Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai dĂ©couverts en lisant la saga Block 109. Cette sĂ©rie m’a conquis autant par son scĂ©nario que par son atmosphĂšre. Il s’agit d’une uchronie de grande qualitĂ© sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de dĂ©couvrir leur nouveau projet intitulĂ© Chaos Team. Le premier Ă©pisode Ă©tait trĂšs rĂ©ussi et a attisĂ© ma curiositĂ©. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulĂ©e sobrement Chaos Team 1.2. EditĂ© chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agrĂ©able.

La quatriĂšme de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a Ă©tĂ© un Ă©chec complet pour le Chaos Team. Et suite Ă  l’arrivĂ©e de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloquĂ©s Ă  Lima. C’est au moment oĂč ils s’apprĂȘtent Ă  s’enfuir de la capitale de la Nouvelle RĂ©publique DĂ©mocratique du PĂ©rou que se manifeste un alliĂ© pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens Ă  prĂ©ciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-lĂ . MalgrĂ© les rappels rĂ©guliers quant au passĂ© de la trame, il m’apparaĂźt compliquĂ© d’en maĂźtriser tous les arcanes sans prendre le temps de dĂ©couvrir sereinement les prĂ©requis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable Ă  celle des comics amĂ©ricains. L’intrigue se dĂ©compose en petit chapitre Ă  l’identitĂ© propre et Ă  la derniĂšre case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliquĂ© par Vincent Brugeas Ă  la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus prĂ©cisĂ©ment la personnalitĂ© des diffĂ©rents protagonistes. NĂ©anmoins, ce mĂ©canisme est moins utilisĂ© dans ce second acte que dans le prĂ©cĂ©dent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une Ă©quipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spĂ©ciales du monde. Les Ă©vĂ©nements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possĂšde des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations Ă  dose homĂ©opathiques. Cette dimension secrĂšte rend les personnages fascinants et charismatiques malgrĂ© une moralitĂ© parfois nĂ©buleuse. Les dĂ©couvrir a Ă©tĂ© gĂ©nĂ©rĂ© un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyĂ© une attaque extra-terrestre. De nouveaux Ă©quilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualitĂ©. Le premier tome Ă©tait pleinement centrĂ© sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de dĂ©roulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les rĂ©vĂ©lations s’enchainent Ă  un rythme assez effrĂ©nĂ©. La trame utilise des ingrĂ©dients classiques qui ne rĂ©volutionnent pas le genre. Mais la qualitĂ© des personnages fait largement oubliĂ©e l’absence d’originalitĂ© de l’histoire. Rarement, une sĂ©rie est arrivĂ©e Ă  faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissĂ© porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux cĂŽtĂ©s de John et ses acolytes plutĂŽt que pour dĂ©couvrir le dĂ©nouement.

L’atmosphĂšre rĂ©aliste de cet univers rĂ©sulte en grande partie de la qualitĂ© des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvĂ© son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement Ă  l’aura des personnages. Il leur offre une rĂ©elle profondeur et une identitĂ© graphique Ă©vidente. Un dessinateur aussi talentueux permet Ă  la bande dessinĂ©e de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir Ă  me plonger Ă  nouveau dans cette aventure. MĂȘme si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualitĂ© de la sĂ©rie. Je suis donc curieux de dĂ©couvrir la suite qui est promise pour l’annĂ©e prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de dĂ©couvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indiffĂ©rent


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Note : 17/20

Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : FĂ©vrier 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier Ă©pisode d’une saga nĂ©e de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai dĂ©couvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai Ă©tĂ© conquis par le travail des deux auteurs et par la qualitĂ© de l’univers qu’ils avaient crĂ©Ă©. C’est donc avec une curiositĂ© forte que je me suis plongĂ© dans leur derniĂšre production sorti en librairie le sept fĂ©vrier dernier. Son format se rapproche de celui de la sĂ©rie prĂ©cĂ©dente. EditĂ© chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se dĂ©roule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scĂ©nariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous prĂ©sente un personnage charismatique. Il est grand, musclĂ©, expĂ©rimentĂ©. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dĂ©vastĂ©e. L’atmosphĂšre dĂ©gagĂ©e s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos Ă©voquĂ©e dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatriĂšme de couverture nous prĂ©sente le synopsis suivant : « PrĂšs de quatre ans aprĂšs une frappe extraterrestre qui a dĂ©truit la majoritĂ© des forces armĂ©es et mis Ă  genoux les gouvernements des diffĂ©rentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maĂźtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus dĂ©sormais de vĂ©ritables seigneurs de la guerre font souvent appel Ă  une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survĂ©cu Ă  l’invasion et Ă  mĂȘme de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de premiĂšre nĂ©cessitĂ© : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous dĂ©couvrons la Chaos Team, une unitĂ© de mercenaires liĂ©e Ă  Blackfire et dirigĂ©e par John Clem, en mission de protection Ă  Grenade, auprĂšs du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piÚces de maniÚre apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une annĂ©e zĂ©ro correspondant Ă  la date de l’invasion extraterrestre. Les diffĂ©rents Ă©vĂ©nements qui nous sont contĂ©s sont repĂ©rĂ©s par rapport Ă  ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se dĂ©coupe en chapitres qui peuvent ĂȘtre antĂ©rieurs ou postĂ©rieurs au « moment repĂšre ». L’histoire ressemble donc Ă  un puzzle dont les auteurs nous dispensent les piĂšces de maniĂšre apparemment alĂ©atoires. Cela amĂšne une densitĂ© forte Ă  la lecture. Le dosage scĂ©naristique est bien maĂźtrisĂ©.

ChaosTeam1bChaque chapitre est prĂ©cĂ©dĂ© d’une prĂ©sentation de son casting. La premiĂšre page nous liste les diffĂ©rents protagonistes impliquĂ©s dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hĂ©tĂ©roclite servent de fil conducteur Ă  notre dĂ©couverte de cet univers. Les personnages sont Ă©videmment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possĂšdent nĂ©cessairement des capacitĂ©s largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nĂ©cessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur cĂŽtĂ© mercenaire fait qu’on n’arrive pas Ă  ressentir une empathie absolue Ă  l’encontre de tout ce beau monde. Leur Ă©thique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particuliĂšrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais dĂ©jĂ  tombĂ© sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possĂšde un trait assez unique qui gĂ©nĂšre une atmosphĂšre forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variĂ©s et dĂ©taillĂ©s pour qu’on n’ait aucun mal Ă  les diffĂ©rencier et Ă  se les approprier. Le travail sur les couleurs est Ă©galement de grande qualitĂ© et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scĂšnes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est trĂšs rĂ©ussi. Il se lit avec appĂ©tit. D’ailleurs je m’y plongerai Ă  nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des diffĂ©rents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire
 

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Note : 17/20

AĂąma, T3 : Le dĂ©sert des miroirs – FrĂ©dĂ©rik Peeters

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Titre : Aùma, T3 : Le désert des miroirs
Scénariste : Frédérik Peeters
Dessinateur : Frédérik Peeters
Parution : Octobre 2013


A sa sortie, « AĂąma » s’est imposĂ© comme une excellente sĂ©rie de science-fiction. AprĂšs un premier tome trĂšs rĂ©ussi, FrĂ©dĂ©rik Peeters avait su confirmer l’essai avec brio. Si bien que c’est plein de confiance que j’ai commencĂ© la lecture de ce troisiĂšme tome intitulĂ© « Le dĂ©sert des miroirs ». On nous avait laissĂ© en plein suspense et c’est avec hĂąte que je lisais le bouquin. Ce dernier est toujours publiĂ© chez Gallimard pour un total de 86 pages.

aama3cLes hommes ont crĂ©Ă©, avec l’aĂąma, de la vie sur une planĂšte qui n’en possĂ©dait pas. ChargĂ©s de retrouver cet aĂąma, le groupe se retrouve attaquĂ© par ces nouvelles formes de vie. Nous reprenons donc l’histoire en plein combat. AprĂšs une dizaine de pages, le groupe reprend son chemin, amenuisĂ©.

Le tome deux faisait montait la tension au fur et Ă  mesure des pages. Ce n’est pas vraiment le cas ici, bien au contraire. AprĂšs un dĂ©but plein d’action, le tout se pose fortement avant de partir dans l’onirisme. Le genre d’histoire oĂč chacun fait des rĂȘves qui lui apportent des rĂ©ponses, voire lui permet de connaĂźtre l’avenir. J’ai pour ma part complĂštement dĂ©crochĂ© devant ce que je considĂšre comme une facilitĂ© scĂ©naristique. Alors que la sĂ©rie Ă©tait construite sur une base cohĂ©rente, elle part ici dans quelque chose de bien moins intĂ©ressant. Ainsi, le repas entre Verloc et son frĂšre est un prĂ©texte Ă  flashbacks et explications sur leur enfance


Moins de clarté dans la narration.

De mĂȘme certaines ellipses et explications aama3amanquent un peu de clartĂ©. Le passage vers certains lieux est souvent flou. C’est dommage car c’était un des points forts de la sĂ©rie de faire Ă©voluer le paysage et les endroits de façon cohĂ©rente et crĂ©dible. On a l’impression que l’auteur s’embarrasse moins des dĂ©tails.

La sĂ©rie garde bien sĂ»r certaines de ses qualitĂ©s. Les personnages continuent Ă  osciller toujours entre sympathie et antipathie. Leur humanitĂ© est assez exceptionnelle. Aucun n’est parfait, ni mĂȘme vraiment bon et chacun suit sa propre voie. La psychologie des personnages est d’autant plus le cƓur de la sĂ©rie dans cet album.

Le dessin de FrĂ©dĂ©rik Peeters est toujours de haute volĂ©e. Aussi bien Ă  l’aise dans la crĂ©ation de mondes fantasmĂ©s que dans l’action ou l’émotion, il frappe une nouvelle fois fort. Et que dire de son dĂ©coupage dynamique, inventif et d’une efficacitĂ© qui n’est plus Ă  prouver.

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J’ai Ă©tĂ© profondĂ©ment déçu par ce tome. DotĂ© d’une narration moins claire et d’un onirisme auquel je n’ai pas adhĂ©rĂ©, j’ai eu bien plus de mal Ă  entrer dans l’histoire et Ă  me sentir pris par les Ă©vĂ©nements. Clairement, ce tome est un pivot qui ravira les uns et dĂ©plaira aux autres. A vous de voir oĂč vous vous situez !

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Note : 12/20

AĂąma, T2 : La multitude invisible – Frederik Peeters

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Titre : AĂąma, T2 : La multitude invisible
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2012


Frederik Peeters avait frappĂ© un grand coup avec le premier tome d’ « AĂąma ». Il avait accouchĂ© d’un rĂ©cit de science-fiction dense et original, basĂ© sur des personnages intĂ©ressants et charismatiques. Ce deuxiĂšme tome, intitulĂ© « La multitude des choses », transformera-t-il l’essai ? Toujours Ă©ditĂ© aux Ă©ditions Gallimard, cette suite compte une nouvelle fois un peu plus de 80 pages.

Nous retrouvons donc Velroc et son frĂšre Conrad sur la planĂšte Ona(ji) en recherche de la substance aĂąma et de celle qui l’a volĂ©e afin de l’utiliser en grandeur nature. La planĂšte se recouvre alors de nouvelles formes de vie. Et plus le groupe se rapproche de l’épicentre, plus cette vie est complexe, dense et donc dangereuse.

aama2aC’est un passionnant voyage que nous propose Frederik Peeters. Dans ce tome encore, l’histoire est avant tout basĂ©e sur les relations entre les personnages. Tout dĂ©marre d’ailleurs lĂ -dessus. Des histoires de coucheries qui mettent le groupe en pĂ©ril alors qu’il y a bien plus grave Ă  s’occuper
 Ainsi est « AĂąma ». La science-fiction et l’univers crĂ©Ă© par l’auteur servent avant tout une Ă©popĂ©e humaine. Seul personnage un peu diffĂ©rent, Churchill irradie de son charisme les pages de l’ouvrage. Ce singe/robot est particuliĂšrement rĂ©ussi. A la fois surpuissant et terriblement humain. Le seul ĂȘtre raisonnable du groupe ?

aama2bCe deuxiĂšme tome est Ă©galement l’occasion de mieux connaĂźtre Volric. Ce dernier narre son histoire et les flashbacks permettent de mieux comprendre les problĂšmes qu’il a avec sa fille. Cet aspect est particuliĂšrement rĂ©ussi. J’ai Ă©tĂ© trĂšs touchĂ© par son histoire qui, si elle se passe dans un univers futuriste, est pourtant terriblement d’actualitĂ©. Ces flashbacks permettent Ă©galement de varier les ambiances, passant de la planĂšte sauvage Ă  la mĂ©tropole pullulant.

Une montĂ©e en tension tout au long de l’ouvrage.

La force de cet album tient Ă©galement dans la montĂ©e en tension tout au long de l’ouvrage. Commençant par un simple voyage dĂ©tendu oĂč Velroc raconte sa vie Ă  Myo, le stress et le danger d’installe petit Ă  petit jusqu’à l’apothĂ©ose de fin. Et pourtant, difficile de savoir oĂč va vraiment nous mener cet ouvrage. Tel Velroc, on est parachutĂ© dans une aventure sans vraiment en comprendre les tenants et les aboutissants. En cela, la narration est exemplaire.

Le dessin au pinceau de Frederik Peeters est un vrai plaisir. Les personnages sont bien identifiĂ©s et expressifs. Il passe sans peine des mĂ©tropoles urbaines au paysage dĂ©sertique de la planĂšte Ona(ji). Les scĂšnes d’action sont bien rendues. Une mention spĂ©ciale est Ă  accorder aux couleurs. Bien que faites d’aplats trĂšs simples (mettant du coup en valeur le trait de Peeters), elles participent grandement Ă  l’ambiance. Ainsi, les tons jaune/orangĂ© de la planĂšte s’enrichissent de nouvelles teintes au fur et Ă  mesure que la vĂ©gĂ©tation apparaĂźt. Cette derniĂšre est d’ailleurs trĂšs rĂ©ussie et possĂšde une cohĂ©rence tout au long de l’ouvrage, mĂȘme si l’auteur semble avoir pris un certain plaisir Ă  reprĂ©senter une nature vulvaire et phallique


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Au final, ce deuxiĂšme tome confirme tous les espoirs placĂ©s dans cette sĂ©rie. DotĂ© d’un univers rĂ©ussi, de personnages marquants et d’un graphisme maĂźtrisĂ©, « AĂąma » devrait s’imposer comme une sĂ©rie de science-fiction majeure si elle continue avec un tel niveau de qualitĂ©. Mais aprĂšs un deuxiĂšme tome aussi rĂ©ussi, on ne peut ĂȘtre que confiant.

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Note : 18/20

AĂąma, T1 : L’odeur de la poussiĂšre chaude – Frederik Peeters

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Titre : AĂąma, T1 : L’odeur de la poussiĂšre chaude
Scénariste : Frederik Peeters
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Octobre 2011


Lorsque le premier tome d’ « AĂąma » est sorti, je me rappelle avoir Ă©tĂ© marquĂ© par sa couverture montrant trois personnages, dont une sorte de singe fumant un cigare
 Les critiques de l’époque Ă©tant on ne peut plus Ă©logieuse sur l’ouvrage, je m’étais empressĂ© de me le procurer. Le tout est scĂ©narisĂ© et dessinĂ© par Frederik Peeters et est publiĂ© chez Gallimard. Ce premier tome, intitulĂ© « L’odeur de la poussiĂšre chaude », pĂšse plus de 80 pages. C’est de science-fiction dont il va ĂȘtre question ici.

aama1cVelroc se rĂ©veille sur une planĂšte aride. A cĂŽtĂ© de lui, un singe dont la peau des jambes est nue. Et Velroc a perdu la mĂ©moire. Il va alors relire son calepin oĂč il note ce qui lui est arrivĂ©. Tout commence au niveau 1, lieu de perdition des ĂȘtres humains. Velroc abuse des drogues et gĂźt dans une flaque aprĂšs s’ĂȘtre visiblement battu. Et voilĂ  que son frĂšre lui tombe dessus. Son frĂšre qui, lui, a rĂ©ussi, et qu’il n’a plus vu depuis 10 ans. Ce dernier va alors lui proposer de l’accompagner dans une mission Ă  l’autre bout de la galaxie qui, Ă©videmment, va mal tourner.

Laisser le lecteur comprendre les mĂ©canismes de l’univers.

La science-fiction est un genre difficile. Beaucoup de choses ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© faites et, souvent, les auteurs sont un peu trop didactiques pour montrer la richesse de leur monde. Ici, Frederik Peeters reste en surface et laisse le lecteur comprendre les mĂ©canismes de son univers. L’histoire avance et on dĂ©couvre peu Ă  peu comment est rĂ©gie la sociĂ©tĂ©. La subtilitĂ© de l’entreprise est belle Ă  voir. Surtout que dĂšs que l’on part pour la planĂšte, Velroc fait office de naĂŻf et on dĂ©couvre avec lui les Ă©vĂ©nements.

aama1aAu-delĂ  de la science fiction pure, c’est avant tout les relations humaines qui sont au centre de cet ouvrage. Frederik Peeters utilise son univers pour servir une histoire et des personnages et non pas l’inverse. Et c’est tout ce qui fait la force de l’ouvrage. Le scĂ©nario est dense et n’hĂ©site pas Ă  digresser pour prĂ©senter les faces d’ombre de Velroc. En cela, ce premier tome est une grande rĂ©ussite. Il parvient Ă  prĂ©senter profondĂ©ment les personnages, un univers, mais aussi Ă  avancer dĂ©jĂ  beaucoup dans l’aventure. En comparaison, je trouve qu’on est au niveau du « Cycle de Cyann », pour comparer avec une sĂ©rie de science-fiction du mĂȘme type.

Le dessin de Peeters apporte une touche supplĂ©mentaire Ă  son scĂ©nario. Le dĂ©coupage est intelligent, le dessin marquant et le trait au pinceau trĂšs Ă©lĂ©gant. Les personnages sont trĂšs reconnaissables et expressifs. Une mention particuliĂšre est accordĂ©e au robot simiesque Churchill. Les dĂ©cors vont du dĂ©sert Ă  la ville tentaculaire, montrant la maĂźtrise pleine de l’auteur. Bref, j’ai Ă©tĂ© conquis par ce dessin qui sert parfaitement la narration et l’univers.

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Ce premier tome d’« AĂąma » est une grande rĂ©ussite. Contrairement Ă  beaucoup d’ouvrages, l’histoire a dĂ©jĂ  bien avancĂ© et le lecteur peut ĂȘtre confiant pour la suite. La densitĂ© du scĂ©nario, la complexitĂ© des personnages et le dessin de haut niveau font que l’on peut espĂ©rer voir Ă©merger l’une des meilleures sĂ©ries de science-fiction de ces derniĂšres annĂ©es. 

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Note : 18/20

Universal War One, T3 : CaĂŻn et Abel – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T3 : CaĂŻn et Abel
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : DĂ©cembre 2000


 DĂšs le dĂ©but de « Universal War One », Denis Barjam avait su tenir son lecteur en haleine. Les mystĂšres Ă©taient nombreux et chaque fois qu’ils Ă©taient rĂ©solus, d’autres venaient se poser. Confirmant le potentiel de la sĂ©rie avec un deuxiĂšme tome haletant, place Ă  l’introspection avec « CaĂŻn et Abel », le troisiĂšme opus. La couverture, nous prĂ©sentant Balti face Ă  sa double mort, nous met tout de suite dans l’ambiance. Le tout est toujours publiĂ© sous forme d’album classique chez Soleil.

AprĂšs l’apparition du mur et sa destruction par l’escadrille Purgatory. Mais pourtant nos hĂ©ros sont toujours dans le mur
 Comment est-ce possible ? Accostant une ancienne station orbitale, ils vont comprendre ce qu’il s’est passé 

Paradoxe temporel & caractĂšres antagonistes

Ce tome fait la part belle au paradoxe temporel. Relatant la crĂ©ation du wormhole, il permet de mieux comprendre son fonctionnement et la logique qui anime ses crĂ©ateurs. Pas question de guerre ici, on est en plein huis clos. BloquĂ©s dans une station, l’escadron cohabite pour le meilleur et pour le pire. Les caractĂšres antagonistes se percutent et la tension monte. Excellent choix de Denis Barjam. AprĂšs deux tomes oĂč tout allait trĂšs vite, l’auteur prend le temps d’affiner ses personnages.

L’espace confinĂ© de la station permet aussi Ă  Barjam de poser de vraies ambiances, quels soient malsaines ou dĂ©pressives. Du coup, le dessin passe un vrai cap avec des cases particuliĂšrement marquantes. Bien qu’il y ait beaucoup moins d’action, le dĂ©coupage reste dynamique et maĂźtrisĂ© de bout en bout. L’utilisation des aplats noirs est remarquable. Alors que le dessin m’était encore un peu difficile pour les deux premiers tomes, je suis dĂ©finitivement conquis ici.

« Universal War One » est une sĂ©rie captivante et intelligente. Les bavardages y sont toujours utiles et assez peu pompeux pour que le lecteur puisse suivre le tout sans ĂȘtre obligĂ© de relire pour ĂȘtre sĂ»r de comprendre ! DotĂ© d’une formidable mise en scĂšne, d’une ambiance pesante et de personnages plus humains que jamais, ce tome 3 enfonce le clou et installe la sĂ©rie comme un must des bande-dessinĂ©es de science-fiction.

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Note : 18/20

Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T2 : Le fruit de la connaissance
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : Novembre 1999


« Universal War One » est l’une des sĂ©ries de science-fiction les plus palpitantes publiĂ©es en bande-dessinĂ©e. AprĂšs un premier tome allĂ©chant, laissant le lecteur en suspens, Denis Barjam (au dessin et au scĂ©nario) se devait de transformer l’essai avec ce second tome nommĂ© « Le fruit de la connaissance ». Le tout est toujours publiĂ© chez Soleil pour un album classique de 46 pages.

Un mur est apparu dans le systĂšme solaire. Personne ne sait ce que c’est. Mais Balti, de l’escadron Purgatory, est parvenu Ă  y entrer. Seul problĂšme, il en est ressorti en sale Ă©tat dans un vaisseau inconnu et avec une barbe de trois jours
 On avait laissĂ© l’escadron plonger dans le vortex afin de voir ce qu’il y avait dans le mur. Ils ne vont pas ĂȘtre déçus ! AttaquĂ© par des drones, ils s’empressent de retourner d’oĂč ils sont venus. Et dĂ©jĂ , Kalish le gĂ©niĂ© annonce qu’il y a un problĂšme de diffĂ©rentiel temporel


Une intrigue spatio-temporelle

Si c’était dĂ©jĂ  abordĂ© dans le premier tome, la notion de temps (et donc d’espace-temps) s’installer rĂ©ellement dans la sĂ©rie. Tout va tourner alors autour. Y a-t-il une civilisation qui Ă©volue 1000 fois plus vite que la notre dans le mur ? Denis Barjam maĂźtrise pleinement son sujet et le lecteur est happĂ© par le suspense en permanence. Les explications scientifiques sont prĂ©cises et claires, pas trop pompeuses et surtout comprĂ©hensibles !

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Dans ce tome, les rĂ©vĂ©lations sont nombreuses et le lecteur ne restera pas sur sa faim. Les coups de thĂ©Ăątre s’enchaĂźnent jusqu’à la derniĂšre page qui nous laisse pantois et pressĂ© de lire la suite. En cela, Barjam possĂšde un vrai talent pour gĂ©rer le rythme de sa sĂ©rie. Il dĂ©voile beaucoup de choses mais sans excĂšs. Et tout sert l’histoire, Ă  un moment ou Ă  un autre.

Mais « Universal War One », outre son histoire spatio-temporelle a comme attrait sa galerie de personnages. Tous sortis de cour martiale, ils ont chacun un dĂ©faut qui les rend dangereux. Comme Ă  chaque bouquin, Barjam dĂ©voile le passĂ© de l’un d’entre eux. Cet aspect rend aussi la relecture d’autant plus intĂ©ressante, une vraie qualitĂ© pour une sĂ©rie ! AprĂšs des dĂ©buts caricaturaux, on connaĂźt mieux les personnages qui s’affirment, mĂȘme s’ils n’évoluent pas encore en profondeur. On est ici encore dans la phase d’apprentissage.

Au niveau du dessin, le trait de Denis Barjam semble influencĂ© par les comics. J’avoue ne pas ĂȘtre forcĂ©ment fan de son trait ni de ses couleurs (notamment dans l’espace), mais le tout est cohĂ©rent et la mise en scĂšne toujours efficace. C’est dans le dĂ©coupage aussi que Barjam montre pleinement son talent. J’ai appris Ă  assimiler ce style et force est de constater que « Universal War One » possĂšde une vraie identitĂ© graphique.

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Essai transformĂ© pour ce tome 2. Le lecteur est pris par le suspense et n’a plus qu’une envie : lire la suite. Les zones d’ombres sont nombreuses et malgrĂ© les avancĂ©es de nos hĂ©ros, elles restent bien nĂ©buleuses ! Un must !

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Note : 17/20

Universal War One, T1 : La gĂ©nĂšse – Denis Barjam

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Titre : Universal War One, T1 : La génÚse
Scénariste : Denis Barjam
Dessinateur : Denis Barjam
Parution : DĂ©cembre 1998


Grand amateur de science-fiction en littĂ©rature, force est de constater qu’elle n’y tient pas une place aussi prĂ©pondĂ©rante dans ma bibliothĂšque. J’ai relativement peu accrochĂ© aux univers proposĂ©s par les auteurs de BD. Peut-ĂȘtre que la reprĂ©sentation de ces mondes fantasmĂ©s me gĂȘnait. Pourtant, « Universal War One » (ou UW1 pour les intimes) a su me passionner. Comment Denis Barjam a-t-il rĂ©ussi Ă  me faire entrer dans on univers ? Le tout a Ă©tĂ© publiĂ© chez Soleil dans un format classique.

Denis Barjam dĂ©veloppe une SF relativement proche de nous, dans le sens oĂč l’homme ne s’extirpe pas du systĂšme solaire. MalgrĂ© tout, il a dĂ©veloppĂ© des techniques qui lui permettent de voyager simplement dans l’espace. C’est ici que nous retrouvons l’escadron Purgatory. ConstituĂ© d’officiers passĂ©s par la cour martial, cette unitĂ© est donc remplie de bras cassĂ©s dangereux, que ce soit par leur orgueil, leur tĂ©mĂ©ritĂ© ou… leur lĂąchetĂ© ! Et pourtant, ces gens que tout le monde mĂ©prise sont partis pour sauver l’univers !

Un phénomÚne inexplicable

Un mur s’est Ă©levĂ© dans le systĂšme solaire. Personne ne sait d’oĂč il sort. L’escadron est donc chargĂ© d’enquĂȘter sur le phĂ©nomĂšne en envoyant des sondes dans le phĂ©nomĂšne. Le danger est Ă©videmment trĂšs prĂ©sent puisque ce mur reste inexpliquĂ©. Denis Barjam distille ses infos au compte-goutte, mais le suspense et la densitĂ© du rĂ©cit sont rĂ©els. On n’est pas bien plus avancĂ© Ă  la fin du tome mais pourtant dĂ©jĂ  captivĂ©. Les questions sont nombreuses et les rebondissements dĂ©jĂ  prĂ©sents.

On pourra reprocher Ă  ce tome de prĂ©senter des personnages stĂ©rĂ©otypĂ©s. Chacun tient son rĂŽle. C’est l’introduction et les nuances arriveront bien Ă©videmment par la suite.

Concernant le dessin, j’ai ressenti comme un frein Ă  la lecture de l’ouvrage. Les couleurs (notamment) dans l’espace ont l’air assez artificielles. Quant aux personnages, ils sont identifiĂ©s sans peine et expressif. On ressent une influence comics dans le dessin. Mais sans ĂȘtre convaincu par le trait de ce premier album, force est de constater un vrai sens de la mise en scĂšne. Certaines cases sont puissantes par leur force Ă©motionnelle et permettent à UW1 de passer dans le rang des bande-dessinĂ©es de haut niveau.

Ce premier tome apporte avant tout des questions plus que des rĂ©ponses. Dense dans ses informations, il nous introduit aux (nombreux) personnages et nous captive avec cette histoire de mur. Le premier volet d’une des meilleures sĂ©ries de cette Ă©poque.

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Note : 17/20