Titre : Secrets, L’AngĂ©lus, T1
Scénariste : Frank Giroud
Dessinateur : José Homs
Parution : Novembre 2011
La collection (sĂ©rie ?) « Secrets » publiĂ©e chez Dupuis propose neuf histoire comportant « des secrets honteux ou redoutables, enfouis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration au sein de chaque famille. ». Câest au diptyque rĂ©alisĂ© par Homs (au dessin) et Giroud (au scĂ©nario) que lâon sâintĂ©resse aujourdâhui. IntitulĂ© « LâAngĂ©lus », il prend comme point de dĂ©part le cĂ©lĂšbre tableau de Millet. Clovis, le dĂ©couvrant au MusĂ©e dâOrsay, est bouleversĂ©. Mais pourquoi ? Commence alors une obsession qui va le sortir de son quotidien morne et triste. Chaque tome comporte 56 pages, ce qui fait un diptyque bien fourni.
Ce premier tome sert avant tout Ă poser les jalons de lâhistoire. Nous avons dâabord la vie de Clovis. Vivant dans le village qui lâa vu naĂźtre, il exerce un mĂ©tier qui ne le passionne guĂšre et supporte la vie de famille en se faisant marcher dessus par son aĂźnĂ© en pleine crise dâadolescence. PerturbĂ© par le tableau de Millet, il commence des recherches sur lâhistoire de ce tableau. Le fait quâil ne sache pas utiliser internet (une honte pour son fils), fait quâil y perd beaucoup de temps. Au fur et Ă mesure que lâobsession grandit, sa vie se dĂ©lite et Clovis tout autant.
Une obsession qui grandit, un homme qui change.
Ă cĂŽtĂ© de lâhumain, lâhistoire du tableau se dĂ©voile. Ce premier tome lui donne beaucoup dâimportance, puisque câest ce secret que lâon cherche avant tout Ă dĂ©terrer. Le tout est distillĂ© avec parcimonie et si vous ne connaissiez pas lâhistoire, le tout est plein de surprise. Le diptyque prend alors tout son sens : le premier tome sâattarde sur le tableau, le deuxiĂšme tome permettra dâexpliquer la rĂ©sonance entre cette histoire et celle, plus personnelle, de Clovis. MĂȘme si le mystĂšre en soit n’est pas une grande rĂ©vĂ©lation, elle fait son effet. Clovis n’y connait rien Ă l’art et on sourit parfois Ă sa naĂŻvetĂ©.
Les auteurs utilisent parfaitement les 56 pages pour poser lâintrigue. MĂȘme si les personnages sont un peu caricaturaux (la prof dâarts plastiques et le cĂŽtĂ© « village de province » en gĂ©nĂ©ral), le tout fonctionne trĂšs bien. Tout semble cohĂ©rent et naturel et les relations entre eux sont crĂ©dibles. Ainsi la professeur et Clovis semblent assez proches dâentamer une relation et lâambiguĂŻtĂ© persiste sans que rien ne vienne vraiment.
Le suspense du livre est rĂ©el : on ne sait pas vraiment oĂč nous mĂšnent les auteurs. En cela, le scĂ©nario est remarquablement construit, tout en finesse et avec un rythme parfaitement maĂźtrisĂ©. Le dĂ©coupage nâest pas en reste avec une vraie densitĂ©. Ce premier tome ne se contente pas de poser lâintrigue, il la fait avancer.
Concernant le dessin, Homs dĂ©veloppe un trait entre rĂ©alisme et semi-rĂ©alisme de toute beautĂ©. Ses personnages sont remarquablement croquĂ©s (dâailleurs, on croquerait bien la jolie prof dâarts plastiques), bien identifiĂ©s. On nâest pas loin de la caricature, mais les expressions sont pleine de justesse. La mise en couleur sublime dâautant plus lâouvrage en posant des atmosphĂšres aux palettes rĂ©duites. Difficile de rester indiffĂ©rent ! Cela mâa donnĂ© plus quâenvie de dĂ©couvrir les autres ouvrages dâHoms tant son trait mâa sĂ©duit.
Cet « AngĂ©lus » est une vĂ©ritable surprise pour moi. MĂȘme si les amateurs dâart tiqueront devant le « mystĂšre Millet » (dĂ©jĂ bien Ă©ventĂ© quand mĂȘme), on ne peut quâĂȘtre admiratif devant une telle maĂźtrise de la bande-dessinĂ©e. Entre la gestion du rythme, des personnages, du dĂ©coupage, du dessin et de la couleur, câest un sans faute. Ă lire sans plus tarder !
Note : 17/20