La famille Passiflore, T3 : La chasse au trésor

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Titre : La famille Passiflore, T3 : La chasse au trésor
Scénariste : Michel Plessix
Dessinateur : LoĂŻc Jouannigot
Parution : Juin 2014


Ma critique d’aujourd’hui porte sur un album de jeunesse intitulĂ© « La chasse au trĂ©sor ». C’est le nom de son dessinateur qui m’a orientĂ© vers lui. Il s’agit de Michel Plessix dont le trait m’a charmĂ© dans « Le vent dans les saules ». De plus, j’avais eu l’occasion de lire une critique Ă©logieuse Ă  l’égard de cette troisième aventure de la famille Passiflore. Cette sympathique bande de lapins m’était inconnue jusqu’alors. La couverture est attirante. Elle nous prĂ©sente une bande de jeunes lapereaux bien dĂ©cidĂ©s au milieu d’une prairie verdoyante. Un danger rode dans l’ombre : ils sont observĂ©s par quelqu’un qui ne semble pas leur vouloir que du bien… Continuer la lecture de « La famille Passiflore, T3 : La chasse au trĂ©sor »

Templiers, T2 : Le Graal – Jordan Mechner, LuUyen Pham & Alex Puvilland

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Titre : Templiers, T2 : Le Graal
Scénariste : Jordan Mechner
Dessinateurs : LuUyen Pham & Alex Puvilland
Parution : Avril 2014


« Templiers » est un diptyque né des plumes conjointes de Jordan Mechner, LeUyen Pham et Alex Puvilland. La parution du second tome date d’il y a presque un an. Edité chez Akileos, il s’intitule « Le Graal ». L’histoire se déroule plus près de deux cent cinquante pages. Le format de l’ouvrage est plus proche de celui des comics que des albums franco-belges classiques. La couverture est la même que celle du premier opus. En second plan, se trouvent les ombres de maisons à colombages devant lesquelles combattent des soldats. Le premier plan est occupé par une croix rouge brisée symbolisant la chute du célèbre ordre religieux éponyme.

La quatrième de couverture pose les enjeux de la trame : « Les Chevaliers du Temple. Vénérés pour leur noblesse, leur férocité dans la bataille, et leur dévotion religieuse, les Templiers étaient des chevaliers de Dieu, exempts de tout péché et à l’âme pure. Du moins la plupart d’entre eux. Martin n’est pas exactement le plus opiniâtre ou le plus pieux des chevaliers, mais il parvient à s’échapper quand le roi de France décide d’abattre l’Ordre des Templiers afin de mettre la main sur leur légendaire trésor. Après un temps de souffrance et d’errance, il retrouve d’anciens compagnons et met au point un plan des plus audacieux… voler le plus grand trésor du monde au nez du roi. »

Une chasse au trésor captivante.

J’avais été conquis par le début de l’intrigue. « La Chute » offrait une introduction captivante. On y découvrait des personnages attachants. Leurs faiblesses et leurs mésaventures nous lient tout de suite à leurs destins. La trame se construit essentiellement autour de Martin. Il est passé du statut de chevalier à celui de hors la loi vagabond. Cette chute était habilement contée dans le premier tome. Cette descente aux enfers trouvait son dénouement avec le projet improbable qu’il partage avec deux compagnons d’infortune : mettre la main sur le légendaire trésor des Templiers. Ce second album devait nous raconter cette quête.

Les premières pages nous plongent tout de suite dans les arcanes de leur stratégie. Tout au long de la lecture, j’ai senti monté un suspense fort. Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de leur but, la tension augmente. Ma curiosité est attisée en permanence. L’envie de faire défiler les pages est puissante. Je suis obligé de me retenir de dévorer les planches pour savourer la richesse de chacune d’entre elles. La construction scénaristique est un modèle du genre. L’aventure est au rendez-vous !

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« Templiers » ne se contente pas de nous offrir une chasse au trésor. La qualité d’écriture des différents protagonistes participe au bonheur de la découverte. Les événements ne sont pas prévisibles. La sympathie des héros ne fait qu’accentuer l’inquiétude qu’on ressent à leur égard à chaque étape de leurs pérégrinations. Les auteurs arrivent à greffer toute une série d’intrigues secondaires au fil conducteur, densifiant ainsi le propos. Le travail sur le script est remarquable. En refermant le bouquin, je ressentais encore le parfum de l’aventure. Je pense que je prendrais beaucoup de plaisir à relire cette histoire et à retrouver les pas de Martin et ses acolytes.

Le travail graphique alimente la qualité de l’ensemble. Le trait possède une belle personnalité. LeUyen Pham offre des décors très réussis. L’immersion dans cette société médiévale est splendide. Je ne peux donc que vous conseiller la découverte de cette série. Elle ravira les adeptes d’aventure et d’époque chevaleresque. La légende des Templiers est un support classique de narration épique, elle est ici habilement exploitée. Il ne vous reste plus qu’à rejoindre cette quête mythique…

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AbĂ©lard, T2 : Une Brève Histoire de Poussière et de Cendre – RĂ©gis Hautière & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T2 : Une brève histoire de poussière et de cendre
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Septembre 2011


« Abélard » est un diptyque scénarisé par Régis Hautière et dessiné par Renaud Dillies. Trois mois seulement après la sortie du premier tome, voilà que se clôt déjà l’ensemble avec « Une brève histoire de poussière et de cendre ». Nous avions laissé Abélard le petit volatil en partance pour l’Amérique avec l’ours taciturne Gaston. Nous les retrouvons donc sur le chemin de la ville et du port, espérant se faire embarquer au plus vite. En effet, Abélard a entendu dire qu’il y a des machines volantes en Amérique. Il pourra ainsi décrocher la Lune pour Epilie, la jeune fille dont il est épris.

Dans le premier tome, Abélard faisait un peu office de personnage totalement innocent. N’ayant jamais connu autre chose que le marais, il en sort désormais et va aller de surprises en surprises. La mer, la ville et surtout les gens… Le petit volatil est totalement étranger à tout. C’est une âme pleine d’innocence lâchée dans un monde brutal. A la fin du premier tome déjà se dessinait cette évolution, on y entre ici de plein pied. La poésie fait rapidement place à une noirceur terrible et finalement assez inattendue. En effet, le premier tome était plutôt léger dans son propos. Le revirement est assez violent.

Un second tome pour les désillusions.

Abélard n’est en effet pas fait pour vivre dans le monde de la ville. Il n’est pas émerveillé par cet univers nouveau, il s’y retrouve en décalage total. Comment donc peut-il y trouver sa place ? Seule son amitié avec Gaston (le rayon de soleil de cet album ?) donne un peu d’espoir en l’humanité. Car sans Gaston, nul doute qu’Abélard ne serait pas allé beaucoup plus loin que les abords du marais. D’ailleurs, le personnage de Gaston est assez central ici. Au premier abord violent, intolérant voire misanthrope, son évolution lui donne le vrai premier rôle de deuxième volet. 

A la lecture de ce tome, l’intérêt du diptyque paraît évident. Alors que le premier tome traitait des illusions (sur l’extérieur, la ville, l’Amérique, Epilie…), le deuxième tome est celui des désillusions (sur les mêmes sujets). Malgré sa poésie, « Abélard » est une série au propos bien noir.

Le dessin de Dillies est une fois de plus de haute volée. L’osmose entre Hautière et Dillies est vraiment une grande réussite. L’univers entre innocence, poésie et noirceur et parfaitement rendu par le trait faussement naïf de Dillies. Son trait épais et indistinct, très dynamique, dessine des animaux à l’apparence enfantine. Cet album, plus noir, est colorisé de façon plus sombre globalement et installe par moment un vrai sentiment de malaise.

Tout ce que j’ai dit auparavant ne peut réellement résumer ce que j’ai ressenti à la lecture de cet album. J’en ai eu des frissons. Il m’a simplement transporté et m’a isolé du monde le temps d’aller de la première à la dernière page. C’est simplement un voyage dont on ne peut pas revenir indemne. Un chef d’œuvre ?

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note5

AbĂ©lard, T1 : La Danse des Petits Papiers – RĂ©gis Hautière & Renaud Dillies

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Titre : Abélard, T1 : La Danse des Petits Papiers
Scénariste : Régis Hautière
Dessinateur : Renaud Dillies
Parution : Juin 2011


Renaud Dillies m’avait beaucoup marqué de son trait avec « Betty Blues » et « Bulles et Nacelles » où il développait un univers plein de poésie. A la suite d’une rencontre lors d’un festival, j’ai pu découvrir son nouvel ouvrage, « Abélard » (premier tome d’un diptyque) en avant-première, où il assure le dessin pendant que Régis Hautière s’occupe du scénario. Ce n’est pas la première collaboration des deux hommes, qui ont déjà signés « Mister Plumb » ensemble.

L’histoire fait intervenir Abélard, un poussin qui vit dans les marais, entre jeu de cartes et parties de pêche. Ayant toujours vécu à cet endroit, il ne peut s’empêcher de s’interroger sur l’ailleurs, si inconnu à ses yeux. Une rencontre avec une femme, Epilie, va changer sa vie. Pour elle, il va décider de voyager, jusqu’à vouloir partir en Amérique.

Un road trip sous forme d’initiation.

« Abélard », après une introduction dans les marais, ressemble fort à un road trip sous forme d’initiation. N’ayant vécu que dans les marais, Abélard a été protégé du vaste monde et est particulièrement naïf. Cette naïveté est à la fois très touchante et drôle. Sa méconnaissance du monde et des gens est vraiment amusante. Ainsi, il se retrouve à voyager avec des gitans sans même savoir qu’ils sont très mal acceptés par la population. Lui prend les gens comme ils sont, sans trop se poser de questions.

Au-delà de l’apparence parfois simple de l’histoire se dessine une trame qui paraît plus complexe. Ainsi, tout le monde semble connaître Epilie, lui donnant une image de dangerosité que l’on ne comprend pas. Nul doute que le deuxième tome explicitera tout ça, mais tout cela participe à une ambiance des plus étranges. Autre particularité d’Abélard : son chapeau lui donne chaque jour un message sous forme de proverbe ou citation. Ces messages, venus dont ne sait où vont avoir une vraie influence sur l’histoire. Une petite curiosité qui donne de la poésie à l’ensemble.

Car « Abélard » a une poésie certaine, à l’image du héros qui monte dans un arbre pour « décrocher la Lune » à sa dulcinée. Le graphisme suranné fait mouche. Le choix de la palette de couleur met parfaitement en valeur le trait de Dillies. Celui-ci est toujours aussi indistinct et naïf à la fois. Les différents personnages, tous des animaux, sont tous très réussis graphiquement. Abélard, en poussin naîf, est simplement adorable.

Dillies abandonne ici le gaufrier de six cases qu’il affectionne pour un découpage plus varié. C’est une réussite et le tout témoigne d’une grande maîtrise. Le dessinateur n’hésite pas à prendre une page pour une case (voire même deux avec cette incroyable carte de voyage pleine d’humour).

J’ai été particulièrement séduit par « Abélard » tout au long des 64 pages de ce premier tome. Il me tarde déjà d’en lire la suite. Son personnage, si naïf, est particulièrement attachant. Le scénario d’Hautière est taillé pour le style de Dillies. Une petite perle, simplement, réservée aux grands enfants. 

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note5

 

Barracuda, T3 : Duel – Jean Dufaux & JĂ©rĂ©my

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Titre : Barracuda, T3 : Duel
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Jérémy
Parution : Novembre 2012


Les pirates ont un côté fascinant qui attire irrémédiablement mes espoirs d’aventures bédéphiles. Même si les outils construisant la narration sont souvent les mêmes, je prends toujours plaisir à suivre ses histoires de chasse au trésor, de voyages au bout du monde et de pérégrinations de flibustiers. « Barracuda », par la couverture de son premier opus, a immédiatement attiré mon regard. Une fois l’ouvrage découvert, j’ai irrémédiablement conquis. Le deuxième acte avait confirmé la qualité de la saga. C’était donc avec joie que je me suis offert en novembre dernier le troisième tome récemment paru et intitulé « Duel ». On y découvre Emilio, habillé tel un gentilhomme, tête baissée, sous une nuit orageuse. Le travail sur les couleurs est remarquable, l’immersion instantanée. Nous voilà de nouveau plongé sur l’île de Puerto Blanco.

Le scénario est le fruit du travail de Jean Dufaux dont j’avais apprécié « Murena ». La particularité de sa saga est qu’on est quasiment jamais en mer. Plus des trois quarts de l’intrigue se déroule sur l’île précédemment évoquée. Elle est régie par les lois de la piraterie et nous fait rencontrer une communauté aux personnalités tranchées et souvent inquiétantes. L’unité de lieu offre de fortes interactions entre les différents protagonistes et fait de la trame une toile d’araignée aux nombreuses ramifications. Cela a pour conséquence également de partager le quotidien de tout ce beau monde et rend chacun familier. Les personnages possèdent une réelle identité tant sur le plan graphique que scénaristique. Aucun ne nous laisse indifférent. Je me garderai de vous faire le listing des différents habitants. Ce serait vous gâcher le plaisir de les rencontrer et les découvrir. Evidemment, chacun ne génère pas chez le lecteur les mêmes sentiments. On s’attache à certains, d’autres font naitre de la compassion. On ressent parfois de la peur ou on rit de certaines mésaventures. Au final, on n’est pleinement impliqué dans le quotidien conté dans cet ouvrage.

Luttes de pouvoir & jalousie

Les deux premiers albums étaient séparés par une vraie rupture chronologique. Les enfants qu’on avait quittés étaient devenus des jeunes hommes et jeunes femmes. Cela donnait le sentiment que le deuxième acte marquait un nouveau départ pour la série. « Duel » est dans la continuité de l’opus précédent. On retrouve les personnages à l’endroit où on les avait plus ou moins laissés. Chacun a trouvé sa place. On découvre ici de nouvelles tensions, de nouveaux drames à venir. L’intrigue principale avance relativement peu. J’ai souvent tendance à le reprocher à ces sagas au long cours. Je ne le ferai pas ici tant les événements vécus sur l’île sont prenants et envoutants. L’amour caché entre Raffy et Maria est lourd de conséquence. Le désir de vengeance d’Emilio est intense et offrira des combats homériques. Comme toute société, les luttes de pouvoir et les jalousies sont les rouages du quotidien. Quant au Barracuda, on le voit accoster sur une île des plus angoissantes dans sa quête du trésor maudit. Bref, il y a de quoi s’occuper et la lecture s’avère intense et saisissante.

Les dessins sont l’œuvre de Jérémy. J’ai découvert cet auteur en même temps que cette série. Mon premier contact avec son trait a été relativement neutre. Je trouvais les personnages relativement froids au niveau de leurs expressions. Mais l’impression initiale a vite été noyée par le plaisir que j’ai pris à le voir faire naitre des scènes à l’ampleur forte. Son travail sur les corps et les volumes, sa capacité à créer des décors, sa manière à jouer avec les couleurs pour faire naitre des ambiances fortes font que le dépaysement est total. Il s’agit d’une condition indispensable à une lecture agréable. Jérémy la remplit aisément. Le combat entre Emilia et Morkat est épique. On sent la violence du combat. On sent l’humidité de la pluie. On perçoit l’atmosphère orageuse qui abrite ce duel sur la plage.

En conclusion, ce troisième tome consolide l’affection que je porte à cette série. Je l’ai lu avec un plaisir fort et j’ai senti une frustration en refermant le bouquin, une fois terminé. Il  ne me reste plus qu’à attendre la sortie du quatrième tome. L’intrigue est suffisamment vague et dense pour qu’on devine difficilement où veulent nous mener les auteurs. Dans le cas présent, le sentiment d’avancer à l’aveugle et d’être perdu n’est pas désagréable, bien au contraire. Je ne peux donc que conseiller aux adeptes de pirates de partir à la rencontre de cette série. Elle vaut largement le détour et ravira les adeptes du genre. Et ils sont nombreux…

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Note : 17/20

Secrets, L’AngĂ©lus, T2 – Frank Giroud & JosĂ© Homs

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Titre : Secrets, L’AngĂ©lus, T2
Scénariste : Frank Giroud
Dessinateur : José Homs
Parution : Septembre 2011


Les diptyques se développent en bande-dessinée. Et si parfois on ne comprend pas trop l’intérêt de deux tomes, à d’autres moments, ils prennent tout leur sens. Dans « L’angélus » (de la collection « Secrets » chez Dupuis), le premier tome se terminait sur une bascule. Après un livre avant tout destiné à percer le secret du tableau de l’Angélus, la suite se concentre sur le secret de famille de Clovis à proprement parler. Ce deuxième opus de 56 pages clôt donc l’enquête de ce quadra en pleine mutation.

À l’image de la couverture, Clovis change et s’épanouit en même tant que son obsession grandit. Une fois l’histoire de l’Angélus et de Dali dévoilée, reste à savoir pourquoi Clovis y trouve une résonance. Mais l’homme a déjà beaucoup changé. Physiquement d’abord : il a les cheveux hirsutes et la barbe qui foisonne. Il est bien loin de l’homme que l’on avait découvert au départ… D’ailleurs, il vit dans un camping car qu’il a repeint de couleurs vives. Clovis est en pleine crise identitaire, conjugale et existentielle !

Une crise identitaire, conjugale et existentielle.

LAngelus2bCette mutation de Clovis est particulièrement réussie, car elle se fait au fur et à mesure des pages. Elle est remarquable de cohérence. Les révélations familiales sont moins originales, mais leur parallèle avec le tableau de Millet leur donne un intérêt certain. Mais au-delà du secret, c’est bien de la renaissance d’un homme dont ce diptyque traite.

Le scénario de Giroud reste remarquablement maîtrisé. Dans ce polar aux enjeux finalement assez limités, il instille un suspense en tenant bien son rythme en main. Les révélations s’égrènent au fur et à mesure, sans excès de déballage final.

Le dessin deHoms est toujours aussi impressionnant : personnel et puissant. Ses personnages sont redoutables d’expressivité sans tomber dans l’excès. Les couleurs sont toujours autant au diapason, imposant les ambiances à la force de palettes restreintes. Le découpage est au même niveau, parvenant à diversifier les plans même quand les personnages passent deux pages à discuter. Du beau travail !

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Ce diptyque se lit avec plaisir, d’une traite, et le lecteur a du mal Ă  en sortir. DotĂ© d’un scĂ©nario bien menĂ© et bien rythmĂ©, l’histoire est sublimĂ©e par le trait de Homs. Ce deuxième tome confirme ainsi tout le bien que l’on pouvait penser du premier. Une belle dĂ©couverte !

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Note : 17/20

Secrets, L’AngĂ©lus, T1 : Frank Giroud & JosĂ© Homs

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Titre : Secrets, L’AngĂ©lus, T1
Scénariste : Frank Giroud
Dessinateur : José Homs
Parution : Novembre 2011


La collection (série ?) « Secrets » publiée chez Dupuis propose neuf histoire comportant « des secrets honteux ou redoutables, enfouis de génération en génération au sein de chaque famille. ». C’est au diptyque réalisé par Homs (au dessin) et Giroud (au scénario) que l’on s’intéresse aujourd’hui. Intitulé « L’Angélus », il prend comme point de départ le célèbre tableau de Millet. Clovis, le découvrant au Musée d’Orsay, est bouleversé. Mais pourquoi ? Commence alors une obsession qui va le sortir de son quotidien morne et triste. Chaque tome comporte 56 pages, ce qui fait un diptyque bien fourni.

LAngelus1cCe premier tome sert avant tout à poser les jalons de l’histoire. Nous avons d’abord la vie de Clovis. Vivant dans le village qui l’a vu naître, il exerce un métier qui ne le passionne guère et supporte la vie de famille en se faisant marcher dessus par son aîné en pleine crise d’adolescence. Perturbé par le tableau de Millet, il commence des recherches sur l’histoire de ce tableau. Le fait qu’il ne sache pas utiliser internet (une honte pour son fils), fait qu’il y perd beaucoup de temps. Au fur et à mesure que l’obsession grandit, sa vie se délite et Clovis tout autant.

Une obsession qui grandit, un homme qui change.

Ă€ cĂ´tĂ© de l’humain, l’histoire du tableau se dĂ©voile. Ce premier tome lui donne beaucoup d’importance, puisque c’est ce secret que l’on cherche avant tout Ă  dĂ©terrer. Le tout est distillĂ© avec parcimonie et si vous ne connaissiez pas l’histoire, le tout est plein de surprise. Le diptyque prend alors tout son sens : le premier tome s’attarde sur le tableau, le deuxième tome permettra d’expliquer la rĂ©sonance entre cette histoire et celle, plus personnelle, de Clovis. MĂŞme si le mystère en soit n’est pas une grande rĂ©vĂ©lation, elle fait son effet. Clovis n’y connait rien Ă  l’art et on sourit parfois Ă  sa naĂŻvetĂ©.

LAngelus1bLes auteurs utilisent parfaitement les 56 pages pour poser l’intrigue. Même si les personnages sont un peu caricaturaux (la prof d’arts plastiques et le côté « village de province » en général), le tout fonctionne très bien. Tout semble cohérent et naturel et les relations entre eux sont crédibles. Ainsi la professeur et Clovis semblent assez proches d’entamer une relation et l’ambiguïté persiste sans que rien ne vienne vraiment.

Le suspense du livre est réel : on ne sait pas vraiment où nous mènent les auteurs. En cela, le scénario est remarquablement construit, tout en finesse et avec un rythme parfaitement maîtrisé. Le découpage n’est pas en reste avec une vraie densité. Ce premier tome ne se contente pas de poser l’intrigue, il la fait avancer.

Concernant le dessin, Homs développe un trait entre réalisme et semi-réalisme de toute beauté. Ses personnages sont remarquablement croqués (d’ailleurs, on croquerait bien la jolie prof d’arts plastiques), bien identifiés. On n’est pas loin de la caricature, mais les expressions sont pleine de justesse. La mise en couleur sublime d’autant plus l’ouvrage en posant des atmosphères aux palettes réduites. Difficile de rester indifférent ! Cela m’a donné plus qu’envie de découvrir les autres ouvrages d’Homs tant son trait m’a séduit.

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Cet « Angélus » est une véritable surprise pour moi. Même si les amateurs d’art tiqueront devant le « mystère Millet » (déjà bien éventé quand même), on ne peut qu’être admiratif devant une telle maîtrise de la bande-dessinée. Entre la gestion du rythme, des personnages, du découpage, du dessin et de la couleur, c’est un sans faute. À lire sans plus tarder !

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Note : 17/20

Les Sentinelles, T1 : Juillet-AoĂ»t 1914, Les Moissons de l’Acier – Xavier Dorison & Enrique Breccia

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Titre : Les Sentinelles, T1 : Juillet-AoĂ»t 1914, Les Moissons de l’Acier
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia
Parution : Mai 2009


C’est en regardant la très sympathique émission « Un monde de bulles » que j’ai découvert avec plaisir Xavier Dorison évoquer la série « Les sentinelles ». Etant un grand fan de ce scénariste depuis que j’ai découvert « Le troisième testament » ou « Sanctuaires », j’ai écouté avec curiosité ce dernier nous conter la construction de cette saga dont je n’avais jamais entendu parler. Une fois son interview terminée, je me suis engagé à m’immerger dans cette série au plus vite. Ma découverte a débuté hier soir avec la lecture du premier chapitre intitulé « Juillet-Août 1914 – Les moissons d’acier ». Edité chez Delcourt, cet album de bonne qualité est composé d’une soixantaine de pages. Il est vendu à un prix tout juste inférieur à quinze euros. La couverture nous présente un soldat déployant un drapeau français. Son visage est couvert par un casque. Je la trouve très réussie. Elle est l’œuvre de Enrique Breccia, que je découvre à l’occasion de cette lecture.

Malgré le titre, l’histoire débute en 1911 au Maroc sur un champ de bataille. On découvre un soldat, le visage masqué qui avance d’un pas régulier sans sembler tenir compte des balles qui fusent et des cadavres qui tombent autour de lui. Mais tout à coup, il s’effondre. On le croit mort, ce n’est pas le cas. Il explique à un de ses acolytes qu’il n’a plus de batterie, qu’il ne peut donc plus échapper à son destin. Alors que les ennemis s’apprêtent à arriver sur les lieux, il demande à être exécuté par son ami qui s’exécute. On croit comprendre que ce soldat est le fruit d’une expérimentation scientifique mis au point par un colonel de l’Armée française. Ce projet connaitra un second souffle trois ans plus tard quand le fondateur des Sentinelles découvre la découverte révolutionnaire d’un petit lieutenant de réserve…

Des super héros « made in France ».

« Les Sentinelles » est une série intéressante car elle nous offre un des premiers super héros « made in France ». Suite à des expériences menées dans des laboratoires secrets, un colonel et un savant à sa botte ont pour objectif de créer une espèce de super soldat. Le fait de l’intégrer dans la grande Histoire à travers la période de la première guerre mondiale développe un attrait certain. L’histoire s’adresse à un public sensible à ce genre de grande trame historique et dense dans laquelle s’insère parfaitement une dimension fictionnelle travaillée. Il est évident que l’humour et la légèreté ne sont pas de sortie. On est en temps de guerre et le dessinateur fait en sorte qu’on ne l’oublie jamais.

Le scénario est de grande qualité. Les premières pages qui jouent le rôle de prologue sont intenses. A travers les dessins et l’atmosphère qui transpire de la lecture, on est tout de suite dans le vif du sujet. Notre intérêt est happé. Notre curiosité ne cessera jamais d’être séduite tout au long du défilement des pages. La grande toile se met en place. Les personnages apparaissent, les enjeux se découvrent. La densité est grande. La narration ne souffre d’aucun temps mort bien au contraire. On est immergé dans une histoire passionnante. La finalité de cet opus est de nous présenter Taillefer, le nouveau super soldat. Le rythme de la découverte est bien dosé et la dernière page nous laisse sur un sentiment de frustration de ne pas pouvoir en profiter davantage.

Comme je l’ai sous-entendu précédemment, les dessins sont remarquables. Dès la première case, on est bouleversé. Il se dégage réellement quelque chose des pages. La crasse et la violence qui s’en dégage sont intenses et ne laissent pas indemnes. La dimension « boucherie » est vraiment très réussie. Rien n’apparaît surréaliste ou excessif. Bien au contraire, c’est une gifle de réalisme qu’on prend de plein fouet. Je trouve également les personnages très réussis. On n’a aucun mal à se les approprier. Les dessins leur donnent une vraie épaisseur. Je pense que je vais me pencher de plus près sur les parutions nées de la plume d’Enrique Breccia.

En conclusion, j’ai trouvé ce premier opus remarquable. Il s’agit à mes yeux d’un petit chef d’œuvre. Le scénario, les dessins, le thème, les personnages… Tout est bien construit, intense et travaillé. A l’heure actuelle, trois tomes sont parus. Je ne pense pas que je vais tarder à dévorer les deux qu’il me reste à lire. Pour ceux qui découvrent l’univers de Xavier Dorison à travers cet album, je ne peux que conseiller de découvrir « Le troisième testament » qui vous immergera dans le Moyen-âge pour une tétralogie qui est un chef d’œuvre du neuvième art…

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Note : 18/20

Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles – Xavier Dorison & Enrique Breccia

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Titre : Les sentinelles, T4 : Avril 1915 : Les Dardanelles
Scénariste : Xavier Dorison
Dessinateur : Enrique Breccia
Parution : Octobre 2014


« Les Sentinelles » marque l’entrée des superhéros à la française dans la Grande Guerre. Xavier Dorison confirme l’ampleur de son imagination. D’une part, il n’hésite pas à s’approprier les codes de ses surhommes d’habitude associés à la culture américaine. D’autre part, ils les insèrent au beau milieu de la Première Guerre Mondiale, concept jusqu’alors improbable. Les trois premiers épisodes de cette série ont transformé l’essai et fait naître une saga de grande qualité. Chaque opus est un petit bijou et se lit avec appétit. Chacun délivre une grande variété de saveurs pour la plus grande joie de ses lecteurs.

LesSentinelles4bCela faisait trois ans et demi que la parution d’une nouvelle mission des Sentinelles étaient attendue. L’espoir était assouvi en octobre dernier avec la sortie du quatrième chapitre intitulé « Avril 1915 Les Dardanelles ». Wikipedia m’a appris que les Dardanelles fut un « affrontement […] qui opposa l’Empire Ottoman aux troupes britanniques et françaises dans la péninsule de Gallipoli dans l’actuelle Turquie du 25 avril 1915 au 9 janvier 1916 ». Cela confirme la volonté de Dorison d’intégrer ses héros dans la réalité du conflit.

Intégrer les héros dans la réalité du conflit.

« Cette bataille-là devait être gagnée d’avance… Le débarquement du Commonwealth sur les plages truques des Dardanelles devait assurer une victoire aussi rapide qu’indiscutable. Face aux Ottomans, la France n’avait-elle pas déployé ses plus glorieux soldats ? Les Sentinelles ! C’était sans compter l’aide des allemands à leur allié turc, sans compter la chaleur, les fièvres, les maladies et les falaises imprenables… Sans compter la nouvelle arme du génie germanique : Cimeterre. Cette fois-ci, les plus grands héros français vont devoir renoncer à la victoire pour apprendre la dure leçon de la défaite… » Voilà le synopsis présenté par la quatrième de couverture de l’album. Je dois vous dire que j’y ai perçu un menu appétissant.

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La première force du bouquin est la profondeur de ses personnages. Que ce soit Taillefer, le Merle ou Djibouti, chacune des trois Sentinelles possède une personnalité passionnante. Le réalisme de chacun d’entre eux est remarquable. Ils sont attachants. Leurs faiblesses sont centrales malgré leurs superpouvoirs. Leur sens des valeurs ne laisse pas indifférent. Une bonne histoire est avant un bon héros. « Les Sentinelles » ont la chance d’en avoir trois.

Les Dardanelles imposent une unité de lieu. Nous ne quittons pas cette plage turque qui ressemble au fur et à mesure des pages à un cimetière en plein développement. Cette sensation d’attente, cette disparition de tout espoir, ce fatalisme grandissant… Tout est sublimé par la narration de Dorison. Il arrive à faire évoluer ses personnages au gré des événements sans marquer de rupture trop forte. La réalité de la guerre transpire des planches. Elle ne nous laisse pas indemne. Le travail graphique d’Enrique Breccia sublime le désespoir de cette bataille qui ne peut pas être gagnée mais que les autorités refusent de perdre…

L’intrigue en elle-même est habilement construite. Les enjeux sont rapidement posés. Tout ce petit monde est réuni pour gagner plus qu’une bataille : une guerre. Dorison ne fait pas uniquement exister ses Sentinelles. Il laisse une place intéressante aux soldats britanniques ou australiens. L’immersion dans l’époque apparaît crédible. Nous sommes touchés par bon nombre de protagonistes. L’auteur ne choisit pas son camp. Il nous fait découvrir des horreurs. Certains passages sont quasiment muets pour laisse totalement la place au trait de Breccia. Il peut ainsi faire passer des sentiments forts par ses seules illustrations. Cet album marque un équilibre entre le texte et le dessin d’une rare finesse.

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Vous l’aurez compris, cet ouvrage m’a conquis. Je le trouve d’une grande qualité. Avant de m’y plonger, j’ai relu ses trois prédécesseurs. J’ai été impressionné par la force et l’intensité qui s’en dégage. « Avril 1915 Les Dardanelles » ne déroge pas à cette règle. Il confirme que « Les Sentinelles » est une série unique dans son genre qui arrive à sublimer un concept de départ original et novateur. Il ne reste plus maintenant qu’à attendre la suite. Mais cela est une autre histoire…

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Note : 18/20

Le Petit Christian, T2 – Blutch

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Titre : Le Petit Christian, T2
Scénariste : Blutch
Dessinateur : Blutch
Parution : Octobre 2008


Après avoir relaté son enfance dans le premier tome de « Le Petit Christian », Blutch remet le couvert pour aborder le thème de l’adolescence. Plus précisément, on démarre ici avec l’entrée en 6ème de Christian jusqu’à son passage en 3ème. On a va ainsi le voir évoluer du petit garçon qu’il était jusqu’à un grand ado ténébreux et râleur. Comme il part dans un collège privé de Strasbourg, on ne retrouvera pas les personnages récurrents du premier tome.

Le fil rouge de cette BD s’appelle Catie Borie. C’est la fille d’amis de la famille et elle a le même âge que Christian. Il en est fou amoureux, mais 1000 km les sépare. En s’intéressant à une fille, Christian renie certains principes de son enfance (« quand on est un desperado, on se garde des femmes.») et glisse inexorablement vers d’autres préoccupations bien légitimes.

Inventivité et sensibilité

Ce nouveau tome aborde avec beaucoup de sensibilité et d’inventivité le thème d’un amour a mi-chemin entre les amours d’enfance (Christian restant très naïf) et des amours plus adultes. L’éveil des sens du narrateur est bien sûr présent, lié à un romantisme extrême qui le torture jusqu’au dénouement imprévisible. Témoin, cette scène de traversée du désert où le narrateur se voit pris dans une tempête de sable représentant les autres filles du collège qui essaient de le détourner de sa Catie… Et Christian ne vit que pour les lettres qu’il reçoit de sa bien-aimée…

Une nouvelle fois, l’intervention de personnages de fiction apporte beaucoup à l’ensemble. Christian a un dieu : Steve Mac Queen, qu’il prie avant les contrôles… De même, les références à la BD ou au cinéma sont légions. La traversée du désert est une référence évidente à « Tintin au pays de l’or noir ». De même les stars du cinéma ont encore une place importante et toujours en situation (« Oh ! Marlon Brando dans un tango à Paris.»). Petite nouveauté, Christian parle aussi à son double enfant, déguisé en cowboy. Le dialogue avec son double montre la première mutation de Christian, de par l’apparition de son amour pour Catie Borie. Son dialogue avec Marlon Brando en fin d’ouvrage montre sa deuxième mutation (je vous laisse découvrir pourquoi). Les apparitions de ces personnages et les références constantes aux mondes du cinéma et de la bande-dessinée sont clairement le pivot de cet ouvrage. Il montre combien ils ont une influence majeure sur l’imagination des enfants et des adolescents et combien ils forgent la personnalité par leurs propos.

On retrouve le dessin de Blutch tout en hachures. Petite nouveauté : de la couleur a été ajoutée. En effet, l’auteur ajoute des touches de rouge et de rose afin de densifier son dessin. Le tout est assez réussi, même si ça a un coût : le deuxième tome de « Le Petit Christian » est 4 euros plus cher.

Sous un aspect faussement naïf (le personnage de Christian a un dessin assez simple), Blutch marque une fois de plus de son talent cet ouvrage. Ainsi, le dessin très réaliste des personnages célèbres marque un contraste toujours intéressant avec le reste des personnages. De même, la scène où Christian part pour la première fois au collège est saisissante. S’imaginant dans une prison, l’auteur applique un style noir et inquiétant qui tranche avec le reste de l’ouvrage.

J’ai une nouvelle fois été saisi par le talent de Blutch dans la suite de son autobiographie. Son inventivité pour raconter ces moments de la jeunesse est incroyable. En utilisant de nombreuses références extérieures, il parvient à créer une connivence avec le lecteur. La scène du désert est simplement à mourir de rire, mais est également pleine de vérité sur l’adolescence. En détournant les codes propres à ce genre de récit (les premiers amours, les débuts au collège…), Blutch parvient à nous surprendre sur un sujet pourtant maintes fois abordés. Une référence !

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Note : 19/20