Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier Ă©pisode d’une saga nĂ©e de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai dĂ©couvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai Ă©tĂ© conquis par le travail des deux auteurs et par la qualitĂ© de l’univers qu’ils avaient crĂ©Ă©. C’est donc avec une curiositĂ© forte que je me suis plongĂ© dans leur derniĂšre production sorti en librairie le sept fĂ©vrier dernier. Son format se rapproche de celui de la sĂ©rie prĂ©cĂ©dente. EditĂ© chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se dĂ©roule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scĂ©nariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous prĂ©sente un personnage charismatique. Il est grand, musclĂ©, expĂ©rimentĂ©. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dĂ©vastĂ©e. L’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos Ă©voquĂ©e dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « PrĂšs de quatre ans aprĂšs une frappe extraterrestre qui a dĂ©truit la majoritĂ© des forces armĂ©es et mis Ă  genoux les gouvernements des diffĂ©rentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maĂźtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus dĂ©sormais de vĂ©ritables seigneurs de la guerre font souvent appel Ă  une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survĂ©cu Ă  l’invasion et Ă  mĂȘme de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous dĂ©couvrons la Chaos Team, une unitĂ© de mercenaires liĂ©e Ă  Blackfire et dirigĂ©e par John Clem, en mission de protection Ă  Grenade, auprĂšs du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piÚces de maniÚre apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une annĂ©e zĂ©ro correspondant Ă  la date de l’invasion extraterrestre. Les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements qui nous sont contĂ©s sont repĂ©rĂ©s par rapport Ă  ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se dĂ©coupe en chapitres qui peuvent ĂȘtre antĂ©rieurs ou postĂ©rieurs au « moment repĂšre ». L’histoire ressemble donc Ă  un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piĂšces de maniĂšre apparemment alĂ©atoires. Cela amĂšne une densitĂ© forte Ă  la lecture. Le dosage scĂ©naristique est bien maĂźtrisĂ©.

ChaosTeam1bChaque chapitre est prĂ©cĂ©dĂ© d’une prĂ©sentation de son casting. La premiĂšre page nous liste les diffĂ©rents protagonistes impliquĂ©s dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hĂ©tĂ©roclite servent de fil conducteur Ă  notre dĂ©couverte de cet univers. Les personnages sont Ă©videmment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possĂšdent nĂ©cessairement des capacitĂ©s largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nĂ©cessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur cĂŽtĂ© mercenaire fait qu’on n’arrive pas Ă  ressentir une empathie absolue Ă  l’encontre de tout ce beau monde. Leur Ă©thique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particuliĂšrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possĂšde un trait assez unique qui gĂ©nĂšre une atmosphĂšre forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variĂ©s et dĂ©taillĂ©s pour qu’on n’ait aucun mal Ă  les diffĂ©rencier et Ă  se les approprier. Le travail sur les couleurs est Ă©galement de grande qualitĂ© et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scĂšnes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est trĂšs rĂ©ussi. Il se lit avec appĂ©tit. D’ailleurs je m’y plongerai Ă  nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des diffĂ©rents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 17/20

Jean-Louis et son EncyclopĂ©die, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis) – Fabcaro

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Titre : Jean-Louis et son Encyclopédie, T1 : Les Profs sont des Cons (sauf Jean-Louis)
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Août 2009


Fabcaro est un auteur de bandes dessinĂ©es qui m’était inconnu jusqu’au passage rĂ©cent du PĂšre NoĂ«l dans mon foyer. En effet, j’ai eu le plaisir de dĂ©couvrir un de ses ouvrages sous le sapin. Il s’agit de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) ». EditĂ© chez Drugstore, cet album est composĂ©e d’un petit peu moins de cinquante pages. Il est vendu au prix de dix euros. Chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases.

L’album nous conte les aventures de Jean-Louis. Ce dernier est enseignant et la partie de sa vie qui nous est narrĂ©e est celle qui se dĂ©roule en salle des professeurs. La description faite sur la quatriĂšme de couverture est la suivante : « Et voilĂ  la sacro-sainte salle des profs oĂč vous allez passer pas mal de temps
 Je vous laisse faire connaissance avec vos collĂšgues
 Vous allez voir, ici c’est l’ambiance garantie
 ».

Au-delĂ  de son statut d’enseignant, on ne peut pas dire que Jean-Louis soit le parti idĂ©al. En effet, en plus d’un physique peu avantageux, il a la particularitĂ© d’accumuler bon nombres de dĂ©fauts. Il est entre autre Ă©goĂŻste, manipulateur, hypocrite et radin. J’en oublie sĂ»rement. On peut rĂ©sumer sa vie par : « Tout pour ma gueule ». Le problĂšme est que la finesse n’est pas sa qualitĂ© principale et bien souvent la chute de l’histoire n’est pas Ă  son avantage.

Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire.

Une des modes actuelles dans la bande dessinĂ©e est les sĂ©ries construites autour du thĂšme propre Ă  un corps de mĂ©tier : les profs, les pompiers, les CRS etc. Bien souvent, ses albums m’ont déçu. Ils sont souvent prĂ©visibles et rĂ©pĂ©titifs. Bref, on est déçu en les dĂ©couvrant et nos zygomatiques sont peu sollicitĂ©es. Le thĂ©matique de « Jean-Louis (et son encyclopĂ©die) » pourrait appartenir Ă  cette mouvance du fait du mĂ©tier de son hĂ©ros. Je vous rassure, ce n’est pas le cas. Car le thĂšme de l’album n’est pas la salle des professeurs mais Jean-Louis et ses aventures dans la salle des professeurs. Le milieu enseignant n’est que l’univers de l’histoire. Son hĂ©ros est bel et bien Jean-Louis. Bon nombre de gags ou de dialogues pourraient avoir lieu sur tous les lieux de travail. En ce sens, Jean-Louis touche tout le monde.

Comme je l’ai dit en introduction, chaque page est composĂ©e de trois sĂ©ries de trois cases. Bien souvent, chaque sĂ©rie correspond Ă  un gag. Le risque de ce genre de structure est d’alterner des chutes hilarantes avec des moments plus moyens. Ce n’est ici pas le cas. La qualitĂ© est au rendez-vous tout au long des quarante-huit pages. On rigole de Jean-Louis sans cesse. Son manque de savoir-vivre et sa maladresse ne cessent de solliciter nos zygomatiques. L’auteur arrive Ă  crĂ©er des situations trĂšs originales. Il a de plus un talent pour les dialogues qui rend chaque situation trĂšs rĂ©ussie.

Cet album se dĂ©vore. On a toujours hĂąte de dĂ©couvrir le gag suivant tant notre cher Jean-Louis ne semble avoir aucune limite. De plus, une deuxiĂšme lecture n’est pas dĂ©sagrĂ©able. On rit Ă  nouveau de bon cƓur et on savoure mĂȘme davantage certaines phrases lues trop vite la premiĂšre fois. Je pense que c’est un bouquin qu’on peut s’acheter tant chaque redĂ©couverte fera rire une nouvelle fois son lecteur.

Il est temps maintenant de vous parler de la fameuse encyclopĂ©die de Jean-Louis. En plus de toutes ses « qualitĂ©s » prĂ©cĂ©demment citĂ©es, Jean-Louis est particuliĂšrement fier de lui. Tellement fier qu’il s’est mis en tĂȘte d’écrire une encyclopĂ©die et il fait en sorte, de maniĂšre toujours discrĂšte, que ses collĂšgues soient au courant. A priori, chacun de ses lecteurs a quelques rĂ©serves sur l’intĂ©rĂȘt et le sĂ©rieux de l’ouvrage en question. On en dĂ©couvre d’ailleurs de nombreux extraits dans l’album. On dĂ©couvre donc les rĂ©ponses de Jean-Louis Ă  des questions telles que : comment naissent les proverbes, que signifie exactement « ĂȘtre rebelle », qu’est-ce que la philosophie, quelle est l’origine du naturisme etc. Bon nombre de rĂ©ponses Ă  ces questions fondamentales sont plutĂŽt rĂ©ussies et font rire Ă  dĂ©faut de briller par leur pertinence historique ou scientifique.

Il me reste Ă  vous parler des dessins. Comme dit prĂ©cĂ©demment, je dĂ©couvre Fabcaro. J’ai Ă©tĂ© tout de suite sĂ©duit par son style. Dans cet album, on n’y voit que des personnages. Il n’y aucun dĂ©cor derriĂšre. Cela donne une atmosphĂšre aĂ©rĂ©e qui nous concentre complĂštement sur les personnages et leurs dialogues. Car c’est ici que rĂ©side la richesse de cette lecture. Je trouve que les diffĂ©rents intervenants sont bien dessinĂ©es car en les regardant uniquement, on arrive Ă  s’en faire une idĂ©e assez prĂ©cise. Les couleurs sont simples est participe Ă  l’atmosphĂšre rĂ©ussie de l’album.

En conclusion, je ne peux donc que vous conseiller de dĂ©couvrir cet album et cet auteur. Il s’agit pour moi une surprise trĂšs agrĂ©able et je vais m’empresser dĂ©couvrir rapidement le reste de la bibliographie de Fabcaro. J’espĂšre rapidement pouvoir vous dĂ©crire une autre part de son univers car si elles sont toutes de cette qualitĂ©, c’est du bonheur en barre ! 

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Note : 17/20

Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel, INT – MaĂ«ster

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Titre : Athanagor Wurlitzer Obsédé sexuel, INT
Scénariste : Maëster
Dessinateur : Maëster
Parution : Octobre 2013
Parution originale : 1986-1988


« Athanagor Wurlitzer ObsĂ©dĂ© sexuel » est un personnage crĂ©Ă© par le cĂ©lĂšbre auteur de bandes dessinĂ©es MaĂ«ster. Sa naissance est antĂ©rieure Ă  l’apparition de la cĂ©lĂšbre et peu acadĂ©mique SƓur Marie-ThĂ©rĂšse des Batignolles. Les aventures de ce cher Athanagor datent des annĂ©es quatre-vingts. J’ai profitĂ© de l’édition d’une intĂ©grale en fin d’annĂ©e derniĂšre pour me plonger dans l’univers de ce jeune homme Ă  lunettes et aux hormones fortement chatouillĂ©es. L’ouvrage coĂ»te autour de vingt-cinq euros et regroupent donc l’ensemble des pĂ©rĂ©grinations du sieur Wurlitzer dans Fluide Glacial.

AthanagorWurlitzer2Athanagor Wurlitzer est un jeune citadin qui vit la vie de bon nombre des personnes de son Ăąge. Il possĂšde une particularité : il tombe amoureux de la moindre jolie fille qu’il croise dans son quotidien. Il a alors de grandes difficultĂ©s Ă  gĂ©rer ses Ă©motions et tombe ainsi rapidement dans l’excĂšs et dans de grands moments de dĂ©lire absolu. Le bouquin que j’évoque dans cette critique nous conte plus d’une vingtaine de ses rencontres avec le sexe faible. Aucune ne le laissera indemne


Le titre pourrait laisser supposer que ce livre s’adresse Ă  un public adulte et averti. Il est Ă©vident que le mettre dans les mains d’un jeune lecteur serait une faute de goĂ»t. Mais l’atmosphĂšre est davantage Ă  l’humour qu’à l’érotisme. Ces histoires sont parues dans Fluide Glacial. Elles sont donc dessinĂ©es en noir et blanc. Il s’agit d’une marque de fabrique. Le trait de MaĂ«ster est dĂ©jĂ  caractĂ©ristique. Il possĂšde une plume prĂ©cise et offre des planches pleines de dĂ©tails. Je suis assez fan de son style qui arrive Ă  doser avec maestria les touches exubĂ©rantes gĂ©nĂ©rĂ©es par les propos et le ton de la narration.

Observer chaque recoin pour y découvrir un gag ou un jeu de mot.

Le fait qu’il s’agisse d’un recueil paru dans un magazine implique des chapitres courts. Les histoires sont ainsi denses et rythmĂ©es. Leur format implique une mise en place rapide, un dĂ©veloppement dense et un dĂ©nouement efficace. De plus, aucune des anecdotes contĂ©es par MaĂ«ster n’est nĂ©gligĂ©e. La lecture ne souffre d’aucun temps faible. C’est apprĂ©ciable dans un ouvrage d’une telle longueur. En effet, proposer cent trente-six pages de qualitĂ© constante est une performance. Chaque case est travaillĂ©e dans les moindres dĂ©tails. Il est plaisant de les observer dans chaque recoin pour y dĂ©couvrir un gag ou un jeu de mot joliment tournĂ©. Il s’agit d’une caractĂ©ristique de bon nombre d’Ɠuvres estampillĂ©es Fluide Glacial de cette Ă©poque. Je me dois d’ailleurs de signaler que malgrĂ© la trentaine d’annĂ©es qui nous sĂ©pare de leur premiĂšre parution, ces Ă©pisodes n’ont pas pris une ride.

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Le ton de l’ensemble est dĂ©lurĂ©. L’auteur ne se fixe aucune limite. Il s’autorise tous les excĂšs. Chaque page plonge le lecteur dans un tourbillon narratif. Je vous avoue qu’il est parfois difficile de s’y retrouver. Il est n’est pas toujours simple de suivre un diable de Tasmanie. La consĂ©quence est que je suis restĂ© parfois extĂ©rieur Ă  certaines aventures. NĂ©anmoins, quand la sauce prend, la rigolade est de sortie. MaĂ«ster offre une jolie gamme de dĂ©lires centrĂ©s sur cet obsĂ©dĂ© sexuel amoureux de toute femme qui traverse ponctuellement son champ de vision. Le hĂ©ros est graphiquement rĂ©ussi. Au premier abord, il apparaĂźt comme un jeune homme de bonne famille en Ăąge d’ĂȘtre Ă©tudiant. Il est assimilable Ă  ces personnes qui appartiennent Ă  notre univers mais qui semblent transparentes et dont la prĂ©sence n’est jamais remarquĂ©e. Le dĂ©calage entre l’impression extĂ©rieure et ses poussĂ©es d’hormones qui le brĂ»lent de l’intĂ©rieur facilite la dimension exubĂ©rante des propos tenus.

Pour conclure, j’ai passĂ© un bon moment Ă  dĂ©couvrir ce bouquin. Le premier contact est agrĂ©able car l’objet est de qualitĂ©. De plus, se plonger dans ces anecdotes donne l’impression de s’immerger dans l’Histoire du neuviĂšme art. Je le conseille donc Ă  tous les adeptes de l’humour estampillĂ© « Fluide Glacial ». Il s’agĂźt d’une des premiĂšres marches construites par MaĂ«ster qui le mĂšnera vers sa sĂ©rie culte mettant en scĂšne la plus trash des bonnes sƓurs


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Note : 13/20

De capes et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T10 : De la Lune Ă  la Terre
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2012


« De la Lune Ă  la Terre » est un album particulier Ă  mes yeux. Il clĂŽt la dĂ©sormais mythique sĂ©rie « De Cape et de Crocs » nĂ©e de la collaboration d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Avant de partir Ă  la dĂ©couverte de ce dernier Ă©pisode, je m’étais imposĂ© de lire une nouvelle fois l’intĂ©gralitĂ© des opus prĂ©cĂ©dents. Cela m’apparaissait indispensable pour profiter pleinement des derniĂšres aventures de nos hĂ©ros. Ce n’est donc que rĂ©cemment que je me suis plongĂ© dans cet ouvrage apparu dans les rayons en avril dernier. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt, le bouquin nous offrait une couverture pleine de rĂȘve. On y voit un navire flotter dans l’espace pour le voyage final de notre cĂ©lĂšbre trio dont on devine le portrait dans le ciel Ă©toilĂ©. VoilĂ  qui ne faisait qu’attiser ma curiositĂ© dĂ©jĂ  pas loin d’avoir atteint son paroxysme.

Le synopsis proposĂ© par la quatriĂšme de couverture est le suivant : « Le prince Jean vaincu, la Lune sauvĂ©e, l’heure est venue pour messieurs de Villalobos et Maupertuis de songer au retour. Mais l’ignoble Mendoza n’a pas dit son dernier mot, et quand amour, honneur et amitiĂ© s’opposent, la comĂ©die peut tourner au tragique. Avant de tirer leur rĂ©vĂ©rence, nos gentilshommes devront encore essuyer de terribles coups de thĂ©Ăątre. Arriveront-ils tous Ă  bon port ? »

Réussir son dénouement est rare.

En littĂ©rature ou en bandes dessinĂ©es, une des plus grandes difficultĂ©s est d’arriver Ă  conclure. RĂ©ussir son dĂ©nouement est rare. Il est pourtant important de ne pas nĂ©gliger sa sortie. En effet, c’est souvent ce dernier sentiment qui laissera le dernier goĂ»t Ă  la dĂ©gustation qu’est notre lecture. Une fin trop rapide ou trop abracadabrantesque frustrera ou dĂ©cevra le lecteur. « De Cape et de Crocs » est apparu dans l’univers de ses adeptes il y a plus de quinze ans. Il Ă©tait Ă©vident qu’il fallait sublimer leur sĂ©paration. L’opus prĂ©cĂ©dent se concluait par la mise en Ă©chec du coup d’état contre le roi de la Lune. Il est donc temps de retourner sur Terre. C’est essentiellement autour de ce projet que se construit la trame. Evidemment, les intrigues secondaires vont densifier le propos et nous offrir une lecture des plus passionnantes.

decapeetdecrocs10b« De la Lune Ă  la Terre » a pour mission, entre autre, de fermer un certain nombre de portes qui avaient Ă©tĂ© prĂ©cĂ©demment ouvertes. Certaines rĂ©vĂ©lations Ă©taient prĂ©visibles, d’autres restent obscures. Les auteurs ne nous offrent pas une rĂ©ponse Ă  chacune de nos interrogations. Ce n’était pas pour autant gĂȘnant car chaque page nous fait sentir qu’il faut profiter des derniers moments passĂ©s avec les diffĂ©rents personnages qui sont pour la plupart trĂšs sympathiques. D’ailleurs la derniĂšre page nous offre un sourire enthousiaste qui nous fait fermer l’album accompagnĂ© d’une Ă©motion prenante. L’avancĂ©e vers le dĂ©nouement est subtilement dosĂ©e. On n’est pas dans la brutalitĂ© de certaines sĂ©ries qui offrent deux pages de monologue contenant toutes les rĂ©vĂ©lations accumulĂ©es. Ce n’est ici pas le cas. On est accompagnĂ© par notre lecture vers la fin en douceur.

Il faut nĂ©anmoins rassurer les lecteurs. « De la Lune Ă  la Terre » n’est pas un album pantouflard. L’aventure est encore de sortie. On dĂ©couvre un combat spatial homĂ©rique entre des adversaires historiques. L’amour est au centre de l’intrigue Ă©galement. Les sentiments sont intenses et pas toujours rĂ©ciproques. La tragĂ©die cohabite avec le romantisme. L’amitiĂ© offre Ă©galement des moments touchants. Le cĂŽtĂ© thĂ©Ăątral est Ă©videmment une nouvelle fois au centre de la narration. On profite une nouvelle fois de tirades cultes qui raviront les adeptes du genre. Le travail d’écriture d’Alain Ayroles est un monument du genre qui ne peut laisser personne de marbre.

Le travail de Jean-Luc Masbou sur les illustrations est une nouvelle fois remarquable. Sa capacitĂ© Ă  faire naitre des Ă©motions par ses personnages est une performance. Son souci du dĂ©tail donne une profondeur Ă  ses dĂ©cors et chacune des cases dont on se dĂ©lecte avec appĂ©tit. De plus, il utilise les couleurs avec un vrai talent. Certaines planches quasi monochromatiques sont habitĂ©es d’une atmosphĂšre qui nous emporte complĂštement. Je suis curieux de savoir si Masbou et Ayroles sont amenĂ©s Ă  travailler Ă  nouveau ensemble que ce soit sur un spin off de « De Cape et de Crocs » soit dans un tout autre univers. Par contre, une chose est certaine, je l’espĂšre


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En conclusion, « De la Lune Ă  la Terre » offre Ă  cette sĂ©rie un dĂ©nouement Ă  son ampleur. J’ai terminĂ© ma lecture avec le sourire. Le plaisir de voir cette saga se conclure avec talent l’emporte sur la triste nostalgie de voir que l’histoire est terminĂ©e. La qualitĂ© de cette Ă©popĂ©e m’incite Ă  m’y replonger rĂ©guliĂšrement. L’aventure n’a jamais fait de mal ! Pour ceux qui n’ont pas encore rencontrĂ© Messieurs de Villalobos et de Maupertuis, il est temps de rĂ©parer cette erreur et de combler ce manque


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Note : 17/20

De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T9 : Revers de fortune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2009


« Revers de fortune » est le neuviĂšme et avant-dernier acte de « De Cape et de Crocs ». On se rapproche ainsi du dĂ©nouement de la grande saga nĂ©e de l’imagination d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le scĂ©nario du premier et les dessins du second nous enchantent depuis plus de quinze ans. Cet ouvrage est paru en 2009 chez Delcourt dans la collection « Terres de LĂ©gendes ». Il se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. La couverture est dans des tons verts et sombres. On y dĂ©couvre un de nos hĂ©ros, l’arme Ă  la main et le regard haut. Au second plan, on trouve trois de ses amis l’air apparemment abattus. Au fond, apparait un moulin. Est-ce Ă  dire que la quĂȘte des hĂ©ros s’apparente Ă  celle perdue de Don Quichotte ? Il ne reste plus qu’à se plonger dans la lecture pour le savoir.

decapeetdecrocs9aLe synopsis de ce nouvel Ă©pisode proposĂ© par la quatriĂšme de couverture est le suivant : « Les lĂ©gions du sinistres Mendoza ont investi la capitale sĂ©lĂ©nite. L’infĂąme prince Jean est dĂ©sormais le maĂźtre absolu de la Lune. Pour les rares rescapĂ©s de l’armĂ©e royale, tout espoir semble anĂ©anti. Tout espoir ? Voire. Car il est une chose que Monsieur de Maupertuis et ses amis ont su conserver intacte dans le dĂ©sastre : leur panache. »

Avant d’entrer davantage dans le cƓur du sujet de cet album, je me dois de prĂ©ciser que « Revers de fortune » s’inscrit dans une grande Ă©popĂ©e. Il est indispensable d’avoir lu les huit actes prĂ©cĂ©dents pour pouvoir y plonger sans risquer de se noyer. Au moment, de commencer ma lecture, j’avais laissĂ© les hĂ©ros dans une situation bien dĂ©licate. Le combat pour protĂ©ger le roi de la Lune de son terrible frĂšre et de son horrible bras droit avait Ă©tĂ© perdu. Certains des protagonistes apparaissaient touchĂ©s au plus profond de leur chair. Tout semble perdu. En ce sens, on a avait fini notre lecture touchĂ©. J’étais donc plein d’espoir Ă  l’idĂ©e de dĂ©couvrir la suite. Il devait s’agit de la remontĂ©e. Nos hĂ©ros devaient se relever et mener un dernier combat pour sauver la Lune. Ce n’était pas rien !

Cet album est donc plein d’espoir. On voit l’obscuritĂ© dans laquelle s’était clos l’opus prĂ©cĂ©dent s’éclairer quelque peu. Les hĂ©ros construisent leur Ă©lan sur le panache qui les caractĂ©rise tant. Ainsi, ils se relĂšvent et dĂ©cident de tenter l’impossible. Cette reprise en main nous prend les tripes. On est Ă©mu de vivre ces moments. Cet instant est toujours trĂšs agrĂ©able que ce soit au cinĂ©ma ou dans la littĂ©rature. On a touchĂ© le fond, on dĂ©cide de rebondir. C’est cet aspect qui habite « Revers de fortune ». Son atmosphĂšre diffĂšre donc de celle qui envahissait le prĂ©cĂ©dent acte. L’enthousiasme nait rapidement, tout semble possible. Cela gĂ©nĂšre une ambiance enivrante et pleine de vie. L’empathie qu’on ressent Ă  l’encontre des protagonistes prend toute son ampleur et offre une lecture particuliĂšrement prenante.

Chaque scÚne est mémorable.

decapeetdecrocs9bConcernant le scĂ©nario, il est une nouvelle fois dense et habilement construit. Le premier tiers nous prĂ©sente un Ă©tat des lieux assez piteux de nos hĂ©ros. On y dĂ©couvre l’essence qui fera naitre la rĂ©bellion. Dans un second temps, plus optimiste, on voit la marche en avant de ceux qu’on croyait vaincu. La derniĂšre partie marque la bataille irrĂ©mĂ©diable pour la fin de l’oppression. Tout cela est classique dans les grandes lignes. Mais le talent d’écriture d’Ayroles fait que chaque scĂšne est mĂ©morable et que nombre de rĂ©pliques sont amenĂ©s Ă  ĂȘtre cultes. La capacitĂ© de l’auteur Ă  Ă©crire des dialogues de cette qualitĂ© est un vĂ©ritable hommage au thĂ©Ăątre qui habite chaque page de la sĂ©rie. De plus, le cĂŽtĂ© Ă©pique que gĂ©nĂšre le panache permanent des hĂ©ros font de notre voyage littĂ©raire une vĂ©ritable Ă©popĂ©e mythologique !

Les dessins de Jean-Luc Masbou accompagnent toujours aussi parfaitement les aventures de tout ce beau monde. Son style participe pleinement aux variations d’ambiance qui naissent de notre lecture. Les dĂ©buts habitĂ©s par le dĂ©sespoir sont bien transcrits par le trait de Masbou. Les pĂ©rĂ©grinations du maitre d’armes dans des forĂȘts vierges sont Ă©galement criantes de rĂ©alisme malgrĂ© la dimension fantastique de l’histoire. Je ne vous listerai pas tous les moments et les caractĂ©ristiques de chacun. Cela a peu d’intĂ©rĂȘt et vous gĂącherait la dĂ©couverte. Mais sachez que le voyage vaut le dĂ©tour.

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En conclusion, « Revers de fortune » offre une derniĂšre marche avant le dĂ©nouement des plus rĂ©ussies. Les derniĂšres pages nous font comprendre que la fin est proche. MalgrĂ© cette issue Ă  venir, les auteurs persistent Ă  offrir un ouvrage d’une rare qualitĂ© qui participera au fait que « De Cape et de Crocs » marquera l’histoire du neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Je ne peux donc que vous conseiller de vous y plonger. De mon cĂŽtĂ©, il me reste Ă  dĂ©couvrir « De la Lune Ă  la Terre ». Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T8 : Le maĂźtre d’armes – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T8 : Le maĂźtre d’armes
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2007


« Le maitre d’armes » est le huitiĂšme acte de « De Cape et de Crocs ». Sa parution en 2007 nous rapproche de la fin de cette grande saga qui se dĂ©cline sur dix tomes. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt dans la collection Terres de LĂ©gendes, cet opus est l’Ɠuvre conjointe d’Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Le prix de cet album avoisine quatorze euros. La couverture est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous prĂ©sente un homme Ă  l’apparence d’un mousquetaire tout de blanc vĂȘtu. Il semble flotter sur un nuage accompagnĂ© en second plan d’un splendide palais. Le ciel est Ă©toilĂ© et offre des tons bleu et blanc qui gĂ©nĂšrent une illustration Ă  l’atmosphĂšre originale.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Explorant les Ă©tranges cimes nuageuses de l’immense Ăźlot d’Oxymore, messieurs de Maupertuis et Villalobos retrouvent enfin le mystĂ©rieux MaĂźtre d’Armes. Mais l’homme a le sang chaud, le verbe haut, la lame prompte
 Comment va-t-il rĂ©agir aux provocations d’EusĂšbe ? Acceptera-t-il de rĂ©organiser la dĂ©fense du royaume sĂ©lĂ©nite ? L’heure est grave, car le fourbe prince Jean et l’infĂąme Mendoza ourdissent de sinistres projets : sur le paisible astre lunaire plane l’ombre de la guerre. »

Cet ouvrage est le meilleur de tous.

decapeetdecrocs8aCette cĂ©lĂšbre sĂ©rie du neuviĂšme art touche Ă  sa fin. « Le maĂźtre d’armes » est l’antĂ©pĂ©nultiĂšme de ses Ă©pisodes et nous mĂšne inexorablement vers son dĂ©nouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualitĂ© est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, Ă  mes yeux, le meilleur de tous. Il possĂšde tant d’atouts qu’on ne saurait tous les lister. Sa densitĂ© et sa capacitĂ© Ă  gĂ©rer les dĂ©tails offrent une lecture en tout point passionnante. NĂ©anmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable d’avoir lu les tomes prĂ©cĂ©dents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal Ă  saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique Ă©popĂ©e.

L’album prĂ©cĂ©dent avait laissĂ© nos trois hĂ©ros sur les nuages Ă  la recherche du mythique Maitre d’Armes, seul apte Ă  protĂ©ger la dĂ©fense du roi de la Lune. Notre lecture dĂ©marre donc par une poursuite effrĂ©nĂ©e sur les nuages. EusĂšbe, ce courageux lapin, est poursuivi par celui qu’on devine ĂȘtre le hĂ©ros tant recherchĂ©. Rapidement, ce nouveau protagoniste prend possession de l’histoire. Il possĂšde une personnalitĂ© riche qui attise tout de suite notre curiositĂ©. Il s’entend rapidement avec nos amis et permet Ă  ce quatuor de prendre toute sa dimension. La densitĂ© des dialogues prend toute son ampleur et met en valeur le talent d’écrivain d’Alain Ayroles. Les discussions et les monologues sont des petits bijoux de littĂ©rature qui ravira les adeptes de thĂ©Ăątre et de grandes envolĂ©es lyriques.

decapeetdecrocs8bMais notre plaisir ne rĂ©side pas uniquement dans l’éloquence des personnages. On se prĂ©pare Ă©galement aussi Ă  une bataille homĂ©rique qui doit dĂ©cider de l’avenir de la Lune. Ce n’est pas rien et les auteurs arrivent Ă  faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et Ă  mesure que les pages dĂ©filent, l’intensitĂ© augmente. La gravitĂ© de la situation prend de plus en plus de place. La nuit prĂ©cĂ©dant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Les gentils sont bien moins nombreux que les mĂ©chants et nos seuls espoirs apparaissent dĂ©sespĂ©rĂ©s. On est vraiment possĂ©dĂ© par l’intrigue et notre empathie Ă  l’égard des diffĂ©rents hĂ©ros va en grandissant.

Le travail graphique de Jean-Luc Masbou participe Ă  cette atmosphĂšre envoĂ»tante Les premiĂšres pages nous plongent dans un royaume des nuages fĂ©eriques. Entre le fait de naviguer sur les nuages, d’y dĂ©couvrir un palais, d’admirer les chimĂšres ou de voler sur des chevaux ailĂ©s, on ne sait plus oĂč donner des yeux. Mais quand le retour sur le sol a lieu, les dĂ©cors ne baissent pas en qualitĂ©. Masbou arrive Ă  nous faire ressentir la montĂ©e en puissance des deux camps Ă  l’approche de l’inĂ©vitable affrontement.

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En conclusion, « Le maitre d’armes » est un petit chef d’Ɠuvre. Tous les aspects sont poussĂ©s Ă  leur paroxysme et font naĂźtre une lecture d’une rare intensitĂ©. Il est toujours agrĂ©able de voir qu’une sĂ©rie arrive encore Ă  surprendre positivement aprĂšs huit tomes. Il ne me reste plus qu’à m’immerger dans le prochain acte intitulĂ© « Revers de fortune ». Le plaisir devrait une nouvelle fois ĂȘtre au rendez-vous. Mais cela est une autre histoire


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Note : 18/20

De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimĂšres – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T7 : Chasseurs de chimĂšres
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Janvier 2006


« Chasseurs de chimĂšres » est le septiĂšme tome de « De Cape et de Crocs ». La parution de cet album aux Ă©ditions Delcourt dans la collection Terres de LĂ©gendes date du mois de janvier 2006. Il est scĂ©narisĂ© par Alain Ayroles et dessinĂ© Jean-Luc Masbou. Le prix de cet ouvrage composĂ© d’une grosse quarantaine de pages avoisine quatorze euros. La couverture nous prĂ©sente un bateau pirate des plus curieux. En effet, il roule au beau milieu d’une vaste citĂ©. Le ciel qui surplombe la scĂšne est splendide. Le choix des couleurs est remarquable. Pour ne rien gĂącher il est habitĂ© par le portrait de nos trois hĂ©ros aux traits respectifs de loup, renard et lapin


La quatriĂšme de couverture prĂ©sente le rĂ©sumĂ© suivant : « Croisant le fer, croisant le verbe, messieurs de Villalobos et Maupertuis suivent la piste du mystĂ©rieux MaĂźtre d’Armes. Leur quĂȘte semĂ©e de dangers, d’énigmes et de forfaitures les mĂšnera des bas-fonds du port d’AgatharchidĂšs jusqu’aux confins des mers lunaires, au cƓur de la Face CachĂ©e, lĂ  oĂč rodent les chimĂšres. »

decapeetdecrocs7bLa sĂ©rie a pris un tournant important depuis l’album prĂ©cĂ©dent. Nos hĂ©ros sont maintenant sur la Lune. Ils se sont vus confier une mission par le roi local : trouver le MaĂźtre d’Armes. Ce dernier dont on chante les louanges autant guerriĂšres que verbales aux quatre coins du pays. En les suivant dans ces territoires inconnus, on dĂ©couvre cette planĂšte Ă  travers leurs yeux. « Chasseurs de chimĂšres » est pleinement dans cette lignĂ©e. En effet, leurs aventures vont les mener vers des territoires que mĂȘme les sĂ©lĂ©nites prĂ©fĂšrent Ă©viter.

Comme je l’avais expliquĂ© dans ma critique du tome prĂ©cĂ©dent, la vie sur la Lune n’est pas si diffĂ©rente que celles sur Terre. Les auteurs ne tombent pas dans les excĂšs que peut faire naitre la vie extra-terrestre. Les autochtones ressemblent aux terriens, s’expriment dans la mĂȘme langue et possĂšdent une organisation sociĂ©tale connue sur Terre. NĂ©anmoins, certaines diffĂ©rentes permettent de diffĂ©rencier les deux univers : les maisons peuvent se mouvoir, l’or pousse sur les arbres, la monnaie locale est la poĂ©sie
 Ces subtiles nuances permettent de faire naĂźtre sur la Lune une atmosphĂšre propre qui se distingue de tous les voyages lunaires qu’a pu gĂ©nĂ©rer la science-fiction. Cette originalitĂ© est indĂ©niablement la base de la rĂ©ussite de la sĂ©rie. En ne rĂ©volutionnant pas tous les codes en arrivant sur notre cher satellite, les auteurs permettent Ă  nos hĂ©ros et Ă  la trame de ne pas perdre leur dimension thĂ©Ăątrale, acte fondateur de leurs talents.

Des surprises au gré de chaque nouvelle page.

Ce voyage vers l’inconnu permet Ă  nos amis de retrouver des repĂšres de leur quĂȘte du trĂ©sor des Ăźles Tangerines qui a accompagnĂ© notre lecture des cinq premiers Ă©pisodes. Ce retour vers l’aventure ne peut pas nous dĂ©plaire tant le premier cycle de leur histoire nous avait conquis ! « Chasseurs de chimĂšres » ne cesse pas d’attiser notre curiositĂ©. Ne sachant pas oĂč on va, on s’attend Ă  ĂȘtre pris par surprise au grĂ© de chaque nouvelle page. Les auteurs arrivent Ă  faire monter la sauce. Au fur et Ă  mesure que la narration se dĂ©roule, le mystĂšre s’amplifie et nous oppresse. Le dĂ©nouement est en ce sens une vraie belle performance autant sur le plan graphique que sur le plan de l’intensitĂ© scĂ©naristique. Les derniĂšres pages d’apparence plus apaisĂ©e ouvre la porte vers un rĂȘve qui ferait pĂ©tiller les yeux de tout enfant qui sommeille dans chaque lecteur


Les illustrations accompagnent parfaitement la passionnante histoire qu’on a le plaisir de dĂ©couvrir. Le fait qu’il n’y ait pas de rupture entre les deux univers permet Ă  Jean-Luc Masbou de rester dans la continuitĂ© du travail effectuĂ© dans les albums prĂ©cĂ©dents. Le dessinateur possĂšde une capacitĂ© forte Ă  donner une identitĂ© graphique aux diffĂ©rents personnages. Chacun est rapidement habitĂ© et acquiert une existence dĂšs sa premiĂšre apparition. Cela rend notre lecture plus active car chaque protagoniste nous inspire compassion, peur, sympathie, dĂ©goĂ»t ou affection. En plus de cela, les dĂ©cors sont remarquables et Masbou s’en sort admirablement malgrĂ© la grande diversitĂ© des paysages qui voient errer nos hĂ©ros. Que ce soit en ville, au beau milieu d’un dĂ©sert ou au milieu d’une tempĂȘte maritime monstrueuse, on est tout le temps plongĂ© dans une ambiance propre Ă  chaque lieu. Il s’agit d’une rĂ©elle performance qu’on se doit de signaler.

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En conclusion, « Chasseurs de chimĂšres » retrouve le parfum de l’aventure endiablĂ©e vers l’inconnue qui avait Ă©tĂ© laissĂ© de cĂŽtĂ© lors des derniers tomes. Je ne vous cache pas que j’en suis ravi. Le cĂŽtĂ© Ă©pique du quotidien de nos hĂ©ros leur permet d’offrir aux lecteurs l’intĂ©gralitĂ© de leur dimension thĂ©Ăątrale. Cet album confirme que « De Cape et de Crocs » est amenĂ© Ă  marquer l’histoire du neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Son originalitĂ© associĂ©e Ă  la constance dans la qualitĂ© de ses albums est un modĂšle du genre. Il me tarde de me plonger dans le tome suivant intitulĂ© « Le maĂźtre d’armes ». Mais cela est une autre histoire


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Note : 17/20

De cape et de crocs, T6 : Luna incognita – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T6 : Luna incognita
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Avril 2004


« Luna Incognita » est le sixiĂšme tome de « De Cape et crocs ». A l’image des opus prĂ©cĂ©dents, cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez « Delcourt » dans la collection « Terres de LĂ©gendes ». ComposĂ© d’une grosse quarantaine de pages et paru il y a huit ans, cet ouvrage a prix proche de quatorze euros. Comme d’habitude, il est scĂ©narisĂ© par Alain Ayroles et dessinĂ© par Jean-Luc Masbou. La couverture nous prĂ©sente nos hĂ©ros dans une nuit lunaire Ă  en croire le clair de Terre qui illumine le ciel


La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le rĂ©sumĂ© suivant : « Messieurs de Maupertuis et Villalobos, en font galante et plaisante compagnie, voguent hardiment vers la Lune Ă  bord d’un astronef de fortune. Que dĂ©couvriront-ils sur cette planĂšte inconnue ? Des gĂ©ants, des citĂ©s qui se meuvent comme dans le roman de Monsieur de Bergerac ? Des trĂ©sors Ă  coup sĂ»r, puisque lĂ -haut, l’or pousse sur les arbres ! Mais cet or suscite bien des convoitises : dans le sillage de nos gentilshommes, un inquiĂ©tant vaisseau cingle Ă  son tour l’astre lunaire
 »

decapeetdecrocs6aCet opus marque le dĂ©but d’un nouveau cycle. En effet, nos hĂ©ros partent maintenant dans l’inconnu sur la Lune. On se retrouve donc plongĂ© dans une Ă©popĂ©e dont la dimension fantastique prend de l’épaisseur. VoilĂ  un attrait certain qui redonne un souffle Ă  une saga qui n’en manquait dĂ©jĂ  pas ! On est donc curieux de connaitre ce nouveau monde. Cherche-t-il Ă  ĂȘtre « rĂ©aliste » et « cohĂ©rent » ou au contraire se montre-t-il fĂ©Ă©rique et Ă©pique ? « Luna Incognita » allait nous poser les premiers jalons de la rĂ©ponse. ParallĂšlement, le fait de retrouver tous les protagonistes regroupĂ©s sur ce nouveau « terrain de jeu » ouvrait l’appĂ©tit Ă  l’égard de leurs aventures Ă  venir.

Comme dit prĂ©cĂ©demment, l’attrait principal de cet ouvrage est de nous faire dĂ©couvrir la vie sur la Lune. On est loin de croiser des petits hommes verts. Au contraire, les SĂ©lĂ©nites ressemblent aux Terriens. Evidemment certains dĂ©tails surprennent et marquent une diffĂ©rence avec la vie extra-lunaire. Mais les grandes lignes sociĂ©tales sont proches de la monarchie que nos hĂ©ros ont quittĂ©e. MalgrĂ© tout, les diffĂ©rences que je vous laisserai dĂ©couvrir suffisent Ă  gĂ©nĂ©rer un rĂ©el dĂ©paysement qui ravira le lecteur. MalgrĂ© les ressemblances entre les deux univers, Ă  aucun mot on a le sentiment de se trouver sur Terre. Notre prĂ©sence sur la Lune nous apparaĂźt toujours Ă©vidente au grĂ© des surprises qui agrĂ©mentent le parcours des personnages.

Le dĂ©but d’une nouvelle trame.

Au-delĂ  de la dimension dĂ©coulant de cette dĂ©couverte touristique, « Luna Incognita » marque le dĂ©but d’une nouvelle trame. En effet, les cinq premiers tomes avaient Ă©tĂ© centrĂ©s sur la quĂȘte du trĂ©sor des Ăźles Tangerines. Maintenant qu’on sait que cette mission ne pouvait rĂ©ussir du fait de la non-existence de decapeetdecrocs6bl’objet cherchĂ©. En arrivant sur la Lune, on dĂ©couvre un conflit politique Ă  grande Ă©chelle opposant le roi local Ă  son frĂšre. Nos hĂ©ros choisissent rapidement leur cas du fait de leur premier rencontre avec le frĂšre dans les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Pour rendre la victoire possible, il faut retrouver le maĂźtre d’armes. IntriguĂ© par ce curieux et lĂ©gendaire personnage, nos deux amis prĂ©fĂ©rĂ©s dĂ©cident de se charger de sa recherche. ParallĂšlement, on voit chacun des protagonistes, bons comme mĂ©chants, chercher Ă  trouver sa place dans ce nouveau monde. Chacun n’est pas Ă©videmment pas habitĂ© de louables volontĂ©s.

Les dessins de Masbou accompagnent parfaitement la narration. Son trait n’a aucun mal Ă  nous immerger dans ces nouveaux paysages. La rupture graphique avec les dĂ©cors terriens n’est pas radicale. C’est logique car le scĂ©nario ne le souhaite pas. On dĂ©couvre peu de nouveaux personnages. NĂ©anmoins Masbou n’a aucun mal Ă  donner vie aux quelques rencontres qui croisent la rue de nos amis. Sur le plan chromatique, il n’y a pas de rĂ©volution non plus. Le dessinateur arrive Ă  garder une constance graphique qui donne une rĂ©elle identitĂ© Ă  cette grande saga du neuviĂšme art.

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En conclusion, cet album est une nouvelle rĂ©ussite et nous voit partir en quĂȘte sur l’astre lunaire avec un enthousiasme certain. Ayroles et Masbou arrive Ă  construire une sĂ©rie qui ne souffre d’aucun temps mort et d’aucune faiblesse. C’est une chose trĂšs rare dans ces grandes aventures au long cours qui s’étalent sur un nombre important de tomes. « De Cape et de crocs » rĂ©ussit ce tour de force et il faut le signaler. Je ne doute pas que l’opus suivant intitulĂ© « Chasseurs de chimĂšre » devrait poursuivre cette rĂ©ussite. Mais cela est une autre histoire


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Note : 16/20

De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 2002


« Jean sans lune » est le cinquiĂšme opus de « De Cape et de Crocs ». Sa parution date d’une dizaine d’annĂ©es maintenant chez les Ă©ditions Delcourt. Il appartient Ă  la collection « Terres de LĂ©gende », se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. Comme pour les autres tomes de la sĂ©rie, il est le fruit de la collaboration d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. La couverture possĂšde une dimension fĂ©Ă©rique. On dĂ©couvre messire Maupertuis en train de voler avec l’élue de son cƓur au beau milieu d’une belle nuit Ă©toilĂ©e Ă©clairĂ©e par la lune. La surprise rĂ©side dans la prĂ©sence Ă©galement d’un navire dans cet endroit peu appropriĂ© pour lui. Mais je compte sur ma lecture pour apporter une explication Ă  ses Ă©vĂ©nements peu orthodoxes


decapeetdecrocs5bLa quatriĂšme de couverture nous offre une prĂ©sentation succincte de ce cinquiĂšme acte : « OĂč l’on verra Messieurs de Maupertuis et Villalobos percer enfin le secret des Ăźles Tangerines et de leurs hĂŽtes mystĂ©rieux, affronter le lunatique prince Jean, Ă©laborer d’improbables machines, retrouver l’ombrageux RaĂŻs Kader, l’infĂąme Mendoza, le fourbe Cenile, la belle SĂ©lĂ©nĂ© et le fougueux EusĂšbe, avant d’embarquer pour un fabuleux voyage
 »

Pour ceux qui ont lu mes critiques sur les quatre premiers tomes, vous savez que je suis un grand fan de cette sĂ©rie. Je lui trouve toutes les qualitĂ©s. Une des plus importantes est de voir que chaque Ă©pisode s’avĂšre passionnant et que rien n’a Ă©tĂ© nĂ©gligĂ© malgrĂ© la parution rĂ©guliĂšre des diffĂ©rents albums. J’étais donc confiant en dĂ©couvrant « Jean sans lune ». Ma curiositĂ© Ă©tait plutĂŽt forte Ă  l’idĂ©e de me plonger de ma lecture. En effet, l’acte prĂ©cĂ©dent avait vu apparaitre de curieux habitants sur les Ăźles Tangerines qui prĂ©sentaient ainsi une version bien originale du trĂ©sor tant recherchĂ© par les protagonistes. Ce nouvel ouvrage devait donc finaliser de clarifier la situation et de nous remettre les idĂ©es en place quant Ă  ces curieuses nouvelles rencontres.

Un tome de transition.

 « Jean sans lune » s’avĂšre ĂȘtre un tome de transition. Je tiens Ă  prĂ©ciser qu’il ne faut rien y voir de pĂ©joratif. En effet, cet album clĂŽt la quĂȘte des Ăźles Tangerines et de leur secret. ParallĂšlement, il sert d’introduction vers un voyage d’une toute autre ampleur. C’est en ce sens qu’il joue le rĂŽle de liant entre ces deux quĂȘtes. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne passe rien et que l’heure est au farniente sur le plan scĂ©naristique. Ayroles est plein d’idĂ©es et fait en sorte que l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. NĂ©anmoins, on ne retrouve pas autant de pics d’intensitĂ© que dans les autres Ă©pisodes. Ce n’est pas bien grave. On a le sentiment de vivre le calme qui prĂ©cĂšde une tempĂȘte d’une grande ampleur.

decapeetdecrocs5cLes premiĂšres pages de l’album nous prĂ©sentent les « habitants » des Ăźles Tangerines. Ils sont des habitants de la Lune ayant Ă©tĂ© banni de leur planĂšte. Ils avaient besoin d’une pierre de lune pour rentrer chez eux. Pour l’obtenir, ils dĂ©cidaient de dissĂ©miner Ă  travers le monde des fausses cartes au trĂ©sor dont la seule requĂȘte Ă©tait de venir accompagnĂ© du prĂ©cieux bijou. C’est ainsi que nos amis permettront Ă  l’insu de leur plein grĂ© Ă  ces sĂ©lĂ©nites de rentrer chez eux. Mais cette aventure ne s’arrĂȘte pas lĂ . Nos hĂ©ros voient dans ce merveilleux voyage l’occasion de vivre une Ă©popĂ©e lĂ©gendaire. C’est cet objectif dont on suit l’avancĂ©e tout au long de cet ouvrage au rythme de la conception de leur nouveau vaisseau.

Une des forces de cet album est de, malgrĂ© l’unitĂ© de lieu quasi permanente, parvenir Ă  ne jamais tomber dans le creux ou l’ennui. La richesse des dialogues et la profondeur des personnages permettent cette performance narrative. On est curieux de suivre les rĂ©flexions de Bombastus, ce gĂ©nial inventeur. De plus, l’auteur arrive faire exister les nombreux membres de ce remarquable casting. Il arrive mĂȘme Ă  tous les regrouper au moment oĂč se clĂŽt cet ouvrage. Ce choix confirme que « Jean sans lune » est la fin de la premiĂšre Ă©tape de cette grande saga.

Les dessins de Masbou sont une nouvelle fois parfaitement adaptĂ© Ă  l’esprit de la sĂ©rie. Que ce soit les scĂšnes nocturnes ou le quotidien sur une Ăźle paradisiaque, le dessinateur arrive Ă  donner vie Ă  tous les dĂ©cors. De plus, sa capacitĂ© Ă  faire exister chaque protagoniste physiquement et par ses expressions est indispensable au plaisir gĂ©nĂ©rĂ© par cette lecture. Les couleurs souvent pastelles agrĂ©mentent l’ensemble avec une subtilitĂ© agrĂ©able.

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En conclusion, « Jean sans lune » confirme le talent qui se dĂ©gage de chacune des pages de « De Cape et de crocs ». La richesse du scĂ©nario et des dialogues sont particuliĂšrement bien mis en forme par le trait de Masbou. Son absence d’intensitĂ© du fait de l’histoire ne pĂ©nalise absolument pas la qualitĂ© de la lecture. Il ne me reste donc plus qu’à me plonger au plus vite dans le prochain opus intitulĂ© « Luna Incognita ». Il marque le dĂ©but d’un voyage vers l’inconnu qui devrait ĂȘtre du condensĂ© de bonheur pour chaque lecture. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 15/20

De cape et de crocs, T4 – Le mystĂšre de l’Ăźle Ă©trange – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T4 : Le mystĂšre de l’Ăźle Ă©trange
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Mai 2000


« Le mystĂšre de l’üle Ă©trange » est le quatriĂšme tome de « De Cape et de Crocs ». Cette sĂ©rie est Ă©ditĂ©e chez Delcourt dans la collection « Terres de LĂ©gendes ». Le prix de chacun de ses albums est environ quatorze euros. Cette saga est l’Ɠuvre conjointe d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Les trois premiers avis sont Ă  mes yeux autant de petits bijoux du neuviĂšme art. C’était donc avec appĂ©tit que je m’apprĂȘtais Ă  dĂ©vorer cette suite des aventures de nos hĂ©ros. La couverture nous plonge dans un dĂ©cor verdĂątre dans lequel semblent rĂ©gner des Ă©paves de navire et des crabes massifs. On y dĂ©couvre Ă©galement notre duo chevaleresque sabre Ă  la main. Ils sont accompagnĂ©s du curieux scientifique qu’on avait rencontrĂ© lors de l’épisode prĂ©cĂ©dent.

decapeetdecrocs4aLa quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le rĂ©sumĂ© suivant : « Les anthropophages qui hantent les forĂȘts des Ăźles Tangerines tremblent Ă  la seule Ă©vocation du volcan sacrĂ© dont les flancs abritent, dit-on, un fabuleux trĂ©sor. Faisant fi des admonitions indigĂšnes, Messieurs Maupertuis et Villalobos s’aventureront pourtant Ă  travers une lagune infestĂ©e de monstres, dans les trĂ©fonds de ce cratĂšre, qui s’avĂšrera fort riche en coups de thĂ©Ăątre
 »

Un des qualitĂ©s de cette sĂ©rie est que chaque album possĂšde une identitĂ© scĂ©naristique propre. Le premier correspondait Ă  la prĂ©sentation des personnages et Ă  la mise en place de l’intrigue. Le deuxiĂšme nous plongeait au beau milieu de l’ocĂ©an Ă  la rencontre des pirates. Le troisiĂšme nous Ă©chouait sur une Ăźle dĂ©serte. Enfin, « Le mystĂšre de l’üle Ă©trange » se construit autour des secrets qui alimentent ce fameux volcan aux locataires assez improbables. MalgrĂ© cette dissociation propre Ă  chaque Ă©pisode, la saga ne perd jamais de vue son fil conducteur et possĂšde une identitĂ© propre Ă  l’ensemble. Le travail des auteurs est sur ce point-lĂ  remarquable.

Aucun temps mort. Une réelle intensité.

L’album qui est le sujet de ma critique aujourd’hui dĂ©marre avec deux hĂ©ros dans une marmite en passe d’ĂȘtre dĂ©gustĂ© par des cannibales. Rapidement, la situation s’amĂ©liore et nos deux aventuriers se rendent compte que les habitants de l’üle ne sont pas anthropophages et se rĂ©vĂšlent particuliĂšrement lettrĂ©s. Cela leur permet d’en apprendre Ă©normĂ©ment sur l’üle qui les abrite. Leur quĂȘte du trĂ©sor les mĂšne vers l’intĂ©rieur d’un volcan. Leur immersion dans cette terre inconnue a une dimension presque lunaire. Cela vient de l’atmosphĂšre qui se dĂ©gage de ce cimetiĂšre de navires habitĂ©s par des crustacĂ©s gĂ©ants. Notre curiositĂ© est pleinement sollicitĂ©e. Cette Ă©popĂ©e ne souffre d’aucun temps mort et est habitĂ©e par une rĂ©elle intensitĂ©.

decapeetdecrocs4cL’attrait de la lecture augmente quand on se dĂ©couvre l’entrĂ©e d’une espĂšce de temple taillĂ© dans la roche. On y retrouve nos chers pirates et leurs prisonniers. Mais surtout, on s’interroge sur la communautĂ© qui habite ce lieu curieux. Je ne vais pas vous en rĂ©vĂ©ler davantage les concernant. Il est sĂ»r qu’on est intriguĂ© par ces personnes dont on ne connait rien et qui semblent obĂ©ir Ă  des codes diffĂ©rents de ceux qu’on connait. Cela nous offre un troisiĂšme tiers d’album pleins de surprises et de questions qui se clĂŽt par une rĂ©vĂ©lation dans la derniĂšre page qui nous donne envie de courir lire le tome suivant.

Le trait de Masbou accompagne parfaitement cette aventure. Les dĂ©cors varient Ă©normĂ©ment tout au long de l’album. On passe d’un village indigĂšne Ă  un volcan mystĂ©rieux puis on erre dans un temple de pierre aux mobiliers curieux. Chacune de ses Ă©tapes est savamment construite sur le plan graphique. On s’immerge parfaitement dans les pas de nos hĂ©ros. On les retrouve d’ailleurs avec plaisir  tous autant qu’ils sont. Une nouvelle fois, le dessinateur arrive Ă  gĂ©nĂ©rer chez ses personnages des expressions variĂ©es qui nous les rend attachants. Cela participe activement Ă  la bonne humeur que dĂ©gage la lecture de cet album.

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En conclusion, « Le mystĂšre de l’üle Ă©trange » est une nouvelle rĂ©ussite. A chaque nouvel Ă©pisode, « De Cape et de crocs » confirme qu’elle est une des meilleures sĂ©ries que le neuviĂšme art ait connue ces dix derniĂšres annĂ©es. Le travail des auteurs est remarquable de prĂ©cision et d’originalitĂ©. Les textes sont bons, le suspense est prĂ©sent, il y a de l’action et de l’émotion. Bref, tous les ingrĂ©dients sont lĂ  et ils sont habilement cuisinĂ©s. Je ne peux que vous conseiller de partir Ă  sa rencontre. De mon cĂŽtĂ©, je vais me plonger dans le tome suivant intitulĂ© « Jean sans Lune ». Mais cela est une autre histoire
  

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Note : 17/20