Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
Critiques de bande-dessinées
Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Octobre 2013
Suivre l’appel qui rĂ©sonne en lui.
Titre : Le TroisiÚme Testament, Julius, T2 : La révélation, 1/2
Scénariste : Alex Alice
Dessinateur : Thimothée Montaigne
Parution : Novembre 2012
Le dĂ©marrage du spin-off du « TroisiĂšme Testament », nommĂ© « Julius », mâavait Ă la fois plu et déçu. La comparaison avec la sĂ©rie initiale Ă©tait Ă son dĂ©savantage, mais la qualitĂ© Ă©tait quand bien mĂȘme au rendez-vous. Pour ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La rĂ©vĂ©lation â 1/2 » (un diptyque dans une sĂ©rie ?), le dessinateur a dĂ©jĂ changĂ©, Robin Recht laissant la place Ă ThimothĂ©e Montaigne. Ce dernier avait officiĂ© dans une sĂ©rie clone du « TroisiĂšme Testament »  intitulĂ© « Le cinquiĂšme Ă©vangile » (qui au passage, change aussi de dessinateur). De plus, Xavier Dorison ne persiste dans cette sĂ©rie que comme initiateur du « concept original ». Bref, jâavoue que je nâĂ©tais pas trĂšs rassurĂ© quand jâai ouvert cette bande-dessinĂ©e.
La nouvelle sĂ©rie, censĂ©e pouvoir ĂȘtre lue sans connaĂźtre la sĂ©rie originale (ce que je dĂ©conseille fortement), prĂ©sente lâhistoire du Sar Ha Sarim, un nouveau messie pour les chrĂ©tiens, quelques dĂ©cennies seulement aprĂšs la venue du Christ. A cĂŽtĂ© de lui, Julius, un gĂ©nĂ©ral romain dĂ©chu qui le pousse Ă sâarmer et Ă repousser les Romains de JudĂ©e. HĂ©las pour lui, le Sar Ha Sarim est adepte de la non-violence et dĂ©cide de partir seul vers lâorient oĂč il sent un appel. MalgrĂ© tout, un petit groupe disparate de soldats et thĂ©ologiens lâaccompagnent. Quand Ă Julius, parfaitement athĂ©e, il nâest lĂ que pour pousser le nouveau messie Ă abandonner sa quĂȘte.
« Julius » reprend un peu le principe de la sĂ©rie. On voyage dans des lieux incroyables, soit par leur beautĂ© (Rome, Babylone), soit par leur terrifiante nature (dĂ©sert de seul, mine de soufre). Ainsi, les ambiances changent beaucoup. AprĂšs deux tomes, lâhistoire nâa pas encore rĂ©ellement avancĂ© et semble dĂ©marrer rĂ©ellement Ă la fin de ce deuxiĂšme opus oĂč le cĂŽtĂ© Ă©pique de la saga reprend ses droits.
Du mal Ă accrocher aux personnages.
Force est de constater que le suspense commence Ă se faire sentir. La Mort rĂŽde et lâApocalypse semble se prĂ©parer au bout du chemin. Je trouve assez fort que lâon soit pris autant par une forme de suspense alors que la fin est connue (pour ceux qui ont lu la sĂ©rie originelle bien sĂ»r). En cela, les auteurs font bien monter la pression.
MalgrĂ© toutes les qualitĂ©s du scĂ©nario, je garde un part de dĂ©ception que jâai du mal Ă Ă©carter. Je pense avoir du mal Ă accrocher aux personnages. Le messie reste un peu trop messie et Julius ne mâest absolument pas sympathique. Je pense que câest lĂ -dessus que jâachoppe vraiment dans cette sĂ©rie. On est trĂšs loin de Marbourg et Elisabeth, mĂȘme la relation entre les deux sâĂ©toffe dans ce tome.
Au niveau du dessin, le changement se ressent dĂšs les premiĂšres pages. ThimothĂ©e Montaigne a un trait plus Ă©pais que son prĂ©dĂ©cesseur. Le dessin est remarquablement rendu. Les personnages sont trĂšs expressifs et leur caractĂšre se lit sur leur visage. Et que dire des paysages ? Montaigne nous gratifie rĂ©guliĂšrement de grandes cases panoramiques splendides. Pour cela, le changement de dessinateur nâest pas du tout synonyme de baisse de qualitĂ©, mĂȘme si jâavoue regretter toujours ce genre dâĂ©vĂšnement. En tout cas, Montaigne avait dĂ©jĂ prouvĂ© dans « Le cinquiĂšme Ă©vangile » son talent, il le confirme ici.
Au final, cette « RĂ©vĂ©lation 1/2 » continue sur la lancĂ©e du premier tome. La fin relance le suspense et lâintĂ©rĂȘt. Si bien que lâon nâattend quâune chose : que cette rĂ©vĂ©lation nous arrive enfin dans les mains !
Titre : Le TroisiĂšme Testament, Julius, T1 : Livre I
Scénaristes : Xavier Dorison & Alex Alice
Dessinateur : Robin Recht
Parution : Septembre 2010
Une sĂ©rie Ă succĂšs est-t-elle condamnĂ©e Ă accoucher dâun spin-off ? AprĂšs un succĂšs amplement mĂ©ritĂ©, « Le TroisiĂšme Testament » revient pour un nouveau cycle. Cette sĂ©rie racontait la quĂȘte de ce fameux troisiĂšme testament qui aurait Ă©tĂ© cachĂ© par un certain Julius de Samarie. Ce nouveau cycle doit donc nous raconter comment Julius sâest retrouvĂ© avec ce prĂ©sent divin et quelle a Ă©tĂ© son histoire. Quelques changements sont Ă prĂ©voir cependant dans lâĂ©quipe : Xavier Dorison prend de la distance sur la sĂ©rie et Robin Recht prend les rĂȘnes au dessin Ă la place dâAlex Alice qui reste au scĂ©nario, au storyboard et⊠à la couverture.
Une quĂȘte de rĂ©demption.
Grosse apprĂ©hension pour le lecteur fan de la sĂ©rie originelle que je suis. Mais « Julius » doit ĂȘtre pris avant tout comme une histoire Ă part. En effet, la pĂ©riode historique nâest pas du tout la mĂȘme (lâAntiquitĂ© contre le Moyen-Ăge), ainsi que le lieu (le Proche-Orient contre lâEurope). Julius est gĂ©nĂ©ral romain, portĂ© en triomphe au dĂ©but de lâouvrage dont on va assister Ă la chute brutale et immĂ©diate (tel Conrad). Comme dans la premiĂšre sĂ©rie, câest donc une quĂȘte de rĂ©demption Ă laquelle on va avoir affaire. Ainsi, Julius est cruel, ambitieux, cupide et athĂ©e. Son contact avec un rabbin juif/chrĂ©tien va bouleverser sa vision des choses et l’amener Ă s’humaniser. Ceux qui connaissent le contenu des fameux rouleaux du voyage de Julius de Samarie savent dĂ©jĂ comment l’histoire se terminera…
Il faut bien avouer que les 80 pages de lâouvrage se lisent dâune traite. 60 ans aprĂšs la venue du Christ, les ChrĂ©tiens font peur Ă Julius. Leur secte prĂŽne la non-violence et ils sont prĂȘts Ă mourir pour leur foi. LĂ oĂč « Le TroisiĂšme Testament » montrait un monde obscurantiste, « Julius » montre un monde avant tout spirituel. La mort et la souffrance sont partout. Les Romains font office de bourreaux dont la cruautĂ© est sans limite. Lâempire qui traite les autres de barbare semble avoir inversĂ© les rĂŽles.
« Julius » est donc trĂšs mystique. Les citations de textes sacrĂ©s et de prophĂštes sont lĂ©gions. Cela donne un souffle Ă©pique Ă lâhistoire. Le tout est renforcĂ© par le dessin de Robin Recht, qui prend la suite dâAlex Alice. Le dessin est fort, dĂ©taillĂ©, expressif. Son trait parvient Ă transcender lâhistoire et en cela, câest une vraie rĂ©ussite. Les couleurs sont Ă©galement trĂšs rĂ©ussies. Sur le plan graphique, il n’y a rien Ă redire, c’est du trĂšs beau travail.
Une prĂ©cision cependant : le service marketing assure que cette sĂ©rie peut ĂȘtre lue indĂ©pendamment de la sĂ©rie originelle. Pour moi, ce serait une grave erreur que de le faire.
Le vrai problĂšme de « Julius » est sa comparaison avec le cycle original. Pris indĂ©pendamment, câest une excellente bande-dessinĂ©e au scĂ©nario fouillĂ©, au souffle Ă©pique indĂ©niable et au dessin formidable. Une belle osmose entre tous ces auteurs. A lire Ă tous les fans dâĂ©sotĂ©risme et de religions naissantes.
Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution :Â Avril 2014
« Templiers » est un diptyque nĂ© des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date dâil y a presque un an. EditĂ© chez Akileos, il sâintitule « Le Graal ». Lâhistoire se dĂ©roule plus prĂšs de deux cent cinquante pages. Le format de lâouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la mĂȘme que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons Ă colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupĂ© par une croix rouge brisĂ©e symbolisant la chute du cĂ©lĂšbre ordre religieux Ă©ponyme.
La quatriĂšme de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. VĂ©nĂ©rĂ©s pour leur noblesse, leur fĂ©rocitĂ© dans la bataille, et leur dĂ©votion religieuse, les Templiers Ă©taient des chevaliers de Dieu, exempts de tout pĂ©chĂ© et Ă lâĂąme pure. Du moins la plupart dâentre eux. Martin nâest pas exactement le plus opiniĂątre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient Ă sâĂ©chapper quand le roi de France dĂ©cide dâabattre lâOrdre des Templiers afin de mettre la main sur leur lĂ©gendaire trĂ©sor. AprĂšs un temps de souffrance et dâerrance, il retrouve dâanciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux⊠voler le plus grand trĂ©sor du monde au nez du roi. »
Une chasse au trésor captivante.
Jâavais Ă©tĂ© conquis par le dĂ©but de lâintrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y dĂ©couvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mĂ©saventures nous lient tout de suite Ă leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passĂ© du statut de chevalier Ă celui de hors la loi vagabond. Cette chute Ă©tait habilement contĂ©e dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dĂ©nouement avec le projet improbable quâil partage avec deux compagnons dâinfortune : mettre la main sur le lĂ©gendaire trĂ©sor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quĂȘte.
Les premiĂšres pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratĂ©gie. Tout au long de la lecture, jâai senti montĂ© un suspense fort. Au fur et Ă mesure quâils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiositĂ© est attisĂ©e en permanence. Lâenvie de faire dĂ©filer les pages est puissante. Je suis obligĂ© de me retenir de dĂ©vorer les planches pour savourer la richesse de chacune dâentre elles. La construction scĂ©naristique est un modĂšle du genre. Lâaventure est au rendez-vous !
« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trĂ©sor. La qualitĂ© dâĂ©criture des diffĂ©rents protagonistes participe au bonheur de la dĂ©couverte. Les Ă©vĂ©nements ne sont pas prĂ©visibles. La sympathie des hĂ©ros ne fait quâaccentuer lâinquiĂ©tude quâon ressent Ă leur Ă©gard Ă chaque Ă©tape de leurs pĂ©rĂ©grinations. Les auteurs arrivent Ă greffer toute une sĂ©rie dâintrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de lâaventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir Ă relire cette histoire et Ă retrouver les pas de Martin et ses acolytes.
Le travail graphique alimente la qualitĂ© de lâensemble. Le trait possĂšde une belle personnalitĂ©. LeUyen Pham offre des dĂ©cors trĂšs rĂ©ussis. Lâimmersion dans cette sociĂ©tĂ© mĂ©diĂ©vale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la dĂ©couverte de cette sĂ©rie. Elle ravira les adeptes dâaventure et dâĂ©poque chevaleresque. La lĂ©gende des Templiers est un support classique de narration Ă©pique, elle est ici habilement exploitĂ©e. Il ne vous reste plus quâĂ rejoindre cette quĂȘte mythiqueâŠ
Titre :Â Choc, T1 : Les fantĂŽmes de Knightgrave, PremiĂšre partie
Scénariste : Stéphane Colman
Dessinateur : Ăric Maltaite
Parution : Avril 2014
« Monsieur Choc apparaĂźt pour la premiĂšre fois en 1955 dans le journal de Spirou. CrĂ©Ă© par le dessinateur Willy Maltaite â dit Will â et par le scĂ©nariste Maurice Rosy, Monsieur Choc est alors destinĂ© Ă devenir lâindestructible adversaire de Tif et Tondu, tandem de hĂ©ros traditionnels imaginĂ©s par Fernand Dineur en 1938. Avec la crĂ©ation du fascinant Monsieur Choc, Will et Rosy auront donnĂ© Ă la bande dessinĂ©e lâun des grands mĂ©chants emblĂ©matiques dâun certain Ăąge dâor franco-belge. Presque cinquante ans aprĂšs sa derniĂšre apparition dans une aventure de Tif et Tondu, Monsieur Choc revient sur le devant de la scĂšne. Seul, cette fois ».
Ce prologue prĂ©cĂšde la premiĂšre planche de « Les fantĂŽmes de Knightgrave â PremiĂšre partie », premier tome dâune nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Choc ». Le caractĂšre historique de son hĂ©ros a participĂ© Ă la visibilitĂ© de sa sortie il y a prĂšs dâun an. Cet aspect nâa pas eu dâinfluence sur mon attirance Ă lâĂ©gard de cet ouvrage. Lâattrait de sa couverture mâa incitĂ© Ă le feuilleter. Cet homme en costume portant un heaume de chevalier faisait naĂźtre une forte curiositĂ© Ă son Ă©gard. Debout dans les rayons de la librairie, jâai commencĂ© Ă lire les premiĂšres pages. Rapidement, jâai Ă©tĂ© happĂ© par lâatmosphĂšre qui les habitait. Jâai donc dĂ©cidĂ© de me lâoffrir pour profiter de la suite bien confortablement Ă la maison.
Une intrigue dense aux arcanes nombreux.
Mon premier contact sâest fait Ă travers les planches dâEric Maltaite. Je les trouve remarquables. Les dĂ©cors sont sublimes. Quâils soient intĂ©rieurs ou extĂ©rieurs, pleins de vie ou abandonnĂ©s, tous possĂšdent une identitĂ© forte. En tant que lecteur, je me suis plongĂ© avec facilitĂ© au cĂŽtĂ© des diffĂ©rents protagonistes en tout lieu et Ă toute Ă©poque. De plus le dessinateur arrive Ă donner des rythmes trĂšs diffĂ©rents mais toujours adaptĂ©s Ă la grande variĂ©tĂ© des scĂšnes offertes tout au long des quatre-vingt-dix pages de lâalbum.
« Les fantĂŽmes de Knightgrave » prĂ©sente une intrigue dense aux arcanes nombreux. Maltaire fait preuve de maestria pour jouer avec la chronologie de son rĂ©cit. Ils alternent les flashbacks et le prĂ©sent Ă un rythme dâune rare frĂ©quence. Ce choix narratif impose une concentration constante du lecteur tout en gĂ©nĂ©rant une curiositĂ© permanente. La seconde lecture est tout aussi intĂ©ressante car elle nous permet de maĂźtriser dans les dĂ©tails le grand dâinformations abritĂ©es dans la trame.
Le ton de lâhistoire est biographique. Tout est centrĂ© sur ce fameux Monsieur Choc. Les auteurs font le choix de nous conter le cheminement qui lâa menĂ© Ă son statut de « chevalier malĂ©fique » ou de « crapule publique numĂ©ro un ». MĂȘme si ce personnage mâĂ©tait inconnu en ouvrant le bouquin, jâai rapidement compris quâil ne faisait pas partie des gentils. Pourtant, Ă aucun moment au cours de la lecture, je nâai ressenti de lâanimositĂ© ou de lâantipathie Ă son Ă©gard. La subtilitĂ© avec laquelle le scĂ©nario distille les Ă©vĂ©nements au grĂ© des pages alimente lâempathie ressentie Ă lâĂ©gard de cet homme.
Je suis vraiment curieux de dĂ©couvrir la suite de lâhistoire. Je guetterai avec curiositĂ© la parution du second tome. Ce premier acte est, Ă mes yeux, de qualitĂ©. Son ton et son propos sâadressent Ă un public large. Grands comme petits y trouveront leur compte. Sâoffrir cet album ravira toute la famille. Cette lecture mâincite Ă me plonger dans les aventures de Tif et Tondu mettant en Ćuvre ce grand mĂ©chant. Je le verrai alors avec un angle diffĂ©rentâŠ
Titre : Abélard, T2 : Une brÚve histoire de poussiÚre et de cendre
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Septembre 2011
« AbĂ©lard » est un diptyque scĂ©narisĂ© par RĂ©gis HautiĂšre et dessinĂ© par Renaud Dillies. Trois mois seulement aprĂšs la sortie du premier tome, voilĂ que se clĂŽt dĂ©jĂ lâensemble avec « Une brĂšve histoire de poussiĂšre et de cendre ». Nous avions laissĂ© AbĂ©lard le petit volatil en partance pour lâAmĂ©rique avec lâours taciturne Gaston. Nous les retrouvons donc sur le chemin de la ville et du port, espĂ©rant se faire embarquer au plus vite. En effet, AbĂ©lard a entendu dire quâil y a des machines volantes en AmĂ©rique. Il pourra ainsi dĂ©crocher la Lune pour Epilie, la jeune fille dont il est Ă©pris.
Dans le premier tome, AbĂ©lard faisait un peu office de personnage totalement innocent. Nâayant jamais connu autre chose que le marais, il en sort dĂ©sormais et va aller de surprises en surprises. La mer, la ville et surtout les gens⊠Le petit volatil est totalement Ă©tranger Ă tout. Câest une Ăąme pleine dâinnocence lĂąchĂ©e dans un monde brutal. A la fin du premier tome dĂ©jĂ se dessinait cette Ă©volution, on y entre ici de plein pied. La poĂ©sie fait rapidement place Ă une noirceur terrible et finalement assez inattendue. En effet, le premier tome Ă©tait plutĂŽt lĂ©ger dans son propos. Le revirement est assez violent.
Un second tome pour les désillusions.
AbĂ©lard nâest en effet pas fait pour vivre dans le monde de la ville. Il nâest pas Ă©merveillĂ© par cet univers nouveau, il sây retrouve en dĂ©calage total. Comment donc peut-il y trouver sa place ? Seule son amitiĂ© avec Gaston (le rayon de soleil de cet album ?) donne un peu dâespoir en lâhumanitĂ©. Car sans Gaston, nul doute quâAbĂ©lard ne serait pas allĂ© beaucoup plus loin que les abords du marais. Dâailleurs, le personnage de Gaston est assez central ici. Au premier abord violent, intolĂ©rant voire misanthrope, son Ă©volution lui donne le vrai premier rĂŽle de deuxiĂšme volet.Â
A la lecture de ce tome, lâintĂ©rĂȘt du diptyque paraĂźt Ă©vident. Alors que le premier tome traitait des illusions (sur lâextĂ©rieur, la ville, lâAmĂ©rique, EpilieâŠ), le deuxiĂšme tome est celui des dĂ©sillusions (sur les mĂȘmes sujets). MalgrĂ© sa poĂ©sie, « AbĂ©lard » est une sĂ©rie au propos bien noir.
Le dessin de Dillies est une fois de plus de haute volĂ©e. Lâosmose entre HautiĂšre et Dillies est vraiment une grande rĂ©ussite. Lâunivers entre innocence, poĂ©sie et noirceur et parfaitement rendu par le trait faussement naĂŻf de Dillies. Son trait Ă©pais et indistinct, trĂšs dynamique, dessine des animaux Ă lâapparence enfantine. Cet album, plus noir, est colorisĂ© de façon plus sombre globalement et installe par moment un vrai sentiment de malaise.
Tout ce que jâai dit auparavant ne peut rĂ©ellement rĂ©sumer ce que jâai ressenti Ă la lecture de cet album. Jâen ai eu des frissons. Il mâa simplement transportĂ© et mâa isolĂ© du monde le temps dâaller de la premiĂšre Ă la derniĂšre page. Câest simplement un voyage dont on ne peut pas revenir indemne. Un chef dâĆuvre ?
Titre : Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2011
Renaud Dillies mâavait beaucoup marquĂ© de son trait avec « Betty Blues » et « Bulles et Nacelles » oĂč il dĂ©veloppait un univers plein de poĂ©sie. A la suite dâune rencontre lors dâun festival, jâai pu dĂ©couvrir son nouvel ouvrage, « AbĂ©lard » (premier tome dâun diptyque) en avant-premiĂšre, oĂč il assure le dessin pendant que RĂ©gis HautiĂšre sâoccupe du scĂ©nario. Ce nâest pas la premiĂšre collaboration des deux hommes, qui ont dĂ©jĂ signĂ©s « Mister Plumb » ensemble.
Lâhistoire fait intervenir AbĂ©lard, un poussin qui vit dans les marais, entre jeu de cartes et parties de pĂȘche. Ayant toujours vĂ©cu Ă cet endroit, il ne peut sâempĂȘcher de sâinterroger sur lâailleurs, si inconnu Ă ses yeux. Une rencontre avec une femme, Epilie, va changer sa vie. Pour elle, il va dĂ©cider de voyager, jusquâĂ vouloir partir en AmĂ©rique.
Un road trip sous forme d’initiation.
« AbĂ©lard », aprĂšs une introduction dans les marais, ressemble fort Ă un road trip sous forme dâinitiation. Nâayant vĂ©cu que dans les marais, AbĂ©lard a Ă©tĂ© protĂ©gĂ© du vaste monde et est particuliĂšrement naĂŻf. Cette naĂŻvetĂ© est Ă la fois trĂšs touchante et drĂŽle. Sa mĂ©connaissance du monde et des gens est vraiment amusante. Ainsi, il se retrouve Ă voyager avec des gitans sans mĂȘme savoir quâils sont trĂšs mal acceptĂ©s par la population. Lui prend les gens comme ils sont, sans trop se poser de questions.
Au-delĂ de lâapparence parfois simple de lâhistoire se dessine une trame qui paraĂźt plus complexe. Ainsi, tout le monde semble connaĂźtre Epilie, lui donnant une image de dangerositĂ© que lâon ne comprend pas. Nul doute que le deuxiĂšme tome explicitera tout ça, mais tout cela participe Ă une ambiance des plus Ă©tranges. Autre particularitĂ© dâAbĂ©lard : son chapeau lui donne chaque jour un message sous forme de proverbe ou citation. Ces messages, venus dont ne sait oĂč vont avoir une vraie influence sur lâhistoire. Une petite curiositĂ© qui donne de la poĂ©sie Ă lâensemble.
Car « AbĂ©lard » a une poĂ©sie certaine, Ă lâimage du hĂ©ros qui monte dans un arbre pour « dĂ©crocher la Lune » Ă sa dulcinĂ©e. Le graphisme surannĂ© fait mouche. Le choix de la palette de couleur met parfaitement en valeur le trait de Dillies. Celui-ci est toujours aussi indistinct et naĂŻf Ă la fois. Les diffĂ©rents personnages, tous des animaux, sont tous trĂšs rĂ©ussis graphiquement. AbĂ©lard, en poussin naĂźf, est simplement adorable.
Dillies abandonne ici le gaufrier de six cases quâil affectionne pour un dĂ©coupage plus variĂ©. Câest une rĂ©ussite et le tout tĂ©moigne dâune grande maĂźtrise. Le dessinateur nâhĂ©site pas Ă prendre une page pour une case (voire mĂȘme deux avec cette incroyable carte de voyage pleine dâhumour).
Jâai Ă©tĂ© particuliĂšrement sĂ©duit par « AbĂ©lard » tout au long des 64 pages de ce premier tome. Il me tarde dĂ©jĂ dâen lire la suite. Son personnage, si naĂŻf, est particuliĂšrement attachant. Le scĂ©nario dâHautiĂšre est taillĂ© pour le style de Dillies. Une petite perle, simplement, rĂ©servĂ©e aux grands enfants.Â
Titre : Barracuda, T3 : Duel
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2012
Les pirates ont un cĂŽtĂ© fascinant qui attire irrĂ©mĂ©diablement mes espoirs dâaventures bĂ©dĂ©philes. MĂȘme si les outils construisant la narration sont souvent les mĂȘmes, je prends toujours plaisir Ă suivre ses histoires de chasse au trĂ©sor, de voyages au bout du monde et de pĂ©rĂ©grinations de flibustiers. « Barracuda », par la couverture de son premier opus, a immĂ©diatement attirĂ© mon regard. Une fois lâouvrage dĂ©couvert, jâai irrĂ©mĂ©diablement conquis. Le deuxiĂšme acte avait confirmĂ© la qualitĂ© de la saga. CâĂ©tait donc avec joie que je me suis offert en novembre dernier le troisiĂšme tome rĂ©cemment paru et intitulĂ© « Duel ». On y dĂ©couvre Emilio, habillĂ© tel un gentilhomme, tĂȘte baissĂ©e, sous une nuit orageuse. Le travail sur les couleurs est remarquable, lâimmersion instantanĂ©e. Nous voilĂ de nouveau plongĂ© sur lâĂźle de Puerto Blanco.
Le scĂ©nario est le fruit du travail de Jean Dufaux dont jâavais apprĂ©ciĂ© « Murena ». La particularitĂ© de sa saga est quâon est quasiment jamais en mer. Plus des trois quarts de lâintrigue se dĂ©roule sur lâĂźle prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©e. Elle est rĂ©gie par les lois de la piraterie et nous fait rencontrer une communautĂ© aux personnalitĂ©s tranchĂ©es et souvent inquiĂ©tantes. LâunitĂ© de lieu offre de fortes interactions entre les diffĂ©rents protagonistes et fait de la trame une toile dâaraignĂ©e aux nombreuses ramifications. Cela a pour consĂ©quence Ă©galement de partager le quotidien de tout ce beau monde et rend chacun familier. Les personnages possĂšdent une rĂ©elle identitĂ© tant sur le plan graphique que scĂ©naristique. Aucun ne nous laisse indiffĂ©rent. Je me garderai de vous faire le listing des diffĂ©rents habitants. Ce serait vous gĂącher le plaisir de les rencontrer et les dĂ©couvrir. Evidemment, chacun ne gĂ©nĂšre pas chez le lecteur les mĂȘmes sentiments. On sâattache Ă certains, dâautres font naitre de la compassion. On ressent parfois de la peur ou on rit de certaines mĂ©saventures. Au final, on nâest pleinement impliquĂ© dans le quotidien contĂ© dans cet ouvrage.
Luttes de pouvoir & jalousie
Les deux premiers albums Ă©taient sĂ©parĂ©s par une vraie rupture chronologique. Les enfants quâon avait quittĂ©s Ă©taient devenus des jeunes hommes et jeunes femmes. Cela donnait le sentiment que le deuxiĂšme acte marquait un nouveau dĂ©part pour la sĂ©rie. « Duel » est dans la continuitĂ© de lâopus prĂ©cĂ©dent. On retrouve les personnages Ă lâendroit oĂč on les avait plus ou moins laissĂ©s. Chacun a trouvĂ© sa place. On dĂ©couvre ici de nouvelles tensions, de nouveaux drames Ă venir. Lâintrigue principale avance relativement peu. Jâai souvent tendance Ă le reprocher Ă ces sagas au long cours. Je ne le ferai pas ici tant les Ă©vĂ©nements vĂ©cus sur lâĂźle sont prenants et envoutants. Lâamour cachĂ© entre Raffy et Maria est lourd de consĂ©quence. Le dĂ©sir de vengeance dâEmilio est intense et offrira des combats homĂ©riques. Comme toute sociĂ©tĂ©, les luttes de pouvoir et les jalousies sont les rouages du quotidien. Quant au Barracuda, on le voit accoster sur une Ăźle des plus angoissantes dans sa quĂȘte du trĂ©sor maudit. Bref, il y a de quoi sâoccuper et la lecture sâavĂšre intense et saisissante.
Les dessins sont lâĆuvre de JĂ©rĂ©my. Jâai dĂ©couvert cet auteur en mĂȘme temps que cette sĂ©rie. Mon premier contact avec son trait a Ă©tĂ© relativement neutre. Je trouvais les personnages relativement froids au niveau de leurs expressions. Mais lâimpression initiale a vite Ă©tĂ© noyĂ©e par le plaisir que jâai pris Ă le voir faire naitre des scĂšnes Ă lâampleur forte. Son travail sur les corps et les volumes, sa capacitĂ© Ă crĂ©er des dĂ©cors, sa maniĂšre Ă jouer avec les couleurs pour faire naitre des ambiances fortes font que le dĂ©paysement est total. Il sâagit dâune condition indispensable Ă une lecture agrĂ©able. JĂ©rĂ©my la remplit aisĂ©ment. Le combat entre Emilia et Morkat est Ă©pique. On sent la violence du combat. On sent lâhumiditĂ© de la pluie. On perçoit lâatmosphĂšre orageuse qui abrite ce duel sur la plage.
En conclusion, ce troisiĂšme tome consolide lâaffection que je porte Ă cette sĂ©rie. Je lâai lu avec un plaisir fort et jâai senti une frustration en refermant le bouquin, une fois terminĂ©. Il ne me reste plus quâĂ attendre la sortie du quatriĂšme tome. Lâintrigue est suffisamment vague et dense pour quâon devine difficilement oĂč veulent nous mener les auteurs. Dans le cas prĂ©sent, le sentiment dâavancer Ă lâaveugle et dâĂȘtre perdu nâest pas dĂ©sagrĂ©able, bien au contraire. Je ne peux donc que conseiller aux adeptes de pirates de partir Ă la rencontre de cette sĂ©rie. Elle vaut largement le dĂ©tour et ravira les adeptes du genre. Et ils sont nombreuxâŠ
Note : 17/20
Titre : Barracuda, T4 : RĂ©voltes
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2013
Les pirates mâont toujours fascinĂ©. Ils sont hors-la-loi et aventuriers. Ils ont des looks inĂ©galables et leur code dâhonneur est lĂ©gendaire. Bref, tous les ingrĂ©dients sont rĂ©unis pour en mettre plein les mirettes. « Long John Silver » de Dorison et Jauffray a ouvert rĂ©cemment une renaissance pour le genre dans le neuviĂšme art. « Barracuda » nĂ© de la plume de Jean Dufaux et JĂ©rĂ©my sâinscrit dans cette lignĂ©e. Ma critique dâaujourdâhui porte sur quatriĂšme de tome de cette saga intitulĂ© « RĂ©voltes ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage de cinquante-six pages coĂ»te quatorze euros. Il nous offre une couverture splendide. Le personnage reprĂ©sentĂ© affronte notre regard de face. Il semble Ă©merger de lâeau, prĂȘt Ă en dĂ©coudre. Les tons chromatiques bleus nuit font naĂźtre une atmosphĂšre envoĂ»tante de cette illustration. La quatriĂšme de couverture nous annonce : « Pas de pitiĂ©. Pour personne. Jamais. » Tout un programmeâŠ
Le dĂ©but de la narration est prĂ©cĂ©dĂ© par un rĂ©sumĂ© du tome prĂ©cĂ©dent : « Puerto Blanco rĂ©vĂšle ses secrets⊠La liaison entre Maria et Raffy est dĂ©voilĂ©e. Ferrango fait payer cher ses annĂ©es dâhumiliation : le corps du jeune homme est marquĂ© Ă vie et Marie est vendue Ă Morkam. Mais celui-ci nâen profitera pas. Emilio lâachĂšve sans pitiĂ©, comme Mr Flynn lâa Ă©tĂ©. Dans une ambiance feutrĂ©e, les dĂ©couvertes ne sont pas moindres : la gouverneure Ă©tait la maĂźtresse du Faucon Rouge ! ⊠et le danger guette. Tandis que le Barracuda se rapproche des cĂŽtes, porteur de la malĂ©diction du diamant du Kashar, le capitaine de La Loya et ses deux galions espagnols attaquent lâĂźle ! »
Une intrigue terrienne
Beaucoup de trames narratives mettant en Ćuvre des pirates se construisent autour dâĂ©popĂ©e maritime vers des terres inconnues en quĂȘte de trĂ©sors lĂ©gendaires. « Barracuda » se dĂ©marque de ces codes en dĂ©roulant une intrigue quasiment uniquement terrienne. Sur les trois premiers tomes, trĂšs peu de planches se dĂ©roulent en mer. Cet angle de vue sur ce fascinant univers de flibustiers est intĂ©ressant et offre une identitĂ© originale Ă la sĂ©rie de Dufaux et JĂ©rĂ©my. « RĂ©voltes » ne dĂ©roge pas Ă la rĂšgle. Seules les trois derniĂšres pages se dĂ©roulent sur lâeau et Ă aucun moment nous ne nous Ă©loignons des rives de Puerto Blanco.
La localisation de lâhistoire sâinscrit dans la continuitĂ© des Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents. Par contre, lâambiance change. LâĂ©quilibre qui semblait rĂ©gir la vie sur lâĂźle est complĂštement chamboulĂ©. La rĂ©volution est en marche. Elle se construit sur plusieurs plans. Les statuts des uns et des autres sont chamboulĂ©s. Les rapports sociaux hiĂ©rarchiques sont amenĂ©s Ă ĂȘtre bouleversĂ©s. Le scĂ©nario dĂ©gage avec talent cette atmosphĂšre de chaos qui accompagne la lecture. Le lecteur ressent avec intensitĂ© ce sentiment dâangoisse qui existe Ă chaque coin de rue. Il est compliquĂ© de savoir de quoi sera fait le lendemain tant les batailles se multiplient et les camps sont nombreux. Cet ouvrage est vraiment une belle rĂ©ussite en arrivant Ă maintenir son rythme effrĂ©nĂ© et oppressant du dĂ©but Ă la fin.
Le plaisir dĂ©gagĂ© par cette sĂ©rie dĂ©coule en partie de lâempathie gĂ©nĂ©rĂ©e par son trio de personnages principaux. Ils sont tout justes sortis de lâadolescence. Lâun est fils de pirate, le second est une fille de noble espagnol et le dernier est Ă lâidentitĂ© sexuelle indĂ©finie. Ils sont liĂ©s par leurs trajectoires et leurs destins. Chacun possĂšde une identitĂ© et une aura qui touche le lecteur. De plus, le fait quâils soient trois densifie ainsi lâintensitĂ© dramatique et Ă©motionnelle de lâhistoire. « RĂ©voltes » ne déçoit pas sur cet aspect. En effet, les rĂ©voltes en cours ne prĂȘchent pas forcĂ©ment pour la survie paisible de nos hĂ©ros. La lecture est donc intense tant lâinquiĂ©tude pour le devenir de tout ce beau monde est forte.
Pour conclure, cet album est un bon cru. Il sâinscrit parfaitement dans la continuitĂ© des trois prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes tout en changeant le rythme et le ton de la narration. Comme Ă son habitude, Dufaux arrive Ă faire naĂźtre de vraies interrogations de sa derniĂšre planche et attise ardemment la curiositĂ© de son lecture dans lâattente du tome suivant. Mais cela est une autre histoireâŠ
Note : 16/20
Titre : Barracuda, T5 : Cannibales
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Juin 2015
DĂ©jĂ le cinquiĂšme tome pour « Barracuda ». ScĂ©narisĂ© par le vĂ©tĂ©ran Jean Dufaux et dessinĂ© par le novice JĂ©rĂ©my, cette sĂ©rie de pirates a crĂ©Ă© la sensation dĂšs le dĂ©part avec son dessin splendide et son scĂ©nario impitoyable. Mais une fois quatre tomes derriĂšre, comment Ă©viter que le tout sâenlise inĂ©luctablement ? Car on sait bien quâune sĂ©rie qui fonctionne bien est souvent rallongĂ©e. Est-ce le cas ici ? Le tout est publiĂ© chez Dargaud sous la forme dâun album classique.
Le titre de lâouvrage spoile un peu lâhistoire en sâintitulant « Cannibales »⊠Toujours est-il quâon plonge rĂ©ellement dans lâhistoire de base autour du capitaine Blackdog et du diamant du Kashar. Jean Dufaux nous avait habituĂ©s Ă donner Ă chaque tome son unitĂ©. Câest le cas ici. MalgrĂ© quelques Ă©vĂ©nements sur lâĂźle de Puerto Blanco, lâessentiel de lâouvrage se passe sur une Ăźle perdue peuplĂ©e de cannibales.
Des codes classiques de la piraterie.
Encore une fois, les auteurs utilisent les codes classiques de la piraterie pour nous sĂ©duire. Ăle perdue, cannibales, maladies, recherche de trĂ©sor, trahisons⊠Le tout se lit avec plaisir, Jean Dufaux n’oubliant pas d’ajouter une bonne dose de barbarie pour nous Ă©mouvoir. MalgrĂ© tout, le propos est moins fort que dans les tomes prĂ©cĂ©dents.  Certes, il y a des cannibales, mais on ne sent jamais vraiment les personnages en danger. Ces derniers évoluent dĂ©sormais moins et on se retrouve dans une action/aventure plus classique. On pense Ă Barbe-Rouge par moments. La premiĂšre partie de la sĂ©rie, qui construisaient les (jeunes) personnages Ă©tait plus intĂ©ressante que la seconde, plutĂŽt basĂ©e sur l’action.
AprĂšs avoir passĂ© beaucoup de temps sur Puerto Blanco (ce qui semblait finalement le thĂšme de la sĂ©rie malgrĂ© la rĂ©fĂ©rence au navire Barracuda), on sâen Ă©loigne donc. MalgrĂ© tout, la fin du livre donne lâidĂ©e dâun final sur lâĂźle (le tome 6 doit clore le rĂ©cit). Nous avons donc ici un tome de transition.
Câest Blackdog qui donne ici de la puissance au rĂ©cit. Sa gueule, son caractĂšre, son obsession en font un personnage fort. TrĂšs peu prĂ©sent aprĂšs le premier tome, il revient pour mieux terroriser tous les autres protagonistes. VĂ©ritable fantĂŽme, il est le facteur X de lâhistoire : incontrĂŽlable et dangereux.
Au niveau du dessin, JĂ©rĂ©my continue de nous enchanter avec des planches de toute beautĂ©. Il nâhĂ©site pas Ă jouer des couleurs, mettant en valeur les rouges de façon obsessionnelle. Ses ambiances sont rĂ©ussies et ses personnages ont tous des gueules bien identifiĂ©s. Cependant, je lâai trouvĂ© un peu moins marquant, mais peut-ĂȘtre est-ce seulement que je me suis habituĂ© Ă son style. Un auteur qui sâest rĂ©vĂ©lĂ© dĂšs le premier tome et quâon aura le plaisir de retrouver dans dâautres sĂ©ries plus tard.
Ce tome 5 mâa laissĂ© un peu sur ma faim. « Barracuda » commençait Ă sâessouffler et le sixiĂšme et dernier tome arrivera Ă point nommĂ©. Tout est dĂ©sormais bien posĂ© pour un final en apothĂ©ose. En espĂ©rant que les auteurs arriveront Ă refermer les nombreuses histoires secondaires quâils ont dĂ©veloppĂ©es. Quant aux personnages, on se demande bien qui arrivera Ă survivre Ă la boucherie qui sâannonce !
Note : 14/20