Chroniques birmanes

ChroniquesBirmanes


Titre : Chroniques birmanes
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Octobre 2007


AprĂšs « Shenzen » et « Pyongyang », Guy Delisle s’attaque Ă  la Birmanie (ou le Myanmar) dans ces « Chroniques Birmanes ». VoilĂ  donc le troisiĂšme opus des reportages si particuliers de l’auteur canadien. Alors qu’il s’était retrouvĂ© en Asie pour superviser des studios d’animation, le voilĂ  dĂ©sormais dans l’une des pires dictatures du monde afin de suivre sa femme qui travaille chez MĂ©decins Sans FrontiĂšres. Exit l’animateur, voilĂ  le pĂšre au foyer ! Delisle passe sa journĂ©e Ă  faire de la bande-dessinĂ©e et, surtout, Ă  s’occuper de Louis, son fils. Nouveau pavĂ© Ă  dĂ©vorer, ce livre pĂšse 263 pages et est publiĂ© chez Delcourt, dans la collection Shampooing (et non plus chez L’Association).

Si ses prĂ©cĂ©dents opus possĂ©daient une continuitĂ© relative de la narration, ce n’est pas le cas ici. Le titre prend tout son sens. C’est bien de chroniques dont il s’agit, les anecdotes Ă©tant empilĂ©es les unes aux autres. Alors bien sĂ»r, il y a quand mĂȘme une certaine chronologie, mais la lecture est ainsi un peu diffĂ©rente. Vu le pavĂ© reprĂ©sentĂ©, cela permet de faire des pauses plus facilement et de picorer dans l’ouvrage. Le fait que l’auteur ait passĂ© un an et demi dans le pays justifie Ă©videmment ce choix.

Ce que l’on pouvait regretter dans « Pyongyang », c’est que Guy Delisle ne pouvait pas atteindre l’envers du dĂ©cor de la sociĂ©tĂ© nord-corĂ©enne. C’est un peu la mĂȘme chose ici puisque les zones les plus sensibles lui sont interdites. D’ailleurs, il n’hĂ©site pas Ă  le rappeler rĂ©guliĂšrement. Cependant, la population est ici plus disserte et ses conversations avec les Birmans lui permettent de mieux saisir leur façon de vivre. On dĂ©couvre ainsi la vie dans son quartier et les inĂ©vitables rencontres d’ONG.

Un rĂŽle de candide

La force de Guy Delisle est de se donner un rĂŽle de candide. Faussement naĂŻf, il aborde un ton lĂ©ger qui permet Ă  l’ouvrage de se lire avec plaisir. Pas de cynisme, de propos sombres, l’auteur ne cherche pas Ă  politiser son livre. Seuls les passages didactiques (assez rares finalement) apportent un peu sur ce plan-lĂ . Et quand le personnage Guy Delisle dĂ©cide de devenir militant pour la Dame de Rangoon, c’est pour mieux oublier ses engagements dans la case d’aprĂšs
 Mais derriĂšre ce vernis non-politisĂ©, les messages passent Ă  foison de part les faits.

Beaucoup de personnes n’arrivent pas Ă  se lancer dans un livre de Guy Delisle Ă  cause du dessin. Ce serait une erreur tant le contenu vaut le coup. Surtout que le trait est simple, mais trĂšs efficace. Il est parfaitement adaptĂ© au propos et lisible. Le tout est rehaussĂ© de gris de façon pertinente. L’auteur utilise un gaufrier de six cases, rĂ©servant la premiĂšre pour le titre de l’anecdote. Il y a une certaine routine qui s’installe, plutĂŽt confortable pour le coup. Bref, si vous n’aimez pas le trait de Guy Delisle, cela vaut le coup d’essayer de passer le cap.

Ces « Chroniques Birmanes » confirment le talent de Guy Delisle pour des rĂ©cits de voyage tout en lĂ©gĂšretĂ©. MĂȘme si ses observations sont Ă©videmment limitĂ©es par sa vie et qu’il n’est pas au plus prĂšs des exactions, on apprend beaucoup de choses dans cet ouvrage et l’on sourit Ă  de multiples reprises. A lire !

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note4

Pyongyang

Pyongyang


Titre : Pyongyang
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Mai 2003


Guy Delisle s’est spĂ©cialisĂ© dans la bande-dessinĂ©e façon carnet de voyage. En 2003, aprĂšs avoir dĂ©crit Shenzen, il s’attaque Ă  la CorĂ©e du Nord dans « Pyongyang ». Son travail d’animateur d’alors le pousse Ă  aller superviser la production sur place. C’est donc parti pour plusieurs mois dans l’un des pays les plus fermĂ©s du monde. Son livre « 1984 » d’Orwell en poche, Delisle va dĂ©couvrir la vie dans la capitale de la CorĂ©e du Nord. Le tout est publiĂ© en noir et blanc Ă  l’Association et pĂšse pas moins de 176 pages.

Cela faisait longtemps que je voulais me lancer dans la lecture des ouvrages de Guy Delisle tant on m’en a dit du bien. Et son prix Ă  AngoulĂȘme pour « Chroniques de JĂ©rusalem » m’avait d’autant plus incitĂ© Ă  m’y intĂ©resser. J’ai donc choisi de dĂ©marrer avec le pays qui me fascine le plus, la CorĂ©e du Nord. A cette Ă©poque-lĂ , Guy Delisle est cĂ©libataire et ne part donc que quelques mois. Il arrive seul en CorĂ©e du Nord oĂč les activitĂ©s ne sont pas lĂ©gion
 On dĂ©couvre alors son quotidien avec les autres travailleurs de l’animation et les ONG.

Un ton léger, un sujet grave

Si l’auteur nous fait dĂ©couvrir la CorĂ©e du Nord, c’est par son Ɠil averti. Ainsi, les analyses profondes du rĂ©gime ne sont pas d’actualitĂ©. Ce que vit et voit Delisle suffit amplement Ă  nous renseigner sur ce rĂ©gime. On dĂ©couvre une population asservie, presque robotisĂ©e et de grands espaces vides (Ă  l’image des hĂŽtels). Le rĂ©gime est Ă  l’agonie. Il tente de le cacher, mais c’est beaucoup trop flagrant pour passer inaperçu. Surtout que l’auteur est quelqu’un de curieux qui ne mĂ©nage pas son guide (qui l’accompagne en permanence). Il aime rentrer Ă  pied et visiter
 Et en adoptant un ton lĂ©ger, Delisle parvient Ă  nous distraire en parlant d’un pays ultra-rĂ©pressif
 

Au fond, en lisant l’ouvrage, on a l’impression de revivre l’expĂ©rience de Delisle. On dĂ©couvre ce pays comme il l’a lui-mĂȘme dĂ©couvert : les incohĂ©rences, les violences, la peur, etc. Delisle n’est pas un idĂ©ologue. A aucun moment, il ne cherche Ă  nous assĂ©ner un message politique. Bien sĂ»r, cela transparait quand mĂȘme au fur et Ă  mesurer de la lecture, mais l’ensemble reste trĂšs factuel.

Concernant le dessin, Delisle a un trait simple, façon « nouvelle bande-dessinĂ©e ». C’est parfaitement adaptĂ© Ă  l’ouvrage. Le tout est rehaussĂ© d’une colorisation en niveaux de gris qui densifie un peu l’ensemble. C’est lisible et trĂšs efficace.

Au final, on ressort un peu sonnĂ© de « Pyongyang ». Devant tant d’absurditĂ©, on ne peut qu’ĂȘtre rĂ©voltĂ©. Mais en choisissant un ton lĂ©ger, Guy Delisle Ă©vite l’écueil d’un ouvrage trop politisé et orientĂ©. Du coup, on sourit souvent avec un thĂšme bien grave pourtant. Du beau travail !

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note4

 

Kililana song, T2

KililanaSong2


Titre : Kililana song, T2
Scénariste : Benjamin Flao
Dessinateur : Benjamin Flao
Parution : Octobre 2013


Le premier tome de  Kililana song » m’avait laissĂ© un sentiment mitigĂ©. J’avais Ă©tĂ© captĂ© par l’ambiance, le dessin et cette chronique de la vie sur un archipel du Kenya. Mais le fil rouge, le liant de l’ensemble me semblait encore bien tĂ©nu. Ça tombait bien, la fin de la premiĂšre partie commençait Ă  relier les histoires entre elles. L’occasion d’un final rĂ©ussi ? La seconde partie clĂŽt le dyptique en 130 nouvelles pages. Le tout est publiĂ© chez Futuropolis et rĂ©alisĂ© par Benjamin Flao.

Le personnage principal est NaĂŻm. EmbarquĂ© sur une embarcation de fortune Ă  son insu par un vieil homme, il va ĂȘtre mis devant les croyances ancestrales de la rĂ©gion. D’autres intrigues se dĂ©veloppent : un navigateur, un expatriĂ© droguĂ©, un investisseur, une prostituĂ©, un vieil homme droguĂ© lui aussi, un frĂšre bigot
 Benjamin Flao n’est pas avare d’intrigues et de personnages, au point de diluer un peu l’intĂ©rĂȘt. À multiplier les histoires, il nous perd dans les mĂ©andres de son scĂ©nario.

Un final un peu confus.

KililanaSong2aL’histoire de NaĂŻm, plutĂŽt drĂŽle, prend ici un tour fantastique. Beaucoup de discours et beaucoup moins d’action. Sur terre, les intrigues avancent plus ou moins sans que l’on sache trop vers oĂč l’on va. Et Ă  la fermeture de l’ouvrage, on constate que certaines histoires ne sont pas vraiment refermĂ©es et disposaient d’un intĂ©rĂȘt finalement limitĂ©. L’auteur s’est clairement Ă©parpillĂ©. Il faut dire qu’avec 250 pages au compteur, il y avait de quoi faire. Mais en se concentrant sur son sujet, l’ouvrage aurait certainement Ă©tĂ© plus lisible. LĂ , on a presque l’impression de suivre des histoires parallĂšles sans vĂ©ritable lien entre elles.

Reste une chronique sociale particuliĂšrement dĂ©paysante. On retrouve une ville de pĂȘcheur avec tous les alĂ©as de ce genre d’endroits. Alors que le lieu ne paraissait dĂ©jĂ  pas folichon, voilĂ  que l’on parle de l’industrialiser. Benjamin Flao ajoute sur le tard une veine Ă©cologique Ă  son ouvrage.

Si le dessin Ă©tait indĂ©niablement le point fort de la premiĂšre partie, c’est toujours le cas. Plus encore, Benjamin Flao varie les techniques pour donner un rĂ©sultat plus diversifiĂ© selon les situations. Reste la lumiĂšre, la chaleur, que l’on ressent sur les peaux des personnages. Sa reprĂ©sentation des Ă©pisodes fantastiques est remarquable, de mĂȘme que celle de la tempĂȘte qui sĂ©vit dans l’ouvrage. Du grand travail.

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« Kililana song » me laisse un goĂ»t d’inachevĂ©. La chronique du lieu et l’atmosphĂšre qui s’en dĂ©gage est vraiment remarquable, mais le fil rouge manque d’intensitĂ© et de clartĂ©. Certaines intrigues finissent trop rapidement (voir restent des impasses) et l’épilogue est un peu tirĂ© par les cheveux. Une Ɠuvre symptomatique de l’époque : beaucoup de pagination et une difficultĂ© Ă  la concision. Dommage.

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note3

Une petite tentation

UnePetiteTentation


Titre : Une petite tentation
Scénariste : Jim
Dessinateur : Grelin
Parution : Mars 2013


Paru initialement sous le nom du « Sourire de la babysitter », cette sĂ©rie a connu une renaissance en paraissant sous la forme d’un copieux one-shot (plus de 150 pages quand mĂȘme). En effet, la premiĂšre mouture avait Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©e au premier tome. On ne peut donc qu’ĂȘtre un peu mĂ©fiant, mais pourquoi pas. RebaptisĂ© « Une petite tentation », cette histoire parle donc d’une babysitter et de sa copine qui se lancent le dĂ©fi de piquer le mec quadra et avec une bonne situation dont la premiĂšre garde la fille. S’engage donc un jeu de sĂ©duction avec d’un cĂŽtĂ© la timide et de l’autre la dĂ©lurĂ©. Le tout est paru chez Vents d’Ouest.

Nous avons donc affaire ici Ă  une classique histoire sentimentale. La tentation, le dĂ©sir, les sentiments
 On n’est mĂȘme plus dans un triangle amoureux, mais plutĂŽt dans un hexagone ! Cependant, trĂšs vite on s’aperçoit que les personnages sont stĂ©rĂ©otypĂ©s. Plus choquant, les femmes sont toutes des garces et les hommes des ĂȘtres humains beaucoup plus sentimentaux et fidĂšles
 Étrange parti pris !

Pour un jeune public ?

UnePetiteTentation2Des personnages caricaturaux ne sont pas forcĂ©ment un problĂšme. On pourrait se voir dans un vaudeville sympathique. HĂ©las, les situations sont tout aussi fausses. A aucun moment, on ne croit vraiment Ă  tout ça. Entre une babysitter qui s’exhibe en soutif devant trois quadras ou un ex qui se taille les veines au cutter dans le couloir d’un immeuble, tout cela laisse un peu dubitatif. De mĂȘme, les deux jeunes filles sont Ă©tudiantes ET mineures. Je n’ai pu m’empĂȘcher de tiquer sur ce genre de dĂ©tails. Plusieurs fois, j’ai eu l’impression que ce livre Ă©tait plutĂŽt destinĂ© Ă  un jeune public. Mais pourtant, vu oĂč il est Ă©ditĂ©, ça ne semble pas ĂȘtre le cas. Quant Ă  la conclusion de l’ouvrage, elle va vraiment dans le sens d’une publication pour ado et/ou jeunes adultes. 

MalgrĂ© tout, la lecture mĂ©nage son suspense et ses surprises. La fin est trop moralisatrice et casse un peu finalement la dynamique de l’ouvrage. Le trait de Grelin est dynamique et plaisant. Ses filles sont sexy et illustrent trĂšs bien la notion de tentation
 Cependant, les expressions de visage un peu manga m’ont gĂȘnĂ© par moments. Clairement, ça ne fait pas partie de mes codes graphiques ! Les couleurs Ă©galement, trĂšs modernes, ne me parlent pas. C’est clairement une question de goĂ»t. Grelin a un style moderne oĂč il mĂ©lange de nombreuses influences (franco-belge, manga, voire Disney). De mĂȘme, la colorisation fait partie de canons du genre. Je regrette cependant un choix de faire des grandes cases finalement assez avares de dĂ©cors. Cela augmente la pagination pour pas grand-chose. Mais encore une fois, ça semble ĂȘtre une tendance du moment.

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« Une petite tentation » est un rĂ©cit sexy oĂč les jolies filles peu vĂȘtues sont bien prĂ©sentes. Inscrit dans une mouvance qui se veut moderne, je ne suis pas sĂ»r que cet ouvrage puisse toucher rĂ©ellement autre chose qu’un lectorat bien jeune qui fermera les yeux sur les incohĂ©rences du rĂ©cit et sur les caricatures de l’ensemble. Pour ma part, j’ai pris plaisir Ă  dĂ©vorer les filles des yeux. Peut-ĂȘtre que l’idĂ©e de faire un « roman graphique » n’était pas bien pertinente. Il semblerait qu’en 60 pages, tout aurait pu ĂȘtre dit.

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note2

Une vie sans Barjot

UneVieSansBarjot


Titre : Une vie sans Barjot
Scénariste : Appollo
Dessinateur : Stéphane Oiry
Parution : Mars 2011


La fin de l’adolescence et le passage Ă  l’ñge adulte est un grand classique de la bande-dessinĂ©e. À croire que les auteurs sont de grands ados qui ont toujours eu beaucoup de mal Ă  faire leur deuil de cette Ă©poque. « Une vie sans Barjot » raconte la derniĂšre nuit de Mathieu dans sa ville natale avant son dĂ©part pour les Ă©tudes Ă  la capitale. Le tout pĂšse une soixantaine de pages et est paru chez Futuropolis.

La soirĂ©e commence par un concert dans un bar. Tout le monde semble plus ou moins se connaĂźtre. Bienvenue en province, symbole de la banlieue dans le livre. En effet, Mathieu vient d’avoir son bac et son passage Ă  l’ñge adulte sera la montĂ©e Ă  la capitale. Il va donc perdre ses amis et
 NoĂ©mie, la fille dont il est secrĂštement amoureux depuis des annĂ©es.

La fin de l’adolescence en une soirĂ©e.

UneVieSansBarjot1C’est un rĂ©cit sur l’adolescence qui nous est proposĂ©. Mathieu et ses copains sont suffisamment attachants pour nous tenir en haleine, eux qui Ă©cument les fins de soirĂ©e pour retrouver NoĂ©mie. Au final, « Une vie sans Barjot » ne raconte pas grand-chose et fait fonctionner pas mal de clichĂ©s. Mais cette ambiance de dĂ©ambulation nocturne ne laisse pas indiffĂ©rent. La fin casse d’ailleurs un peu cette sensation de fin d’époque. Dommage.

La narration est ainsi purement chronologique et son rythme adopte celui des hĂ©ros. Peu d’ellipses, tout se suit et forme un tout. Le dĂ©coupage en quatre bandes des planches renforce cette impression de temporalitĂ©. On marche avec les personnages, on attend avec eux
 En cela, « Une vie sans Barjot » forme un tout parfaitement cohĂ©rent avec son sujet !

Le dessin de StĂ©phane Oiry est vraiment adaptĂ© au rĂ©cit. Je ne connaissais pas ce dessinateur, mais son trait m’a conquis. Son dessin tout en noirs est parfaitement mis en valeur par une colorisation en bichromie qui permet un dĂ©coupage des scĂšnes. Beaucoup sont bleues (pour l’extĂ©rieur) et les changements vers le jaune ou le rouge apportent un contraste intĂ©ressant.

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« Une vie sans Barjot » est une bande-dessinĂ©e sympa. Loin d’ĂȘtre rĂ©volutionnaire dans son propos ou dans son ambition, elle fait le travail. Elle rappellera certains souvenirs aux nostalgiques qui regrettent encore cette fille Ă  qui ils n’ont pas su dĂ©clarer leur flamme


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note3

L’Ă©chappĂ©e – GrĂ©gory Mardon

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Titre : L’Ă©chappĂ©e
Scénariste : Grégory Mardon
Dessinateur : Grégory Mardon
Parution : Avril 2015


« L’échappĂ©e » est un pavĂ© de plus de 200 pages scĂ©narisĂ© et dessinĂ© par GrĂ©gory Mardon. Le livre narre l’histoire d’un homme qui s’échappe de sa vie pour aller voir la mer. C’est le point de dĂ©part d’une aventure surprenante
 Le tout est publiĂ© chez Futuropolis pour un prix de 27 €.

« L’échappĂ©e » a la particularitĂ© d’ĂȘtre entiĂšrement muet. On pourrait prendre cela pour un exercice de style, mais cette absence de parole Ă  un vĂ©ritable sens. Cela explique le nombre important de pages, le dessin devant exprimer beaucoup d’actions et de sentiments.

Le dessin remplace les mots.

LEchappee2L’histoire est dĂ©coupĂ©e en plusieurs chapitres, chacun Ă©tant reprĂ©sentĂ© par une couleur. Le dessin est bichromique, ce qui permet de bien dĂ©finir les diffĂ©rentes ambiances. L’histoire commence en ville, alors que l’homme mĂšne une vie des plus modernes : mĂ©tro, boulot, dodo. Mais l’appel de la mer va briser cet enchaĂźnement (la cassure est parfaitement reprĂ©sentĂ© par la couverture). Difficile d’en dire plus sans spoiler la suite, mieux vaut laisser la surprise.

Le dessin est bien dans l’air du temps. Le trait au pinceau, Ă©pais, est Ă©lĂ©gant et dynamique. Le travail de GrĂ©gory Mardon est avant tout dans le mouvement et l’expression que dans le dĂ©tail. Ainsi, la BD se lit vite une premiĂšre fois. On s’attarde un peu plus en deuxiĂšme lecture, mais on s’aperçoit qu’on n’est pas passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de dĂ©tails particuliers. La lecture est donc trĂšs premier degrĂ©.

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« L’échappĂ©e » est une belle rĂ©ussite. À la fois remarquable de par sa contrainte initiale, l’histoire est finalement plus originale que ce que le pitch initial laissait penser. Dommage que son prix, excessif, puisse bloquer l’achat chez de nombreux lecteurs et empĂȘcher un plus ample succĂšs.

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note4

Une histoire d’hommes – Zep

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Titre : Une histoire d’hommes
Scénariste : Zep
Dessinateur : Zep
Parution : Septembre 2013


La sortie d’un album de Zep est toujours un Ă©vĂ©nement, mĂȘme lorsque ce n’est pas un nouveau « Titeuf ». Depuis des annĂ©es, l’auteur a bien rĂ©ussi a se dĂ©marquer de son hĂ©ros Ă  la mĂšche blonde avec des livres pour adultes comme « Les filles Ă©lectriques », « L’enfer des concerts » ou le best-seller « Happy Sex ». J’avoue beaucoup aimer cette partie de l’Ɠuvre de l’auteur. Mais le vĂ©ritable Ă©vĂšnement est que le nouvel album de Zep, intitulĂ© « Une histoire d’hommes » n’est pas destinĂ© (avant tout) Ă  faire rire. C’est une histoire plus sĂ©rieuse qui nous est prĂ©sentĂ©e lĂ  et avec un style de dessin plus rĂ©aliste. Un vrai dĂ©fi pour le Suisse et c’est peu de dire qu’il Ă©tait attendu au tournant. Cet ouvrage sert de lancement pour la nouvelle maison d’édition Rue de SĂšvres (on a vu pire comme mĂ©diatisation !). Ce livre fait une soixantaine de pages et coĂ»te pas moins de 18 euros.

Zep connaĂźt bien le milieu de la musique puisqu’il a lui-mĂȘme jouĂ© dans des groupes. C’est l’histoire des Tricky Fingers. Ce groupe de rock, alors en pleine ascension va exploser en plein vol. La plupart des musiciens feront leur vie loin de la musique, Ă  l’exception de Sandro qui deviendra une star. C’est ce dernier que les autres vont rejoindre, prĂšs de vingt ans aprĂšs, dans sa somptueuse villa. L’occasion de se remĂ©morer des souvenirs et de rĂ©gler des comptes


Des tensions et des non-dits

Le titre « Une histoire d’hommes » est parfaitement choisi. Tout est ici question d’hommes (et donc de femmes, forcĂ©ment !) et de leurs rapports humains. Zep nous construit donc un groupe classique : un batteur rigolo, un chanteur charismatique, un guitariste introverti mais au talent brut et un bassiste discret. Vingt ans aprĂšs, rien n’a fondamentalement changĂ© et les discussions fonctionnent presque en automatique. C’est clairement le point fort de l’album : des mecs qui ont presque vĂ©cu ensemble et qui se vannent Ă  tout va, chacun jouant son rĂŽle. Les tensions et les non-dits sont Ă©galement prĂ©sents et l’histoire finit par les dĂ©voiler au fur et Ă  mesure.

Zep construit son ouvrage selon un principe de flashbacks. On suit donc Ă  la fois les musiciens allant retrouver leur pote star que l’ascension du groupe Tricky Fingers. La narration est fluide, mĂȘme si les surprises apportĂ©es par l’histoire laissent un peu indiffĂ©rent. C’est ce qui manque ici : de l’émotion. Clairement, le but de l’album est d’émouvoir, mais je n’ai pas Ă©tĂ© touchĂ© plus que ça par le destin de ces musiciens. C’est dommage, car l’aspect humain est plutĂŽt rĂ©ussi. Un petit bilan en demi-teinte en quelque sorte.

Concernant le dessin, le passage en rĂ©aliste de Zep est une rĂ©ussite. Ce n’est pas transcendant, mais il possĂšde la vivacitĂ© nĂ©cessaire aux passages sur scĂšne, les personnages sont bien identifiĂ©s. LĂ -dessus, on ne peut qu’ĂȘtre satisfait du travail de l’auteur. Je suis plus critique sur le choix de coloriser le tout par monochromie. Chaque scĂšne possĂšde sa couleur. Cela aide la narration mais rend le tout un peu froid.

Je tiens Ă  noter que l’ouvrage est vraiment de belle facture. Le papier est trĂšs Ă©pais, presque cartonnĂ©. Le problĂšme est le prix, franchement excessif pour une bande-dessinĂ©e de 60 pages
 Visiblement, Rue de SĂšvres souhaite entrer dans les librairies avec des « beaux » livres. Mais attention Ă  l’inflation des prix des ouvrages. Pour ma part, j’ai lu le livre en bibliothĂšque et il y a peu de chance que je l’achĂšte, entre grande partie Ă  cause du prix. Dommage.

Au final, j’ai bien aimĂ© cette « Histoire d’hommes », mais elle m’a laissĂ© un goĂ»t un peu amer dans le sens oĂč je sens que l’ambition de l’auteur Ă©tait tout autre. Cependant, Zep rĂ©ussit son coup et la prochaine fois qu’il proposera un ouvrage du mĂȘme type, je le lirai certainement avec plaisir.

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Le sculpteur – Scott Mc Cloud

LeSculpteur


Titre : Le sculpteur
Scénariste : Scott Mc Cloud
Dessinateur : Scott Mc Cloud
Parution : Mars 2015


Scott Mc Cloud est une personnalitĂ© majeure dans la bande-dessinĂ©e. Il a participĂ© activement Ă  la thĂ©orisation de cet art avec « L’art invisible ». Et s’il a militĂ© pour la rĂ©volution numĂ©rique avec « RĂ©inventer la bande-dessinĂ©e », c’est bien avec un pavĂ© de 500 pages (paru chez Rue de SĂšvres) qu’il revient Ă  la fiction, quinze ans aprĂšs !

Pour son retour, l’auteur reprend le mythe de Faust. David est en train de rater sa carriĂšre de sculpteur, car son mĂ©cĂšne qui l’a portĂ© l’a ensuite lĂąchĂ© et dĂ©truit. Il n’a donc pas d’argent, (presque) pas d’ami, pas de famille
 Il accepte alors un pacte lui permettant de modeler Ă  sa guise les matĂ©riaux, mais sa durĂ©e de vie se retrouve du jour au lendemain trĂšs limité 

Une réflexion sur le succÚs.

LeSculpteur1Revisiter un mythe, c’est lui apporter quelque chose. Scott Mc Cloud tente de le moderniser en le situant dans le milieu d’art New-Yorkais. De ce milieu, on ne visitera qu’une seule galerie et le MOMA, dont on ne verra pas grand-chose. La rĂ©flexion porte avant tout sur le succĂšs plus que sur l’Art en tant que tel. Ainsi la problĂ©matique est : le talent brut (sculpter avec maestria) suffit-il ? Quid des idĂ©es ? Des coucheries ? Des copinages ? Des critiques ? De la chance ? Si Scott Mc Cloud aborde ses questions, il n’apporte finalement pas grand-chose, mĂȘme si certaines idĂ©es sont pertinentes.

Le traitement narratif est en revanche une vĂ©ritable dĂ©ception. Les cinq-cents pages de l’ouvrage ne sont absolument pas justifiĂ©es. Mc Cloud ajoute une amourette absolument pas crĂ©dible (du genre coup de foudre immĂ©diat Ă  sens unique) qui plombe le rĂ©cit. De mĂȘme, les discussions entre David et la Mort sont sans intĂ©rĂȘt. Le faire devant un jeu d’échec alourdit encore le message.

Mais ce qui pose le plus de problĂšme est certainement le personnage de David en lui-mĂȘme. ObsĂ©dĂ© par l’Art, il perd en empathie. Trop Ă©goĂŻste et obsessionnel (pour l’art ou pour Meg), il a bien du mal Ă  attirer la sympathie. Les personnages trop pleurnichards fatiguent vite le lecteur. Surtout que Meg, prĂ©sentĂ© comme le pendant optimiste du livre, se rĂ©vĂšle aussi dĂ©pressive


Au niveau graphique, le livre est bien plus enthousiasmant. Certains passages sont vraiment inventifs, d’autres explosent de dynamisme
 Il y a vraiment de quoi analyser dans ce livre ! Le parti pris de la bichromie (avec du bleu) est pertinent et l’auteur l’utilise pour faire des effets trĂšs rĂ©ussis. L’auteur possĂšde un style oscillant parfois entre les styles comics et manga (pour les personnages notamment). On sent que Scott Mc Cloud a fait des efforts pour sortir de son dessin un peu froid et statique, le rĂ©sultat est assez rĂ©ussi. MalgrĂ© tout, le dessin reste inĂ©gal avec des cases vraiment moins bien dessinĂ©es.

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« Le sculpteur » m’a fait le mĂȘme effet que les ouvrages de Craig Thomson : il y a de trĂšs belles idĂ©es graphiques et narratives, mais l’histoire se rĂ©vĂšle dĂ©cevante, peuplĂ©e de personnages dĂ©pressifs. Surtout, la forte pagination paraĂźt inutile, rĂ©pĂ©tant les choses sans vraiment les approfondir. Un ouvrage mi-figue mi-raisin, plein de qualitĂ©s, mais dont les dĂ©fauts alourdissent le propos.

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AbĂ©lard, T2 : Une BrĂšve Histoire de PoussiĂšre et de Cendre – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T2 : Une brÚve histoire de poussiÚre et de cendre
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Septembre 2011


« AbĂ©lard » est un diptyque scĂ©narisĂ© par RĂ©gis HautiĂšre et dessinĂ© par Renaud Dillies. Trois mois seulement aprĂšs la sortie du premier tome, voilĂ  que se clĂŽt dĂ©jĂ  l’ensemble avec « Une brĂšve histoire de poussiĂšre et de cendre ». Nous avions laissĂ© AbĂ©lard le petit volatil en partance pour l’AmĂ©rique avec l’ours taciturne Gaston. Nous les retrouvons donc sur le chemin de la ville et du port, espĂ©rant se faire embarquer au plus vite. En effet, AbĂ©lard a entendu dire qu’il y a des machines volantes en AmĂ©rique. Il pourra ainsi dĂ©crocher la Lune pour Epilie, la jeune fille dont il est Ă©pris.

Dans le premier tome, AbĂ©lard faisait un peu office de personnage totalement innocent. N’ayant jamais connu autre chose que le marais, il en sort dĂ©sormais et va aller de surprises en surprises. La mer, la ville et surtout les gens
 Le petit volatil est totalement Ă©tranger Ă  tout. C’est une Ăąme pleine d’innocence lĂąchĂ©e dans un monde brutal. A la fin du premier tome dĂ©jĂ  se dessinait cette Ă©volution, on y entre ici de plein pied. La poĂ©sie fait rapidement place Ă  une noirceur terrible et finalement assez inattendue. En effet, le premier tome Ă©tait plutĂŽt lĂ©ger dans son propos. Le revirement est assez violent.

Un second tome pour les désillusions.

AbĂ©lard n’est en effet pas fait pour vivre dans le monde de la ville. Il n’est pas Ă©merveillĂ© par cet univers nouveau, il s’y retrouve en dĂ©calage total. Comment donc peut-il y trouver sa place ? Seule son amitiĂ© avec Gaston (le rayon de soleil de cet album ?) donne un peu d’espoir en l’humanitĂ©. Car sans Gaston, nul doute qu’AbĂ©lard ne serait pas allĂ© beaucoup plus loin que les abords du marais. D’ailleurs, le personnage de Gaston est assez central ici. Au premier abord violent, intolĂ©rant voire misanthrope, son Ă©volution lui donne le vrai premier rĂŽle de deuxiĂšme volet. 

A la lecture de ce tome, l’intĂ©rĂȘt du diptyque paraĂźt Ă©vident. Alors que le premier tome traitait des illusions (sur l’extĂ©rieur, la ville, l’AmĂ©rique, Epilie
), le deuxiĂšme tome est celui des dĂ©sillusions (sur les mĂȘmes sujets). MalgrĂ© sa poĂ©sie, « AbĂ©lard » est une sĂ©rie au propos bien noir.

Le dessin de Dillies est une fois de plus de haute volĂ©e. L’osmose entre HautiĂšre et Dillies est vraiment une grande rĂ©ussite. L’univers entre innocence, poĂ©sie et noirceur et parfaitement rendu par le trait faussement naĂŻf de Dillies. Son trait Ă©pais et indistinct, trĂšs dynamique, dessine des animaux Ă  l’apparence enfantine. Cet album, plus noir, est colorisĂ© de façon plus sombre globalement et installe par moment un vrai sentiment de malaise.

Tout ce que j’ai dit auparavant ne peut rĂ©ellement rĂ©sumer ce que j’ai ressenti Ă  la lecture de cet album. J’en ai eu des frissons. Il m’a simplement transportĂ© et m’a isolĂ© du monde le temps d’aller de la premiĂšre Ă  la derniĂšre page. C’est simplement un voyage dont on ne peut pas revenir indemne. Un chef d’Ɠuvre ?

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note5

Alvin, T1 : L’hĂ©ritage d’AbĂ©lard – RĂ©gis HautiĂšre & Renaud Dillies

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Titre : Alvin, T1 : L’hĂ©ritage d’AbĂ©lard
Scénariste : Régis HautiÚre
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2015


« AbĂ©lard » est un diptyque des plus bouleversants qui avait su faire parler de lui. Le personnage d’AbĂ©lard, naĂŻf perdu dans la duretĂ© de la rĂ©alitĂ©, avait su Ă©mouvoir les lecteurs. Et les deux auteurs, RĂ©gis HautiĂšre au scĂ©nario et Renaud Dillies au dessin, s’Ă©taient trouvĂ©s, chacun semblant fait pour travailler avec l’autre. VoilĂ  que cette nouvelle sĂ©rie, « Alvin », reprend les choses lĂ  oĂč elles en Ă©taient restĂ©es. On retrouve donc le compagnon d’infortune d’AbĂ©lard, Gaston, dans sa tentative de survivre aux États-Unis. On est au dĂ©but du vingtiĂšme siĂšcle, la vie est rude.

Alvin1cIl serait dommage de commencer « Alvin » sans avoir lu prĂ©cĂ©demment « AbĂ©lard ». L’histoire est indĂ©pendante mais des rappels sont faits, souvent en sous-entendus qui plus est.

Alvin est un petit garçon, nĂ© d’une prostituĂ©e. Autant dire que son avenir n’est pas rose et que son prĂ©sent est dĂ©jĂ  compliquĂ©. Comme AbĂ©lard dans son temps, il apporte une touche de naĂŻvetĂ© (de par son Ăąge) dans l’histoire par ses questionnements, mĂȘme si la vie l’a dĂ©jĂ  sacrĂ©ment endurci.

L’amitiĂ© comme valeur de survie.

Les auteurs retrouvent sans peine le ton dont ils ont fait leurs histoires. On y rencontre de la grĂące, de la poĂ©sie, des drames, une vie qui vous broie mais que l’amitiĂ© permet de combattre. « Alvin » possĂšde un ton assez unique, typique des auteurs, qui touche profondĂ©ment le lecteur. En instaurant ce chapeau magique qui donne des dictons comme leçons de sagesse du jour, ils apportent un peu de magie dans leur univers. Quant aux silences et aux sous-entendus, ils donnent beaucoup de puissance aux Ă©motions.

Alvin1bLes personnages sont des plus vivants. Chacun a ses cicatrices et essaie d’apprivoiser les autres. Ils sont bougons, rĂąleurs, mais avant tout ils sont seuls et souffrent. L’empathie pour eux est totale et on traverse leurs existences en ne leur souhaitant que du bien. Pour cela, les auteurs ne nous aident pas !

Difficile de ne pas parler du dessin de Renaud Dillies, qui est l’un de mes prĂ©fĂ©rĂ©s, toutes catĂ©gories confondues ! Son dessin animalier, trĂšs enfantin dans l’esprit, est dotĂ© d’un encrage trĂšs personnel. C’est tout bonnement magnifique ! Ses personnages sont simples, mais plein de vie et d’expressivitĂ© ! Et que dire du dĂ©coupage… Une vraie maĂźtrise tant les pages muettes sont parlantes. Chaque case apporte ses informations et ses Ă©motions. Du grand art !

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RĂ©gis HautiĂšre et Renaud Dillies nous enchante une nouvelle fois avec une oeuvre commune. Parfaitement au diapason, ils crĂ©ent une nouvelle fois un livre oĂč leurs valeurs transparaissent. Un univers noir, fait d’exclus qui tentent de survivre en se serrant les coudes. Difficile de rester indiffĂ©rent Ă  ce Alvin. On n’attend plus qu’une chose : la suite.

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