La peur du rouge


Titre : La Peur du Rouge
Scénariste : Fred Neidhardt
Dessinateur : Fred Neidhardt
Parution : Septembre 2010


« La Peur du Rouge » commence sur cette citation délicieuse de Boris Vian : « L’histoire est entièrement vraie, puisque je l’ai imaginée d’un bout à l’autre ». On évitera ainsi de se poser trop longtemps la question entre auto-fiction et autobiographique pour cet ouvrage de Fred Neidhardt publié dans la collection Shampooing (dirigée par Lewis Trondheim). Mais force est de constater que le personnage porte son nom ! 

Les ados en 1981

Les 125 pages de ce roman graphique racontent l’histoire d’une classe d’élèves de 3ème effectuant un voyage scolaire à Berlin. Or, on est en mars 1981 et Berlin est divisée entre ouest et est par un mur… L’ouvrage est donc aussi une façon de redécouvrir une époque où les codes étaient complètement différents. En effet, les élèves sont très politisés (l’élection présidentielle de 1981 est au centre des débats), ce que l’on a du mal à imaginer aujourd’hui pour des ados de 14 ans…

La BD démarre donc dans le train partant vers Berlin et se terminera par le retour au bercail (et l’élection de Mitterrand, véritable raison du titre ?). On retrouve les poncifs du genre dans le groupe d’élèves : le violent, le prolo, les beaux gosses, les riches, le garçon manqué, etc. Le tout démarre donc comme beaucoup d’ouvrages entre souvenirs de jeunesse et problèmes d’ados.

Au début on suit Neidhardt dans sa découverte de Berlin (notamment à l’Est). On se retrouve en quelque sorte comme un touriste temporel visitant une relique du passé. Mais au fil des pages, le groupe se dissocie de plus en plus, Neidhardt passe des moments seuls et l’histoire devient bien plus personnelle. Ne souhaitant pas révéler l’histoire, je n’en dirais pas plus. Mais les surprises sont au rendez-vous !

Pour qu’une œuvre autobiographique soit forte, il faut que l’auteur donne un minimum du lui-même. Neidhardt s’est conçu un personnage des plus crédibles. Un peu pathétique, obsédé par les filles mais plutôt sympathique. On croit en cet ado de 14 ans plein de fantasmes de toutes sortes et dont le voyage scolaire se transformera en voyage initiatique (comme pour beaucoup d’adolescents ?). Le côté un peu trash et obsédé de l’esprit adolescent est d’ailleurs très bien rendu, sans pudeur ni excès.

Graphiquement, c’est très plaisant à lire. Le style est relativement simple mais efficace. Le tout est fait en noir et blanc avec des touches (très fréquentes) de rouge. Ce choix, un peu déstabilisant au départ, a évidemment un sens et se révèle au final très agréable. Les personnages sont représentés par des animaux, ce qui n’est pas pour me déplaire. Neidhardt se représente d’ailleurs en cochon !

Difficile de juger objectivement cet ouvrage tant il m’a parlé, pour plein de raisons. J’ai l’impression de cumuler nombre de points communs avec son personnage ! Les voyages scolaires en Allemagne, les visites de Berlin (après la réunification par contre !), la lecture de « Moi, Christiane F. droguée, prostituée » au même âge qui m’avait tout autant marqué… L’ado qu’il décrit me parle particulièrement. Alors peut-être est-ce une coïncidence ou juste le fait que Neidhardt, par sa justesse, a écrit un ouvrage formidable sur l’adolescence…

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