Les aventures de la fin du monde – Vincent Caut

LesAventuresDeLaFinDuMonde


Titre : Les aventures de la fin du monde
Scénariste : Vincent Caut
Dessinateur : Vincent Caut
Parution : Avril 2012


Vincent Caut est un auteur de bande-dessinée précoce. Après avoir gagné des prix de la BD scolaire à Angoulême, il parvient à faire éditer son blog sur sa vie d’étudiant. « Les aventures de la fin du monde » (qui eut l’honneur d’un blog, aujourd’hui fermé) narre l’histoire de Monsieur Toupin et Madame Billot, sa secrétaire. Dieu les a choisis pour reconstruire le monde. En effet, ils n’avaient alors vécu sur le brouillon de la Terre, il faut tout refaire (en mieux). Le tout est publié chez 12 bis pour 110 pages au prix de 13,90 €.

La bande-dessinée est construite sous forme de strips de 6 cases carrées. Chaque strip amène une chute et une histoire en découle. Ce procédé a été abondamment utilisé par Lewis Trondheim que ce soit dans le passé (« Le pays des trois sourires », « Politique étrangère », « Fennec ») ou même aujourd’hui avec « L’atelier mastodonte ». On retrouve chez Vincent Caut cette influence de façon très marquée. L’humour, l’absurde, le minimalisme graphique, tout rappelle Lewis Trondheim.

La Genèse version 2.0

LesAventuresDeLaFinDuMonde2Vincent Caut essaye donc de créer sa propre identité sur un sujet éculé : Adam, Ève et Dieu. Au départ, l’idée de faire une sorte de Genèse 2.0 est plutôt bien pensée. Malheureusement, le sujet est finalement peu utilisé. En revanche, la représentation de Dieu sous forme de pomme est là parfaitement exploitée du début à la fin.

Les gags fonctionnent plutôt bien, sans que l’on ne rie vraiment. On sourit parfois, mais cela manque de folie ou de chutes vraiment percutantes. Il faut dire que le dessin est minimaliste et participe peu à l’humour. Les gags visuels sont très rares et les expressions des personnages sont particulièrement limitées (Adam n’a pas d’yeux par exemple). C’est aussi là qu’on touche un peu aux limites de l’ouvrage. Avec un dessin très simple, Vincent Caut doit s’appuyer uniquement sur son scénario pour convaincre. Surtout qu’il a déjà produit des ouvrages aux personnages bien plus expressifs. Or, avec un sujet maintes fois abordé, il manque ici un peu d’originalité, de folie ou de constance dans l’humour.

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Ces « aventures de la fin du monde » laissent un goût d’inachevé. On lit l’ouvrage avec plaisir, mais sans vraiment rire. Et à la fermeture du livre, on l’oublie rapidement. C’est dommage car on sent le potentiel devant certaines idées pas toujours suffisamment exploitées.

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Note : 11/20

Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire – Nicolas Barral & Pierre Veys

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Titre : Les Aventures de Philip et Francis, T1 : Menace sur l’Empire
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Mars 2005


Si je vous parle de Philip et Francis, les plus bédéphiles d’entre vous penserons tout de suite à Blake et Mortimer, les célèbres héros nés de l’imagination d’Edgard P. Jacobs. Mon avis d’aujourd’hui va parler de leurs « cousins » nés sous les plumes de Pierre Veys et Nicolas Barral. Ces derniers ont écrit chez Dargaud un tome intitulé « Menaces sur l’Empire » dans la série nommée « Les aventures de Philippe et Francis ». D’un format classique et vendu au prix de presque quatorze euros, cette saga se présente comme très librement inspirée des personnages créés par Jacobs. « Menaces sur l’empire » est le premier tome de cette série parodique qui en comporte pour l’instant deux.

La quatrième de couverture de l’ouvrage nous offre un résumé de l’intrigue particulièrement clair : « Depuis quelques semaines, d’étranges phénomènes secouent le cœur de l’empire britannique. Londres vit des heures tragiques : les femmes se rebellent et entreprennent des actions spectaculaires et délirantes pour se libérer du joug de la domination masculine… On s’aperçoit ainsi que la stabilité de la société anglaise dépend entièrement de la discipline stricte qu’elles respectaient jusqu’alors. Ce changement de comportement annonce-t-il une catastrophe sans précédent ? D’où vient cette terrible menace ? Qui a intérêt à saper les fondements de cette brillante civilisation ? » 

Il est évident que cet album prend toute son ampleur quand il est lu par des adeptes de la série dont ils s’inspirent. Une méconnaissance des deux héros et de l’esprit de leurs histoires empêche de profiter pleinement de l’humour qui accompagne notre lecture. Du fait de son aspect parodique, il est évident que le ton de la narration est léger. Néanmoins, cela n’empêche pas l’histoire d’être composée d’une trame structurée. Cet album se veut indépendant et décrit du début à la fin une aventure de nos deux héros.

Une trame construite fidèlement sur les jalons posés par Jacob.

La lecture des premières pages nous fait découvrir des personnages familiers et pourtant plein de surprises. Ce cher Mortimer est un scientifique qui ne pense qu’à manger et qui semble avoir bien du mal à se concentrer sur les problèmes du royaume. De son côté, Blake est loin d’être le membre des services secrets que nous avons l’habitude de croiser. Il est ici un homme qui habite encore chez sa mère et qui ne semble pas posséder un charisme remarquable. Néanmoins, malgré ces différences, les auteurs respectent les codes de la série. La trame est construite plutôt fidèlement aux jalons posés par Jacob. Les différents personnages y possèdent leur place habituelle. La surprise réside davantage à la manière avec laquelle ils occupent leur place. Les auteurs arrivent à manipuler avec une certaine réussite les clichés de la série. Je n’ai eu aucun mal à me plonger dans cette aventure et ai pris énormément de plaisir à voir tous ces personnages de bandes dessinées raillés et tournés en bourrique.

Côté dessins, le trait est bien moins classique que celui si célèbre de Jacob. Les traits des personnages sont plus arrondis. Leurs visages sont plus expressifs. Sur cet aspect-là, la série est moins froide. Néanmoins les couleurs, les décors sont globalement fidèles à la série de départ. En feuilletant rapidement l’ouvrage, on pourrait s’y méprendre. Cela rend d’ailleurs le pastiche d’autant plus réussi. En effet, en respectant beaucoup de codes, en laissant bon nombres de repères aux lecteurs, les auteurs lui permettent de rire d’autant plus facilement de cet ouvrage.

En conclusion, j’ai passé un moment très agréable en lisant cet opus. Je ne regrette vraiment pas de me l’être fait offrir. Il est évident que les personnes non familières de l’univers de Blake et Mortimer n’ont que peu d’intérêt à s’y plonger. Pour les autres, je vous garantis une lecture très sympathique. Je trouve que cet album répond parfaitement aux attentes qu’on place en lui. De plus, il ne baisse pas en qualité tout au long de l’avancée de l’histoire. C’est à signaler parce que trop souvent dans les ouvrages caricaturaux, le soufflet humoristique disparaît trop tôt. Ce n’est pas ici le cas. Il ne me reste donc plus qu’à vous souhaiter une agréable rencontre avec ces « cousins » de nos célèbres serviteurs de la couronne britannique…

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Note : 13/20

Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. météo – Pierre Veys & Nicolas Barral

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Titre : Les aventures de Philip et Francis, T3 : S.O.S. météo
Scénariste : Pierre Veys
Dessinateur : Nicolas Barral
Parution : Septembre 2014


Un des indicateurs d’une série appartenant à l’Histoire du neuvième art est le fait que ses codes ont transpiré de ses albums au point de servir de support à la dérision et au pastiche. « Blake & Mortimer » possède cette caractéristique depuis la naissance il y a quelques années de sa jumelle caricaturale intitulée « Les aventures de Philip et Francis ». Elle est le fruit de la collaboration du scénariste Pierre Veys et du dessinateur Nicolas Barral. Ma critique d’aujourd’hui porte sur son troisième épisode « S.O.S. Météo » paru en septembre dernier chez Dargaud.

La quatrième de couverture nous offre la mise en bouche suivante : « Tout le monde la sait : le professeur Mortimer est gentil. Très gentil. Un peu trop, même. Ce qui fait que beaucoup de ses proches en abusent largement. Le capitaine Blake s’impose chez Mortimer avec un sans-gêne assumé. Nasir, le fidèle serviteur, tient tête à son maître, et ose même évoquer le hideux concept d’augmentation de ses gages. Les commerçants indélicats le traitent avec mépris. Les voyous du quartier le martyrisent et l’humilient depuis des années… Mais cela a assez duré ! Grâce à une terrible invention scientifique, notre charmant professeur va se transformer en une créature monstrueuse ! Prisonnier de ses instincts criminels incontrôlables, Mortimer va-t-il l’ennemi public numéro un ? »

Des références qui raviront les habitués de leurs aventures.

PhilipEtFrancis3b« S.O.S. Météo » est clairement un hommage à « S.O.S. Météore » un des plus opus les réussis de la saga. Il est d’ailleurs clairement évoqué au cours de l’histoire. La célèbre machine créée par le scientifique Miloch est présente. Les références à l’univers des célèbres héros britanniques sont fréquentes et raviront les habitués de leurs aventures. Une connaissance de la série de Jacobs me paraît indispensable pour saisir l’ensemble du spectre humoristique de l’album. Il s’agit d’un pastiche de qualité dans le sens où les codes originaux sont détournés à de nombreux moments et de nombreuses manières. L’idée de départ est originale et elle s’avère bien exploitée.

PhilipEtFrancis3cNéanmoins, l’ouvrage peut se lire comme une histoire indépendante dénuée de toute filiation prestigieuse. L’intrigue peut se découvrir comme une parodie d’enquête policière. Tous les aspects du genre sont tournés en dérision. Le travail d’écriture de Pierre Veys est suffisamment important pour offrir une quantité de gags appréciable. L’avancée est rythmée et la trame ne possède aucun temps mort. Le sourire guide la lecture du début à la fin. C’est un album qui se lit avec bonne humeur.

« S.O.S. Météo » est un vrai moment de divertissement. Le scénario n’est pas lutionnaire, les personnages ne possèdent pas une profondeur abyssale, l’atmosphère n’est pas envoutante. Malgré cela le déroulement des pages se fait avec plaisir et la curiosité est constante au fur et à mesure que les événements se révèlent. Sur le plan graphique, le trait de Nicolas Barral accompagne parfaitement la narration. Son dessin participe à l’ambiance délurée et sympathique qui transpire de chaque planche. Son style ne bouleverse pas le neuvième art mais valorise correctement le travail scénaristique.

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Pour conclure, « S.O.S. Météo » est un album de qualité. En découvrant le menu, les papilles sont éveillées. Après dégustation, je me suis dit que le plat était à la hauteur des attentes. Je pense que tout adepte de « Blake & Mortimer » gagnerait à se plonger dans cet hommage haut en couleur. Ce nouvel album confirme la qualité du travail collaboratif de Pierre Veys et Nicolas Barral et j’attends avec impatience la suite des pérégrinations de ces deux héros délurés…

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Note : 13/20

Kickass 3, T1 : Civil War – Mark Millar & John Romita Jr

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Titre : Kickass 3, T1 : Civil War
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr
Parution : Mai 2014


J’ai découvert l’univers de « Kick Ass » lors de la sortie de son adaptation dans les salles obscures il y a quatre ans. Ce film se démarquait dans l’univers dense des super héros pour plusieurs raisons. La première, dénoncée par bon nombre de critiques lors de sa sortie, était la violence qui transpirait de l’écran tout au long de la séance. L’idée de voir une gamine de treize ans trucider des mafieux à tout bout de champ et sans aucun état d’âme avait créé quelques malaises. La seconde concernait la nature même du héros. Il était un ado geek et transparent. Il n’avait ni pouvoirs, ni fortunes, ni revanches à assouvir. Il était juste fan de comics et rêver d’être un super héros. L’opus de Matthew Vaughn m’a enthousiasmé et m’a incité logiquement à partir à la découverte du bouquin qui l’a inspiré. Cette aventure est coécrite par Mark Millar et John Romita Jr. Les parutions américaines des méandres de Dave Lizewski sont éditées chez Panini Comics dans la collection 100% Fusion Comics. Depuis, je m’offre les différentes suites pour connaître le devenir de ce super-héros pas comme les autres et de son acolyte Hit Girl.

Dernièrement je me suis plongé dans « Kick Ass 3 ». Découpé en deux parties, ma critique d’aujourd’hui porte sur la première d’entre elles intitulée « Civil War ». Elle est apparue dans les librairies au mois de mai dernier. A l’image des opus précédents, elle se compose de cent vingt planches et regroupe les cinq épisodes américains initiaux de « Kick Ass 3 ». Le tome précédent s’était conclu par une bataille rangée entre les gentils et les méchants costumés. Cette guerre sanglante avait évidemment des conséquences pour nos deux héros. Dave avait poussé son ennemi historique et l’avait laissé dans la rue les os brisés. De son côté, Hit Girl avait été arrêté et s’apprêtait à passer une grande partie des années à venir derrière les barreaux. L’éditeur offre un résumé précis et concis des événements passés et permet ainsi de commencer la lecture avec des prérequis solides.

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Une introspection s’impose.

J’étais curieux de savoir quelle voie allait prendre l’intrigue. En effet, Hit Girl est emprisonné. Le grand méchant est hospitalisé pour quelques temps. La quête de Kick Ass semblait être terminée. La logique voulait qu’il entre dans une routine de ronde dans les rues de la ville avec ses collègues super héros pour aider la veuve et l’orphelin. Evidemment, la confrérie se fixe rapidement pour mission de délivrer leur mythique alliée en organisant son évasion. Mais le projet est de bien trop grande ampleur pour chacun d’entre eux et leur quête reste à l’état de mission. Finalement, l’essentiel de la trame se construit autour du personnage de Dave et l’introspection qu’il s’impose. Ses rêves de justicier existent toujours mais la dure réalité qu’il a vécue a tendance à lui rappeler l’attrait d’une vie plus classique. Dave rencontre l’amour et sa nouvelle relation cohabite difficilement avec ses nuits en costume. Même si ce dilemme n’est pas novateur, il est intéressant ici tant l’identification avec le héros est plus évident qu’avec un riche héritier ou un étudiant piqué par une araignée radioactive. Il s’agit, à mes yeux, de l’aspect le plus prenant de la lecture. On erre dans les pas d’un adolescent qui a été dépassé par les événements et qui essaie tant bien que mal de remettre sa vie à l’endroit sur des rails moins fragiles.

Kickass3bParallèlement, les auteurs font exister Hit Girl et Mother Fucker. La première gère de manière dictatoriale la prison et chacune de ses apparitions sont drôles tant elles sont démesurées et insensées. Une des forces de la saga est de rendre cohérent et crédible dans son univers ce personnage. On est plus choqué de voir une petite fille fumer une clope ou torturer un mafieux de passage. Sa part de l’histoire est incontestablement, par ses excès, la plus légère et celle qui utilise le plus l’humour. De son côté, les moments passés auprès de Mother Fucker semblent avoir pour objectif de reconstruire un monstre aux abois jusqu’alors. On sent la montée en puissance vers un affrontement final. Sans tout vous dévoiler, il faut savoir que le camp des méchants s’agrandit et se complexifie légèrement.

Concernant les dessins, ils sont dans la lignée du reste de la série. Je ne suis pas un grand fan du trait qui m’apparaît moins travaillé que dans certaines sagas plus classiques et européennes. Néanmoins, les personnages sont aisément assimilables et l’univers urbain dans lequel ils gravitent est crédible. La force du style de John Romita Jr est de faire gicler le sang et de montrer la violence avec éclats et sans aucun tabou. De ce fait, cet ouvrage n’est pas à mettre en toutes les mains. L’animalité des affrontements est montrée sans aucun filtre. Cela fait partie de l’identité de l’œuvre mais pourra légitimement en détourner certains lecteurs.

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Pour conclure, ce nouveau tome offre une suite honnête aux pérégrinations de Dave. La qualité est comparable à celle qui accompagnait la lecture des précédents albums. Nous pourrons toujours regretter que l’intrigue ne soit pas sublimée et ne prenne pas un nouvel envol plus enthousiasmant. La flamme est entretenue sans pour autant être ardemment alimentée. Il faudra s’en contenter…

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Note : 12/20

Le grand rouge – Wouzit

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Titre : Le grand rouge
Scénariste : Wouzit
Dessinateur : Wouzit
Parution : Mars 2011


Créé en 2009, le site web Manolosanctis avait donné plein d’espoirs aux dessinateurs de BD amateurs, heureux de trouver une plateforme de publication en ligne d’une rare efficacité. Mais surtout, Manolosanctis s’est mué l’espace de quelques temps en éditeur, ce qui causa sa perte. L’éditeur ferma, le site web avec. Si tous les livres de l’éditeur ne sont pas mémorables, force est de constater que quelques auteurs atypiques avaient été révélés par l’éphémère maison d’édition, que ce soit par des albums personnels ou collectifs. Parmi eux, Wouzit, qui publia « Le grand mort » chez Manolosanctis, un one-shot de 120 pages.

LeGrandRouge1Tout commence alors qu’Ivan échoue sur une île qui se révèle des plus étranges. Il va alors tenter de survivre dans cet environnement peu hospitalier, tel un Robinson. Le livre nous dévoile alors comme ce petit malfrat s’est retrouvé dans cette situation, capturé et condamné pour avec son compagnon William.

Construite sous forme de chapitres comme autant de flashbacks, la narration saute donc d’un univers à l’autre. D’un côté, Ivan est perdu seul sur une île et on essaie de comprendre ce qu’est cette île. De l’autre, Ivan fuit et on se demande s’il va s’en sortir, présageant que cette histoire passée expliquera l’histoire future. Cette narration montre sa pertinence en ménageant le suspense. Car Wouzit prend son temps et les révélations qu’attend le lecteur seront bien tardives.

Une narration et un rythme parfaitement maîtrisés.

Sans être forcément des plus impressionnants, le scénario est donc parfaitement servi par un procédé de flashbacks bien mené. Le rythme fait ici toute la différence. Surtout que les parties sur l’île sont souvent muettes, contrairement aux parties en ville. C’est d’ailleurs une des forces de l’ouvrage : Wouzit parvient à raconter les choses en muet. Il n’use quasiment jamais des onomatopées, si bien que les scènes d’action sont très silencieuses !

Au niveau du dessin, le style de Wouzit est particulier et assez simple. On oscille entre un dessin qui se veut moderne et une ligne claire plus classique. Malgré tout, les cases sont fouillées et sa construction de l’île force le respect par sa créativité. Cette île nous paraît terriblement étrange alors qu’elle n’est pas finalement si éloignée de nos codes. L’utilisation des couleurs en aplats simples renforce l’aspect ligne claire, même si le travail est vraiment abouti. La colorisation, simple au premier abord, est très réussie, donnant des ambiances avec beaucoup de subtilité, que ce soit pour les scènes sur l’île ou les scènes de nuit.

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C’est un livre des plus sympathiques qui nous est donc proposé. Sans être transcendant au niveau du dessin ou du scénario, toute la réalisation permet à l’ouvrage de passer un cap. La narration et le rythme sont bien menés, le style de dessin et les choix de couleurs sont pertinents. Du beau travail.

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Note : 14/20

Route 78

Route78


Titre : Route 78
Scénariste : Éric Cartier & Audrey Alwett
Dessinateur : Éric Cartier
Parution : Février 2015


En 1978, Éric Cartier et sa copine Pat partent aux Etats-Unis. Arrivés à New-York, ils veulent traverser le pays en stop et repartir de San Francisco. Ils viennent retrouver l’univers de Kerouac et tracer la route. Mais évidemment, tout cela est bien plus compliqué que ce qu’ils avaient imaginé. Rapidement sans le sou, le road trip va s’avérer être une véritable épreuve. Continuer la lecture de « Route 78 »

La guerre des Sambre, Maxime & Constance, T1 : Automne 1775, la fiancée de ses nuits blanches – Yslaire & Marc-Antoine Boidin

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Titre : La guerre des Sambre, Maxime & Constance, T1 : Automne 1775, la fiancée de ses nuits blanches
Scénariste : Yslaire
Dessinateur : Marc-Antoine Boidin
Parution : Septembre 2014


« Sambre » est une œuvre majeure des trente dernières années dans le neuvième art. L’œuvre d’Yslaire est assez unique dans son genre. Tant sur le plan graphique que scénaristique, elle possède une identité forte qui a su aisément me conquérir. La naissance de la saga date de 1986. Depuis, Yslaire a offert à sa trame principale des appendices qui nous éclairaient sur le passé de cette famille maudite. Ces développements narratifs prennent la forme de trilogie centrée sur une époque et un couple d’ancêtres de Bernard et Julie. « Hugo & Iris » et « Werner & Charlotte » étaient les premières à naître. « Maxime & Constance » est la dernière en date.

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C’est le premier tome de cette nouvelle histoire que ma critique traite aujourd’hui. Il s’intitule « Automne 1775 ». Malgré son insertion dans une toile scénaristique dense, cet album peut se lire sans nécessairement posséder de gros prérequis de l’univers de « Sambre ». Néanmoins, en maîtriser les arcanes permet de saisir certains moments ou certaines informations avec un angle de vue plus riche.

Une famille vouée à ne connaître que le malheur.

Les Sambre sont une famille vouée à ne connaître que le malheur. En effet, tous les membres dont j’ai eu jusqu’alors découvert les vies n’ont connu que souffrance, douleur et déchéance. Cet album ne déroge pas à la règle en offrant une introduction des plus intenses. Les révélations faites à Charlotte ne peuvent laisser personne indemnes. Le moins qu’on puisse dire est que c’est une armée de cadavres qui emplissent les armoires du passé familial.

Il est intéressant de se plonger dans une histoire qui a de grandes chances de mal se terminer. En effet, il est rare d’être résigné à une issue fatale dès la découverte des premières pages. En tant que lecteur, j’ai accepté que la malédiction qui domine cette famille soit telle que garder espoir est sans intérêt. Malgré cela, je reste curieux de rencontrer ces nouveaux jeunes membres de la saga. Maxime-Augustin est le personnage central de cette nouvelle trilogie. Nous le découvrons enfant puis le voyons grandir jusqu’à devenir un jeune adulte.

Son quotidien est rude. Les moments de bonheur sont rares et sont perçus par le lecteur comme des respirations entre deux scènes plus difficiles. Les auteurs arrivent à générer le malaise avec finesse et offre ainsi une lecture qui ne laisse pas indifférent. Les épreuves subies par le personnage principal devraient faire naître une empathie naturelle à son égard. Ce n’est pas totalement le cas tant Maxime-Augustin inquiète plus qu’il ne touche. Son développement personnel en fait quelqu’un de trouble. Sur ce point, le travail d’écriture est remarquable.

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Le bémol réside davantage dans la trame générale. Ce premier acte se contente d’être une introduction à la suite des événements. Au final, il se passe peu de choses. La narration avance à un rythme de sénateur. Certaines transitions auraient pu être traitées de manière plus courtes et densifier ainsi le propos. Une fois la lecture terminée, j’ai eu le sentiment que l’intrigue allait enfin pouvoir démarrer réellement. Je ne dis pas que cet opus est creux. C’est loin d’être le cas. Mais je pense que le fil narratif aurait pu se dérouler un petit peu plus rapidement.

Une des richesses de cette grande saga est son immersion dans l’Histoire. Le travail de reconstitution apparait sérieux. Les auteurs n’hésitent pas à intégrer de grands moments historiques dans le quotidien de ses personnages. Cette présence est moins forte dans cette trilogie que dans la précédente. Ce n’est pas dû à une fainéantise du scénario mais plutôt au changement de statut social des Sambre. Malgré tout, l’atmosphère de cette fin du dix-huitième siècle transpire de chaque page et apporte un écot à la qualité de l’ensemble.

Tout cela est sublimé par le trait de Marc-Antoine Boidin. Il était déjà à l’œuvre dans la trilogie précédente et confirme ici son talent d’illustrateur. Que ce soit les dessins ou les couleurs, tout est splendide. Il arrive à respecter le style original d’Yslaire tout en y apportant sa touche personnelle. La couverture est réussie et dès la première page, le charme agit. Chapeau !

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Pour conclure, « Maxime & Constance – Automne 1775 » présente une mise en bouche agréable au palais même si la quantité apparait un petit peu légère. Néanmoins, ce premier acte m’incite à déguster la suite avec appétit et curiosité. Ce n’est pas si mal, me semble-t-il…

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Note : 13/20

Magasin sexuel, T2 – Turf

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Titre : Magasin sexuel, T2
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Novembre 2012


Le premier tome de « Magasin sexuel » traînait un peu en longueur. Pas vraiment drôle, pas vraiment grinçant, il se situait dans un satyre légère de la campagne. La sex-shop ambulant, présenté comme majeur (à voir le titre et la couverture), n’était finalement que très secondaire. Ce deuxième opus vient clore cette histoire publiée chez Delcourt.

Tout commence par le maire Orloff qui essaie de convaincre son conseil municipal de construire une gare TGV, sachant qu’il n’y a pas de voie ferrée à moins de 70 kilomètres du village. Pour rappel, il y a 234 habitants au village. Orloff s’énerve, insulte un peu tout le monde… Voilà « Magasin sexuel » : c’est caricatural, excessif, mais pas bien drôle.

Entre humour et satyre.

MagasinSexuel2aL’intrigue principale concerne donc le maire réac et rétro qui tombe sous le charme d’Amandine, jeune fille à la tête d’un sex shop et qui, logiquement, n’apprécie pas vraiment M. Orloff qu’elle trouve lourd et bête. Une autre intrigue se mêle : celle de la disparition des lettres d’enseigne. Cela fait quelques jeux de mot, l’occasion pour le lecteur de sourire.

A la fermeture du diptyque, on se demande un peu l’intérêt d’avoir fait deux tomes. L’intrigue traîne. Cela pourrait permettre de développer les personnages, mais ce n’est pas du tout le cas. Le fait qu’Amandine soit orpheline n’apporte rien par exemple. Et comme l’auteur reste un peu entre humour et satyre, sans vraiment choisir son camp, le lecteur a bien du mal à adhérer.

Au niveau du dessin, je n’ai pas été séduit par le trait de Turf. Son découpage est varié, souvent riches en cases. Je trouve le dessin un peu irrégulier. De beaux efforts sont faits sur les décors et ses les ambiances, mais on n’en peut plus de voir la tête du maire !

« Magasin sexuel » m’a beaucoup déçu. Clairement, le thème ne se situait pas du tout dans un clash entre la campagne et la sexualité. Du coup, le fond de l’ouvrage se révèle bien léger. Mais c’est cela, « Magasin sexuel » : c’est léger, sans prétention et plein de couleurs vives. Pour ma part, je passe mon tour.

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Note : 8/20

Magasin sexuel, T1 – Turf

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Titre : Magasin sexuel, T1
Scénariste : Turf
Dessinateur : Turf
Parution : Mars 2011


Lorsque l’on nomme son livre « Magasin sexuel » (francisation du fameux sex shop), on génère forcément des attentes chez le lecteur. Celui-ci s’attend à un contenu coquin, voire sulfureux… Turf cherche ici le décalage. Dans une petite bourgade de campagne, un sex shop ambulant s’installe à la foire une fois par semaine. De quoi bousculer la vie de ses habitants ? Le tout est construit en diptyque chez Delcourt au format classique d’un 48 pages.

L’ouvrage fait dans l’opposition de style. Il y a d’abord le maire, Orloff, sorti tout droit des aventures de Spirou tant il ressemble au maire de Champignac graphiquement. C’en est gênant. Il est donc réac comme pas possible et assez bête. Mais il va s’éprendre de la jolie Amandine qui tient le sex shop. Mais elle n’est pas pour autant très coquine. Seuls ses vêtements courts suggèrent une libération sexuelle, mais cela ne va pas plus loin. Ses motivations pour le métier sont floues (elle préfère vendre des godemichés plutôt que des bottes en caoutchouc… Soit !).

Pas de réel enjeu malgré le thème.

MagasinSexuel1aCe premier tome pose des jalons mais n’avance pas beaucoup. Le passé de la jeune fille se dévoile mais sans vraiment nous toucher. Il n’y a pas de réel enjeu et la description de la campagne, qui se veut humoristique, manque cruellement de sel. Si bien que l’humour tombe à plat systématiquement. Que dire de ce bistrot vide où va boire le maire ? On y imagine déjà des scènes vivantes avec des habitués, mais rien ici. Le thème est effleuré et le pitch de départ reste inexploité. Dommage, car il y aurait de la matière à aller plus loin.

Au niveau du dessin, Turf possède un style particulier qui m’a peu séduit au final. C’est très (trop ?) coloré, plein de rose et de couleurs saturées. On voit par contre qu’il a plaisir de dessiner Amandine, dont il brosse les jambes avec délice. Malgré tout, Turf propose un ensemble cohérent avec son sujet, qu’il traite avec légèreté.

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J’ai été très déçu par ce « Magasin sexuel ». Trop léger et dilué, il finit comme une description caricatural de la campagne. Mais il aurait fallu en mettre une couche de plus pour en faire un ouvrage plus percutant. L’humour ne touche pas, les émotions sont rares… Le tout se lit sans forcément s’ennuyer mais on se demande un peu l’intérêt de tout cela en fin de tome. Peut-être que le deuxième opus apportera des réponses à cette interrogation ?

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Note : 8/20

Kick-Ass 2, T1 : Restez groupés ! – Mark Millar & John Romita Jr.

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TItre : Kick-Ass 2, T1 : Restez groupés !
Scénariste : Mark Millar
Dessinateur : John Romita Jr.
Parution : Juin 2012


« Kick-Ass 2 » est, comme son nom l’indique, la suite de « Kick-Ass ». J’avais découvert cet univers par son adaptation cinématographique. J’avais trouvé le film vraiment excellent et m’étais donc intéressant au comic qui l’avait inspiré. Même si le bouquin n’atteignait pas la qualité de son passage sur grand écran, j’étais suffisamment curieux pour m’intéresser aux nouvelles aventures du héros. L’ouvrage que je me suis offert regroupe les quatre premiers chapitres édités aux Etats-Unis. Composé d’une centaine de pages, le bouquin est édité chez Panini Comics dans la collection 100% Fusion Comics. D’un format comics classique, il est vendu pour un petit peu plus de onze euros et est apparu dans les rayons en juin dernier. Le scénario est l’œuvre de Mark Millar et les dessins de John Romita Jr.

Le premier tome nous avait permis de découvrir Dave, adolescent geek des plus classiques. Néanmoins, il décide de devenir superhéros sans pouvoir ni structure derrière lui. Il erre donc dans la rue costumé dans le but d’aider qui en aurait besoin. Mais quand on est un nerd et qu’on croise les méchants, on ramasse. Néanmoins, il obtient une popularité énorme quand une de ses interventions fait la une sur Youtube. Sa célébrité le met en contact avec Hit Girl et Big Daddy, deux superhéros qui ne rigolent pas. La première démantèlera dans le sang la mafia locale pendant que son père meurt de tortures. Mais Red Mist, ennemi juré de Kick-Ass rêve de vengeance…

La violence habite toutes les pages.

Cette suite débute de manière plutôt calme. Hit Girl essaie de devenir une fille de dix ans comme les autres. Kick-Ass rêve de voir une association de superhéros se former. Son souhait se réalise quand il est contacté par un groupe de vengeurs masqués. Ils sont prof, employé ou étudiant le jour. Mais la nuit ils deviennent Night-Bitch, Insect-Man ou le Colonel. Mais leur idéal prend du plomb dans l’aile quand réapparait Red Mist et sa clique. Je dois tout de suite vous préciser que ce bouquin ne s’adresse pas à tous les publics. La violence habite quasiment toutes les pages et le dessin se fait le devoir d’être particulièrement explicite. Il faut le savoir avant de s’y plonger. Les auteurs ne se fixent pas vraiment de limites dans le domaine.

Mais « Kick-Ass 2 » n’est pas uniquement un amas de trash, de gore et de violence. Je trouve que l’histoire est plutôt intéressante. Il n’est jamais évident d’offrir une suite à une intrigue qui n’en nécessitait pas forcément. On se laisse prendre par les différentes voies choisies par le scénariste. L’arrivé de Kick-Ass dans une guilde de superhéros, la difficulté pour Hit Girl pour être « normale », les rapports entre Dave et son père, le retour de Red Mist… Tout cela offre une lecture plutôt prenante. J’ai découvert la centaine de pages avec curiosité et empressement. La dernière page attise notre volonté de découvrir la suite au plus vite. La montée en intensité ne cesse tout au long de la narration. Les premières pages sont le calme qui précède une tempête qui ne cesse de grandir.

L’intérêt de Kick-Ass réside dans le fait qu’il est super héros qui n’est ni super ni héros. Il est un adolescent avec un costume. Il n’a que sa bonne volonté comme arme. Cela génère logiquement une empathie pour Dave. On s’identifie facilement à son quotidien puisqu’il n’a finalement rien qu’on ne peut avoir. Le fait qu’il traine tous les codes du loser le rend profondément sympathique. Contrairement à la version cinématographique, la jolie fille du lycée le déteste et ne lui parle pas. « Tout est bien qui finit bien » semble être bien peu adapté aux aventures de notre héros. Cela participe au plaisir de la lecture.

N’étant ni adepte ni connaisseur des comics, les dessins de John Romita Jr sont d’un genre différent de celui de mes lectures habituelles. La découverte n’est pas désagréable. Je trouve les pages très denses sur le plan des couleurs et des illustrations. On est loin du style épuré de certains auteurs. Les personnages sont très expressifs et excessifs. L’auteur se fait également plaisir dès que l’action est de sortie. Sa représentation de la violence ne laisse pas indemne. Je trouve que cela participe à l’atmosphère de la lecture quitte à générer un malaise à certains moments.

En conclusion, cet ouvrage offre une suite honorable à l’œuvre de départ. Je me suis laissé prendre dans l’histoire sans chercher pour autant à me montrer très exigeant avec une série que je trouve divertissante sans être mémorable. Il répondra aux adeptes des lecteurs curieux de connaitre la suite des aventures de Dave. Je suis d’ailleurs curieux de découvrir le second tome de « Kick-Ass 2 » pour connaitre le dénouement de cette histoire aux tendances apocalyptiques…

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Note 12/20