Titre :Â Largo Winch, T20 : 20 secondes
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Philippe Francq
Parution : Octobre 2015
La sortie dâun nouvel album de « Largo Winch » fait partie dâun rituel du calendrier annuel du neuviĂšme art. Ce vingtiĂšme opus sâintitule « 20 secondes » et sâinscrit comme la suite du prĂ©cĂ©dent « ChassĂ©-croisĂ© ». Nous retrouvons le duo historique aux manettes : le scĂ©nariste Jean Van Hamme et son acolyte dessinateur Philippe Francq. La couverture est particuliĂšrement Ă©purĂ©e. Nous nây dĂ©couvrons quâune ravissante jeune femme en nuisette sur un fond vierge faisant uniquement apparaĂźtre un immense « 20 ».
La premiĂšre page fait un Ă©tat des lieux de la trame. Largo Winch a convoquĂ© les prĂ©sidents de son groupe Ă Londres. ParallĂšlement, une jeune fille libanaise arrive dans la capitale britannique. Tour Ă tour en quĂȘte dâun emploi, djihadiste infiltrĂ©e, amante du hĂ©ros et agent double pour la CIA, elle est logiquement difficile Ă cerner. Alors que les amours se font et de se dĂ©font dans les chambres du Royal Sword, un attentat est en train de se mettre en place et Largo semble en ĂȘtre la cible. Bref, il est maintenant temps de dĂ©mĂȘler la peloteâŠ
Ni manipulation boursiĂšre, ni montage financier Ă signaler.
Avant dâentrer pleinement dans ma critique de cet Ă©pisode, je me dois de vous indiquer que je nâĂ©tais pas sorti conquis de ma lecture de la premiĂšre partie de lâintrigue. Le tome prĂ©cĂ©dent mâavait paru bien loin des thrillers Ă©conomiques qui ont fait le succĂšs de la sĂ©rie. Jâavais davantage eu le sentiment dâĂȘtre au beau milieu dâun vaudeville dans lequel les portes des chambres dâhĂŽtel claquaient et que les tromperies et les amours rythmaient la narration. Les quarante-huit pages de « ChassĂ©-croisĂ© » Ă©taient, Ă mes yeux, un simple prologue particuliĂšrement diluĂ© aux vĂ©ritables enjeux que jâespĂ©rais voir naĂźtre dans « 20 secondes ».
Lâhistoire de cet opus se contente dâĂȘtre un compte Ă rebours rĂ©glĂ© sur lâexplosion dâune bombe au cours de la rĂ©union du board du groupe W. Jâai rapidement fait mon deuil de retrouver les attraits habituels des aventures du milliardaire en blue jeans. Il nây a ni manipulation boursiĂšre Ă signaler ni montage financier occulte Ă signaler. Le ton pris par lâintrigue dans lâacte prĂ©cĂ©dent mâa fait accepter plus aisĂ©ment le changement de ton qui accompagne cette nouvelle lecture. NĂ©anmoins, jâespĂ©rais que lâintensitĂ© dramatique soit Ă la hauteur. Jâavais envie dâĂȘtre habitĂ© par un suspense fort quant Ă lâissue de ce plan meurtrier.
Je dois dire que cette course contre la montre nâest pas particuliĂšrement effrĂ©nĂ©e. Les Ă©vĂ©nements sâenchaĂźnent de maniĂšre linĂ©aire. Les rebondissements manquent dâampleur. Finalement, lâintrigue est relativement fine. Le scĂ©nario est plus paresseux quâĂ lâhabitude. Par consĂ©quent, je nâai jamais ressenti dâangoisse quant au devenir de Largo. La situation paraĂźt finalement assez simple et maĂźtrisable. La lecture reste agrĂ©able et Ă aucun moment je ne me suis ennuyĂ©. Par contre, jâai regrettĂ© que lâhistoire ne soit pas plus dense. Elle mâaurait alors davantage captivĂ© et je me serais senti plus investi dans le destin du hĂ©ros.
Le fait que son hĂ©ros soit Ă la fois un milliardaire Ă la tĂȘte dâun grand groupe et un aventurier qui erre souvent en dehors des sentiers battus est une porte dâentrĂ©e originale dans la sĂ©rie. Au fur et Ă mesure de la parution de ses aventures, je me suis attachĂ© Ă lui et Ă ses proches. Il y a Cochrane son adjoint coincĂ©, Miss Pennywinkle la trĂšs anglaise secrĂ©taire, Simon son meilleur ami fidĂšle et gaffeur et enfin la derniĂšre arrivĂ© Silky, sulfureuse pilote dâavion. Ce dernier cycle a tendance Ă privilĂ©gier les deux premiers citĂ©s au dĂ©triment des deux derniers. Certes, il est agrĂ©able de dĂ©couvrir la rigide secrĂ©taire en femme fatale septuagĂ©naire mais ne voir Silky et Simon de maniĂšre pĂ©riphĂ©rique enlĂšve une lĂ©gĂšretĂ© qui mâa toujours beaucoup plu. La personnalitĂ© des deux amis est un acteur majeur de la bonne humeur qui habite la sĂ©rie. Elle est ici plus tĂ©nue quâĂ lâhabitude.
Pour conclure, cet album est dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. Il y a donc une rĂ©elle cohĂ©rence de ton dans ce cycle. Dâailleurs, jâai eu la surprise de dĂ©couvrir que ce dernier aurait une suite. Il sâagit de la premiĂšre fois que la rĂšgle du diptyque nâest pas respectĂ©e. « 20 secondes » est loin dâĂȘtre un des meilleurs opus de la sĂ©rie. NĂ©anmoins, lâaffection dĂ©gagĂ©e par les personnages et le sĂ©rieux global du scĂ©nario permettent de passer un agrĂ©able moment. Ce nâest dĂ©jĂ pas si malâŠ