De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T5 : Jean sans lune
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 2002


« Jean sans lune » est le cinquième opus de « De Cape et de Crocs ». Sa parution date d’une dizaine d’années maintenant chez les éditions Delcourt. Il appartient à la collection « Terres de Légende », se compose d’une grosse quarantaine de pages et a un prix proche de quatorze euros. Comme pour les autres tomes de la série, il est le fruit de la collaboration d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. La couverture possède une dimension féérique. On découvre messire Maupertuis en train de voler avec l’élue de son cœur au beau milieu d’une belle nuit étoilée éclairée par la lune. La surprise réside dans la présence également d’un navire dans cet endroit peu approprié pour lui. Mais je compte sur ma lecture pour apporter une explication à ses événements peu orthodoxes…

decapeetdecrocs5bLa quatrième de couverture nous offre une présentation succincte de ce cinquième acte : « Où l’on verra Messieurs de Maupertuis et Villalobos percer enfin le secret des îles Tangerines et de leurs hôtes mystérieux, affronter le lunatique prince Jean, élaborer d’improbables machines, retrouver l’ombrageux Raïs Kader, l’infâme Mendoza, le fourbe Cenile, la belle Séléné et le fougueux Eusèbe, avant d’embarquer pour un fabuleux voyage… »

Pour ceux qui ont lu mes critiques sur les quatre premiers tomes, vous savez que je suis un grand fan de cette série. Je lui trouve toutes les qualités. Une des plus importantes est de voir que chaque épisode s’avère passionnant et que rien n’a été négligé malgré la parution régulière des différents albums. J’étais donc confiant en découvrant « Jean sans lune ». Ma curiosité était plutôt forte à l’idée de me plonger de ma lecture. En effet, l’acte précédent avait vu apparaitre de curieux habitants sur les îles Tangerines qui présentaient ainsi une version bien originale du trésor tant recherché par les protagonistes. Ce nouvel ouvrage devait donc finaliser de clarifier la situation et de nous remettre les idées en place quant à ces curieuses nouvelles rencontres.

Un tome de transition.

 « Jean sans lune » s’avère être un tome de transition. Je tiens à préciser qu’il ne faut rien y voir de péjoratif. En effet, cet album clôt la quête des îles Tangerines et de leur secret. Parallèlement, il sert d’introduction vers un voyage d’une toute autre ampleur. C’est en ce sens qu’il joue le rôle de liant entre ces deux quêtes. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il ne passe rien et que l’heure est au farniente sur le plan scénaristique. Ayroles est plein d’idées et fait en sorte que l’histoire ne souffre d’aucun temps mort. Néanmoins, on ne retrouve pas autant de pics d’intensité que dans les autres épisodes. Ce n’est pas bien grave. On a le sentiment de vivre le calme qui précède une tempête d’une grande ampleur.

decapeetdecrocs5cLes premières pages de l’album nous présentent les « habitants » des îles Tangerines. Ils sont des habitants de la Lune ayant été banni de leur planète. Ils avaient besoin d’une pierre de lune pour rentrer chez eux. Pour l’obtenir, ils décidaient de disséminer à travers le monde des fausses cartes au trésor dont la seule requête était de venir accompagné du précieux bijou. C’est ainsi que nos amis permettront à l’insu de leur plein gré à ces sélénites de rentrer chez eux. Mais cette aventure ne s’arrête pas là. Nos héros voient dans ce merveilleux voyage l’occasion de vivre une épopée légendaire. C’est cet objectif dont on suit l’avancée tout au long de cet ouvrage au rythme de la conception de leur nouveau vaisseau.

Une des forces de cet album est de, malgré l’unité de lieu quasi permanente, parvenir à ne jamais tomber dans le creux ou l’ennui. La richesse des dialogues et la profondeur des personnages permettent cette performance narrative. On est curieux de suivre les réflexions de Bombastus, ce génial inventeur. De plus, l’auteur arrive faire exister les nombreux membres de ce remarquable casting. Il arrive même à tous les regrouper au moment où se clôt cet ouvrage. Ce choix confirme que « Jean sans lune » est la fin de la première étape de cette grande saga.

Les dessins de Masbou sont une nouvelle fois parfaitement adapté à l’esprit de la série. Que ce soit les scènes nocturnes ou le quotidien sur une île paradisiaque, le dessinateur arrive à donner vie à tous les décors. De plus, sa capacité à faire exister chaque protagoniste physiquement et par ses expressions est indispensable au plaisir généré par cette lecture. Les couleurs souvent pastelles agrémentent l’ensemble avec une subtilité agréable.

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En conclusion, « Jean sans lune » confirme le talent qui se dégage de chacune des pages de « De Cape et de crocs ». La richesse du scénario et des dialogues sont particulièrement bien mis en forme par le trait de Masbou. Son absence d’intensité du fait de l’histoire ne pénalise absolument pas la qualité de la lecture. Il ne me reste donc plus qu’à me plonger au plus vite dans le prochain opus intitulé « Luna Incognita ». Il marque le début d’un voyage vers l’inconnu qui devrait être du condensé de bonheur pour chaque lecture. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 15/20

De cape et de crocs, T4 – Le mystère de l’Ă®le Ă©trange – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T4 : Le mystère de l’Ă®le Ă©trange
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Mai 2000


« Le mystère de l’île étrange » est le quatrième tome de « De Cape et de Crocs ». Cette série est éditée chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes ». Le prix de chacun de ses albums est environ quatorze euros. Cette saga est l’œuvre conjointe d’Alain Ayroles et de Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scénario et le second des dessins. Les trois premiers avis sont à mes yeux autant de petits bijoux du neuvième art. C’était donc avec appétit que je m’apprêtais à dévorer cette suite des aventures de nos héros. La couverture nous plonge dans un décor verdâtre dans lequel semblent régner des épaves de navire et des crabes massifs. On y découvre également notre duo chevaleresque sabre à la main. Ils sont accompagnés du curieux scientifique qu’on avait rencontré lors de l’épisode précédent.

decapeetdecrocs4aLa quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Les anthropophages qui hantent les forêts des îles Tangerines tremblent à la seule évocation du volcan sacré dont les flancs abritent, dit-on, un fabuleux trésor. Faisant fi des admonitions indigènes, Messieurs Maupertuis et Villalobos s’aventureront pourtant à travers une lagune infestée de monstres, dans les tréfonds de ce cratère, qui s’avèrera fort riche en coups de théâtre… »

Un des qualités de cette série est que chaque album possède une identité scénaristique propre. Le premier correspondait à la présentation des personnages et à la mise en place de l’intrigue. Le deuxième nous plongeait au beau milieu de l’océan à la rencontre des pirates. Le troisième nous échouait sur une île déserte. Enfin, « Le mystère de l’île étrange » se construit autour des secrets qui alimentent ce fameux volcan aux locataires assez improbables. Malgré cette dissociation propre à chaque épisode, la saga ne perd jamais de vue son fil conducteur et possède une identité propre à l’ensemble. Le travail des auteurs est sur ce point-là remarquable.

Aucun temps mort. Une réelle intensité.

L’album qui est le sujet de ma critique aujourd’hui démarre avec deux héros dans une marmite en passe d’être dégusté par des cannibales. Rapidement, la situation s’améliore et nos deux aventuriers se rendent compte que les habitants de l’île ne sont pas anthropophages et se révèlent particulièrement lettrés. Cela leur permet d’en apprendre énormément sur l’île qui les abrite. Leur quête du trésor les mène vers l’intérieur d’un volcan. Leur immersion dans cette terre inconnue a une dimension presque lunaire. Cela vient de l’atmosphère qui se dégage de ce cimetière de navires habités par des crustacés géants. Notre curiosité est pleinement sollicitée. Cette épopée ne souffre d’aucun temps mort et est habitée par une réelle intensité.

decapeetdecrocs4cL’attrait de la lecture augmente quand on se découvre l’entrée d’une espèce de temple taillé dans la roche. On y retrouve nos chers pirates et leurs prisonniers. Mais surtout, on s’interroge sur la communauté qui habite ce lieu curieux. Je ne vais pas vous en révéler davantage les concernant. Il est sûr qu’on est intrigué par ces personnes dont on ne connait rien et qui semblent obéir à des codes différents de ceux qu’on connait. Cela nous offre un troisième tiers d’album pleins de surprises et de questions qui se clôt par une révélation dans la dernière page qui nous donne envie de courir lire le tome suivant.

Le trait de Masbou accompagne parfaitement cette aventure. Les décors varient énormément tout au long de l’album. On passe d’un village indigène à un volcan mystérieux puis on erre dans un temple de pierre aux mobiliers curieux. Chacune de ses étapes est savamment construite sur le plan graphique. On s’immerge parfaitement dans les pas de nos héros. On les retrouve d’ailleurs avec plaisir  tous autant qu’ils sont. Une nouvelle fois, le dessinateur arrive à générer chez ses personnages des expressions variées qui nous les rend attachants. Cela participe activement à la bonne humeur que dégage la lecture de cet album.

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En conclusion, « Le mystère de l’île étrange » est une nouvelle réussite. A chaque nouvel épisode, « De Cape et de crocs » confirme qu’elle est une des meilleures séries que le neuvième art ait connue ces dix dernières années. Le travail des auteurs est remarquable de précision et d’originalité. Les textes sont bons, le suspense est présent, il y a de l’action et de l’émotion. Bref, tous les ingrédients sont là et ils sont habilement cuisinés. Je ne peux que vous conseiller de partir à sa rencontre. De mon côté, je vais me plonger dans le tome suivant intitulé « Jean sans Lune ». Mais cela est une autre histoire…  

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T3 : L’archipel du danger
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Septembre 1998


« L’archipel du danger » est le troisième tome de la célèbre saga « De Cape et de Crocs ». Editée chez Delcourt, dans la collection « Terres de Légendes », cette série s’est close cette année avec la parution de son dixième opus. Cet événement m’a donné envie de me plonger une nouvelle fois dans cette grande aventure. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur un des premiers albums de l’histoire. Il est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. Sa parution date de presque quinze ans. La couverture du bouquin nous présente les quatre héros à barre d’un navire. On y découvre notre un renard gentilhomme, un loup hidalgo, une ravissante gitane et un sympathique lapin. Tout un programme qu’il faut découvrir au plus vite en se plongeant dans notre lecture…

decapeetdecrocs3aLa quatrième de couverture nous présente le résumé suivant : « Acte III. Où l’on verra nos héros voguer à bord du Hollandais Volant vers les îles Tangerines et leur trésor, s’emparer d’un navire pirate, délivrer une belle captive, essuyer une tempête, subir l’ire d’un monstre marin, faire naufrage, explorer une île étrange, assister à un exposé, participer à une expérience et affronter de féroces cannibales. »

Les deux premiers tomes sont de petits chefs d’œuvre. Le premier nous faisait découvrir les personnages et l’intrigue. On démarrait sur les chapeaux de roue. On était tout de suite conquis par la densité de l’histoire et par la dimension chevaleresque de ses héros. Par la suite, on se retrouver sur la mer sur de grands navires en quête d’un trésor. Cela permettait aux pirates d’apparaitre et de générer un nouveau centre d’intérêt dans une trame qui n’en manquait pas. « L’archipel du danger » utilise un autre aspect des grandes aventures classiques en faisant échouer les protagonistes sur une île déserte habitée par des cannibales. Cela offre une identité propre à cet album et permet à notre curiosité d’être une nouvelle fois alimentée.

Des trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante.

Une des forces du scénario est qu’il arrive à faire cohabiter un grand nombre de personnages tous en interaction bien que se trouvant parfois à des endroits très différents au même moment. Cela fait nombre beaucoup de trames secondaires qui rendent la lecture dense et passionnante. Ayroles arrive à doser parfaitement la place laissée à chacune de ses intrigues. La dissociation géographique des protagonistes permet à chacun de trouver une place et un rôle. On se familiarise donc aisément avec chacun et aucun ne nous laisse indifférent. On est réellement l’impression d’être plongé dans une aventure à grande ampleur qui ne souffle d’aucun temps mort.

decapeetdecrocs3bEn plus de se montrer dense, le scénario est également plein de surprises. Même si trésor, île déserte, pirates ou jeune fille en détresse sont des thématiques classiques du récit d’aventure, cela n’empêche pas les auteurs de nous étonner régulièrement. Il va sans dire que je n’ai pas vous les révéler ici. En effet, le plaisir réside aussi en partie dans la découverte. Mais très souvent on est conquis par l’originalité qui accompagne notre lecture. L’aisance avec laquelle le scénariste joue avec ses ingrédients pour nous offrir un moment succulent est impressionnante. C’est d’autant plus agréable que les trois premiers opus sont d’une même qualité. Cela tend à confirmer que cette série est d’une qualité rare. Concernant les choses qui ne changent pas et qu’on apprécie, il faudrait parler des dialogues. Le travail sur les textes est impressionnant. Je n’ai pas souvenir d’avoir autant succombé aux charmes littéraires d’un album de bande dessinées.

Toutes ces bonnes idées et ces aventures sont mises en valeur par le trait du dessin de Jean-Luc Masbou. Il possède un style assez caractéristique qui correspond parfaitement à l’atmosphère qui se dégage de la série. Il offre des planches très dense tant au niveau des décors que des personnages. L’univers dans lequel on navigue est habilement construite sur le plan graphique. De plus, les différents personnages possèdent une réelle identité. De plus, le côté théâtrale des propose est bien mise en valeur par les postures prises par les protagonistes lors de leurs tirades ou au cours de leurs événements. Les couleurs sont relativement pastelles et participent à l’immersion dans cet univers assez unique.

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En conclusion, « L’archipel du danger » est une belle réussite. Chaque plongée dans l’aventure créée par Ayroles et Masbou est un grand moment de bonheur dont on apprécie chaque détail. La qualité constante dans leur travail fait qu’on peut appréhender avec appétit la lecture des tomes suivants à commencer par celle du quatrième opus intitulé « Le mystère de l’île étrange ». Mais cela est une autre histoire…

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T2 : Pavillon noir ! – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T2 : Pavillon noir !
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Mai 1997


« Pavillon noir ! » est le deuxième tome de « De Cape et de Crocs ». Cette saga composée de dix albums a vu le jour il y a plus de quinze ans et s’est conclue récemment. Le premier ouvrage m’avait conquis sur tous les plans. J’étais donc impatient de me plonger à nouveau dans cet univers. Edité chez Delcourt dans la collection « Terres de Légendes », ce bouquin est scénarisé par Alain Ayroles et dessiné par Jean-Luc Masbou. Son prix avoisine quatorze euros. La couverture nous plonge dans l’univers de la piraterie. On se trouve sur le pont d’un bateau rempli de pirates. Voilà qui promet de belles aventures !

La quatrième de couverture nous présente le texte suivant : « Hildalgo, corsaire barbaresque, gentilhomme et lapin font voile vers les îles Tangerines et leur trésor. Mais avant d’atteindre le mythique archipel battu par les tempêtes, où rode l’ombre de vaisseaux engloutis et de monstres marins, nos hardis compagnons devront affronter un nouvel adversaire… joyeux, certes, mais cruel et sans merci : les pirates ! »

Des duels, de l’amour, un trésor…

Le premier nous avait offert le début d’une grande saga. Il y avait des duels, de l’amour, un trésor… Bref, il ne manquait aucun ingrédient pour générer une trame passionnante. De plus, on avait rencontré une galerie de personnages dense et variée qui ne faisait qu’attiser notre attrait. La couverture de l’album donne l’impression qu’elle va ajouter la piraterie aux nombreuses cordes de l’intrigue. J’étais donc vraiment curieux de savoir ce qu’allait devenir nos héros et de quelle manière allait avancer leur quête du trésor des îles Tangerines.

decapeetdecrocs2aLe fil conducteur de l’histoire est la recherche de ce fameux trésor en suivant une carte découverte dans une bouteille. Cet aspect est habilement construit dans le scénario d’Alain Ayroles. Les événements se succèdent à un rythme soutenu et les surprises sont nombreuses. Notre attention est en permanence relancée pour notre plus grand plaisir. Mais la richesse de cette saga réside dans les nombreuses trames secondaires qui accompagnent notre lecture. Il y a des histoires d’amour contrariées, des vengeances sous-jacentes, des manigances, etc. Chaque moment modifie bon nombre de variable et nous oblige à nous impliquer pleinement dans l’histoire. L’album ne souffre d’aucun temps mort. A l’image de l’opus précédent, la qualité est au rendez-vous et c’est agréable de voir que les auteurs ne se sont pas endormis sur leurs lauriers.

Le scénario ne se contente pas de nous offrir une histoire passionnante. Il nous fait rencontrer des personnages hauts en couleur. On s’intéresse réellement à leur devenir et aucun ne nous laisse indifférent. Que ce soit le renard, le loup ou le lapin, il nous sont sympathiques et apportent chacun leur éco à la réussite de l’ensemble. Même les méchants nous intéressent. Ils possèdent une personnalité originale. Sans vous dévoiler les qualités et les défauts de chacun, sachez que vous irez de surprise en surprise et que vous prendrez beaucoup de plaisir à naviguer dans cet univers intriguant.

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L’histoire est prenante, les personnages attachants… Mais la liste des qualités de cet album n’est pas terminée. Les dialogues sont assez uniques dans leur genre. On a droit à de grandes tirades théâtrales qui sont des petits bijoux d’écriture. Mais au-delà de ces monologues remarquables, chaque dialogue est travaillé. Aucun échange n’est bâclé et chaque case nous offre un petit bonheur de lecture. Une telle densité scénaristique est rare dans le neuvième art. Je me dois donc de la signaler.

Les dessins sont dans la lignée de tous les bons points cités depuis le début de ma critique. Vu de loin, le style n’a rien d’original. Mais une fois qu’on se plonge dans la lecture, on lui trouve une patte particulière. N’étant pas spécialiste du genre, je ne possède pas le vocabulaire adéquat pour vous décrire l’essence du style de Jean-Luc Masbou. Néanmoins, je trouve qu’il arrive à générer une vraie atmosphère à l’album. Ils nous présentent des personnages très expressifs. Cela coïncide avec l’esprit « théâtre » de la série. De plus, les décors sont très travaillés. Sans être surchargés, ils sont remplis de petits détails souvent drôles. C’est un dosage compliqué d’offrir autant d’informations dans les cases sans tomber dans l’indigestion. Masbou s’en sort merveilleusement.

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En conclusion, « Pavillon noir ! » confirme que « De Cape et de crocs » est amené à devenir une série de grande qualité. Cet album possède beaucoup de qualités et n’a aucun défaut. Il va donc sans dire que j’ai hâte de lire le troisième opus intitulé « L’archipel du danger ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T1 : Le secret du janissaire
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 1995


« De Cape et de crocs » est une sĂ©rie qui s’est close rĂ©cemment avec la parution de son dixième et dernier tome. Cela a fait naitre en moi l’envie de redĂ©couvrir cette grande saga du neuvième art en commençant par son premier opus intitulĂ© « Le secret du janissaire ». Il faut remonter huit ans en arrière pour dĂ©couvrir la première parution de cet ouvrage chez Delcourt. On peut se l’offrir pour un petit peu moins de quatorze euros. Alain Ayroles s’occupe du scĂ©nario et Jean-Luc Masbou se charge des dessins. La couverture nous plonge dans une atmosphère nocturne. Deux personnages vĂŞtus tels des mousquetaires cachent leur visage avec leur cape. L’un semble ĂŞtre un loup, l’autre semble ĂŞtre un renard. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? Il ne reste plus qu’Ă  se plonger dans la lecture pour le dĂ©couvrir…

La quatrième de couverture nous prĂ©sente les mots suivants : « A bord d’un vaisseau turc, un coffre. Dans le coffre, un Ă©crin, dans l’Ă©crin, une bouteille, dans la bouteille, une carte, et sur cette carte… l’emplacement du fabuleux trĂ©sor des Ă®les Tangerines !… Il n’en faut pas plus Ă  deux fiers gentilshommes, fins bretteurs, batailleurs et rimailleurs, pour se jeter dans une aventure qui, de geĂ´les en galères, les mènera jusqu’aux confins du monde. »

decapeetdecrocs1aL’histoire exerce rapidement une emprise sur le lecteur. Dès les premières pages, on s’attache Ă  notre duo de hĂ©ros. Le premier, un loup, est un bel hidalgo nommĂ© Don Lope. Le second, un renard, est un adepte de la poĂ©sie nommĂ© Don Armando. La prĂ©sentation est rapide et notre immersion dans leurs aventures immĂ©diates. On y fera un grand nombre de rencontres avec des personnages très diffĂ©rents. On dĂ©couvre un armateur avare, père d’un fils fainĂ©ant et peureux. On croise le chemin d’une belle gitane et d’une jeune femme blonde et orpheline qui feront chavirer les cĹ“urs de nos deux gentilshommes. Enfin on dĂ©couvrira un curieux lapin sur des galères et un fier guerrier ottoman en quĂŞte de trĂ©sor. Bref, les ingrĂ©dients sont appĂ©tissants et devraient faire naitre une lecture des plus plaisantes…

On entre tout de suite dans le vif du sujet.

Pour que la rĂ©ussite soit totale, il fallait que cette galerie de protagonistes gravite dans un scĂ©nario dense et bien construit. On est rapidement rassurĂ© sur ce plan-lĂ . Les auteurs ne se perdent pas en digression pour nous prĂ©senter les jalons de la saga. On entre tout de suite dans le vif du sujet. On voit naitre deux histoires d’amour. On dĂ©couvre une tentative de chantage. Et surtout, une chasse au trĂ©sor Ă  grande ampleur semble ĂŞtre en passe d’ĂŞtre lancĂ©. On est heureux de se trouver sur ces navires en quĂŞte du mythe des iles Tangerines sur les mers. Une fois l’album terminĂ©, on a une intense envie de se plonger dans le tome suivant.decapeetdecrocs1b

Au-delĂ  de suspense inhĂ©rent aux diffĂ©rentes Ă©preuves qui se mettent sur le chemin de nos hĂ©ros, le plaisir que se dĂ©gage de ce tome rĂ©side dans la qualitĂ© des dialogues. Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu rĂ©cemment une telle densitĂ© et originalitĂ© dans les textes. Beaucoup de bulles sont cultes. Voir nos hĂ©ros parler en rimes est le fruit d’un travail Ă©norme. Le rĂ©sultat est au rendez-vous. Il faut plusieurs lectures pour profiter pleinement de tous les jeux de mots offerts par le talent d’Alain Ayroles. Je me garde de vous citer quelques exemples car le plaisir rĂ©side Ă©galement dans la dĂ©couverte et la surprise.

CĂ´tĂ© dessins, je trouve que la rĂ©ussite est Ă©galement au rendez-vous. Jean-Luc Masbou offre des cases denses sans ĂŞtre surchargĂ©es. Ils gèrent particulièrement bien les diffĂ©rentes entre premier plan, second plan et arrière-plan. Cette subtilitĂ© lui permet d’agrĂ©menter ses planches de plein de petits dĂ©tails qu’on prend plaisir Ă  trouver au grĂ© des lectures. De plus, les personnages possèdent une identitĂ© graphique intĂ©ressante. Leurs expressions très théâtrales gĂ©nèrent une atmosphère vraiment unique qui caractĂ©rise la sĂ©rie.

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En conclusion, « Le secret du janissaire » est une genèse de grande qualitĂ© qui explique aisĂ©ment le succès que rencontre « De Cape et de Crocs » presque dix ans plus tard. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans cet ouvrage et par consĂ©quent dans cette sĂ©rie. Vous ne regretterez pas ce voyage synonyme de grand dĂ©paysement. De mon cĂ´tĂ©, il ne me reste plus qu’Ă  partir une nouvelle fois Ă  la dĂ©couvre du deuxième tome intitulĂ© « Pavillon noir ». Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort – Raoul Cauvin & Marc Hardy

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Titre : Pierre Tombal, T30 : Questions de vie ou de mort
Scénariste : Raoul Cauvin
Dessinateur : Marc Hardy
Parution : Avril 2014


Pierre Tombal est un héros qui est né pour moi dans la bibliothèque de mes parents. J’ai lu et relu la petite quinzaine d’album du célèbre fossoyeur qui agrémentait les étagères familiales. Les années passant, je n’ai jamais coupé le lien avec ce héros assez unique dans son genre. Je m’offre régulièrement un recueil de ses aventures comme on s’autoriserait une jolie pâtisserie au détour d’une rue. Le dernier des épisodes que je me suis offert est le trentième de la série. Il s’intitule « Questions de vie et de mort ». Sorti en avril dernier, il est l’œuvre conjointe du scénariste Raoul Cauvin et du dessinateur Marc Hardy. Les couleurs sont confiées au Studio Cerise.

Le site BD Gest’ (www.bdgest.com) présente l’album avec les mots suivants : « Qui a dit qu’avec la mort, tout s’arrête ? Certainement pas Pierre Tombal, qui gère au quotidien ses pensionnaires du cimetière avec leurs hauts, leurs bas, leurs doutes et leurs chamailleries. Perpétuellement taquinée par la Vie, Mme la Mort n’entend pas céder un pouce de terrain aux effronteries des uns et des autres. Œil pour œil, dent pour dent, telle est sa devise ! Et ce n’est pas toujours de tout repos… » 

PierreTombal30aPierre Tombal est fossoyeur. Nous partageons son quotidien tout au long des quarante-cinq planches qui se découpent en gags allant chacun de une à trois pages. Les auteurs nous font visiter un cimetière tout au long de la lecture. Les rencontres sont nécessairement originales et cocasses. Je trouve l’idée inédite et habilement exploitée depuis tant d’années. J’étais confiant quant au bonheur que m’inspirerait ce nouveau tome.

Pourquoi construire une série humoristique au milieu des tombes funéraires ? Ce sont des lieux généralement associés à la douleur, la tristesse, l’abandon ou la perte. Les blagues s’appuient rarement sur cet endroit-là et les comédies naviguent peu dans ces eaux. Cela rend l’idée intrigante et intéressante. Elle attise la curiosité. Le potentiel comique du concept était nébuleux mais le jeu méritait d’être tenté. La plume de Raoul Cauvin allait valider ce choix. La première réussite est son héros. Pierre Tombal est un fossoyeur sympathique et attachant. Il se montre accueillant envers le lecteur. Ce n’est pas la moindre des qualités tant elle semble antinomique des décors qui l’abritent. Il arrive à rendre son métier passionnant et plein d’aventures.

« La Faucheuse devient la vraie star de l’histoire. « 

Les premiers tomes se contenaient au monde des vivants. Au fur et à mesure de la parution des albums, d’autres protagonistes sont intervenus. Les premiers à entrer dans la danse sont les locataires des lieux : les morts. Ils interagissent avec le fossoyeur et les visiteurs et font ainsi naître une corde scénaristique riche. Enfin, les auteurs ont personnalisé la Mort et la Vie. L’idée est prenante car la Faucheuse devient même la vraie star de l’histoire.

PierreTombal30cCette diversité d’angles d’attaque permet de varier la structure des gags. A ce niveau-là, ce trentième opus est une réussite. Depuis toujours, Pierre Tombal conte aux visiteurs de son cimetière des causes ou des circonstances de décès abracadabrantesques. L’imagination de Cauvin dans le domaine n’est pas éculée. Il offre des anecdotes très drôles mettant en jeu un accident d’avion ou une manœuvre de Heimlich par exemple. Mais la vie dans ce lieu de repos éternel ne se résume à cela. La dimension professionnelle du fossoyeur est utilisée pour nous faire rire. Le vidage de l’ossuaire devient un moment très plaisant pour le lecteur.

Une sociĂ©tĂ© de l’au-delĂ  identique Ă  celle des vivants.

Mais les auteurs ne se contentent d’exploiter le lieu du côté des vivants. Les morts sont les vraies stars de cet album. Un des principes de base posé par le scénariste est que la société de l’au-delà est régie d’une manière identique que celle qui nous est familière. Il est désopilant de voir un mort refusé de voir sa tombe délocalisée, de subir les excès d’un mort interné psychiatrique ou de découvrir la manière utilisée par un défunt pour répondre à son courrier. Là encore, le terreau narratif s’avère très fertile.

Il reste un dernier axe comique à l’aura certaine : la Mort. Même si elle cohabite avec la Vie dans le quotidien de Pierre Tombal, c’est elle qui est la vraie star. Il faut dure que la découvrir sous sa capuche brune escortée de sa légendaire faux génère une plus forte personnalité que la jeune fille qui représente la Vie. Tout en conservant son pouvoir de nuisance certain, la grande faucheuse possède ici des faiblesses. Cet album l’expose dépressive, jalouse, heureuse, dans le doute, reconnaissante, méchante… Bref, l’échantillon émotionnel est large et présente une vision des plus originales de la Mort. Cet axe est parfaitement cultivé dans « Questions de vie et de mort » pour la plus grande joie du lecteur.

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Le dessin de Marc Hardy accompagne merveilleusement les gags. Son style possède une vraie identité et il se retrouve qu’elle s’accorde avec le ton de la narration. Pierre Tombal est un héros au caractère graphique certain. Les différents visiteurs qui agrémentent les histoires sont également bien construits. Enfin, j’apprécie particulièrement les expressions des morts que je trouve hilarantes. Pour conclure, « Questions de vie et de mort » est un bon cru. Il est rare de voir un album composé de gags courts être d’une qualité constante. C’était un plaisir de la lire et ce sera une joie de s’y replonger à l’occasion…

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Note : 14/20

Le siècle des ombres, T5 : La trahison – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siècle des ombres, T5 : La trahison
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Mars 2014


« Le chant des stryges » est un univers créé par Eric Corbeyran. Ce thriller fantastique s’étale sur une quinzaine d’albums décomposés en trois saisons. Je suis un grand fan de cette aventure aux arcanes complexes. Mais ce projet ne s’arrête pas à cette série. Des sagas cousines sont nées telles que « Le clan des chimères » ou « Le Maître de jeu ».  De qualité, elles ont développé l’univers de ses grands monstres ailés que sont les stryges. La dernière-née s’intitule « Le Siècle des ombres ». Elle aussi scénarisée par Eric Corbeyran, elle est dessinée par Michel Suro déjà à l’œuvre dans « Le clan des chimères ». Cette histoire vient de voir paraître son cinquième épisode il y a quelques mois. Cet album, édité chez Delcourt, s’intitule « La trahison ».

« 1751. Quelques décennies avant la Révolution française, un vent d’idées nouvelles souffle à travers l’Europe. Un vent de progrès et de liberté… Mais au cœur de ce Siècle des lumières, la découverte d’une étrange météorite à l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’Orcières, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopédiste éclairé, qu’ils soupçonnent d’être insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnée pour la possession de cette pierre aux mystérieux pouvoirs… »

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Prioritairement, « Le siècle des ombres » s’adresse aux lecteurs assidus de « Le chant des stryges ». L’histoire s’insère chronologiquement entre « Le clan des chimères » et la série mère. Elle permet de retrouver des personnages connus tels que Weltman, Cylinia et Abeau. Malgré, un lecteur qui découvrirait l’univers des Stryges à travers cette série ne sera pas totalement perdu. En effet, l’intrigue s’avère finalement assez indépendante.

La trame se déroule au dix-huitième siècle durant le siècle des Lumières. Les premières avaient bien exploitées la dimension historique et philosophique de l’époque. D’Holbach est un proche de Diderot ou Rousseau. Il participe à la rédaction de l’Encyclopédie. Son opposition idéologique avec les instances religieuses de l’Eglise est exploitée par le scénario. Je trouvais cet aspect très intéressant. L’immersion dans la période historique ne se réduit pas à sa dimension politique. Il est dommage que cette richesse soit moins présente dans ce dernier opus. La narration s’y centre exclusivement sur l’opposition entre Cylinia et d’Holbach. Le choix de ne pas laisser de place importante aux philosophes et aux pontes chrétiens est regrettable de mon point de vue. Leur présence et leurs échanges participaient au réalisme du voyage temporel que nous offrait « Le siècle des ombres ».

« Le déroulé des événements apparaît dilué. »

LeSiecleDesOmbres5bConcernant l’avancée de la trame, j’avais noté un ralentissement du rythme dans le tome précédent. J’espérais donc que ce nouvel acte reprenne la vitesse de croisière qui habitait les trois opus initiaux. Hélas, je dois dire que l’heure était plus à la décélération qu’à l’accélération. Le déroulé des événements m’apparaît dilué. Certaines planches auraient gagné à être raccourcies. Elles n’apportent pas grand-chose à l’atmosphère de la narration et ne font pas du tout avancer le propos. En poussant à l’extrême mon sentiment, j’ai tendance à croire que les deux derniers tomes n’auraient pu en faire qu’un sans que l’histoire soit édulcorée. Cela aurait densifié le scénario et aurait ainsi maintenu mon attention plus concentrée sur la durée.

En lisant une critique sur le site www.planetebd.com, j’ai appris que ce cycle doit se composer de six tomes. J’en déduis logiquement que « La trahison » en est donc l’avant-dernier. Cela peut expliquer le ton de cet opus. A défaut de faire vivre une succession de rebondissements et de révélations, il a tendance à remettre toutes les pièces de l’intrigue en place. Les objectifs des uns et des autres sont clarifiés et tout ce beau monde semble se préparer pour la lutte finale. Ce choix est cohérent et classique. Mon regret est qu’il y ait eu besoin de quarante-huit planches pour que la situation s’éclaire.

LeSiecleDesOmbres5cLes dessins sont l’œuvre de Michel Suro. Comme je l’ai dit précédemment, il avait déjà illustré « Le clan des chimères ». A l’époque, je n’étais pas tombé sous le charme de son trait auquel j’étais peu sensible. Ce sentiment peut s’expliquer par la rupture graphique qu’il offrait à l’univers par rapport au style de Richard Guérineau en charge des planches de « Le chant des stryges ». A priori, mes goûts artistiques ont évolué car son travail sur « Le siècle des ombres » et particulièrement « La trahison » ne m’a pas dérangé. Au contraire, je trouve qu’il accompagne agréablement la lecture. Je ne peux pas dire que je sois tombé sous le charme de certaines de son œuvre mais je lui reconnais un vrai talent pour créer des décors et des personnages. De plus, il est autant à l’aise dans des scènes de dialogues que d’action. C’est appréciable car cette série alterne les deux de manière équivalente.

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Au final, mon sentiment en refermant l’ouvrage est mitigé. J’ai pris plaisir à retrouver les personnages et à voir avancer la trame. Néanmoins, je suis frustré par la sensation de statu quo de la situation et par la mise en retrait des aspects philosophiques et religieux des débats. Malgré tout, cela ne m’empêchera pas de guetter la sortie du prochain et dernier tome qui devrait répondre à bon nombre de questions et éclairer les zones d’ombre qui accompagnent les Stryges. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 11/20

Le siècle des ombres, T4 : La sorcière – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le siècle des ombres, T4 : La sorcière
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Janvier 2013


Les Stryges sont des bestioles imaginées par Eric Corbeyran il y a un petit peu plus de dix ans. Tout a commencé par la série originale « Le chant des stryges ». Par la suite, sont apparues « Le maitre de jeu » et « Le clan des chimères ». La dernière naissance dans cet univers est celle de « Le siècle des ombres » en 2009. Son quatrième opus est paru au début du mois de janvier. Son titre est « La sorcière ». Edité chez Delcourt dans la collection Machination, son prix avoisine quatorze euros. Pour cette saga, le célèbre scénariste s’est associé à Michel Suro pour les dessins et Dimitri Fogolin pour les couleurs.

lesiecledesombres4bAvant d’entrer pleinement dans la critique de cet album, je vais expliquer rapidement aux néophytes ce qu’est un stryge. Il s’agit de grandes bêtes ailées qui vivraient dans l’ombre de l’humanité depuis toujours. Elles sont le garant de toutes les connaissances de l’univers. Elles ont été amenées à confier une partie de leur savoir à Sandor Weltman. Devenu immortel, ce dernier s’exonère de leur domination. On découvre donc Cylinia et Abeau, découverts dans « Le clan des chimères » partir à sa recherche en tant qu’alliés des Stryges…

Je ne vous cache qu’il me parait plutôt intéressant d’avoir lu les différentes séries précédemment citées pour profiter pleinement de cette aventure. Postérieur à « Le clan des chimères » et antérieur à « Le chant des stryges », « Le siècle des ombres » est à un croisement intéressant pour les adeptes de cet univers. L’immersion dans l’histoire était relativement rapide dans les premiers opus. Le rythme de narration était soutenu et les événements se succéder à un rythme effréné. Néanmoins, j’étais curieux de savoir où nous menait cette série. Pour l’instant, on assiste uniquement à une course poursuite parsemée de révélation. J’aimerais voir s’éclaircir l’objectif final de tout cela.

Les scènes se succédent de manière quasiment indépendante.

lesiecledesombres4cIl s’est déroulé quinze ans depuis le dénouement du tome précédent. Weltman est obsédé par la révélation que lui a faite Cylinia. Elle attendait un enfant de lui et suite à son accouchement, elle a confié le petit au monde des fées. On découvre également davantage la jolie Donessa, dévoué à Weltman et à peine entrevue jusqu’alors. L’attrait de la narration réside également dans une quantité relativement importante de flashback. Ce n’est pas désagréable car cela désassombrit certaines choses. Cela densifie également le propos. A contrario, cela nous donne l’impression de peu voir avancer l’histoire. De plus, l’intrigue voit naître un sentiment brouillon. On voit les scènes se succéder de manière quasiment indépendante. Je regrette un certain manque de liant entre tout cela. Par contre, la quantité d’informations  contenues dans cet ouvrage laisse présager une accélération de l’histoire au cours des prochains épisodes.

La lecture offre un plaisir intéressant en nous immergeant dans le siècle des Lumières. On découvre cette époque avec un plaisir certain. Le personnage de Weltman se trouve au centre de ce mouvement. Il participe à la rédaction de l’Encyclopédie, il côtoie Diderot ou Rousseau. Cet aspect fait du fugitif un personnage aux multiples facettes qui ne laisse pas le lecteur indifférent. Au gré des événements, notre cœur balance entre les suiveurs et le suivi. Les dessins de Suro sont d’une qualité correcte. On n’a aucun mal à s’approprier les personnages. Les décors sont suffisamment travaillés pour qu’on n’ait aucun mal à se sentir dépaysé. Néanmoins, je ne peux pas dire que son trait transcende la narration. Elle l’accompagne avec talent, ce n’est déjà pas si mal.

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En conclusion, « La sorcière » poursuit avec honnêteté les quêtes des uns et des autres. Les stryges et le monde des fées apparaissent davantage et offre une dimension à l’ensemble. Il faudra espérer que la suite fasse pleinement pousser ces graines plantées. Pour cela, il faudra attendre la parution du cinquième tome. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 13/20

Le Siècle des Ombres, T3 : Le Fanatique – Eric Corbeyran & Michel Suro

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Titre : Le Siècle des Ombres, T3 : Le Fanatique
Scénariste : Eric Corbeyran
Dessinateur : Michel Suro
Parution : Janvier 2012


« Le Fanatique » est le troisième tome de « Le siècle des ombres ». Cette série est scénarisée par Eric Corbeyran et dessinée par Luca Malisan. Elle s’inscrit dans l’univers des Stryges comme « Le chant des Stryges », « Le maitre de jeu » et « Le clan des chimères ». Je possède l’intégralité des tomes parus dans ce monde et guette chaque nouvelle arrivée dans les librairies. « Le Fanatique » est sorti récemment dans les bacs. Edité chez Delcourt, il est d’un format classique et l’histoire se déroule sur presque cinquante pages. La couverture nous présente le baron d’Olbach en train de fuir un navire en flamme. Pour cela il pénètre dans une espèce de sous-marin sphérique. Il restait donc à se plonger dans la lecture pour connaitre les mésaventures qui arrivent à ce cher baron…

La quatrième de couverture nous présente la série avec les mots suivants : « 1751. Quelques décennies avant la Révolution française, un vent d’idées nouvelles souffle à travers l’Europe. Un vent de progrès et de liberté… Mais au cœur de ce siècle des lumières, la découverte d’une étrange météorite à l’autre bout du monde ravive de vieux antagonismes. Au service du cardinal d’Orcières, Cylinia et Abeau de Roquebrune se lancent alors aux trousses du baron d’Holbach, philosophe et encyclopédiste éclairé, qu’ils soupçonnent d’être l’insaisissable Sandor G. Weltman. Cette traque se double d’une lutte acharnée pour la possession de cette pierre aux mystérieux pouvoirs… »

lesiecledesombres3aL’histoire se déroule au dix-huitième siècle. Il s’agissait d’un des attraits de la série car j’ai rarement lu des aventures se déroulant à cette époque-là. L’originalité est d’autant plus forte que rare est l’insertion du fantastique dans cet univers. Cet apport est savamment dosé et offre une intrigue bien construite. Il me parait assez intéressant d’avoir lu au moins « Le chant des stryges » pour maîtriser les tenants et les aboutissants de la trame. Quelques prérequis m’apparaissent nécessaires pour maîtriser les sous-entendus entre certains des personnages principaux.

« La richesse du personnage prend une réelle ampleur dans cet ouvrage. »

Les deux premiers albums se déroulaient en grande partie en Amérique du Sud. On y avait trouvé une pierre aux vertus intrigantes. Les pérégrinations des protagonistes nous avaient amené à faire des découvertes qui ne laissaient pas indifférent. A la fin du précédent opus, il était l’heure de rentrer en Europe. La conséquence est que « Le fanatique » se déroule sur le Vieux Continent. Cet opus se construit essentiellement autour du personnage du baron d’Holbach. C’est assez passionnant pour le lecteur que je suis lesiecledesombres3bpour une raison simple. D’Holbach est un personnage obscur dans « Le chant des stryges ». Il existe parce qu’il est évoqué mais on ne le voit jamais. On a été frustré de ne jamais le croiser pendant des pages et des pages. Le fait de le côtoyer aussi aisément dans « Le Siècle des ombres » fait qu’on est vraiment curieux de tout ce qu’il peut nous apprendre. La richesse du personnage prend une réelle ampleur dans ce troisième ouvrage. On le découvre en bienfaiteur des sciences vivant pour un idéal humaniste. On partage bon nombre de ses pensées et de ses réflexions. On est curieux de se sentir de son côté après l’avoir considéré comme un méchant depuis des années. Ce revirement est original et subtilement dosé.

Les illustrations de Michel Suro sont de bonne qualité. J’ai découvert ce dessinateur dans cette série et je ne le regrette pas. Les personnages sont assez classiques mais ils s’avèrent assez dynamiques. Je trouve que le trait n’est pas figé et cela correspond parfaitement à cette quête ésotérique. Les différents décors sont bien construits et on n’a aucun mal à différencier les différentes destinations que nous font découvrir ces aventures. Chaque lieu est habité d’une ambiance et d’une atmosphère et c’est toujours agréable. Les couleurs sont appliquées par Luca Malisan qui offrent une lecture agréable et divertissante.

En conclusion, « Le Fanatique » offre une suite de qualité à l’histoire qu’on suit depuis quelques temps maintenant. Le scénario n’est pas dilué. En effet, on apprend toute une série d’informations intéressantes. Cela donne une dimension plus bavarde et moins active que dans l’opus précédent. Ce changement de rythme n’est pas gênant du fait de l’attrait des discours qu’on découvre. Je suis donc curieux de connaitre la suite pour savoir jusqu’où ira le jeu du chat et la souris entre d’Holbach et ses chasseurs. Mais cela est une autre histoire…  

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Note : 14/20

Ma rĂ©vĂ©rence – Wilfrid Lupano & Rodguen

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Titre : Ma révérence
Scénariste : Wilfrid Lupano
Dessinateur : Rodguen
Parution : Septembre 2013


Ma révérence est un album que j’ai découvert en lisant une critique à son propos dans une revue. J’avais également l’occasion d’y découvrir les premières planches. Sans savoir exactement où je me plongeais, j’ai décidé de partir à la découverte de cet ouvrage né de la collaboration de Wilfrid Lupano et de Rodguen. Le premier se charge du scénario et le second du dessin. L’histoire se déroule sur près de cent trente pages. Il est édité chez Delcourt et son prix avoisine dix-sept euros. La couverture nous présente deux personnages. L’un est jeune et tient une immense peluche à la main. L’autre, plus âgé,  a le style de Dick Rivers et tient un flingue. On y voit aussi un fourgon blindé amené à être central dans l’intrigue.

La quatrième de couverture offre la mise en bouche suivante : « Depuis maintenant un mois, je bois mon café tous les matins à la brasserie des Sports, à côté de Bernard. Il est convoyeur de fonds… Bernard, c’est mon ticket pour les tropiques. Un beau jour, j’ai pris la décision ferme et définitive de m’emparer de tout l’argent que contient son camion et de tirer ma révérence… et ce jour-là, ma vie a changé. »

MaReverence2Ce bouquin est un « one shot ». Je ne connaissais donc pas ses personnages et ne devraient pas être amené les croiser dans une autre aventure bédéphile. Je supposais donc que l’histoire nous offrirait un départ et un dénouement, ce qui n’est pas désagréable. Son grand nombre de pages me laissait espérer une intrigue dense et des protagonistes travaillés. Bref, c’est plein d’optimisme que je partais à la rencontre de Vincent et de Gaby.

La narration est subjective. Les événements nous sont contés à travers le regard de Vincent. Il est un jeune trentenaire dont la vie a subi quelques sorties de route. Il s’est décidé à braquer un fourgon. Les raisons qui l’ont amené à cette extrémité sont distillées tout au long de l’histoire. Il possède un côté looser qui rend son projet peu réaliste. Ce sentiment s’intensifie au moment où j’ai découvert son complice alcoolique à la fiabilité peu convaincante. La trame se construit autour de ce duo assez réussi de prime abord. Je me suis rapidement attaché à Vincent. Ses cicatrices sont touchantes et font que je n’arrivais jamais vraiment à le voir comme un délinquant. Néanmoins, il est évident que le personnage le plus haut en couleur est Gaby. Il fait partie de ces copains auxquels on s’attache autant qu’on ne supporte pas l’immaturité. Il est de ces personnes qui sont des boulets qu’on se traîne sans jamais vouloir s’en séparer. Il est très réussi et je regrette qu’il ne prenne pas une place moins secondaire dans l’intrigue. Cela aurait permis à l’ensemble d’être plus drôle et également plus intéressant. En effet, Gaby possède des zones d’ombre que les autres choisissent de ne pas réellement explorer. C’est un choix qui se respecte mais que je regrette.

« Une réussite inégale. »

L’enjeu est donc le braquage d’un fourgon. Les pages nous rapprochent donc inéluctablement du moment où Vincent et Gaby devront assumer un acte qui les mettra au ban de la vie qu’il connaissait jusque-là. A l’aide de flashbacks, les auteurs nous font vivre le terreau qui a fait germer cette idée folle. Ces ruptures chronologiques sont régulièrement réparties et ont pour but apparent de relancer l’intérêt du lecteur. C’est une réussite inégale. En effet, certaines révélations influent profondément le regard porté sur les personnages. D’autres sont davantage des clichés sur la misère sociale et sont moins intéressants en n’apportant aucune dimension supplémentaire à l’histoire.

En débutant ma lecture, je l’ai trouvée originale. Les personnages, l’intrigue et l’univers me paraissaient être une base solide à un album de qualité. Hélas, je trouve que tous ces arguments se diluent au fur et à mesure que les pages défilent. Notre curiosité n’est pas relancée, notre intérêt n’est pas alimenté. Le ton devient plus lisse. Les rebondissements sont plus prévisibles. Bref, tout ne va pas dans le bon sens. Alors que le début m’avait vraiment séduit, j’avais un sentiment bien plus mitigé en refermant l’ouvrage.

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Concernant les dessins, j’ai du mal à me faire un avis définitif sur le trait de Rodguen. Certaines cases sont très réussies. Certains visages sont d’une réalité forte. Ils dégagent une intensité qui ne laisse pas indifférent. Par contre, à l’opposé, je trouve d’autres planches plus banales sans réelle identité graphique. Je dirai donc que la qualité des illustrations est inégale. Pour résumer, je ne suis pas tombé sous le charme mais serait curieux de découvrir un autre travail de ce dessinateur pour me faire une idée plus précise de son style.

En conclusion, Ma révérence ne m’a totalement conquis. L’album n’est pas dénué d’intérêt et d’idées. Mais la qualité inégale et irrégulière du propos fait que j’ai eu du mal à m’immerger dans l’histoire sur la durée. Je suis donc envieux d’une certaine manière des nombreux lecteurs enthousiastes à l’égard de cet ouvrage. En effet, cet opus possède des échos très favorables sur la toile. Comme quoi, les goûts et les couleurs…

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Note : 10/20