Fantasmagories

Fantasmagories


Titre : Fantasmagories
Scénariste : Carlos Trillo
Dessinateur : Horacio Altuna
Parution : Février 1988


C’est complètement par hasard, au détour d’un rayonnage de librairie BD, que je suis tombé sur « Fantasmagories ». La couverture, signée Horacio Altuna, m’a immédiatement attiré l’œil. Vendu pour la modique somme de 5€, il n’a pas fallu longtemps pour me convaincre lorsque j’ai vu le dessin des planches… Scénarisé par Carlos Trillo, cet ouvrage fait la part belle au fantasme et au rêve. En cela, il se destine avant tout à un public adulte. Mais on est loin d’un ouvrage simplement érotique. Tout cela fut édité sous la forme d’un album classique à la fin des années 80 aux Humanoïdes Associés, dans la collection Images Passion.  Continuer la lecture de « Fantasmagories »

Gulliveriana

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Titre : Gulliveriana
Scénariste : Milo Manara
Dessinateur : Milo Manara
Parution : Juin 1996


Cela fait bien longtemps que je suis un grand fan de Milo Manara. Mais je m’étais arrêté à l’aspect graphique : exposition, livres d’illustrations… Il était plus que temps pour moi de m’attaquer à ce qui a fait son succès : ses bande-dessinées. « Gulliveriana » est sorti en 1996, ce n’est pas donc une œuvre de jeunesse de l’auteur, mais certainement un très bon choix pour découvrir l’art de la bande-dessinée érotique. Continuer la lecture de « Gulliveriana »

Pinocchia

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Titre : Pinocchia
Scénariste : Francis Leroi
Dessinateur : Jean-Pierre Gibrat
Parution : Novembre 1995


Lorsque j’ai appris que Jean-Pierre Gibrat avait dessiné une bande-dessinée érotique, mon sang n’a fait qu’un tour ! En effet, le dessinateur possède un trait magnifique, des couleurs splendides et sa façon de dessiner les femmes ne laisse jamais indifférent. Parue il y a bientôt 20 ans, Jean-Pierre Gibrat dessinait un scénario de Francis Leroi. Intitulé « Pinocchia », l’ouvrage réinterprète le conte de Pinocchio à sa sauce. Continuer la lecture de « Pinocchia »

Madame désire ?

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Titre : Madame désire ?
Scénariste : Grégory Mardon
Dessinateur : Grégory Mardon
Parution : Août 2009


Depuis quelques années, la bande-dessinée érotique vit un nouveau souffle. Des ouvrages paraissent régulièrement, avec des styles graphiques très différents. Parfois, ils ne sont même pas réaliser pour émoustiller. Grégory Mardon, que je ne connaissais pas alors, réalise en 2009 le bien nommé « Madame Désir ». Paru dans la collection Fluide Glamour (le label coquin de Fluide Glacial), cet ouvrage oscille entre sexe explicite et finesse. Sombrera-t-il dans le vulgaire ou fera-t-il parti de ces fameux ouvrages qualifiés de porno chic ?  Continuer la lecture de « Madame désire ? »

Djinn, T12 : Un honneur retrouvé – Jean Dufaux & Ana Mirallès

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Titre : Djinn, T12 : Un honneur retrouvé
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Mirallès
Parution : Décembre 2014


« Djinn » est une série à l’atmosphère particulière. Elle mêle intrigue politique et érotisme. Le scénario est l’œuvre du célèbre et efficace Jean Dufaux. Les dessins sont le fruit du travail d’Ana Mirallès. Le douzième tome, « Un honneur retrouvé » clôt le cycle indien des aventures de Jade. J’ai cru comprendre qu’il s’agirait également du dernier épisode de la série. Ce dernier opus, édité chez Dargaud, date de l’année dernière. Sa couverture nous fait découvrir l’héroïne nue. Son corps est maquillé et des bijoux ornent son visage. Elle regarde fixement le lecteur. Pour l’attirer dans ses filets ?

Une fin de cycle décevante.

Djinn12aLa révolte gronde en Inde. L’occupation anglaise n’est plus acceptée par le peuple. Radjah Sing est le meneur des révolutionnaires. Sa fille est promise au maharadjah. Chacun essaie d’avancer ses pions pour mener à bien leurs projets. Mais l’Histoire est peut-être en train de s’écrire dans le Pavillon des Plaisirs. C’est dans ce harem que Jade éduque la promise au souverain aux arts de son corps. Cela lui permettra de dominer son futur mari et de le rallier à son cause et à celle de son père…

Les deux actes précédents avaient fait naître bon nombre d’intrigues entremêlées. Les enjeux sont multiples. J’étais curieux de savoir comment les auteurs allaient démêler tout cela en une cinquantaine de pages. Je trouvais la dimension politique intéressante. Elle démarquait ce cycle des deux autres. « Le pavillon des plaisirs » avait posé des jalons intéressants. Par la suite, j’avais trouvé « Une jeunesse éternelle » plus décevant. La place occupée par Jade était également originale. Le fait d’assumer que les charmes d’une femme peuvent influencer fortement un homme puissant était pertinent. Cela offrait une corde narrative attrayante.

La dimension érotique de l’intrigue perd tout son intérêt au fur et à mesure du déroulement de la trame. Les scènes l’évoquant n’ont plus aucun autre intérêt que permettre à Ana Mirallès de dessiner ces corps en plein ébat. Leur apport à l’histoire est quasiment inexistant. Il est au plus anecdotique. Alors que cet aspect était présenté comme central au début du cycle, il est repoussé à un statut de folklore local. Je trouve cela dommage parce que cela fait disparaître le ton original de la série.

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Les arcanes politiques sont finalement bien moins mystérieux et complexes que je l’espérais. Finalement, le dénouement de l’histoire est bien complexe et alambiqué que souhaité. Il s’avère assez linéaire. Il se découvre sans réelle émotion ni attrait. La curiosité est réduite et n’excède pas la volonté de terminer quelque chose de commencer. La dimension mystique que vit Jade n’a pas d’autre intérêt que de justifier un lien avec le cycle africain de la saga. Rien de plus. Bref, l’ensemble est moyen et plutôt décevant.

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Gisèle & Béatrice – Benoît Feroumont

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Titre : Gisèle & Béatrice
Scénariste : Benoît Feroumont
Dessinateur : Benoît Feroumont
Parution : Septembre 2013


Actuellement, je suis très attiré par la bande-dessinée érotique. Cela tombe bien, « Gisèle & Béatrice », autoproclamé « contenu coquin pour adultes coquins » a reçu de nombreuses éloges chez les critiques de BD ce mois-ci. Du coup, une fois acquis, je me plongeais dans la bête réalisée par Benoît Feroumont. Le tout, publié chez Dupuis dans la collection Aire Libre (assez logiquement), pèse pas moins de 112 pages.

Le pitch de départ est posé dès les premières pages. Béatrice est mal considérée dans son boulot et harcelée sexuellement par son boss. Excédée, elle finit par céder à ses avances. Mais au moment de passer à l’acte, voilà que son patron se transforme en femme… La nouvelle Gisèle, immigrée et sans papier, devient le jouet sexuel de Béatrice et, accessoirement, sa femme de ménage…

Un conte érotique et féministe

C’est un conte érotique et féministe que nous propose là Benoît Feroumont. En renversant les rôles, il permet au personnage de Gisèle de comprendre ce qu’endurent les femmes. Passé de patron macho à immigré harcelé par… un peu tout le monde, elle vit le quotidien de certaines femmes. Ainsi, elle se plaint que Béatrice veuille des rapports sexuels tous les soirs…

L’histoire de « Gisèle & Béatrice » est pourtant pleine de subtilité malgré un pitch qui peut paraître excessif. Car si l’auteur n’hésite pas à faire dans l’excès, avec beaucoup d’humour, le traitement des personnages est particulièrement réussi. Son évolution d’homme à femme se fait difficilement, de même que sa découverte du plaisir féminin. Et que dire de sa relation avec son bourreau Béatrice ?

Benoît Feroumont trouve ici un très bel équilibre entre l’histoire et son suspense réel, l’humour et le sexe. Ce dernier est explicite, mais pas vulgaire. L’auteur prend soin de ne pas être exhibitionniste. Ce qui est représenté a toujours un intérêt et on nage plus en terre d’érotisme que de pornographie. Le tout émoustille quand même le lecteur, pour son plus grand plaisir !

Au niveau du dessin, l’aspect cartoon est très agréable à lire, convenant parfaitement aux nombreux passages décalés et humoristiques. Ce graphisme sait aussi être affriolant, Benoît Feroumont sachant parfaitement jouer des courbes de ses deux personnages. Le tout est expressif et parfaitement mis en valeur par une colorisation adaptée. Un vrai plaisir pour les yeux. Voilà typiquement un trait qui est au service de son scénario.

Au final, j’ai été particulièrement séduit par « Gisèle & Béatrice ». L’histoire ne lit avec plaisir, l’humour est réussi et l’aspect coquin donne un sel supplémentaire à l’ensemble Comme quoi, le marketing avait bien raison : si vous êtes un adulte coquin, nul doute que ce livre saura vous conquérir !

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Note : 16/20

Jeanne et le jouet formidable – Zelba

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Titre : Jeanne et le jouet formidable
Scénariste : Zelba
Dessinatrice : Zelba
Parution : Mai 2010


Zelba est une jeune auteure de bande-dessinée. Publiant des livres pour enfants, je l’ai connu par l’intermédiaire de son blog. Aux éditions de « L’atelier du poisson soluble », elle publie « Jeanne et le jouet formidable », dans la collection « poisson dissolu » réservée aux adultes. Le titre laisse présager la suite : Jeanne va découvrir les joies du sex toy ! Cet ouvrage fait une trentaine de pages et est publié sous un format à l’italienne. C’est donc une histoire relativement courte à laquelle on a affaire.

Un sex toy qui parle !

Jeanne est jeune, célibataire et tout le monde l’embête là-dessus, que ce soit sa mère ou ses amies. Buvant son verre de vin seule chez elle, casanière, tout le monde désespère à la voir se caser. Elle le dit elle-même : « les mecs, ça ne me réussit pas. » Finalement, elle se traînera à une soirée sex toy et repartira avec un objet, sans grand enthousiasme. Evidemment, maintenant qu’il est là, autant le tester… Et surprise : le sex toy parle !

Cet ouvrage ne se prend pas du tout au sérieux et c’est tant mieux. Les personnages sont excessifs, les situations vues et revues… Mais « Jeanne et le jouet formidable » ressemble avant tout à un conte, mais pas vraiment pour les enfants… L’aspect coquin est parfaitement assumé jusqu’au bout. Alors certes, étant donné le format du livre, l’histoire est relativement simple, question de place. Il ne faut pas attendre de miracle pour ça. Mais il faut bien avouer qu’on sourit souvent dans cette bande-dessinée. Et une fois n’est pas coutume, la fin est réussie. C’est toujours bon à signaler.

Le format à l’italienne n’est pas le moyen le plus évident à exploiter pour l’auteur de BD. Zelba s’en sort très bien, variant le découpage constamment. L’histoire alterne pages muettes et pages dialoguées avec rythme, évitant à l’ouvrage de devenir trop bavard.

Au niveau du dessin, Zelba alterne les cases fermées et ouvertes. De façon générale, le tout est très libre et dense, mais la lecture est toujours aisée. C’est du beau travail. Zelba possède un trait personnel et c’est tant mieux. Les couleurs sont particulièrement réussies. C’est clairement un des points forts du livre.

Au final, « Jeanne et le jouet formidable » est un ouvrage sympathique et coquin, sans prétention. S’il y aurait à redire sur certains détails, il serait dommage de bouder son plaisir. Force est de constater qu’après la lecture, on garde le sourire aux lèvres. N’est-ce pas l’essentiel après tout ? 

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Note : 13/20

Fraise et Chocolat, T1 – Aurélia Aurita

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Titre : Fraise et chocolat
Scénariste : Aurélia Aurita
Dessinatrice : Aurélia Aurita
Parution : Mars 2006


L’autobiographie en bande-dessinée s’est fortement développée ces dernières années. Genre à la mode, il a vu aussi les auteurs casser les barrières de l’intimité à des niveaux plus ou moins importants. Aurélia Aurita, toute jeune auteure à l’époque des faits, publie « Fraise et chocolat » en 2006, histoire d’une rencontre avec un homme et de leur passion commune. C’est parti pour 140 pages d’ébats sexuels passionnés…

L’ouvrage démarre alors qu’Aurélia arrive au Japon. Elle a été invitée par Frédéric, avec qui elle entretient une correspondance depuis quatre mois. Elle espère faire mentir les voix qui s’élèvent contre elle, comme quoi elle aurait été invitée pour que Frédéric « puisse [la] sauter ». En effet, elle est la seule auteure débutante invitée dans le projet…

Une avalanche de confidences sans aucun tabou.

Le ton est donné d’entrée. Le récit des coucheries, sans aucun tabou, est primordial dans l’ouvrage. Les termes « fraise et chocolat » sont d’ailleurs de savoureuses métaphores que je vous laisse deviner… La passion entre les deux amants est particulièrement forte mais très sexuelle. Rien ne nous est épargné : fellation, cunnilingus, sodomie et d’autres fantasmes qu’il serait cruel de révéler. Cependant, cette avalanche de confidence aboutit à un sentiment de malaise évident : le lecteur se sent voyeuriste. Si certains apprécieront de découvrir la vie sexuelle d’un jeune couple, d’autres seront peut-être gênés que dans le fond, on frise l’indigestion. Certes, Aurélia Aurita ajoute de multiples réflexions sur sa passion, mais la surabondance de sexe noie le poisson.

J’ai trouvé également l’ouvrage finalement très vulgaire. Je n’ai aucun problème avec la représentation de la sexualité, même crue. Je lis beaucoup d’ouvrages qui sont très explicites visuellement et cela ne me gêne pas. Mais ici, ça m’a vraiment dérangé. Quand Aurélia Aurita essaye de se voir dans la glace avec un gode dans le cul, j’avoue avoir du mal à comprendre l’intérêt de le raconter. Je reste dubitatif devant sa fierté quand « Frédéric Boilet a joui dans [son] cul ». Je pense que l’on atteint là une des limites des récits autobiographiques. Lâcher son intimité sans garde-fou, sans humour, sans recul n’est pas forcément intéressant. Et pourtant, l’auteure multiplie les réflexions sur le couple histoire d’apporter autre chose, mais cela ne nous intéresse pas plus que ça : faire l’amour tout le temps est-il un problème ? Doit-on partager autre chose ? On ne peut pas dire qu’on touche ici à l’originalité.

Au niveau du dessin, je connaissais déjà le style d’Aurélia Aurita et on ne peut pas dire qu’il m’avait séduit. Le style très relâché (c’est un euphémisme) est franchement gênant dans ses imperfections. Son dessin est très inégal. Le noir et blanc, rehaussé de gris manque un peu de profondeur mais il faut avouer que le trait, dynamique et expressif, s’adapte plutôt bien aux ébats amoureux. Il est cependant dommage que l’érotisme de l’ensemble passe avant tout par le traitement explicite plus que par le dessin en lui-même.

Profondément exhibitionniste, « Fraise et chocolat » m’a laissé au mieux indifférent et au pire mal à l’aise. J’ai manqué d’empathie pour ce couple pourtant atypique. N’étant pas sensible à l’humour de l’auteure, ni aux émotions qu’elle souhaite véhiculer, je suis passé complètement à côté de l’ouvrage.

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Note : 6/20