Droit dans le mûr – Fabcaro

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Titre : Droit dans le mûr
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Décembre 2007


Après un premier ouvrage autobiographique qui mettait à nu ses névroses (« Le steak hâché de Damoclès »), Fabcaro remet le couvert avec « Droit dans le mûr ». Comme il le dit lui-même : « Faut être maso ». C’est donc reparti pour une série d’anecdotes pleine d’autodérision sur les problèmes relationnels de l’auteur. On retrouve notamment son incapacité à dire « non » et, de façon générale, à s’imposer.

Si certaines anecdotes ne font qu’une page (ce sont rarement les plus intéressantes), d’autres sont un poil plus longue, amenant souvent une réflexion plus large (l’achat de la maison, le mec au walkman, etc.). Evidemment, une chute nous attend toujours à la fin. Heureusement, la chute n’est pas le seul moment où l’ont ri. L’humour est omniprésent. Parfois absurde, parfois touchant, Fabcaro a un humour vraiment particulier, une vraie patte. Un bonheur pour les zygomatiques.

Un bilan de l’autobiographie et un bilan autobiographique.

Le début de l’ouvrage démarre sur le bilan de la première autobiographie. En effet, Fabcaro expose les problèmes liés à la publication d’un tel ouvrage… Evidemment, c’est passionnant et le fait que l’auteur n’assume absolument pas le contenu rend le tout encore plus intéressant. Ainsi, « Droit dans le mûr » et « Le steak hâché de Damoclès » fonctionnent clairement comme un diptyque. Assemblés, ils traitent plus ou moins des mêmes thèmes et donnent finalement plus de cohérence à l’ensemble.

Comme son nom l’indique, « Droit dans le mûr » s’attarde sur le vieillissement de l’auteur. Ce dernier, la trentaine passée, doit laisser certaines de ses anciennes convictions au passé. Ainsi, rien ne s’arrange vraiment quand on vieillit (alors qu’il était persuadé du contraire !) et on finit par faire des choses terribles comme devenir propriétaire (ce passage est d’une justesse incroyable) alors qu’on rejetait le concept de propriété à 20 ans. Fabcaro n’hésite d’ailleurs pas à se représenter en conversation avec son alter-ego plus jeune. Si le procédé n’est pas nouveau, il est ici utilisé avec parcimonie, énormément d’humour et se révèle finalement touchant. On a tous en nous quelque chose de Fabcaro.

Le dessin est toujours efficace avec un noir et blanc élégant et maîtrisé. Les expressions des personnages, très travaillées et marquées, renforcent l’humour des situations. Le tout est souvent articulé en planches composées de trois bandes horizontales, apportant de la cohérence à l’ensemble (et un peu de rigidité, il est vrai).

Après un « Steak hâché de Damoclès » réussi, « Droit dans le mûr » est clairement un cran au-dessus de part une certaine cohérence et une patte de l’auteur plus affirmée. Les deux ouvrages tirent un portrait hilarant de Fabcaro, plein d’autodérision. Indispensable pour tous les fans de l’auteur !

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Note : 16/20

Le steak haché de Damoclès – Fabcaro

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Titre : Le steak haché de Damoclès
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Juillet 2005


Faut-il être névrosé pour être auteur de bande-dessinée ? En lisant les différentes autobiographies, on peut se le demander… Ainsi, Fabcaro démarre « Le steak haché de Damoclès » sur ces mots : « une bande-dessinée sur mes problèmes de communication ? J’ai aucune envie d’étaler mes névroses… ». L’auteur rentre ici dans un travail d’introspection. Et qui dit introspection, dit forcément anecdotes… Histoire de justifier ses dires.

Le titre de l’ouvrage vient justement de la première anecdote où Fabcaro, encore enfant, doit aller acheter une baguette de pain. Il reviendra avec un steak haché… De là démarre ses problèmes de communication. Ceux-ci sont avant tout l’incapacité à se concentrer sur ce que racontent les autres et son impossibilité à dire « non ». De ces handicaps en résultent nombre de quiproquos avec un peu tout le monde.

Comment s’assumer comme auteur de bande-dessinée ?

Cependant, rapidement les anecdotes de l’auteur font apparaître d’autres problèmes récurrents dont la difficulté à assumer son statut d’auteur de bande-dessinée (il faut avouer qu’il n’est pas aidé !). Ainsi, dès que la situation financière devient difficile, le spectre du « concours de prof » ressort. Ayant des enfants, Fabcaro ne peut pas se permettre la précarité. C’est un vrai sujet, traité avec beaucoup d’humour certes, mais qui doit être terrible pour les auteurs de BD.

Etant donné toutes les névroses dont je viens de parler, on pourrait penser que Fabcaro s’apitoie sur son sort et se donne finalement une image pathétique. Ce n’est évidemment pas le cas. Capable d’une autodérision impressionnante, l’auteur ne se cherche aucune excuse (à part la lâcheté, c’est dire !). Résultat, le tout est diablement drôle. On est parfois stupéfait par les situations dans lesquelles arrive à se mettre l’auteur simplement parce qu’il est incapable de communiquer correctement. Ainsi, quand on l’appelle par un prénom différent, il n’arrive pas à dire « ce n’est pas Fabien, c’est Fabrice ». Et de là découle un problème insoluble.

Cette autobiographie, centrée sur les problèmes de communication, est un peu bordélique quand même. Les anecdotes sont plus ou moins pertinentes et à des périodes très différentes de la vie de l’auteur. Cependant, Fabcaro ouvre correctement son bouquin (en présentant le sujet) et le referme lorsque sa copine lit l’ouvrage en question. Cela compense l’aspect un peu décousu de l’ensemble.

Au niveau du dessin, j’ai été séduit par le travail de Fabcaro. Entièrement en noir et blanc, le trait est dynamique et bien plus complexe qu’il peut paraître à première vue. L’expressivité des personnages (et notamment de l’auteur) sont en effet de grands renforts à l’humour déjà très drôle.

Difficile de savoir si Fabcaro exagère ou pas ses névroses. Et après tout, on s’en moque et on rit souvent devant les aléas de son avatar. Il arrive à gérer des gags récurrents et à illustrer les angoisses du personnage tant graphiquement que dans les dialogues de façon vraiment talentueuse. Une autobiographie intéressante et, parfois, hallucinante !

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Note : 14/20

Amour, Passion & CX Diesel – Fabcaro & James

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Titre : Amour, Passion & CX Diesel
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : James
Parution : Avril 2011


J’ai découvert il y a peu dans « Fluide Glacial » la bande-dessinée« Amour, Passion & CX Diesel ». Charmé par l’humour absurde des planches, je me suis empressé d’en faire l’acquisition. Cette BD est scénarisée par Fabcaro, que j’avais découvert avec « Jean-Louis et son encyclopédie » et dessiné par James, dont j’apprécie le dessin depuis que j’ai lu « Dans mon open-space ».

L’histoire de « Amour, Passion et CX Diesel » parodie les soaps operas américains type « Dallas » ou « Les feux de l’amour ». La famille Gonzales est en effet en émoi : le patriarche, Harold, est atteint de la maladie d’Alzheimer. Sa mort semble alors imminente. Immédiatement, l’héritage va devenir un enjeu crucial des différents enfants et leurs conjoints. Notamment la fameuse CX Diesel qui attise toutes les convoitises…

On comprend en lisant le pitch que cette bande-dessinée est complètement décalée. Loin du luxe habituel des séries américaines, on se retrouve dans une famille franchouillarde un peu (beaucoup ?) minable sur les bords. Leur grande bêtise et leurs coups bas rappelleront inévitablement les grandes comédies italiennes telles que « Affreux, bêtes et méchants ». Les hommes sont particulièrement stupides, les femmes s’en sortant à peine mieux.

La bêtise des personnages portée à l’absurde

L’aspect parodique est parfaitement assumé. Ainsi, un enfant naît dans la famille et trois hommes croient en être le père (avec le postier en prime). Les infidélités sont fréquentes et tout le monde semble se détester. La bêtise des personnages est portée à l’absurde. Ainsi, Jean-Mortens, bien que noir, n’est pas considéré comme tel (même lorsqu’il essaie de faire son coming-out…). L’ouvrage tient avant tout de sa galerie de personnage. Du père qui oublie tout, au beau-frère chômeur qui s’invente un métier, en passant par la belle-sœur infidèle au dernier degré, sans oublier le frère patron d’une boîte de nuit minable.

amourpassion-CXdiesel3L’héritage est le fil rouge de la BD mais d’autres intrigues sont menées petit à petit, rendant la lecture très agréable. Le tout est présenté par séquences de six cases carrées, amenant immanquablement une chute. Le tout est parfaitement maîtrisé de bout en bout amenant jusqu’à la conclusion finale que je ne révèlerai pas ici. L’humour est omniprésent et dense. On n’a pas d’impression de remplissage comme c’est parfois le cas dans ce genre d’ouvrages.

Le dessin de James est très élégant et adapté aux gags. Son trait simple et animalier renforce d’autant plus le côté parodique de l’ouvrage. Cependant, comme tout passe par le dialogue, on a une impression parfois statique de l’ensemble. Le dessin peine à se renouveler parfois. Ce dernier est cependant mis en valeur par la colorisation de  BenGrrr. Alors qu’on s’attendrait à des couleurs vives, les auteurs ont opté pour des couleurs pastel beaucoup plus douces. Un choix judicieux étant donné le résultat.

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« Amour, passion & CX Diesel » est donc une bonne parodie, complètement absurde. En ne se donnant pas de limite, les auteurs font mouche. Les mesquineries des uns et des autres sont vraiment ridicules et nous feront rire plus d’une fois. Comme dirait un des personnages : « Toujours la CX Diesel ! Ne peux-tu pas avoir un peu plus d’ambition ? »

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Note : 14/20

La Clôture – Fabcaro

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Titre : La Clôture
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Avril 2009


« 6 pieds sous terre » est une maison d’édition qui cherche avant tout à donner de la liberté aux auteurs. Dans « La clôture », Fabcaro profite de cette liberté pour délivrer un récit complètement absurde et expérimental. Difficile à définir ce qu’est « La clôture ». Avant tout, cet ouvrage décrit la difficulté pour un auteur (en l’occurrence, Fabcaro) d’écrire des scénarios quand on est empêtré dans le quotidien (avec notamment une clôture à réparer).

Pourtant dans les premières pages, point de présence autobiographique de l’auteur. On démarre le tout sur des personnages fictionnels. Très intrigué par le début de l’histoire, le lecteur est rapidement rassuré lorsque la compagne de Fabcaro déclare, en lisant ces mêmes pages : « Mais… C’est totalement incohérent… On comprend rien du tout… ». L’auteur déclare alors qu’il est au bord de la dépression et qu’il n’arrive pas à scénariser avec tout ce qu’il a à faire à côté…

Les scènes se succèdent sans lien apparent entre elles.

Et justement, malgré tout cela, Fabcaro va pourtant nous scénariser une histoire entre Sonia et Pierre. La première ne rencontre que des losers et voudrait trouver quelqu’un. Le second cherche avant tout un emploi mais semble complètement incompétent pour cela. Ils finiront quand bien même par se rencontrer après de nombreuses péripéties. Laissant libre court à son imagination, les scènes se succèdent sans lien apparent entre elles.

lacloture1Au fur et à mesure des pages, Fabcaro s’intègre dans sa propre fiction, se mettant alors à parler avec ses « acteurs » de ses états d’âme. Pendant ce temps, l’histoire continue… Cette partie autobiographique, sous une apparence classique, est toujours agréablement mise en scène par Fabcaro. Outre le comique absurde de répétition, on retrouve l’auteur devant ses contradictions : faire un ouvrage original au risque d’en « vendre huit ». La panne d’inspiration reste évidemment le principal sujet de l’ouvrage, puisqu’il est la raison du bordel incroyable qu’est « La clôture » : ne sachant qu’écrire, Fabcaro fait n’importe quoi, essayant des choses diverses et variées. Evidemment, les dernières pages amènent un éclaircissement salvateur et « La clôture » prend alors tout son sens.

Malgré la confusion volontaire du récit, on rit beaucoup dans cet ouvrage. Les dialogues, les situations absurdes, le mélange des genres… Fabcaro maîtrise son humour si particulier et personnel avec maestria. Qu’importe le personnage ou le lieu, l’auteur parvient à nous arracher des rires avec un sens du contre-pied incroyable.

Au niveau du dessin, j’avoue être très fan du trait de Fabcaro. Ses personnages aux longs cous sont très expressifs. Mention spéciale aux silences, parfaitement retranscrits graphiquement, souvent par une répétition maîtrisée et intelligente de la case.

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« La Clôture » est une œuvre exigeante. La feuilleter dans une librairie ou une bibliothèque risque fort de faire hésiter le lecteur. Doté d’un humour efficace et d’une mise en abîme originale, cette bande-dessinée, très expérimentale, n’en est pas moins avant tout une véritable histoire avec ses personnages, ses retournements de situation. Un monument de l’absurde.

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Note : 18/20

-20% sur l’esprit de la forêt – Fabcaro

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Titre : -20% sur l’Esprit de la Forêt
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Septembre 2011


Auteur actuellement très prolifique, Fabcaro a développé ses œuvres sur la base d’un humour absurde et décalé. Outre sa série d’ouvrages autobiographiques, l’auteur a écrit « La clôture », une bande-dessinée expérimentale où personnages se mêlent dans un joyeux bordel qui ne se comprend qu’une fois les dernières pages lues. Fabcaro récidive dans le même style avec « -20% sur l’esprit de la forêt », paru chez « 6 pieds sous terre », une maison spécialisée pour les expérimentations.

« -20% sur l’esprit de la forêt » est difficile à définir. Sous couvert d’un bordel sans nom difficilement compréhensible au départ, c’est avant tout une œuvre pleine d’humour et de tendresse sur la fin de l’enfance. On retrouve ainsi un Fabcaro qui joue aux cowboys. Suite à une mauvaise imitation de Jean-Pierre Bacri, il se retrouve poursuivi par toutes les polices de l’état. Il faut dire qu’il a battu son adversaire (un playmobil) dans un duel à mort où il lui avait lancé une feuille…

Incompréhensible et absurde au départ.

Un minimum d’ouverture d’esprit sera nécessaire pour apprécier cette BD ! Complètement incompréhensible et absurde au départ, elle prend peu à peu du sens. Ainsi, Fabcaro explique que quand il jouait dans les escaliers (avec ses playmobils justement !), il entendait en même temps ce qui passait à la télévision. Résultat, quoi de plus normal que d’intégrer des scènes des émissions de télé en plein milieu de l’histoire ?

20-surlespritdelaforet1Heureusement, on est rapidement happé par l’humour ravageur de l’auteur. Fabcaro manie l’absurde comme peu en sont capables et fait mouche sans peine. Malgré un décalage souvent énorme par rapport à la trame principale, il parvient quand même à faire rire. Si bien qu’on s’accroche rapidement sans trop d’efforts jusqu’à ce que tout prenne sens. Car sens il y a ! Au fur et à mesure, on découvre un Fabcaro dont le métier est incompris, empêtré dans un quotidien très loin de ses idéaux. Et quand les dernières pages arrivent, on se retrouve ému, touché par cette histoire qui ne peut que nous rappeler notre propre enfance perdue. Après un ouvrage foutraque plein d’humour absurde, l’auteur nous donne une dose de nostalgie incroyable. D’un coup. Du grand art !

Le dessin de Fabcaro, très relâché et expressif est toujours un régal. Il renforce sans peine son humour. Son noir et blanc est très élégant et bien plus riche qu’il peut paraître au premier abord. L’auteur s’autorise même quelques digressions bienvenues.

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« -20% sur l’esprit de la forêt » est une œuvre exigeante et difficile d’accès. Clairement expérimentale, elle n’oublie pas pour autant son but premier. Dotée d’un vrai message, bourrée d’humour et à l’impact émotionnel insoupçonné, elle prouve l’immense talent de Fabcaro, capable de faire de ses ouvrages les moins accessibles les plus passionnants. Difficile en tout cas de refermer cette BD sans y repenser à de nombreuses reprises. Et vous, de combien avez-vous bradé votre esprit de la forêt ?

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Note : 19/20

Parapléjack – Fabcaro

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Titre : Parapléjack
Scénariste : Fabcaro
Dessinateur : Fabcaro
Parution : Novembre 2014


Fabcaro est l’un de mes auteurs favoris. Son humour, absurde et personnel, me touche systématiquement. L’auteur a développé toute une série de livres sous forme de strips, dont il s’est fait une spécialité (parmi d’autres). « Parapléjack » regroupe des strips parus initialement sur le site Mauvais Esprit. Le tout est publié aux éditions de La Cafetière dans un format A6, à raison d’un strip par page (pour 128 pages).

Jack est paraplégique. Mais il ne semble pas avoir conscience des implications. Ainsi, il essaie de faire plein de choses qui lui sont impossibles, comme tirer un pénalty par exemple ou faire des pompes… Comme cité en quatrième de couverture : « Tu dois accepter la vie telle qu’elle se présente mais mieux vaut faire en sorte qu’elle se présente comme tu veux qu’elle soit… » 

Un homme en fauteuil roulant fait du trampoline…

On nage donc en plein humour noir et absurde en voyant un homme en fauteuil roulant faire du trampoline… Difficile à imaginer, non ? Fabcaro manipule un humour qui a ses adeptes, mais il est évident que certains resteront sur la touche. Il fait fort ici en s’attaquant aux handicapés dont il se moque ouvertement. Mais la bonne humeur de Jack est communicative.

Comme toujours avec les recueils de strips, certains sont clairement plus percutants que d’autres. Une fois le postulat de départ assimilé, on sourit beaucoup aux péripéties de Jack, même si un phénomène de répétition se fait sentir en fin d’ouvrage. Se pose la question de savoir s’il fallait publier l’intégralité des strips parus précédemment. Qu’importe, le plaisir de lecture est là.

Le dessin de l’auteur est un vrai plaisir. Son trait est dynamique et, malgré la petitesse du format, les cases sont riches en décors et en détails. Son noir et blanc est beau, même si ici il manque parfois de visibilité. Difficile à dire si c’est à cause de la couleur ou à cause de la taille des cases, mais j’ai eu besoin d’un temps d’adaptation.

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Un nouveau livre de Fabcaro, c’est toujours un plaisir. « Parapléjack » n’est pas son meilleur livre, mais son côté complètement absurde est assez jubilatoire. Abordant un sujet difficile avec un humour corrosif, l’auteur prend un risque. Mais qui d’autre pouvait nous montrer un homme paraplégique en plein déni de son handicap ?

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Note : 12/20

 

Hello fucktopia – Souillon

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Titre : Hello fucktopia
Scénariste : Souillon
Dessinateur : Souillon
Parution : Novembre 2014


 Si je n’ai jamais accroché à « Maliki », j’ai toujours été fan du trait de Souillon. Un peu frustré, j’ai été très réceptif à l’annonce de la sortie d’un one-shot plus sombre intitulé « Hello Fucktopia » (et sous-titré « un vrai conte de fée »). J’ai pu suivre alors le blog du projet, montrant des extraits plus beaux les uns que les autres. Le livre pèse 80 pages et est publié chez Ankama.

HelloFucktopia2Souillon commence par préfacer son livre avec un mot à son lecteur. Une habitude de blogueur certainement. Il y présente « Hello Fucktopia » comme un projet qui lui tient particulièrement à cœur et qu’il a mis des années à arriver à mettre en place. Il implique le lecteur également et pose l’idée d’une forme d’autobiographie cachée. Cela m’a profondément dérangé. C’est comme si Souillon souhaitait mettre, avant la lecture, une part d’affectif dans notre lecture. Clairement, cela fonctionne pour beaucoup. Mais si l’on n’est pas fan de l’auteur, on est un peu dérouté par cette entrée en matière.

« Hello Fucktopia » présente l’histoire de Mali venue à Paris (la dite « Fucktopia ») pour étudier les arts plastiques. Ayant raté les concours d’entrée dans les écoles prestigieuses, elle se retrouve à la faculté avec des cours qui ne l’intéressent guère. A cela s’ajoutent ses amis, Thémis et Stéphane, qui sont bien plus parisiens visiblement.

Un passage à l’âge adulte.

Comme son nom l’indique, « Fucktopia » est une dystopie. Mali n’y trouve pas ce qu’elle cherche et prend des risques. Elle doit passer à l’âge adulte. Hélas, le livre manque un peu d’enjeux. Les intrigues se multiplient sans forcément d’intérêt ou sans être refermées réellement (notamment toutes les histoires avec Thémis et Stéphane n’ont que peu d’intérêt). La lecture avance et à la fermeture de l’ouvrage, on se demande finalement quel est le sens de cette histoire. Beaucoup de discussions des personnages entre eux, quelques situations avec un peu de suspense, mais on se demande où veut en venir l’auteur.

HelloFucktopia3« Hello Fucktopia » narre la jeunesse de Souillon puisque cela se passe pendant les années 90. On regrettera quand même que ce soit si peu ancré dans l’époque. Passés deux/trois détails, on a l’impression d’être en 2014. Mali est clairement encore très adolescente et a du mal à passer à l’âge adulte. Mais certaines révélations manquent clairement de puissance émotionnelle pour un adulte. Du coup, je me suis demandé si je faisais partie du public visé. Malgré tout, la lecture avance bien et certaines scènes sont réussies. J’ai accroché à l’humour de l’ensemble qui pointe son nez par moment, mais la partie réflexion sur la vie m’a paru un peu légère et simpliste. Dommage.

Concernant le dessin, je n’ai pas été déçu. L’ensemble est influencé par le manga, mais présente une bonne synthèse avec des influences plus franco-belge. Les décors sont riches, les personnages bien identifiés et fort graphiquement. Et il y a de vraies qualités dans le découpage des planches, dynamique et varié. Les couleurs enrichissent les ambiances et le trait sans problème. C’est une belle bande-dessinée que l’on a dans les mains, avec un dessinateur des plus doués.

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J’ai pris du plaisir à lire cette bande-dessinée, mais les défauts de l’ensemble me sont apparus ensuite. En insistant sur l’importance qu’avait ce projet pour lui, Souillon a aussi perturbé ma lecture. Car « Hello Fucktopia » ne propose pas un scénario très original. Basé avant tout sur des personnages, il nous manque un peu d’empathie pour eux pour pleinement adhérer.

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Note : 11/20

Top BD des blogueurs – Novembre 2014

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Le Top BD des blogueurs est un collectif rassemblant des blogs de critiques de bande-dessinées. Dès qu’un titre possède au moins trois notes, il entre dans le top. Vous pouvez découvrir chaque mois les cinquante titres les mieux notés.

1- (=) Yossel, 19 avril 1943       19
Joe Kubert, Delcourt

2- (+) Ceux qui me restent  18.68
Damien Marie, Laurent Bonneau, Bamboo

3- (=) Le journal de mon père 18.67
Jiro Taniguchi, Casterman

4- (=) Asterios Polyp     18.65
David Mazzuchelli, Casterman

5- (=) Persépolis    18.64
Marjanne Satrapi, L’Association

6- (=) Le loup des mers 18.55
Riff Reb, Soleil

7- (=) NonNonBâ         18.5
Shigeru Mizuki, Cornélius

8- (=) Maus        18.49
Art Spiegelmann, Flammarion

9- (=) Le pouvoir des Innocents Cycle 2- Car l’enfer est ici   18.41
Tome 1Tome 2,

10- (-) La lune est blanche 18.4
Emmanuel Lepage, François Lepage, Futuropolis

11- (=) Tout seul            18.38
Christophe Chabouté, Vents d’Ouest

12- (=) Le sommet des dieux       18.33
Yumemuka Bura, Jirô Taniguchi, Casterman
Tome 1,Tome 2,Tome 3, Tome 4, Tome 5.

13- (=) Un printemps à Tchernobyl  18.28
Emmanuel Lepage, Futuropolis

14- (=) Daytripper           18.27
Fabio Moon, Gabriel Ba, Urban Comics

15- (=) V pour Vendetta  18.22
Alan Moore, David Lloyd, Delcourt

16- (=) Le Grand pouvoir du Chninkel   18.19
Van Hamme, Rosinski, Casterman

17- (=) Universal War One   18.14
Denis Bajram, Soleil
 Tome 1Tome 2, Tome 3, Tome 4Tome 5Tome 6.

18- (=) Pendant que le roi de Prusse faisait la guerre, qui donc lui reprisait ses chaussettes?  18.13
Benoît Zidrou, Roger, Dargaud

19- (=) Les ombres     18.1
Zabus, Hippolyte, Phébus

20- (-) Les vieux fourneaux tome 1   18.05
Wilfrid Lupano, Paul Cauuet, Dargaud

21- (=) Abélard     18.04
Régis Hautière, Renaud Dillies, Dargaud
Tome 1Tome 2.

22- (N) Chroniques outremer   18
Bruno Le Floch, Dargaud

23- (=) La fille maudite du capitaine pirate  18
Jérémy Bastian, Editions de la Cerise

24- (=) Le muret    18
Pierre Bailly, Céline Fraipont, Casterman

25- (=) Il était une fois en France    17.98
Fabien Nury, Sylvain Vallée, Glénat
Tome 1Tome 2Tome 3Tome 4Tome 5,Tome 6.

26- (=) Habibi       17.95
Craig Thompson, Casterman

27- (=) Herakles    17.92
Edouard Cour, Akileos
Tome 1Tome 2,

28- (=) Les derniers jours d’un immortel     17.92
Fabien Vehlmann, Gwen de Bonneval, Futuropolis

29- (=) Gaza 1956     17.92
Joe Sacco, Futuropolis

30- (=)Melvile     17.88
Romain Renard, Le Lombard

31- (=) Scalped            17.86
Jason Aaron, R.M. Guerra, Urban Comics
Tome 1Tome 2Tome 3Tome 4Tome 5Tome 6Tome 7,

32- (=) Manabé Shima 17.83
Florent Chavouet, Editions Philippe Picquier

33- (=) Trois Ombres       17.78
Cyril Pedrosa, Delcourt

34- (=) Les derniers jours de Stefan Zweig   17.75
Seksik, G. Sorel, Casterman

35- (=) Anjin-san    17.75
Georges Akiyama, Le Lézard Noir

36- (=) Joker                17.75
Brian Azzarello, Lee Bermejo, Urban Comics

37- (=) Mon arbre     17.75
Séverine Gauthier, Thomas labourot, Delcourt

38- (=) L’histoire des trois Adolf,              17.75
Osamu Tezuka, Tonkam

39- (=) Blankets  17.73
Craig Thompson, Casterman

40- (=) Le pouvoir des innocents Cycle 3- Les enfants de Jessica tome 1  17.73
Brunschwig, L. Hirn, Futuropolis

41- (+) Les carnets de Cerise    17.72
Joris Chamblain, Aurélie Neyret, Soleil
Tome 1, Tome 2Tome 3,

42- (=) Holmes               17.7
Luc Brunschwig, Cecil, Futuropolis
Tome 1, Tome 2Tome 3.

43- (=) Calvin et Hobbes,              17.7
Bill Watterson, Hors Collection
Tome 1Tome 2Tome 15tome 17,

44- (=) Les seigneurs de Bagdad  17.7
Brian K. Vaughan, Niko Henrichon, Urban Comics

45- (-) Urban              17.69
Luc Brunschwig, Roberto Ricci, Futuropolis
Tome 1Tome 2, Tome 3,

46- (=) Washita     17.69
Tome 1Tome 2, Tome 3, Tome 4, Tome 5.

47- (=) Lorenzaccio              17.67
Régis Peynet, 12 Bis

48- (=) Match!   17.67
Grégory Panaccione, Editions Delcourt

49- (=) Tokyo Home  17.67
Thierry Gloris, Cyrielle, Kana

50- (N) Hommes à la mer   17.67
Riff Rebs, Soleil

Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle – Benoît Sokal

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Titre : Kraa, T2 : L’Ombre de l’Aigle
Scénariste : Benoît Sokal
Dessinateur : Benoît Sokal
Parution : Janvier 2012


Benoît Sokal, auteur de la série « Canardo », avait surpris son monde avec la sortie du premier tome de « Kraa » où son talent de dessinateur explosait dans une histoire totalement dénuée d’humour et froide comme la lame d’un couteau. La sortie du deuxième tome de ce triptyque, « L’ombre de l’aigle » confirme la grande qualité de cette série.

Dans un coin reculé de la planète, entre Alaska et Sibérie, un territoire devient la source de convoitises. Un relatif réchauffement local et des minerais précieux dans le sous-sol attirent tous les aventuriers avides de richesses rapidement gagnées. Mais ce n’est pas si simple. Dans la ville nouvelle, tout va trop vite. L’hiver est rude, rendant le travail impossible. Et la nature reste incontrôlée. Démarrent alors de grands travaux destinés à ériger un barrage à la sortie d’une vallée encaissée. Ainsi, les inondations issues du dégel seront contrôlées et de l’électricité sera produite en grosse quantité. Dans cette vallée perdue vivait une tribu indienne, massacrée depuis. Et surtout, il y a cet aigle géant, vénéré auparavant comme un dieu, que la civilisation veut faire disparaître…

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Le premier tome de « Kraa » était avant tout basé sur la relation entre le garçon et l’aigle. Ici, l’hiver a continué son processus d’assimilation et le jeune autochtone est devenu complètement sauvage. Ainsi, le couple fondateur de la série est très en retrait, laissant la place à la jeune infirmière à peine entrevue dans le premier tome. Celle-ci va devoir se rendre dans la vallée, sur les lieux des travaux, à ses risques et périls…

Plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont à l’honneur.

Curieux choix de Sokal de mettre de côté son aigle dans cette partie. Cependant, cette décision n’en est pas mauvaise pour autant. La galerie des personnages s’étoffe et se fait plus pertinente. Car plus que l’aigle, ce sont les vautours qui sont à l’honneur. Le véritable sujet est cette ruée vers l’or et ses conséquences. Et c’est remarquablement traité. Les désillusions, la pauvreté, la misère, les prises de risques… On s’en bien que ce monde en devenir ne peut que s’écrouler. La dureté de cet univers est omniprésente. La violence est partout, tout le temps. Le fait de démarrer ce tome dans la ville donne d’autant plus l’impression que la vallée est tout sauf accueillante. Et pourtant, cette ville est déjà sacrément désagréable pour ses habitants…

La narration reste efficace mais plus classique. Les parties narratives, données par l’aigle, sont plus rares alors qu’elles étaient vraiment la pierre angulaire du premier tome. Tout passe par l’action et le dialogue désormais.

Le dessin de Sokal, en couleur directe, est une nouvelle fois splendide. Outre les paysages magnifiques qui sont une véritable invitation au voyage, les personnages ont de vraies trognes, donnant beaucoup de personnalité à l’ensemble. L’auteur semble très à l’aise pour tout et produit à coup sûr l’une des bande-dessinées les plus belles de l’année.

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Avec « Kraa », Sokal a créé un monde original, dur et implacable. Passionnant de bout en bout, doté d’un vrai suspense, il prend le temps de bâtir toute une série de personnages et de problématiques avant le troisième tome qui clora la série. Difficile encore de savoir où il veut vraiment en venir, mais « Kraa » s’annonce d’ors et déjà comme un chef d’œuvre.

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Note : 18/20

Kraa, T1 : La Vallée Perdue – Benoît Sokal

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Titre : Kraa, T1 : La Vallée Perdue
Dessinateur : Benoît Sokal
Scénariste : Benoît Sokal
Parution : Septembre 2010


 J’ai découvert par hasard le dernier album de Benoît Sokal, intitulé « Kraa » et sous-titrée « La vallée perdue ». Sokal s’est fait connaître notamment par la série Canardo. Très typée franco-belge (tout en rondeur, en traits noirs et en couleurs vives), cette série vaut surtout pour son humour. Avec « Kraa », on change complètement d’univers.

L’histoire de « Kraa » se situe entre la Sibérieet l’Alaska, dans une vallée encaissée. Suite à un réchauffement climatique, cette vallée devient économiquement exploitable. L’homme moderne vient alors s’y installer, rêvant de richesses. Or, la vallée est habitée par une tribu indienne, où déjà l’influence du colonisateur se fait sentir. Cependant, les indiens vivent en harmonie avec la nature qui les entoure. Pour l’instant…

kraa1bKraa est le nom d’un aigle. Il est l’un des deux héros de l’album. En effet, il créera un lien particulier avec Yuma, un jeune indien. Ensemble, ils représentent ce que le nouveau monde ne veut plus : la nature sauvage et les autochtones, freins à l’expansion économique et industrielle.

De véritables tableaux.

Ce qui marque dès les premières pages, c’est le dessin. Il est simplement magnifique d’un bout à l’autre. On ne retrouve pas du tout le dessinateur de Canardo ! Les traits sont moins appuyés, les couleurs moins vives et le tout est simplement superbe. Mention spécial aux paysages vides et au personnage de l’aigle, plus vrai que nature. On retrouve un peu les ambiances et les teintes d’albums de Sokal plus anciens comme « L’Amerzone » ou « La Mort Douce ». Rien que pour son dessin, cet album vaut le coup. Certaines cases sont de véritables tableaux.

Heureusement, l’histoire n’est pas en reste. La relation entre Kraa et Yuma est remarquablement rendu par une narration différente. Ainsi, Kraa est le point de vue du narrateur, la « voix-off » de l’album. Ses discours de départ sont particulièrement cruels, mélange d’instinct et de cruauté. En cela, il n’est pas particulièrement sympathique. Bien sûr, son lien avec Yuma le rendra beaucoup plus « humain ». Cette évolution est loin d’être immédiate. En cela, elle est réussie. Yuma est l’opposé de Kraa. Très attaché aux valeurs traditionnelles indiennes, il est très généreux. Une perle d’humanité dans un monde qui ne l’est pas du tout.

Sokal prend le temps de poser son sujet. Ainsi, ce tome qui introduit les protagonistes fait 94 pages. Cela permet aux personnages d’évoluer à un rythme cohérent. De plus, les cases sont souvent grandes pour permettre à son dessin de s’exprimer pleinement.

Au final, cet album est une excellente surprise. J’ai eu le plaisir de retrouver les ambiances malsaines de fin du monde de l’Amerzone traitées avec un dessin magnifique. Je ne peux évidemment que vous le conseiller et attendre avec impatience le prochain tome !

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Note 17/20