Titre : La limite n’a pas de connerie
Scénariste : Emmanuel Reuzé
Dessinateur : Emmanuel Reuzé
Parution : Avril 2022
Emmanuel Reuzé a vu sa série « Faut pas prendre les cons pour des gens » trouver son public. Ces ouvrages (cinq à ce jour) sont tous réussis et fonctionnent avec un humour absurde maîtrisé. Le voilà de retour avec un album différent, mais qui se veut de la même veine avec un titre inversant deux mots : « La limite n’a pas de connerie ». Cela ne veut rien dire, alors que le titre précédant avait une signification. Est-ce un mauvais signe ? Hélas oui…
Un changement de narration qui ne fonctionne pas.
Paru chez Fluide Glacial, l’ouvrage est dans la plus pure tradition du genre. On retrouve des petites histoires de quelques pages cassant les codes. Ici, on revisite le western ou Batman. Reuzé met de côté la critique de la société pour des thèmes plus intemporels et des clins d’œil. Il abandonne aussi les histoires en une page pour développer son propos.
Hélas, cela ne fonctionne pas. L’humour absurde est moins caustique, basé sur d’autres ressorts, et le rire est moins présent (voire le sourire). Les sketchs tombent à plat, on les lit sans grand plaisir. On se demande alors où est passé l’humour de l’auteur. Comme quoi, changer de style, de narration ou de thème peut casser toute la mécanique d’un dessinateur. D’ailleurs, seules les blagues en une page sont vraiment réussies. Une façon de faire déjà utilisée dans « Faut pas prendre les cons pour des gens ».
Si le dessin de « Faut pas prendre les cons pour des gens » était plutôt un point fort de la série (en comparaison notamment de sa concurrence), ici c’est l’inverse. Quand on connaît l’histoire des dessinateurs chez Fluide, il manque vraiment quelque chose pour nous embarquer. Le côté statique du trait devient ici un défaut.
Grande déception que ce « La limite n’a pas de connerie ». Quand on voit que les tomes de « Faut pas prendre les cons pour des gens » parus après sont toujours aussi réussis, il faut croire que l’exercice des petites histoires décalées n’est vraiment pas le point fort de Reuzé. Dommage.