s’immerger dans l’Histoire du neuvième art. Je le conseille donc à tous les adeptes de l’humour estampillé « Fluide Glacial ». Il s’agît d’une des premières marches construites par Maëster qui le mènera vers sa série culte mettant en scène la plus trash des bonnes sœurs…

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Note : 13/20

De capes et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012


« De la Lune à la Terre » est un album particulier à mes yeux. Il clôt la désormais mythique série « De Cape et de Crocs » née de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir à la découverte de ce dernier épisode, je m’étais imposé de lire une nouvelle fois l’intégralité des opus précédents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des dernières aventures de nos héros. Ce n’est donc que récemment que je me suis plongé dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours édité chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rêve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre célèbre trio dont on devine le portrait dans le ciel étoilé. Voilà qui ne faisait qu’attiser ma curiosité déjà pas loin d’avoir atteint son paroxysme.

Le synopsis proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvée, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitié s’opposent, la comédie peut tourner au tragique. Avant de tirer leur révérence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de théâtre. Arriveront-ils tous à bon port ? »

Réussir son dénouement est rare.

En littérature ou en bandes dessinées, une des plus grandes difficultés est d’arriver à conclure. Réussir son dénouement est rare. Il est pourtant important de ne pas négliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goût à la dégustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou décevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il était évident qu’il fallait sublimer leur séparation. L’opus précédent se concluait par la mise en échec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.

decapeetdecrocs10b« De la Lune à la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient été précédemment ouvertes. Certaines révélations étaient prévisibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une réponse à chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gênant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passés avec les différents personnages qui sont pour la plupart très sympathiques. D’ailleurs la dernière page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagné d’une émotion prenante. L’avancée vers le dénouement est subtilement dosée. On n’est pas dans la brutalité de certaines séries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les révélations accumulées. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagné par notre lecture vers la fin en douceur.

Il faut néanmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune à la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On découvre un combat spatial homérique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue également. Les sentiments sont intenses et pas toujours réciproques. La tragédie cohabite avec le romantisme. L’amitié offre également des moments touchants. Le côté théâtral est évidemment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.

Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacité à faire naitre des émotions par ses personnages est une performance. Son souci du détail donne une profondeur à ses décors et chacune des cases dont on se délecte avec appétit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitées d’une atmosphère qui nous emporte complètement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenés à travailler à nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espère…

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En conclusion, « De la Lune à la Terre » offre à cette série un dénouement à son ampleur. J’ai terminé ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminée. La qualité de cette épopée m’incite à m’y replonger régulièrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontré Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de réparer cette erreur et de combler ce manque…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2009


« Revers de fortune » est le neuvième et avant-dernier acte de « De Cape et de Crocs ». On se rapproche ainsi du dénouement de la grande saga née de l’imagination d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le scénario du premier et les dessins du second nous enchantent depuis plus de quinze ans. Cet ouvrage est paru en 2009 chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes ». Il se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. La couverture est dans des tons verts et sombres. On y découvre un de nos héros, l’arme à la main et le regard haut. Au second plan, on trouve trois de ses amis l’air apparemment abattus. Au fond, apparait un moulin. Est-ce à dire que la quête des héros s’apparente à celle perdue de Don Quichotte ? Il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture pour le savoir.

decapeetdecrocs9aLe synopsis de ce nouvel épisode proposé par la quatrième de couverture est le suivant : « Les légions du sinistres Mendoza ont investi la capitale sélénite. L’infâme prince Jean est désormais le maître absolu de la Lune. Pour les rares rescapés de l’armée royale, tout espoir semble anéanti. Tout espoir ? Voire. Car il est une chose que Monsieur de Maupertuis et ses amis ont su conserver intacte dans le désastre : leur panache. »

Avant d’entrer davantage dans le cœur du sujet de cet album, je me dois de préciser que « Revers de fortune » s’inscrit dans une grande épopée. Il est indispensable d’avoir lu les huit actes précédents pour pouvoir y plonger sans risquer de se noyer. Au moment, de commencer ma lecture, j’avais laissé les héros dans une situation bien délicate. Le combat pour protéger le roi de la Lune de son terrible frère et de son horrible bras droit avait été perdu. Certains des protagonistes apparaissaient touchés au plus profond de leur chair. Tout semble perdu. En ce sens, on a avait fini notre lecture touché. J’étais donc plein d’espoir à l’idée de découvrir la suite. Il devait s’agit de la remontée. Nos héros devaient se relever et mener un dernier combat pour sauver la Lune. Ce n’était pas rien !

Cet album est donc plein d’espoir. On voit l’obscurité dans laquelle s’était clos l’opus précédent s’éclairer quelque peu. Les héros construisent leur élan sur le panache qui les caractérise tant. Ainsi, ils se relèvent et décident de tenter l’impossible. Cette reprise en main nous prend les tripes. On est ému de vivre ces moments. Cet instant est toujours très agréable que ce soit au cinéma ou dans la littérature. On a touché le fond, on décide de rebondir. C’est cet aspect qui habite « Revers de fortune ». Son atmosphère diffère donc de celle qui envahissait le précédent acte. L’enthousiasme nait rapidement, tout semble possible. Cela génère une ambiance enivrante et pleine de vie. L’empathie qu’on ressent à l’encontre des protagonistes prend toute son ampleur et offre une lecture particulièrement prenante.

Chaque scène est mémorable.

decapeetdecrocs9bConcernant le scénario, il est une nouvelle fois dense et habilement construit. Le premier tiers nous présente un état des lieux assez piteux de nos héros. On y découvre l’essence qui fera naitre la rébellion. Dans un second temps, plus optimiste, on voit la marche en avant de ceux qu’on croyait vaincu. La dernière partie marque la bataille irrémédiable pour la fin de l’oppression. Tout cela est classique dans les grandes lignes. Mais le talent d’écriture d’Ayroles fait que chaque scène est mémorable et que nombre de répliques sont amenés à être cultes. La capacité de l’auteur à écrire des dialogues de cette qualité est un véritable hommage au théâtre qui habite chaque page de la série. De plus, le côté épique que génère le panache permanent des héros font de notre voyage littéraire une véritable épopée mythologique !

Les dessins de Jean-Luc Masbou accompagnent toujours aussi parfaitement les aventures de tout ce beau monde. Son style participe pleinement aux variations d’ambiance qui naissent de notre lecture. Les débuts habités par le désespoir sont bien transcrits par le trait de Masbou. Les pérégrinations du maitre d’armes dans des forêts vierges sont également criantes de réalisme malgré la dimension fantastique de l’histoire. Je ne vous listerai pas tous les moments et les caractéristiques de chacun. Cela a peu d’intérêt et vous gâcherait la découverte. Mais sachez que le voyage vaut le détour.

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En conclusion, « Revers de fortune » offre une dernière marche avant le dénouement des plus réussies. Les dernières pages nous font comprendre que la fin est proche. Malgré cette issue à venir, les auteurs persistent à offrir un ouvrage d’une rare qualité qui participera au fait que « De Cape et de Crocs » marquera l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y plonger. De mon côté, il me reste à découvrir « De la Lune à la Terre ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T8 : Le maĂ®tre d’armes – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T8 : Le maĂ®tre d’armes
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2007


« Le maitre d’armes » est le huitième acte de « De Cape et de Crocs ». Sa parution en 2007 nous rapproche de la fin de cette grande saga qui se décline sur dix tomes. Toujours édité chez Delcourt dans la collection Terres de Légendes, cet opus est l’œuvre conjointe d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. Le prix de cet album avoisine quatorze euros. La couverture est très réussie. Elle nous présente un homme à l’apparence d’un mousquetaire tout de blanc vêtu. Il semble flotter sur un nuage accompagné en second plan d’un splendide palais. Le ciel est étoilé et offre des tons bleu et blanc qui génèrent une illustration à l’atmosphère originale.

La quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Explorant les étranges cimes nuageuses de l’immense îlot d’Oxymore, messieurs de Maupertuis et Villalobos retrouvent enfin le mystérieux Maître d’Armes. Mais l’homme a le sang chaud, le verbe haut, la lame prompte… Comment va-t-il réagir aux provocations d’Eusèbe ? Acceptera-t-il de réorganiser la défense du royaume sélénite ? L’heure est grave, car le fourbe prince Jean et l’infâme Mendoza ourdissent de sinistres projets : sur le paisible astre lunaire plane l’ombre de la guerre. »

Cet ouvrage est le meilleur de tous.

decapeetdecrocs8aCette célèbre série du neuvième art touche à sa fin. « Le maître d’armes » est l’antépénultième de ses épisodes et nous mène inexorablement vers son dénouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualité est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, à mes yeux, le meilleur de tous. Il possède tant d’atouts qu’on ne saurait tous les lister. Sa densité et sa capacité à gérer les détails offrent une lecture en tout point passionnante. Néanmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable d’avoir lu les tomes précédents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal à saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique épopée.

L’album précédent avait laissé nos trois héros sur les nuages à la recherche du mythique Maitre d’Armes, seul apte à protéger la défense du roi de la Lune. Notre lecture démarre donc par une poursuite effrénée sur les nuages. Eusèbe, ce courageux lapin, est poursuivi par celui qu’on devine être le héros tant recherché. Rapidement, ce nouveau protagoniste prend possession de l’histoire. Il possède une personnalité riche qui attise tout de suite notre curiosité. Il s’entend rapidement avec nos amis et permet à ce quatuor de prendre toute sa dimension. La densité des dialogues prend toute son ampleur et met en valeur le talent d’écrivain d’Alain Ayroles. Les discussions et les monologues sont des petits bijoux de littérature qui ravira les adeptes de théâtre et de grandes envolées lyriques.

decapeetdecrocs8bMais notre plaisir ne réside pas uniquement dans l’éloquence des personnages. On se prépare également aussi à une bataille homérique qui doit décider de l’avenir de la Lune. Ce n’est pas rien et les auteurs arrivent à faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et à mesure que les pages défilent, l’intensité augmente. La gravité de la situation prend de plus en plus de place. La nuit précédant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car déséquilibrée. Les gentils sont bien moins nombreux que les méchants et nos seuls espoirs apparaissent désespérés. On est vraiment possédé par l’intrigue et notre empathie à l’égard des différents héros va en grandissant.

Le travail graphique de Jean-Luc Masbou participe à cette atmosphère envoûtante Les premières pages nous plongent dans un royaume des nuages féeriques. Entre le fait de naviguer sur les nuages, d’y découvrir un palais, d’admirer les chimères ou de voler sur des chevaux ailés, on ne sait plus où donner des yeux. Mais quand le retour sur le sol a lieu, les décors ne baissent pas en qualité. Masbou arrive à nous faire ressentir la montée en puissance des deux camps à l’approche de l’inévitable affrontement.

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En conclusion, « Le maitre d’armes » est un petit chef d’œuvre. Tous les aspects sont poussés à leur paroxysme et font naître une lecture d’une rare intensité. Il est toujours agréable de voir qu’une série arrive encore à surprendre positivement après huit tomes. Il ne me reste plus qu’à m’immerger dans le prochain acte intitulé « Revers de fortune ». Le plaisir devrait une nouvelle fois être au rendez-vous. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 18/20

De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimères – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimères
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Janvier 2006


« Chasseurs de chimères » est le septième tome de « De Cape et de Crocs ». La parution de cet album aux éditions Delcourt dans la collection Terres de Légendes date du mois de janvier 2006. Il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné Jean-Luc Masbou. Le prix de cet ouvrage composé d’une grosse quarantaine de pages avoisine quatorze euros. La couverture nous présente un bateau pirate des plus curieux. En effet, il roule au beau milieu d’une vaste cité. Le ciel qui surplombe la scène est splendide. Le choix des couleurs est remarquable. Pour ne rien gâcher il est habité par le portrait de nos trois héros aux traits respectifs de loup, renard et lapin…

La quatrième de couverture présente le résumé suivant : « Croisant le fer, croisant le verbe, messieurs de Villalobos et Maupertuis suivent la piste du mystérieux Maître d’Armes. Leur quête semée de dangers, d’énigmes et de forfaitures les mènera des bas-fonds du port d’Agatharchidès jusqu’aux confins des mers lunaires, au cœur de la Face Cachée, là où rodent les chimères. »

decapeetdecrocs7bLa série a pris un tournant important depuis l’album précédent. Nos héros sont maintenant sur la Lune. Ils se sont vus confier une mission par le roi local : trouver le Maître d’Armes. Ce dernier dont on chante les louanges autant guerrières que verbales aux quatre coins du pays. En les suivant dans ces territoires inconnus, on découvre cette planète à travers leurs yeux. « Chasseurs de chimères » est pleinement dans cette lignée. En effet, leurs aventures vont les mener vers des territoires que même les sélénites préfèrent éviter.

Comme je l’avais expliqué dans ma critique du tome précédent, la vie sur la Lune n’est pas si différente que celles sur Terre. Les auteurs ne tombent pas dans les excès que peut faire naitre la vie extra-terrestre. Les autochtones ressemblent aux terriens, s’expriment dans la même langue et possèdent une organisation sociétale connue sur Terre. Néanmoins, certaines différentes permettent de différencier les deux univers : les maisons peuvent se mouvoir, l’or pousse sur les arbres, la monnaie locale est la poésie… Ces subtiles nuances permettent de faire naître sur la Lune une atmosphère propre qui se distingue de tous les voyages lunaires qu’a pu générer la science-fiction. Cette originalité est indéniablement la base de la réussite de la série. En ne révolutionnant pas tous les codes en arrivant sur notre cher satellite, les auteurs permettent à nos héros et à la trame de ne pas perdre leur dimension théâtrale, acte fondateur de leurs talents.

Des surprises au gré de chaque nouvelle page.

Ce voyage vers l’inconnu permet à nos amis de retrouver des repères de leur quête du trésor des îles Tangerines qui a accompagné notre lecture des cinq premiers épisodes. Ce retour vers l’aventure ne peut pas nous déplaire tant le premier cycle de leur histoire nous avait conquis ! « Chasseurs de chimères » ne cesse pas d’attiser notre curiosité. Ne sachant pas où on va, on s’attend à être pris par surprise au gré de chaque nouvelle page. Les auteurs arrivent à faire monter la sauce. Au fur et à mesure que la narration se déroule, le mystère s’amplifie et nous oppresse. Le dénouement est en ce sens une vraie belle performance autant sur le plan graphique que sur le plan de l’intensité scénaristique. Les dernières pages d’apparence plus apaisée ouvre la porte vers un rêve qui ferait pétiller les yeux de tout enfant qui sommeille dans chaque lecteur…

Les illustrations accompagnent parfaitement la passionnante histoire qu’on a le plaisir de découvrir. Le fait qu’il n’y ait pas de rupture entre les deux univers permet à Jean-Luc Masbou de rester dans la continuité du travail effectué dans les albums précédents. Le dessinateur possède une capacité forte à donner une identité graphique aux différents personnages. Chacun est rapidement habité et acquiert une existence dès sa première apparition. Cela rend notre lecture plus active car chaque protagoniste nous inspire compassion, peur, sympathie, dégoût ou affection. En plus de cela, les décors sont remarquables et Masbou s’en sort admirablement malgré la grande diversité des paysages qui voient errer nos héros. Que ce soit en ville, au beau milieu d’un désert ou au milieu d’une tempête maritime monstrueuse, on est tout le temps plongé dans une ambiance propre à chaque lieu. Il s’agit d’une réelle performance qu’on se doit de signaler.

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En conclusion, « Chasseurs de chimères » retrouve le parfum de l’aventure endiablée vers l’inconnue qui avait été laissé de côté lors des derniers tomes. Je ne vous cache pas que j’en suis ravi. Le côté épique du quotidien de nos héros leur permet d’offrir aux lecteurs l’intégralité de leur dimension théâtrale. Cet album confirme que « De Cape et de Crocs » est amené à marquer l’histoire du neuvième art des vingt dernières années. Son originalité associée à la constance dans la qualité de ses albums est un modèle du genre. Il me tarde de me plonger dans le tome suivant intitulé « Le maître d’armes ». Mais cela est une autre histoire…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T6 : Luna incognita – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T6 : Luna incognita
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2004


« Luna Incognita » est le sixième tome de « De Cape et crocs ». A l’image des opus précédents, cet ouvrage est édité chez « Delcourt » dans la collection « Terres de Légendes ». Composé d’une grosse quarantaine de pages et paru il y a huit ans, cet ouvrage a prix proche de quatorze euros. Comme d’habitude, il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. La couverture nous présente nos héros dans une nuit lunaire à en croire le clair de Terre qui illumine le ciel…

La quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Messieurs de Maupertuis et Villalobos, en font galante et plaisante compagnie, voguent hardiment vers la Lune à bord d’un astronef de fortune. Que découvriront-ils sur cette planète inconnue ? Des géants, des cités qui se meuvent comme dans le roman de Monsieur de Bergerac ? Des trésors à coup sûr, puisque là-haut, l’or pousse sur les arbres ! Mais cet or suscite bien des convoitises : dans le sillage de nos gentilshommes, un inquiétant vaisseau cingle à son tour l’astre lunaire… »

decapeetdecrocs6aCet opus marque le début d’un nouveau cycle. En effet, nos héros partent maintenant dans l’inconnu sur la Lune. On se retrouve donc plongé dans une épopée dont la dimension fantastique prend de l’épaisseur. Voilà un attrait certain qui redonne un souffle à une saga qui n’en manquait déjà pas ! On est donc curieux de connaitre ce nouveau monde. Cherche-t-il à être « réaliste » et « cohérent » ou au contraire se montre-t-il féérique et épique ? « Luna Incognita » allait nous poser les premiers jalons de la réponse. Parallèlement, le fait de retrouver tous les protagonistes regroupés sur ce nouveau « terrain de jeu » ouvrait l’appétit à l’égard de leurs aventures à venir.

Comme dit précédemment, l’attrait principal de cet ouvrage est de nous faire découvrir la vie sur la Lune. On est loin de croiser des petits hommes verts. Au contraire, les Sélénites ressemblent aux Terriens. Evidemment certains détails surprennent et marquent une différence avec la vie extra-lunaire. Mais les grandes lignes sociétales sont proches de la monarchie que nos héros ont quittée. Malgré tout, les différences que je vous laisserai découvrir suffisent à générer un réel dépaysement qui ravira le lecteur. Malgré les ressemblances entre les deux univers, à aucun mot on a le sentiment de se trouver sur Terre. Notre présence sur la Lune nous apparaît toujours évidente au gré des surprises qui agrémentent le parcours des personnages.

Le dĂ©but d’une nouvelle trame.

Au-delà de la dimension découlant de cette découverte touristique, « Luna Incognita » marque le début d’une nouvelle trame. En effet, les cinq premiers tomes avaient été centrés sur la quête du trésor des îles Tangerines. Maintenant qu’on sait que cette mission ne pouvait réussir du fait de la non-existence de decapeetdecrocs6bl’objet cherché. En arrivant sur la Lune, on découvre un conflit politique à grande échelle opposant le roi local à son frère. Nos héros choisissent rapidement leur cas du fait de leur premier rencontre avec le frère dans les épisodes précédents. Pour rendre la victoire possible, il faut retrouver le maître d’armes. Intrigué par ce curieux et légendaire personnage, nos deux amis préférés décident de se charger de sa recherche. Parallèlement, on voit chacun des protagonistes, bons comme méchants, chercher à trouver sa place dans ce nouveau monde. Chacun n’est pas évidemment pas habité de louables volontés.

Les dessins de Masbou accompagnent parfaitement la narration. Son trait n’a aucun mal à nous immerger dans ces nouveaux paysages. La rupture graphique avec les décors terriens n’est pas radicale. C’est logique car le scénario ne le souhaite pas. On découvre peu de nouveaux personnages. Néanmoins Masbou n’a aucun mal à donner vie aux quelques rencontres qui croisent la rue de nos amis. Sur le plan chromatique, il n’y a pas de révolution non plus. Le dessinateur arrive à garder une constance graphique qui donne une réelle identité à cette grande saga du neuvième art.

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En conclusion, cet album est une nouvelle réussite et nous voit partir en quête sur l’astre lunaire avec un enthousiasme certain. Ayroles et Masbou arrive à construire une série qui ne souffre d’aucun temps mort et d’aucune faiblesse. C’est une chose très rare dans ces grandes aventures au long cours qui s’étalent sur un nombre important de tomes. « De Cape et de crocs » réussit ce tour de force et il faut le signaler. Je ne doute pas que l’opus suivant intitulé « Chasseurs de chimère » devrait poursuivre cette réussite. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 16/20