Hello fucktopia – Souillon

HelloFucktopia


Titre : Hello fucktopia
Scénariste : Souillon
Dessinateur : Souillon
Parution : Novembre 2014


 Si je n’ai jamais accrochĂ© Ă  « Maliki », j’ai toujours Ă©tĂ© fan du trait de Souillon. Un peu frustrĂ©, j’ai Ă©tĂ© trĂšs rĂ©ceptif Ă  l’annonce de la sortie d’un one-shot plus sombre intitulĂ© « Hello Fucktopia » (et sous-titrĂ© « un vrai conte de fĂ©e »). J’ai pu suivre alors le blog du projet, montrant des extraits plus beaux les uns que les autres. Le livre pĂšse 80 pages et est publiĂ© chez Ankama.

HelloFucktopia2Souillon commence par prĂ©facer son livre avec un mot Ă  son lecteur. Une habitude de blogueur certainement. Il y prĂ©sente « Hello Fucktopia » comme un projet qui lui tient particuliĂšrement Ă  cƓur et qu’il a mis des annĂ©es Ă  arriver Ă  mettre en place. Il implique le lecteur Ă©galement et pose l’idĂ©e d’une forme d’autobiographie cachĂ©e. Cela m’a profondĂ©ment dĂ©rangĂ©. C’est comme si Souillon souhaitait mettre, avant la lecture, une part d’affectif dans notre lecture. Clairement, cela fonctionne pour beaucoup. Mais si l’on n’est pas fan de l’auteur, on est un peu dĂ©routĂ© par cette entrĂ©e en matiĂšre.

« Hello Fucktopia » prĂ©sente l’histoire de Mali venue Ă  Paris (la dite « Fucktopia ») pour Ă©tudier les arts plastiques. Ayant ratĂ© les concours d’entrĂ©e dans les Ă©coles prestigieuses, elle se retrouve Ă  la facultĂ© avec des cours qui ne l’intĂ©ressent guĂšre. A cela s’ajoutent ses amis, ThĂ©mis et StĂ©phane, qui sont bien plus parisiens visiblement.

Un passage Ă  l’Ăąge adulte.

Comme son nom l’indique, « Fucktopia » est une dystopie. Mali n’y trouve pas ce qu’elle cherche et prend des risques. Elle doit passer Ă  l’ñge adulte. HĂ©las, le livre manque un peu d’enjeux. Les intrigues se multiplient sans forcĂ©ment d’intĂ©rĂȘt ou sans ĂȘtre refermĂ©es rĂ©ellement (notamment toutes les histoires avec ThĂ©mis et StĂ©phane n’ont que peu d’intĂ©rĂȘt). La lecture avance et Ă  la fermeture de l’ouvrage, on se demande finalement quel est le sens de cette histoire. Beaucoup de discussions des personnages entre eux, quelques situations avec un peu de suspense, mais on se demande oĂč veut en venir l’auteur.

HelloFucktopia3« Hello Fucktopia » narre la jeunesse de Souillon puisque cela se passe pendant les annĂ©es 90. On regrettera quand mĂȘme que ce soit si peu ancrĂ© dans l’époque. PassĂ©s deux/trois dĂ©tails, on a l’impression d’ĂȘtre en 2014. Mali est clairement encore trĂšs adolescente et a du mal Ă  passer Ă  l’ñge adulte. Mais certaines rĂ©vĂ©lations manquent clairement de puissance Ă©motionnelle pour un adulte. Du coup, je me suis demandĂ© si je faisais partie du public visĂ©. MalgrĂ© tout, la lecture avance bien et certaines scĂšnes sont rĂ©ussies. J’ai accrochĂ© Ă  l’humour de l’ensemble qui pointe son nez par moment, mais la partie rĂ©flexion sur la vie m’a paru un peu lĂ©gĂšre et simpliste. Dommage.

Concernant le dessin, je n’ai pas Ă©tĂ© déçu. L’ensemble est influencĂ© par le manga, mais prĂ©sente une bonne synthĂšse avec des influences plus franco-belge. Les dĂ©cors sont riches, les personnages bien identifiĂ©s et fort graphiquement. Et il y a de vraies qualitĂ©s dans le dĂ©coupage des planches, dynamique et variĂ©. Les couleurs enrichissent les ambiances et le trait sans problĂšme. C’est une belle bande-dessinĂ©e que l’on a dans les mains, avec un dessinateur des plus douĂ©s.

HelloFucktopia1

J’ai pris du plaisir Ă  lire cette bande-dessinĂ©e, mais les dĂ©fauts de l’ensemble me sont apparus ensuite. En insistant sur l’importance qu’avait ce projet pour lui, Souillon a aussi perturbĂ© ma lecture. Car « Hello Fucktopia » ne propose pas un scĂ©nario trĂšs original. BasĂ© avant tout sur des personnages, il nous manque un peu d’empathie pour eux pour pleinement adhĂ©rer.

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Note : 11/20

Comme tout le monde – Rudy Spiessert, Denis LapiĂšre & Pierre-Paul Renders

CommeToutLeMonde


Titre : Comme tout le monde
Scénaristes : Denis LapiÚre & Pierre-Paul Renders
Dessinateur : Rudy Spiessert
Parution : Octobre 2007


Au dĂ©part, il y a un scĂ©nario. De ce scĂ©nario originel accoucheront deux Ɠuvres : la premiĂšre sera un film, la seconde une bande-dessinĂ©e. « Comme tout le monde » n’a pas laissĂ© beaucoup de souvenirs aux cinĂ©philes, qu’en est-il de sa version dessinĂ©e qui se veut une « version longue » de son cousin sur grand Ă©cran. L’ensemble pĂšse quand mĂȘme 140 pages, ce qui laisse aux auteurs le temps de dĂ©velopper les enjeux et les personnages. PubliĂ© chez Dupuis, le livre est dessinĂ© par Rudy Spiessert et scĂ©narisĂ© par Denis LapiĂšre et Pierre-Paul Renders.

CommeToutLeMonde2Tout commence par une Ă©mission, la bien nommĂ©e « comme tout le monde ». Sur le principe de « La famille en or », les participants doivent trouver la rĂ©ponse la plus souvent citĂ©e par un panel de sondĂ©s. Or, le grand champion Jalil ne se trompe jamais. Au point qu’il dĂ©finit la plus pur français moyen. Une aubaine pour les marques qui peuvent l’utiliser comme panel Ă  moindre coĂ»t. Mais Ă  son insu


 Voyeurisme & célébrité

« Comme tout le monde » s’intĂšgre parfaitement dans un monde de voyeurisme et de tĂ©lĂ©-rĂ©alitĂ©. La cĂ©lĂ©britĂ© du français moyen qui exhibe son intimitĂ© est traitĂ©e ici. Si le sujet de la bande-dessinĂ©e n’est simplement jamais crĂ©dible, on se prend au jeu de cette histoire qui sait nous dĂ©voiler les secrets petit Ă  petit. Quelques retournements de situation sont bien vus et surprendront le lecteur. En cela, la pagination importante est adaptĂ©e, permettant de dĂ©velopper pleinement tous les aspects de l’histoire.

CommeToutLeMonde1C’est peut-ĂȘtre au niveau des personnages que l’ensemble pĂȘche un peu. Jalil, trop moyen, manque vraiment de charisme. C’est son personnage, certes, mais on n’a finalement que trĂšs peu de sympathie pour lui, au contraire de sa jeune compagne, Ă  laquelle on s’attache. Mais le tout manque cruellement d’analyse. Claire accepte de se mettre en couple pour de l’argent, sans que la notion de prostitution ne soit relevĂ©e. C’est bien un livre de chez Dupuis qui reste bien gentillet. On aurait pu imaginer une critique mordante, ce ne sera pas le cas. Dommage, car le sujet est plutĂŽt intĂ©ressant et la narration bien menĂ©e.

Au niveau du dessin, Rudy Spiessert est à lui seul un argument pour le bouquin. Clairement influencé par Dupuy et Berberian, il propose un dessin simple en apparence mais trÚs riche, à la mise en scÚne soignée. Une véritable découverte et un auteur à suivre assurément.

« Comme tout le monde » est un ouvrage qui se lit d’une traite, mĂ©nageant son suspense intelligemment. HĂ©las, on sent qu’avec un sujet pareil, le livre aurait pu ĂȘtre plus intĂ©ressant en Ă©tant plus sombre ou cynique. Une sympathique dĂ©couverte.

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Note : 14/20

La cicatrice – Gilles Rochier

LaCicatrice


Titre : La cicatrice
Scénariste : Gilles Rochier
Dessinateur : Gilles Rochier
Parution : Mars 2014


Je me rappelle avoir rencontrĂ© Gilles Rochier au Festival d’AngoulĂȘme alors qu’il soutenait « TMLP ». AurĂ©olĂ© d’un prix, le voilĂ  de retour avec « La cicatrice ». Son prĂ©cĂ©dent livre Ă©tait puissant et teintĂ© d’autobiographie. « La cicatrice » est une fiction sous forme de chronique sociale. On retrouve Denis, un cadre moyen, sur le point de signer un gros contrat. Tout semble aller pour le mieux. Mais Denis se dĂ©couvre une cicatrice. Et impossible de savoir pourquoi il a cette cicatrice
 Le tout est paru chez 6 pieds sous terre.

En utilisant le fil conducteur de cette cicatrice, Gilles Rochier met le doigt sur le malaise de la classe moyenne. On refait la salle de bain, on signe des contrats, on reçoit la belle-famille, on Ă©coute les plaintes de sa mĂšre
 C’est surtout un homme entourĂ© mais trĂšs seul qui nous est dĂ©crit. Car Denis tente de parler de son problĂšme Ă  tout son entourage, mais personne ne l’écoute rĂ©ellement. L’homme s’enferme alors de plus en plus. Et le pire, c’est que les autres lui reprochent de ne pas s’épancher plus fortement


Un malaise grandissant

Le thĂšme n’est pas nouveau bien Ă©videmment, mais Gilles Rochier parvient Ă  mettre une vraie dose de suspense dans cette histoire. La montĂ©e en tension est trĂšs rĂ©ussie et on ressent pleinement le malaise grandissant du personnage principal. Clairement, « TMLP » proposait un univers plus fort car il se passait dans une citĂ©. Dans le milieu des classes moyennes, « La cicatrice » est un livre moins puissant, car les drames y sont moins exotiques.

C’est donc la narration qui prĂ©vaut ici. Gilles Rochier maĂźtrise son tempo et l’impose au lecteur avec minutie. Denis passe son temps Ă  se toucher la cicatrice dĂšs qu’il est seul. Cette obsession est parfaitement rendue et parlera Ă  tous ceux qui ont dĂ©jĂ  eu des phĂ©nomĂšnes soudains et stressants sur leur corps. Cela ressemble Ă  un homme hypocondriaque, mais c’est bien plus que ça, c’est rĂ©vĂ©lateur d’un malaise avant tout psychique. Pour ma part, ce rapport entre la tĂȘte qui ne va pas et le corps qui en est le rĂ©vĂ©lateur m’a parlĂ©.

Concernant le dessin, le trait nerveux et imprĂ©cis de l’auteur ne plaira clairement pas Ă  tout le monde. Mais il est trĂšs efficace et au service de la narration. Si les parties muettes parlent d’elles-mĂȘmes, les parties dialoguĂ©es font la part belle aux phylactĂšres. Ces derniers envahissent l’espace, la case, les visages
 Plus qu’une façon de dessiner, cela montre aussi le poids de la parole, et surtout le flot continu de stress qui en dĂ©coule.

Moins puissant de par son sujet que « TMLP », « La cicatrice » demande au lecteur de faire abstraction du prĂ©cĂ©dent ouvrage de Gilles Rochier pour ĂȘtre pleinement apprĂ©ciĂ©. MalgrĂ© un thĂšme dĂ©jĂ  souvent traitĂ©, l’auteur y apporte sa touche personnelle avec notamment une montĂ©e de tension trĂšs rĂ©ussie. Gilles Rochier confirme ici les espoirs placĂ©s en lui.

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Note : 14/20

Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T4 : Pourvu que les bouddhistes se trompent
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Mars 2014


« Blast » est un OVNI du neuviĂšme art. Depuis la sortie de son premier tome il y a presque quatre ans, cette sĂ©rie est amenĂ©e Ă  marquer profondĂ©ment ses lecteurs. Ce roman graphique nĂ© de l’imagination et de la plume de Manu Larcenet est un uppercut permanent. Cette saga est une tĂ©tralogie. Le sept mars dernier est apparu l’épisode ultime du parcours de Polza Mancini, ce personnage pas comme les autres. Ce dernier opus s’intitule « Pourvu que les bouddhistes se trompent ». EditĂ© chez Dargaud, cet ouvrage se compose de cent quatre-vingt-quinze pages. Il coĂ»te vingt-trois euros. La couverture se partage en deux plans. Le premier nous prĂ©sente Polza, revenu Ă  l’état sauvage. Le second nous prĂ©sente Carole assise un rĂ©volver dans la main. Le dĂ©nouement approche et nous pouvons lĂ©gitimement l’apprĂ©hender.

La quatriĂšme de couverture fait parler Mancini qui s’adresse Ă  nous : « Un vent lourd, puant suie et cadavre, gronde sur la route et me glace. L’orage approche. Je ne cherche aucun abri, il n’en existe pas Ă  ma taille. Je claudique au bord du chemin, ivre comme toujours, dans l’espoir que la distance entre nous se rĂ©duise que nos peaux se touchent enfin. Sali, battu, hagard, je repousse le moment oĂč, le souffle court et les pieds meurtris par de mauvaises chaussures, je devrai m’arrĂȘter. Serai-je encore assez vivant pour repartir ? »

Tour Ă  tour Ă©mu, touchĂ©, Ă©nervĂ©, choquĂ©, compatissant, dĂ©goĂ»tĂ©, horrifiĂ©…

Polza Mancini est un personnage riche qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent. Pire que cela, il arrive Ă  gĂ©nĂ©rer tous les spectres des sentiments possibles. Tour Ă  tour j’ai Ă©tĂ© Ă©mu, touchĂ©, Ă©nervĂ©, choquĂ©, compatissant, dĂ©goĂ»tĂ©, horrifiĂ© et j’en passe. D’une page Ă  l’autre, nos Ă©motions sont chamboulĂ©es. La vie de Polza est celle d’un clochard comme il l’affirme. Elle alterne donc entre des moments de poĂ©sie dans la forĂȘt ou prĂšs d’une riviĂšre avec des moments durs inhĂ©rents Ă  la vie dehors. Tous les marginaux ne sont pas stables et bienveillants, loin s’en faut. D’ailleurs le Mancini n’est pas dĂ©nuĂ© de dĂ©faut : il est alcoolique, droguĂ©, instable, sale. A cela s’ajoute un physique difforme qui incite Ă  dĂ©tourner le regard. Bref, il fait partie des gens qu’on n’oublie mais qu’on ne souhaite pas croiser Ă  nouveau.

Mais Polza ne nous conte pas son histoire au coin du feu. Il est en garde Ă  vue. Il est accusĂ© du meurtre de Carole, une jeune femme que les premiers tomes ont petit Ă  petit fait apparaĂźtre dans la vie de Mancini. L’album prĂ©cĂ©dent se concluait par une rude rĂ©vĂ©lation : Carole aurait tuĂ© son propre pĂšre. C’est donc ici que reprend la trame pour ce dernier acte.

A la suite de son Ă©vasion de l’hĂŽpital, Polza est hĂ©bergĂ© chez un des anciens pensionnaires prĂ©nommĂ© Roland. Ce dernier vit dans une ferme reculĂ©e avec sa fille Carole. Mancini ne quittera plus cette ferme jusqu’à son interpellation par la police. Pour la premiĂšre fois, Polza est sĂ©dentaire. Bien qu’il affirme ĂȘtre irrĂ©mĂ©diablement attirĂ© par un dĂ©part dans la forĂȘt, il ne franchit jamais le pas. Il semble attachĂ© Ă  sa nouvelle famille. L’équilibre qui rĂ©git la vie de cette petite communautĂ© est remarquable dĂ©crit par Larcenet. Alors qu’on pourrait y voir une fille aimante et dĂ©vouĂ©e qui s’occupe de son pĂšre malade et qui accueille un sans-abri en quĂȘte d’affection. Mais tout cela est bien plus compliquĂ©, malsain et inquiĂ©tant. Chaque rayon de soleil prĂ©cĂšde une longue pĂ©riode sombre sans lumiĂšre. L’issue nous est connue. Elle est triste et fatale. Le moins que nous puissions dire est que le chemin qui y mĂšne n’est pas plus joyeux.

CĂŽtĂ© dessin, le voyage est intense. Le travail graphique de Larcenet est impressionnant. Son Ɠuvre est quasiment entiĂšrement en noir et blanc. Il fait naĂźtre une grande galerie d’atmosphĂšre. Que les scĂšnes soient intimes ou que ce soient des paysages, que les moments soient lĂ©gers ou horribles, tout nous pĂ©nĂštre profondĂ©ment. Je n’ai pas le vocabulaire suffisamment riche pour vous transcrire les sentiments ressentis devant les planches ou les termes prĂ©cis et techniques qui permettraient d’expliquer la qualitĂ© du travail. Je ne peux donc que vous inciter Ă  ouvrir aux hasards ce tome et en lire quelques pages. Ce sera la meilleure maniĂšre de vous imprĂ©gner et de savourer les remarquables illustrations qui accompagnent cette histoire qui l’est tout autant.

« Pourvu que les bouddhistes se trompent » conclue avec maestria cette grande saga. La derniĂšre partie de l’ouvrage est une invitation Ă  la redĂ©couvrir avec un regard neuf. Cette sĂ©rie est une Ɠuvre majeure de ma bibliothĂšque. Je pense que je m’y plongerai rĂ©guliĂšrement quitte Ă  prendre du plaisir de lecteur Ă  souffrir. « Blast », c’est une expĂ©rience qui ne laisse pas indemne


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Note : 19/20

Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T3 : La tĂȘte la premiĂšre
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Octobre 2012


« Blast » est incontestablement un OVNI dans la bibliographie de Manu Larcenet. Sa cĂ©lĂ©britĂ© est nĂ©e du succĂšs de sĂ©ries telles que « Le retour Ă  la Terre », « Donjon Parade », « Le combat ordinaire » ou encore « Chez Francisque ». J’ai toujours suivi son travail. Il a su me faire rire souvent et m’émouvoir de temps Ă  autre. Bref, cet auteur est incontestablement un des Ă©crivains en vogue du neuviĂšme art. Son aura prend une toute autre ampleur lorsqu’apparait « Grasse carcasse » dans les librairies. Premier Ă©pisode de sa nouvelle saga, cet album se dĂ©marque. Le format est plus carrĂ©, il se compose de deux cents pages et l’identitĂ© graphique est noire et blanche. Une fois la lecture entamĂ©e, l’atmosphĂšre glauque, triste et dĂ©pressive nous envahit et ne nous laisse pas indemne une fois terminĂ©e. Bref, « Blast » organise un voyage unique qui ne peut pas laisser indiffĂ©rent. C’est donc avec un plaisir intense que j’ai dĂ©couvert la parution en octobre dernier du dernier acte des aventures de Polza Mancini.

Son hĂ©ros est accusĂ© d’avoir agressĂ© une femme. Il est en garde Ă  vue, Ă©coutĂ© par des policiers. Ces derniers cherchent Ă  savoir comment cet acte a pu avoir lieu. Mais Polza veut tout expliquer. Cela part de son enfance, de la mort de son frĂšre et de son pĂšre. Et surtout il Ă©voque son premier Blast, Ă©tat d’extase profonde qu’il obtient en abusant d’alcool ou de substances illicites. Sa vie de clochard, en dehors des sentiers battus, se rĂ©sument donc Ă  des rencontres hasardeuses et la quĂȘte du blast. Son physique ingrat fait de lui un paria volontaire de la sociĂ©tĂ©. Dans l’opus prĂ©cĂ©dent, il croisait Jacky qui s’avĂ©rait ĂȘtre un serial killer. Ce nouvel acte prĂ©sente de nouvelles rencontres qui ne laissent pas indemne Ă  la fois le hĂ©ros et ses lecteurs


Un hĂ©ros malade Ă  l’intelligence particuliĂšre et alambiquĂ©e.

Cet ouvrage se dĂ©marque des deux prĂ©cĂ©dents par la narration de l’internement de Polza. Suite Ă  une tentative de suicide difficile Ă  soutenir, Mancini se trouve enfermĂ© dans une structure hospitaliĂšre qui lui impose une thĂ©rapie psychanalytique. On n’a jamais doutĂ© du fait que le hĂ©ros est malade et nĂ©cessite des soins. Mais c’est la premiĂšre fois depuis le dĂ©but de l’histoire qu’on le dĂ©couvre dans les mains du corps mĂ©dical. Son intelligence particuliĂšre, inquiĂ©tante et alambiquĂ©e prend une autre ampleur quand elle se confronte Ă  la rĂ©alitĂ©. Son refus de se soigner, sa maniĂšre de manipuler et de mĂ©priser les codes font que tout espoir Ă  son Ă©gard disparaĂźt. Il ne veut pas saisir la main qu’on lui tend. On s’en doutait mais on souffre de voir cela se confirmer.

En dehors de la pĂ©riode mĂ©dicale de l’intrigue, Larcenet nous offre des scĂšnes particuliĂšrement dures qui mettent mal Ă  l’aise et qui font souffrir. L’auteur n’utilise aucun filtre pour dĂ©crire la vie de cet homme errant. On sent particuliĂšrement bien l’angoisse de la nuit. Toutes les bĂȘtes fĂ©roces sortent de leur taniĂšre et l’animalitĂ© de l’homme prend une toute autre ampleur qui est loin de laisser indiffĂ©rent. Le talent de l’auteur pour alterner des moments bavards et des moments complĂštement silencieux participe activement Ă  cette atmosphĂšre oppressante. La capacitĂ© que possĂšde l’écrivain Ă  dessiner des paysages nocturnes ou diurnes fait que nos Ă©motions sont en permanence sollicitĂ©es.

Je ne voudrais trop vous en dĂ©voiler. En effet, le plaisir rĂ©side Ă©galement dans les nombreuses interrogations qui se posent Ă  nous quant au devenir de Polza. Le suspense est stressant tant la descente aux enfers du hĂ©ros est permanente. Cet ouvrage est donc dans la lignĂ©e des deux premiers opus. Il s’agit lĂ  d’un vrai compliment tant je suis adepte de cette saga qui est unique dans son genre et qui ne laissera personne indemne une fois le bouquin refermĂ©. Mancini continue Ă  nous hanter


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Note : 17/20

Blast, T2 : L’apocalypse selon Saint Jacky – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T2 : L’Apocalypse selon Saint Jacky
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Avril 2011


« L’apocalypse selon Saint Jacky » est le titre du deuxiĂšme opus de la sĂ©rie de bandes dessinĂ©es « Blast ». Ecrit par Manu Larcenet, cet album est Ă©ditĂ© chez Dargaud depuis le mois d’avril dernier. Cet ouvrage est d’un format original. En effet, l’histoire s’étale sur environ deux cents pages. Le prix est Ă  peine supĂ©rieur Ă  vingt euros. La couverture est coupĂ©e en deux parties. La partie supĂ©rieure, en noir et blanc, nous prĂ©sente un homme obĂšse les yeux dans les yeux avec un Ă©lĂ©phant. L’infĂ©rieure est colorĂ©e et nous fait dĂ©couvrir un homme en train de lire, allongĂ© dans ce qui semble ĂȘtre un livre.

Ce bouquin est la suite du prĂ©cĂ©dent tome de « Blast » intitulĂ© « Grasse carcasse ». Cette nouvelle histoire reprend oĂč nous avait laissĂ©s la prĂ©cĂ©dente. C’est l’occasion de prĂ©ciser qu’il m’apparaĂźt indispensable d’avoir lu le prĂ©cĂ©dent pour profiter pleinement de cet ouvrage. On y avait rencontrĂ© Mancini. Ancien Ă©crivain, il se revendique clochard. On dĂ©couvre son choix de vie qui consiste Ă  errer et Ă  vivre oĂč le mĂšne la vie sans aucune contrainte. Il vit dans la forĂȘt, y rencontre des SDF. Et surtout il boit et se drogue. Tout cela a pour but de lui faire ressentir Ă  nouveau le blast, sensation extrĂȘme de nirvana qui lui fait quitter sa misĂ©rable existence et son horrible corps d’obĂšse dĂ©goutant. Mais le problĂšme est qu’on a dĂ©couvert Mancini en garde Ă  vue et qu’il est accusĂ© de tentative de meurtre sur une femme


« L’apocalypse selon Saint Jacky » commence par l’annonce du dĂ©cĂšs de la prĂ©sumĂ©e victime de Mancini. Les policiers refusent de l’annoncer Ă  leur suspect et continuent Ă  le faire parler. En effet, Mancini continue de leur conter le cheminement de sa vie qui l’a amenĂ© Ă  se trouver Ă  cet endroit Ă  ce moment. Le centre de sa narration va tourner autour d’un personnage prĂ©nommĂ© Jacky qui l’a accueilli un temps et qui a fait durant quelques temps de Mancini un sĂ©dentaire


Un personnage principal qui n’a rien de rĂ©ellement sympathique.

Cette sĂ©rie ne s’adresse pas Ă  tous les publics. Autant des sĂ©ries de Larcenet comme « Le retour Ă  la terre » ou « Nic Oumouk » utilisent un ton lĂ©ger et humoristique, autant « Blast » adopte une ambiance lourde et dure. Le personnage principal n’a rien de rĂ©ellement sympathique. Son statut de SDF devrait dĂ©clencher un sentiment d’empathie. Ce n’est pas vraiment le cas. Il a choisi sa situation et semble en revendiquer de la fiertĂ©. De plus, sa situation d’alcoolique et de droguĂ© assumĂ©e ne favorise pas la sympathie. La narration est rĂ©aliste. Elle prĂ©sente quelque part les codes du chemin initiatique. Mancini nous offre une rĂ©flexion sur sa vie.

Le scĂ©nario s’étale sur deux cents pages. C’est relativement rare dans la bande dessinĂ©e. Le risque Ă©tait que la trame souffre de quelques vides ou encore de quelques lenteurs. Ce n’est absolument pas le cas. La lecture est intense. J’ai dĂ©vorĂ© cet opus d’une seule traite. On est rĂ©ellement transportĂ© dans l’univers de Mancini. On est fascinĂ© par le parcours de cet homme qui se met sciemment Ă  l’écart de la sociĂ©tĂ© et de ses codes. Les diffĂ©rentes rencontres sont autant de rebondissements. Les moments d’introspection sont Ă©galement passionnants.

Le personnage principal possĂšde une emprise Ă©norme sur le rĂ©cit. D’une part, il en est le narrateur et d’autre part ils occupent quasiment toutes les cases de l’ouvrage. Les deux policiers qui l’interrogent ont un rĂŽle trĂšs secondaire et ont pour unique utilitĂ© de relancer la trame. Ce deuxiĂšme tome nous fait rencontrer un nouveau protagoniste qui prend une place trĂšs importante. PrĂ©nommĂ© Jacky, il s’agit d’un homme, dealer, vivant dehors et fanatique de littĂ©rature qui va hĂ©berger Mancini pendant quelques temps. On pourrait qu’ils deviennent amis. Leur cohabitation nous est contĂ©e durant une grande majoritĂ© des pages. J’ai trouvĂ© cet aspect passionnant et savamment narrĂ©. Cette rencontre entre deux auto-exclus de la sociĂ©tĂ© ne laisse pas indiffĂ©rent.

Mais la richesse de cet album ne rĂ©side uniquement dans sa narration. L’atmosphĂšre de la lecture est intense. De temps en temps touchant, trĂšs souvent mettant mal Ă  l’aise, l’ambiance ne nous laisse jamais indiffĂ©rent ni insensible. Et pour aboutir Ă  ce rĂ©sultat, les dessins jouent un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant. Manu Larcenet nous offre une Ɠuvre de grande qualitĂ© sur le plan graphique. Les dessins sont en noir et blanc. Il nous offre une grande variĂ©tĂ© de point de vue. D’une part, les paysages sont remarquables. Que ce soit la forĂȘt ou des immeubles de banlieue. D’autre les personnages sont Ă©galement trĂšs bien nĂ©s. Certains visages sont splendides. Ils possĂšdent une rĂ©elle profondeur.

Je ne peux donc que vous conseiller la lecture de cet album. Je le trouve trĂšs rĂ©ussi. De plus, il s’avĂšre ĂȘtre original, ce qui ne gĂąche rien. Pour ceux qui avaient dĂ©jĂ  dĂ©couvert le premier opus de la sĂ©rie, ce nouveau tome est Ă  la hauteur de son prĂ©dĂ©cesseur. Quant Ă  ceux pour qui « Blast » Ă©tait un univers inconnu, n’hĂ©sitez pas Ă  vous y plonger en commençant par « Grasse carcasse ». Bonne lecture


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Note : 17/20

Blast, T1 : Grasse carcasse – Manu Larcenet

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Titre : Blast, T1 : Grasse Carcasse
Scénariste : Manu Larcenet
Dessinateur : Manu Larcenet
Parution : Novembre 2009


Manu Larcenet est un auteur que j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment. La principale qualitĂ© que je lui trouve est de ne pas s’enfermer dans une case scĂ©naristique. Autant son « Le retour Ă  la terre » est lĂ©ger et drĂŽle, autant son « Le combat ordinaire » est nostalgique et Ă©mouvant. Ses deux sĂ©ries dĂ©montrent plutĂŽt bien le grand spectre d’atmosphĂšre dans lequel peut nous plonger cet Ă©crivain. Mais ce n’est pas de ses sĂ©ries dont je veux vous parler. Je me contente de vous les conseiller vivement. L’album dont je veux vous parler aujourd’hui se nomme « Blast ». Il s’agit d’un ouvrage au format original. EditĂ© chez Dargaud, il est d’un format plus « carrĂ© » qu’un album de bandes dessinĂ©es classique. De plus, il est particuliĂšrement Ă©pais. En effet, l’histoire se dĂ©roule sur environ deux cents pages. Il est vendu au prix de vingt-deux euros. « Blast » est une nouvelle sĂ©rie nĂ©e de l’imagination de Larcenet. Il s’occupe Ă  la fois du scĂ©nario et des dessins. Le premier opus s’intitule « Grasse carcasse ». Il est apparu dans les librairies en novembre dernier.

Un homme obĂšse et sans domicile fixe

L’histoire est construite autour d’un personnage imposant nommĂ© Polza Mancini. On le dĂ©couvre en garde Ă  vue. AgĂ© de trente-huit ans et sans domicile connu, il est accusĂ© d’avoir agressĂ©e une femme maintenant plongĂ©e dans un coma artificiel. Deux policiers l’interrogent et cherchent Ă  connaĂźtre son mobil et Ă  savoir prĂ©cisĂ©ment d’oĂč vient un tel dĂ©chainement de violence. Mais pour Polza, tout n’est pas si simple. Sa quĂȘte consiste Ă  sentir Ă  nouveau le Blast, moment oĂč la vie atteint la perfection. Et cette recherche est permanente et vient de loin. Et pour cela, il faut en revenir au tout dĂ©but. Et voilĂ  cet homme obĂšse et sans domicile fixe qui commence Ă  nous raconter sa vie dans la petite salle d’un commissariat


Le hĂ©ros est particulier. Si on l’avait croisĂ© dans la rue, il ne nous aurait inspirĂ© aucune affection ou empathie particuliĂšre. Voir cet homme errer dans la rue ne nous aurait pas touchĂ©s. On aurait Ă©ventuellement ressenti de la pitiĂ© pour son physique difforme et sa vie apparemment pas facile. Mais Larcenet en a dĂ©cidĂ© d’en faire son personnage central. Pour arranger le tout, cet homme a agressĂ© violemment une femme et se trouve arrĂȘtĂ© dans un commissariat. Comment peut-on s’intĂ©resser Ă  lui ? Peut-ĂȘtre est-ce du au talent de son crĂ©ateur mais dĂšs les premiĂšres pages de lecture, Mancini nous devient sympathique. On s’attache Ă  lui trĂšs vite. On oublie la raison de sa prĂ©sence dans ces lieux. On s’immerge pleinement dans son univers et dans son histoire. Sa narration nous passionne.

L’intĂ©rĂȘt que j’ai ressenti pour cette histoire est d’autant plus surprenant qu’elle n’est a priori pas forcĂ©ment passionnante. Mancini est un Ă©crivain qui voit son pĂšre mourir Ă  l’hĂŽpital. Cet Ă©vĂ©nement marque une rupture. Il dĂ©cide de partir Ă  l’aventure. La rue devient son nouvel univers et sa nouvelle maison. On a donc l’impression de suivre un clochard dans son quotidien. Il ne tĂ©moigne pas de rĂ©elle volontĂ© d’amĂ©liorer sa situation, on ne ressent pas de quĂȘte particuliĂšre sortie de celle de ressentir le Blast. Bref, tout cela manque d’idĂ©al classique. Et pourtant malgrĂ© tout cela, on se prend d’affection pour cette personne et on a Ă©normĂ©ment de curiositĂ© pour son avenir.

Je pense que ce plaisir de lecture vient en grande partie de l’atmosphĂšre assez particuliĂšre dans laquelle navigue Mancini. L’ambiance est assez envahissante je trouve. On s’y immerge de maniĂšre assez intense. Larcenet nous offre des moments de silence et contemplatif qui apportent une dimension assez intense Ă  la narration. Peut-ĂȘtre que le fait que les dessins soient en noir et blancs participent Ă  tout cela. Ce qui est Ă©galement trĂšs particulier est le fait que malgrĂ© ce grand nombre de pages, on croise relativement peu de personnages. La narration est construite davantage sur l’introspection du hĂ©ros plutĂŽt que sur ses rencontres. De plus, le style de Larcenet, bien que particulier, me touche Ă©normĂ©ment. Je trouve les visages de ses personnages trĂšs expressifs.

Donc au final j’ai pris Ă©normĂ©ment de plaisir Ă  dĂ©couvrir ce nouvel univers. La lecture a Ă©tĂ© trĂšs agrĂ©able, le dĂ©paysement total. Par contre, je comprendrais aisĂ©ment que tout le monde n’y soit pas sensible. L’ambiance, le thĂšme ou encore le dessin sont particuliers. Je vous conseille donc de le feuilleter dans les rayons avant de vous l’offrir. Par contre, si vous y ĂȘtes sensibles, je vous garantis un moment assez intense et je ne doute pas que vous partagerez avec moi l’impatience de devoir attendre la parution du deuxiĂšme opus de « Blast ». Bonne lecture


coupdecoeur_new

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Note : 17/20

La vie secrĂšte des jeunes – Riad Sattouf

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Titre : La vie secrĂšte des jeunes
Scénariste : Riad Sattouf
Dessinateur : Riad Sattouf
Parution : Octobre  2007


Ce que j’aime avant tout chez Riad Sattouf, c’est sa sĂ©rie « Pascal Brutal » que je qualifierai sans peine de culte. AprĂšs cette dĂ©couverte, je me suis intĂ©ressĂ© aux autres travaux de l’auteur. Or, une bonne partie des livres qui ont fait la renommĂ©e de ce dernier sont des reportages ou de l’autobiographie. J’avoue que je n’ai jamais Ă©tĂ© pleinement emballĂ© par cette partie de l’Ɠuvre de Sattouf. Mais il me restait encore « La vie secrĂšte des jeunes » pour revoir mon jugement. Il s’agit ici du premier tome paru Ă  L’Association dans la collection Ciboulette. Le tout fait 160 pages pour 160 saynĂštes.

A l’origine, « La vie secrĂšte des jeunes » paraĂźt dans Charlie Hebdo. L’auteur raconte en une page des anecdotes sur des passants qu’il a pu rencontrer. Cela se passe dans la rue, le mĂ©tro, au bistrot, dans le taxi
 Les histoires ne sont pas forcĂ©ment des gags Ă  chute puisqu’ils trahissent une rĂ©alitĂ© de situation, mais le tout est clairement destinĂ© Ă  faire rire (ou Ă  pleurer ?).

Observer ses contemporains

DĂšs le dĂ©part, on voit que Riad Sattouf possĂšde un vrai sens de l’observation. Clairement, il ne doit pas avoir des Ă©couteurs vissĂ©s en permanence Ă  ses oreilles car il profite pleinement des conversations de ses contemporains. Vivre Ă  Paris l’aide forcĂ©ment beaucoup pour observer les comportements erratiques de la faune locale. En revanche, le titre est plutĂŽt mal choisi, car le livre ne se limite pas forcĂ©ment aux jeunes. Certes, ils sont trĂšs prĂ©sents car bruyants et faciles Ă  Ă©couter, mais toutes les gĂ©nĂ©rations sont reprĂ©sentĂ©es.

J’ai un sentiment mitigĂ© sur cet ouvrage. Le sujet en lui-mĂȘme fait que l’ensemble est assez inĂ©gal. Certaines anecdotes sont trĂšs croustillantes, d’autres sont assez banales. Cependant, l’auteur fait montre d’une vraie capacitĂ© de mise en situation. De mĂȘme, il retranscrit parfaitement les attitues des jeunes, leur façon de se parler et de se comporter. Et on sent qu’il choisit au mieux le point de vue pour raconter. Si bien qu’il faut avouer que le livre est addictif. Lorsque l’on est lancĂ©, on a du mal Ă  dĂ©crocher.

Le trait de Sattouf, simple et expressif, est parfaitement adaptĂ© au sujet. Le noir et blanc de l’ouvrage et le dĂ©coupage au gaufrier rendent la lecture simple et efficace. C’est vraiment dans l’expression des personnages et des phylactĂšres que l’auteur fait passer le rire.

« La vie secrĂšte des jeunes » possĂšde un charme particulier. Observant le mĂȘme genre de comportements dans mon quotidien, je vois bien que Riad Sattouf n’a pas besoin d’inventer quoique ce soit et qu’il est avant tout un fin observateur de ses contemporains. Une belle dĂ©couverte, qui donne envie de lire les tomes suivants.

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Note : 15/20