Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire – Nicolas Barral & Pierre Veys

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Mars 2005


Si je vous parle de Philip et Francis, les plus bédéphiles d’entre vous penserons tout de suite à Blake et Mortimer, les célèbres héros nés de l’imagination d’Edgard P. Jacobs. Mon avis d’aujourd’hui va parler de leurs « cousins » nés sous les plumes de Pierre Veys et Nicolas Barral. Ces derniers ont écrit chez Dargaud un tome intitulé « Menaces sur l’Empire » dans la série nommée « Les aventures de Philippe et Francis ». D’un format classique et vendu au prix de presque quatorze euros, cette saga se présente comme très librement inspirée des personnages créés par Jacobs. « Menaces sur l’empire » est le premier tome de cette série parodique qui en comporte pour l’instant deux.

La quatrième de couverture de l’ouvrage nous offre un résumé de l’intrigue particulièrement clair : « Depuis quelques semaines, d’étranges phénomènes secouent le cœur de l’empire britannique. Londres vit des heures tragiques : les femmes se rebellent et entreprennent des actions spectaculaires et délirantes pour se libérer du joug de la domination masculine… On s’aperçoit ainsi que la stabilité de la société anglaise dépend entièrement de la discipline stricte qu’elles respectaient jusqu’alors. Ce changement de comportement annonce-t-il une catastrophe sans précédent ? D’où vient cette terrible menace ? Qui a intérêt à saper les fondements de cette brillante civilisation ? » 

Il est évident que cet album prend toute son ampleur quand il est lu par des adeptes de la série dont ils s’inspirent. Une méconnaissance des deux héros et de l’esprit de leurs histoires empêche de profiter pleinement de l’humour qui accompagne notre lecture. Du fait de son aspect parodique, il est évident que le ton de la narration est léger. Néanmoins, cela n’empêche pas l’histoire d’être composée d’une trame structurée. Cet album se veut indépendant et décrit du début à la fin une aventure de nos deux héros.

Une trame construite fidèlement sur les jalons posés par Jacob.

La lecture des premières pages nous fait découvrir des personnages familiers et pourtant plein de surprises. Ce cher Mortimer est un scientifique qui ne pense qu’à manger et qui semble avoir bien du mal à se concentrer sur les problèmes du royaume. De son côté, Blake est loin d’être le membre des services secrets que nous avons l’habitude de croiser. Il est ici un homme qui habite encore chez sa mère et qui ne semble pas posséder un charisme remarquable. Néanmoins, malgré ces différences, les auteurs respectent les codes de la série. La trame est construite plutôt fidèlement aux jalons posés par Jacob. Les différents personnages y possèdent leur place habituelle. La surprise réside davantage à la manière avec laquelle ils occupent leur place. Les auteurs arrivent à manipuler avec une certaine réussite les clichés de la série. Je n’ai eu aucun mal à me plonger dans cette aventure et ai pris énormément de plaisir à voir tous ces personnages de bandes dessinées raillés et tournés en bourrique.

Côté dessins, le trait est bien moins classique que celui si célèbre de Jacob. Les traits des personnages sont plus arrondis. Leurs visages sont plus expressifs. Sur cet aspect-là, la série est moins froide. Néanmoins les couleurs, les décors sont globalement fidèles à la série de départ. En feuilletant rapidement l’ouvrage, on pourrait s’y méprendre. Cela rend d’ailleurs le pastiche d’autant plus réussi. En effet, en respectant beaucoup de codes, en laissant bon nombres de repères aux lecteurs, les auteurs lui permettent de rire d’autant plus facilement de cet ouvrage.

En conclusion, j’ai passé un moment très agréable en lisant cet opus. Je ne regrette vraiment pas de me l’être fait offrir. Il est évident que les personnes non familières de l’univers de Blake et Mortimer n’ont que peu d’intérêt à s’y plonger. Pour les autres, je vous garantis une lecture très sympathique. Je trouve que cet album répond parfaitement aux attentes qu’on place en lui. De plus, il ne baisse pas en qualité tout au long de l’avancée de l’histoire. C’est à signaler parce que trop souvent dans les ouvrages caricaturaux, le soufflet humoristique disparaît trop tôt. Ce n’est pas ici le cas. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agréable rencontre avec ces « cousins » de nos célèbres serviteurs de la couronne britannique…

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Note : 13/20

Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. mĂ©tĂ©o – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. météo
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Septembre 2014


Un des indicateurs d’une série appartenant à l’Histoire du neuvième art est le fait que ses codes ont transpiré de ses albums au point de servir de support à la dérision et au pastiche. « Blake & Mortimer » possède cette caractéristique depuis la naissance il y a quelques années de sa jumelle caricaturale intitulée « Les aventures de Philip et Francis ». Elle est le fruit de la collaboration du scénariste Pierre Veys et du dessinateur Nicolas Barral. Ma critique d’aujourd’hui porte sur son troisième épisode « S.O.S. Météo » paru en septembre dernier chez Dargaud.

La quatrième de couverture nous offre la mise en bouche suivante : « Tout le monde la sait : le professeur Mortimer est gentil. Très gentil. Un peu trop, même. Ce qui fait que beaucoup de ses proches en abusent largement. Le capitaine Blake s’impose chez Mortimer avec un sans-gêne assumé. Nasir, le fidèle serviteur, tient tête à son maître, et ose même évoquer le hideux concept d’augmentation de ses gages. Les commerçants indélicats le traitent avec mépris. Les voyous du quartier le martyrisent et l’humilient depuis des années… Mais cela a assez duré ! Grâce à une terrible invention scientifique, notre charmant professeur va se transformer en une créature monstrueuse ! Prisonnier de ses instincts criminels incontrôlables, Mortimer va-t-il l’ennemi public numéro un ? »

Des références qui raviront les habitués de leurs aventures.

PhilipEtFrancis3b« S.O.S. Météo » est clairement un hommage à « S.O.S. Météore » un des plus opus les réussis de la saga. Il est d’ailleurs clairement évoqué au cours de l’histoire. La célèbre machine créée par le scientifique Miloch est présente. Les références à l’univers des célèbres héros britanniques sont fréquentes et raviront les habitués de leurs aventures. Une connaissance de la série de Jacobs me paraît indispensable pour saisir l’ensemble du spectre humoristique de l’album. Il s’agit d’un pastiche de qualité dans le sens où les codes originaux sont détournés à de nombreux moments et de nombreuses manières. L’idée de départ est originale et elle s’avère bien exploitée.

PhilipEtFrancis3cNéanmoins, l’ouvrage peut se lire comme une histoire indépendante dénuée de toute filiation prestigieuse. L’intrigue peut se découvrir comme une parodie d’enquête policière. Tous les aspects du genre sont tournés en dérision. Le travail d’écriture de Pierre Veys est suffisamment important pour offrir une quantité de gags appréciable. L’avancée est rythmée et la trame ne possède aucun temps mort. Le sourire guide la lecture du début à la fin. C’est un album qui se lit avec bonne humeur.

« S.O.S. Météo » est un vrai moment de divertissement. Le scénario n’est pas lutionnaire, les personnages ne possèdent pas une profondeur abyssale, l’atmosphère n’est pas envoutante. Malgré cela le déroulement des pages se fait avec plaisir et la curiosité est constante au fur et à mesure que les événements se révèlent. Sur le plan graphique, le trait de Nicolas Barral accompagne parfaitement la narration. Son dessin participe à l’ambiance délurée et sympathique qui transpire de chaque planche. Son style ne bouleverse pas le neuvième art mais valorise correctement le travail scénaristique.

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Pour conclure, « S.O.S. Météo » est un album de qualité. En découvrant le menu, les papilles sont éveillées. Après dégustation, je me suis dit que le plat était à la hauteur des attentes. Je pense que tout adepte de « Blake & Mortimer » gagnerait à se plonger dans cet hommage haut en couleur. Ce nouvel album confirme la qualité du travail collaboratif de Pierre Veys et Nicolas Barral et j’attends avec impatience la suite des pérégrinations de ces deux héros délurés…

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Note : 13/20

Le grand rouge – Wouzit

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Titre : Le grand rouge
Scénariste : Wouzit
Dessinateur : Wouzit
Parution : Mars 2011


Créé en 2009, le site web Manolosanctis avait donné plein d’espoirs aux dessinateurs de BD amateurs, heureux de trouver une plateforme de publication en ligne d’une rare efficacité. Mais surtout, Manolosanctis s’est mué l’espace de quelques temps en éditeur, ce qui causa sa perte. L’éditeur ferma, le site web avec. Si tous les livres de l’éditeur ne sont pas mémorables, force est de constater que quelques auteurs atypiques avaient été révélés par l’éphémère maison d’édition, que ce soit par des albums personnels ou collectifs. Parmi eux, Wouzit, qui publia « Le grand mort » chez Manolosanctis, un one-shot de 120 pages.

LeGrandRouge1Tout commence alors qu’Ivan échoue sur une île qui se révèle des plus étranges. Il va alors tenter de survivre dans cet environnement peu hospitalier, tel un Robinson. Le livre nous dévoile alors comme ce petit malfrat s’est retrouvé dans cette situation, capturé et condamné pour avec son compagnon William.

Construite sous forme de chapitres comme autant de flashbacks, la narration saute donc d’un univers à l’autre. D’un côté, Ivan est perdu seul sur une île et on essaie de comprendre ce qu’est cette île. De l’autre, Ivan fuit et on se demande s’il va s’en sortir, présageant que cette histoire passée expliquera l’histoire future. Cette narration montre sa pertinence en ménageant le suspense. Car Wouzit prend son temps et les révélations qu’attend le lecteur seront bien tardives.

Une narration et un rythme parfaitement maîtrisés.

Sans être forcément des plus impressionnants, le scénario est donc parfaitement servi par un procédé de flashbacks bien mené. Le rythme fait ici toute la différence. Surtout que les parties sur l’île sont souvent muettes, contrairement aux parties en ville. C’est d’ailleurs une des forces de l’ouvrage : Wouzit parvient à raconter les choses en muet. Il n’use quasiment jamais des onomatopées, si bien que les scènes d’action sont très silencieuses !

Au niveau du dessin, le style de Wouzit est particulier et assez simple. On oscille entre un dessin qui se veut moderne et une ligne claire plus classique. Malgré tout, les cases sont fouillées et sa construction de l’île force le respect par sa créativité. Cette île nous paraît terriblement étrange alors qu’elle n’est pas finalement si éloignée de nos codes. L’utilisation des couleurs en aplats simples renforce l’aspect ligne claire, même si le travail est vraiment abouti. La colorisation, simple au premier abord, est très réussie, donnant des ambiances avec beaucoup de subtilité, que ce soit pour les scènes sur l’île ou les scènes de nuit.

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C’est un livre des plus sympathiques qui nous est donc proposé. Sans être transcendant au niveau du dessin ou du scénario, toute la réalisation permet à l’ouvrage de passer un cap. La narration et le rythme sont bien menés, le style de dessin et les choix de couleurs sont pertinents. Du beau travail.

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Note : 14/20

Le loup des mers – Riff Reb’s

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Titre : Le loup des mers
ScĂ©nariste : Riff Reb’s
Dessinateur : Riff Reb’s
Parution : Novembre 2012


Les récits de piraterie ont toujours exercé une forme de fascination auprès du lectorat. La rudesse des hommes, la nature impitoyable et la mer, à perte de vue. Ainsi, alors que le sujet avait poussé Jack London à écrire un roman sur le sujet, Riff Reb’s s’empare de l’histoire de ce dernier pour la mettre en images. N’ayant pas lu le roman dont il est question, je me garderai de toute comparaison. Le livre, présenté sous un format comics, pèse pas moins de 130 pages et est publiée dans la collection Noctambule aux éditions Soleil.

L’histoire commence alors que Humphrey Van Weyden prend le bateau pour rejoindre l’un des ses amis. L’homme est un gentleman, critique littéraire de métier. Seulement, le voyage tourne court suite à une mauvais grain entraînant un naufrage dramatique pour l’homme. Ce dernier est recueilli alors par Loup Larsen, un pirate qui enrôle l’homme de force comme mousse.

Un lien fait de haine et de fascination.

On suit alors la survie d’Humphrey à bord du navire. Là-dessus, rien de nouveau sous les tropiques. D’abord trop fragile, il va finir par s’aguerrir, se faire des alliés et monter dans la hiérarchie. Son côté intellectuel plaît à Loup Larsen qui, sous ses dehors cruels, possède une culture des plus impressionnantes. Un lien se crée entre les deux hommes, fait de haine et de fascination. Clairement, c’est là-dessus que le livre propose toute sa force. Le sujet est traité avec subtilité. Les changements d’attitude des personnages entre eux sont finement amenés, jusqu’au bout de l’aventure.

LeLoupDesMers2Cependant, outre les relations humaines, on est pris d’empathie pour Humphrey et le véritable suspense de l’ouvrage est ici : pourra-t-il se soustraire de Loup Larsen ? Une quête qui paraît impossible tant le capitaine possède un côté surnaturel exacerbé par son charisme. Si bien que le lecteur tombe aussi sous le charme de ce personnage fort et atypique.

La construction de l’ouvrage est basé essentiellement sur une narration omniprésente qui cite, je le suppose, des passages du livre. On lit donc l’histoire racontée par Humphrey. Le livre est constitué de dix-sept chapitres agencés chronologiquement.

Graphiquement, Riff Reb’s frappe très fort. Mélange de différentes techniques, son graphisme est simplement splendide. Outre ses personnages, aux attitudes fortes, c’est dans la représentation de la mer qu’il explose littéralement. Plus les scènes semblent difficiles à dessiner, plus elles sont réussies. Les tempêtes sont ainsi magistralement rendues. Le tout est colorisé de façon monochrome, chaque chapitre possédant sa propre couleur. Un choix payant tant l’ouvrage est fort sur ce point-là. Outre la dureté du propos, Riff Reb’s accentue le tout avec un dessin à la fois personnel et puissant. Du grand art.

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Si le sujet du « Loup des mers » n’est pas vraiment original, il faut avouer qu’il est traité ici avec beaucoup d’intensité. Doté d’une narration fluide et d’un graphisme splendide, on dévore ce livre de la première à la dernière page, se prenant régulièrement des claques devant le talent de l’auteur. A lire absolument !

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Note : 18/20

Templiers, T1 : La chute – Jordan Mechner & LuUyen Pham

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Titre : Templiers, T1 : La chute
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateur : LuUyen Pham
Parution : Janvier 2014


Les Templiers m’ont toujours intrigué. Toute histoire les mettant en jeu m’attire. Ils cumulent un bon nombre d’arguments à mes yeux : le Moyen-Âge est une époque qui me plaît, la dimension religieuse est toujours intéressante, le mystère qui les entoure attise la curiosité… Enfin, il est aisé de greffer une petite dose d’ésotérisme pour finaliser la recette.

C’est pourquoi, au hasard de mes pérégrinations dans les rayons de librairie, j’ai été appâté par un ouvrage à la couverture sobre. D’un format davantage proche de celui d’un roman que d’un album de bandes dessinées, il s’intitule « Templiers ». Ce seul titre a éveillé mon attrait. En le feuilletant, je suis tombé sous le charme des dessins. En quelques pages, j’avais commencé à voyager dans le temps et avait plaisir à me retrouver dans les pas de ces célèbres chevaliers.

templiers1aLa quatrième de couverture présente les mots suivants : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement la plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Le bouquin est le premier tome de l’histoire. Il s’intitule « La chute ». Edité chez Akileos, il se compose de deux cents quarante pages. J’ai souvent du mal avec une telle structure. Il est en effet rare qu’un album arrive à conserver une qualité constante sur une telle longueur. En tout cas, sorti de « Blast », je ne vois pas parmi mes lectures récentes un autre exemple d’opus aussi long à m’avoir conquis. Ce livre se découpe en chapitres qui offrent des repères intéressants dans la lecture.

L’avantage d’allonger l’intrigue sur plus de deux cents pages est de permettre la construction de beaucoup de personnages qu’ils soient centraux ou secondaires. La trame est relativement dense et fait exister un grand nombre de protagonistes. Le travail graphique de LeUyem Pham que je découvre ici fait exister chaque membre de l’aventure et implique ainsi fortement le lecteur. La sympathie dégagée par Martin et ses amis apporte un écot certain au plaisir de la découverte de leurs pérégrinations.

On entre vite dans le vif du sujet.

L’intrigue ne se résume pas à suivre les pas de personnages auxquels on s’est attaché. La trame ne perd pas de temps à se mettre en place. Le scénariste Jordan Mechner ne s’autorise pas à un long round d’observation. Malgré le grand nombre de pages, il ne perd pas de temps à plonger ses héros dans le vif du sujet. La conséquence est que l’immersion du lecteur est rapidement profonde. Les événements s’enchaînent à un rythme soutenu. Martin est un fugitif. Il est donc en permanence sur le qui-vive. L’histoire ne s’autorise donc aucun temps mort pour notre plus grand plaisir. Le suspense, sans être insoutenable, est toujours présent. La narration est agréable et les pages défilent sans qu’on s’en rende compte.

Le travail graphique qui m’avait conquis lors de ma première rencontre avec l’ouvrage a enchanté ma découverte du tome. Je trouve que le trait de Pham accompagne parfaitement le côté rythmé des scènes et l’aventure qui transpire de chaque page. L’identité des personnages s’accordent aussi parfaitement avec l’atmosphère générale. Les décors suggèrent aisément le dépaysement autour temporel que géographique.

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Au final, « Templiers » est un premier opus intéressant. Je me suis laissé prendre par l’intrigue et suis curieux de lire la suite. La bonne nouvelle est que le deuxième épisode est sorti en avril dernier. Il ne me reste donc plus qu’à me le procurer. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 15/20

 

Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton – Laurent Gerra, Jacques Pessis & AchdĂ©

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Titre : Les aventures de Lucky Luke, T6 : Les tontons Dalton
Scénaristes : Laurent Gerra & Jacques Pessis
Dessinateur : Achdé
Parution : Octobre 2014


Il aura fallu les fêtes de fin d’année pour que je me replonge dans un Lucky Luke. Si le cow-boy solitaire a bercé mon enfance, cela fait bien longtemps que je suis passé à des bande-dessinées plus adultes et ambitieuses. Ici, le scénario est géré par Laurent Gerra et Jacques Pessis, soit un humoriste et un journaliste/écrivain. C’est vrai qu’il serait dommage de considérer que le scénario de bande-dessinée est un métier à part entière… Ce scénario est mis en scène et dessiné par Achdé.

Everett Dalton, l’un des cousins Dalton (un des tous premiers Lucky Luke) a survécu à 27 balles de revolver. Il a eu un enfant qui devra être élevé par… les quatre Dalton dans une ville appelée Rupin City. Et Lucky Luke devra bien évidemment les surveiller, en compagnie de Rantanplan…

Le scénario est dès le départ bancal au possible. Il n’y a pas d’aventure possible ici. Et si les tentatives de rédemption des Dalton ont déjà existées dans la série, elles étaient bien plus subtiles. Dans « Les tonton Dalton », on s’ennuie ferme. Il ne se passe rien et les évolutions des personnages sont, au choix, proches du néant ou soudaines. Ainsi, le petit neveu cumule les tares de Joe et Averell, puis devient super gentil et adore Lucky Luke d’une page à l’autre !

Un vide scénaristique.

Ce vide scénaristique est comblé par des allusions omniprésentes au film « Les tontons flingueurs ». On retrouve ainsi de nombreux acteurs caricaturés et les répliques cultes. Sans aucun intérêt ! Se baser sur un film aux répliques aussi inspirées pour écrire des dialogues plats, c’est montrer d’autant plus ses propres difficultés à accoucher d’un scénario correct ! Car au-delà du scénario, c’est la fluidité de l’ensemble qui ne va pas du tout. Certains jeux de mots sont amenés à la truelle et cassent le rythme.

Je sais que le dessin d’Achdé est souvent cité comme seul point positif de cet album. Je ne suis pas du tout de cet avis. Achdé singe Morris au point qu’on a l’impression de voir une sombre copie. Résultat, l’ensemble manque cruellement de personnalité. C’est voulu, mais à trop vouloir coller à l’auteur original, on perd plus qu’on y gagne. On retrouve même les codes couleurs de Morris, qu’il avait développé pour compenser les problèmes d’impression de l’époque (on parle des années 40 pour les débuts…)…

« Les tonton Dalton » manque totalement d’inspiration. Il ne se passe rien, les allusions aux « Tontons flingueurs » n’apportent rien et le dessin est aujourd’hui daté et sans intérêt. Il serait peut-être temps que certains éditeurs comprennent qu’une série n’a d’intérêt à continuer si longtemps que si elle se renouvelle. Sinon, ils tueront leur poule aux œufs d’or. Lamentable.

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Note : 2/20

Le journal de Jules Renard lu par Fred – Fred

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Titre : Le journal de Jules Renard lu par Fred
Scénariste : Fred
Dessinateur : Fred
Parution originale : Avril 1988
Réédition : Janvier 2014


Jules Renard est un écrivain français décédé il y a un petit peu plus d’un siècle. Son Journal est un de ses œuvres majeures. Rédigé entre 1887 et 1910, il a été édité à titre posthume en 1925. Je ne l’ai jamais lu. Il n’est donc pas directement le sujet de ma critique d’aujourd’hui. En effet, l’album que j’évoque aujourd’hui m’a attiré par le nom de son auteur, Fred. Cet écrivain est le créateur de Philémon, œuvre majeure à mes yeux du neuvième art. Le brillant créateur est décédé l’année dernière. Sa disparition a donné lieu à bon nombre de rééditions d’œuvres anciennes nées de sa plume.

LeJournalDeJulesRenard1« Le Journal de Jules Renard lu par Fred » date de 1988. L’opus que je me suis procuré est paru en janvier dernier chez Dargaud. Il se démarque de son prédécesseur par le fait qu’il ait été mise en couleur par Isabelle Cochet. Il s’agit d’un très bel objet. La texture de la couverture ou l’épaisseur des pages participent pleinement au plaisir de la lecture et incite fortement à s’y plonger. Il se compose de cinquante-quatre planches. François Morel préface cet ouvrage.

Chaque planche peut se lire indépendamment.

La trame se construit à travers le dialogue de Jules Renard avec un corbeau. Ils échangent au cours d’une balade qui débute à la première page et se clôt à la dernière. Malgré cette continuité narrative, chaque planche peut se lire indépendamment. Elle se conclut toute de la même manière : Renard et le corbeau s’éloignent vers l’horizon en offrant une morale ou une vérité. La force de cette construction est d’offrir une densité de lecture importante. Il n’y a aucun temps mort. Les périodes de transition sont proscrites. Ce bouquin peut se dévorer d’une traite ou au contraire se déguster par petites bouchées au hasard des pages et des moments.

LeJournalDeJulesRenard2Le texte est issu du Journal de Jules Renard. Si je ne le savais pas, je n’aurais eu aucun mal à imaginer que ces mots sont nés dans l’esprit de Fred. En effet, le ton et la profondeur des propos coïncident parfaitement avec ceux qui habitent habituellement les productions du talentueux auteur de bandes dessinées. L’heure n’est pas à la rigolade. La dépression et le fatalisme sont davantage de sortie. Malgré cela, la lecture est agréable et prenante. Je suis totalement conquis par l’atmosphère qui transpire de cette balade champêtre au milieu de nulle part. Le travail graphique permet un dépaysement qui place le lecteur dans les conditions optimales pour savourer le contenu des bavardages entre cet homme et ce corbeau. Les planches sont un plaisir pour les yeux. S’immerger à nouveau dans l’univers pictural de Fred est un vrai bonheur.

Quasiment l’intégralité de l’espace est occupée par les deux protagonistes principaux. Ils ne croisent presque personne au cours de leurs pérégrinations à la campagne. Ce sentiment d’être coupé du monde ou de voir la réalité en suspens intensifie leurs propos. La force des mots attise alors la curiosité et incite le lecteur à s’investir complètement dans sa lecture. De plus, la densité des déclarations faites par l’homme ou le volatile fait qu’une relecture est presque aussi riche qu’une première découverte.

Au final, cet opus est une belle réussite. J’ai pris énormément de plaisir à le lire et n’hésiterai pas à m’y plonger à nouveau à l’occasion. Malgré le côté linéaire de sa narration, il ne manque pas d’aspérités et ne laisse pas indifférent bon nombre de fois. Je suis ravi qu’il trouve sa place dans ma bibliothèque et ne peut que vous inciter à partir à sa rencontre…

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Note 15/20

Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle – BenoĂ®t Sokal

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Titre : Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle
Scénariste : Benoît Sokal
Dessinateur : Benoît Sokal
Parution : Janvier 2012


Benoît Sokal, auteur de la série « Canardo », avait surpris son monde avec la sortie du premier tome de « Kraa » où son talent de dessinateur explosait dans une histoire totalement dénuée d’humour et froide comme la lame d’un couteau. La sortie du deuxième tome de ce triptyque, « L’ombre de l’aigle » confirme la grande qualité de cette série.

Dans un coin reculé de la planète, entre Alaska et Sibérie, un territoire devient la source de convoitises. Un relatif réchauffement local et des minerais précieux dans le sous-sol attirent tous les aventuriers avides de richesses rapidement gagnées. Mais ce n’est pas si simple. Dans la ville nouvelle, tout va trop vite. L’hiver est rude, rendant le travail impossible. Et la nature reste incontrôlée. Démarrent alors de grands travaux destinés à ériger un barrage à la sortie d’une vallée encaissée. Ainsi, les inondations issues du dégel seront contrôlées et de l’électricité sera produite en grosse quantité. Dans cette vallée perdue vivait une tribu indienne, massacrée depuis. Et surtout, il y a cet aigle géant, vénéré auparavant comme un dieu, que la civilisation veut faire disparaître…

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Le premier tome de « Kraa » était avant tout basé sur la relation entre le garçon et l’aigle. Ici, l’hiver a continué son processus d’assimilation et le jeune autochtone est devenu complètement sauvage. Ainsi, le couple fondateur de la série est très en retrait, laissant la place à la jeune infirmière à peine entrevue dans le premier tome. Celle-ci va devoir se rendre dans la vallée, sur les lieux des travaux, à ses risques et périls…

Plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont Ă  l’honneur.

Curieux choix de Sokal de mettre de côté son aigle dans cette partie. Cependant, cette décision n’en est pas mauvaise pour autant. La galerie des personnages s’étoffe et se fait plus pertinente. Car plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont à l’honneur. Le véritable sujet est cette ruée vers l’or et ses conséquences. Et c’est remarquablement traité. Les désillusions, la pauvreté, la misère, les prises de risques… On s’en bien que ce monde en devenir ne peut que s’écrouler. La dureté de cet univers est omniprésente. La violence est partout, tout le temps. Le fait de démarrer ce tome dans la ville donne d’autant plus l’impression que la vallée est tout sauf accueillante. Et pourtant, cette ville est déjà sacrément désagréable pour ses habitants…

La narration reste efficace mais plus classique. Les parties narratives, données par l’aigle, sont plus rares alors qu’elles étaient vraiment la pierre angulaire du premier tome. Tout passe par l’action et le dialogue désormais.

Le dessin de Sokal, en couleur directe, est une nouvelle fois splendide. Outre les paysages magnifiques qui sont une véritable invitation au voyage, les personnages ont de vraies trognes, donnant beaucoup de personnalité à l’ensemble. L’auteur semble très à l’aise pour tout et produit à coup sûr l’une des bande-dessinées les plus belles de l’année.

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Avec « Kraa », Sokal a créé un monde original, dur et implacable. Passionnant de bout en bout, doté d’un vrai suspense, il prend le temps de bâtir toute une série de personnages et de problématiques avant le troisième tome qui clora la série. Difficile encore de savoir où il veut vraiment en venir, mais « Kraa » s’annonce d’ors et déjà comme un chef d’œuvre.

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Note : 18/20

Kraa, T1 : La VallĂ©e Perdue – BenoĂ®t Sokal

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Titre : Kraa, T1 : La Vallée Perdue
Dessinateur : Benoît Sokal
Scénariste : Benoît Sokal
Parution : Septembre 2010


 J’ai découvert par hasard le dernier album de Benoît Sokal, intitulé « Kraa » et sous-titrée « La vallée perdue ». Sokal s’est fait connaître notamment par la série Canardo. Très typée franco-belge (tout en rondeur, en traits noirs et en couleurs vives), cette série vaut surtout pour son humour. Avec « Kraa », on change complètement d’univers.

L’histoire de « Kraa » se situe entre la Sibérieet l’Alaska, dans une vallée encaissée. Suite à un réchauffement climatique, cette vallée devient économiquement exploitable. L’homme moderne vient alors s’y installer, rêvant de richesses. Or, la vallée est habitée par une tribu indienne, où déjà l’influence du colonisateur se fait sentir. Cependant, les indiens vivent en harmonie avec la nature qui les entoure. Pour l’instant…

kraa1bKraa est le nom d’un aigle. Il est l’un des deux héros de l’album. En effet, il créera un lien particulier avec Yuma, un jeune indien. Ensemble, ils représentent ce que le nouveau monde ne veut plus : la nature sauvage et les autochtones, freins à l’expansion économique et industrielle.

De véritables tableaux.

Ce qui marque dès les premières pages, c’est le dessin. Il est simplement magnifique d’un bout à l’autre. On ne retrouve pas du tout le dessinateur de Canardo ! Les traits sont moins appuyés, les couleurs moins vives et le tout est simplement superbe. Mention spécial aux paysages vides et au personnage de l’aigle, plus vrai que nature. On retrouve un peu les ambiances et les teintes d’albums de Sokal plus anciens comme « L’Amerzone » ou « La Mort Douce ». Rien que pour son dessin, cet album vaut le coup. Certaines cases sont de véritables tableaux.

Heureusement, l’histoire n’est pas en reste. La relation entre Kraa et Yuma est remarquablement rendu par une narration différente. Ainsi, Kraa est le point de vue du narrateur, la « voix-off » de l’album. Ses discours de départ sont particulièrement cruels, mélange d’instinct et de cruauté. En cela, il n’est pas particulièrement sympathique. Bien sûr, son lien avec Yuma le rendra beaucoup plus « humain ». Cette évolution est loin d’être immédiate. En cela, elle est réussie. Yuma est l’opposé de Kraa. Très attaché aux valeurs traditionnelles indiennes, il est très généreux. Une perle d’humanité dans un monde qui ne l’est pas du tout.

Sokal prend le temps de poser son sujet. Ainsi, ce tome qui introduit les protagonistes fait 94 pages. Cela permet aux personnages d’évoluer à un rythme cohérent. De plus, les cases sont souvent grandes pour permettre à son dessin de s’exprimer pleinement.

Au final, cet album est une excellente surprise. J’ai eu le plaisir de retrouver les ambiances malsaines de fin du monde de l’Amerzone traitées avec un dessin magnifique. Je ne peux évidemment que vous le conseiller et attendre avec impatience le prochain tome !

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Note 17/20

De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant – Alain Ayroles & Jean-Luc Masbou

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Titre : De cape et de crocs, T11 : Vingt mois avant
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2014


« De cape et de crocs » est une série exceptionnelle. Dotée d’un univers original, les tomes s’enchaînaient tout en gardant une qualité scénaristique et graphique incroyable. Après dix opus, Ayroles (au scénario) et Masbou (au dessin), avait clôt leur épopée au grand dam des fans. Mais déjà ils annonçaient un spin-off sur le personnage d’Eusèbe. Croyant voir venir un one shot, quelle ne fut ma surprise de voir que ce nouveau livre est considéré comme le onzième de la série. Bien nommé « vingt mois avant », il revient sur les raisons qui menèrent Eusèbe aux galères où l’on le retrouvait dans l’histoire. Le tout est publié chez Delcourt.

Eusèbe est de loin le personnage le plus attachant de la série. Petit lapin blanc dont la naïveté n’a d’égal que le courage, il est le spécialiste des petites bêtises. Son histoire était devenue un running-gag de la série. On apprenait par bribes son passé. Et quand il avait commencé à s’exprimer, apprenant qu’il avait été garde du cardinal, Lope ne pouvait s’empêcher de lui répliquer un cinglant « Eusèbe, ce n’est pas bien de mentir ! » Il y était question également d’un jumeau maléfique qui l’avait fait condamné à sa place… Voilà désormais l’occasion de savoir comment Eusèbe va se retrouver aux galères !

Nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et nouveaux lieux.

DeCapeEtDeCrocs11bContinuer la série en ne récupérant qu’un seul personnage est un défi à la hauteur d’Ayroles et Masbou. En effet, « De cape et de crocs » développaient de nombreux personnages attachant qui évoluaient beaucoup dans leurs relations au fil des pages. Malgré la dénomination de onzième tome, on a bien le début d’une nouvelle série ici. On découvre de nouveaux enjeux, de nouveaux personnages et de nouveaux lieux. C’est donc en chemin pour Paris que nous retrouvons Eusèbe qui part se faire engager chez les gardes du cardinal.

Malgré tout, on reste connecté ! On retrouve quelques allusions au premier tome de « De cape et de crocs ». On y voit Eusèbe apprendre à faire le rat ou on croise également Montmorency, le fameux basset que Lope dit avoir occis dans les premières pages de la série… Sentant ces références, je me suis empressé de relire les dix tomes pour profiter pleinement de l’ouvrage. Clairement, l’indépendance de ce spin-off envers la série originelle est toute relative.

DeCapeEtDeCrocs11cConcernant le scénario, on retrouve la même ambiance. Eusèbe est naïf et il lui arrive plein de malheurs. Mais il rebondit toujours et sait s’en sortir car, après tout, il est tellement mignon… Le scénario est dense et vise avant tout à nous présenter une galerie de personnages qui seront, on l’imagine, développés par la suite. On sourit beaucoup, on rit parfois. Ayroles et Masbou n’ont rien perdu de leur superbe.

Le dessin est toujours splendide. Masbou est en pleine possession de ses moyens et présente un Paris crédible et vivant. Son travail sur les couleurs lui permet d’asseoir différentes ambiances sans problème. « De cape et de crocs » tient clairement son rang de série culte également grâce à son dessin personnel et virtuose. Les détails s’accumulent et une deuxième lecture est nécessaire pour pleinement profiter de tous.

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Ce onzième tome relance une nouvelle intrigue avec talent. Même si on se retrouve bien devant un livre d’introduction, les qualités de la série sont bien là. C’est avec un bonheur évident que j’ai parcouru ce tome, avant de le relire au plus vite pour profiter de toutes ses subtilités. Et on n’attend qu’une seule chose : la suite !

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Note : 17/20