Titre : De cape et de crocs, T8 : Le maĂźtre d’armes
Scénariste : Alain Ayroles
Dessinateur : Jean-Luc Masbou
Parution : Novembre 2007
« Le maitre dâarmes » est le huitiĂšme acte de « De Cape et de Crocs ». Sa parution en 2007 nous rapproche de la fin de cette grande saga qui se dĂ©cline sur dix tomes. Toujours Ă©ditĂ© chez Delcourt dans la collection Terres de LĂ©gendes, cet opus est lâĆuvre conjointe dâAlain Ayroles et Jean-Luc Masbou. Le premier se charge du scĂ©nario et le second des dessins. Le prix de cet album avoisine quatorze euros. La couverture est trĂšs rĂ©ussie. Elle nous prĂ©sente un homme Ă lâapparence dâun mousquetaire tout de blanc vĂȘtu. Il semble flotter sur un nuage accompagnĂ© en second plan dâun splendide palais. Le ciel est Ă©toilĂ© et offre des tons bleu et blanc qui gĂ©nĂšrent une illustration Ă lâatmosphĂšre originale.
La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « Explorant les Ă©tranges cimes nuageuses de lâimmense Ăźlot dâOxymore, messieurs de Maupertuis et Villalobos retrouvent enfin le mystĂ©rieux MaĂźtre dâArmes. Mais lâhomme a le sang chaud, le verbe haut, la lame prompte⊠Comment va-t-il rĂ©agir aux provocations dâEusĂšbe ? Acceptera-t-il de rĂ©organiser la dĂ©fense du royaume sĂ©lĂ©nite ? Lâheure est grave, car le fourbe prince Jean et lâinfĂąme Mendoza ourdissent de sinistres projets : sur le paisible astre lunaire plane lâombre de la guerre. »
Cet ouvrage est le meilleur de tous.
Cette cĂ©lĂšbre sĂ©rie du neuviĂšme art touche Ă sa fin. « Le maĂźtre dâarmes » est lâantĂ©pĂ©nultiĂšme de ses Ă©pisodes et nous mĂšne inexorablement vers son dĂ©nouement. Pourtant, la lassitude ne nous guette toujours pas et la qualitĂ© est toujours au rendez-vous. Au contraire, cet ouvrage est, Ă mes yeux, le meilleur de tous. Il possĂšde tant dâatouts quâon ne saurait tous les lister. Sa densitĂ© et sa capacitĂ© Ă gĂ©rer les dĂ©tails offrent une lecture en tout point passionnante. NĂ©anmoins, pour en profiter pleinement, il est indispensable dâavoir lu les tomes prĂ©cĂ©dents. Dans le cas contraire, je pense que vous auriez du mal Ă saisir les tenants et les aboutissants de cette mythique Ă©popĂ©e.
Lâalbum prĂ©cĂ©dent avait laissĂ© nos trois hĂ©ros sur les nuages Ă la recherche du mythique Maitre dâArmes, seul apte Ă protĂ©ger la dĂ©fense du roi de la Lune. Notre lecture dĂ©marre donc par une poursuite effrĂ©nĂ©e sur les nuages. EusĂšbe, ce courageux lapin, est poursuivi par celui quâon devine ĂȘtre le hĂ©ros tant recherchĂ©. Rapidement, ce nouveau protagoniste prend possession de lâhistoire. Il possĂšde une personnalitĂ© riche qui attise tout de suite notre curiositĂ©. Il sâentend rapidement avec nos amis et permet Ă ce quatuor de prendre toute sa dimension. La densitĂ© des dialogues prend toute son ampleur et met en valeur le talent dâĂ©crivain dâAlain Ayroles. Les discussions et les monologues sont des petits bijoux de littĂ©rature qui ravira les adeptes de théùtre et de grandes envolĂ©es lyriques.
Mais notre plaisir ne rĂ©side pas uniquement dans lâĂ©loquence des personnages. On se prĂ©pare Ă©galement aussi Ă une bataille homĂ©rique qui doit dĂ©cider de lâavenir de la Lune. Ce nâest pas rien et les auteurs arrivent Ă faire monter la sauce avec un dosage parfait. Au fur et Ă mesure que les pages dĂ©filent, lâintensitĂ© augmente. La gravitĂ© de la situation prend de plus en plus de place. La nuit prĂ©cĂ©dant le grand combat est touchante et nous fait vivre des moments touchants. La cause apparait perdue car dĂ©sĂ©quilibrĂ©e. Les gentils sont bien moins nombreux que les mĂ©chants et nos seuls espoirs apparaissent dĂ©sespĂ©rĂ©s. On est vraiment possĂ©dĂ© par lâintrigue et notre empathie Ă lâĂ©gard des diffĂ©rents hĂ©ros va en grandissant.
Le travail graphique de Jean-Luc Masbou participe Ă cette atmosphĂšre envoĂ»tante Les premiĂšres pages nous plongent dans un royaume des nuages fĂ©eriques. Entre le fait de naviguer sur les nuages, dây dĂ©couvrir un palais, dâadmirer les chimĂšres ou de voler sur des chevaux ailĂ©s, on ne sait plus oĂč donner des yeux. Mais quand le retour sur le sol a lieu, les dĂ©cors ne baissent pas en qualitĂ©. Masbou arrive Ă nous faire ressentir la montĂ©e en puissance des deux camps Ă lâapproche de lâinĂ©vitable affrontement.
En conclusion, « Le maitre dâarmes » est un petit chef dâĆuvre. Tous les aspects sont poussĂ©s Ă leur paroxysme et font naĂźtre une lecture dâune rare intensitĂ©. Il est toujours agrĂ©able de voir quâune sĂ©rie arrive encore Ă surprendre positivement aprĂšs huit tomes. Il ne me reste plus quâĂ mâimmerger dans le prochain acte intitulĂ© « Revers de fortune ». Le plaisir devrait une nouvelle fois ĂȘtre au rendez-vous. Mais cela est une autre histoireâŠ
Note : 18/20