Largo Winch, T20 : 20 secondes

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Titre : Largo Winch, T20 : 20 secondes
Scénariste : Jean Van Hamme
Dessinateur : Philippe Francq
Parution : Octobre 2015


La sortie d’un nouvel album de « Largo Winch » fait partie d’un rituel du calendrier annuel du neuviĂšme art. Ce vingtiĂšme opus s’intitule « 20 secondes » et s’inscrit comme la suite du prĂ©cĂ©dent « ChassĂ©-croisĂ© ». Nous retrouvons le duo historique aux manettes : le scĂ©nariste Jean Van Hamme et son acolyte dessinateur Philippe Francq. La couverture est particuliĂšrement Ă©purĂ©e. Nous n’y dĂ©couvrons qu’une ravissante jeune femme en nuisette sur un fond vierge faisant uniquement apparaĂźtre un immense « 20 ».

La premiĂšre page fait un Ă©tat des lieux de la trame. Largo Winch a convoquĂ© les prĂ©sidents de son groupe Ă  Londres. ParallĂšlement, une jeune fille libanaise arrive dans la capitale britannique. Tour Ă  tour en quĂȘte d’un emploi, djihadiste infiltrĂ©e, amante du hĂ©ros et agent double pour la CIA, elle est logiquement difficile Ă  cerner. Alors que les amours se font et de se dĂ©font dans les chambres du Royal Sword, un attentat est en train de se mettre en place et Largo semble en ĂȘtre la cible. Bref, il est maintenant temps de dĂ©mĂȘler la pelote


Ni manipulation boursiĂšre, ni montage financier Ă  signaler.

LargoWinch20aAvant d’entrer pleinement dans ma critique de cet Ă©pisode, je me dois de vous indiquer que je n’étais pas sorti conquis de ma lecture de la premiĂšre partie de l’intrigue. Le tome prĂ©cĂ©dent m’avait paru bien loin des thrillers Ă©conomiques qui ont fait le succĂšs de la sĂ©rie. J’avais davantage eu le sentiment d’ĂȘtre au beau milieu d’un vaudeville dans lequel les portes des chambres d’hĂŽtel claquaient et que les tromperies et les amours rythmaient la narration. Les quarante-huit pages de « ChassĂ©-croisĂ© » Ă©taient, Ă  mes yeux, un simple prologue particuliĂšrement diluĂ© aux vĂ©ritables enjeux que j’espĂ©rais voir naĂźtre dans « 20 secondes ».

L’histoire de cet opus se contente d’ĂȘtre un compte Ă  rebours rĂ©glĂ© sur l’explosion d’une bombe au cours de la rĂ©union du board du groupe W. J’ai rapidement fait mon deuil de retrouver les attraits habituels des aventures du milliardaire en blue jeans. Il n’y a ni manipulation boursiĂšre Ă  signaler ni montage financier occulte Ă  signaler. Le ton pris par l’intrigue dans l’acte prĂ©cĂ©dent m’a fait accepter plus aisĂ©ment le changement de ton qui accompagne cette nouvelle lecture. NĂ©anmoins, j’espĂ©rais que l’intensitĂ© dramatique soit Ă  la hauteur. J’avais envie d’ĂȘtre habitĂ© par un suspense fort quant Ă  l’issue de ce plan meurtrier.

LargoWinch20bJe dois dire que cette course contre la montre n’est pas particuliĂšrement effrĂ©nĂ©e. Les Ă©vĂ©nements s’enchaĂźnent de maniĂšre linĂ©aire. Les rebondissements manquent d’ampleur. Finalement, l’intrigue est relativement fine. Le scĂ©nario est plus paresseux qu’à l’habitude. Par consĂ©quent, je n’ai jamais ressenti d’angoisse quant au devenir de Largo. La situation paraĂźt finalement assez simple et maĂźtrisable. La lecture reste agrĂ©able et Ă  aucun moment je ne me suis ennuyĂ©. Par contre, j’ai regrettĂ© que l’histoire ne soit pas plus dense. Elle m’aurait alors davantage captivĂ© et je me serais senti plus investi dans le destin du hĂ©ros.

Le fait que son hĂ©ros soit Ă  la fois un milliardaire Ă  la tĂȘte d’un grand groupe et un aventurier qui erre souvent en dehors des sentiers battus est une porte d’entrĂ©e originale dans la sĂ©rie. Au fur et Ă  mesure de la parution de ses aventures, je me suis attachĂ© Ă  lui et Ă  ses proches. Il y a Cochrane son adjoint coincĂ©, Miss Pennywinkle la trĂšs anglaise secrĂ©taire, Simon son meilleur ami fidĂšle et gaffeur et enfin la derniĂšre arrivĂ© Silky, sulfureuse pilote d’avion. Ce dernier cycle a tendance Ă  privilĂ©gier les deux premiers citĂ©s au dĂ©triment des deux derniers. Certes, il est agrĂ©able de dĂ©couvrir la rigide secrĂ©taire en femme fatale septuagĂ©naire mais ne voir Silky et Simon de maniĂšre pĂ©riphĂ©rique enlĂšve une lĂ©gĂšretĂ© qui m’a toujours beaucoup plu. La personnalitĂ© des deux amis est un acteur majeur de la bonne humeur qui habite la sĂ©rie. Elle est ici plus tĂ©nue qu’à l’habitude.

Pour conclure, cet album est dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent. Il y a donc une rĂ©elle cohĂ©rence de ton dans ce cycle. D’ailleurs, j’ai eu la surprise de dĂ©couvrir que ce dernier aurait une suite. Il s’agit de la premiĂšre fois que la rĂšgle du diptyque n’est pas respectĂ©e. « 20 secondes » est loin d’ĂȘtre un des meilleurs opus de la sĂ©rie. NĂ©anmoins, l’affection dĂ©gagĂ©e par les personnages et le sĂ©rieux global du scĂ©nario permettent de passer un agrĂ©able moment. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal


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note3

Little Tulip

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Titre : Little Tulip
Scénariste : JérÎme Charyn
Dessinateur : François Boucq
Parution : Novembre 2014


 « Little Tulip », Ă  sa sortie, a fait couler beaucoup d’encre. Le one-shot, rĂ©alisĂ© par Charyn (au scĂ©nario) et Boucq (au dessin), Ă©tait dĂ©crit comme puissant, noir et formidablement dessinĂ©. Paru dans la collection « Signé » au Lombard, le livre pĂšse pas moins de 84 pages. C’est la troisiĂšme collaboration des deux auteurs.

Paul est amĂ©ricain. Alors qu’il n’est qu’un enfant, sa famille Ă©migre Ă  Moscou oĂč ils vont subir de plein fouet la rĂ©volution soviĂ©tique. CondamnĂ©s pour espionnage, ils sont envoyĂ©s au goulag en SibĂ©rie. SĂ©parĂ© de ses parents, Paul va tenter de survivre, s’aidant de son seul atout : son talent de dessinateur. Il va obtenir des protections des gangs locaux en tant que tatoueur attitrĂ©.

Viscéral et puissant.

LittleTulip2C’est une histoire implacable qui se dĂ©veloppe ici. L’humanitĂ© dans ce quelle a de plus animale. Viols, meurtres, domination
 Tout y passe. On dĂ©couvre le quotidien du camp, lĂ  oĂč les prisonniers s’organisent en clans pour survivre et se dominer les uns les autres.

ParallĂšlement Ă  l’histoire du goulag, on suit Paul Ă  une Ă©poque plus contemporaine. Ainsi, on sait qu’il a survĂ©cu dĂšs le dĂ©part et qu’il est revenu aux Etats-Unis. Cette partie constitue une sorte de polar, Paul aidant les policiers pour dessiner des portraits robots. Moins prenante que celle du goulag, elle reprend les thĂšmes du tatouage et de la vengeance.

Cet univers ultra-violent est soutenu par le dessin puissant de Boucq. HabituĂ© Ă  ces genres de thĂšmes (on pense à « Bouncer » par exemple), il a un vĂ©ritable talent pour montrer l’ĂȘtre humain dans sa dĂ©chĂ©ance. Les corps sont particuliĂšrement Ă  l’honneur ici et son trait dynamique et rugueux marche Ă  merveille. Il est heureux que Boucq sache si bien choisir ses scĂ©naristes !

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« Little Tulip » est un ouvrage puissant et viscĂ©ral qui ne fait jamais dans la demi-mesure. Dans ce livre, tout acte se fait dans le sang et l’épilogue ne peut ĂȘtre que vengeance. Un bel ouvrage de bande-dessinĂ©e, avec un dessin au diapason de son scĂ©nario.

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note4

Leo Loden, T23 : Brouillades aux embrouilles

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Titre : Leo Loden, T23 : Brouillades aux embrouilles
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Janvier 2015


Leo Loden est un dĂ©tective dont je suis les enquĂȘtes depuis ses dĂ©buts. Cela fait donc plus de quinze ans que je prends plaisir Ă  suivre les pas de de cet ancien policier aux quatre coins de la France. Ce hĂ©ros est le fruit de la rencontre entre le scĂ©nariste Christophe Arleston le dessinateur Serge CarrĂšre. Depuis quelques temps maintenant, le duo est devenu trio avec l’arrivĂ©e Ă  l’écriture de LoĂŻc Nicoloff. Le dernier Ă©pisode date du mois de janvier dernier et s’intitule « Brouillades aux embrouilles ». La couverture laisse penser que le trafic d’armes ne sera pas Ă©tranger Ă  l’histoire.

Amadeus est un faussaire sympathique qui accompagne bon nombre d’aventures de LĂ©o. Au cours des premiĂšres pages, il se fait enlever sur le port de Marseille et n’arrive Ă  prĂ©venir que notre cher dĂ©tective. Ce dernier mĂšne l’enquĂȘte qui va le mettre sur le chemin de l’assassinat d’un trafiquant d’arme, d’un imam gĂ©rant de citĂ© et de prĂ©fet angoissĂ© des consĂ©quences de tout cela


Marseille : son port et ses quartiers nord.

LĂ©o Loden est marseillais. MĂȘme s’il a Ă©tĂ© souvent amenĂ© Ă  suivre des affaires dans tout l’Hexagone, la majoritĂ© de son quotidien se dĂ©roule autour de la citĂ© phocĂ©enne. « Brouillades aux embrouilles » centre son intrigue autour du port et d’une citĂ© des quartiers nord. Cet opus fait naĂźtre une histoire indĂ©pendante qui trouve son dĂ©nouement au bout de quarante-six planches. Il n’est pas ici question d’attendre le prochain tome pour connaĂźtre la fin. Comme toute sĂ©rie, celle-ci nous fait retrouver un casting constant d’épisode en Ă©pisode. On retrouve donc l’oncle de LĂ©o. Il est marin et le personnage le plus drĂŽle. MarlĂšne, commissaire et conjointe de LĂ©o, est Ă©galement toujours lĂ . Son caractĂšre volcanique est un atout certain de la lecture. Le trio est en pleine forme dans ce vingt-troisiĂšme acte. Ils participent Ă  la bonne ambiance que se dĂ©gage des pages.

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La mise en place de la trame est efficace. Les auteurs ne perdent pas de temps pour nous faire dĂ©couvrir les premiers enjeux. L’enchainement des Ă©vĂ©nements est relativement dense et les rebondissements sont plutĂŽt bons. La lecture est dynamique. Le suspense est suffisamment fort pour la curiositĂ© accompagne la dĂ©couverte de l’album du dĂ©but Ă  la fin. L’immersion de tout ce petit monde dans l’univers des docks d’un cĂŽtĂ© et des citĂ© de l’autre est plutĂŽt rĂ©ussie. Evidemment, elle ne servira pas de support Ă  une thĂšse universitaire sur le sujet. Par contre, elle chatouille rĂ©guliĂšrement les zygomatiques. Dans ce tome, le scĂ©nario n’est pas diluĂ© par une succession de scĂšnes d’action sans grand intĂ©rĂȘt. La prime est portĂ©e Ă  l’histoire et cela est bien apprĂ©ciable.

En plus de dĂ©rouler une intrigue intĂ©ressante et prenante, Arleston arrive Ă  intĂ©grer sans problĂšme les atouts de ses hĂ©ros. La relation LĂ©o – MarlĂšne est toujours hilarante. Quant Ă  l’oncle, il est comme une sardine dans le vieux port avec ses amis les dockers. Les scĂšnes avec le prĂ©fet et le commissaire divisionnaire quant Ă  la politique Ă  adopter pour gĂ©rer la crise prĂȘte aisĂ©ment Ă  sourire. Tout ce petit monde est bien accompagnĂ© par les dessins de CarrĂšre. Son style correspond parfaitement Ă  l’ambiance divertissante de l’album. Les couleurs vivent de Cerise vont Ă©galement dans ce sens.

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Au final, « Brouillades aux embrouilles » est un cru honnĂȘte. Je trouve qu’il offre ce que lecteur en attend. J’ai eu l’occasion de le lire dĂ©jĂ  deux fois. Le plaisir Ă©tait toujours prĂ©sent la seconde fois. C’est plutĂŽt bon signe. Je le conseille donc Ă  quelqu’un qui chercherait une bande dessinĂ©e drĂŽle, lĂ©gĂšre et pourvue d’une histoire pas inintĂ©ressante.

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note3

Leo Loden, T20 : Lagoustines Breizhées

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Titre : Léo Loden, T20 : Langoustines Breizhées
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Août 2011


« Leo Loden » est une sĂ©rie qui fait son petit bonhomme de chemin. En effet, cet Ă©tĂ© a vu la parution de son vingtiĂšme tome. Depuis le dĂ©but, le scĂ©nario est l’Ɠuvre du cĂ©lĂšbre Christophe Arleston. Les dessins sont nĂ©s de la plume de Carrere. En cours de route, ils se sont associĂ©s Ă  Nicoloff. Le dernier opus s’intitule « Langoustines breizhĂ©es ». Toujours Ă©ditĂ© chez Soleil, il est d’un format classique. Son prix est d’environ dix euros.

Cette sĂ©rie est construite autour du personnage de Leo Loden. Ancien inspecteur de la police Ă  Marseille, il a montĂ© son cabinet de dĂ©tective privĂ©. Il mĂšne ses enquĂȘtes accompagnĂ© de son oncle Loco, ancien marin haut en couleur. Leo file le parfait amour avec une splendide femme pleine de caractĂšre qui s’avĂšre ĂȘtre commissaire. La particularitĂ© de cette sĂ©rie est que chaque enquĂȘte nous emmĂšne dans une rĂ©gion de France diffĂ©rente et nous permet de dĂ©couvrir les spĂ©cificitĂ©s locales.

Un mĂ©lange de polar et d’humour en Bretagne

Le titre de cet album est sans Ă©quivoque. Nos hĂ©ros vont dĂ©couvrir les charmes de la Bretagne. Nos deux dĂ©tectives partent dans le FinistĂšre rendre service Ă  un ami qui est sur une affaire. Une journaliste a disparu. Elle enquĂȘtait depuis des mois sur des passeurs d’hommes entre l’Afrique et l’Europe. Il apparait donc Ă©vident que tout cela est liĂ©. VoilĂ  donc la mission confiĂ©e Ă  nos hĂ©ros : retrouver la disparues et mettre en mal ce rĂ©seau


Cet album, Ă  l’image de la sĂ©rie, a deux objectifs. Le premier est de nous offrir une enquĂȘte rythmĂ©e et pleine de rebondissements. Le second est de nous divertir et de nous faire rire grĂące Ă  ses personnages et leurs caractĂšres. Cela fait de cet opus une lecture lĂ©gĂšre qui s’adresse Ă  toute la famille. Tout le monde peut thĂ©oriquement y trouver quelque chose. NĂ©anmoins, la question qu’il restait Ă  se poser Ă©tait de savoir si ses deux finalitĂ©s Ă©taient atteintes.

Concernant l’enquĂȘte, on ne trouve rien de rĂ©volutionnaire. D’ailleurs, c’est l’évolution de la sĂ©rie qui va dans un sens moins travaillĂ© dans ce domaine. En effet, concernant l’histoire, les auteurs privilĂ©gient les scĂšnes d’action au dĂ©triment d’une intrigue plus dense et originale. Les poursuites et les bagarres sont frĂ©quentes et laissent donc peu de place Ă  des retournements de situation. Je trouve cela un petit peu dommage car la richesse des premiers tomes de la sĂ©rie rĂ©side en grande partie dans l’attrait de l’histoire en elle-mĂȘme. Dans « Langoustines breizhĂ©es », elle n’est pas trĂšs Ă©paisse et sans rĂ©elle surprise.

CĂŽtĂ© humour, Loco nous offre encore beaucoup de bons moments de rigolade. Ce marin aux maniĂšres un petit peu rustres et Ă  l’appĂ©tit sans limite est la vraie star de la sĂ©rie. Dans cet opus, il ne déçoit pas. Chacune de ses apparitions ou de ses remarques est rĂ©ussie et gĂ©nĂšre une atmosphĂšre divertissante Ă  notre lecture. Le bĂ©mol vient des autres personnages qui apparaissent bien fades par rapport au vieux loup de mer. En effet, Leo est en retrait. Le fait de ne pas intĂ©grer sa conjointe dans l’histoire met de cĂŽtĂ© tous les gags dĂ©coulant de leurs disputes. C’est dommage. De plus, leur copain breton n’est pas assez travaillĂ©. C’est donc parce qu’il possĂ©dait un vrai potentiel comique.

Les dessins sont de leur cĂŽtĂ© dans la lignĂ©e des tomes prĂ©cĂ©dents. Ils se prĂȘtent parfaitement Ă  l’ambiance de l’album et Ă  sa nature. Il est relativement arrondi et s’assimile facilement. Les couleurs sont vives. Bref, un feuilletage rapide des pages nous laissent une impression colorĂ©e et dynamique. A dĂ©faut de nous prĂ©senter des planches mĂ©morables, Carrere nous offre un dessin agrĂ©able dans lequel on se plonge avec plaisir et aisance. L’auteur nous offre des personnages qui peuvent avoir certaines rĂ©actions et comportements assez  « cartonnesque ». Les colĂšres peuvent ĂȘtre hautes en couleur !

En conclusion, « Langoustines breizhĂ©es » est un album moyen. Il est loin de faire partie des meilleurs de la sĂ©rie. Il nous offre quelques bons moments et manque de densitĂ© pour qu’on soit rĂ©ellement captivĂ© du dĂ©but Ă  la fin. Disons que si il s’agissait du premier opus de « Leo Loden », je ne suis pas sĂ»r qu’aprĂšs sa lecture, je me plonge rapidement dans les autres tomes. Par contre, je n’ai pas regrettĂ© de l’acheter pour complĂ©ter ma collection. J’ai pris plaisir Ă  retrouver les personnages et me suis montrĂ© complaisant avec leurs aventures du fait de la sympathie qu’il m’inspire. Pour ceux qui ne connaissent pas cette sĂ©rie, je vous conseille davantage les premiers bouquins parus. Vous ne regretterez pas le voyage. Vos zygomatiques seront sollicitĂ©es.

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note2

Leo Loden, T21 : Barigoule au Frioul

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Titre : Leo Loden, T21 : Barigoule au Frioul
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Août 2012


« Barigoule au Frioul » est le titre du dernier Ă©pisode des aventures de Leo Loden, hĂ©ros nĂ© il y a plus de dix ans de la collaboration de Christophe Arleston et de Serge CarrĂšre. C’est le nom du premier citĂ© qui m’avait incitĂ© Ă  dĂ©couvrir cette saga. En effet, « Lanfeust de Troy » Ă©tait une de mes sĂ©ries de chevet Ă  cette Ă©poque-lĂ . J’étais donc curieux de partir Ă  la rencontre des diffĂ©rents univers de ce cĂ©lĂšbre scĂ©nariste. Comme pour les prĂ©cĂ©dents opus de la sĂ©rie, il s’associe Ă  Nicoloff pour l’écriture de ce vingt et uniĂšme tome mettant en scĂšne le cĂ©lĂšbre dĂ©tective privĂ© marseillais. Ce nouvel ouvrage est paru au mois d’aoĂ»t dernier chez Soleil. La couverture nous prĂ©sente Leo et son oncle sous une pluie torrentielle. Au grĂ© d’un Ă©clair, la nuit s’illumine et voit apparaitre un corps pendu. Qui ? Comment ? Pourquoi ? Il ne restait donc plus qu’à se plonger dans la lecture


Pour vous prĂ©senter rapidement la trame, je vais citer le rĂ©sumĂ© proposĂ© par le site BD Gest’ : « Le ChĂąteau d’If, une forteresse imprenable qui protĂšge l’entrĂ©e du Vieux-Port
 et un refuge bienvenu quand on est pris dans un lĂ©ger grain selon Tonton (une grosse tempĂȘte selon tout le monde). C’est ainsi que LĂ©o et Loco se retrouvent au milieu d’un sĂ©minaire de motivation rĂ©unissant les cadres d’une entreprise pharmaceutique oĂč l’ambiance semble idĂ©ale
 jusqu’au moment oĂč le grand patron meurt empoisonnĂ© lors du cocktail de fin de journĂ©e. VoilĂ  une enquĂȘte parfaite pour LĂ©o : le coupable est forcĂ©ment sur l’üle et ce n’est pas le fantĂŽme du Comte de Monte-Cristo ! Mais les apparences sont peut-ĂȘtre trompeuses
 »

Cet album s’adresse, Ă  l’image de la sĂ©rie, Ă  un public trĂšs large. Le ton est lĂ©ger. Bien que construit sur la narration d’une enquĂȘte, l’humour tient une part prĂ©pondĂ©rante dans l’écriture du scĂ©nario. C’est d’ailleurs davantage au nombre de moments drĂŽles qu’à la densitĂ© de l’intrigue qu’on juge le plaisir de la lecture d’un Ă©pisode. J’ai une rĂ©elle affection pour les personnages de cette saga malgrĂ© la qualitĂ© parfois inĂ©gale des diffĂ©rents tomes. Certains crus sont excellents, d’autres apparaissent moins aboutis. Je suis donc plein d’espoir Ă  chaque nouvelle parution.

MalgrĂ© son statut de marseillais, Loden a souvent eu l’occasion de voyager Ă  l’image d’un AstĂ©rix. On prend donc souvent plaisir Ă  voir les clichĂ©s locaux ĂȘtre exploitĂ©s au service de l’intrigue. Je suis donc curieux de savoir oĂč nous mĂšne ce « Barigoule au Frioul ». Le titre est une indication. Il possĂšde un ton provençal qui nous Ă©loigne peu de la citĂ© phocĂ©enne. Mais il n’est pas nĂ©cessaire de partir bien loin pour se sentir dĂ©paysĂ©. Se trouver immerger dans un huis clos nocturne, pluvieux et ilien est intĂ©ressant. Cela l’est d’autant plus que Loden a souvent l’occasion de beaucoup se dĂ©placer lors de ses enquĂȘtes, ce qui s’avĂšre impossible ici. De plus, ce type de trame possĂšde un ton « Cluedo » qui peut s’avĂ©rer original.

Les auteurs cherchent vraiment Ă  exploiter le fait de se trouver au ChĂąteau d’If. Les allusions au lieu sont nombreuses et s’intĂšgrent parfaitement dans l’histoire. C’est une des caractĂ©ristiques mĂ©ritantes de cette sĂ©rie. A ce niveau-lĂ , le lien avec AstĂ©rix est Ă©vident. Ce dernier ne rencontre pas les mĂȘmes personnes en HelvĂ©tie, en Hispanie ou en Corse. De la mĂȘme maniĂšre, Arleston n’utilise pas les mĂȘmes ficelles quand il nous immerge Ă  Lyon, Lille, Marseille ou Toulouse. La dimension « touristique » m’a plu et j’ai pris plaisir Ă  graviter dans cette forteresse. Mais l’album n’est pas un appendice du Guide Vert. On dĂ©couvre un assassinat. Il y a une dizaine de suspects. Heureusement, Loden et son oncle sont dans la place et se charge donc de rĂ©soudre cette Ă©nigme.

Le grand nombre de personnages me laissait espĂ©rer une intrigue dense et pleine de rebondissements. Faire intervenir chacun des protagonistes devait offrir une Ă©paisseur au contenu. Au final, ils se rĂ©vĂšlent que certains restent vraiment secondaires et anecdotiques. Cela ne veut pas dire que l’histoire est creuse mais elle s’avĂšre moins « rebondissant » qu’espĂ©rĂ©e. L’histoire se laisse lire avec plaisir et ne souffre pas de rĂ©el temps mort. NĂ©anmoins, Ă  aucun moment, on est emportĂ© rĂ©ellement par les pĂ©rĂ©grinations de nos amis. Il manque un petit quelque chose qu’on est conquis par la lecture. On ne se plonge jamais de maniĂšre aussi intense que je pouvais l’espĂ©rer. On reste lĂ©gĂšrement en retrait.

Les dessins de Serge CarrĂšre correspondent parfaitement Ă  l’ambiance de la sĂ©rie. Sur ce point, l’association entre Arleston et ce dessinateur est loin d’ĂȘtre une faute de goĂ»t. Le dessin est rond et facile d’accĂšs. Il conviendra aux grands comme aux petits. Les visages sont trĂšs expressifs et complĂštement parfaitement l’aspect humoristique du propos. De plus CarrĂšre n’a aucun mal Ă  dessiner les scĂšnes de poursuite ou d’action et Ă  faire naitre ce sentiment de rythme. Les couleurs, Ɠuvre de Cerise, sont simples et vives et participent Ă  l’accueil agrĂ©able qu’on ressent en dĂ©couvrant chaque page.

En conclusion, « Barigoule au Frioul » est un tome honnĂȘte. Il est dans la moyenne de la sĂ©rie. Il est loin des meilleurs mais reste plus construit que d’autres. La lecture Ă©tait agrĂ©able Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre envoutante. Cet opus complĂšte honnĂȘtement la collection. NĂ©anmoins, pour ceux qui souhaitent dĂ©couvrir ce dĂ©tective fort sympathique, je vous conseille de lire les albums dans l’ordre. En effet, je garde une tendresse particuliĂšre pour les premiĂšres enquĂȘtes


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note2

Leo Loden, T19 : Spéculoos à la Plancha

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Titre : Léo Loden, T19 : Spéculoos à la Plancha
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Janvier 2010


LĂ©o Loden, sĂ©rie de bandes dessinĂ©es fruit de l’imagination de Carrere, Arleston et Nicoloff, est composĂ©e maintenant de dix-neuf tomes. Le dernier de la saga est intitulĂ© « SpĂ©culoos Ă  la plancha » et est vendu au prix d’environ dix euros. Il est Ă©ditĂ© aux Ă©ditions « Soleil ». L’histoire s’étale sur une cinquantaine de pages.

Leo Loden est un dĂ©tective privĂ© et un ancien membre de la police judiciaire. Chaque album met en Ɠuvre une de ses enquĂȘtes. Chaque tome met en place une histoire indĂ©pendante mĂȘme si de nombreux personnages sont rĂ©currents. Il est toujours accompagnĂ© par son oncle Loco, un ancien de la marine haut en couleur. Et bien souvent, ses aventures mettent sur son chemin la ravissante commissaire MarlĂšne qui a la particularitĂ© de partager sa vie et d’ĂȘtre particuliĂšrement jalouse. Initialement Leo habite sur Marseille et nombre de ses aventures nous font visiter la France.

AngoulĂȘme et son cĂ©lĂšbre festival de bande-dessinĂ©es.

C’est encore ici le cas. En effet, l’histoire se dĂ©roule Ă  AngoulĂȘme durant son cĂ©lĂšbre festival de bandes dessinĂ©es. Il n’est d’ailleurs pas anodin que l’album soit sorti cette semaine en mĂȘme temps que l’évĂ©nement avait lieu en Charente. Alors que notre trio de choc se balade Ă  la recherche de la dĂ©dicace et profite de rencontrer leurs auteurs prĂ©fĂ©rĂ©s, un vol a lieu. En effet, les planches inĂ©dites du prochain opus de « Lanfeust » sont subtilisĂ©es. Heureusement, notre ami Leo est dans la place et se met en quĂȘte de les retrouver


La construction de la trame est classique et ressemble Ă  tous les opus prĂ©cĂ©dents. DĂšs les premiĂšres pages, un vol ou un rapt a lieu et on confie l’affaire Ă  nos hĂ©ros. Ensuite, leur enquĂȘte se met en place et voit se succĂ©der poursuites, bagarres, dĂ©couvertes et retournements de situation. De ce cĂŽtĂ©-lĂ , la trame est souvent une nouvelle fois assez rythmĂ©e. On ne prend pas de temps Ă  contempler les paysages. L’accent est vraiment mis sur l’action. Cela rend la lecture agrĂ©able et sans temps mort. On prend plaisir Ă  dĂ©couvrir l’histoire et on est curieux de connaĂźtre ce que cache la page suivante.

Mais l’intĂ©rĂȘt ne rĂ©side pas uniquement dans la quĂȘte du coupable et de son mobile. Les personnages sont hauts en couleur et participent activement Ă  la chaleur de l’ensemble. Mon prĂ©fĂ©rĂ© reste l’oncle Loco avec ses anecdotes de vieux combattant de la marine. Son amour de la bonne bouffe fait que tout est une occasion de se remplir la panse ou le gosier. ParallĂšlement Leo doit souvent cacher certaines de ses activitĂ©s Ă  sa chĂšre et tendre au risque de la facher soit parce qu’il la rend jaloux soit parce qu’il entrave le travail de la police. GĂ©nĂ©ralement, cela donne lieu Ă  des colĂšres mythiques de la ravissante MarlĂšne et Leo en sort rarement indemne ! Cet album est particuliĂšrement rĂ©ussi sur ce plan-lĂ . Les dialogues sont bons, les vannes sont drĂŽles. Alors que j’étais plutĂŽt déçu par les derniers opus, les trouvant un petit peu fades, ce n’est ici pas le cas. En effet, le scĂ©nario est dense et l’humour est au rendez-vous. Un des attraits propres Ă  cet album est de nous faire naviguer dans l’univers de la bande dessinĂ©e en multipliant les apparitions des guest-stars : Tarquin, Arleston, Mourier etc. Cela donne une dimension particuliĂšre et prenante Ă  la trame.

Les dessins participent activement Ă  l’ambiance chaleureuse de l’album. Le style de Carrere est trĂšs agrĂ©able. Les personnages sont trĂšs rĂ©ussis, ils sont loin de manquer de personnalitĂ© dans leurs traits. De plus, les couleurs sont trĂšs prĂ©sentes et trĂšs vives. Cela habille parfaitement les pages et accompagne parfaitement le scĂ©nario.

Pour conclure, j’ai trouvĂ© cet album trĂšs agrĂ©able Ă  lire. J’ai retrouvĂ© avec plaisir des personnages pour lesquels j’éprouve beaucoup d’affection. Il s’agit d’une lecture lĂ©gĂšre et agrĂ©able qui s’adresse Ă  tous les publics. « Leo Loden » est une sĂ©rie familiale et cet album n’échappe pas Ă  la rĂšgle. De plus, je suis content que ce tome soit de meilleure qualitĂ© que les opus prĂ©cĂ©dents qui m’avaient un petit peu déçus. Je ne peux donc que vous conseiller de dĂ©couvrir ou de retrouver le dĂ©tective privĂ© le plus cĂ©lĂšbre de Marseille. Bonne lecture ! 

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note3

Leo Loden, T22 : Tropézienne dum-dum

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Titre : Leo Loden, T22 : Tropézienne dum-dum
Scénaristes : Christophe Arleston & Loïc Nicoloff
Dessinateur : Serge CarrĂšre
Parution : Août 2013


J’ai dĂ©couvert Leo Loden il y a une quinzaine d’annĂ©es. Je suis rapidement trouvĂ© sous le charme des aventures drĂŽles et rythmĂ©es de ce dĂ©tective privĂ© marseillais. Un nouvel album parait chaque annĂ©e et le voit voyager aux quatre coins de la France. Le dernier Ă©pisode en date est sorti le dix-neuf septembre dernier. EditĂ© chez Soleil, il se compose classiquement de quarante-huit pages. Son prix avoisine onze euros. Son scĂ©nariste est le cĂ©lĂšbre Christophe Arleston dont le principal fait d’arme est d’avoir fait naĂźtre Lanfeust de Troy. Il s’associe au dessinateur Serge CarrĂšre dont j’apprĂ©cie Ă©galement le travail sur  le sympathique Private Ghost. Depuis quelques tomes, LoĂŻc Nicoloff intervient sur le scĂ©nario et Cerise se charge des couleurs.

La quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente son hĂ©ros avec les mots suivants : « Etre accusĂ© d’une bavure alors qu’on a tirĂ© en l’air, ça Ă©nerve. AprĂšs, on quitte la P.J. et on devient un privĂ©. MĂȘme si le milieu n’est plus ce qu’il Ă©tait. MĂȘme si Marseille a oubliĂ© Pagnol. MĂȘme si on a dans les pattes un tonton loufoque. Etre flic, c’est comme manger des cacahuĂštes : c’est dur d’arrĂȘter. »

Le Var pour décor

Cette sĂ©rie s’adresse Ă  un public trĂšs large. Les jeunes et les moins jeunes y trouveront leur compte. L’album peut se lire indĂ©pendamment des autres. Chaque aventure correspond Ă  une nouvelle enquĂȘte. NĂ©anmoins, il est Ă©vident que les familiers de la saga prendront plaisir Ă  suivre l’évolution des personnages que sont Leo, sa fiancĂ©e et son oncle. Chaque aventure se construit dans un lieu diffĂ©rent. Ici, le dĂ©partement du Var sert de dĂ©cors aux pĂ©rĂ©grinations du hĂ©ros et de ses acolytes. Les auteurs prennent toujours plaisir Ă  jouer avec les codes locaux selon des principes proches de AstĂ©rix. Cet album n’échappe pas Ă  la rĂšgle avec, entre autre, l’apparition dans l’histoire d’un match de rugby Ă  Mayol et du clin d’Ɠil Ă  Mourad Boudjellal, ancien patron de Soleil, qui en dĂ©coule. Cet aspect est moins dĂ©veloppĂ© que dans d’autres albums. En effet, un exil en Bretagne ou dans le Nord autorise davantage de grain Ă  moudre dans le domaine des clichĂ©s. MalgrĂ© tout, le voyage dans le dĂ©partement voisin des Bouches du RhĂŽne reste agrĂ©able et exploitĂ©.

La trame dĂ©bute par une visite d’appartement. La fiancĂ©e de LĂ©o, la volcanique lieutenant de police MarlĂšne s’est mis en tĂȘte de changer d’appartement dans le but d’agrandir la famille. Leo, comme Ă  son habitude, suit le mouvement avec fatalisme. ParallĂšlement Ă  cette quĂȘte immobiliĂšre, le hĂ©ros se voit invitĂ© par un riche russe qui souhaite monter un petit business local. Mais pour cela, il doit trouver un accord avec les « autoritĂ©s locales » : la mafia corse. Il va sans dire que tout ne va pas se dĂ©rouler comme prĂ©vu


Les jalons de dĂ©part sont intĂ©ressants. L’angoisse est toujours de savoir si la sauce va monter et offrir une histoire dont on se dĂ©lecte. La rĂ©ussite est sur ce plan inĂ©gale au grĂ© des albums. Certains sont remarquablement drĂŽles et divertissants. D’autres ont une trame plus diluĂ©e et dĂ©cevante. TropĂ©zienne Dum-Dum est un bon cru. L’accent est vraiment mis sur les dialogues et les rebondissements. La dimension « AstĂ©rix » est bien exploitĂ©e. De plus les remarques dĂ©calĂ©es de l’oncle Loco sont toutes aussi rĂ©ussies les unes que les autres. Il fait vraiment partie des personnages de bandes dessinĂ©es qui me font le plus rire.

La trame ne souffre d’aucun temps mort. L’ennui ne m’a jamais guettĂ©. Les scĂšnes d’action alternent bien avec les moments durant lesquels l’enquĂȘte avance. L’intrigue n’a rien de rĂ©volutionnaire. MalgrĂ© tout, elle se dĂ©couvre avec plaisir. La lecture s’avĂšre divertissante Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre mĂ©morable. Les personnages secondaires sont bien exploitĂ©s et trouvent chacun un rĂŽle Ă  leur mesure. Que ce soit les beaux-parents, la mafia russe ou les corses, chacun apporte un Ă©cot Ă  l’avancĂ©e de l’histoire. Cela fait longtemps que je n’avais lu un opus de cette sĂ©rie ne souffrant d’aucun moment de remplissage.

Les dessins de CarrĂšre accompagnent parfaitement la narration. Le trait rond correspond parfaitement Ă  l’atmosphĂšre de la sĂ©rie. De plus, les expressions des personnages participent activement au divertissement de la lecture. Pour conclure, TropĂ©zienne Dum-Dum est un bon cru de Leo Loden. Il plaira aux familiers de la sĂ©rie et offrira une dĂ©couverte intĂ©ressante aux novices. Ce n’est dĂ©jĂ  pas si mal !

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Canardo, T18 : La Fille Sans Visage

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Titre : Canardo, T18 : La Fille Sans Visage
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : FĂ©vrier 2009


Je me suis rĂ©cemment offert un opus d’une de mes sĂ©ries de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©es intitulĂ©e. Elle met en Ɠuvre l’inspecteur Canardo. Cette sĂ©rie est composĂ©e d’une vingtaine d’albums. Le premier tome date de 1979. Cette sĂ©rie est Ă©crite par BenoĂźt Sokal. Il s’occupe Ă  la fois du scĂ©nario et des dessins. Mon avis d’aujourd’hui porte sur le tome dix-huit intitulĂ© « La fille sans visage ». Paru en fĂ©vrier 2009, il est Ă©ditĂ© chez Casterman dans la collection « Ligne rouge ». ComposĂ© d’une petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 euros.

L’histoire commence dans un bar dans lequel erre ce cher Canardo. Preux chevalier, il dĂ©cide de raccompagner une jeune prostituĂ©e chez elle en tout bien tout honneur. Mais sur leur trajet, ils sont percutĂ©s par une voiture Ă  toute vitesse. Il en rĂ©sulte pour tous les deux de lourdes sĂ©quelles. Ils sont soignĂ©s dans une clinique de luxe. En effet, le responsable de l’accident est l’hĂ©ritier du duchĂ© de Belgambourg. Afin d’éviter tout scandale, il a dĂ©cidĂ© de s’occuper de toute la rĂ©Ă©ducation de ses victimes. Le silence sur cette affaire est d’autant plus important que ce fils de bonne famille se rĂ©vĂšle plutĂŽt instable


Tout d’abord, il faut que je dĂ©crive un petit peu la sĂ©rie pour ceux qui ne le connaissent pas. La premiĂšre particularitĂ© est le fait que les personnages sont des animaux anthropomorphes. Comme son nom l’indique, Canardo est un canard. Mais on rencontre Ă©galement des oiseaux, des chiens, des chats, des souris ou encore des cochons
 Ce choix a pour consĂ©quence de nous donner une impression directe sur chaque personnage. En effet, on a tendance Ă  adapter l’image qu’on a d’un personnage Ă  ses traits animaux.

Riche héritier et duchesse flippante.

Canardo est un inspecteur qui ne paye pas de mine. PlutĂŽt trapu, le regard vague, il ne traine jamais sans son impermĂ©able digne de Columbo. Son lieu de prĂ©dilection reste un bar mal famĂ© dans lequel il a une ardoise longue comme un jour sans pain. On y rencontre maquereau, prostituĂ©es, alcooliques, droguĂ©s et toute autre bonne frĂ©quentation. Il manque tellement de dynamisme et de charisme qu’on est toujours surpris de le voir rĂ©soudre les enquĂȘtes qu’on lui confie.

Le thĂšme de « La fille sans visage » est plutĂŽt politique. En effet, on voit une personne connue qui cherche Ă  gĂ©rer une situation de crise qui pourrait faire les choux gras dans la presse spĂ©cialisĂ©e. On dĂ©couvre donc la duchesse gĂ©rer tout cela avec une main de fer et une froideur flippante. ParallĂšlement, on dĂ©couvre les paparazzis guetter cette clinique oĂč se rend si souvent ce riche hĂ©ritier lubrique sous mĂ©dicament. On est donc curieux de savoir si la vĂ©ritĂ© va Ă©clater au grand jour et de connaĂźtre Ă©galement jusqu’oĂč la duchesse est prĂȘte Ă  aller pour protĂ©ger l’image de son duchĂ©.

L’autre dimension politique apparaĂźt dans la deuxiĂšme partie de l’histoire. Le duchĂ© qui nous intĂ©resse est voisin de la Belgique. Les soucis de rattachement et d’indĂ©pendance touchant la Flandre et la Wallonie apparaissent au cours de la narration. Cela permet Ă  l’intrigue de rebondir et ne la cantonne pas Ă  une histoire d’accident malheureux. En ce sens, l’auteur arrive Ă  nous offrir une trame assez dense qui nous captive du dĂ©but Ă  la fin. Elle cache quelques tiroirs qui suscitent notre attention. Sur ce plan, la narration est assez rĂ©ussie. Mon seul petit bĂ©mol concerne une partie de la fin que je trouve un petit peu tirĂ©e par les cheveux. NĂ©anmoins, cela ne gĂąche en rien le plaisir que j’ai pris Ă  lire cet ouvrage.

Le plaisir de la lecture rĂ©side Ă©galement dans la qualitĂ© des dessins. Je trouve le style trĂšs facile d’accĂšs. De plus, les personnages sont tels qu’ils nous parlent tous Ă  leur maniĂšre. On n’a aucun mal Ă  croire Ă  l’histoire et Ă  s’y plonger. Certains regards sont impressionnants de justesse. De plus, Sokal utilise remarquablement les couleurs. D’une part, elles personnalisent parfaitement les protagonistes et d’autre part elles habillent remarquablement l’ambiance. Les dessins crĂ©ent une atmosphĂšre prenante et captivante.

Au final, j’ai donc passĂ© un trĂšs bon moment en lisant cet opus. Il est Ă  la hauteur des prĂ©cĂ©dents de la sĂ©rie. Sur ce plan-lĂ , Sokal est un auteur trĂšs talentueux. Cela fait trente ans qu’il nous dĂ©crit les aventures de Canardo sans jamais baisser de qualitĂ©. Je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans « La fille sans visage ». Vous passerez un bon moment de maniĂšre garantie. Bonne lecture


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note4

Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres

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Titre : Canardo, T19 : Le Voyage des Cendres
Dessinateur : Sokal
Scénariste : Sokal
Parution : Mai 2010


Mon avis d’aujourd’hui porte sur le dernier opus paru de la sĂ©rie « Canardo ». Cet ouvrage est Ă©ditĂ© chez Casterman. D’un format classique et composĂ© d’une petite cinquantaine de pages, il est vendu au prix de 10,40 €. Sa parution date de mai dernier. L’auteur de cette sĂ©rie est Benoit Sokal. Il s’est associe depuis quelques albums l’aide de Pascal Regnault. « Canardo » est actuellement composĂ©e d’une vingtaine de tomes numĂ©rotĂ©s de 0 Ă  19. « Le voyage des cendres » est celui dont je vais vous parler aujourd’hui.

« Canardo » est une sĂ©rie utilisant l’anthropomorphisme. Les diffĂ©rents personnages sont des animaux bien qu’il Ă©volue dans un monde « humain ». Ai-je besoin de prĂ©ciser que le hĂ©ros possĂšde les traits d’un canard. Ce dernier est un dĂ©tective privĂ© dĂ©pressif. Quand on le voit pour la premiĂšre fois, il n’y a pas de doute, l’habit fait le moine. On a du mal Ă  croire qu’il puisse trouver des clients et rĂ©soudre des affaires. C’est la magie de la bande dessinĂ©e


Dans cette aventure, on commence par dĂ©couvrir M. Van Bollewinkel. Il s’éloigne dans la forĂȘt et se tire une balle dans la tĂȘte. Il en dĂ©coule logiquement un rendez-vous chez le notaire pour la lecture du testament. L’attrait de cette sĂ©ance rĂ©side dans le sort rĂ©servĂ© aux deux petits-enfants. Ces derniers ont pour mission de « balancer les centres quelque part au-dessus de son pays natal ». Il s’avĂšre que le pays natal est la Belgique, que le mort est un parrain mafieux exilĂ© aux Etats-Unis et que les deux petits-enfants sont deux morveux sans foi ni loi. Ces derniers vont mener leur voyage Ă  travers le plat pays sous la conduite de notre cher Canardo qui, en tant que lointain cousin, ne peut rien refuser Ă  sa famille


Un ouvrage peu amÚne envers la Belgique.

L’histoire ne perd pas de temps Ă  se mettre en place. En effet, dĂšs la sixiĂšme page, les deux enfants rencontrent Canardo et trois pages plus loin, ils subissent leur premiĂšre fusillade. Le problĂšme est qu’en tant que parrain de la mafia locale, leur grand-pĂšre n’a pas laissĂ© que des amis Ă  la maison. Cela fait que le voyage des cendres va ĂȘtre loin d’ĂȘtre de tout repos. Le fait qu’il faut passer entre les balles pour mener la mission Ă  bien rend la trame dynamique.

Mais le plaisir de la lecture ne rĂ©side pas essentiellement dans le fait de savoir si oui ou non les cendres vont arriver Ă  bon port. En effet, c’est davantage l’ambiance et l’atmosphĂšre qui ne nous laisse pas indiffĂ©rent. D’une part, les deux petits-enfants sont odieux et dĂ©goutants. Sokal ne se fixe ici aucune limite. Ils n’ont que du mĂ©pris pour le monde qui les entoure. A priori, le fait d’ĂȘtre Ă©duquer Ă  un rythme mafieux n’inculque pas des valeurs « classiques ». Leurs regards, leurs actes, leurs propos, tout est fait pour qu’on ne les supporte pas. TrĂšs rapidement, on a de l’empathie envers notre cher Canardo qui doit se les supporter. Il est trĂšs rare de dĂ©couvrir des enfants incurables Ă  ce point-lĂ . C’est assez rĂ©ussi.

On ne peut d’ailleurs pas vraiment dire que « Le temps des cendres » soit un guide vert plein d’éloges pour la Belgique. Sur le plan mĂ©tĂ©orologique, le soleil n’est jamais de sorti. Au mieux, le temps est nuageux. Cet aspect est mis en bleu par une forte utilisation de la couleur grise et de ses variantes. Mais alors que certains lieux communs nous expliquent que les gens du nord n’ont peut-ĂȘtre pas le soleil dans le ciel mais l’ont dans le cƓur, ils n’ont pas lieu d’ĂȘtre ici. Les diffĂ©rentes rencontres faites par nos amis sont dĂ©sastreuses pour l’image de la Belgique. Il n’y en a vraiment pas un pour rattraper l’autre.

Au final, je trouve cet opus remarquable. Son atmosphĂšre est assez unique. Ce n’est pas une ode Ă  la bonne humeur et Ă  l’espoir mais en tout cas c’est un moment de lecture passionnant. Les dessins sont comme Ă  l’accoutumĂ©e trĂšs agrĂ©ables et participent Ă  la rĂ©ussite gĂ©nĂ©rale. Les personnages sont trĂšs rĂ©ussis et l’usage des couleurs savamment dosĂ©. Je ne peux donc que vous le conseiller. Il s’agit d’un ouvrage qui ne laisse pas indiffĂ©rent et qui sort des sentiers battus. Je tiens d’ailleurs Ă  prĂ©ciser qu’il n’est pas nĂ©cessaire d’avoir lu les prĂ©cĂ©dents albums pour dĂ©couvrir celui-ci. Il est indĂ©pendant. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agrĂ©able lecture.  

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Canardo, T20 : Une Bavure Bien Baveuse

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Titre : Canardo, T20 : Une bavure bien baveuse
Scénariste : Sokal
Dessinateur : Sokal
Parution : Octobre 2011


Canardo est un de mes hĂ©ros de bandes dessinĂ©es prĂ©fĂ©rĂ©s. Je l’ai dĂ©couvert il y a des annĂ©es dans la bibliothĂšque de mes parents et ai continuĂ© Ă  suivre ses aventures une fois le cocon familial quittĂ©. Chaque nouvelle parution est un Ă©vĂ©nement et je m’empresse bien souvent de complĂ©ter ma collection sans trop tarder. Ce mois-ci est apparue dans les bacs des librairies « Une bavure bien baveuse » Ă©ditĂ© chez Casterman. Pour les non adeptes de cette sĂ©rie, elle est le fruit de l’imagination et du trait de Sokal. Sur la couverture, on dĂ©couvre notre hĂ©ros, de face. Il est avec la clope au bec, le regard inexpressif en train de jouer aux cartes. Au second plan, on dĂ©couvre une ravissante femme au dĂ©colletĂ© qui ne laisse pas indiffĂ©rent.

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, Canardo est un dĂ©tective privĂ©. Il a les traits d’un canard mais a toute l’apparence d’un Columbo qui abuserait un peu de la bouteille et ne frĂ©quenterait pas rĂ©guliĂšrement la salle de bain. Il a pour habitude de se voir confier des affaires sans grande envergure. Ses enquĂȘtes le mĂšnent souvent dans les bas-fonds de la ville et dans des endroits plutĂŽt glauques.

La disparition de l’inspecteur de police ne fait pas que des malheureux…

Dans cet album, Canardo se voit confier une mission toute particuliĂšre. Le commissaire Garenni, avec trois grammes d’alcool dans le sang, est accusĂ© d’avoir tirĂ© sur un inspecteur de police au cours d’une fusillade. C’est une Ă©norme bavure qui met l’accusĂ© dans de sales draps. Il en est tellement dĂ©sespĂ©rĂ© qu’il fait appel Ă  ce cher Canardo pour connaitre la vĂ©ritĂ© sur cette affaire. Rapidement, notre hĂ©ros se rend compte que la disparition de cet inspecteur de police ne fait pas que des malheureux dans certains milieux obscurs


Cet opus est dans la lignĂ©e des prĂ©cĂ©dentes aventures de notre canard prĂ©fĂ©rĂ©. L’histoire est indĂ©pendante et ne nĂ©cessite aucun prĂ©requis particulier. La trame utilise les codes du polar noir. L’intrigue et l’atmosphĂšre sont travaillĂ©es. Certains moments sont lĂ©gers, d’autres plus lourds. Les Ă©motions sont variĂ©es. Les plus jeunes lecteurs n’y trouveront pas grand-chose. Par contre, les adeptes de romans policiers et de films Ă  ambiance seront ravis du voyage.

Le scĂ©nario est construit de maniĂšre classique. Les premiĂšres pages posent les jalons. Une bavure policiĂšre lors d’une attaque de banque marque le dĂ©but de notre lecture. On voit poindre l’erreur judiciaire. C’est Ă  ce moment-lĂ  qu’apparait notre hĂ©ros qui entame son enquĂȘte qui va l’amener Ă  remuer des milieux qui ne demandaient qu’à ĂȘtre oubliĂ©s. La narration ne souffre pas de temps morts. Aucune case n’est inutile. Chacune apporte son information ou son changement d’angle de vue qui attise notre curiositĂ©. Les rebondissements sont frĂ©quents. Ils sont d’ailleurs un peu trop nombreux dans la derniĂšre partie. Il en dĂ©coule un dĂ©nouement que je trouve quelque peu brouillon.

Comme souvent, Sokal nous offre une galerie de personnages variĂ©e. Je passe rapidement sur Canardo qui est fidĂšle Ă  lui-mĂȘme. La moindre des choses qu’on puisse dire est qu’il ne paie pas de mine. L’autre personnage central prend les traits du commissaire Garenni. Ce looser alcoolique attire rapidement notre sympathie. A dĂ©faut d’ĂȘtre un policier ne serait-ce que correct, il ne mĂ©rite pas pour autant d’ĂȘtre un innocent condamnĂ©. La traditionnelle femme fatale de cet album prend les traits de l’inspecteur Manta. Cette mante religieuse ne laisse indiffĂ©rent la gente masculine tout en dĂ©gageant un lĂ©ger sentiment de malaise. A ce trio principal, s’ajoute un bon nombre de malfrats dignes de tout bon film noir. On les trouve dans des bars mal famĂ©s dont j’aurais personnellement du mal Ă  franchir le seuil de la porte.

A mes yeux, le principal attrait de cette sĂ©rie est son atmosphĂšre. Les pages de Sokal dĂ©gagement une ambiance particuliĂšre. Les deux tiers de l’album rĂ©pondent Ă  mes attentes. L’immersion de Canardo dans les arcanes glauques de son enquĂȘte dĂ©gage un vrai quelque chose. Par contre, je trouve la derniĂšre partie de l’histoire plus confuse. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir quelque peu de ma lecture. Je redeviens spectateur de Canardo alors que le dĂ©but me laissait sentir que je lui emboitais le pas. Le cĂŽtĂ© brouillon du dĂ©nouement fait que l’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e est moins intense. C’est dommage. 

CĂŽtĂ© dessins, la qualitĂ© est identique Ă  celle qui accompagnait la lecture des prĂ©cĂ©dents tomes. J’ai donc une nouvelle fois apprĂ©ciĂ© le trait de l’auteur. Le fait que les personnages possĂšdent des traits animaliers est assez rĂ©ussi et participe Ă  l’identification de la sĂ©rie. MalgrĂ© un style simple et facile d’accĂšs, les cases sont fournies et pleines de petits dĂ©tails. Les dĂ©cors sont travaillĂ©s et cela participe activement Ă  la qualitĂ© de l’ambiance qui transpire des pages.

En conclusion, ma lecture s’est avĂ©rĂ©e agrĂ©able. J’ai pris beaucoup de plaisir Ă  dĂ©couvrir cette nouvelle aventure de Canardo. Le seul bĂ©mol, Ă©voquĂ© prĂ©cĂ©demment, concerne le dĂ©nouement que je trouve trop brouillon. Il y a trop d’évĂ©nements dans les derniĂšres pages. Cela a eu pour consĂ©quence de me sortir un petit peu de l’histoire, la fin arrivant finalement de maniĂšre assez abrupte. Je trouve dommage que la sortie ne soit pas davantage dosĂ©e. Cela aurait fait de cet album un des bons opus de la sĂ©rie tant son thĂšme et son message ne laissent pas indiffĂ©rents


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