Entrez dans la danse


Titre : Entrez dans la danse
Scénariste : Richard Guérineau
Dessinateur : Richard Guérineau
Parution : Août 2019


Venu de la BD, Jean Teulé ne cesse de voir ses romans adaptés en bande-dessinée ces dernières années. Richard Guérineau se taille la part du lion. Après avoir dessiné « Charly 9 », puis une sorte de spin-off avec « Henriquet », le voilà de retour avec « Entrez dans la danse », adaptation du roman de Jean Teulé. L’ouvrage est paru chez Delcourt pour une petite centaine de pages.

Des événements mystérieux, un pouvoir dépassé

Strasbourg. 1518. Pauvreté, misère et famine frappent la ville. Désespérés, le peuple se met alors à danser pendant des jours et des jours. Ils sont de plus en plus nombreux à s’y mettre, provoquant peur et incompréhension. Les pouvoirs publics vont alors tenter de résoudre cette crise : politique, religieux et médecine vont, sans surprise, se révéler inefficaces.

On retrouve sans peine l’univers anecdotique moyenâgeux de Jean Teulé. Un événement curieux, anodin et tragique lui permet de décrire les arcanes du pouvoir, mais également la vie des gens à l’époque. On y découvre une famine terrible, une menace turque qui restera toujours invisible… Mais si « Entrez dans la danse » possède tous les éléments d’une histoire propre à Jean Teulé, elle n’est clairement pas la plus forte. L’anecdote traitée n’a ni la force ni la précision d’un « Mangez le si vous voulez ». Quant aux arcanes du pouvoir, liés à l’évêque et au maire de Strasbourg, ce n’est pas aussi développé que dans « Charly 9 ». Clairement, on sent que les informations initiales qui ont pu être glanées étaient bien plus minces.

Ainsi, « Entrez dans la danse » manque paradoxalement de rythme. La première partie pose bien les événements et amènent une curiosité évidente au lecteur. S’ensuivent les premières mesures du pouvoir. Mais avec la deuxième partie, la BD s’essouffle un peu. Finalement, ces gens qui dansent et dansent encore nous épuisent aussi quelque peu. Le pouvoir se révèle une nouvelle fois incompétent et la conclusion de l’ouvrage saura nous glacer une fois de plus.

Cependant, on ne peut nier l’intérêt de l’ouvrage de parler de faits dont on ne parle jamais en histoire. Rien que de voir une ville de Strasbourg en pleine famine, avec les turcs à leur porte (les turcs en Alsace ?) et un pouvoir municipal qui résiste aux prélats de l’Église est bien plus original que la plupart des ouvrages qui nous sont mis dans les mains.

Au dessin, Richard Guérineau régale. Depuis qu’il a dessiné « Charly 9 », il semble commencer une deuxième carrière. Son dessin semi-réaliste, tirant sur la caricature est beau et dynamique. On remarque surtout ses personnages, qui ont des bouilles parfaitement réalisées, mais il ne faudrait pas oublier les décors qui nous plongent en plein Strasbourg au 16ème siècle. Les mises en page sont maîtrisées et apportent un vrai plus à la narration. Son travail sur ses dernières bande-dessinées est remarquable.

« Entrez dans la danse » souffre certainement du roman qu’il adapte. Moins fort dans ses personnages, moins détaillé dans les événements, on ressent comme une frustration en lecture. On aurait voulu plus. Restent des événements curieux, mystérieux, dramatiques et une démonstration de plus que le pouvoir ne trouve jamais les solutions dans les crises dont il est souvent responsable.

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