Titre : Les naufragĂ©s d’Ythaq, T11 : L’haleine de l’ogre
Scénariste : Christophe Arleston
Dessinateur : Adrien Floch
Parution : Septembre 2013
Lâhaleine de lâogre est le onziĂšme tome de Les naufragĂ©s dâYthaq. Cette sĂ©rie mĂȘlant science-fiction est fantasy est nĂ©e il y a un petit peu moins de dix ans. Câest la prĂ©sence de Christophe Arleston au scĂ©nario qui mâavait attirĂ©. Entre Lanfeust des Etoiles, Les maĂźtres cartographes ou encore Les forĂȘts dâOpale, lâauteur est un spĂ©cialiste de ce type dâunivers et de saga. Les dĂ©buts de lâaventure avaient Ă©tĂ© prometteurs. LâidĂ©e Ă©tait intĂ©ressante et les personnages attachants. HĂ©las, la qualitĂ© avait tendance Ă diminuer au fur et Ă mesure que les derniers tomes sortaient et la conclusion lors du neuviĂšme Ă©pisode Ă©tait, Ă mes yeux, une cruelle dĂ©ception. Curieusement, Arleston et le dessinateur Adrien Floch firent naĂźtre un second cycle Ă la sĂ©rie avec la parution dâun dixiĂšme tome lâannĂ©e derniĂšre. Lâouvrage que jâĂ©voque aujourdâhui sâinscrit donc dans la continuitĂ© de ce dernier.
La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente les mots suivants : « Narvarth, Granite, Callista et Krurgor sont de retour sur leur planĂšte. Seul Narvarth dispose des clefs qui permettent de passer dans lâunivers parallĂšle, celui dâYthaq. Mais cette infinitĂ© de mondes nouveaux Ă portĂ©e de main et les richesses quâils augurent excitent bien des convoitises⊠»
Le dixiĂšme acte, Nehorf-Capitol Transit, marquait le retour dâexil des hĂ©ros. Le lecteur nâĂ©tait donc plus sur Ythaq mais dans un monde qui lui Ă©tait jusquâalors inconnu. Les auteurs nous plongeaient donc dans des arcanes politiques que jâavais trouvĂ©s assez brouillonnes et bancales. Le second dĂ©part de la saga mâapparaissait assez dĂ©cousu boiteux. JâespĂ©rais que ce nouvel album installe la trame sur des bases plus solides.
Sur quelques aspects, lâĂ©volution sâest avĂ©rĂ©e positive. En effet, lâintrigue est plus simple et cadrĂ©e. Les enjeux sont clairement Ă©tablis. La narration offre deux fils conducteurs parallĂšles. Cela permet de densifier le propos sans pour autant y faire suffoquer le lecteur. De plus, chaque « naufragĂ© » trouve une place intĂ©ressante et aucun nâest oubliĂ©. Cela permet de retrouver la bonne humeur que dĂ©gageaient ces acolytes hauts en couleur. Le caractĂšre volcanique de Granite, la peste Callista, Narvarth et Krurgor forment un casting rĂ©ussi qui avait Ă©tĂ© un petit peu nĂ©gligĂ© Ă mon goĂ»t dans le dixiĂšme tome.
Une intrigue trop faible
Je viens de faire le tour des qualitĂ©s de cet ouvrage. Dans bien dâautres domaines, je suis sorti déçu de ma lecture. Lâintrigue manque dâampleur. Elle semble se concentrer sur le fait que des personnes puissantes veulent rĂ©cupĂ©rer des clĂ©s vers un monde parallĂšle. En termes dâĂ©paisseur, nous nâallons pas plus loin. Je nâai pas le sentiment que la partie de lâhistoire qui nous est cachĂ©e soit bien passionnante. Le premier cycle Ă©tait construit sur une idĂ©e originale dont la rĂ©vĂ©lation Ă©tait un vrai bon moment de surprise. Je doute que cela se reproduise ici. La consĂ©quence est quâaprĂšs deux tomes, je mâinterroge sur la voie suivie par les auteurs. Je me demande mĂȘme sâils la connaissent. Jâai le sentiment sincĂšre que les Ă©vĂ©nements des deux premiers tomes auraient pu se contenir dans un seul.
La faiblesse de lâintrigue devrait laisser de la place aux personnages. Ce type de saga gĂ©nĂšre souvent un casting variĂ© et rĂ©ussi. Les nouveaux venus ne mâont pas fait une forte impression. Un geĂŽlier apparu dans lâacte prĂ©cĂ©dent semblait possĂ©der un potentiel intĂ©ressant. Il a disparu des radars. Il laisse donc la place Ă des nobles de lâespace au charisme insuffisant. Les mĂ©chants manquent dâaura. Les hĂ©ros ont vĂ©cu de grandes aventures et ont combattu des ennemis puissants. Ce second cycle souffre de la comparaison sur ce plan. Câest toujours dommage car la qualitĂ© du mĂ©chant reste un critĂšre important dans la rĂ©ussite dâune aventure.
Le dessin dâAdrien Floch est une des constantes de la sĂ©rie. Son trait me plaĂźt beaucoup. Je trouve quâil sâaccommode parfaitement avec lâunivers Ă©crit par Christophe Arleston. Il fait naĂźtre des dĂ©cors dĂ©paysant Ă souhait et sa capacitĂ© Ă donner une identitĂ© forte Ă ses personnages nâest plus Ă dĂ©montrer. NĂ©anmoins, jâai trouvĂ© cet album plus pantouflard sur le plan graphique que les prĂ©cĂ©dents. Est-ce dĂ» aux faiblesses du scĂ©nario ? Peut-ĂȘtre. NĂ©anmoins, la dimension Ă©pique du propos ne ressent pas autant que je lâespĂ©rais dans les illustrations. MalgrĂ© tout, lâensemble reste plus que correct et ce nâest pas dans ce domaine quâest nĂ©e ma dĂ©ception.
Au final, Lâhaleine de lâogre nâa pas Ă©teint mes inquiĂ©tudes de lecteur apparues en refermant le tome prĂ©cĂ©dent. Jâai mĂȘme tendance Ă dire quâelles ont Ă©tĂ© ravivĂ©es. Je rĂȘve de voir Arleston offrir une trame simple vĂ©cue par des personnages rĂ©ussis et dont la lecture serait accompagnĂ©e de vannes Ă un rythme effrĂ©nĂ©. Se rĂ©alisera-t-il dans le prochain opus ? La question reste entiĂšreâŠ
 Note : 11/20