
Titre : Metronom’, T3 : Opération suicide
Scénariste : Éric Corbeyran
Dessinateur : Grun
Parution : Septembre 2012
« Metronom’ » est une série qui avait attisé mon intérêt par le nom de son scénariste. Eric Corbeyran est un auteur que j’apprécie depuis que j’ai découvert « Le chant des stryges », « Le maître de jeu », « Uchronies » ou encore « Pavillon noir ». Il est très productif. Il s’avère donc compliqué de s’offrir l’intégralité de sa bibliographie. Il faut donc faire des choix de temps à autre. « Metronom’ » m’avait attiré par sa thématique. On se trouve au beau milieu d’un récit d’anticipation. Je suis toujours intrigué par ce type d’histoire. Cette saga est toujours en cours d’écriture et se compose actuellement de trois albums. Ma critique porte sur le dernier d’entre eux intitulé « Opération suicide » qui est apparu dans les rayons le dix mars dernier. La couverture nous présente les deux héros menottés sous un ciel étoilé qui nous laisse croire qu’ils se trouvent dans l’espace.
Il est évident que commencer l’histoire par cet opus rend les choses compliquées. Les prérequis sont indispensables dans ce type de scénario. Je me garderai de rentrer trop dans les détails afin que tout le monde puisse se faire une idée du bouquin sans pour autant se voir révéler des choses importantes ou être noyé par un amas trop dense d’informations. La quatrième de couverture présente succinctement l’esprit de la trame : « Dans un avenir proche, au sein d’une société totalitaire qui écrase l’individu au profit de la toute puissance et du mensonge étatiques, une femme mène un combat pour découvrir les raisons de la disparition mystérieuse de son mari parti en mission spatiale… »
Le mur totalitaire semble s’effriter.
La femme en question se prénomme Lynn. Accompagnée d’un journaliste en quête de vérité, elle se trouve sur une navette spatiale à la recherche de son mari. Alors que leur mission est en passe d’être menée à bien, ils se retrouvent arrêtés sur place. On la retrouve donc dans une cellule. Elle vient d’apprendre que son conjoint a succombé à un virus inconnu. Voilà où démarre la narration de ce nouvel acte. Il nous plonge pleinement dans la résistance contre la dictature au pouvoir. Il poursuit l’évolution régulière de la série. Le premier épisode était une présentation du quotidien liberticide de la société. Le deuxième voyait naitre des voix dissonantes dont le rapport de force apparaissait disproportionné. Dans ce nouveau tome, les deux héros rencontrent les rebelles et une organisation qui nous était jusqu’alors inconnue. On voit donc naitre un espoir. Les préparatifs d’un grand jour semblent se mettre en place. Sur ce plan-là, l’atmosphère de la lecture diffère quelque peu de celle des actes précédents. Le mur totalitaire semble s’effriter.
Néanmoins, la narration n’est pas non plus totalement positive et sans accroc. Lynn subit de nouvelles épreuves qui alimentent l’empathie qu’on ressent à son égard. De même, le personnage du journaliste consolide l’attrait qui génère. Son rôle est important tant pour l’avancée de la trame que pour notre curiosité primaire pour les protagonistes. Parallèlement, certains personnages secondaires prennent une ampleur certaine. Par leurs actes, ils quittent l’ombre et voient naitre un rôle important quant à l’issue de l’histoire. Les différents personnages prennent une épaisseur qui n’était pas aussi poussée jusqu’alors. Néanmoins, tout cela n’empêche pas le sentiment que l’intrigue est un petit peu diluée. Une fois l’ouvrage terminé, j’ai eu le sentiment que le rythme aurait pu être plus soutenu. Le scénario nous offre des bribes d’évolution et de changement sans pour autant lancer réellement la machine. On peut donc supposer que le prochain tome se montrera plus dense et intense du fait que les jalons auront été posés dans « Opération suicide ».
Cette série a été l’occasion pour moi de découvrir un nouveau dessinateur. Il se nomme Grun. Son style accompagne parfaitement le propos qui alimente la lecture. Le trait est précis. Que ce soit les personnages ou les décors, rien n’est pas bâclé. Le ton est classique est conviendra à un public large. Les personnages possèdent chacun leur identité graphique malgré des expressions relativement mesurées. Je trouve que le travail de Grun est sérieux. Il met en valeur la narration à défaut de la transcender. L’identité chromatique est par contre évidente. Toutes les planches se construisent majoritaire autour des teintes de bleus et de marrons. Cela rend originale les pages et participe à l’empreinte de la série.
En conclusion, « Opération suicide » est un ouvrage sérieux et de qualité. Il est dans la lignée des deux précédents. Les trois actes forment une entité unique et se lisent à la suite l’un de l’autre sans effort. Néanmoins, « Metronom’ » reste un récit d’anticipation classique et qui contrairement à ce qu’on peut lire ici ou là ne révolutionnera pas le genre. Malgré tout, on a à faire à une saga construite avec application qui se découvre avec plaisir. Ce n’est déjà pas si mal. Il reste donc à attendre la parution du quatrième tome pour en savoir davantage. Mais cela est une autre histoire…
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Dans ce troisième tome, Guy Delisle ne faiblit pas. Les scènes sont drôles, toutes réussies et les dialogues truculents. Même si la mécanique est bien huilée, c’est un véritable plaisir de lecture. Hélas, le fait que seulement deux dessins (voire un seul) soient imprimés par page fait que l’ouvrage se lit très vite et on reste immanquablement sur sa faim. Comme pour les précédents, c’est le format choisi par l’éditeur pour ces recueils de blog qui est à blâmer. Tout ça se lit trop vite. À 10 euros le livre, on préférerait une intégrale plutôt que trois petits bouquins, quitte à avoir un livre plus grand ou plus épais.

Il s’agit donc de l’histoire d’un casse. Un fourgon doit véhiculer deux tonnes d’or de Paris en Gironde. Un petit groupe de malfrats voit ici l’occasion de s’offrir une nouvelle vie. Le plan consiste donc à suivre le camion blindé pour saisir l’occasion de mettre la main dessus. Le problème est que le pays est en guerre : toute la capitale fuit et l’armée allemande bombarde. Tout ne va donc pas être aussi simple que prévu. Les enjeux sont simples et la trame se met en place rapidement.
Cette densité scénariste m’avait évidemment beaucoup plu et a alimenté de manière constante ma curiosité. Mais mon attrait a également été facilité par la présence d’un casting quatre étoiles. Je trouve que le petit groupe en chasse est composé de personnalités intéressantes. Franck est un ancien boxeur adepte de se coucher contre quelques menues monnaies. Sambio porte bien le costume et aime faire fumer la sulfateuse qu’on n’est pas assez vite d’accord avec lui. Ninon est une ravissante jeune fille dont les mains de fée font merveille avec la dynamite. Enfin, le dernier est Helmut, un allemand qui a fui le pays suite à l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Il n’y a aucune affection entre eux. Ils sont uniquement partenaires de travail. La nature de leurs relations couplée à leur côté « Pieds nickelés » offre des moments de dispute vraiment sympathiques. L’écriture des dialogues est plutôt sympathique. Je me suis très vite attaché aux protagonistes et ai été soucieux de leur devenir dès les premières pages.


« Le reste du monde » a tout du récit catastrophe classique. Des individus ordinaires se retrouvent perdus face à une situation inconnue et doivent se débrouiller. Certains dépérissent, d’autres s’aguerrissent. Jean-Christophe Chauzy, en prenant pour personnage principal une femme, fait preuve d’originalité. Ce n’est pas une pin-up, elle est mère de famille trompée et n’est pas préparée à ce qu’elle va vivre. Hélas, c’est la seule véritable originalité du livre. Les étapes qui s’enchaînent sont très classiques et on devine sans peine ce qu’il va se passer pour les pages suivantes. Après un premier intérêt en début de lecture, le soufflet retombe un peu dans la deuxième partie.

Avant d’entrer pleinement dans ma critique de cet épisode, je me dois de vous indiquer que je n’étais pas sorti conquis de ma lecture de la première partie de l’intrigue. Le tome précédent m’avait paru bien loin des thrillers économiques qui ont fait le succès de la série. J’avais davantage eu le sentiment d’être au beau milieu d’un vaudeville dans lequel les portes des chambres d’hôtel claquaient et que les tromperies et les amours rythmaient la narration. Les quarante-huit pages de « Chassé-croisé » étaient, à mes yeux, un simple prologue particulièrement dilué aux véritables enjeux que j’espérais voir naître dans « 20 secondes ».
Je dois dire que cette course contre la montre n’est pas particulièrement effrénée. Les événements s’enchaînent de manière linéaire. Les rebondissements manquent d’ampleur. Finalement, l’intrigue est relativement fine. Le scénario est plus paresseux qu’à l’habitude. Par conséquent, je n’ai jamais ressenti d’angoisse quant au devenir de Largo. La situation paraît finalement assez simple et maîtrisable. La lecture reste agréable et à aucun moment je ne me suis ennuyé. Par contre, j’ai regretté que l’histoire ne soit pas plus dense. Elle m’aurait alors davantage captivé et je me serais senti plus investi dans le destin du héros.
L’originalité de « L’enfant cachée » est de tout raconter du point de vue de l’enfant. Ainsi, Dounia subit comme les juifs les mesures de coercition, mais également les choix de ses parents, sans jamais saisir réellement ce qui se passe. Cet aspect est très réussi, renforcé par une narration volontairement naïve, sans analyse autre que factuel ou enfantine. L’injustice paraît d’autant plus forte que Dounia nous est forcément très sympathique, petite fille innocente et joyeuse en début de livre.

L’autre partie est bien évidemment le choc culturel avec le pays. La Chine n’est pas le pays le plus ouvert du monde et les problèmes de passages dans certaines zones le montre bien. Mais surtout, la langue est un vrai souci. Peu de chinois parlent anglais et beaucoup le parlent très mal. Guy Delisle est donc souvent dans l’incapacité de communiquer et passent des week-ends seuls… Sur ce point, on ressent parfaitement le côté « Lost in translation ». Seul membre occidental à être venu sur place, il est très isolé. De plus, la Chine ne propose pas réellement de moyen de se réunir entre expats.


Une préface introduit la narration. Elle décrit le contexte historique et les enjeux de la trame. Elle se déroule au début du seizième siècle durant l’opposition fratricide des chrétiens. D’un côté, se trouvent les partisans de la Réforme favorables à une traduction en français de la Bible afin qu’elle soit comprise par le plus grand nombre. De l’autre, les catholiques papistes refusent cette évolution et souhaitent maintenir les clés de la parole divine dans les mains d’une minorité. Je dois dire que cette courte présentation a éveillé ma curiosité. J’étais intrigué par la place qu’allait occuper ce maître d’armes dans cette guerre qui embrase la chrétienté et l’Europe.
Nous retrouvons ensuite Hans quelques années plus tard. Sa déchéance est évidente. Mais un événement va redonner un sens à sa vie. Un ami fidèle s’est enfuit de Paris avec un exemplaire de la Bible traduit en français. Sa mission est de l’amener en suite où il sera imprimé puis diffusé. Mais le périple n’est pas sans risque. Au rude climat hivernal des montagnes s’ajoute la poursuite effrénée de Maleztraza et ses sbires couplée à la chasse menée par une communauté de chrétiens peu favorables à la Réforme. Bref, l’issue de cette quête est bien incertaine. Hans arrivera-t-il à redonner un sens à sa vie en protégeant cet ouvrage si précieux et révolutionnaire ?