Titre : Kililana song, T2
Scénariste : Benjamin Flao
Dessinateur : Benjamin Flao
Parution : Octobre 2013
Le premier tome de  Kililana song » mâavait laissĂ© un sentiment mitigĂ©. Jâavais Ă©tĂ© captĂ© par lâambiance, le dessin et cette chronique de la vie sur un archipel du Kenya. Mais le fil rouge, le liant de lâensemble me semblait encore bien tĂ©nu. Ăa tombait bien, la fin de la premiĂšre partie commençait Ă relier les histoires entre elles. Lâoccasion dâun final rĂ©ussi ? La seconde partie clĂŽt le dyptique en 130 nouvelles pages. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis et rĂ©alisĂ© par Benjamin Flao.
Le personnage principal est NaĂŻm. EmbarquĂ© sur une embarcation de fortune Ă son insu par un vieil homme, il va ĂȘtre mis devant les croyances ancestrales de la rĂ©gion. Dâautres intrigues se dĂ©veloppent : un navigateur, un expatriĂ© droguĂ©, un investisseur, une prostituĂ©, un vieil homme droguĂ© lui aussi, un frĂšre bigot⊠Benjamin Flao nâest pas avare dâintrigues et de personnages, au point de diluer un peu lâintĂ©rĂȘt. Ă multiplier les histoires, il nous perd dans les mĂ©andres de son scĂ©nario.
Un final un peu confus.
Lâhistoire de NaĂŻm, plutĂŽt drĂŽle, prend ici un tour fantastique. Beaucoup de discours et beaucoup moins dâaction. Sur terre, les intrigues avancent plus ou moins sans que lâon sache trop vers oĂč lâon va. Et Ă la fermeture de lâouvrage, on constate que certaines histoires ne sont pas vraiment refermĂ©es et disposaient dâun intĂ©rĂȘt finalement limitĂ©. Lâauteur sâest clairement Ă©parpillĂ©. Il faut dire quâavec 250 pages au compteur, il y avait de quoi faire. Mais en se concentrant sur son sujet, lâouvrage aurait certainement Ă©tĂ© plus lisible. LĂ , on a presque lâimpression de suivre des histoires parallĂšles sans vĂ©ritable lien entre elles.
Reste une chronique sociale particuliĂšrement dĂ©paysante. On retrouve une ville de pĂȘcheur avec tous les alĂ©as de ce genre dâendroits. Alors que le lieu ne paraissait dĂ©jĂ pas folichon, voilĂ que lâon parle de lâindustrialiser. Benjamin Flao ajoute sur le tard une veine Ă©cologique Ă son ouvrage.
Si le dessin Ă©tait indĂ©niablement le point fort de la premiĂšre partie, câest toujours le cas. Plus encore, Benjamin Flao varie les techniques pour donner un rĂ©sultat plus diversifiĂ© selon les situations. Reste la lumiĂšre, la chaleur, que lâon ressent sur les peaux des personnages. Sa reprĂ©sentation des Ă©pisodes fantastiques est remarquable, de mĂȘme que celle de la tempĂȘte qui sĂ©vit dans lâouvrage. Du grand travail.
« Kililana song » me laisse un goĂ»t dâinachevĂ©. La chronique du lieu et lâatmosphĂšre qui sâen dĂ©gage est vraiment remarquable, mais le fil rouge manque dâintensitĂ© et de clartĂ©. Certaines intrigues finissent trop rapidement (voir restent des impasses) et lâĂ©pilogue est un peu tirĂ© par les cheveux. Une Ćuvre symptomatique de lâĂ©poque : beaucoup de pagination et une difficultĂ© Ă la concision. Dommage.