
Titre : Manuel de la jungle
Scénaristes : Nicoby & Joub
Dessinateurs : Nicoby & Joub
Parution : Mai 2015
Joub et Nicoby avait plutôt bien réussi leur biographie « Dans l’atelier de Fournier ». Ils s’y présentaient, interviewant l’auteur sur son passé. Cela est en train de devenir une de leur spécialité. Au point qu’ils partent réaliser un livre sur la jungle, en Guyane. Joub vivant à Cayenne, ils ont l’idée de retrouver deux instituteurs baroudeurs et de partir quelques jours dans l’Enfer vert afin de voir combien ce terme est galvaudé. Le tout est donc scénarisé par Nicoby et Joub. Le premier dessine, le second colorise le tout. C’est paru chez Dupuis pour 140 pages de bande-dessinées au prix de 19 euros.
Le récit présente donc deux citadins emportés par deux baroudeurs. Évidemment, les premiers ont très peur des bestioles : serpent, araignées, crocodiles, etc. Même si cette menace n’est pas la plus importante… Le livre démarre donc par un véritable manuel, les expérimentés expliquant aux nouveaux le fonctionnement de la survie dans ce milieu, entre chasse et binouze.
Un titre trompeur.
Mais l’histoire finit par tourner vers autre chose : la dénonciation des orpailleurs clandestins. Du coup, le livre est un peu scindé en deux et manque de cohérence. De même, les anecdotes nombreuses abondent dans le livre et coupent le rythme. On sent une forme de fourre-tout, intéressant certes, mais qui manque de travail de fond pour en faire un bouquin en tant que tel. Ainsi, le titre « Manuel de la jungle » est trompeur, mais c’est ce que devait être le livre au départ.
Malgré tout, la vie dans la jungle a un intérêt réel et on apprend beaucoup de choses. La deuxième partie, plus militante, donne aussi à réfléchir. Le tout se dévore d’une traite, l’humour est présent et on apprend énormément sur la jungle. Dommage que les auteurs se représentent toujours comme apeurés, voulant mettre fin à l’expérience au plus vite. Finalement, on se dit que ce voyage de quelques jours ne les aura pas changés. Surtout, ils paraissent encore plus terrorisés à la fin. Peut-être est-ce la réalité, mais le tout ne va pas très loin dans l’analyse. Joub et Nicoby ont choisi un récit de voyage sans trop chercher à approfondir le propos en aval.
Concernant le dessin, j’aime beaucoup le trait de Nicoby, sublimé par les aquarelles de Joub. Les ambiances sont posées, aussi bien dans la jungle, sur la pirogue, la nuit… Une vraie réussite. En revanche, on ressent relativement peu le côté « paradis des sens » vanté par la quatrième de couverture. Ce n’est pas évident avec du dessin de faire ressentir cela, mais dans les faits, la jungle est jolie mais on ne la ressent pas.

« Manuel de la jungle » est un ouvrage qui dévie de son intention première. Hésitant entre un apprentissage par des citadins de la jungle et une dénonciation des clandestins du lac, il manque un peu de cohérence. De même, il cède à la mode actuel en présentant une pagination excessive. Ainsi, la scène du restaurant, au départ, n’a aucun intérêt et rallonge artificiellement l’ouvrage. Mais si vous êtes un amateur des livres de Joub et Nicoby, ne boudez pas votre plaisir, on retrouve l’humour des deux compères et ce trait rond qui va si bien avec.
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Note : 13/20



Si le début de l’histoire est plutôt bien mené, on reste un peu sur notre faim. Les développements amenés trouvent une fin un peu brutale. Même si le sens de l’ouvrage prend son sens à sa fermeture, il y a, dans la narration, une impression que l’on partait vers ailleurs. Qu’importe, « Roi ours » possède un univers, une ambiance, une personnalité qui transparaît dès les premières pages. Le sujet abordé est original et, finalement, bien développé. Mais alors qu’on imaginait en début de livre une histoire complexe, on est plutôt du côté de la fable. Pris ainsi, « Roi ours » remplit son contrat.



Cela faisait trois ans et demi que la parution d’une nouvelle mission des Sentinelles étaient attendue. L’espoir était assouvi en octobre dernier avec la sortie du quatrième chapitre intitulé « Avril 1915 Les Dardanelles ». Wikipedia m’a appris que les Dardanelles fut un « affrontement […] qui opposa l’Empire Ottoman aux troupes britanniques et françaises dans la péninsule de Gallipoli dans l’actuelle Turquie du 25 avril 1915 au 9 janvier 1916 ». Cela confirme la volonté de Dorison d’intégrer ses héros dans la réalité du conflit.




Le troisième épisode de « New Beijing » est apparu en octobre dernier. Sa couverture était originale car elle présentait deux versions du même protagoniste, chacun étant extrait de son propre monde. Il s’agit de Zack Kosinski, personnage central, de chaque trame quelle que soit leur origine. Comme son nom l’indique, le monde est ici sous domination chinoise. Les dirigeants politiques ont emprisonné Charles et Veronika Kosinski, parents du héros. Ils sont de brillants scientifiques dont la plus belle découverte est la fusion noire. Leur création permet de transition d’une réalité à l’autre. Ce pouvoir donne libre cours à toutes les imaginations.
Les enjeux de l’histoire sont clairement établis depuis l’épisode précédent. Nous ne pouvons pas dire qu’ils évoluent énormément dans ce nouvel album. Le déroulement du film conducteur se fait davantage à un train de sénateur car qu’au rythme d’une course effrénée. Je ne renie pas le fait que les événements avancent et que les rapports de force évoluent un petit peu. Malgré tout, je ne peux pas affirmer non plus que nous assistons à un grand chamboulement et à un feu d’artifice de révélation. La trilogie terminée, bon nombre de questions restent en suspens. Les réponses arriveront peut-être dans les réalités parallèles ou dans l’épilogue…

Étrange choix des auteurs de plonger Gérard dans la paternité. Surtout que lui qui avait tant de mal à faire quoi que ce soit devient initiateur du projet. Mais soit, pourquoi pas. Le début de l’ouvrage, consacré à son emménagement est parfaitement réussi. On y voit le rapport entre Gérard et ses belle-filles. On retrouve l’ambiance du premier tome et les apparitions du roi de Belgique rappellent celles, précédentes, de la mère. Mais une fois la grossesse lancée, on perd un peu le film, les hallucinations du personnage rendant le tout très confus. Clairement, la magie n’opère pas aussi bien.
C’est surtout le dessin de Daniel Casanave qui m’avait poussé à feuilleter le premier album. Son style semi-réaliste, très relâché, fait merveille. C’est dynamique et parfaitement adapté au propos. Les deux auteurs se sont bien trouvés et fonctionnent en pleine osmose. Les planches sont riches en cases, permettant d’instaurer de nombreux silences. Du beau travail de découpage !