Les beaux étés, T1 : Cap au Sud !

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Titre : Les beaux étés, T1 : Cap au Sud !
Scénariste : Zidrou
Dessinateur : Jordi Lafebre
Parution : Septembre 2015


« Les beaux Ă©tĂ©s » a pour vocation de retracer l’histoire d’une famille Ă  partir de leurs vacances « charniĂšres » qui ont construit leurs relations. On commence donc en 1973 avec un dĂ©part vers le Sud. Le tout est scĂ©narisĂ© par Zidrou, dessinĂ© par Jordi Lafebre et publiĂ© chez Dargaud, pour un format franco-belge tout ce qu’il y a de plus classique ! Continuer la lecture de « Les beaux Ă©tĂ©s, T1 : Cap au Sud ! »

Carnet du Pérou

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Titre : Carnet du Pérou, sur la route de Cuzco
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Octobre 2013


Lorsque « Carnet du PĂ©rou » est sorti, j’ai pestĂ© contre Fabcaro. Qu’est-ce qui avait piquĂ© l’auteur pour partir dans un carnet de voyage ? Bien mal m’en a pris, puisque le dessinateur avait créé une supercherie avec ce livre. Il Ă©tait temps de rattraper mon retard sur ce bouquin, publiĂ© logiquement chez 6 pieds sous terre. Continuer la lecture de « Carnet du PĂ©rou »

In God we trust

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Titre : In God we trust
Scénariste : Winshluss
Dessinateur : Winshluss
Parution : Novembre 2013


AprĂšs avoir rafflĂ© un Fauve d’Or au Festival Internationale de la Bande-DessinĂ©e d’AngoulĂȘme en 2009 pour « Pinocchio », Winshluss Ă©tait forcĂ©ment trĂšs attendu. Cinq longues annĂ©es plus tard, il accouche de « In God we trust », un pavĂ© d’une centaine de pages proposant une relecture de la Bible, que l’on devine bien trash. Le tout paraĂźt aux Ă©ditions Les Requins Marteaux et coĂ»te la bagatelle de 25 euros. Continuer la lecture de « In God we trust »

Le guide du mauvais pĂšre, T3

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Titre : Le guide du mauvais pÚre, T3
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Janvier 2015


AprĂšs avoir obtenu le fauve d’or pour ses carnets de voyage (l’aboutissement Ă©tant Les Chroniques de JĂ©rusalem), Guy Delisle s’est lancĂ© dans une sĂ©rie bien moins sĂ©rieuse retraçant son quotidien d’homme au foyer qui s’occupe de ses deux enfants. Le tout est publiĂ© chez Shampooing, au format manga noir et blanc.

Le livre reprend des saynĂštes entre le pĂšre et son fils ou le pĂšre et sa fille. Le tout est essentiellement basĂ© sur des dialogues oĂč Guy Delisle est en dĂ©calage avec la personne qu’il a en face. Soit il tente des techniques d’éducation fumeuse, soit il traite ses enfants comme des adultes. La plupart du temps, il fait preuve de beaucoup mauvaise foi, d’oĂč le titre de l’ouvrage !

On attend avec impatience une intégrale.

LeGuideDuMauvaisPere3aDans ce troisiĂšme tome, Guy Delisle ne faiblit pas. Les scĂšnes sont drĂŽles, toutes rĂ©ussies et les dialogues truculents. MĂȘme si la mĂ©canique est bien huilĂ©e, c’est un vĂ©ritable plaisir de lecture. HĂ©las, le fait que seulement deux dessins (voire un seul) soient imprimĂ©s par page fait que l’ouvrage se lit trĂšs vite et on reste immanquablement sur sa faim. Comme pour les prĂ©cĂ©dents, c’est le format choisi par l’éditeur pour ces recueils de blog qui est Ă  blĂąmer. Tout ça se lit trop vite. À 10 euros le livre, on prĂ©fĂ©rerait une intĂ©grale plutĂŽt que trois petits bouquins, quitte Ă  avoir un livre plus grand ou plus Ă©pais.

Du coup, le dessin de Guy Delisle, plutĂŽt agrĂ©able dans ses carnets de voyage, paraĂźt ici plus limitĂ©, presque flemmard. TrĂšs peu de dĂ©cors, des personnages statiques
 C’est trĂšs limitĂ©, mĂȘme si c’est efficace. Alors ce qui passe sur Ă©cran passe beaucoup moins sur papier. Clairement, des petites scĂšnes animĂ©es et dialoguĂ©es seraient l’idĂ©al. Le passĂ© de Guy Delisle dans l’animation peut-il nous faire rĂȘver ?

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Comme pour beaucoup d’ouvrages de cette collection, on ne peut qu’ĂȘtre rebutĂ© devant la rapiditĂ© de lecture et l’aspect des dessins vite faits, en copier-coller. MalgrĂ© tout, il ne faut pas que cela cache l’humour percutant de l’auteur et la qualitĂ© constante de ses saynĂštes. Bref, un livre parfait Ă  prendre en bibliothĂšque ou Ă  se faire prĂȘter. Pour l’acheter, c’est Ă  vous de voir.

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note3

Le banc de touche

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Titre : Le banc de touche
Scénariste : Martin Page
Dessinateur : Clément C. Fabre
Parution : Juillet 2012


Quand je vais Ă  un festival de BD, je prends toujours le temps de m’arrĂȘter au stand Vraoum/Warum. Cette jeune maison d’édition propose des livres de qualitĂ© et regroupe des auteurs que j’apprĂ©cie. J’ai pu ainsi acquĂ©rir « Le banc de touche », une bande-dessinĂ©e scĂ©narisĂ©e par Martin Page et dessinĂ©e par ClĂ©ment C. Fabre. J’ai Ă©tĂ© attirĂ© avant tout par le dessin de ClĂ©ment Fabre, que je connaissais par son blog. La lecture de quelques pages m’a convaincu d’acheter l’ouvrage (avec la belle dĂ©dicace qui va avec).

Le pitch n’est pas des plus rĂ©jouissants : Louis, Charlotte et Darius sont trois adolescents/jeunes adultes dĂ©pressifs. Ils passent leur temps Ă  broyer du noir et ils transpirent la dĂ©sillusion par tous les pores de leur peau. Le tout est organise en strips, majoritairement de quatre cases. Ponctuellement, une planche ou une illustration viennent s’immiscer entre les strips, amenant une mĂ©canique lĂ©gĂšrement diffĂ©rente.

Mais pourquoi tant de désespoir ?

C’est donc de l’humour noir qui nous est servi ici. Et honnĂȘtement, si ça ne va pas trop dans votre vie, je ne suis pas sĂ»r que la lecture de cet ouvrage soit avisĂ©e. Car en dehors des jeux de mots sur la mort et des remarques morbides, c’est une vraie dĂ©sillusion sur la vie et les rapports humains qui est mise en lumiĂšre. Louis passe son temps Ă  se faire larguer. Il passe plus de temps en chagrin d’amour qu’en couple, se demandant si tout cela vaut le coup. L’humour cynique et dĂ©sespĂ©rĂ© de l’ouvrage fait mouche heureusement et les trouvailles sont nombreuses. Alors que l’on pourrait croire que ces adulescents dĂ©sespĂ©rĂ©s tourneraient en rond, les auteurs parviennent Ă  nous surprendre jusqu’au bout. Il y a quand mĂȘme dans cette dĂ©sillusion un petit cĂŽtĂ© « Peanuts ».

L’ouvrage est bien rythmĂ©, alternant strips et illustrations et variant les situations. On regrettera juste que le postulat de dĂ©part, trois jeunes gens dĂ©sespĂ©rĂ©s, reste un peu inexpliquĂ©. A la fermeture de l’ouvrage, on ne peut s’empĂȘcher de se demander « mais pourquoi tant de dĂ©sespoir ?! » 

Le tout est servi par le dessin de ClĂ©ment Fabre. Son trait est simple et reconnaissable. Bien que souvent il ne se passe pas grand-chose, il parvient Ă  varier les situations pour que le lecteur n’ait pas l’impression de revoir sans cesse la mĂȘme scĂšne. Quand il possĂšde un peu plus d’espace pour s’exprimer, il montre toute l’étendue de son talent. Sans jamais ĂȘtre tape-Ă -Ɠil, son dessin est efficace et parfaitement mis en valeur par des couleurs Ă  l’aquarelle magnifiques. Je suis trĂšs fan du graphisme de Fabre, Ă  la fois simple et maĂźtrisĂ© parfaitement.

Au final, j’ai vraiment Ă©tĂ© sĂ©duit par cet ouvrage. L’humour noir m’a parlĂ© et un vĂ©ritable univers se dĂ©gage des discussions des trois personnages. Le graphisme est Ă  la hauteur et renforce d’autant plus les textes. Une belle dĂ©couverte qui ne me donne qu’une envie : continuer Ă  suivre ces deux auteurs dans leurs prochains ouvrages.

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note4

Salade, tomate, oignon

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Titre : Salade, tomate, oignon
Scénariste : Joseph Safieddine
Dessinateur : Clément Fabre
Parution : Novembre 2015


Lors du festival Quai des Bulles de Saint Malo, j’en ai profitĂ© pour obtenir ma troisiĂšme dĂ©dicace de ClĂ©ment Fabre. Le dessinateur officiait avec un troisiĂšme scĂ©nariste diffĂ©rent, ici en la personne de Joseph Saffieddine. « Salade, tomate, oignon » est un recueil de saynĂštes faisant intervenir deux personnages (parfois plus) en plein dialogue. Les situations sont souvent absurdes et touchent Ă  toutes les couches de notre sociĂ©tĂ©. Le tout est publiĂ© chez Vide Cocagne.

L’humour de Safieddine touche Ă  l’absurde et peut se faire trash. Àmes sensibles s’abstenir ! Ainsi, l’une des premiĂšres scĂšnes est un modĂšle du genre. Une nana est invitĂ©e chez un mec et elle se retrouve dans un immeuble complĂštement glauque avec des gitans qui attaquent la porte
 La plupart du temps, c’est plutĂŽt rĂ©ussi, mĂȘme si l’inĂ©galitĂ© de qualitĂ© est de mise ici. Globalement, on lit avec plaisir les diffĂ©rentes histoires et on sourit devant les rĂ©parties des personnages. Mais comme tout ouvrage d’absurde, on reste parfois Ă  cĂŽtĂ© du chemin devant certains passages.

Un livre tout en dialogues.

Si les chutes ont souvent un intĂ©rĂȘt, ce sont les dialogues qui sont mis en avant. Les grandes gueules sont lĂ©gions, des collĂšgues de bureau en passant par les mecs de banlieue, sans oublier les petites vieilles bien sĂ»r ! Clairement, c’est dans les passages les plus trash que « Salade, tomate, oignon » touche Ă  la grĂące. Racisme et misĂšre humaine sont portĂ©s Ă  leur paroxysme dans certaines scĂšnes, et c’est lĂ  que le livre se dĂ©guste pleinement. HĂ©las, Ă  la lecture des histoires les unes aprĂšs les autres, une lassitude s’installe devant certaines rĂ©pĂ©titions. On est moins surpris. Typiquement, « Salade, tomate, oignon » est fait pour ĂȘtre lu aux toilettes, une scĂšne aprĂšs l’autre.

Concernant le dessin, le trait simple de ClĂ©ment Fabre est parfaitement adaptĂ© aux histoires, essentiellement dialoguĂ©es. Il sait donner suffisamment d’expression Ă  ses personnages pour que cela fonctionne. J’étais surpris de ne pas le voir aquareller le tout, mais il a densifiĂ© son encrage pour proposer un dessin en noir et blanc trĂšs rĂ©ussi.

De nombreux guests interviennent dans le livre, offrant des personnages aux strips. HonnĂȘtement, j’ai trouvĂ© ça sans intĂ©rĂȘt, voir contre-productif. À de rares exceptions prĂšs, les styles des dessinateurs ne sont pas du tout adaptĂ©s au style de ClĂ©ment Fabre et se voient comme le nez au milieu de la figure. PlutĂŽt que de transcender les strips, cela gĂȘne la lecture. Dommage.

« Salade, tomate, oignon », comme beaucoup de livres du genre, propose des scĂšnes plus ou moins rĂ©ussies. L’inĂ©gale qualitĂ© de l’ensemble n’enlĂšve rien Ă  la puissance de certaines histoires. Un livre qui se lit rapidement, sans prĂ©tention.

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note3

Le guide du mauvais pĂšre, T1

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Titre : Le guide du mauvais pĂšre, T1
Scénariste : Guy Delisle
Dessinateur : Guy Delisle
Parution : Janvier 2013


Guy Delisle est un auteur canadien qui s’est fait connaĂźtre dans le petit monde de la bande-dessinĂ©e par ses rĂ©cits de voyage dans des pays tous plus intĂ©ressants les uns que les autres. Il a atteint la consĂ©cration avec « Chroniques de JĂ©rusalem », aurĂ©olĂ© d’un Fauve d’Or au Festival International de la Bande-DessinĂ©e d’AngoulĂȘme en 2012. Fort de cette reconnaissance, il dĂ©cide alors de mettre en pause ses rĂ©cits de voyages pour proposer « Le guide du mauvais pĂšre », un ouvrage autobiographique bien plus lĂ©ger. Le tout paraĂźt chez Shampooing, dans un format manga. Cela pĂšse quand mĂȘme 190 pages pour une dizaine d’euros.

Ce qui marque d’emblĂ©e est l’aspect bloguesque de l’ensemble. On est dans la pure anecdote pĂšre/enfant dessinĂ© avec un trait simple et sans fioritures. Ainsi, les « cases » sont nombreuses, les blancs importants. Tout se passe donc essentiellement dans le dialogue (et les silences qui en font partie). Le tout en lien avec son fils (l’aĂźnĂ©) et sa fille (plus jeune).

Un auteur attendu au tournant

J’avoue que j’attendais un peu Delisle au tournant. Ses livres ayant une part d’intĂ©rĂȘt non-nĂ©gligeable liĂ©e au cĂŽtĂ© documentaire, j’étais un peu curieux de voir ce que pouvait donner un ouvrage purement humoristique. Force est de constater que c’est plutĂŽt rĂ©ussi. MĂȘme si le thĂšme du pĂšre indigne et cynique n’est pas nouveau, l’auteur possĂšde un vrai talent dans les rĂ©parties et les situations. Quant Ă  savoir oĂč est la part de vrai lĂ -dedans
 Les anecdotes font donc mouche, les chutes sont drĂŽles et, chose Ă  signaler, les dialogues aussi. Les situations sont souvent assez longues, mĂȘme si le format du livre donne des impressions de longueur un peu biaisĂ©es.

Cependant, force est de constater que le livre se lit un peu vite, et ce malgrĂ© les 190 pages. Le dessin trĂšs simple, les nombreux silences, le fait qu’il n’y ait en moyenne que deux dessins par page donnent un rythme de lecture bien trop soutenu. Et la frustration guette Ă  la fin de l’ouvrage. Pas Ă©tonnant qu’un tome deux soit sorti depuis. On atteint un peu la limite de ces livres typĂ©s blog. En recueil, ce n’est pas forcĂ©ment toujours adaptĂ©. Le mĂȘme sentiment m’avait touchĂ© lorsque j’avais dĂ©couvert les recueils de Bastien VivĂšs dans la mĂȘme collection. Certes, chaque livre n’est pas bien cher, mais l’ensemble est excessif.

Au final, ce « Guide du mauvais pĂšre » montre que Guy Delisle est tout Ă  fait capable de sĂ©duire sans le background d’un pays exotique. Son humour fait mouche et la lecture est un vrai plaisir. Cependant, Ă  10 euros le bouquin, vous risquez de rester un peu sur votre faim Ă  la fermeture de l’ouvrage. A vous de voir.

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ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ

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Titre : Zaï zaï zaï zaï
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Mai 2015


Je suis un grand fan de Fabcaro. Capable d’apprĂ©cier autant ses livres d’autodĂ©rision que ses strips ou encore ses ouvrages expĂ©rimentaux, je fus en joie en voyant un nouveau bouquin sortir, intitulĂ© « ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï ». Un road-movie paraĂźt-il
 Devant les bonnes critiques unanimes et son prix au festival Quai des Bulles, je me le suis procurĂ©, prĂȘt Ă  apprĂ©cier cet ouvrage. Le tout est paru chez 6 pieds sous terre pour une soixantaine de pages.

« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est une auto-fiction. On retrouve Fabcaro au supermarchĂ©. Au moment de payer, il s’aperçoit qu’il n’a pas sa carte de fidĂ©litĂ©. Commence alors une cavale rocambolesque


Une cavale d’un nouveau genre.

ZaiZaiZaiZai3Si ce livre est assez diffĂ©rent formellement des autres ouvrages de Fabcaro, il en reprend pourtant toutes les caractĂ©ristiques : l’obsession du supermarchĂ©, le fonctionnement en strips, l’absurde, l’auto-dĂ©rision, le comique de rĂ©pĂ©tition
 Fabcaro fusionne le tout dans une aventure complĂštement absurde. Ainsi, chaque page propose un gag qui fait avancer l’histoire. Le cĂŽtĂ© extrĂȘmement absurde ferait presque pencher la balance vers l’idĂ©e d’un ouvrage expĂ©rimental. Mais l’humour dĂ©veloppĂ© est grand public, pour peu qu’on soit ouvert aux incohĂ©rences voulues du rĂ©cit. Si voir quelqu’un menacer un vigile avec un poireau ne vous fait pas sourire, vous pouvez passer votre chemin.

La cavale est bien Ă©videmment un prĂ©texte pour parler de tout et de rien. On retrouve  des gags sur l’auteur en lui-mĂȘme, sur les supermarchĂ©s, sur la police, sur les journalistes
 L’histoire est ainsi aussi dĂ©cousue qu’elle est absurde. Et ce, jusqu’à un Ă©pilogue rĂ©ussi. Et si, vu l’humour proposĂ©, on accroche plus ou moins aux situations, on sourit souvent et on rit mĂȘme de bon cƓur devant certains gags.

Au-delĂ  de la qualitĂ© intrinsĂšque de l’ouvrage (et de savoir s’il est drĂŽle ou non), force est de constater que Fabcaro est un auteur qui possĂšde une vĂ©ritable patte en tant que scĂ©nariste. Quand on accroche Ă  son humour, difficile de s’en dĂ©tacher. On est loin d’un humour formatĂ© et dĂ©jĂ  entendu.

Concernant le dessin, Fabcaro dĂ©laisse son dessin humoristique pour un trait Ă  la fois plus rĂ©aliste et encore plus relĂąchĂ©. Cela donne Ă  son road movie une apparence de sĂ©rieux qui tranche encore plus avec l’absurde de l’histoire. Le choix est clairement payant. Fabcaro fait la part belle aux rĂ©pĂ©titions dans ses pages, mettant l’accent sur les dialogues. Le trait est relevĂ© par une bichromie Ă  la teinte jaune/verte un peu dĂ©stabilisante (et honnĂȘtement assez moche). La teinte mise Ă  part, la colorisation donne du volume au trait et reste pertinente.

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« ZaĂŻ zaĂŻ zaĂŻ zaï » est un beau condensĂ© du savoir faire de Fabcaro. Il n’est pas rare de rire devant les pĂ©ripĂ©ties de ce hĂ©ros du quotidien. Rien que pour cela, l’ouvrage est rĂ©ussi. Mais quand il faut parler d’autodĂ©rision et tacler les angoisses du quotidien franchouillard (karaokĂ© et carte de fidĂ©litĂ© de supermarchĂ© en tĂȘte), il reste l’un des auteurs les plus performants.

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note4

Z comme Don Diego, T2 : La loi du marché

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Titre : Z comme Don Diego
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabrice Erre
Parution : Octobre 2012


Zorro est le hĂ©ros de mon enfance. Je me rappelle des bons moments passĂ©s avec mes parents Ă  regarder les aventures du cĂ©lĂšbre justicier masquĂ©. J’avais donc jaugĂ© avec curiositĂ© l’apparition du premier tome d’une nouvelle sĂ©rie intitulĂ©e « Z comme don Diego ». La dĂ©couverte s’était avĂ©rĂ©e drĂŽle et sympathique. C’est donc en confiance que je me suis offert l’opus suivant paru au mois d’octobre. Il s’intitule « La loi du marchĂ© » et nous prĂ©sente un Zorro bardĂ© de sponsors tel un pilote de Formule 1. Son pĂšre, le sergent Garcia, la señorita Sexoualidad ou encore Bernardo l’accompagnent au second plan.

Au-delĂ  de la prĂ©sence du cĂ©lĂšbre Zorro, cet ouvrage possĂ©dait un autre atout Ă©vident lors de notre premiĂšre rencontre. Cet aspect Ă©tait la prĂ©sence de Fabcaro sur la couverture. J’ai dĂ©couvert ce scĂ©nariste par « Jean-Louis et son encyclopĂ©die » et « Steve Lumour ». Il faisait ici Ă©tat de son talent Ă  tourner en dĂ©rision des personnages de « loser ». Il Ă©tait donc curieux de voir exploiter le mythe de Zorro dans cet esprit-lĂ . Le premier Ă©pisode avait rĂ©pondu aux attentes, j’en espĂ©rais autant du second.

Un Don Diego opposĂ© au hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente.

On retrouvait donc avec plaisir ce Don Diego maladroit et Ă  l’opposĂ© du charismatique hĂ©ros tĂ©lĂ©visuel qu’il reprĂ©sente. On a du mal l’imaginer sauver qui que ce soit tant il a dĂ©jĂ  du mal Ă  garder son identitĂ© secrĂšte. Nombre sont les gags Ă  se construire sur cette dimension-lĂ . Le justicier pourrait ĂȘtre dĂ©masquĂ© des dizaines de fois. Mais ce cher sergent Garcia ne vaut pas mieux que lui. On rit avec bon cƓur de la bĂȘtise de tout ce beau monde. Il va sans dire que Don Diego ne se rĂ©vĂšle dans ses tentatives de sĂ©duction. Son amour et sa bonne volontĂ© ne sont pas reconnus par la señorita Sexoualidad qui pourtant ne brille ni par ses charmes ni par sa classe. Les auteurs arrivent Ă  offrir de nombreux gags sur ce thĂšme sans pour autant se rĂ©pĂ©ter.

Afin d’éviter le cĂŽtĂ© routinier de ce type de sĂ©rie, Fabcaro dĂ©cide d’intĂ©grer un nouveau personnage qui apparaĂźt anachronique avec l’univers de Zorro. Il s’agit de Wolverino. La parentĂ© de ce dernier avec le hĂ©ros des X-Men est Ă©vidente. Apparait donc un combat digne des geeks : Zorro contre Wolverino. Rapidement, le choc apparait dĂ©sĂ©quilibrĂ© tant la maladresse de Don Diego est battue Ă  plate couture par l’efficacitĂ© de son concurrent aux lames acĂ©rĂ©es. On dĂ©couvre donc le hĂ©ros chercher un emploi plus classique tant sa dimension de justicier a pris du plomb dans l’aile. Cet aspect gĂ©nĂšre une nouvelle corde l’arc du scĂ©nariste et gĂ©nĂšre ainsi d’autres gags qui pour la plupart nous ravissent. L’album nous prĂ©sente environ quatre-vingts strips dont la grande majoritĂ© fait mouche. On sourit souvent, on rigole de temps Ă  autre. Bref, cet album est un condensĂ© de bonne humeur qui chatouille sans effort nos zygomatiques.

Les dessins de Fabrice Erre collent parfaitement Ă  l’esprit dĂ©lurĂ© du propos. Les traits tout en rondeur se prĂȘtent au cĂŽtĂ© « cartoon » des situations. Les expressions graphiques des personnages sont caricaturales et excessives et participent ainsi au plaisir de la lecture. Les pages dĂ©gagent une bonne humeur Ă©vidente. On apprĂ©cie de suivre les courses effrĂ©nĂ©es du justicier dans ce village du Nouveau Mexique. Les dĂ©cors sont suffisamment travaillĂ©s pour que le dĂ©paysement soit rĂ©ussi.

En conclusion, « La loi du marchĂ© » est un ouvrage des plus honnĂȘtes. Rares sont les albums humoristiques Ă  s’approprier de maniĂšre aussi rĂ©ussie un univers existant. Rien n’est bĂąclĂ©. Les auteurs montrent une affection certaine pour Zorro et lui rendent un bel hommage en le parodiant ainsi. Les rumeurs laissent entendre que cette sĂ©rie ne connaitra pas de troisiĂšme opus par la faute de nombre de ventes dĂ©cevant. J’en suis triste. Mais cela ne m’empĂȘche d’espĂ©rer que ce cher don Diego aura d’autres occasions de nous faire rire. Mais cela est une autre histoire
 

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Astérix, T35 : Astérix chez les Pictes

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Titre : Astérix, T35 : Astérix chez les Pictes
Scénariste : Jean-Yves Ferri
Dessinateur : Didier Conrad
Parution : Octobre 2013


Cette annĂ©e marquera une date importante de la bande dessinĂ©e française. C’est en effet la premiĂšre fois que les aventures des deux plus cĂ©lĂšbres gaulois ne sont nĂ©s ni de la plume de RenĂ© Goscinny ni de celle d’Albert Uderzo. C’est Ă  Jean-Yves Ferri et Didier Conrad qu’a Ă©tĂ© confiĂ©e la mission d’offrir un second souffle Ă  des mythes du neuviĂšme art. Tout le monde Ă©tait quasiment d’accord sur le fait que la magie de la sĂ©rie avait disparu avec son scĂ©nariste original. Son acolyte n’a jamais eu le talent d’écriture suffisant pour faire perdurer la qualitĂ© des premiers opus. La parution de AstĂ©rix chez les Pictes le vingt-quatre octobre dernier gĂ©nĂ©rait donc une curiositĂ© certaine. D’ailleurs, cela a fait que je me suis offert mon premier album de la saga depuis des annĂ©es.

Le site Bd Gest’ propose le rĂ©sumĂ© suivant : « Les Pictes ? Oui, les Pictes ! Ces peuples de l’ancienne Ecosse, redoutables guerriers aux multiples clans, dont le nom, donnĂ© par les Romains, signifie littĂ©ralement « les hommes peints ». AstĂ©rix chez les Pictes promet donc un voyage Ă©pique vers une contrĂ©e riche de traditions, Ă  la dĂ©couverte d’un peuple dont les diffĂ©rences culturelles se traduiront en gags et jeux de mots mĂ©morables. » 

J’associe le nom de Jean-Yves Ferri Ă  la sĂ©rie Le retour Ă  la terre dont les diffĂ©rents Ă©pisodes m’ont procurĂ© moult fous rires. Je trouvais donc ce choix judicieux de lui confier le scĂ©nario de ce nouvel album. La qualitĂ© de son Ă©criture, son sens de la rĂ©partie et la drĂŽlerie de ses dialogues me laisser croire en sa capacitĂ© Ă  s’inscrire dans la lignĂ©e de son illustre prĂ©dĂ©cesseur, RenĂ© Goscinny. Par contre, je ne connaissais le travail de Conrad que de rĂ©putation. Je n’avais jusqu’alors jamais eu l’occasion de le dĂ©couvrir. NĂ©anmoins, le fait qu’Uderzo soit encore Ă  ses cĂŽtĂ©s garantissait une continuitĂ© dans le dessin.

Jouer sur les coutumes locales

Les auteurs ont choisi un squelette narratif classique pour leur grande premiĂšre. En effet, offrir un voyage Ă  AstĂ©rix et ObĂ©lix dans une contrĂ©e Ă©trangĂšre n’est pas original. NĂ©anmoins, ce n’est pas une mauvaise idĂ©e. Les pĂ©rĂ©grinations de nos deux gaulois en Hispanie, Corse, Belgique, HelvĂ©tie ou en Grande-Bretagne font partie de mes prĂ©fĂ©rĂ©es. Cette option permet de jouer sur les coutumes locales. Les Pictes Ă©tant les Ă©cossais actuels, on pouvait supposer que le kilt ou encore le monstre du Loch Ness seraient de sortie. La lecture offre de bonnes surprises dans le domaine. Certains clichĂ©s des autochtones sont exploitĂ©s. Je me suis laissĂ© porter malgrĂ© le cĂŽtĂ© rĂ©pĂ©titif de certains d’entre eux. Certaines blagues font sourire mĂȘme si on ne retrouve pas la densitĂ© des meilleurs Ă©pisodes de la sĂ©rie. Par contre, je trouve plutĂŽt bien construite la relation toujours dĂ©calĂ©e entre ObĂ©lix et les us et coutumes Ă©trangĂšres.

L’histoire ne dĂ©note pas non plus par son originalitĂ©. Un Picte exilĂ© se doit d’aller reconquĂ©rir sa belle pour Ă©viter la prise de pouvoir d’un chef manipulateur et vil. Les Ă©vĂ©nements s’enchainent Ă  un rythme rĂ©gulier et toutes les Ă©tapes prĂ©visibles sont respectĂ©es. A aucun moment, je n’ai Ă©tĂ© pris par surprise. Les auteurs naviguent sur des rails bien tracĂ©s. Ils ne cherchent pas Ă  rĂ©volutionner le genre. Au contraire, ils se montrent trĂšs respectueux de l’institution. Bon nombre de scĂšnes rappellent certains moments vĂ©cus en lisant les albums prĂ©cĂ©dents. Je ne leur reproche pas du tout cette dĂ©marche dans le sens oĂč il me paraissait impossible de rĂ©volutionner le genre.

Le nouveau duo Ă©tait Ă©galement attendu sur ses textes. Goscinny est cĂ©lĂšbre pour ses jeux de mots et ses calembours. Ferri fait de gros efforts sur ce plan-lĂ . Rares sont les pages sans second degrĂ©. Certains sont plus rĂ©ussis que d’autres mais le bilan reste trĂšs positif par rapport aux rĂ©centes parutions de la sĂ©rie. Ma deuxiĂšme lecture m’a d’ailleurs permis de profiter davantage de cet aspect. NĂ©anmoins, les blagues de cet opus font davantage sourire que rire. C’est toujours mieux que les derniers albums rĂ©digĂ©s par Uderzo qui en devenaient pathĂ©tiques dans le domaine.

Au final, AstĂ©rix chez les Pictes rĂ©ussit correctement sa mission. Il avait pour objectif d’arrĂȘter la terrible chute opĂ©rĂ©e depuis une petite dizaine d’album. Il est atteint. NĂ©anmoins, il faudra attendre le prochain opus pour savoir si Ferri et Conrad peuvent redonner entiĂšrement ses lettres de noblesse Ă  ce mastodonte du neuviĂšme art. C’est tout le mal que je leur souhaite


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