Chaos Team 2.1 – Vincent Brugeas & Ronan Toulhoat

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Titre : Chaos Team 2.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Mai 2014


 J’ai découvert Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat à travers leur travail sur « Block 109 ». J’avais été conquis par la qualité de cette uchronie tant sur le plan du scénario que du dessin. Les différents spin-off qui ont succédé à cet ouvrage ont confirmé le talent de ce duo d’auteurs. C’est avec curiosité que j’avais vu naître leur nouveau projet intitulé « Chaos Team ». Cette saga futuriste post-apocalyptique   semblait posséder un potentiel certain. Les deux premiers tomes l’ont confirmé. Le troisième épisode est apparu dans les bacs en mai dernier. J’ai pris le temps de m’y plonger la semaine dernière avec envie.

J’y ai retrouvé avec joie l’équipe de mercenaires construites autour du charismatique John Clem. L’histoire nous faisait découvrir une Terre ayant subi une attaque extra-terrestre. S’en était suivi un effondrement des gouvernements et le terreau était propice à la poussée de nouveaux mouvements extrémistes pour diriger le monde. Les derniers événements en date avaient vu les héros rejoindre les Etees, venus de l’espace. Ils les aident maintenant dans leur quête d’éradiquer de la planète les ennemis de la paix.

Un futur apocalyptique réaliste et original.

ChaosTeam21aLes adeptes de science-fiction devraient trouver leur compte de cette aventure. Le futur apocalyptique créé par les auteurs est à la fois réaliste et original. Les premiers tomes ont fait naître une atmosphère dense qui envahit le lecteur sans mal. Sans tomber dans de longs monologues, le scénario pose des jalons clairs et précis de la situation. Cette efficacité narrative se retrouve dans ce dernier épisode. Aucune phase de mise en route et d’observation n’est nécessaire pour démarrer l’intrigue. Dès les premières pages, les événements s’emballent et tout ce beau monde entre dans le vif du sujet. Les neuf mois qui séparent du dénouement du deuxième tome sont avalés sans mal.

La coalition menée par les Etees et la Chaos Team vole de victoire en victoire. La confiance envahit les protagonistes qui voient chaque mission comme une nouvelle étape de routine vers le succès. C’est le moment choisi pour qu’un nouveau méchant apparaisse. Il se fait appeler le Tsar. Ancien générale russe, il semble nostalgique de la Grande Russie. Perçu dans un premier temps comme un illuminé perdu au milieu d’un village, il s’avère bien plus dangereux que cela. Le souci est que les héros s’en sont peut-être rendu compte un petit peu trop tard. La seconde partie nous offre donc la fine équipe tombée dans un piège. C’est captivant car plein de surprise. Cela génère un nouveau souffle à l’intrigue. La force des auteurs est d’enchainer les péripéties sans jamais tomber dans la répétition.

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L’autre force de l’album est de ne pas surexploitée la dimension « extra-terrestre » de l’histoire. Elle est habilement exploitée pour donner de l’ampleur à la trame. Mais le dosage est suffisamment bon pour ne pas trop empiéter sur la place laissée aux personnages. Ce sont eux qui donnent le titre de la série et ce n’est pas pour rien. Une nouvelle fois, j’ai retrouvé avec plaisir John Clem et ses acolytes. Je me garderai de vous lister le casting. Cela n’a aucun intérêt. Je ne veux pas vous cacher les charmes de la rencontre. Il faut juste savoir qu’ils sont particulièrement « badass » : cool, charismatique et roi de la gâchette. Et parallèlement, on se laisse toucher par ses écorchés vifs que la vie n’a pas épargnés. Bref, des bons guerriers comme on les aime !

Et tout cela est mis en valeur par le trait de Ronan Toulhoat. Il m’avait séduit dans « Block 109 ». Depuis, il entretient la flamme à chaque nouvel opus. Ce « Chaos Team 2.1 » ne dément pas cet état de fait. Son coup de crayon possède une personnalité forte et appréciable. Que ce soit les visages ou les scènes de paysage, les détails sont de sortie. Il a également un talent impressionnant pour donner du rythme et de la tension aux scènes de combat. Sa capacité à dégager une lecture nerveuse de ces moments est remarquable. Il s’agit à mes yeux d’un des meilleurs dessinateurs de ces dernières années.

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Au final, cet opus de « Chaos Team » confirme la qualité constante de cette série. Sans être un monument d’originalité, sa trame est rythmée et sa narration efficace. J’attends avec impatience de connaître la suite de tout cela. La lecture est prenante et divertissante. Je vous conseille donc de partir à la découverte de cette communauté pas comme les autres…

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Note : 14/20

Chaos Team 1.2 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.2
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Août 2013


Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat sont deux auteurs que j’ai découverts en lisant la saga Block 109. Cette série m’a conquis autant par son scénario que par son atmosphère. Il s’agit d’une uchronie de grande qualité sur tous les plans. Il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de découvrir leur nouveau projet intitulé Chaos Team. Le premier épisode était très réussi et a attisé ma curiosité. C’est donc avec joie que j’ai vu apparaitre dans les rayons le second acte de cette histoire intitulée sobrement Chaos Team 1.2. Edité chez Akileos, cet ouvrage se compose d’une grosse centaine de pages. Bien que la couverture soit flexible, le format reste agréable.

La quatrième de couverture offre les mots suivants : « La mission de protection de Raul, le chef des Zetas, a été un échec complet pour le Chaos Team. Et suite à l’arrivée de Etee, John Clem et ses hommes se retrouvent bloqués à Lima. C’est au moment où ils s’apprêtent à s’enfuir de la capitale de la Nouvelle République Démocratique du Pérou que se manifeste un allié pour le moins inattendu. »

ChaosTeam2aTout d’abord, je tiens à préciser qu’il est indispensable d’avoir lu le premier tome avant de se plonger dans celui-là. Malgré les rappels réguliers quant au passé de la trame, il m’apparaît compliqué d’en maîtriser tous les arcanes sans prendre le temps de découvrir sereinement les prérequis des aventures de la Chaos Team.

Chaos Team est construit selon une structure semblable à celle des comics américains. L’intrigue se décompose en petit chapitre à l’identité propre et à la dernière case pleine de suspense et d’interrogation. Ce choix narratif est expliqué par Vincent Brugeas à la fin du bouquin. Ce squelette permet aux auteurs de jouer facilement avec la chronologie. Cela permet des flashbacks permettant de cerner plus précisément la personnalité des différents protagonistes. Néanmoins, ce mécanisme est moins utilisé dans ce second acte que dans le précédent.

Une moralité parfois nébuleuse

Chaos Team se construit autour d’une équipe de mercenaires. Ils sont moins d’une dizaine et sont tous issus des plus grandes organisations de forces spéciales du monde. Les événements les ont fait rejoindre cette organisation d’élite et non gouvernementale. Chacun possède des zones d’ombre nombreuses et denses. Les auteurs nous distillent les informations à dose homéopathiques. Cette dimension secrète rend les personnages fascinants et charismatiques malgré une moralité parfois nébuleuse. Les découvrir a été généré un vrai plaisir de lecteur chez moi.

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L’univers dans lequel gravite tout ce beau monde est un monde futuriste post-apocalyptique. La Terre a essuyé une attaque extra-terrestre. De nouveaux équilibres se mettent en place et la loi du plus fort est le mot d’ordre le plus d’actualité. Le premier tome était pleinement centré sur les membres de Blackfire, l’organisation de mercenaires. Ce nouvel opus voit l’intrigue changer de braquet dans sa vitesse de déroulement. La dimension science-fiction prend une toute autre ampleur. Les révélations s’enchainent à un rythme assez effréné. La trame utilise des ingrédients classiques qui ne révolutionnent pas le genre. Mais la qualité des personnages fait largement oubliée l’absence d’originalité de l’histoire. Rarement, une série est arrivée à faire cohabiter autant de protagonistes. Il s’agit d’une performance remarquable. Je me suis laissé porter par l’histoire davantage pour le plaisir de marcher aux côtés de John et ses acolytes plutôt que pour découvrir le dénouement.

L’atmosphère réaliste de cet univers résulte en grande partie de la qualité des dessins de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme dans Block 109. C’est donc avec plaisir que j’ai retrouvé son style assez unique dans Chaos Team. De plus, son trait participe activement à l’aura des personnages. Il leur offre une réelle profondeur et une identité graphique évidente. Un dessinateur aussi talentueux permet à la bande dessinée de prendre toute son ampleur artistique.

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En conclusion, j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger à nouveau dans cette aventure. Même si je place le premier opus au-dessus, ce second acte confirme la qualité de la série. Je suis donc curieux de découvrir la suite qui est promise pour l’année prochaine. En attendant, je conseille vivement aux adeptes du genre de découvrir cette troupe de mercenaires qui ne laissera aucun lecteur indifférent…

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Note : 17/20

Chaos Team 1.1 – Ronan Toulhoat & Vincent Brugeas

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Titre : Chaos Team 1.1
Scénariste : Vincent Brugeas
Dessinateur : Ronan Toulhoat
Parution : Février 2013


« Chaos Team 1.1. » est le premier épisode d’une saga née de la collaboration de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat. J’ai découvert ce duo en lisant « Block 109 ». Cette uchronie date d’il y a trois ans. J’ai été conquis par le travail des deux auteurs et par la qualité de l’univers qu’ils avaient créé. C’est donc avec une curiosité forte que je me suis plongé dans leur dernière production sorti en librairie le sept février dernier. Son format se rapproche de celui de la série précédente. Edité chez Akileos, sa taille s’approche davantage de celle d’un grand roman. L’histoire se déroule sur environ cent vingt pages. La narration se conclut par un texte du scénariste et par quelques pages de recherches graphiques du dessinateur. La couverture nous présente un personnage charismatique. Il est grand, musclé, expérimenté. Sa barbe compense sa calvitie. Il tient fermement une hache dans une ville qui semble dévastée. L’atmosphère dégagée s’accommode parfaitement avec le terme de Chaos évoquée dans le titre.

ChaosTeam1cLa quatrième de couverture nous présente le synopsis suivant : « Près de quatre ans après une frappe extraterrestre qui a détruit la majorité des forces armées et mis à genoux les gouvernements des différentes Nations du globe. La Terre n’est plus qu’un vaste terrain de jeux pour ses nouveaux maîtres, anciens mafieux, criminels ou autres fanatiques religieux. Ces derniers, devenus désormais de véritables seigneurs de la guerre font souvent appel à une entreprise de mercenaires et d’armement, ayant survécu à l’invasion et à même de fournir hommes, armes et munitions, voire produits de première nécessité : Blackfire Industries. C’est dans cet environnement de chaos et de guerre que nous découvrons la Chaos Team, une unité de mercenaires liée à Blackfire et dirigée par John Clem, en mission de protection à Grenade, auprès du nouveau Pape. »

Un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoire.

Toute la chronologie de l’histoire se construit autour d’une année zéro correspondant à la date de l’invasion extraterrestre. Les différents événements qui nous sont contés sont repérés par rapport à ce moment. D’ailleurs la narration n’est pas chronologique. Elle se découpe en chapitres qui peuvent être antérieurs ou postérieurs au « moment repère ». L’histoire ressemble donc à un puzzle dont les auteurs nous dispensent les pièces de manière apparemment aléatoires. Cela amène une densité forte à la lecture. Le dosage scénaristique est bien maîtrisé.

ChaosTeam1bChaque chapitre est précédé d’une présentation de son casting. La première page nous liste les différents protagonistes impliqués dans l’intrigue. Tous font quasiment partie de la Chaos Team. Les aventures de ce groupe hétéroclite servent de fil conducteur à notre découverte de cet univers. Les personnages sont évidemment fortement charismatiques et intrigants. Du fait de leur « emploi », on se doute qu’ils ne sont pas comme « monsieur tout le monde ». Ils possèdent nécessairement des capacités largement au-dessus de la moyenne. De plus, leurs « placards » sont nécessairement plein de « cadavres ». Ce sont ces zones d’ombre qui intriguent. Leur côté mercenaire fait qu’on n’arrive pas à ressentir une empathie absolue à l’encontre de tout ce beau monde. Leur éthique et leurs ambitions nous interrogent.

Cette nouvelle histoire est particulièrement mise en valeur par le dessin de Ronan Toulhoat. J’étais déjà tombé sous le charme en lisant « Block 109 ». Il possède un trait assez unique qui génère une atmosphère forte et prenante. Les personnages sont suffisamment variés et détaillés pour qu’on n’ait aucun mal à les différencier et à se les approprier. Le travail sur les couleurs est également de grande qualité et ravira les adeptes du genre. Que ce soit les scènes intimistes ou les plans beaucoup plus larges, tout est bien construit.

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En conclusion, cet ouvrage est très réussi. Il se lit avec appétit. D’ailleurs je m’y plongerai à nouveau avec plaisir. Cela me permettrait de profiter davantage des différents personnages. La suite de ce bouquin ne devrait pas tarder. Je l’attends avec une certaine impatience. Mais cela est une autre histoire… 

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Note : 17/20

Le jeu vidéo – Bastien Vivès

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Titre : Le jeu vidéo
Scénariste : Bastien Vivès
Dessinateur : Bastien Vivès
Parution : Décembre 2011


Bastien Vivès a tenu ce qui était certainement l’un des meilleurs blogs BD de la blogosphère. Utilisant le copier-coller pour créer de longues conversations souvent absurdes, il a parfaitement su utiliser le principe du défilement vertical pour créer un effet de temporalité (renforcé par les cases muettes). Fin 2011, la collection Shampooing lui ouvre les portes avec la publication de ses notes de blog. Et là, curieusement, il est décidé de sortir pas moins de six volumes pesant près de 200 pages dont les parutions sont étalées sur un peu plus d’un an. A dix euros le bouquin, ça fait cher le recueil de blog… Trop pour moi qui décidais de les lire en bibliothèque. Surtout que l’aspect thématique des ouvrages est plus ou moins réussi. Intéressons-nous ici au jeu vidéo dans ce qui est le premier opus publié.

LeJeuVidéo1Le livre se présente sous un format poche rappelant le manga. Chaque page comporte deux dessins (voire même un seul pour des questions de mise en page) apposés verticalement. Chaque scène présente de nombreux copier-coller ou presque. Certaines modifications apparaissent entre deux cases parfois, mais cela reste léger. Cela explique la pagination, car il n’y a pas tant de scènes que ça. C’est clairement un choix d’édition et on comprend bien vite qu’avec un autre format, on aurait eu droit à un seul recueil à vingt euros.

Street fighter & joystick

Malgré cet effet de répétition, le lecteur en a pour son argent. Les nombreux dialogues rendent la lecture relativement lente et si on a l’impression de tourner les pages à toute vitesse, le bouquin nous occupe un certain temps. Pour « Le jeu vidéo », Bastien Vivès est très à l’aise et il n’y a pas vraiment de déchets dans ses histoires. La qualité des scènes est constante et on sourit beaucoup. Mieux vaut connaître un peu les années 90 car il en est beaucoup fait mention. On parle de joystick et de Street Fighter (visiblement un jeu qui a marqué l’auteur). L’aspect nostalgique est très présent, notamment dans les conflits générationnels.

Le dessin de Bastien Vivès est ici réussi, même si les copier-coller rendent l’exercice un peu biaisé. Son dessin ultra-dynamique fait de touches de noir est reconnaissable et remarquable. Cela reste quand même très statique. Il est cependant impressionnant de voir que l’auteur peut nous faire rire sans même utiliser les expressions de ses personnages…

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Si les choix éditoriaux sont contestables, la qualité de l’ouvrage ne l’est pas. Drôle et un brin nostalgique, « Le jeu vidéo » se lit avec grand plaisir et vous rappellera vos moments de jeunesse devant la console, un magazine sur les genoux, à essayer de faire un coup spécial jusqu’à l’épuisement.

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Note : 15/20

Château de sable – Frederik Peeters & Pierre-Oscar Lévy

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Titre : Château de sable
Scénariste : Pierre-Oscar Lévy
Dessinateur : Frederik Peeters
Parution : Septembre 2009


J’ai découvert Frederik Peeters par sa série « Aama » où il officiait seul comme scénariste et dessinateur. Charmé par son dessin inventif et dynamique, j’avais envie de découvrir d’autres ouvrages de cet auteur. C’est chose faite avec « Château de sable », scénarisé par Pierre Oscar-Lévy, qui part un instant du cinéma pour faire un incursion dans la bande-dessinée. Ce one-shot d’une centaine de pages est publié chez Atrabile.

On est en été. Il fait chaud. Au bord d’une petite crique, des familles viennent profiter de la mer (et accessoirement, râlent de voir qu’elles ne sont pas les seules à connaître cette crique !). Mais voilà que l’on retrouve une jeune femme morte. Or, un Algérien traîne dans les parages, sans que l’on comprenne bien ce qu’il fait ici…

Des êtres humains face à des questions existentielles.

ChâteauDeSable1Curieux livre que ce « Château de sable ». Formé autour d’un huis clos très théâtral, il bascule rapidement dans le fantastique. Au-delà de cet aspect, c’est avant tout des êtres humains qui sont placés devant des questions existentielles. Difficile d’en révéler plus sans gâcher la surprise… Malgré le nombre de personnages importants, les auteurs les développent suffisamment pour enrichir le propos et amener de nombreux points de vue. Tous les âges, professions et caractères semblent représentés.

L’aspect humain est une chose, mais ce qui nous prend avant tout est le suspense. La montée en tension est remarquablement menée. On est vraiment pris dans l’histoire et on dévore les pages à toute vitesse. En cela, l’album est remarquablement géré. Les révélations sont données avec parcimonie. Une belle gestion du suspense !

Concernant le dessin, Frederik Peeters propose des personnages affirmés, aux traits aisément reconnaissables. Son trait au pinceau est d’une grande beauté et le noir et blanc lui rend honneur tant les cases sont pleine de matière. La représentation de la chaleur et de tant de personnages aux âges et corpulence différentes force le respect. Un grand dessinateur, s’il était encore besoin de le dire.

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« Château de sable » est un très beau one-shot. Remarquablement dessiné, doté d’une narration aux petits oignons et d’un suspense implacable, il ne vous laissera pas indifférent.

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Note : 16/20

Like a steak machine – Fabcaro

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Titre : Like a Steak Machine
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2009


Aujourd’hui, nombreux sont les auteurs à se lancer dans l’autobiographie. Fabcaro n’échappe à la règle. Je le connaissais alors pour « Amour, Passion et CX Diesel » (au scénario) et « Jean-Louis et son encyclopédie », des ouvrages 100% humouristiques. Avec « Le steak hâché de Damoclès » et « Droit dans le mûr » (aux éditions de La Cafétière), il se présentait comme quelqu’un de complètement névrosé, avec des problèmes de communication et de sociabilité très limitée. Bref, un personnage très loin de ce que l’on peut imaginer d’un auteur humoristique. Avec « Like a steak machine », Fabcaro reprend son processus introspectif. Douloureux souvenirs…

Le principe de « Like a steak machine » est décrit dès la première planche. Ici, une chanson sert de base à chaque planche. Chaque morceau rappelle un évènement passé : un premier concert, une nuit blanche, une rupture ou n’importe quoi d’autre. Chaque planche raconte une anecdote. Si bien que l’ouvrage est beaucoup plus orienté « souvenir » qu’ « analyse ».

Des anecdotes musicales pleine d’autodérision.

Le thème étant les souvenirs par la musique, on retrouve ainsi pas mal d’anecdotes musicales (notamment les concerts). Mais surtout, l’aspect introspectif est beaucoup moins fort, ce qui en fait un ouvrage plus léger que les précédents. L’humour est toujours fortement présent, avec une bonne dose d’autodérision.

Il y a également un petit côté désuet et nostalgique pas désagréable dans cet ouvrage. Raconter des souvenirs n’apporte pas toujours cet aspect-là mais ici on reconnaît l’époque sans peine. En effet, les citations de chansons, groupes et artistes sont autant de repères (ou pas justement !) disséminés dans chaque page. Cet aspect marqué dans une époque m’a rappelé de loin « Le Petit Christian » de Blutch.

Je ne cacherais pas que cet ouvrage est moins fort que les deux précédents. Le fait qu’il se construise sur des anecdotes de jeunesse le rend moins original. Il n’est donc pas rare de lire certains souvenirs quasiment à l’identique d’autres artistes. La force de Fabcaro tient avant de sa capacité à mettre de l’humour et de l’autodérision partout.

Et cet humour est fortement appuyé par le trait de l’auteur. En effet, ces personnages sont très expressifs (bien que moins « cartoons » que dans d’autres de ses BDs), notamment son alter-égo. Le trait relâché, en noir et blanc, est très agréable et lisible. Je le préfère de loin à son dessin « cartoon ».

Au final, « Like a steak machine » est peut-être l’ouvrage autobiographique de Fabcaro le moins original, mais aussi clairement le plus accessible. Moins axé sur ses névroses, le livre permet au lecteur de beaucoup plus s’identifier au personnage. Tout dépendra donc de ce que vous recherchez !

avatar_belz_jolNote : 16/20

L’infiniment moyen – Fabcaro

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Titre : L’infiniment Moyen
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2011


Dans « L’infiniment moyen », Didier Tronchet dit dans sa préface que Fabcaro « met beaucoup d’application à ne pas être connu ».Et c’est bien dommage, car Fabcaro a du talent à revendre ! « L’infiniment moyen » est un recueil de planches déjà parues entre 2003 et 2011, notamment dans Psikopat, Bedaine et CQFD. Un florilège sur 8 ans de dessin, on pourrait craindre un ensemble disparate. Heureusement, ce n’est pas du tout le cas.

« L’infiniment moyen » comporte trois types de planches. Les premières sont muettes et la chute est souvent un contre-pied complètement absurde. Les deuxièmes sont plus classiques, avec dialogues et chutes finales (où l’auteur se met parfois en scène). Enfin, quelques illustrations complètent le tableau. Le tout est évidemment entièrement humoristique.

Un humour oscillant entre humour classique et humour franchement glauque.

La variation des situations et des personnages peut être pris comme un défaut et pourtant il est aussi révélateur de la capacité de Fabcaro à faire des blagues en créant un contexte rapidement. Pas d’univers sur lequel se reposer, pas de blagues récurrentes, uniquement de l’instantané. Et force est de constater que le tout est très drôle, oscillant entre le classique et le franchement glauque. Il y en a pour tous les goûts.

Je tiens à féliciter les personnes qui ont participé à la maquette de cet ouvrage. En effet, les différents types de planches sont parfaitement équilibrés entre illustration, muet et parlant. On croirait presque que c’est un ouvrage dessiné pour l’occasion. On découvre ainsi un Fabcaro possédant un véritable univers, une ambiance pleine d’humour noir et décalé. On est souvent surpris et les rires sont fréquents lors de la lecture. Encore une fois, Fabcaro confirme tout le bien que je pense de lui.

Le style graphique de l’auteur est toujours aussi sympathique. Le trait est dynamique, tout en noir et blanc. C’est un vrai plaisir. Une mention spéciale est à accorder aux visages qui semblent toujours sur la brèche, que ce soit d’angoisse, de colère ou de désespoir. Les personnages ne semblent jamais sereins (et ceux qui semblent heureux sont source d’angoisse pour les autres). Cela participe fortement à l’ambiance noire qui se dégage des planches.

Au final, « L’infiniment moyen » est un recueil des plus réussis. Certes, ce n’est peut-être pas le meilleur moyen de découvrir Fabcaro, mais il comblera sans peine les adeptes de l’auteur et les lecteurs amateurs d’humour grinçant.

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Note : 15/20

Le chien qui louche – Etienne Davodeau

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Titre : Le chien qui louche
Scénariste : Etienne Davodeau
Dessinateur : Etienne Davodeau
Parution : Octobre 2013


 Etant un fervent et régulier visiteur du Louvre, j’aime lire la collection qui y est consacré chez Futuropolis en partenariat avec les instances du Musée. Faisant appel à de (très) grands noms de la bande-dessinée, cela reste hélas souvent des œuvres de commande où les bédéastes peinent à pleinement s’accomplir. J’avais confiance en Etienne Davodeau. Ce dernier aborde le point de vue d’un gardien de musée… Le tout pèse quand même 134 pages.

Fabien est donc agent de surveillance au Louvre. Pour la première fois, il rencontre sa belle-famille, dont les deux frères et le père sont peu commodes et très beaufs, à la tête d’une entreprise de vente de meubles. Mais un aïeul a été peintre au cours du XIXème siècle. On n’a gardé de lui qu’une toile d’un chien qui louche. Ce tableau est évidemment une croûte sans intérêt. Mais Fabien doit essayer de la faire entrer au Louvre.

LeChienQuiLouche2Etienne Davodeau apporte vraiment sa patte au thème. Ainsi, il pose la question de la légitimité de la présence d’une œuvre au Louvre. Qui décide, comment et pourquoi ? Il amène aussi par la famille très beauf le problème de la vision de la culture par certaines personnes. On voit ainsi des gens toucher les œuvres et ne pas les respecter du tout. Quant à la culture, clairement, ils n’y comprennent rien, reprochant la nudité des statues et faisant des remarques complètement déplacées et décalées sur ce qu’ils voient.

Dialogues truculents et burlesque.

Hélas ces réflexions ne vont pas bien loin et l’histoire part finalement dans l’absurde, voire le burlesque une fois l’apparition de la curieuse République du Louvre. Le soufflet retombe et à la fermeture de l’ouvrage, on se demande si l’auteur n’aurait pas pu aller plus loin, surtout avec une si abondante pagination. Malgré tout, la galerie de personnages est plaisante et certains dialogues truculents. Etienne Davodeau appose ton style, mais sans réellement arriver à s’approprier le sujet. C’est certainement un choix de ne pas vouloir intellectualiser trop fortement le propos.

Concernant le dessin, c’est du beau travail. Le trait dynamique est parfaitement mis en valeur par le lavis. La narration est fluide et agréable. L’auteur n’est pas n’importe qui, cela ressent tout de suite ! Et alors que le livre parle avant tout d’une peinture, c’est bien les sculptures du Louvre qui obsèdent Davodeau qui les dessine à tort et à travers. On reconnaît sans peine les œuvres, mais du coup le parallèle entre les sculptures et la peinture du chien qui louche ne se fait pas. C’est dommage, on passe peut-être à côté de quelque chose d’intéressant.

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« Le chien qui louche » est un peu inégal. Si certaines scènes et dialogues sont formidables (lorsque les provinciaux découvrent qu’il y a des meubles en exposition au Louvre par exemple), mais le sens général de l’ouvrage manque un peu de substance et de réflexion. A la fermeture du livre, on a l’impression que l’auteur n’est pas allé au bout de sa démarche. Dommage.

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Note : 12/20

L’Album de l’Année – Fabcaro

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Titre : L’Album de l’Année
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Février 2011


Il existe un exercice classique chez les auteurs de BD, c’est de réaliser un dessin par jour pendant un an. Nombreux sont ceux à s’y essayer (notamment depuis l’avènement des blogs BD), mais peu sont ceux qui vont au bout. Mais si faire ses 365 dessins est un but, un autre objectif est évidemment de leur donner un véritable intérêt. Et pour ça, il faut un véritable talent ! Ce talent, Fabcaro l’a sans aucun doute. Alors que vaut son ouvrage « L’album de l’année », regroupant 365 dessins retraçant une année de sa vie ?

Cet ouvrage, publié aux éditions de La Cafetière, fait 53 pages, comme le nombre de semaines dans une année. Intelligemment, l’ouvrage est découpé comme un agenda. On a droit au numéro de la semaine, les dates, un petit dessin de Fabcaro à son bureau pour dessiner et une citation (par exemple : « Avril sous les eaux, Tintin au Congo »). Voilà pour l’habillage. Mine de rien, cette présentation a un vrai sens et augmente l’intérêt de l’ouvrage. Outre les citations, les petits dessins forment à eux seuls une petite histoire et méritent une seconde lecture… En plus de cet en-tête, on retrouve donc à chaque fois sept dessins. En gros, un descriptif rapide (« je boucle mon album « Jean-Louis » sur le rotules) et un dessin qui l’illustre (Fabcaro, écroulé sur son bureau, essaye en vain d’ouvrir une bière pour fêter ça).

Des running-gags à trois mois d’intervalle

Il est évident qu’avec ce genre d’ouvrage, chaque illustration ne possède pas un intérêt énorme et tout n’est pas drôle. L’important est que l’auteur parvienne à faire rire régulièrement. Mission réussie ! Fabcaro parvient régulièrement à nous faire sourire et rire avec son humour tout en autodérision. Or, ce n’est pas évident car à certains moments, il n’a vraiment rien à raconter ! Il utilise alors l’intérêt d’un dessin par jour pour amener une répétition bienvenue… D’ailleurs, il est impressionnant de voir comme le projet est remarquablement géré sur une telle durée. Fabcaro parvient à mettre des gags de répétition à trois mois d’intervalle… Du grand art !

Evidemment, l’aspect autobiographique est essentiel ici. Les névroses de Fabcaro sont d’autant plus visibles (il se présente comme hypocondriaque). Cependant, ce qui change avec ses autres ouvrages autobiographiques, c’est que certains évènements dramatiques arrivent pendant cette année 2009. Au point que l’auteur se demande s’il doit continuer l’ouvrage. On le sent particulièrement angoissé, voire déprimé et on le voit lutter pour poursuivre sa bande-dessinée. Cela donne un aspect touchant, différent de l’autodérision habituelle.

C’est aussi l’occasion d’appréhender la vie d’un artiste auteur de bande-dessinée. Fabcaro y parle beaucoup de son travail (hésitations, nouveaux projets, angoisses, bouclages, etc). Pour ceux qui s’y intéressent un minimum, c’est très intéressant par exemple de voir que Fabcaro déclare avoir un « style de merde tout figé », ou encore qu’il déteste faire les couleurs…

Graphiquement, c’est impeccable. Les dessins sont imprimés petit mais ne posent pas de problème de lecture. On retrouve le trait de Fabcaro, noir et blanc et relâché. Evidemment, comme tout est petit, les décors et détails sont rares. Mais avec peu, Fabcaro sait renforcer son propos avec un dessin toujours expressif.

Si « L’album de l’année » n’est pas l’album de l’année, il est une preuve de plus que Fabcaro est un auteur de grand talent. Cet ouvrage se dévore de la première à la dernière page sans jamais lasser. Pour les fans de l’auteur, c’est un livre à ne pas manquer. Pour ceux qui ne connaissent pas encore Fabcaro, je vous conseille de démarrer par ses premières autobiographies.

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Note : 15/20

Jours de gloire – Fabcaro

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Titre : Jours de gloire
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2013


Fabcaro est un auteur que j’adore. Son humour, absurde, est facilement reconnaissable et fait mouche à chaque fois. Quand je suis tombé sur « Jours de gloire », un recueil de strips parus chez Altercomics, je n’ai pas pu y résister. Et pourtant le prix de 13€ pour une cinquantaine de strips m’avait fait un peu tiquer. Mais quand on aime, on ne compte pas…

Le strip est une des spécialités de Fabcaro. Du moins le gag à chute absurde ! On le retrouve dans nombre de ses livres (« Z comme Don Diego », « On n’est pas là pour réussir », « Amour, Passion & CX Diesel », etc.). C’est également le cas ici. La différence, c’est qu’il n’y a pas réellement de contexte, alors que les précédents bouquins cités concernaient Zorro, les auteurs BD ou la parodie de série télé. Du coup, on perd beaucoup sans univers. Le redondance étant une des qualités de l’humour de Fabcaro, il perd ici de son efficacité. Son héros (ou plutôt antihéros) est trop impersonnel. Dommage.

Un recueil un peu léger.

Cependant, l’humour absurde de l’auteur, s’il vous parle, reste quand même au niveau. Les chutes font leur petit effet et savent nous surprendre. Notre héros est un imbécile dragueur qui ne cesse de gaffer. On sourit souvent mais le temps passe hélas vite et le livre est refermé alors que l’on en demande encore… Le format à l’italienne est parfaitement adapté à l’ouvrage, mais cela donne l’impression que cela sert à cacher la pauvreté du nombre de strips. Car en format en A4, il n’y aurait plus qu’une quinzaine de pages à lire. Et du coup, c’est le prix qui fait un peu tiquer.

Au niveau du dessin, Fabcaro adopte un trait simple et efficace, adapté au propos. Les pages sont parfois un peu vides car il n’y a pas de décor. Mais l’essentiel n’est pas là, c’est avant tout le propos qui prime.

Clairement, cet ouvrage est un peu bancal. Recueil de strips réalisés entre 2003 et 2010, on peut se demander se cela méritait un livre. Il ne faut pas s’y tromper : les strips sont drôles et réussis, mais la lecture est trop courte pour le prix proposé. Quant à Fabcaro, il nous a habitué à encore mieux lorsqu’il ajoute un contexte à ses strips : il sait alors exploiter l’univers pour bonifier l’ensemble. Une déception, même si le tout m’a donné le sourire du début à la fin.

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Note : 10/20