Titre : Chroniques birmanes
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Octobre 2007
AprĂšs « Shenzen » et « Pyongyang », Guy Delisle sâattaque Ă la Birmanie (ou le Myanmar) dans ces « Chroniques Birmanes ». VoilĂ donc le troisiĂšme opus des reportages si particuliers de lâauteur canadien. Alors quâil sâĂ©tait retrouvĂ© en Asie pour superviser des studios dâanimation, le voilĂ dĂ©sormais dans lâune des pires dictatures du monde afin de suivre sa femme qui travaille chez MĂ©decins Sans FrontiĂšres. Exit lâanimateur, voilĂ le pĂšre au foyer ! Delisle passe sa journĂ©e Ă faire de la bande-dessinĂ©e et, surtout, Ă sâoccuper de Louis, son fils. Nouveau pavĂ© Ă dĂ©vorer, ce livre pĂšse 263 pages et est publiĂ© chez Delcourt, dans la collection Shampooing (et non plus chez LâAssociation).
Si ses prĂ©cĂ©dents opus possĂ©daient une continuitĂ© relative de la narration, ce nâest pas le cas ici. Le titre prend tout son sens. Câest bien de chroniques dont il sâagit, les anecdotes Ă©tant empilĂ©es les unes aux autres. Alors bien sĂ»r, il y a quand mĂȘme une certaine chronologie, mais la lecture est ainsi un peu diffĂ©rente. Vu le pavĂ© reprĂ©sentĂ©, cela permet de faire des pauses plus facilement et de picorer dans lâouvrage. Le fait que lâauteur ait passĂ© un an et demi dans le pays justifie Ă©videmment ce choix.
Ce que lâon pouvait regretter dans « Pyongyang », câest que Guy Delisle ne pouvait pas atteindre lâenvers du dĂ©cor de la sociĂ©tĂ© nord-corĂ©enne. Câest un peu la mĂȘme chose ici puisque les zones les plus sensibles lui sont interdites. Dâailleurs, il nâhĂ©site pas Ă le rappeler rĂ©guliĂšrement. Cependant, la population est ici plus disserte et ses conversations avec les Birmans lui permettent de mieux saisir leur façon de vivre. On dĂ©couvre ainsi la vie dans son quartier et les inĂ©vitables rencontres dâONG.
Un rĂŽle de candide
La force de Guy Delisle est de se donner un rĂŽle de candide. Faussement naĂŻf, il aborde un ton lĂ©ger qui permet Ă lâouvrage de se lire avec plaisir. Pas de cynisme, de propos sombres, lâauteur ne cherche pas Ă politiser son livre. Seuls les passages didactiques (assez rares finalement) apportent un peu sur ce plan-lĂ . Et quand le personnage Guy Delisle dĂ©cide de devenir militant pour la Dame de Rangoon, câest pour mieux oublier ses engagements dans la case dâaprĂšs⊠Mais derriĂšre ce vernis non-politisĂ©, les messages passent Ă foison de part les faits.
Beaucoup de personnes nâarrivent pas Ă se lancer dans un livre de Guy Delisle Ă cause du dessin. Ce serait une erreur tant le contenu vaut le coup. Surtout que le trait est simple, mais trĂšs efficace. Il est parfaitement adaptĂ© au propos et lisible. Le tout est rehaussĂ© de gris de façon pertinente. Lâauteur utilise un gaufrier de six cases, rĂ©servant la premiĂšre pour le titre de lâanecdote. Il y a une certaine routine qui sâinstalle, plutĂŽt confortable pour le coup. Bref, si vous nâaimez pas le trait de Guy Delisle, cela vaut le coup dâessayer de passer le cap.
Ces « Chroniques Birmanes » confirment le talent de Guy Delisle pour des rĂ©cits de voyage tout en lĂ©gĂšretĂ©. MĂȘme si ses observations sont Ă©videmment limitĂ©es par sa vie et quâil nâest pas au plus prĂšs des exactions, on apprend beaucoup de choses dans cet ouvrage et lâon sourit Ă de multiples reprises. A lire !