Titre : Saga Valta, T2
Scénariste : Jean Dufaux
Dessinateur : Mohamed Aouamri
Parution : Juin 2014
 Jean Dufaux est un scĂ©nariste reconnu. « Murena », « Barracuda » ou « Conquistador » sont ses derniĂšres sĂ©ries dans lesquelles jâai pris plaisir Ă me plonger. Lâauteur possĂšde une capacitĂ© remarquable Ă insĂ©rer les arcanes de ses intrigues dans un univers dense et envoutant. Le Rome de « Murena » ou les pirates de « Barracuda » mâont complĂštement happĂ©. « Saga Valta », sujet de ma critique, sâinscrit dans un monde nordique et rude. En prĂ©lude de lâalbum, Jean Dufaux Ă©voque sa fascination pour ces lĂ©gendes islandaises du treiziĂšme siĂšcle et indique que cette nouvelle aventure nâest que le premier chapitre de son immersion dans cette mythologie.
Lâalbum Ă©voquĂ© aujourdâhui est le second tome de lâaventure. Sa parution chez « Le Lombard » date du mois de juin dernier. Il ne clĂŽt pas lâhistoire comme jâavais cru le comprendre. Le dĂ©nouement est annoncĂ© pour le troisiĂšme acte. « Elle aimait, oui. Mais dans le dĂ©shonneur et la trahison. JusquâĂ mettre le pays Ă fleur et Ă sang. Alors, les dieux dĂ©cidĂšrent dâintervenir⊠VoilĂ ce que raconte la Saga. » Tels sont les mots qui habillent la quatriĂšme de couverture de lâouvrage. La recette semble ĂȘtre un classique de la cuisine du neuviĂšme. Le fait que la trame sâinscrive dans les mythes nordiques sous-entendait lâaspect conventionnel des enjeux. Cette absence supposĂ©e dâoriginalitĂ© ne me dĂ©rangeait dans le sens oĂč toute vieille recette cuisinĂ©e avec talent se dĂ©guste toujours avec appĂ©tit.
Un héros légendaire en devenir.
LâĂ©pisode initial mâavait plu. Le chemin jalonnĂ© mâintriguait. Lâempathie Ă lâĂ©gard du personnage principal Ă©tait immĂ©diate. Voir son amour pur ĂȘtre interdit pour des histoires de code social est une maniĂšre efficace de conquĂ©rir lâaffection du lecteur. La mĂ©thode reste toujours aussi efficace. Valgar dĂ©veloppe son aura Ă travers ses valeurs de noblesse et de courage. Il ne semble possĂ©der aucun dĂ©faut mais nâest pas pour autant dĂ©nuĂ© de faiblesses. Ces fissures consolident son statut de hĂ©ros lĂ©gendaire en devenir.
Une des forces, Ă mes yeux, de cet album est sa densitĂ© scĂ©naristique. La lecture ne souffre dâaucun temps mort. Les Ă©vĂ©nements sâenchaĂźnent avec une cadence soutenue et attise avec constance le feu de la curiositĂ©. Mais le dĂ©roulement de lâhistoire nâest pas assimilable Ă un tourbillon effrĂ©nĂ©. La narration alterne des scĂšnes de bataille ou de combat avec des moments plus intimistes et calmes. Sur un principe proche, lâauteur arrive Ă faire exister Ă la fois des moments rudes avec des instants plus doux et positifs. Cette grande variĂ©tĂ© enrichit indĂ©niablement le propos et alimente lâattrait du lecteur pour les aventures de Valgar.
Les dessins participent Ă©galement activement au plaisir ressenti en dĂ©couvrant les planches. Jâai dĂ©couvert le travail de Mohamed Aouamri Ă travers cette sĂ©rie et ne regrette pas la rencontre. Son trait arrive Ă dĂ©velopper une atmosphĂšre envoutante. Le dĂ©paysement est immĂ©diat. DĂšs les premiĂšres pages, lâimmersion dans ce monde nordique est intense. Que ce soit la nuit ou le jour, que nous nous trouvions en forĂȘt, dans une grotte ou une hutte, chaque moment transpire de cette ambiance de guerriers vikings. Câest avec joie que jâai retrouvĂ© ce climat ensorcelant.
Pour conclure, je dirai que ce second tome de « Saga Valta » est de bonne facture. Il offre une intrigue dense et captivante. Il pourrait lĂ©gitimement lui ĂȘtre reprochĂ© de manquer dâoriginalitĂ© ou de ne pas rĂ©volutionner le genre. NĂ©anmoins, cela ne mâa pas dĂ©rangĂ© car le travail fourni conjointement par le scĂ©nariste et le dessinateur gĂ©nĂšre une lecture agrĂ©able. Nâest-ce pas lĂ lâessentiel ? Je pense que les adeptes dâaventures nordiques et mĂ©diĂ©vales devraient y trouver leur compte. Ce nâest dĂ©jĂ pas si malâŠ
Note : 14/20