La favorite

LaFavorite


Titre : La favorite
Scénariste : Matthias Lehmann
Dessinateur : Matthias Lehmann
Parution : Avril 2015


À force d’entendre du bien de « La favorite », j’ai fini par arriver Ă  me le procurer. La bande dessinĂ©e de Matthias Lehmann proposait un parti pris graphique intĂ©ressant couplĂ© Ă  une histoire intrigante. Mais les promesses Ă©taient-elles tenues ? Le livre est paru chez Actes Sud BD et pĂšse pas moins de 150 pages. Continuer la lecture de « La favorite »

L’enfant cachĂ©e

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Titre : L’enfant cachĂ©e
Scénariste : Loïc Dauvillier
Dessinateur : Marc Lizano
Parution : Janvier 2012

Relater l’occupation française n’est pas un sujet Ă©vident. Beaucoup traitĂ©, il est dans « L’enfant cachĂ©e » abordĂ© du point de vue d’une enfant, Dounia. Cette derniĂšre, grand-mĂšre, raconte Ă  sa petite-fille cette pĂ©riode de sa vie, sous forme de devoir de mĂ©moire. Le tout est paru au Lombard.

Tout commence par l’occupation. Dounia sait que la France a perdu, mais elle s’en moque : la guerre est terminĂ©e et son pĂšre est rentrĂ© vivant, c’est le principal pour elle. HĂ©las, la petite juive va vite dĂ©chanter. Les mesures contre les siens vont se multiplier, provoquant l’incomprĂ©hension totale de Dounia.

L’occupation vue par une enfant juive.

LEnfantCachee2L’originalitĂ© de « L’enfant cachĂ©e » est de tout raconter du point de vue de l’enfant. Ainsi, Dounia subit comme les juifs les mesures de coercition, mais Ă©galement les choix de ses parents, sans jamais saisir rĂ©ellement ce qui se passe. Cet aspect est trĂšs rĂ©ussi, renforcĂ© par une narration volontairement naĂŻve, sans analyse autre que factuel ou enfantine. L’injustice paraĂźt d’autant plus forte que Dounia nous est forcĂ©ment trĂšs sympathique, petite fille innocente et joyeuse en dĂ©but de livre.

La narration prend le temps de traiter tous les sujets : la mise de cĂŽtĂ© Ă  l’école, l’étoile juive, la perte des parents, la fuite de Paris
 La gradation dans les difficultĂ©s est bien mise en scĂšne. Ainsi, Dounia n’est pas forcĂ©ment trĂšs affectĂ©e au dĂ©part en tant qu’enfant. Aussi bien rester chez elle ne la dĂ©range pas, mais ĂȘtre mise de cĂŽtĂ© Ă  l’école est trĂšs difficile.

Le propos est renforcĂ© par un dessin parfaitement adaptĂ© rĂ©alisĂ© par Marc Lizano. Son trait typĂ© jeunesse, fait de personnages aux grosses tĂȘtes, ancre d’autant plus l’histoire vers un point de vue d’enfant. Le tout est enrichi par une colorisation tout aussi rĂ©ussie. On retrouve un belle synergie dans cet album, une vraie cohĂ©rence entre le texte et l’image.

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« L’enfant cachĂ©e » remplit parfaitement son rĂŽle de devoir de mĂ©moire. En adoptant le point de vue d’un enfant et en ne montrant et n’expliquant que ce que Dounia peut comprendre, les auteurs produisent un album jeunesse d’une grande qualitĂ©, qui peut ĂȘtre lu et apprĂ©ciĂ© par tout le monde. ForcĂ©ment touchant, « L’enfant cachĂ©e » est une Ɠuvre d’une grande justesse et d’une vraie dĂ©licatesse.

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note4

Trois ombres

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Titre : Trois Ombres
Scénariste : Cyril Pedrosa
Dessinateur : Cyril Pedrosa
Parution : Septembre 2007


AprĂšs avoir dĂ©couvert Cyril Pedrosa avec son autobiographique Ă©colo « Autobio » (Ă  laquelle je n’avais pas du tout accrochĂ©), je me devais de dĂ©couvrir d’autres ouvrages de cet auteur afin d’infirmer (ou pas) cette premiĂšre mauvaise impression. « Trois Ombres » est un roman graphique de 268 pages. Loin de l’humour de son autobiographie, on a affaire ici Ă  un drame familial sur fond de fantastique.

Le livre dĂ©marre sur la prĂ©sentation d’une petite famille parfaite : Louis et Lise ont un fils, Joachim. Tout va bien dans leur petite ferme isolĂ©e, rien ne semble pouvoir gĂȘner la vie des trois personnages. Jusqu’au jour oĂč trois ombres apparaissent au loin, des cavaliers. S’ensuit un stress liĂ© Ă  ces spectres. Que sont-ils ? Que veulent-ils ? Pourquoi rĂŽdent-ils autour de la maison ?

Une fuite sans espoir sous fond de lien pĂšre-fils.

AprĂšs un dĂ©but sous forme d’utopie familiale, la peur et la colĂšre s’immiscent pour culminer jusqu’à la fuite du pĂšre et du fils. Une fuite sans rĂ©el espoir comme on le comprend tout de suite. Ainsi, « Trois Ombres » abordent avant tout le lien pĂšre-fils. Jusqu’oĂč le pĂšre peut-il aller pour sauver son fils ? Jusqu’à son propre sacrifice ?

« Trois Ombres » est avant tout un conte. En effet, on ne croit pas une seconde Ă  l’univers crĂ©Ă© par Pedrosa. La famille vit ainsi dans une ferme isolĂ©e de tout dans un bonheur parfait et insouciant. De mĂȘme, les aspects fantastiques sont Ă©videmment totalement inexpliquĂ©s. Les derniĂšres pages viennent appuyer d’autant plus la thĂšse d’une fable. On ne sait trop si l’histoire est une grande mĂ©taphore (sur la maladie ?) ou pas. En cela, le scĂ©nario manque un peu d’appui, hĂ©sitant entre rĂ©alisme (lors de la traversĂ©e) ou fantastique pur (notamment sur la fin). Cette indĂ©cision m’a quelque peu gĂȘnĂ© quand j’ai refermĂ© l’ouvrage, ne sachant trop qu’en penser.

Cependant, Pedrosa parvient avant tout Ă  distiller un vrai charme dans « Trois Ombres ». Les ambiances, quelles qu’elles soient, sont remarquablement rendues. Tristesse, joie, colĂšre, dĂ©sespoir
 Cependant, je n’ai pas Ă©tĂ© Ă©mu plus que ça. J’ai Ă©tĂ© happĂ© par les Ă©vĂ©nements, pris dans le pĂ©riple des personnages. Mais les parties Ă©motionnelles m’ont laissĂ© un peu froid. Cela vient des procĂ©dĂ©s narratifs parfois un peu appuyĂ©s de l’ouvrage. Cyril Pedrosa en fait parfois un tout petit trop. Je chipote un peu, mais par moment, dans la lecture, je me suis fait la rĂ©flexion.

Au niveau du dessin, c’est particuliĂšrement rĂ©ussi. Le noir et blanc est bien maĂźtrisĂ©, il y a une vraie texture et du volume qui se dĂ©gage des planches. Le style sait se modifier et s’adapter aux situations. TrĂšs noir pour certains passages, plus flou pour d’autres. Le travail sur les planches est rĂ©ellement remarquable et vaut le coup d’Ɠil. En revanche, je ne suis pas fan du trait que Pedrosa donne Ă  ses personnages. C’est une question de goĂ»t.

Au final, cet ouvrage est Ă  dĂ©couvrir. Certes, il y a plusieurs Ă©lĂ©ments qui m’ont gĂȘnĂ© ou fait tiquer pendant la lecture, mais il possĂšde d’indĂ©niables qualitĂ©s, tant dans le dessin que dans l’ambiance particuliĂšre qu’il dĂ©gage. Il m’a rĂ©conciliĂ© avec Cyril Pedrosa. Et c’est dĂ©jĂ  pas mal !

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note3

Doomboy

doomboy


Titre : Doomboy
Scénariste : Tony Sandoval
Dessinateur : Tony Sandoval
Parution : Septembre 2011


Tony Sandoval est un auteur mexicain de bande-dessinĂ©e. Ayant vu l’une de ses expos, j’avais Ă©tĂ© marquĂ© par son graphisme particulier et par son univers trĂšs personnel. Je me suis donc procurĂ© « Doomboy », dont les critiques Ă©taient particuliĂšrement Ă©logieuses. « Doomboy » se prĂ©sente sous la forme d’un livre A4 au format paysage. Il compte pas moins de 128 pages et est Ă©ditĂ© aux Editions Paquet. Continuer la lecture de « Doomboy »

Little Tulip

LittleTulip


Titre : Little Tulip
Scénariste : JérÎme Charyn
Dessinateur : François Boucq
Parution : Novembre 2014


 « Little Tulip », Ă  sa sortie, a fait couler beaucoup d’encre. Le one-shot, rĂ©alisĂ© par Charyn (au scĂ©nario) et Boucq (au dessin), Ă©tait dĂ©crit comme puissant, noir et formidablement dessinĂ©. Paru dans la collection « Signé » au Lombard, le livre pĂšse pas moins de 84 pages. C’est la troisiĂšme collaboration des deux auteurs.

Paul est amĂ©ricain. Alors qu’il n’est qu’un enfant, sa famille Ă©migre Ă  Moscou oĂč ils vont subir de plein fouet la rĂ©volution soviĂ©tique. CondamnĂ©s pour espionnage, ils sont envoyĂ©s au goulag en SibĂ©rie. SĂ©parĂ© de ses parents, Paul va tenter de survivre, s’aidant de son seul atout : son talent de dessinateur. Il va obtenir des protections des gangs locaux en tant que tatoueur attitrĂ©.

Viscéral et puissant.

LittleTulip2C’est une histoire implacable qui se dĂ©veloppe ici. L’humanitĂ© dans ce quelle a de plus animale. Viols, meurtres, domination
 Tout y passe. On dĂ©couvre le quotidien du camp, lĂ  oĂč les prisonniers s’organisent en clans pour survivre et se dominer les uns les autres.

ParallĂšlement Ă  l’histoire du goulag, on suit Paul Ă  une Ă©poque plus contemporaine. Ainsi, on sait qu’il a survĂ©cu dĂšs le dĂ©part et qu’il est revenu aux Etats-Unis. Cette partie constitue une sorte de polar, Paul aidant les policiers pour dessiner des portraits robots. Moins prenante que celle du goulag, elle reprend les thĂšmes du tatouage et de la vengeance.

Cet univers ultra-violent est soutenu par le dessin puissant de Boucq. HabituĂ© Ă  ces genres de thĂšmes (on pense à « Bouncer » par exemple), il a un vĂ©ritable talent pour montrer l’ĂȘtre humain dans sa dĂ©chĂ©ance. Les corps sont particuliĂšrement Ă  l’honneur ici et son trait dynamique et rugueux marche Ă  merveille. Il est heureux que Boucq sache si bien choisir ses scĂ©naristes !

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« Little Tulip » est un ouvrage puissant et viscĂ©ral qui ne fait jamais dans la demi-mesure. Dans ce livre, tout acte se fait dans le sang et l’épilogue ne peut ĂȘtre que vengeance. Un bel ouvrage de bande-dessinĂ©e, avec un dessin au diapason de son scĂ©nario.

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note4

La guerre des Sambre, Maxime & Constance, T1 : Automne 1775, la fiancĂ©e de ses nuits blanches – Yslaire & Marc-Antoine Boidin

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Titre : La guerre des Sambre, Maxime & Constance, T1 : Automne 1775, la fiancée de ses nuits blanches
Scénariste : Yslaire
Dessinateur : Marc-Antoine Boidin
Parution : Septembre 2014


« Sambre » est une Ɠuvre majeure des trente derniĂšres annĂ©es dans le neuviĂšme art. L’Ɠuvre d’Yslaire est assez unique dans son genre. Tant sur le plan graphique que scĂ©naristique, elle possĂšde une identitĂ© forte qui a su aisĂ©ment me conquĂ©rir. La naissance de la saga date de 1986. Depuis, Yslaire a offert Ă  sa trame principale des appendices qui nous Ă©clairaient sur le passĂ© de cette famille maudite. Ces dĂ©veloppements narratifs prennent la forme de trilogie centrĂ©e sur une Ă©poque et un couple d’ancĂȘtres de Bernard et Julie. « Hugo & Iris » et « Werner & Charlotte » Ă©taient les premiĂšres Ă  naĂźtre. « Maxime & Constance » est la derniĂšre en date.

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C’est le premier tome de cette nouvelle histoire que ma critique traite aujourd’hui. Il s’intitule « Automne 1775 ». MalgrĂ© son insertion dans une toile scĂ©naristique dense, cet album peut se lire sans nĂ©cessairement possĂ©der de gros prĂ©requis de l’univers de « Sambre ». NĂ©anmoins, en maĂźtriser les arcanes permet de saisir certains moments ou certaines informations avec un angle de vue plus riche.

Une famille vouée à ne connaßtre que le malheur.

Les Sambre sont une famille vouĂ©e Ă  ne connaĂźtre que le malheur. En effet, tous les membres dont j’ai eu jusqu’alors dĂ©couvert les vies n’ont connu que souffrance, douleur et dĂ©chĂ©ance. Cet album ne dĂ©roge pas Ă  la rĂšgle en offrant une introduction des plus intenses. Les rĂ©vĂ©lations faites Ă  Charlotte ne peuvent laisser personne indemnes. Le moins qu’on puisse dire est que c’est une armĂ©e de cadavres qui emplissent les armoires du passĂ© familial.

Il est intĂ©ressant de se plonger dans une histoire qui a de grandes chances de mal se terminer. En effet, il est rare d’ĂȘtre rĂ©signĂ© Ă  une issue fatale dĂšs la dĂ©couverte des premiĂšres pages. En tant que lecteur, j’ai acceptĂ© que la malĂ©diction qui domine cette famille soit telle que garder espoir est sans intĂ©rĂȘt. MalgrĂ© cela, je reste curieux de rencontrer ces nouveaux jeunes membres de la saga. Maxime-Augustin est le personnage central de cette nouvelle trilogie. Nous le dĂ©couvrons enfant puis le voyons grandir jusqu’à devenir un jeune adulte.

Son quotidien est rude. Les moments de bonheur sont rares et sont perçus par le lecteur comme des respirations entre deux scĂšnes plus difficiles. Les auteurs arrivent Ă  gĂ©nĂ©rer le malaise avec finesse et offre ainsi une lecture qui ne laisse pas indiffĂ©rent. Les Ă©preuves subies par le personnage principal devraient faire naĂźtre une empathie naturelle Ă  son Ă©gard. Ce n’est pas totalement le cas tant Maxime-Augustin inquiĂšte plus qu’il ne touche. Son dĂ©veloppement personnel en fait quelqu’un de trouble. Sur ce point, le travail d’écriture est remarquable.

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Le bĂ©mol rĂ©side davantage dans la trame gĂ©nĂ©rale. Ce premier acte se contente d’ĂȘtre une introduction Ă  la suite des Ă©vĂ©nements. Au final, il se passe peu de choses. La narration avance Ă  un rythme de sĂ©nateur. Certaines transitions auraient pu ĂȘtre traitĂ©es de maniĂšre plus courtes et densifier ainsi le propos. Une fois la lecture terminĂ©e, j’ai eu le sentiment que l’intrigue allait enfin pouvoir dĂ©marrer rĂ©ellement. Je ne dis pas que cet opus est creux. C’est loin d’ĂȘtre le cas. Mais je pense que le fil narratif aurait pu se dĂ©rouler un petit peu plus rapidement.

Une des richesses de cette grande saga est son immersion dans l’Histoire. Le travail de reconstitution apparait sĂ©rieux. Les auteurs n’hĂ©sitent pas Ă  intĂ©grer de grands moments historiques dans le quotidien de ses personnages. Cette prĂ©sence est moins forte dans cette trilogie que dans la prĂ©cĂ©dente. Ce n’est pas dĂ» Ă  une fainĂ©antise du scĂ©nario mais plutĂŽt au changement de statut social des Sambre. MalgrĂ© tout, l’atmosphĂšre de cette fin du dix-huitiĂšme siĂšcle transpire de chaque page et apporte un Ă©cot Ă  la qualitĂ© de l’ensemble.

Tout cela est sublimĂ© par le trait de Marc-Antoine Boidin. Il Ă©tait dĂ©jĂ  Ă  l’Ɠuvre dans la trilogie prĂ©cĂ©dente et confirme ici son talent d’illustrateur. Que ce soit les dessins ou les couleurs, tout est splendide. Il arrive Ă  respecter le style original d’Yslaire tout en y apportant sa touche personnelle. La couverture est rĂ©ussie et dĂšs la premiĂšre page, le charme agit. Chapeau !

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Pour conclure, « Maxime & Constance – Automne 1775 » prĂ©sente une mise en bouche agrĂ©able au palais mĂȘme si la quantitĂ© apparait un petit peu lĂ©gĂšre. NĂ©anmoins, ce premier acte m’incite Ă  dĂ©guster la suite avec appĂ©tit et curiositĂ©. Ce n’est pas si mal, me semble-t-il


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Note : 13/20

Habibi – Craig Thomson

Habibi


Titre : Habibi
Scénariste : Craig Thomson
Dessinateur : Craig Thomson
Parution : Octobre 2011


Craig Thomson avait marquĂ© les esprits avec la sortie de « Blankets », un rĂ©cit autobiographique fleuve oĂč il abordait entre autres son enfance et le fondamentalisme religieux. Changement d’ambiance ici avec « Habibi » sorti en 2011. C’est toujours aussi long (plus de 600 pages), mais c’est une fiction se passant dans un pays imaginaire tirĂ© des mille et une nuits Ă  une Ă©poque Ă©galement indĂ©terminĂ©e. Les rĂ©fĂ©rences Ă  la Bible laissent place au Coran. Le tout est publiĂ© chez Casterman dans la collection Écritures.

« Habibi » est l’histoire d’un petit noir, Habibi (aussi appelĂ© Zam) et de Dodola, une jeune femme arabe. Cette derniĂšre recueille Zam alors qu’il est encore un petit garçon. Elle-mĂȘme n’est mĂȘme pas encore vraiment une jeune fille, bien qu’elle ait Ă©tĂ© mariĂ©e. Elle est surtout une esclave en fuite. « Habibi » raconte donc leur destinĂ©es, sous forme d’une grande fable oĂč le pire leur arrive mais oĂč l’Amour finit toujours par triompher.

Deux personnages au lien unique.

Habibi3L’intĂ©rĂȘt du livre est basĂ© sur une relation trĂšs particuliĂšre qui unit les deux ĂȘtres. Dodola est Ă  la fois une mĂšre, une grande sƓur, une amie
 Puis, elle devient une source d’excitation pour Zam qui a bien du mal Ă  supporter ses coupables pensĂ©es. La duretĂ© de l’histoire (prostitution, viol, mutilation et j’en passe) donne de la force au propos, sur tout qu’il n’y a rien de vraiment gratuit dans la violence, tout sert l’histoire. Le tout s’englobe dans un milieu oĂč le dĂ©sert est roi et oĂč l’eau vaut de l’or.

A cĂŽtĂ© de tout ça, Craig Thomson ajoute des passages sur le Coran, les carrĂ©s magiques, l’écriture arabe
 Ces passages servent Ă  faire des parallĂšles entre l’histoire des protagonistes et les lĂ©gendes du Coran et de l’Ancien Testament. Cela donne un aspect onirique Ă  l’ouvrage, mais pour ma part cela m’a profondĂ©ment gĂȘnĂ©. Cela coupe rĂ©guliĂšrement la lecture et la narration et on finit par les lire en diagonales pour revenir Ă  l’histoire. L’auteur veut montrer qu’il connaĂźt la culture musulmane visiblement, mais Ă  vouloir ĂȘtre Ă©rudit, on en devient pompeux. Surtout que ces pages sont des prĂ©textes Ă  une surenchĂšre graphique (souvent magnifique) qui ne sert guĂšre la narration. Et comme on est devant un pavĂ© de plusieurs centaines de pages, on aurait apprĂ©ciĂ© quelques coupes.

Concernant le graphisme, c’est simplement splendide. Le trait au pinceau est une merveille et la narration est maĂźtrisĂ©e au plus haut point. Certaines planches sont classiques, d’autres beaucoup plus dynamique. Craig Thomson a l’intelligence de ne pas surcharger en permanence mais avec parcimonie, rendant les passages les plus forts d’autant plus impressionnants. Une vraie rĂ©vĂ©lation graphique, dans un noir et blanc des plus remarquables.

Habibi2

« Habibi » est clairement un ouvrage Ă  lire. Puissant par son texte, dotĂ© de personnages attachants aux liens si particuliers et parfaitement maĂźtrisĂ© graphiquement, il vous captivera Ă  coup sĂ»r. Il est dommage que les passages oniriques et les nombreuses digressions n’alourdissent l’ensemble dĂ©jĂ  bien fourni en pagination.

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Note : 16/20