Blake et Mortimer, T23 : Le bĂąton de Plutarque – Yves Sente & AndrĂ© Juillard

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Titre : Blake et Mortimer, T23 : Le bĂąton de Plutarque
Scénariste : Yves Sente
Dessinateur : André Juillard
Parution : Décembre 2014


« Blake et Mortimer » est une sĂ©rie qui a eu la capacitĂ© Ă  s’offrir plusieurs vies. En effet, depuis le dĂ©cĂšs de son fondateur Edgar P.Jacobs, elle a Ă©tĂ© confiĂ©e Ă  bon nombre d’auteurs qui ont eu pour mission de faire perdurer les aventures des deux cĂ©lĂšbres britanniques. MĂȘme si toutes ses suites ne sont pas de qualitĂ© Ă©quivalente, je dois bien avouer qu’elles sont un hommage certain Ă  cette grande saga. Je prends toujours beaucoup de plaisir Ă  dĂ©couvrir les nouvelles pĂ©rĂ©grinations d’un des duos lĂ©gendaires du neuviĂšme art. Ma critique d’aujourd’hui porte sur le dernier Ă©pisode en date intitulĂ© « Le bĂąton de Plutarque ». Il est l’Ɠuvre conjointe d’Yves Sente et d’AndrĂ© Juillard dont c’est la sixiĂšme incursion dans cet univers.

La genùse d’une des aventures les plus mythiques du duo.

BlakeEtMortimer23aL’originalitĂ© et l’attrait de cet album rĂ©sidaient dans l’insertion chronologique de son intrigue dans la grande histoire de Blake et Mortimer. L’action de « Le bĂąton de Plutarque » est antĂ©rieure Ă  celle de mythique trilogie « Le secret de l’Espadon ». Je trouvais ce choix particuliĂšrement audacieux et j’ai curieux de dĂ©couvrir la genĂšse d’une des aventures les plus mythiques du duo. Ce choix scĂ©naristique permet Ă©galement Ă  de nouveaux lecteurs de dĂ©couvrir aisĂ©ment la sĂ©rie Ă  travers cet album. Les prĂ©requis ne sont pas indispensables Ă  la comprĂ©hension globale des enjeux.

« Le bĂąton de Plutarque » se dĂ©roule Ă  quelques mois du dĂ©barquement alliĂ© en Normandie. Cette immersion au beau milieu de la Seconde Guerre Mondiale est intĂ©ressante car elle offre une uchronie originale. Sans ĂȘtre excessive ou maladroite, cette dimension historique apporte un Ă©cot positif Ă  la trame. Le climat de guerre est une chape de plomb qui accompagne toute la lecture. Les menaces constantes sont habilement dĂ©crites par les auteurs et permettent au lecteur de les ressentir constamment. Dans ce domaine, le travail scĂ©naristique est de grande qualitĂ©.

Au-delĂ  de son intĂ©rĂȘt historique, le scĂ©nario n’est pas dĂ©nuĂ© de qualitĂ©. Comme souvent dans la sĂ©rie, l’intrigue est dense. La toile d’araignĂ©e narrative s’étend pendant une grande partie de la lecture. Ce n’est vraiment que sur la fin que les auteurs nous offre un dĂ©nouement clair et une vision globale de l’ensemble. L’enchaĂźnement des Ă©vĂ©nements est bien dosĂ©. Les temps morts sont inexistants et l’intensitĂ© ne fait que croĂźtre au fur et Ă  mesure des pages. Cette plongĂ©e dans les services secrets est prenante. Je m’y suis baignĂ© avec joie.

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La trame fait coexister un grand nombre de protagonistes de tout bord et de tout genre. Leurs intĂ©grations se font naturellement. Ils nous sont rapidement familiers et aucun n’est inutile. Yves Sente domine suffisamment son sujet pour ne jamais perdre son lecteur tout en lui amenant Ă  un rythme soutenu un flux d’informations. Les soixante-quatre planches de l’album sont riches. Je ne doute d’ailleurs pas qu’une deuxiĂšme lecture me permettrait de saisir davantage les dĂ©tails de cette mission aux nombreux arcanes. Le trait d’AndrĂ© Juillard facilite la comprĂ©hension. Il respecte avec talent le style Jacobs tout en veillant Ă  ne pas Ă©garer le lecteur dans un univers trop nĂ©buleux. Du beau travail.

Pour conclure, « Le bĂąton de Plutarque » est un trĂšs bon cru. Il respecte parfaitement les codes de sĂ©rie tout en lui offrant un passĂ© jusqu’alors inconnu. Le plaisir a Ă©tĂ© tel que je n’ai qu’une envie : me replonger dans « Le secret de l’Espadon » !

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note4

Le chant du cygne, T1 – Xavier Dorison, Emmanuel Herzet & CĂ©dric Babouche

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Titre : Le chant du cygne, T1
Scénaristes : Xavier Dorisaon & Emmanuel Herzet
Dessinateur : Cédric Babouche
Parution : Août 2014


J’ai toujours eu beaucoup de plaisir Ă  m’immerger dans un univers nĂ© de la plume de Xavier Dorison. L’ésotĂ©risme de Le TroisiĂšme Testament, l’angoisse de Sanctuaire ou le western fantastique de W.E.S.T m’ont permis de vivre des moments de lecture envoĂ»tants. Depuis, je suis donc toujours aux aguets de toute nouvelle parution portant le nom du cĂ©lĂšbre scĂ©nariste. J’ai donc accueilli avec curiositĂ© l’apparition dans les librairies il y a presque un an du premier tome de Le Chant du Cygne. Cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez Le Lombard dans la collection SignĂ©. Le premier contact visuel est un bonheur. La couverture est splendide. On y dĂ©couvre un groupe de soldats. Ils apparaissent en quĂȘte d’un moment de calme. Les traces de sang sur leurs vĂȘtements tĂ©moignent que la guerre n’est pas loin. Les couleurs dans les tons verts font de ce dĂ©cor forestier un havre de paix improbable. Mis en perspective avec le titre de l’album, cette atmosphĂšre incite fortement Ă  se plonger dans la lecture.

La quatriĂšme de couverture pose les jalons de la trame avec les mots suivants : « Avril 1917. Alors qu’ils reviennent d’une offensive aussi vaine que meurtriĂšre sur le Chemin des Dames, les survivants de la section du lieutenant Katzinski rencontrent un soldat qui leur confie une pĂ©tition signĂ©e par des milliers de poilus. Il y a lĂ  de quoi renverser le gouvernement pour en finir, enfin, avec les boucheries inutiles. Seulement, pour ça, il faut aller Ă  l’AssemblĂ©e nationale
 Et jusqu’à Paris, le chemin promet d’ĂȘtre long. »

Des poilus en mission.

LeChantDuCygne1bL’histoire se dĂ©roulera sur deux tomes. Ma critique d’aujourd’hui porte donc sur la premiĂšre partie du diptyque. La seconde est prĂ©vue pour la rentrĂ©e. Le dĂ©but nous fait dĂ©couvrir le quotidien des tranchĂ©es. Nous sommes ici en premiĂšre ligne au cĂŽtĂ© du sergent Sabiane. Le personnage est imposant : grand comme un homme et demi, le crĂąne rasĂ© et des moustaches rousses et massives. Il s’agit d’un personnage charismatique qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Un petit peu bourru, il est un chef juste et respectĂ© Ă  la fois par ses hommes set sa hiĂ©rarchie. Il est un atout important pour l’intrigue. Le lecteur s’attache immĂ©diatement Ă  ce bonhomme qui occupe l’espace.

Au bout d’une petite quinzaine de pages, un Ă©vĂ©nement va changer la vie de cette bande de soldats comme tant d’autres. Larzac, un des poilus, se voit remettre une pĂ©tition qui circule sous le manteau. Elle dĂ©nonce certains agissements des gradĂ©s. Il s’agit d’une bonne Ă  retardement politique auxquels les dirigeants français ne pourraient survivre. NĂ©anmoins, elle n’a de valeur qu’une fois Ă  Paris. ApparaĂźt donc un dilemme pour la petite communautĂ©. Mener le document Ă  bon port est un acte de solidaritĂ© et de bravoure pour leurs pairs mais cet acte sera perçu comme de la traĂźtrise par les pontes de l’armĂ©e française. Que faire ? Etre rĂ©sistant et hĂ©ros n’est pas si Ă©vident quand la situation se prĂ©sente. C’est de tout cela que traite cet album.

LeChantDuCygne1cLes deux derniers tiers de l’ouvrage nous content les pĂ©rĂ©grinations dangereuses vĂ©cues par le petit groupe. Il va sans dire que leur trajet vers la capitale n’est pas une sinĂ©cure. Ils sont en permanence sur le qui-vive. Des dĂ©cisions compliquĂ©es sont Ă  prendre. Aucun ne peut sortir indemne de telles Ă©preuves. La bande se compose de sept membres. Chacun apporte son Ă©cot Ă  l’intrigue. Evidemment, tous n’ont pas la mĂȘme importance. Chacun n’influe pas de la mĂȘme maniĂšre sur les Ă©vĂ©nements. Par contre, aucun n’est nĂ©gligĂ© ou inutile. Je suis facilement attachĂ© Ă  ce petit monde qui se trouve Ă  gĂ©rer une situation qui les dĂ©passe. Pour construire ce scĂ©nario dense et captivant, Xavier Dorison s’est associĂ© Ă  son collĂšgue Emmanuel Herzet dont je dĂ©couvre ici la qualitĂ© du travail.

Concernant les illustrations, elles sont le fruit de la plume de CĂ©dric Babouche. De maniĂšre Ă©vidente, son trait offre une identitĂ© graphique forte Ă  l’album. De la couverture Ă  la derniĂšre planche, le talent du dessinateur transpire de chaque planche. Je trouve le travail sur les couleurs splendide. La particularitĂ© est de ne marquer quasiment aucune rupture chromatique entre les personnages et les dĂ©cors. Cette porositĂ© rend parfois certains pages difficiles Ă  lire. Elle nĂ©cessite une plus grande attention pour en saisir toute la finesse et tous les aspects. NĂ©anmoins, cela reste un tout petit bĂ©mol en comparaison des nombreux atouts gĂ©nĂ©rĂ©s par le coup de crayon de Babouche.

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Pour conclure, cet opus est de grande qualitĂ©. Je me suis passionnĂ© pour les aventures de ses poilus en mission. L’intrigue est remarquable. Elle enchaĂźne les évĂ©nements Ă  rythme effrĂ©nĂ© et attise en permanence notre attention. L’ensemble reste suffisamment imprĂ©visible pour que nous soyons toujours pressĂ©s de connaĂźtre la suite. J’attends donc avec impatience que le second tome apparaisse dans les rayons pour dĂ©couvrir l’issue de ce dangereux pĂ©riple


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note4

Le troisiĂšme testament, Julius, T4 : Livre IV – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le troisiÚme testament, Julius, T4 : Livre IV
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Avril 2015


« Le TroisiĂšme Testament » est, Ă  mes yeux, un monument du neuviĂšme art. Sa dimension Ă©sotĂ©rique dĂ©veloppĂ©e dans cette Ă©poque mĂ©diĂ©vale est envoutante. De plus, la richesse du scĂ©nario mis en valeur par un dessin soignĂ© et prĂ©cis fait que chaque nouvelle lecture de cette sĂ©rie est un plaisir. La naissance il y a cinq ans d’une nouvelle branche Ă  ce solide chĂȘne qu’était cette saga m’a ravi. En effet, apparaissait dans les rayons de librairie le premier tome de « Le TroisiĂšme Testament – Julius ». Son intrigue Ă©tait bien antĂ©rieure Ă  celle du Comte de Marbourg. NĂ©anmoins, la perspective de dĂ©couvrir la vie de Julius ne pouvait pas laisser indiffĂ©rent un adepte de l’histoire scĂ©narisĂ©e par Xavier Dorison.

Julius4a« Le TroisiĂšme Testament
 Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom d’un prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. » Voici les mots que nous pouvons lire sur la quatriĂšme de couverture. Ce prophĂšte occupe une place non nĂ©gligeable dans la tĂ©tralogie initiale. NĂ©anmoins, cette nouvelle aventure peut se lire de maniĂšre complĂštement indĂ©pendante. Il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir suivi les pĂ©rĂ©grinations de Conrad de Marbourg pour profiter pleinement de cette nouvelle histoire. Toute personne attirĂ©e par les intrigues mystiques Ă  l’époque de la toute-puissance romaine devrait se laisser charmer par le destin de Julius


Ma critique d’aujourd’hui porte sur le quatriĂšme Ă©pisode de la sĂ©rie. Il s’agit du dernier en date. Il est paru chez GlĂ©nat en avril dernier. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice et les dessins comme pour les deux opus prĂ©cĂ©dents sont le fruit du travail de ThimothĂ©e Montaigne. Il est Ă©vident que se plonger dans ce tome sans avoir lu les trois premiers me semble complexe. L’intrigue se construit autour d’un long voyage. Il est dommage de prendre le train en route. Certaines informations primordiales vous auraient Ă©chappĂ©.

Julius4bL’intrigue se construit autour du Sar Ha Sarim. Il est perçu par son peuple comme le Messie. Il entame un voyage vers l’Orient pour ouvrir les portes du Royaume des Cieux. Il entame un long pĂ©riple avec un petit groupe de disciples. Son trajet se clĂŽt Ă  la fin de l’album prĂ©cĂ©dent. Proche du but, il arrĂȘte sa quĂȘte et dĂ©cide de revenir sur ses pas en JudĂ©e. Il se sert de son aura pour unifier les rebelles et libĂ©rer son peuple de l’oppression romaine. Pendant ce temps, Julius, son ami est retournĂ© dans la montagne Ă  la recherche de la rĂ©vĂ©lation


Une rupture d’atmosphĂšre.

Jusqu’alors, toute l’histoire s’était construite autour d’un petit groupe de personnes qui parcourait les routes. La narration Ă©tait assez linĂ©aire. Les embĂ»ches se succĂ©daient. Les moments de doute Ă©taient nombreux. Bref, cette aventure Ă©tait une succession d’épreuves. La construction scĂ©naristique faisait que le lecteur se laissait aisĂ©ment portĂ© par cette mission. En effet, l’empathie dĂ©gagĂ©e par cette communautĂ© permettait Ă  la curiositĂ© d’ĂȘtre entretenue.

Ce « Livre IV » marque une rupture d’atmosphĂšre. Le hĂ©ros n’est plus en recherche divine. Il est retombĂ© dans son costume humain. Il mĂšne une guerre. Il est complĂštement possĂ©dĂ© par sa volontĂ© de vaincre. Il n’est plus un guide spirituel mais un gĂ©nĂ©ral d’armĂ©e. L’évolution est bien montrĂ©e. Le personnage que nous connaissions jusqu’alors semble avoir disparu. Il a laissĂ© place Ă  une machine Ă  tuer. Je trouve intĂ©ressant cette Ă©volution. Elle chamboule la routine agrĂ©able dans laquelle le lecteur Ă©tait blotti. MalgrĂ© tout, l’ouvrage en lui-mĂȘme n’est pas un condensĂ© de rebondissements. Il se dĂ©cline davantage comme une fuite en avant.

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Le personnage de Julius est moins prĂ©sent dans les planches de ce quatriĂšme tome. NĂ©anmoins, l’issue de son voyage est centrale dans l’évolution de la trame. Chacune de ses apparitions est un moment fondamental de la lecture. Les derniĂšres pages sont dans ce domaine un modĂšle du genre. Le lecteur sent l’Histoire en train de s’écrire. La dimension divine de sa quĂȘte prend ici tout son sens. La progression de son personnage depuis le premier Ă©pisode est passionnante. Il s’agit d’une belle rĂ©ussite.

Toute cette aventure est mise en valeur par le trait de ThimothĂ©e Montaigne. Il confirme le talent mis en lumiĂšre prĂ©cĂ©demment. Je trouve vraiment remarquable sa capacitĂ© Ă  faire exister des lieux et les protagonistes qui s’y trouvent. Ils alternent les points de vue et les diffĂ©rents plans pour offrir un dynamisme intĂ©ressant dans la lecture. Ce travail permet une immersion trĂšs forte du lecteur dans un monde et une Ă©poque difficiles. Les couleurs de François La Pierre subliment l’ensemble.

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Au final, ce « Livre IV » offre une suite sĂ©rieuse au destin de Sar Ha Sarim. Je regrette la faible prĂ©sence de Julius tant son rĂŽle est le plus intĂ©ressant de la saga. En tout cas, la lecture a Ă©tĂ© suffisamment plaisante pour que je me plonge Ă  nouveau dans la sĂ©rie initiale. Suivre Ă  nouveau les pas du Comte de Marbourg me permettra de supporter plus aisĂ©ment l’attente de la parution du « Livre V ».

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note4

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T3 : La rĂ©vĂ©lation, 2/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013


Le troisiĂšme testament est une sĂ©rie qui a marquĂ© le neuviĂšme art des vingt derniĂšres annĂ©es. Cette saga Ă©sotĂ©rique est un vĂ©ritable petit bijou d’aventure mĂ©diĂ©vale. Il y a  deux ans, j’ai eu l’agrĂ©able surprise de dĂ©couvrir qu’un prequel des aventures de Conrad de Marbourg allait apparaĂźtre dans les rayons de librairie. Il s’intitulait Le troisiĂšme testament, Julius. Le scĂ©nario est l’Ɠuvre d’Alex Alice, dĂ©jĂ  prĂ©sent dans l’histoire originale. Par contre, il ne charge plus des dessins qu’il a confiĂ©s Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Le seul contact que j’avais avec son Ɠuvre Ă©tait son travail sur les couleurs dansLong John Silver.
L’histoire ne se dĂ©roule pas au Moyen-Age. En effet, c’est en JudĂ©e dans les premiĂšres annĂ©es du premier millĂ©naire que nous dĂ©couvrons de nouveaux personnages. Ma critique porte sur le troisiĂšme opus de cette nouvelle aventure. Il s’intitule La rĂ©vĂ©lation 2/2 et sa parution date du treize novembre dernier. La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente l’intrigue avec des mots choisis : « Le livre ultime de la parole de Dieu. Au cƓur des lĂ©gendes mĂ©diĂ©vales qui entourent ce manuscrit, le nom du prophĂšte oubliĂ© : Julius de Samarie. Son histoire s’est perdue dans les brumes du temps
 jusqu’à aujourd’hui. »
 
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
 
La narration se construit autour d’un voyage hors du commun. En effet, un esclave juif a commencĂ© un long pĂ©riple depuis la JudĂ©e. Il suit un appel qui rĂ©sonne en lui et qui mĂšne vers l’Orient. Ses disciples le reconnaissent comme le frĂšre du Christ. Sa quĂȘte doit le mener vers le TroisiĂšme Testament qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Pour cela, il est accompagnĂ© d’un petit groupe de personnes dont l’un d’eux est Julius, ancien gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu.
Le premier tome prĂ©sentait les personnages et les enjeux de l’intrigue. Le deuxiĂšme marquait le dĂ©but d’une longue marche qui menait entre autre la petite communautĂ© Ă  dĂ©couvrir les jardins de Babylone. L’ouvrage se lisait avec plaisir mais je regrettais que son dĂ©roulement soit trop linĂ©aire. Les protagonistes se contentaient finalement de marcher toujours vers l’Est sans rĂ©els rebondissements. J’espĂ©rais donc que le rythme de ce nouvel acte soit plus saccadĂ© et me permette ainsi de vivre des moments de lecture plus intenses.
Les premiĂšres pages me plongent Ă  nouveau au cĂŽtĂ© du groupe et de sa quĂȘte prophĂ©tique. La recette me semble donc proche de celle de l’opus prĂ©cĂ©dent. La premiĂšre Ă©tape des voyageurs s’avĂšre ĂȘtre le jardin d’Eden. Nous sommes loin d’une vĂ©gĂ©tation maĂźtrisĂ©e Ă  l’esthĂ©tique Ă©blouissante. En effet, il s’agit d’une forĂȘt vierge dont chaque arbre et chaque liane semble cacher un danger certain. L’atmosphĂšre ressemble Ă  celle que j’ai ressentie en suivant des aventures bĂ©dĂ©philes en Amazonie dans Long John Silver ou Conquistador. J’apprĂ©cie toujours beaucoup cette sensation moite, oppressante et angoissante que dĂ©gage toujours cette vĂ©gĂ©tation dense et sauvage.
D’ailleurs, c’est ici que naĂźtra les premiers doutes dans la foi qui accompagne cette quĂȘte. Cela rend la lecture plus intense. Les personnages deviennent plus humains maintenant qu’apparaissent leurs faiblesses et leurs doutes. Dans l’épisode prĂ©cĂ©dent, ils Ă©taient des disciples trop parfaits. Cela m’avait empĂȘchĂ© de m’intĂ©resser rĂ©ellement Ă  eux. Je ressentais peu d’empathie Ă  l’égard de personnes dont la seule qualitĂ© Ă©tait de suivre aveuglĂ©ment un messie. Mais maintenant, la dimension extrĂȘme et compliquĂ©e de leur tĂąche met Ă  l’épreuve leur dĂ©votion. Cela me les a rendus attachants. Je m’émeus des dilemmes qui les abritent, des souffrances qu’ils essaient de surmonter.
Cela gĂ©nĂšre une intensitĂ© croissante tout au long de l’album. Le bĂ©mol dĂ» Ă  une linĂ©aritĂ© excessive qui habitait le deuxiĂšme album a ici disparu pour mon plus grand plaisir. Il en rĂ©sulte un suspense certain quant Ă  l’issue de l’aventure et au devenir de chacun des membres de la communautĂ©. La conclusion de l’album est rĂ©ussie Ă  ce niveau-lĂ . Elle n’est pas prĂ©visible et a attisĂ© ma curiositĂ© jusqu’à la derniĂšre planche qui prĂ©sente une ouverture passionnante pour le prochain acte.
Comme dans le tome prĂ©cĂ©dent, je suis tombĂ© sous le charme du trait de ThimothĂ©e Montaigne. Son style m’a sĂ©duit dĂšs la premiĂšre planche. Le travail est prĂ©cis et dĂ©taillĂ©. Chaque image est travaillĂ©e. Que ce soit les personnages ou les dĂ©cors, tout est habitĂ© d’une profondeur qui a facilitĂ© et accĂ©lĂ©rĂ© mon immersion dans les pas des hĂ©ros. La premiĂšre page offre une gestion des lumiĂšres qui est un modĂšle du genre. J’ai tout de suite eu l’impression de bivouaquer avec le groupe pendant que l’orage grondait Ă  l’extĂ©rieur. La pluie, la forĂȘt vierge, la montagne, le dĂ©sert
 Tout est retranscrit avec la mĂȘme justesse. Bref, cet album est un petit bijou graphique.
Au final, je trouve cet opus trĂšs rĂ©ussi. Je le trouve plus intense et dramatique que le prĂ©cĂ©dent. Le scĂ©nario est toujours solidement construit et les illustrations sont de toute beautĂ©. Les auteurs sont arrivĂ©s Ă  maintenir ma curiositĂ© quant au devenir de ses hĂ©ros. C’est le gage d’une certaine qualitĂ© tant bon nombre de sĂ©ries ont tendance Ă  voir leur intĂ©rĂȘt s’étioler aprĂšs des premiers tomes rĂ©ussis. Il ne me reste donc plus qu’à attendre la parution du prochain Ă©pisode. Mais cela est une autre histoire

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Le TroisiĂšme Testament, Julius, T2 : La rĂ©vĂ©lation, 1/2 – Alex Alice & ThimothĂ©e Montaigne

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Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012


Le dĂ©marrage du spin-off du « TroisiĂšme Testament », nommĂ© « Julius », m’avait Ă  la fois plu et déçu. La comparaison avec la sĂ©rie initiale Ă©tait Ă  son dĂ©savantage, mais la qualitĂ© Ă©tait quand bien mĂȘme au rendez-vous. Pour ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La rĂ©vĂ©lation – 1/2 » (un diptyque dans une sĂ©rie ?), le dessinateur a dĂ©jĂ  changĂ©, Robin Recht laissant la place Ă  ThimothĂ©e Montaigne. Ce dernier avait officiĂ© dans une sĂ©rie clone du « TroisiĂšme Testament »   intitulĂ© « Le cinquiĂšme Ă©vangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette sĂ©rie que comme initiateur du « concept original ». Bref, j’avoue que je n’étais pas trĂšs rassurĂ© quand j’ai ouvert cette bande-dessinĂ©e.

La nouvelle sĂ©rie, censĂ©e pouvoir ĂȘtre lue sans connaĂźtre la sĂ©rie originale (ce que je dĂ©conseille fortement), prĂ©sente l’histoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrĂ©tiens, quelques dĂ©cennies seulement aprĂšs la venue du Christ. A cĂŽtĂ© de lui, Julius, un gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu qui le pousse Ă  s’armer et Ă  repousser les Romains de JudĂ©e. HĂ©las pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et dĂ©cide de partir seul vers l’orient oĂč il sent un appel. MalgrĂ© tout, un petit groupe disparate de soldats et thĂ©ologiens l’accompagnent. Quand Ă  Julius, parfaitement athĂ©e, il n’est lĂ  que pour pousser le nouveau messie Ă  abandonner sa quĂȘte.

« Julius » reprend un peu le principe de la sĂ©rie. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beautĂ© (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (dĂ©sert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. AprĂšs deux tomes, l’histoire n’a pas encore rĂ©ellement avancĂ© et semble dĂ©marrer rĂ©ellement Ă  la fin de ce deuxiĂšme opus oĂč le cĂŽtĂ© Ă©pique de la saga reprend ses droits.

Du mal Ă  accrocher aux personnages.

Force est de constater que le suspense commence Ă  se faire sentir. La Mort rĂŽde et l’Apocalypse semble se prĂ©parer au bout du chemin. Je trouve assez fort que l’on soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la sĂ©rie originelle bien sĂ»r). En cela, les auteurs font bien monter la pression.

MalgrĂ© toutes les qualitĂ©s du scĂ©nario, je garde un part de dĂ©ception que j’ai du mal Ă  Ă©carter. Je pense avoir du mal Ă  accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne m’est absolument pas sympathique. Je pense que c’est lĂ -dessus que j’achoppe vraiment dans cette sĂ©rie. On est trĂšs loin de Marbourg et Elisabeth, mĂȘme la relation entre les deux s’étoffe dans ce tome.

Au niveau du dessin, le changement se ressent dĂšs les premiĂšres pages. ThimothĂ©e Montaigne a un trait plus Ă©pais que son prĂ©dĂ©cesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont trĂšs expressifs et leur caractĂšre se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie rĂ©guliĂšrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur n’est pas du tout synonyme de baisse de qualitĂ©, mĂȘme si j’avoue regretter toujours ce genre d’évĂšnement. En tout cas, Montaigne avait dĂ©jĂ  prouvĂ© dans « Le cinquiĂšme Ă©vangile » son talent, il le confirme ici.

Au final, cette « RĂ©vĂ©lation 1/2 » continue sur la lancĂ©e du premier tome. La fin relance le suspense et l’intĂ©rĂȘt. Si bien que l’on n’attend qu’une chose : que cette rĂ©vĂ©lation nous arrive enfin dans les mains !

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note4

Le TroisiĂšme Testament, Julius, T1 : Livre I – Alex Alice, Xavier Dorison & Robin Recht

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Titre : Le TroisiĂšme Testament, Julius, T1 : Livre I
Scénaristes : Xavier Dorison & Alex Alice
Dessinateur : Robin Recht
Parution : Septembre 2010


Une sĂ©rie Ă  succĂšs est-t-elle condamnĂ©e Ă  accoucher d’un spin-off ? AprĂšs un succĂšs amplement mĂ©ritĂ©, « Le TroisiĂšme Testament » revient pour un nouveau cycle. Cette sĂ©rie racontait la quĂȘte de ce fameux troisiĂšme testament qui aurait Ă©tĂ© cachĂ© par un certain Julius de Samarie. Ce nouveau cycle doit donc nous raconter comment Julius s’est retrouvĂ© avec ce prĂ©sent divin et quelle a Ă©tĂ© son histoire. Quelques changements sont Ă  prĂ©voir cependant dans l’équipe : Xavier Dorison prend de la distance sur la sĂ©rie et Robin Recht prend les rĂȘnes au dessin Ă  la place d’Alex Alice qui reste au scĂ©nario, au storyboard et
 Ă  la couverture.

Une quĂȘte de rĂ©demption.

Grosse apprĂ©hension pour le lecteur fan de la sĂ©rie originelle que je suis. Mais « Julius » doit ĂȘtre pris avant tout comme une histoire Ă  part. En effet, la pĂ©riode historique n’est pas du tout la mĂȘme (l’AntiquitĂ© contre le Moyen-Âge), ainsi que le lieu (le Proche-Orient contre l’Europe). Julius est gĂ©nĂ©ral romain, portĂ© en triomphe au dĂ©but de l’ouvrage dont on va assister Ă  la chute brutale et immĂ©diate (tel Conrad). Comme dans la premiĂšre sĂ©rie, c’est donc une quĂȘte de rĂ©demption Ă  laquelle on va avoir affaire. Ainsi, Julius est cruel, ambitieux, cupide et athĂ©e. Son contact avec un rabbin juif/chrĂ©tien va bouleverser sa vision des choses et l’amener Ă  s’humaniser. Ceux qui connaissent le contenu des fameux rouleaux du voyage de Julius de Samarie savent dĂ©jĂ  comment l’histoire se terminera…

Il faut bien avouer que les 80 pages de l’ouvrage se lisent d’une traite. 60 ans aprĂšs la venue du Christ, les ChrĂ©tiens font peur Ă  Julius. Leur secte prĂŽne la non-violence et ils sont prĂȘts Ă  mourir pour leur foi. LĂ  oĂč « Le TroisiĂšme Testament » montrait un monde obscurantiste, « Julius » montre un monde avant tout spirituel. La mort et la souffrance sont partout. Les Romains font office de bourreaux dont la cruautĂ© est sans limite. L’empire qui traite les autres de barbare semble avoir inversĂ© les rĂŽles.

« Julius » est donc trĂšs mystique. Les citations de textes sacrĂ©s et de prophĂštes sont lĂ©gions. Cela donne un souffle Ă©pique Ă  l’histoire. Le tout est renforcĂ© par le dessin de Robin Recht, qui prend la suite d’Alex Alice. Le dessin est fort, dĂ©taillĂ©, expressif. Son trait parvient Ă  transcender l’histoire et en cela, c’est une vraie rĂ©ussite. Les couleurs sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussies. Sur le plan graphique, il n’y a rien Ă  redire, c’est du trĂšs beau travail.

Une prĂ©cision cependant : le service marketing assure que cette sĂ©rie peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment de la sĂ©rie originelle. Pour moi, ce serait une grave erreur que de le faire.

Le vrai problĂšme de « Julius » est sa comparaison avec le cycle original. Pris indĂ©pendamment, c’est une excellente bande-dessinĂ©e au scĂ©nario fouillĂ©, au souffle Ă©pique indĂ©niable et au dessin formidable. Une belle osmose entre tous ces auteurs. A lire Ă  tous les fans d’ésotĂ©risme et de religions naissantes.

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Templiers, T2 : Le Graal – Jordan Mechner, LuUyen Pham & Alex Puvilland

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Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution : Avril 2014


« Templiers » est un diptyque nĂ© des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date d’il y a presque un an. EditĂ© chez Akileos, il s’intitule « Le Graal ». L’histoire se dĂ©roule plus prĂšs de deux cent cinquante pages. Le format de l’ouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la mĂȘme que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons Ă  colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupĂ© par une croix rouge brisĂ©e symbolisant la chute du cĂ©lĂšbre ordre religieux Ă©ponyme.

La quatriĂšme de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. VĂ©nĂ©rĂ©s pour leur noblesse, leur fĂ©rocitĂ© dans la bataille, et leur dĂ©votion religieuse, les Templiers Ă©taient des chevaliers de Dieu, exempts de tout pĂ©chĂ© et Ă  l’ñme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement le plus opiniĂątre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient Ă  s’échapper quand le roi de France dĂ©cide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur lĂ©gendaire trĂ©sor. AprĂšs un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux
 voler le plus grand trĂ©sor du monde au nez du roi. »

Une chasse au trésor captivante.

J’avais Ă©tĂ© conquis par le dĂ©but de l’intrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y dĂ©couvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mĂ©saventures nous lient tout de suite Ă  leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passĂ© du statut de chevalier Ă  celui de hors la loi vagabond. Cette chute Ă©tait habilement contĂ©e dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dĂ©nouement avec le projet improbable qu’il partage avec deux compagnons d’infortune : mettre la main sur le lĂ©gendaire trĂ©sor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quĂȘte.

Les premiĂšres pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratĂ©gie. Tout au long de la lecture, j’ai senti montĂ© un suspense fort. Au fur et Ă  mesure qu’ils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiositĂ© est attisĂ©e en permanence. L’envie de faire dĂ©filer les pages est puissante. Je suis obligĂ© de me retenir de dĂ©vorer les planches pour savourer la richesse de chacune d’entre elles. La construction scĂ©naristique est un modĂšle du genre. L’aventure est au rendez-vous !

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« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trĂ©sor. La qualitĂ© d’écriture des diffĂ©rents protagonistes participe au bonheur de la dĂ©couverte. Les Ă©vĂ©nements ne sont pas prĂ©visibles. La sympathie des hĂ©ros ne fait qu’accentuer l’inquiĂ©tude qu’on ressent Ă  leur Ă©gard Ă  chaque Ă©tape de leurs pĂ©rĂ©grinations. Les auteurs arrivent Ă  greffer toute une sĂ©rie d’intrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de l’aventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir Ă  relire cette histoire et Ă  retrouver les pas de Martin et ses acolytes.

Le travail graphique alimente la qualitĂ© de l’ensemble. Le trait possĂšde une belle personnalitĂ©. LeUyen Pham offre des dĂ©cors trĂšs rĂ©ussis. L’immersion dans cette sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la dĂ©couverte de cette sĂ©rie. Elle ravira les adeptes d’aventure et d’époque chevaleresque. La lĂ©gende des Templiers est un support classique de narration Ă©pique, elle est ici habilement exploitĂ©e. Il ne vous reste plus qu’à rejoindre cette quĂȘte mythique


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note5

Choc, T1 : Les fantĂŽmes de Knightgrave, PremiĂšre partie

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Titre : Choc, T1 : Les fantÎmes de Knightgrave, PremiÚre partie
Scénariste : Stéphane Colman
Dessinateur : Éric Maltaite
Parution : Avril 2014


« Monsieur Choc apparaĂźt pour la premiĂšre fois en 1955 dans le journal de Spirou. Créé par le dessinateur Willy Maltaite – dit Will – et par le scĂ©nariste Maurice Rosy, Monsieur Choc est alors destinĂ© Ă  devenir l’indestructible adversaire de Tif et Tondu, tandem de hĂ©ros traditionnels imaginĂ©s par Fernand Dineur en 1938. Avec la crĂ©ation du fascinant Monsieur Choc, Will et Rosy auront donnĂ© Ă  la bande dessinĂ©e l’un des grands mĂ©chants emblĂ©matiques d’un certain Ăąge d’or franco-belge. Presque cinquante ans aprĂšs sa derniĂšre apparition dans une aventure de Tif et Tondu, Monsieur Choc revient sur le devant de la scĂšne. Seul, cette fois ».

Ce prologue prĂ©cĂšde la premiĂšre planche de « Les fantĂŽmes de Knightgrave – PremiĂšre partie », premier tome d’une nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Choc ». Le caractĂšre historique de son hĂ©ros a participĂ© Ă  la visibilitĂ© de sa sortie il y a prĂšs d’un an. Cet aspect n’a pas eu d’influence sur mon attirance Ă  l’égard de cet ouvrage. L’attrait de sa couverture m’a incitĂ© Ă  le feuilleter. Cet homme en costume portant un heaume de chevalier faisait naĂźtre une forte curiositĂ© Ă  son Ă©gard. Debout dans les rayons de la librairie, j’ai commencĂ© Ă  lire les premiĂšres pages. Rapidement, j’ai Ă©tĂ© happĂ© par l’atmosphĂšre qui les habitait. J’ai donc dĂ©cidĂ© de me l’offrir pour profiter de la suite bien confortablement Ă  la maison.

Une intrigue dense aux arcanes nombreux.

Choc1bMon premier contact s’est fait Ă  travers les planches d’Eric Maltaite. Je les trouve remarquables. Les dĂ©cors sont sublimes. Qu’ils soient intĂ©rieurs ou extĂ©rieurs, pleins de vie ou abandonnĂ©s, tous possĂšdent une identitĂ© forte. En tant que lecteur, je me suis plongĂ© avec facilitĂ© au cĂŽtĂ© des diffĂ©rents protagonistes en tout lieu et Ă  toute Ă©poque. De plus le dessinateur arrive Ă  donner des rythmes trĂšs diffĂ©rents mais toujours adaptĂ©s Ă  la grande variĂ©tĂ© des scĂšnes offertes tout au long des quatre-vingt-dix pages de l’album.

« Les fantĂŽmes de Knightgrave » prĂ©sente une intrigue dense aux arcanes nombreux. Maltaire fait preuve de maestria pour jouer avec la chronologie de son rĂ©cit. Ils alternent les flashbacks et le prĂ©sent Ă  un rythme d’une rare frĂ©quence. Ce choix narratif impose une concentration constante du lecteur tout en gĂ©nĂ©rant une curiositĂ© permanente. La seconde lecture est tout aussi intĂ©ressante car elle nous permet de maĂźtriser dans les dĂ©tails le grand d’informations abritĂ©es dans la trame.

Le ton de l’histoire est biographique. Tout est centrĂ© sur ce fameux Monsieur Choc. Les auteurs font le choix de nous conter le cheminement qui l’a menĂ© Ă  son statut de « chevalier malĂ©fique » ou de « crapule publique numĂ©ro un ». MĂȘme si ce personnage m’était inconnu en ouvrant le bouquin, j’ai rapidement compris qu’il ne faisait pas partie des gentils. Pourtant, Ă  aucun moment au cours de la lecture, je n’ai ressenti de l’animositĂ© ou de l’antipathie Ă  son Ă©gard. La subtilitĂ© avec laquelle le scĂ©nario distille les Ă©vĂ©nements au grĂ© des pages alimente l’empathie ressentie Ă  l’égard de cet homme.

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Je suis vraiment curieux de dĂ©couvrir la suite de l’histoire. Je guetterai avec curiositĂ© la parution du second tome. Ce premier acte est, Ă  mes yeux, de qualitĂ©. Son ton et son propos s’adressent Ă  un public large. Grands comme petits y trouveront leur compte. S’offrir cet album ravira toute la famille. Cette lecture m’incite Ă  me plonger dans les aventures de Tif et Tondu mettant en Ɠuvre ce grand mĂ©chant. Je le verrai alors avec un angle diffĂ©rent


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note4

AbĂ©lard, T2 : Une BrĂšve Histoire de PoussiĂšre et de Cendre – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T2 : Une brÚve histoire de poussiÚre et de cendre
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Septembre 2011


« AbĂ©lard » est un diptyque scĂ©narisĂ© par RĂ©gis HautiĂšre et dessinĂ© par Renaud Dillies. Trois mois seulement aprĂšs la sortie du premier tome, voilĂ  que se clĂŽt dĂ©jĂ  l’ensemble avec « Une brĂšve histoire de poussiĂšre et de cendre ». Nous avions laissĂ© AbĂ©lard le petit volatil en partance pour l’AmĂ©rique avec l’ours taciturne Gaston. Nous les retrouvons donc sur le chemin de la ville et du port, espĂ©rant se faire embarquer au plus vite. En effet, AbĂ©lard a entendu dire qu’il y a des machines volantes en AmĂ©rique. Il pourra ainsi dĂ©crocher la Lune pour Epilie, la jeune fille dont il est Ă©pris.

Dans le premier tome, AbĂ©lard faisait un peu office de personnage totalement innocent. N’ayant jamais connu autre chose que le marais, il en sort dĂ©sormais et va aller de surprises en surprises. La mer, la ville et surtout les gens
 Le petit volatil est totalement Ă©tranger Ă  tout. C’est une Ăąme pleine d’innocence lĂąchĂ©e dans un monde brutal. A la fin du premier tome dĂ©jĂ  se dessinait cette Ă©volution, on y entre ici de plein pied. La poĂ©sie fait rapidement place Ă  une noirceur terrible et finalement assez inattendue. En effet, le premier tome Ă©tait plutĂŽt lĂ©ger dans son propos. Le revirement est assez violent.

Un second tome pour les désillusions.

AbĂ©lard n’est en effet pas fait pour vivre dans le monde de la ville. Il n’est pas Ă©merveillĂ© par cet univers nouveau, il s’y retrouve en dĂ©calage total. Comment donc peut-il y trouver sa place ? Seule son amitiĂ© avec Gaston (le rayon de soleil de cet album ?) donne un peu d’espoir en l’humanitĂ©. Car sans Gaston, nul doute qu’AbĂ©lard ne serait pas allĂ© beaucoup plus loin que les abords du marais. D’ailleurs, le personnage de Gaston est assez central ici. Au premier abord violent, intolĂ©rant voire misanthrope, son Ă©volution lui donne le vrai premier rĂŽle de deuxiĂšme volet. 

A la lecture de ce tome, l’intĂ©rĂȘt du diptyque paraĂźt Ă©vident. Alors que le premier tome traitait des illusions (sur l’extĂ©rieur, la ville, l’AmĂ©rique, Epilie
), le deuxiĂšme tome est celui des dĂ©sillusions (sur les mĂȘmes sujets). MalgrĂ© sa poĂ©sie, « AbĂ©lard » est une sĂ©rie au propos bien noir.

Le dessin de Dillies est une fois de plus de haute volĂ©e. L’osmose entre HautiĂšre et Dillies est vraiment une grande rĂ©ussite. L’univers entre innocence, poĂ©sie et noirceur et parfaitement rendu par le trait faussement naĂŻf de Dillies. Son trait Ă©pais et indistinct, trĂšs dynamique, dessine des animaux Ă  l’apparence enfantine. Cet album, plus noir, est colorisĂ© de façon plus sombre globalement et installe par moment un vrai sentiment de malaise.

Tout ce que j’ai dit auparavant ne peut rĂ©ellement rĂ©sumer ce que j’ai ressenti Ă  la lecture de cet album. J’en ai eu des frissons. Il m’a simplement transportĂ© et m’a isolĂ© du monde le temps d’aller de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page. C’est simplement un voyage dont on ne peut pas revenir indemne. Un chef d’Ɠuvre ?

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AbĂ©lard, T1 : La Danse des Petits Papiers – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2011


Renaud Dillies m’avait beaucoup marquĂ© de son trait avec « Betty Blues » et « Bulles et Nacelles » oĂč il dĂ©veloppait un univers plein de poĂ©sie. A la suite d’une rencontre lors d’un festival, j’ai pu dĂ©couvrir son nouvel ouvrage, « AbĂ©lard » (premier tome d’un diptyque) en avant-premiĂšre, oĂč il assure le dessin pendant que RĂ©gis HautiĂšre s’occupe du scĂ©nario. Ce n’est pas la premiĂšre collaboration des deux hommes, qui ont dĂ©jĂ  signĂ©s « Mister Plumb » ensemble.

L’histoire fait intervenir AbĂ©lard, un poussin qui vit dans les marais, entre jeu de cartes et parties de pĂȘche. Ayant toujours vĂ©cu Ă  cet endroit, il ne peut s’empĂȘcher de s’interroger sur l’ailleurs, si inconnu Ă  ses yeux. Une rencontre avec une femme, Epilie, va changer sa vie. Pour elle, il va dĂ©cider de voyager, jusqu’à vouloir partir en AmĂ©rique.

Un road trip sous forme d’initiation.

« AbĂ©lard », aprĂšs une introduction dans les marais, ressemble fort Ă  un road trip sous forme d’initiation. N’ayant vĂ©cu que dans les marais, AbĂ©lard a Ă©tĂ© protĂ©gĂ© du vaste monde et est particuliĂšrement naĂŻf. Cette naĂŻvetĂ© est Ă  la fois trĂšs touchante et drĂŽle. Sa mĂ©connaissance du monde et des gens est vraiment amusante. Ainsi, il se retrouve Ă  voyager avec des gitans sans mĂȘme savoir qu’ils sont trĂšs mal acceptĂ©s par la population. Lui prend les gens comme ils sont, sans trop se poser de questions.

Au-delĂ  de l’apparence parfois simple de l’histoire se dessine une trame qui paraĂźt plus complexe. Ainsi, tout le monde semble connaĂźtre Epilie, lui donnant une image de dangerositĂ© que l’on ne comprend pas. Nul doute que le deuxiĂšme tome explicitera tout ça, mais tout cela participe Ă  une ambiance des plus Ă©tranges. Autre particularitĂ© d’AbĂ©lard : son chapeau lui donne chaque jour un message sous forme de proverbe ou citation. Ces messages, venus dont ne sait oĂč vont avoir une vraie influence sur l’histoire. Une petite curiositĂ© qui donne de la poĂ©sie Ă  l’ensemble.

Car « AbĂ©lard » a une poĂ©sie certaine, Ă  l’image du hĂ©ros qui monte dans un arbre pour « dĂ©crocher la Lune » Ă  sa dulcinĂ©e. Le graphisme surannĂ© fait mouche. Le choix de la palette de couleur met parfaitement en valeur le trait de Dillies. Celui-ci est toujours aussi indistinct et naĂŻf Ă  la fois. Les diffĂ©rents personnages, tous des animaux, sont tous trĂšs rĂ©ussis graphiquement. AbĂ©lard, en poussin naĂźf, est simplement adorable.

Dillies abandonne ici le gaufrier de six cases qu’il affectionne pour un dĂ©coupage plus variĂ©. C’est une rĂ©ussite et le tout tĂ©moigne d’une grande maĂźtrise. Le dessinateur n’hĂ©site pas Ă  prendre une page pour une case (voire mĂȘme deux avec cette incroyable carte de voyage pleine d’humour).

J’ai Ă©tĂ© particuliĂšrement sĂ©duit par « AbĂ©lard » tout au long des 64 pages de ce premier tome. Il me tarde dĂ©jĂ  d’en lire la suite. Son personnage, si naĂŻf, est particuliĂšrement attachant. Le scĂ©nario d’HautiĂšre est taillĂ© pour le style de Dillies. Une petite perle, simplement, rĂ©servĂ©e aux grands enfants. 

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