Titre : Le chien qui louche
Scénariste : Etienne Davodeau
Dessinateur : Etienne Davodeau
Parution : Octobre 2013
 Etant un fervent et rĂ©gulier visiteur du Louvre, jâaime lire la collection qui y est consacrĂ© chez Futuropolis en partenariat avec les instances du MusĂ©e. Faisant appel Ă de (trĂšs) grands noms de la bande-dessinĂ©e, cela reste hĂ©las souvent des Ćuvres de commande oĂč les bĂ©dĂ©astes peinent Ă pleinement sâaccomplir. Jâavais confiance en Etienne Davodeau. Ce dernier aborde le point de vue dâun gardien de musĂ©e⊠Le tout pĂšse quand mĂȘme 134 pages.
Fabien est donc agent de surveillance au Louvre. Pour la premiĂšre fois, il rencontre sa belle-famille, dont les deux frĂšres et le pĂšre sont peu commodes et trĂšs beaufs, Ă la tĂȘte dâune entreprise de vente de meubles. Mais un aĂŻeul a Ă©tĂ© peintre au cours du XIXĂšme siĂšcle. On nâa gardĂ© de lui quâune toile dâun chien qui louche. Ce tableau est Ă©videmment une croĂ»te sans intĂ©rĂȘt. Mais Fabien doit essayer de la faire entrer au Louvre.
Etienne Davodeau apporte vraiment sa patte au thĂšme. Ainsi, il pose la question de la lĂ©gitimitĂ© de la prĂ©sence dâune Ćuvre au Louvre. Qui dĂ©cide, comment et pourquoi ? Il amĂšne aussi par la famille trĂšs beauf le problĂšme de la vision de la culture par certaines personnes. On voit ainsi des gens toucher les Ćuvres et ne pas les respecter du tout. Quant Ă la culture, clairement, ils nây comprennent rien, reprochant la nuditĂ© des statues et faisant des remarques complĂštement dĂ©placĂ©es et dĂ©calĂ©es sur ce quâils voient.
Dialogues truculents et burlesque.
HĂ©las ces rĂ©flexions ne vont pas bien loin et lâhistoire part finalement dans lâabsurde, voire le burlesque une fois lâapparition de la curieuse RĂ©publique du Louvre. Le soufflet retombe et Ă la fermeture de lâouvrage, on se demande si lâauteur nâaurait pas pu aller plus loin, surtout avec une si abondante pagination. MalgrĂ© tout, la galerie de personnages est plaisante et certains dialogues truculents. Etienne Davodeau appose ton style, mais sans rĂ©ellement arriver Ă sâapproprier le sujet. Câest certainement un choix de ne pas vouloir intellectualiser trop fortement le propos.
Concernant le dessin, câest du beau travail. Le trait dynamique est parfaitement mis en valeur par le lavis. La narration est fluide et agrĂ©able. Lâauteur nâest pas nâimporte qui, cela ressent tout de suite ! Et alors que le livre parle avant tout dâune peinture, câest bien les sculptures du Louvre qui obsĂšdent Davodeau qui les dessine Ă tort et Ă travers. On reconnaĂźt sans peine les Ćuvres, mais du coup le parallĂšle entre les sculptures et la peinture du chien qui louche ne se fait pas. Câest dommage, on passe peut-ĂȘtre Ă cĂŽtĂ© de quelque chose dâintĂ©ressant.
« Le chien qui louche » est un peu inĂ©gal. Si certaines scĂšnes et dialogues sont formidables (lorsque les provinciaux dĂ©couvrent quâil y a des meubles en exposition au Louvre par exemple), mais le sens gĂ©nĂ©ral de lâouvrage manque un peu de substance et de rĂ©flexion. A la fermeture du livre, on a lâimpression que lâauteur nâest pas allĂ© au bout de sa dĂ©marche. Dommage.
Note : 12/20